Test Blu-ray / Le Couteau sous la gorge, réalisé par Claude Mulot

LE COUTEAU SOUS LA GORGE réalisé par Claude Mulot, disponible en Blu-ray depuis le 20 novembre 2020 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Brigitte Lahaie, Florence Guérin, Alexandre Sterling, Natasha Delange, Jean-Pierre Maurin, Pierre Londiche…

Scénario : Claude Mulot

Photographie : Bruno Affret

Musique : Alain Guélis

Durée : 1h16

Date de sortie initiale : 1986

LE FILM

Mannequins, Catherine et Florence posent pour des photos coquines.Tout va bien jusqu’au jour où des assassinats éliminent un par un l’entourage de Catherine qui va devoir se méfier car le tueur n’est pas loin.

Juste avant sa disparition dans un accident survenu le 13 octobre 1986, le réalisateur Claude Mulot réalisait cette même année son dernier film avec Le Couteau sous la gorge, thriller inspiré du giallo. Si certains y voient un vrai nanar, ceux qui s’intéressent à l’oeuvre de Claude Mulot y verront une fois de plus une vraie déclaration d’amour au cinéma d’exploitation cher à son coeur, comme pouvait l’être La Saignée, polar franco-italien tourné entre New York et la Somme. Certes, Le Couteau sous la gorge n’atteint pas l’immense réussite de ce dernier, et encore moins celle de La Rose écorchée, mais cet ultime opus reste une curiosité fort sympathique, où la violence et le sexe sont – comme bien souvent chez le cinéaste – omniprésents.

Mannequins, Catherine et Florence posent pour des photos sexy. Un travail sans histoire jusqu’au jour où Catherine se sent suivie et épiée. Alors que la police refuse de la croire lorsqu’elle raconte son viol, son employeuse Valérie vient la récupérer. Une nuit, le petit groupe va faire dans photos dans un cimetière avec l’autorisation du conservateur qui ne se doutait pas du genre de photos. Ulcéré, il étrangle, dès le lendemain, une jeune femme très séduisante et se jette sous un camion. Lorsque Catherine et Florence reviennent d’un séjour aux États-Unis, l’atmosphère est tendue. Harcelée par des appels anonymes, tous ses proches pensent qu’elle délire. Très vite, l’entourage de Catherine est décimé par un mystérieux tueur. Paniquée, Catherine trouve refuge chez son voisin, Nicolas…

Brigitte Lahaie avait déjà collaboré avec Claude Mulot (sous le nom de Frédéric Lansac donc) sur les longs métrages pornographiques Suprêmes jouissances (1977) et Les Petites écolières (1980). Dans Le Couteau sous la gorge, une de ses rares incursions dans le cinéma dit « traditionnel », la comédienne nous gratifie d’une seule scène dénudée, mais campe surtout une femme froide et distante avec les mannequins dont elle s’occupe et pour lesquelles elle essaye de trouver quelques contrats, même si les séances photos s’avèrent souvent très glauques. Mais le premier rôle est ici tenu par la ravissante et sensuelle Florence Guérin, aperçue dans Les Sous-doués en vacances (1982) de Claude Zidi, Plus beau que moi, tu meurs (1982) de Philippe Clair, Le Bourreau des coeurs (1983) de Christian Gion et La Bonne (1986) de Salvatore Samperi. Claude Mulot l’avait déjà dirigée dans La Vénus noire (1983) et si son personnage apparaît souvent les seins nus sans véritable raison, on ne va pas s’en plaindre c’est vrai, Florence Guérin s’en sort pas mal du tout avec ce qu’elle a à défendre dans Le Couteau sous la gorge.

Les nostalgiques de La Boum (1980) de Claude Pinoteau, et de sa suite, reconnaîtront (ou pas) Alexandre Sterling, la fameux Mathieu qui affolait les hormones de Sophie Marceau dans le premier opus, dans sa dernière apparition au cinéma. Le bougre nous fait rire involontairement, en fait des caisses, surtout dans l’acte final où il nous gratifie d’un festival de grimaces au sourire carnassier hilarant.

Le reste du temps, Claude Mulot enchaîne les scènes kitsch ou au contraire soignées qui témoignent du bagage technique du réalisateur, tout comme de sa passion pour le thriller, dont certaines peuvent faire penser, toutes proportions gardées bien évidemment, à Peur sur la ville (1975) d’Henri Verneuil, déjà inspiré par le giallo, dans sa façon de filmer Paris la nuit (belle photo de Bruno Affret) et l’angoisse qui émane d’un simple téléphone qui sonne. Le Couteau sous la gorge fait aujourd’hui penser à un téléfilm comme L’Exécutrice (1986) de Michel Caputo ou Brigade des Moeurs (1984) de Max Pécas, mais nier les quelques fulgurances ici et là dans ce thriller et dernier film de Claude Mulot serait mentir et le film remplit bien son contrat.

A Noël Mariani, jouisseur de la vie.

LE BLU-RAY

Après Les Charnelles, La Saignée et La Rose Écorchée, Le Chat qui fume reste fidèle à Claude Mulot en proposant cette fois, pour la première fois en HD en France, Le Couteau sous la gorge, anciennement disponible en DVD chez LCJ Éditions. Le Blu-ray repose dans un Digipack à trois volets, glissé dans un surétui cartonné liseré noir et au visuel percutant. Le menu principal est animé et musical.

La grande nouveauté de cette édition est un formidable entretien avec la lumineuse Florence Guérin, qui interprète Catherine Legrand dans Le Couteau sous la gorge de Claude Mulot (24’25). Du réalisateur, il en est évidemment question dans ce module – joliment intitulé La Vénus de Mulot – bien mené, durant lequel la comédienne revient sur le tournage (très difficile) du film, mais aussi sur celui de La Vénus noire Black Venus (1983). Dans un premier temps, Florence Guérin se souvient de ses débuts en tant qu’actrice (« un rêve que je devais vivre »), de ses premières apparitions à la télévision dans l’émission de Michel Drucker Les Rendez-vous du dimanche, avant diverses figurations (La Naissance du jour, merveilleux téléfilm réalisé par Jacques Demy en 1980), jusqu’au petit rôle – qui a marqué l’auteur de ces mots – dans Les Sous-doués en vacances de Claude Zidi, dans lequel elle joue une naïade, se lovant dans l’eau devant des touristes à la langue pendante qui pensent observer Brigitte Bardot. Florence Guérin évoque aussi pêle-mêle sa rencontre avec Claude Mulot, ses déboires avec l’alcool (la belle était une habituée de la fiesta à Saint-Tropez et à Cannes), sur sa carrière en Italie (dont La Bonne de Salvatore Samperi en 1986), mais aussi sur l’accident qui a malheureusement coûté la vie à son fils Nicolas en 1998…La comédienne, qui n’a jamais arrêté de tourner de l’autre côté des Alpes, se dit prête à reprendre sa carrière en France si l’opportunité se présente. Alors, à bon entendeur !

Le Chat qui fume reprend ensuite l’interview de Brigitte Lahaie (9’35), déjà disponible dans les suppléments de La Rose Écorchée. Avec Claude Mulot, Brigitte Lahaie aura tourné Suprêmes jouissances ou Belles d’un soir (1977), Les Petites écolières (1980) et Le Couteau sous la gorge (1986), dernier film du cinéaste. La comédienne dresse le portrait de Claude Mulot, un cinéaste qui avait « le sens du comédien », qui installait une « ambiance très professionnelle sur le plateau », mais « qui n’a probablement pas pu transmettre ce qu’il souhaitait en raison de contraintes financières ». Brigitte Lahaie compare également les méthodes de tournage du réalisateur de Jean Rollin.

Enfin, l’éditeur propose à nouveau – mais en HD cette fois – le film Black Vénus, réalisé par Claude Mulot en 1983, qui était disponible sur un DVD inclus à l’édition 4K UHD – Blu-ray des Charnelles.

Personne, homme ou femme, ne résiste à Vénus, la séductrice à la peau d’ébène. Mais lorsqu’elle devient la muse et la maîtresse d’un jeune sculpteur sans le sou, les choses prennent un tour nouveau. Violence, lesbianisme, humiliation, descente aux enfers. Karin Schubert et Mandy Rice-Ravies participent à cette véritable odyssée de la perversion au coeur de la société victorienne…

La Vénus NoireBlack Venus est l’avant-dernier long-métrage réalisé par Claude Mulot en 1983. Visiblement inspiré par une nouvelle d’Honoré de Balzac et écrit par Harry Alan Towers (L’Appel de la forêt version Ken Annakin et scénariste de quelques Jesús Franco comme Sumuru, la cité sans hommes), ce mélodrame historico-érotique s’avère une très belle surprise. Produit par Playboy Enterprises et diffusé à l’origine dans une version éditée de 80 minutes sur la chaîne Playboy, La Vénus Noire est ici présentée dans une version non coupée de 95 minutes, en langue française et en anglais (mais non sous-titré). Lorsque le riche collectionneur d’art Jacques (Emiliano Redondo) visite un bordel parisien géré par Madame Lili (Mandy Rice-Davies), il reconnaît l’une des prostituées comme étant Vénus (la magnifique Josephine Jacqueline Jones, qui rappelle Rosario Dawson), une Martiniquaise noire. Dans un flashback, Jacques se souvient avoir présenté Vénus à un sculpteur doué mais appauvri, Armand (José Antonio Ceinos), qui persuade Vénus de devenir son modèle d’art et son amant. Armand devient de plus en plus obsédé par Vénus et la statue d’elle sur laquelle il travaille. Pour aider Armand à payer le loyer, Vénus prend le travail de modèle pour une couturière, Madame Jean (Helga Liné). Plusieurs clients de Madame Jean tombent amoureux de Vénus, parmi lesquels Marie (Karin Schubert, dans une scène saphique), une femme riche dont le mari est souvent absent. Vénus gagne beaucoup d’argent en tant que mannequin qu’Armand l’accuse d’être une prostituée. Finalement, la jalousie et la violence croissante d’Armand chassent Vénus; qui emménage avec Marie en tant que femme gardée.

Claude Mulot raconte une histoire d’obsession, proche d’une autre Vénus, celle de La Vénus d’Ille de Prosper Mérimée. Comme souvent chez le réalisateur, le film oscille entre le kitsch (dans le jeu parfois gnan-gnan des actrices qui passent leur temps à rigoler) et le lyrique, certaines scènes étant particulièrement bien mise en scène et toujours superbement photographiée. La passion dévorante est au coeur de cette Black Venus que nos vous conseillons largement.

Rappelons aussi la parution du livre Claude Mulot : cinéaste écorché (Nitrate), écrit par Philippe Chouvel, prolongement indispensable aux sorties Blu-ray/DVD du Chat qui fume !

L’Image et le son

Le master Standard de LCJ Editions avait sans doute quelques heures de vol…Le Chat qui fume reprend tout cela en main (les coquins), et ce nouveau master HD (au format 1080p) se tient parfaitement durant 1h15 avec des contrastes affirmés, un piqué agréable, des détails plaisants et une colorimétrie (hivernale) bien plus satisfaisante. La propreté est également de mise, ainsi que la stabilité, le grain argentique est doux et surtout excellemment géré, y compris sur les quelques scènes sensiblement éthérées. Seul le stockshot de l’atterrissage d’un avion (à 16’25) se voit comme le nez au milieu de la figure avec une structure plus grumeleuse et des poussières-griffures diverses. Mais ce serait vraiment chipoter, car qui aurait pu penser un jour (re)voir Le Couteau sous la gorge dans de pareilles conditions techniques ?

Pas de sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, mais des sous-titres anglais. Dommage, car les dialogues manquent parfois de punch et il faut parfois tendre l’oreille pour comprendre les échanges entre les personnages. Bon, on exagère peut-être un peu, mais l’écoute demeure aléatoire. En revanche, belle place laissée à la musique d’Alain Guélis, qui peut parfois prendre le pas sur les voix et les effets annexes.

Crédits images : © Le Chat qui fume / LCJ / Boum productions / Liliom Audiovisuels / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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