REJOUER LE PASSÉ (Press Play) réalisé par Greg Björkman, disponible en DVD le 15 juin 2023 chez Metropolitan Vidéo.
Acteurs : Lewis Pullman, Matt Walsh, Danny Glover, Christina Chang, Clara Rugaard, Kekoa Kekumano, Lyrica Okano, Taiana Tully…
Scénario : Greg Björkman & James Bachelor
Photographie : Luca Del Puppo
Musique : Eldad Guetta
Durée : 1h21
Date de sortie initiale : 2022
LE FILM
Laura et Harrison s’aiment et partagent une passion commune : la musique. Avec Laura, ils s’échangent des cassettes de leurs morceaux favoris. Harrison meurt dans un accident. Désespérée, Laura découvre qu’une des cassettes audios lui permet de retourner dans le passé. Elle va tenter d’inverser le cours du destin.
C’est un petit film mignon, inoffensif, relaxant, qui ne révolutionne rien et qui n’a aucune prétention si ce n’est celle de faire passer un bon moment. Press Play, qui a d’ailleurs un titre français d’exploitation, Rejouer le passé, est le premier long-métrage de Greg Björkman, qui avait travaillé sur les effets spéciaux de Nos étoiles contraires –The Fault in Our Stars (2014) de Josh Boone, ici producteur. Il coécrit ce film avec son complice James Bachelor et s’inspirent ensemble du classique Un jour sans fin et bien sûr de Retour vers le futur. Il en résulte une comédie-romantico-fantastique assez plaisante, joliment mise en scène, qui contient quelques maladresses comme souvent pour une première œuvre, qui n’en reste pas moins divertissante et surtout bien interprétée, en particulier par la belle actrice danoise Clara Rugaard, vue récemment dans l’épisode 4 de la saison 6 de la série Black Mirror. Une bluette pas bébête, qui certes ne laissera pas un souvenir indélébile, mais qui est bien plus intelligent que la plupart des spectacles réservés au jeune public.
« Magic » Mike Lane revient sur scène après une longue pause. Une affaire ratée l’a laissé fauché et il travaille désormais comme barman en Floride. Pour une dernière folie, Mike se rend à Londres avec une investisseuse de renom. Elle fait une offre qu’il ne peut refuser… dont elle seule a le secret. Lorsque Mike découvre ses véritables intentions, il est déjà trop tard. Lui et le groupe de nouveaux danseurs en herbe réussiront-ils à monter un grand spectacle ?
Il est de retour et franchement on ne s’y attendait pas. Tout simplement parce qu’on l’avait sans doute déjà oublié… En 2012, Magic Mike premier du nom, s’inspirait de la vie du comédien Channing Tatum, avant que ce dernier ne s’envole pour Hollywood. L’acteur avait en effet exercé le métier de strip-teaseur à l’âge de 19 ans, ce qui l’avait rendu très populaire auprès de la gent féminine. C’est sur le tournage de Piégée – Haywire que le prolifique et éclectique Steven Soderbergh et Channing Tatum décident de raconter l’histoire de Magic Mike. Avec sa virtuosité habituelle, le cinéaste allait prendre son sujet avec suffisamment de sérieux et beaucoup d’humour pour livrer un divertissement élégant, sexy, drôle, énergique et raffiné, tout en exploitant à merveille le potentiel cinématographique de son postulat de départ. Steven Soderbergh parvenait à humaniser et à rendre attachant le rigide Channing Tatum, et pouvait également compter sur un casting aussi impliqué que survolté, à l’instar de Matthew McConaughey qui s’en donnait à coeur joie dans le rôle du propriétaire excentrique. Si l’on ajoutait à cela une belle et solaire photographie, une bande-son généreuse, un montage soigné, un rythme enlevé, on obtenait une grande et très appréciable surprise.
VOUS N’AUREZ PAS MA HAINE réalisé par Kilian Riedhof, disponible en DVD le 2 mai 2023 chez Blaq Out.
Acteurs : Pierre Deladonchamps, Zoé Iorio, Camélia Jordana, Thomas Mustin, Christelle Cornil, Anne Azoulay, Farida Rahouadj, Yannick Choirat…
Scénario : Marc Blöbaum, Jan Braren, Stéphanie Kalfon & Kilian Riedhof, d’après le livre autobiographique d’Antoine Leiris
Photographie : Manuel Dacosse
Musique : Peter Hinderthür
Durée : 1h38
Année de sortie : 2022
LE FILM
Comment surmonter une tragédie sans sombrer dans la haine et le désespoir ? L’histoire vraie d’Antoine Leiris, qui a perdu Hélène, sa femme bien-aimée, pendant les attentats du Bataclan à Paris, nous montre une voie possible : à la haine des terroristes, Antoine oppose l’amour qu’il porte à son jeune fils et à sa femme disparue.
« Vendredi soir vous avez volé la vie d’un être d’exception, l’amour de ma vie, la mère de mon fils, mais vous n’aurez pas ma haine. Je ne sais pas qui vous êtes et je ne veux pas le savoir, vous êtes des âmes mortes. Si ce dieu pour lequel vous tuez aveuglément nous a fait à son image, chaque balle dans le corps de ma femme aura été une blessure dans son cœur.
Alors non je ne vous ferai pas ce cadeau de vous haïr. Vous l’avez bien cherché pourtant mais répondre à la haine par la colère, ce serait céder à la même ignorance qui a fait de vous ce que vous êtes. Vous voulez que j’aie peur, que je regarde mes concitoyens avec un œil méfiant, que je sacrifie ma liberté pour la sécurité. Perdu. Même joueur joue encore.
Je l’ai vue ce matin. Enfin, après des nuits et des jours d’attente. Elle était aussi belle que lorsqu’elle est partie ce vendredi soir, aussi belle que lorsque j’en suis tombé éperdument amoureux il y a plus de douze ans. Bien sûr je suis dévasté par le chagrin, je vous concède cette petite victoire, mais elle sera de courte durée. Je sais qu’elle nous accompagnera chaque jour et que nous nous retrouverons dans ce paradis des âmes libres auquel vous n’aurez jamais accès.
Nous sommes deux, mon fils et moi, mais nous sommes plus fort que toutes les armées du monde. Je n’ai d’ailleurs pas plus de temps à vous consacrer, je dois rejoindre Melvil qui se réveille de sa sieste. Il a 17 mois à peine, il va manger son goûter comme tous les jours, puis nous allons jouer comme tous les jours et toute sa vie ce petit garçon vous fera l’affront d’être heureux et libre. Car non, vous n’aurez pas sa haine non plus. »
Voilà la lettre ouverte écrite par le journaliste Antoine Leiris publiée en 2016, qui aura un écho retentissant sur les réseaux sociaux, avant d’être relayée dans le journal Le Monde. Vous n’aurez pas ma haine est tiré du livre éponyme de son auteur, qui avait donc perdu son épouse Hélène Muyal-Leiris, le 13 novembre 2015 lors de l’attentat du Bataclan à Paris. Après Revoir Parisd’Alice Winocour et Novembre de Cédric Jimenez, sans oublier le superbe Amanda de Mikhaël Hers (qui s’en inspirait), c’est au tour de Kilian Riedhof de se pencher sur ces événements tragiques qui ont touché la capitale. Le film se focalise sur la survie et le deuil d’un homme et de son petit garçon de 18 mois (interprété par l’incroyable Zoé Iorio). Alors que le monde l’admire pour ses mots pleins de courage, Antoine Leiris, fou de désespoir, manque de perdre totalement pied. C’est cette histoire vraie et intimiste qui a inspiré le réalisateur allemand, qui a principalement œuvré pour la télévision (Un cas pour deux, Tatort), qui rend compte de ce qui a rendu célèbre Antoine Leiris, mais qui révèle aussi ce qu’on sait forcément moins, à savoir comment ce dernier a dû se battre pour s’en sortir et donc en quelque sorte respecter ce qu’il avait déclaré dans sa lettre.
L’histoire de deux frères que tout oppose. Antoine, marié, deux enfants, conducteur de bateaux, et Christian, célibataire, chômeur et bagarreur incorrigible. Mais quand Antoine le mari idéal se retrouve mêlé à une sale histoire, c’est Christian le mal aimé qui, même si on ne lui a rien demandé, débarque à Cherbourg pour voler à son secours. Les Cadors comme ils aimaient se surnommer dans leur enfance vont se redécouvrir au travers de cette histoire. Christian qui n’a rien à perdre, va alors défendre au péril de sa vie cette famille qu’il a toujours rêvé d’avoir sans jamais avoir eu le courage de la fonder.
Après le surestimé (euphémisme) Roulez jeunesse, on attendait de voir ce que le réalisateur Julien Guetta allait quand même nous proposer en guise de second long-métrage. Débarrassé de son co-scénariste Dominique Baumard, co-metteur en scène et co-scénariste de l’infâme Les Méchants, il semble que Julien Guetta ait trouvé un deuxième souffle plus attrayant pour Les Cadors. Co-écrite cette fois avec Lionel Dutemple (ancien auteur des Guignols de l’info) et Jean-Paul Rouve, cette comédie est une petite bouffée d’air frais et s’avère mieux construite et plus mûre que Roulez jeunesse. Les Cadors n’a pas la prétention de révolutionner le genre, mais contrairement à son premier film qui essayait d’être dans l’air du temps, Julien Guetta s’adresse au plus grand nombre et la sobriété de sa mouture somme toute plus classique sied à ses ambitions. Un beau, complémentaire et émouvant tandem interprété par Jean-Paul Rouve et Grégoire Ludig.
BURIAL réalisé par Ben Parker, disponible en DVD le 19 avril 2023 chez AB Vidéo.
Acteurs : Tom Felton, Harriet Walter, Charlotte Vega, Barry Ward, Bill Milner, Dan Renton Skinner, Kristjan Üksküla, David Alexander…
Scénario : Ben Parker
Photographie : Rein Kotov
Musique : Alex Baranowski
Durée : 1h30
Date de sortie initiale : 2022
LE FILM
Un petit groupe de soldats russes, dirigé par l’officier de renseignement Brana Vasilyeva, a pour mission de ramener les restes découverts d’Hitler à Staline, à Moscou.
Voilà un pitch bien concis, qui va droit à l’essentiel. Un DTV dont nous n’attendions rien, si ce n’est le plaisir de revoir l’excellent Tom Felton (Drago Malefoy dans la saga Harry Potter), qui à l’instar de son compatriote Daniel Radcliffe a su prendre un virage déroutant dans des productions modestes et indépendantes, mais souvent intéressantes. Burial est le second long-métrage du britannique Ben Parker (rien à voir avec l’oncle de Peter hein), auteur d’un court-métrage en 2011 (Shifter). Comme pour son premier long-métrage The Chamber, sorti en 2016, le réalisateur est aussi le seul scénariste de Burial, qui revisite l’Histoire et imagine ce qui serait arrivé si le corps d’Hitler avait secrètement été récupéré par un escadron de soldats soviétiques, dans le but de l’apporter à Staline, désireux de contempler son ennemi vaincu. C’est une petite surprise fort sympathique que ce film de guerre, qui n’est sans doute pas une réussite totale, mais qui s’avère bien mis en scène, tendu du début à la fin et surtout brillamment interprété.
LA PASSAGÈRE réalisé par Héloïse Pelloquet, disponible en DVD le 16 mai 2023 chez Blaq Out.
Acteurs : Cécile de France, Grégoire Monsaingeon, Félix Lefebvre, Imane Laurence, Jean-Pierre Couton, Ghislaine Girard, Caroline Ferrus, Gauvain Pontoizeau…
Scénario : Héloïse Pelloquet & Rémi Brachet
Photographie : Augustin Barbaroux
Musique : Maxence Dussère
Durée : 1h33
Année de sortie : 2022
LE FILM
Chiara vit sur une île de la côte atlantique, là où son mari Antoine a grandi. Ils forment un couple heureux et amoureux. Elle a appris le métier d’Antoine, la pêche, et travaille à ses côtés depuis vingt ans. L’arrivée de Maxence, un nouvel apprenti, va bousculer leur équilibre et les certitudes de Chiara…
Premier long métrage d’Héloïse Pelloquet, La Passagère est un coup de coeur, un vrai, un film auquel on ne cesse de penser bien après la projection, en se demandant ce que sont devenus les personnages. Au centre de ce portrait de femme, une comédienne, immense, Cécile de France. César du meilleur espoir féminin, Prix Romy-Schneider, César de la meilleure actrice dans un second rôle, Prix Raimu, ces récompenses qui se sont accumulées depuis vingt ans lui ont permis de naviguer d’un univers à l’autre, en soutenant souvent des jeunes (ou pas) réalisateurs et les sujets qui lui tenaient tout d’abord à coeur, même s’il ne s’agissait pas obligatoirement du premier rôle. D’Éric Rochant (Möbius) à Cédric Klapisch (Casse-tête chinois), en passant par Catherine Corsini (La Belle Saison), Lola Doillon (Le Voyage de Fanny), Emmanuel Mouret (Mademoiselle de Joncquières), Wes Anderson (The French Dispatch), Xavier Giannoli (Illusions perdues), Fabienne Berthaud (Un monde plus grand), Emmanuelle Bercot (De son vivant), Carine Tardieu (Ôtez-moi d’un doute, Les Jeunes Amants) et bien d’autres, Cécile de France a multiplié les apparitions au cinéma depuis dix ans, avec toujours le même talent doublé d’un charisme magnétique qui n’a fait que s’amplifier avec les années. Solaire et bouleversante, sa prestation est aussi dévastatrice qu’un cyclone dans La Passagère, qui restera probablement l’un de ses plus beaux rôles.
GIRL AT THE WINDOW réalisé par Mark Hartley, disponible en DVD le 2 mars 2023 chez Rimini Editions.
Acteurs : Radha Mitchell, Ella Newton, Karis Oka, James Mackay, Vince Colosimo, Andrew S. Gilbert, Jackson Gallagher, Sharon Johal…
Scénario : Terence Hammond & Nicolette Minster
Photographie : Garry Richards
Musique : Jamie Blanks
Durée : 1h21
Date de sortie initiale : 2022
LE FILM
Amy, une adolescente très perturbée par le décès de son père, vient de déménager avec sa mère afi n d’entamer une nouvelle vie. La jeune fille observe des activités suspectes dans la maison voisine et pense avoir entendu des cris. Elle finit par soupçonner leur voisin d’être le tueur en série qui terrorise les environs.
Quand le réalisateur des géniaux et indispensables Not Quite Hollywood: The Wild, Untold Story of Ozploitation! (2008) et Electric Boogaloo: The Wild, Untold Story of Cannon Films (2014) s’associe au producteur des mythiques Patrick(1977), Harlequin (1980), Le Survivant d’un monde parallèle – The Survivor (1981) et Les Traqués de l’an 2000 – Turkey Shoot (1982), on pouvait s’attendre à un long-métrage de qualité, ou qui éviterait de tomber dans les pièges dénoncés par les deux documentaires susmentionnés…Monumentale erreur comme le dirait Jack Slater. D’ailleurs, Mark Hartley et Antony I. Ginnane avaient déjà livré ensemble le remake de Patrick en 2013. Ils récidivent avec Girl at the Window, thriller complètement largué, dépassé, éculé, risible. Comment penser que ce film puisse être sérieux, ou ait été tourné au premier degré ? Rien, absolument aucun élément n’est crédible ne serait-ce qu’une seule seconde. Très vite, la médiocrité, pour ne pas dire le ridicule de la « mise en scène » frappe aux yeux, en enchaînant les effets de style has-been que renierait même un Uwe Boll torché. C’est d’autant plus dommage que nous retrouvons au générique Radha Mitchell, une formidable comédienne, devenue trop rare, révélée au début des années 2000 dans Pitch Black de David Twohy et Phone Game de Joel Schumacher, avant d’exploser successivement avec Man on Fire de Tony Scott, Neverland de Marc Forster et Melinda & Melinda de Woody Allen. On se réjouissait de la revoir, mais même si celle-ci fait ce qu’elle peut pour sauver les meubles, Girl at the Window ne cesse d’osciller constamment entre le navet et le nanar. À ne regarder qu’en connaissance de cause. Si c’est le cas, il est fort possible que vous passiez un bon moment puisqu’on se marre du début à la fin devant le comportement improbable des personnages et son suspense de pacotille. Pour une soirée « mauvais films sympathiques » c’est impeccable donc.
RESTE UN PEU réalisé par Gad Elmaleh, disponible en DVD le 16 mars 2023 chez Studiocanal.
Acteurs : Gad Elmaleh, Régine Elmaleh, David Elmaleh, Judith Elmaleh, Pierre-Henry Salfati, Delphine Horvilleur, Catherine Thiercelin, Nicolas Port…
Scénario : Gad Elmaleh & Benjamin Charbit
Photographie : Thomas Brémond
Musique : Ibrahim Maalouf
Durée : 1h29
Date de sortie initiale : 2022
LE FILM
Après trois années à vivre l’« american dream » Gad Elmaleh décide de rentrer en France. Sa famille et ses amis lui manquent. Du moins, c’est la réponse officielle pour justifier son retour… car Gad n’est pas (seulement) rentré pour le couscous de sa mère. Non, c’est une autre femme qu’il vient retrouver à Paris… la Vierge Marie.
Chouchou, La Doublure, Hors de prix et Coco, quatre énormes succès au box-office qui l’avaient propulsé au top du cinéma français dans les années 2000. Puis, Gad Elmaleh est apparu chez Woody Allen (Minuit à Paris), avant de traverser l’Atlantique où il allait tourner en motion capture pour Steven Spielberg (Les Aventures de Tintin : Le Secret de La Licorne), faire une petite apparition dans The Dictator de Larry Charles, jouer le chef cuisinier d’Al Pacino dans Jack et Julie de Dennis Dugan…Depuis, à part Un bonheur n’arrive jamais seul de James Huth et Le Capital de Costa-Gavras, l’humoriste et comédien s’est fait plutôt discret sur le grand écran, puis accusé de plagier des sketchs anglo-saxons, en les traduisant littéralement. Il revient par la « petite porte » dirons-nous avec Reste un peu, qu’il a coécrit, qu’il interprète et réalise. Un projet très personnel, où il joue son propre rôle, entre fiction et réalité, pour lequel il a demandé à ses véritables parents et à sa sœur de faire de même. Dans Reste un peu, Gad Elmaleh, né à Casablanca de parents juifs, ayant étudié la Torah, pris des cours d’hébreu, raconte sa conversion au catholicisme, au grand désespoir de son père, qui ne veut même pas en entendre parler, et surtout de sa mère, qui voit en Marie une rivale prête à lui voler son fils. Contre toute attente, alors qu’on craignait le trip égocentrique, Reste un peu fonctionne, très bien même, grâce à ses excellents acteurs (professionnels ou non) et une écriture aussi fine qu’intelligente. Si quelques longueurs se font ressentir dans la deuxième partie, l’ensemble est porté par une énergie contagieuse, les dialogues sont tordants, l’émotion non feinte et l’on passe un beau moment.
EL MERCENARIO (Il Mercenario) réalisé par Sergio Corbucci, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD + Livret le 7 avril 2023 chez Sidonis Calysta.
Acteurs : Franco Nero, Jack Palance, Tony Musante, Giovanna Ralli, Eduardo Fajardo, Álvaro de Luna, Raf Baldassarre, Joe Kamel…
Scénario : Sergio Spina, Adriano Bolzoni, Sergio Corbucci & Luciano Vincenzoni, d’après une histoire originale de Giorgio Arlorio, Franco Solinas & Luciano Vincenzoni
Photographie : Alejandro Ulloa
Musique : Ennio Morricone & Bruno Nicolai
Durée : 1h42
Date de sortie initiale : 1968
LE FILM
Dans un Mexique en révolte, les frères Garcia, propriétaires d’une mine d’argent, souhaitent mettre leur magot à l’abri. Désireux de trouver du renfort, ils recrutent un mercenaire redouté : Sergeï Kowalski, dit « le Polack ». Mais celui-ci est surveillé et suivi comme son ombre par un voleur de grand chemin, qui voit ici l’opportunité de se saisir d’un formidable butin. Mais la partie s’annonce difficile car, sous l’impulsion de Paco Roman, les ouvriers révoltés de la mine se sont emparés de l’argent…
Ça c’est du spectacle. C’est même du très grand spectacle, vous savez du genre à vous coller un sourire jusqu’aux oreilles du début à la fin ! La même année que Le Grand silence – Il Grande silenzio, échec au box-office, Sergio Corbucci se lance dans le western zapata avec El Mercenario, immense film du genre, qui annonce alors la mutation de la représentation à l’écran du Far West telle que nous la connaissions, et l’amorce vers la parodie qui sera définitivement installée avec On l’appelle Trinita – Lo chiamavano Trinità… d’Enzo Barboni, qui sortira deux ans plus tard. Le réalisateur du Justicier du Minnessota – Minnesota Clay, Django, Ringo au pistolet d’or – Johnny d’oro et de Navajo Joe rempile pour un merveilleux récit couché sur celluloïd (ils se sont mis à quatre pour le scénario, dont le célèbre Luciano Vincenzoni, collaborateur de Sergio Leone), dans lequel il fait à nouveau preuve de sa virtuosité. Pas un seul moment de répit durant ces cent minutes, au cours desquelles on ne cesse d’admirer évidemment la composition et l’exploitation du cadre large, mais aussi la confrontation entre Franco Nero et Tony Musante, qui ont l’air de prendre autant de plaisir à se donner la réplique que nous à les regarder jouer au chat et à la souris. On en redemande, c’est du cinoche, du vrai, comme on l’aime.
NAVAJO JOE réalisé par Sergio Corbucci, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD + Livret le 7 avril 2023 chez Sidonis Calysta.
Acteurs : Burt Reynolds, Aldo Sambrell, Nicoletta Machiavelli, Fernando Rey, Tanya Lopert, Franca Polesello, Lucia Modugno, Pierre Cressoy…
Scénario : Piero Regnoli & Fernando Di Leo, d’après une histoire originale d’Ugo Pirro
Photographie : Silvano Ippoliti
Musique : Ennio Morricone
Durée : 1h29
Date de sortie initiale: 1966
LE FILM
Navajo Joe est un indien solitaire dont toute la tribu a été massacrée par une bande de chasseurs d’indiens. Il les poursuit sans relâche, jusqu’à ce qu’il les retrouve en train de piller un train transportant une grosse somme d’argent. Il tue un à un les bandits et achemine le train jusqu’à sa destination initiale : Esperanza. Après avoir convaincu les habitants du petit village Esperanza de lui confier l’argent pour que les bandits restants ne s’en emparent pas, il le cache et le protège au péril de sa vie…
Auteur éclectique d’une soixantaine de longs métrages, Sergio Corbucci (1927-1990) signe un de ses westerns les plus célèbres avec Navajo Joe. Sorti en 1966, la même année que Django et Ringo au pistolet d’or – Johnny Oro, alors que le western européen, et plus particulièrement transalpin venait d’exploser avec Pour une poignée de dollars de Sergio Leone, Navajo Joe demeure un fleuron du genre. S’il reste un grand nom du cinéma bis italien, c’est avec le péplum que Sergio Corbucci se fait un nom. Production hispano-italienne principalement tournée en Espagne, Navajo Joe, western pur et dur, dispose d’un budget confortable confié par Dino De Laurentiis et impose une fois de plus le talent d’un cinéaste qui laissera définitivement son empreinte. Le scénario de Piero Regnoli (Les Contrebandiers de Santa Lucia, Les Sept bérets rouges, Comme des chiens enragés) et Fernando Di Leo (Avoir vingt ans, Le Retour de Ringo) n’est sans doute pas une réussite totale, mais le réalisateur s’intéresse davantage aux personnages, tout en offrant aux spectateurs ce pour quoi ils sont venus avec des fusillades rondement menées, des trahisons fatales, des réglements de comptes. Cette fois, Sergio Corbucci a délaissé le copier-coller du western américain, a vraiment trouvé ses propres marques, avec son style parfois baroque et le caractère pittoresque de certains tueurs, notamment celui interprété par Aldo Sambrell, complexe à souhait. Un western qui continue de ravir les cinéphiles, d’autant plus que Burt Reynolds, qui jouait déjà un Indien dans la série Gunsmoke, dans l’un de ses premiers rôles au cinéma, crève aussi l’écran dans le rôle-titre.