Test Blu-ray / Novembre, réalisé par Cédric Jimenez

NOVEMBRE réalisé par Cédric Jimenez, disponible en DVD, Blu-Ray et Blu-Ray 4K UHD le 8 février 2023 chez Studiocanal.

Acteurs : Jean Dujardin, Anaïs Demoustier, Sandrine Kiberlain, Jérémie Renier, Lyna Khoudri, Sami Outalbali, Stéphane Bak…

Scénario : Olivier Demangel et Cédric Jimenez

Photographie : Nicolas Loir

Musique : Guillaume Roussel

Durée : 1h48

Date de sortie initiale : 5 octobre 2022

LE FILM

Une plongée au coeur de l’anti-terrorisme pendant les cinq jours d’enquête qui ont suivi les attentats du 13 novembre 2015.

La polémique suscitée par BAC Nord en 2021 et sa piteuse récupération politique avaient privé Cédric Jimenez des dithyrambes qu’aurait dû lui valoir l’excellence de sa mise en scène. On se souvient notamment – cas symptomatique de l’hypocrisie ayant entouré la sortie du film – de l’article que lui avait consacré Libération dans ses pages cinéma, chronique qui parlait de tout sauf… de cinéma. Il ne s’agissait pourtant que de ça. Un pur polar auquel Jimenez s’appliquait à donner tous les atours de la fiction, quand bien même le scénario s’inspirait d’un fait réel, comme pour se préserver du procès qui allait lui être fait à tort. Du cinéma musclé et spectaculaire, bien loin des codes du documentaire que, chose ahurissante, beaucoup ont cru voir et se sont empressés de dénoncer avec un sens du ridicule assez flamboyant. Avec Novembre, même cause, mêmes effets : on a lu ça et là que la plus grande qualité du film était son aspect documentaire (certains critiques sont tout de même sacrément bipolaires). Mais là encore, Cédric Jimenez déleste son film de tout ce qui pourrait de près ou de loin lui imposer de rendre des comptes au réel. En tout premier lieu, il blinde son casting d’actrices et d’acteurs aux visages imprimés dans les tapis rouges, forçant ainsi la prise de distance avec l’existant. Et en dehors des prises de parole de François Hollande relayées par les écrans de télévision des personnages, on sera bien en peine ici de trouver la moindre trace du réel. Réel, non. Réaliste, oui. Documentaire, non. Documenté, oui. Car il s’agit ici de respecter et de reconstituer par l’artifice, le travail des enquêteurs.

Au montage dynamique et nerveux de la toute première séquence et la poursuite d’Abdelhamid Abbaoud sur les toits d’Athènes, succède la traque parisienne immédiatement après les attentats (que Jimenez ne montre pas, par déférence). Posé dans les bureaux des enquêteurs de la SDAT, le film d’action à peine esquissé laisse alors place à des séquences de bureau essentiellement nocturnes. Pas besoin (ni le temps) de s’appesantir sur la vie des protagonistes, le factuel prime.

La tension instillée est d’autant plus miraculeuse que le suspense est, de fait, inexistant. C’est là tout l’art de la fiction et du geste cinématographique consistant à tout mettre en oeuvre (musique, découpage, montage, décors, jeu d’acteur) pour accrocher le public qui sait à l’avance comment le film se termine. A ces fins, Jimenez a aussi l’intelligence de changer de focus à mi-chemin pour se concentrer sur ses personnages féminins, Anaïs Demoustier et la jeune indic incarnée par Lyna Khoudri, témoin grâce à qui les terroristes furent retrouvés et dont la mise en danger permanente est à l’origine des séquences les plus anxiogènes du film. Les deux femmes sont aussi les personnages les plus incarnés, ceux par qui l’humanité prend ses droits dans la mécanique huilée de la reconstitution. C’est la seule belle fragilité que s’autorise Jimenez. Impensable, pour lui, de miser sur le pathos ou la complaisance, le scénario ne s’y prête pas et la plaie est encore trop béante. Paradoxalement, c’est peut-être ce qui manque le plus à Novembre. Une incarnation du mal. En dehors de l’interrogatoire d’un complice présumé des attentats (et à l’occasion d’une des scènes pointant les erreurs commises lors de l’enquête), le film évite délibérément de montrer les terroristes, en action ou en fuite. On peut le comprendre. On peut aussi le regretter, jusqu’à l’assaut de l’appartement, séquence ahurissante de carnage qui perd en chair et en sang ce qu’il gagne en fantômes. C’est ce qu’il nous restera de Novembre : le silence, enfin, après le chaos.

LE BLU-RAY

Le film est présenté dans un boîtier plastique sous un fourreau en carton reprenant le même visuel (l’affiche originale). Le menu principal est animé et musical.

Au niveau des bonus ne figure qu’un making of (25′) réalisé par Paul Frère, mais assez bien fichu pour qu’on prenne le temps d’en souligner les qualités. Loin de n’être qu’une série de featurettes présentant les acteurs face caméra faisant l’éloge du film et de son réalisateur, on retrouve là de vraies images de tournage, dont beaucoup issues de la magnifique scène de l’assaut. On voit également Jimenez diriger ses acteurs, dont un Jean Dujardin très impliqué (notamment lors de son face à face tendu avec Anaïs Demoustier) : « On se sent très responsable de faire un film comme ça. Là, c’est sérieux. On a pas envie de déconner » lance l’acteur. Si le scénariste Olivier Demangel évoque une « part documentaire », Novembre reste « une histoire fermée qui montre plus le fonctionnement d’un service qu’une réalité historique ». « Il y a forcément une part de fantasme dans ce film, parce qu’on ne saura pas tout. Ça raconte surtout qu’on est très mortel, qu’on ne peut pas tout prévoir, qu’on a été pris de court. » ajoute Dujardin – si besoin était de rappeler que Novembre n’est PAS un documentaire. Enfin, chose précieuse, Cédric Jimenez y livre ses « trucs » de mise en scène, et relate ses rencontres avec les protagonistes de la traque : « Ils devaient avancer en permanence, ne jamais se reposer, ne jamais prendre le temps. J’ai voulu retranscrire cette énergie du mouvement perpétuel par l’économie des mots, des plans et des situations parce que chaque minute compte, chaque minute doit être nécessaire dans le film comme elle nécessaire pour eux dans l’enquête. »

L’Image et le son

Ce master HD (1080p, AVC) de Novembre ne déçoit pas et se révèle même superbe. Le piqué et le relief sont acérés tout du long et permet d’apprécier les visages des comédiens, la clarté est de mise, le cadre large offre un lot confondant de détails y compris sur les très nombreuses scènes sombres et la belle photographie est habilement restituée. Evidemment, la copie est d’une propreté immaculée, les contrastes sont denses. Les meilleures conditions techniques sont réunies et la définition est exemplaire.

Comme pour l’image, l’éditeur a soigné le confort acoustique et livre un mixage DTS-HD Master Audio 5.1 français, autant dans les scènes d’affrontements secs que dans les séquences plus calmes. Les quelques pics de violence peuvent compter sur une balance impressionnante des frontales comme des latérales, avec les balles qui environnent le spectateur. Les effets annexes sont très présents et dynamiques, les voix solidement exsudées par la centrale, tandis que le caisson de basses souligne efficacement chacune des actions au moment opportun. La spatialisation est en parfaite adéquation avec le ton du film. L’éditeur joint également les sous-titres français, destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Studiocanal / Critique du film et chronique du Blu-ray réalisées par Sabrina Guintini / Captures et test technique : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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