Test Blu-ray / Fatman, réalisé par Ian & Eshom Nelms

FATMAN réalisé par Ian & Eshom Nelms, disponible en DVD et Blu-ray le 8 décembre 2021 chez AB Vidéo.

Acteurs : Mel Gibson, Walton Goggins, Marianne Jean-Baptiste, Chance Hurstfield, Susanne Sutchy, Robert Bockstael, Michael Dyson, Deborah Grover…

Scénario : Ian & Eshom Nelms

Photographie : Johnny Derango

Musique : Mondo Boys

Durée : 1h39

Date de sortie initiale : 2020

LE FILM

Un père Noël tapageur et peu orthodoxe lutte contre le déclin de son commerce. Au même moment, après avoir reçu un morceau de charbon dans sa chaussette de Noël, Billy, un adolescent de douze ans, engage un tueur à gages afin d’éliminer le père Noël.

Alors qu’on l’attend à la fois devant et derrière la caméra pour le cinquième épisode de la saga L’Arme FataleLethal Weapon, Mel Gibson n’en finit plus de promener son charisme bad-ass de film en film (Blood Father, Traîné sur le bitume, Boss Level) et ce pour le plus grand plaisir de ses admirateurs, toujours aussi nombreux et fidèles, même si ses derniers opus seront essentiellement arrivés directement dans les bacs en France. C’est encore le cas pour Fatman, un projet de longue date (qui remonte à 2006) réalisé par les frères Nelms, Eshom et Ian de leur prénom, leur cinquième long-métrage, pour lequel ils donnent l’opportunité à la star déchue d’Hollywood d’incarner rien de moins que…le Père Noël. Ce dernier répond ici au nom de Christopher Cringle, chef d’entreprise, qui a une société à faire marcher, qui manque de subventions, qui participe à la richesse des États-Unis et qui peut compter heureusement sur le soutien de son épouse dévouée et de ses elfes d’employés qui travaillent tous les jours de l’année. Ne vous attendez pas à un film « vénère » comme pourraient le faire croire les photos promotionnelles sur lesquelles Mel Gibson semble prêt à tout exploser, car Fatman (ou gros lard en français) est un thriller atypique, qui prend son temps, qui se veut comme qui dirait « réaliste ». Une fois accepté le postulat de départ, Fatman s’avère un divertissement on ne peut plus plaisant, teinté d’une noirceur bienvenue et d’un humour insolent, dans lequel notre barbu pas si ventripotent, mais bien bourru et qui est un adepte du cigare, est comme d’habitude irrésistible.

Durant la période de Noël, le « Père Noël » Chris Cringle tente de lutter contre le déclin de son commerce — situé à North Pole en Alaska — et malgré le soutien de sa chère et tendre Ruth, parvient de moins en moins à faire face à l’accumulation des dettes et au tarissement de ses sources de revenus. C’est alors qu’il reçoit une proposition du gouvernement : fabriquer du matériel militaire pour l’Armée américaine, proposition qu’il accepte à contrecœur. Pendant ce temps, Billy Wenan (excellent Chance Hurstfield), 12 ans, quadruple vainqueur du concours de sciences de son école, semble être un petit garçon modèle. Cependant, il se révèle rapidement être un véritable monstre. Profitant de l’absence permanente de son riche père, il n’hésite pas à droguer sa grand-mère afin de s’assurer un contrôle total de la maison et surtout des comptes bancaires. Pire encore, ayant fini second pour la première fois dans le concours scientifique de cette année, il fait kidnapper la gagnante Christine Crawford. Il l’oblige à se dénoncer comme tricheuse, pour lui permettre de gagner le concours, sous peine d’être torturée et de voir toute sa famille (chien compris) être exécutée sous ses yeux. Quand il reçoit comme cadeau le traditionnel morceau de charbon réservé aux mauvais garçons, Billy engage une nouvelle fois le tueur à gages Jonathan Miller, alias « Skinny Man ». Il lui demande cette fois de trucider le Père Noël.

Mel Gibson fait partie de ces rares comédiens, qui donnent du plaisir aux spectateurs dès qu’ils apparaissent à l’écran. Encore plus fascinant à 65 ans passés qu’il ne l’était avant, le comédien semble prendre beaucoup de plaisir à incarner Santa Claus, mais rien à voir avec Tim Allen dans la franchise Super Noël ou Alain Chabat dans Santa et Cie, ni même dans un autre genre Peeter Jakobi dans Père Noël Origines. Ici, le Père Noël « réel » connaît la crise comme tout le monde, la faute aux gamins turbulents (euphémisme, qui n’hésitent pas à tirer au fusil sur Santa) qui ont pris le dessus sur les enfants sages, et qui du coup font moins marcher l’industrie du jouet. Pour les plus terribles d’entre tous, Chris leur emballe un simple morceau de charbon, histoire de. Mais lorsqu’un de ceux-là, qui a pourtant tout pour être heureux, ou presque (car son père est toujours absent), reçoit ce minerai en question, il voit rouge et décide tout simplement d’engager un tueur à gages afin d’éliminer ce bon vieux Père Noël qui s’est foutu de sa gueule. Le problème, c’est que l’assassin reste aussi traumatisé que fasciné par le Père Noël depuis sa plus tendre enfance…

Bref, l’histoire de Fatman est aussi nawak qu’intéressante, dans le sens où jamais le personnage n’avait été traité ainsi. Mel Gibson s’empare de ce rôle comme s’il s’agissait d’un homme comme les autres, et qui prend la pétoire quand sa propre vie ou celle de son entourage se trouve menacée. Entre deux fournées de délicieux cookies, sa femme Ruth (merveilleuse Marianne Jean-Baptiste, vue dans In Fabric, The Cell et Secrets et Mensonges) tente de l’apaiser et lui voue un amour incommensurable. Une voix de la raison, qui participe à l’équilibre de Chris, qui paraît de plus en plus dégoûté par le fait que l’esprit de Noël disparaisse un peu plus chaque année. Contre toute attente, l’émotion n’est pas oubliée dans Fatman et on se prend étonnamment d’affection pour ce Père Noël singulier, fatigué pour son boulot qui ne lui laisse qu’un jour de repos par an, au moment où les cadeaux sont ouverts. Il accepte déjà à contrecoeur de collaborer un peu avec l’armée américaine, alors il n’avait pas besoin de ce tueur (excellent Walton Goggins, Les Huit Salopards, Django Unchained) lancé à ses trousses !

Donc non, Fatman, produit par David Gordon Green et Danny McBride, n’est pas une comédie d’action ou un gros délire cartoonesques avec de l’hémoglobine à outrance. Si la violence sèche explose dans le dernier acte très « westernien », le film des frères Nelms mise sur la retenue (certains trouveront le film assez lent), une certaine élégance, une sensibilité inattendue, le tout doublé d’une critique sociale bienvenue. Une très bonne surprise.

LE BLU-RAY

Premier long-métrage des frères Nelms à être distribué en France, Fatman bénéficie d’une sortie en DVD et Blu-ray chez AB Vidéo. Une édition simple, mais qui a au moins le mérite d’exister ! Visuel percutant, jaquette glissée dans un boîtier classique de couleur bleue. Le menu principal est animé et musical.

Seule la bande-annonce est proposée comme supplément.

L’Image et le son

Que dire, si ce n’est que ce master HD français est absolument parfait. Si vous désirez bénéficier des meilleures conditions de visionnage pour apprécier Fatman, alors n’hésitez pas à sélectionner immédiatement l’édition Blu-ray – au format 1080p – du film des frères Nelms, qui profite d’une clarté absolue sur l’ensemble des séquences en extérieur, marquées par une neige immaculée. Du coup, le rouge du sang, aussi bien sur le visage de Mel Gibson, que sur la combinaison de Walton Goggins dans la dernière partie du film ressort sans aucune difficulté. Le piqué est acéré comme la lame d’un scalpel, les contrastes sont superbes, les détails sont omniprésents aux quatre coins du cadre large, le relief ne cesse de laisser pantois.

Bien que le film soit étonnamment avare en scènes «  agitées  », les mixages anglais et français (un des derniers doublages du regretté Jacques Frantz) DTS-HD Master Audio 5.1 assurent comme il se doit pour instaurer un confort acoustique ample et plaisant. Il faut dire que la musique est systématiquement spatialisée grâce au soutien énergique des latérales. Les dialogues sont toujours nets et précis, la balance frontale puissante et le caisson de basses utilisé à bon escient, sans esbroufe. A titre de comparaison, la piste française se révèle quand même moins riche et naturelle que son homologue. Deux pistes Stéréo sont aussi au programme, ainsi qu’une piste Audiodescription et les sous-titres français destinés aux spectateurs sourds et malentendants.

Crédits images : © AB Vidéo / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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