Test Blu-ray / The Cell, réalisé par Tarsem Singh

THE CELL réalisé par Tarsem Singh, disponible en Combo Blu-ray + DVD – Édition Limitée le 19 août 2021 chez Metropolitan Video.

Acteurs : Jennifer Lopez, Vince Vaughn, Vincent D’Onofrio, Marianne Jean-Baptiste, Jake Weber, Colton James, Dylan Baker, Gerry Becker, Musetta Vander, Patrick Bauchau, Dean Norris, Lauri Johnson…

Scénario : Mark Protosevich

Photographie : Paul Laufer

Musique : Howard Shore

Durée : 1h50

Année de sortie : 2000

LE FILM

La psychologue Catherine Deane participe à l’expérimentation d’un procédé thérapeutique révolutionnaire qui lui permet de visiter littéralement les esprits de patients inconscients. Lorsque le FBI lui demande d’utiliser cette technique pour pénétrer dans le cerveau de Carl Stargher, un tueur en série tombé dans le coma, elle ignore l’expérience traumatisante qui l’attend. Elle doit localiser la cellule piégée où est enfermée la dernière victime de Stargher. Entre répulsion et fascination, elle progresse dans le dédale psychologique du tueur, jusqu’à devenir une proie…

C’était la grande époque de Jennifer Lopez au cinéma ! En effet, la comédienne et chanteuse, en plus de truster la première place des charts, venait d’enchaîner au cinéma Blood and Wine de Bob Rafelson, U-Turn d’Oliver Stone (dont nous parlerons prochainement) et Hors d’atteinte Out of Sight de Steven Soderbergh. S’ils ne se sont pas hissés au sommet du box-office, la plupart des critiques louaient à la fois la qualité de ces films, mais aussi les différentes prestations de J-Lo. Cette dernière entre dans les années 2000 par la grande porte avec The Cell, thriller horrifique et fantastique réalisé par Tarsem Singh, que l’on a souvent résumé à un mélange de Se7en de David Fincher, du Cobaye The Lawnmower Man de Brett Leonard et du Silence des Agneaux de Jonathan Demme. S’il s’agit bien d’une enquête sur un tueur en série, The Cell se démarque très rapidement de ses modèles et emmène le spectateur dans un univers insolite, dans les méandres d’un esprit malade, au sens propre comme au figuré. Venu de la publicité et du vidéo-clip, Tarsem Singh s’est très vite fait remarquer par son sens visuel unique et use de son très large bagage technique pour son premier long-métrage, The Cell, sur un scénario machiavélique de Mark Protosevich. Si ce dernier n’aura guère brillé par la suite avec le Poséidon (2006) de Wolfgang Petersen et le remake de Old Boy (2013) réalisé par Spike Lee, The Cell demeure son travail le plus abouti à ce jour avec Je suis une légende (2007) de Francis Lawrence et offre au cinéaste d’origine indienne l’occasion de laisser libre cours à son imagination visuelle débordante. Plus de vingt ans après, The Cell reste une vraie référence du genre, largement inspirée par l’art contemporain et moderne, où Tarsem Singh prolonge les créations de Francis Bacon, H.R. Giger, Salvador Dali, Odd Nerdrum et autres. On en prend plein les yeux et les frissons sont au rendez-vous.

La pédopsychologue Catherine Deane (Jennifer Lopez) est embauchée pour mener un traitement expérimental en réalité virtuelle pour les patients dans le coma : un dispositif « Cartographie neurologique et système de transfert synaptique » géré par les docteurs Henry West (Dylan Baker, qui sortait des étouffants Oxygen de Richard Shepard et Requiem for a dream de Darren Aronofsky) et Miriam Kent (Marianne Jean-Baptiste, vue dernièrement dans In Fabric de Peter Strickland) qui permet d’entrer dans un esprit. La technologie est financée par les parents de son patient, Edward Baines (Colton James), un jeune garçon tombé dans le coma des suites d’une infection virale, qui provoque une forme inhabituelle de schizophrénie. Malgré le manque de progrès de Deane, West et Kent rejettent sa suggestion d’inverser le flux, craignant les conséquences de son expérience. Le tueur en série Carl Rudolph Stargher (Vincent D’Onofrio) emprisonne ses victimes dans une cellule en verre, qui se remplit lentement d’eau au moyen d’une minuterie automatique, puis utilise un treuil dans son sous-sol pour se suspendre au-dessus de leur corps, tout en regardant la vidéo enregistrée de leur mort. Il succombe à une maladie schizophrénique et tombe lui aussi dans le coma juste au moment où le FBI parvient à l’identifier, ce qui les laisse sans indice quant à l’endroit où est emprisonnée sa dernière victime, Julia Hickson (Tara Subkoff). Après avoir pris connaissance de cette technologie expérimentale, l’agent Peter Novak (Vince Vaughn) persuade Deane d’entrer dans l’esprit de Stargher et de découvrir l’emplacement de Hickson. Deane entre dans le sombre paysage onirique de la psyché tordue de Stargher, rempli de versions de poupées de ses victimes. Le côté innocent du tueur se manifeste sous le nom de Young Stargher (Jake Thomas) et guide Deane à travers ses souvenirs, dont les abus dont il a été victime de la part de son père sadique (Gareth Williams). Deane suit Young Stargher dans l’espoir d’obtenir l’emplacement de Hickson, mais son action est contrecarrée par une autre manifestation : le roi Stargher, une idéalisation démoniaque de son côté meurtrier qui domine son univers. Le roi Stargher tourmente Deane jusqu’à ce qu’elle oublie que le monde n’est pas réel. Elle se retrouve à sa merci. Pendant ce temps, le niveau d’eau monte dans la cellule de Hickson…

Certaines critiques, connaissant les précédentes mises en scène de Tarsem Singh, avaient qualifié The Cell de long clip vidéo. Vingt ans après, on peut certifier qu’elles avaient tort, car même si le réalisateur mise essentiellement sur le côté visuel, plus que son scénario dont deux ou trois éléments laissent perplexes, ce thriller est avant tout un très bel objet de cinéma, singulier, dont l’originalité a non seulement contribué à son grand succès commercial à sa sortie (105 millions de dollars de recette pour une mise de départ de 35 millions), mais aussi à sa pérennité, car The Cell reste très prisé par les amateurs d’épouvante. Ne poussez quand même pas le bouchon pour découvrir The Cell 2, DTV sorti neuf ans plus tard, qui se contente de reprendre le postulat de départ du film original, qui rappelait déjà celui de La Machine (1994), chef d’oeuvre du fantastique « à la française », réalisé par François Dupeyron et adapté du roman de René Belleto. Tarsem Singh happe d’emblée son audience et l’entraîne sans son sillage, avec un soin tout particulier apporté aux décors, aux couleurs et aux costumes, comme il le fera dans ses films à venir, The Fall, Les Immortels Immortals, Blanche-Neige Mirror, Mirror et même dans le sympathique Renaissances Self/less.

Cette plongée dans l’âme damnée de Stargher offre quelques séquences vicieuses à souhait, à l’instar de celle où Novak (Vince Vaughn, à peine remis de son interprétation de Norman Bates dans le Psycho de Gus Van Sant) se fait torturé, ouvrir le ventre, avant de voir son propre intestin enroulé autour d’un…enfin, une scène bien gore qui vous fera gargouiller et mettra à mal votre sphincter. Les acteurs s’en sortent pas trop mal, Vincent D’Onofrio en tête (et qui tire facilement la couverture à chaque apparition), même si Jennifer Lopez paraît s’endormir un peu dans quelques scènes, d’autant plus que son personnage apparaît finalement comme étant le moins intéressant. On accepte aussi certaines facilités, des raccourcis ou même des rebondissements peu convaincants (Novak qui se rend compte de l’importance du logo d’une entreprise, qui le mènera à la planque de Stargher), car Tarsem Singh est extrêmement généreux, remplit son cadre jusqu’à l’étouffement de symboles, de teintes bariolées, de bruits (superbe score du maestro Howard Shore) et de fureur, emmenant sans difficulté son audience jusqu’au bout de cette étrange enquête, opéra diabolique et cauchemar éveillé.

LE COMBO BLU-RAY + DVD

Déjà vingt ans que The Cell a intégré le prestigieux catalogue de Metropolitan Video, rappelez-vous (mode Michel Drucker), c’était en juillet 2001 que l’édition DVD Prestige présentait le film de Tarsem Singh en version Director’s Cut (ou européenne) avec tout un tas de bonus ! Disons le tout de suite, sachez que le montage proposé en Blu-ray est la version américaine, autrement dit censurée ! Si l’on compare les deux versions, on se rend compte que le gros changement intervient après que Carl ait pris sa victime (morte, cela va de soi) dans ses bras, pour ensuite la laver, avant de se suspendre pour ensuite…bref, des plans nettement plus explicites et osés, qui ont complètement disparu de la version US que l’on trouve donc sur le Blu-ray. Heureusement, vous pourrez faire la différence entre les deux séquences, l’éditeur ayant placé dans ce combo le DVD français sorti en 2001, comprenant la version intégrale, ainsi que les suppléments, puisque l’édition HD en est dépourvue. Le menu principal est fixe et muet. Les deux disques (le DVD arbore une nouvelle sérigraphie) sont placés dans un Digipack à trois volets (glissé dans un fourreau cartonné), où l’on découvre aussi un solide livret de 24 pages, qui compile des notes de production, des photos tirées du film, des propos sur le casting, des comédiens, sur les décors, sur les costumes…

Pour rappel, les suppléments de l’édition Standard proposait un formidable commentaire audio de Tarsem Singh (en VOSTF), qui a beaucoup de choses à dire sur son premier long-métrage. En vrac, le réalisateur revient sur sa collaboration avec Howard Shore, sur ses inspirations (les westerns de Sergio Leone, les film d’Andreï Tarkovski, Le Locataire de Roman Polanski, et cite plusieurs fois eXistenZ de David Cronenberg, « un chef d’oeuvre absolu que j’ai vu sept fois au cinéma »), la création des décors et des costumes, le tournage en Namibie pour les séquences où le personnage de Jennifer Lopez se retrouve dans la tête de son jeune patient, le travail avec les comédiens. A ce titre et à de nombreuses reprises, Tarsem Singh règle ses comptes avec l’actrice Tara Subkoff, la victime recherchée dans le film, qui lui a menti et fait croire qu’elle savait bien nager. Très rancunier le Tarsem. Un commentaire très chouette où le réalisateur dissèque chaque détail de son « opéra », terme qui revient aussi fréquemment puisque Tarsem Singh a toujours imaginé son film ainsi.

Nous trouvons ensuite huit scènes coupées (17’30 au total et timecodées de façon peu discrète), la plupart du temps écartées pour des questions de rythme. On y retrouve plus de scènes avec la victime de Stargher interprétée par Vanessa Branch (sur laquelle Tarsem Singh est dithyrambique), une préparation plus longue de l’assaut de la maison de Stargher, une improvisation (« qui ne collait pas avec le reste ») de Vince Vaughn et Jake Weber, la fin originale (qui s’attardait sur l’antre de Stargher)…à noter que seule la dernière séquence, celle du brief de la police, ne dispose pas du commentaire audio du réalisateur en option, par ailleurs en VOSTF sur le reste des scènes coupées.

Le making of « traditionnel » (12’), intitulé « Le Style du réalisateur », donne la parole aux comédiens, au directeur de la photographie Paul Laufer, au superviseur des effets spéciaux Kevin Tod Haug, à la responsable des maquillages Michèle Burke, à Tarsem Singh lui-même et à d’autres collaborateurs. Ces intervenants reviennent sur l’univers foisonnant du metteur en scène, sur l’histoire du film, sur les personnages, tandis que Singh met en avant la liberté créatrice qui lui a été donnée pour réaliser son premier long-métrage. De nombreuses images de tournage viennent illustrer ces propos.

En plus d’un lot de bandes-annonces, de filmographies et de la piste musicale isolée, ce DVD renfermait également une partie « Multi-angle » où sept séquences (celle du treuil, celles des diverses entrées dans la psyché de Stargher, celle du monde de Catherine), commentées par trois responsables des effets visuels, étaient proposées sous l’axe de l’interview, sous celui des images de tournage, ou bien sous celui des storyboards.

L’Image et le son

L’édition DVD de The Cell commençait sérieusement à prendre quelques rides et son élévation HD n’a rien pour nous déplaire. N’ayons pas peur des mots, la photo signée Paul Laufer est magnifique et trouve en Blu-ray un écrin plaisant, restituant merveilleusement les partis-pris esthétiques du metteur en scène. Le master a été nettoyé de fond en comble, aucune scorie n’a survécu au lifting numérique, les contrastes affichent une densité inédite, les couleurs explosent, le cadre large fourmille de détails qui avaient pu nous échapper. Certes, le piqué n’est pas autant acéré que pour un film plus contemporain, mais les 3/4 du temps la définition demeure optimale et les visages n’ont jamais été aussi nets. La texture argentique est également bien gérée.

Voilà de quoi réjouir les fans du film ! Les versions originale et français bénéficient d’une promotion DTS-HD Master Audio 5.1 qui mettent à contribution chacune des enceintes de toute bonne installation qui se respecte. Indiquons tout d’abord que la piste français affiche une ardeur égale à son homologue, autant dans le rendu des dialogues que dans le spectacle acoustique latéral. De plus, le doublage est très réussi (l’excellent Jean-Philippe Puymartin, voix française de Tom Hanks et récurrente de Tom Cruise, double ici Vince Vaughn), la balance frontale demeure riche et l’ensemble contentera les puristes qui avaient découvert The Cell en version française. Evidemment, la piste anglaise n’est pas en reste. L’affrontement physique et psychologique entre Catherine et Stargher est propice à une déferlante d’effets en tous genres, surtout durant la dernière partie. La musique de Howard Shore est constamment spatialisée et le caisson de basses à fort à fort.

Crédits images : © Metropolitan FilmExport / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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