Test Blu-ray / L’Amour c’est mieux que la vie, réalisé par Claude Lelouch

L’AMOUR C’EST MIEUX QUE LA VIE réalisé par Claude Lelouch, disponible en DVD et Blu-ray le 26 mai 2022 chez Metropolitan Video.

Acteurs : Sandrine Bonnaire, Gérard Darmon, Ary Abittan, Philippe Lellouche, Kev Adams, Elsa Zylberstein, Béatrice Dalle, Clémentine Célarié, Robert Hossein, Olivier Rabourdin…

Scénario : Claude Lelouch, Pierre Leroux, Grégoire Lacroix & Valérie Perrin

Photographie : Maxime Héraud

Musique : Laurent Couson

Durée : 1h55

Année de sortie : 2021

LE FILM

Les trois A : L’AMOUR, L’AMITIÉ et L’ARGENT sont les trois principales préoccupations de l’humanité. Pour en parler le plus simplement possible, Gérard, Ary et Philippe ont fait connaissance il y a 20 ans, à leur sortie de prison, et se sont tout de suite posé la vraie question : Et si l’honnêteté était la meilleure des combines ? Aujourd’hui, ils sont inséparables et scrupuleusement vertueux… Mais Gérard apprend qu’il souffre d’un mal incurable. Le sachant condamné, Ary et Philippe veulent lui offrir sa dernière histoire d’amour… car Gérard a toujours répété que l’amour c’était mieux que la vie.

Nous pensions que La Vertu des impondérables était le cinquantième long-métrage de Claude Lelouch. Nous avions mal compté, ou alors le cinéaste s’était embrouillé dans ses comptes. Non, en réalité le 50ème film de l’ami Claude, le voici (la sobriété et la modestie de l’intéressé poussent le bouchon jusqu’à le mentionner dans les credits, sur l’affiche et dans la bande-annonce), L’Amour c’est mieux que la vie, qui recycle quelque peu le titre abandonné du second volet de sa trilogie avortée au début des années 2000, entamée avec Les Parisiens et qui devait donc s’intituler Le Bonheur, c’est mieux que la vie. On craignait que le réalisateur reprenne son ancien projet, qui avait été finalement bidouillé pour devenir Le Courage d’aimer, une de ses plus grosses arnaques qui présentait plus ou moins le même montage agrémenté d’une poignée scènes supplémentaires, histoire de, mais pour résumer il s’agissait bien de foutage de gueule. L’Amour c’est mieux que la vie n’a rien à voir. Bien qu’il ait longtemps annoncé que tel film était son dernier (on pense aux paroles de Daniel Balavoine pour Le Chanteur, « Je remonterai sur scène, Comme dans les années folles, Je ferai pleurer mes yeux, Je ferai mes adieux, Et puis l’année d’après, Je recommencerai, Et puis l’année d’après, Je recommencerai, Je me prostituerai, Pour la postérité…), il s’agit ici du premier épisode d’une nouvelle trilogie teasée dans le générique de fin. A l’instar de James Bond, Claude Lelouch will return…et nous avons déjà le titre, La Folie des sentiments ou l’incroyable fertilité du chaos. En l’état, L’Amour c’est mieux que la vie peut apparaître comme un sempiternel film testament, dans lequel CL évoque la mort, ou plutôt la célébration de l’existence, se penche sur le temps qui passe (« Je n’ai plus de temps à perdre avec le temps »), tout en imaginant celles et ceux qui pleureront à son enterrement. Ce n’est pas un secret, Lelouch s’est toujours glorifié lui-même. A bientôt 85 ans, refusant de prendre une retraite bien méritée, il a cette fois recours à divers extraits de L’Aventure c’est l’aventure (1972), La Bonne année (1974), Les Uns et les Autres (1981), créant une passerelle avec le second à travers le personnage incarné par Sandrine Bonnaire. Cette introduction est bordélique, mais comme L’Amour c’est mieux que la vie en fait, qui passe du coq à l’âne, du rire (gênant) aux larmes (embarrassantes), avec un casting fade, sur un rythme neurasthénique et un montage aux pâquerettes. Pourtant, une fois de plus, on ne rejette pas ce film et nous répondrons encore présents au prochain opus.

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Test DVD / Meilleurs ennemis, réalisé par Peter Hutchings

MEILLEURS ENNEMIS (The Hating Game) réalisé par Peter Hutchings, disponible en DVD le 26 mai 2022 chez Metropolitan Video.

Acteurs : Lucy Hale, Austin Stowell, Damon Daunno, Sakina Jaffrey, Corbin Bernsen, Yasha Jackson, Sean Cullen, Nance Williamson…

Scénario : Christina Mengert, d’après le roman de Sally Thorne

Photographie : Noah Greenberg

Musique : Spencer David Hutchings

Durée : 1h38

Année de sortie : 2021

LE FILM

Bien décidée à réussir professionnellement sans compromettre son sens de l’éthique, Lucy se lance dans un jeu impitoyable de surenchère contre Joshua, son ambitieux collègue de bureau. Mais son attirance croissante pour cet homme qu’elle aime détester va venir compliquer leur rivalité.

Évidemment, il n’y a qu’à voir le titre ou l’affiche du film pour se dire « c’est bon, on connaît déjà la fin ». Et là dessus on ne se trompe pas. En revanche, Meilleurs ennemisThe Hating Game, adapté d’un best seller de Sally Thorne, est loin d’être une comédie romantique désagréable, grâce notamment à la pétillante et sexy Lucy Hale (née en 1989), que l’on avait découvert au cinéma en 2011 dans Scream 4 de Wes Craven, puis en 2018 dans la production Blumhouse Action ou VéritéTruth or Dare de Jeff Wadlow. Mais c’est à la télévision que la consécration se fera pour elle, avec la série Privileged, et surtout Pretty Little Liars, où elle interprète le rôle d’Aria Montgomery au fil des sept saisons et de ses 160 épisodes. Également invitée sur la série Riverdale, de laquelle découlera celle de Katy Keene, centrée sur son personnage, Lucy Hale démontre un vrai talent comique dans Meilleurs ennemis, un petit côté burlesque, un impressionnant débit à la mitraillette, le tout avec un sourire dévastateur et des yeux de velours. Elle donne ici la réplique – parfois bien vacharde – à Austin Stowell, révélé en 2011 grâce au succès inattendu de L’Incroyable Histoire de Winter le dauphinDolphin Tale de Charles Martin Smith, qui sera ensuite repéré chez Damien Chazelle (Whiplash), Steven Spielberg (Le Pont des espions), Simon West (Stratton) et Nacho Vigalondo (Colossal). L’alchimie est bien présente entre les deux acteurs, qui s’en donnent à coeur joie dans ce jeu du chat et de la souris, une guéguerre des sexes légère, une partie de ping-pong verbal sans grande surprise, mais bien rythmée, drôle, piquante, où le charme de ses interprètes agit facilement. On passe un bon moment et c’est déjà ça.

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Test Blu-ray / Le Fleuve de la dernière chance, réalisé par Jerry Hopper

LE FLEUVE DE LA DERNIÈRE CHANCE (Smoke Signal) réalisé par Jerry Hopper, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 7 avril 2022 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Dana Andrews, Piper Laurie, Rex Reason, William Talman, Milburn Stone, Douglas Spencer, Gordon Jones, William Schallert.…

Scénario : George F. Slavin & George W. George

Photographie : Clifford Stine

Musique : Henry Mancini

Durée : 1h28

Date de sortie initiale: 1955

LE FILM

Commandés par le capitaine Harper, des soldats américains fuient, par le fleuve, le fort assiégé par les Utes, très supérieurs en nombre et qui attendent le renfort des tribus sioux. Parmi les Blancs se trouvent Laura, fille du major Evans, mort au combat et un prisonnier, Halliday. Ce dernier est un ancien officier qui a vécu longtemps chez les Utes. Tandis qu’Evans était partisan de la guerre, Halliday voulait sceller la paix. Lors des engagements, il s’est trouvé du côté indien et a dès lors été considéré comme un traître, un meurtrier et un déserteur.

Jerry Hopper (1907-1988), voilà un réalisateur méconnu. Certains cinéphiles se souviennent peut-être du Triomphe de Buffalo BillPony Express (1953) avec Charlton Heston et Rhonda Fleming. La cinquantaine se profilant à l’horizon, le cinéaste met les bouchées doubles et parvient à livrer quatre films en 1955, Le Fleuve de la dernière chanceSmoke Signal, La Guerre privée du major BensonThe Private War of Major Benson, La Jungle des hommesThe Square Jungle avec Tony Curtis, et Son seul amour One Desire avec Rock Hudson. Avant de consacrer le reste de sa vie à la télévision à travers moult épisodes de séries télévisées diverses et variées (L’Homme à la carabine, Les Incorruptibles, La Grande Caravane, Perry Mason, Gunsmoke, La Famille Addams, Le Fugitif, Le Virginien…), Jerry Hopper renoue donc avec le western avec Le Fleuve de la dernière chance, formidable opus, excellemment mis en scène, qui certes pâtit de l’usage de transparences, mais qui fait oublier ce stratagème avec un récit riche en rebondissements, en gunfights, en action, des personnages à la psychologie bien fouillée et complexe, élégamment campés par Dana Andrews et la magnifique Piper Laurie.

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Test Blu-ray / Massacre au dortoir, réalisé par Stephen Carpenter & Jeffrey Obrow

MASSACRE AU DORTOIR (The Dorm That Dripped Blood) réalisé par Stephen Carpenter & Jeffrey Obrow, disponible en DVD et combo Blu-ray + DVD le 12 avril 2022 chez Elephant Films.

Acteurs : Laurie Lapinski, Stephen Sachs, David Snow, Pamela Holland, Dennis Ely, Woody Roll, Daphne Zuniga, Jake Jones…

Scénario : Stephen Carpenter, Jeffrey Obrow & Stacey Giachino

Photographie : Stephen Carpenter

Musique : Christopher Young

Durée : 1h28

Date de sortie initiale: 1982

LE FILM

Une résidence universitaire va fermer ses portes afin d’être revendue. Après le départ de tous les étudiants, Joanne, Patty, Brian, Craig et Debbie restent seuls pour débarrasser le mobilier et tout nettoyer. Patty surprend un étudiant, John Hemmit, dans l’enceinte de l’établissement. Peu de temps après, des objets disparaissent et un certain malaise s’installe parmi le petit groupe, qui se sent espionné. Quand Debbie doit quitter la résidence et partir avec ses parents venus la chercher, ces derniers se font massacrer…

Attention nanar ! Ou plutôt, vive les mauvais films sympathiques ! Massacre au dortoirThe Dorm That Dripped Blood, aussi connu sous le titre La Maison de sang, en est un beau, un vrai, un grand, qui vous fera rire durant 1h25 et qui y va souvent à fond dans le nawak et le goût doûteux pour vous faire rire involontairement. On doit cet opus aux élèves de l’école de cinéma de l’University Cooperative Housing Association, présente sur le campus de l’UCLA (l’Université de Californie de Los Angeles), où le film a été quasiment intégralement tourné, avec les moyens du bord, en 16mm, gonflé plus tard en 35mm. Le problème, ou heureusement c’est selon, c’est que cela se voit, que rien ou presque ne fonctionne. On s’amuse vraiment du début à la fin en découvrant jusqu’où le récit peut aller dans non-sens et les « acteurs » dans non-jeu. Le pire, c’est que l’on s’attendait à un vrai slasher, le film sort d’ailleurs en 1982, juste après Vendredi 13 de Sean S. Cunningham, Le Tueur du vendredi et Meurtres en 3 dimensions de Steve Miner, les trois premiers de la saga Vendredi 13 donc, espérait probablement tirer son épingle du jeu et amasser un max de billets verts en surfant sur l’engouement des spectateurs pour les films d’épouvante. Mais par son budget anémique, ses comédiens en carton, son sang réalisé avec de l’encre Waterman (ou du ketchup Heinz pour le coup de la perceuse) et ses cadavres en papier mâché, Massacre au dortoir ne peut évidemment pas rivaliser avec ces références, mais s’avère une très bonne comédie.

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Test DVD / L’Enterrée vive, réalisé par Jack Smight

L’ENTERRÉE VIVE (The Screaming Woman) réalisé par Jack Smight, disponible en DVD et combo Blu-ray + DVD le 12 avril 2022 chez Elephant Films.

Acteurs : Olivia de Havilland, Ed Nelson, Laraine Stephens, Joseph Cotten, Walter Pidgeon, Charles Knox Robinson, Alexandra Hay, Lonny Chapman…

Scénario : Merwin Gerard, d’après une histoire originale de Ray Bradbury

Photographie : Sam Leavitt

Musique : John Williams

Durée : 1h14

Date de sortie initiale: 1993

LE TÉLÉFILM

Laura Wynant sort d’un séjour en hôpital psychiatrique. Fragilisée, elle rentre cependant dans son grand domaine. Mais quand elle commence à entendre les cris d’une femme semblant enterrée vivante, ses proches voient l’opportunité parfaite de prouver qu’elle est folle et contrôler son argent…

Une fois n’est pas coutume, nous parlerons d’un téléfilm, L’Enterrée viveThe Screaming Woman de Jack Smight, production Universal qui a su marquer plusieurs générations de téléspectateurs. En effet, celui-ci possède divers atouts, et non des moindres, à commencer par la présence en haut de l’affiche (ou du programme TV c’est selon) d’une légende hollywoodienne, en la personne d’Olivia de Havilland. Au début des années 1970, la star a évidemment sa carrière derrière elle, ainsi que deux Oscars de la meilleure actrice (pour À chacun son destin et L’Héritière, plus le Golden Globe pour le second) et une Coupe Volpi de la meilleure interprétation féminine pour La Fosse aux serpents. Elle consacrera désormais essentiellement le reste de sa vie professionnelle à la petite lucarne (Racines 2, La Croisière s’amuse, Un meurtre est-il facile ?, The Royal Romance of Charles and Diana, Nord et Sud II) et ne reviendra que trois ou quatre fois au cinéma, y compris dans Les Naufragés du 747 Airport ‘77 de Jerry Jameson. Dans L’Enterrée vive, à 55 ans, la comédienne démontre qu’elle en avait encore sous le capot (d’ailleurs en y repensant, elle n’en était quasiment qu’à la moitié de son existence) et signe une remarquable prestation dans ce thriller paranoïaque fort sympathique, qui s’inspire d’une histoire de Ray Bradbury, à l’origine écrite pour la radio en 1948, puis publiée trois ans plus tard. 75 minutes qui passent en un éclair, durant lesquelles la tension est maintenue du début à la fin.

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Test Blu-ray / Caltiki – Le Monstre immortel, réalisé par Riccardo Freda & Mario Bava

CALTIKI – LE MONSTRE IMMORTEL (Caltiki, il mostro immortale) réalisé par Riccardo Freda & Mario Bava, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livre le 19 avril 2022 chez Artus Films.

Acteurs : John Merivale, Didi Perego, Daniela Rocca, Gérard Herter, Giacomo Rossi-Stuart, Daniele Vargas, Vittorio André, Arturo Dominici, Nerio Bernardi…

Scénario : Filippo Sanjust

Photographie : Mario Bava

Musique : Roberto Nicolosi

Durée : 1h16

Date de sortie initiale : 1959

LE FILM

Lors d’une expédition dans un ancien temple Maya, des archéologues découvrent la statue millénaire de Caltiki, la déesse de la mort. Un monstre surgit et s’en prend à un membre de l’équipe, lui greffant une substance gélatineuse. Au même moment, la comète Arsinoé passe près de la Terre, augmentant la radioactivité. La masse informe grossit progressivement, ravageant tout sur son passage.

Beware! Caltiki !!! En effet, un an après Danger planétaire The Blob (1958) d’Irvin S. Yeaworth Jr., l’Italie s’emparait aussi d’une « créature » flasque et visqueuse, un être unicellulaire qui grossit et s’étend en absorbant tout ce qui passe à proximité, Caltiki, le monstre immortelCaltiki – il mostro immortale. A la tête de cette entreprise, deux réalisateurs et non des moindres, Riccardo Freda (sous le pseudonyme anglo-saxon de Robert Hampton) et Mario Bava, le premier ayant quitté le tournage avant la fin des prises de vue, avant d’être remplacé par le second, alors directeur de la photographie et créateur des effets spéciaux. Sur un scénario de Filippo Sanjust, qui pour Riccardo Freda avait déjà signé Le Château des amants maudits Beatrice Cenci et les futurs 7 épées pour le roi Le sette spade del vendicatore et L’aigle de Florence Il magnifico avventuriero, le récit compile les morceaux de bravoure avec des plans étonnamment gores pour l’époque, sur un rythme soutenu du début à la fin et bénéficie d’effets visuels particulièrement réussis encore aujourd’hui. N’hésitez plus et entrez dans cette pyramide sacrée située à Tikal, grande cité maya des basses terres, ville morte située à 500 kilomètres au sud de Mexico, afin de comprendre pourquoi celle-ci a été abandonnée par ses habitants au début du septième siècle. Mais vous n’en reviendrez peut-être pas…

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Test Blu-ray / Chère Léa, réalisé par Jérôme Bonnell

CHÈRE LÉA réalisé par Jérôme Bonnell, disponible en DVD et Blu-ray le 19 avril 2022 chez Diaphana.

Acteurs : Grégory Montel, Grégory Gadebois, Anaïs Demoustier, Léa Drucker, Nadège Beausson-Diagne, Pablo Pauly, Yumi Narita…

Scénario : Jérôme Bonnell

Photographie : Pascal Lagriffoul

Musique : David Sztanke

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Après une nuit arrosée, Jonas décide sur un coup de tête de rendre visite à son ancienne petite amie, Léa, dont il est toujours amoureux. Malgré leur relation encore passionnelle, Léa le rejette. Éperdu, Jonas se rend au café d’en face pour lui écrire une longue lettre, bousculant ainsi sa journée de travail, et suscitant la curiosité du patron du café. La journée ne fait que commencer…

Jérôme Bonnell (né en 1977) est l’un de nos cinéastes les plus précieux. Révélé par Le Chignon d’Olga en 2002, le réalisateur aura ensuite très vite imposé son immense sensibilité avec Les Yeux clairs en 2005 (lauréat du prix Jean-Vigo), J’attends quelqu’un en 2007, La Dame de trèfle, injustement passé inaperçu en 2010 et Le Temps de l’aventure, son plus beau film, délicate histoire d’amour entre Gabriel Byrne et Emmanuelle Devos. Nous n’avions plus de nouvelle depuis À trois on y va, qui le plaçait définitivement en orbite, parmi les plus grands et indispensables auteurs du cinéma français. Il aura fallu attendre plus de six ans pour découvrir son septième long-métrage, Chère Léa, qui offre cette fois le premier rôle au génial Grégory Montel, vu dans Les Chatouilles d’Andréa Bescond et Éric Métayer, L’Heure de la sortie de Sébastien Marnier, Les Parfums de Grégory Magne et la série Dix pour cent, qui intègre parfaitement l’univers de Jérôme Bonnell. Soyons honnêtes, nous attendions mieux de Chère Léa, que l’on peut voir comme un équivalent masculin au Temps de l’aventure, surtout après une aussi longue attente, mais renouer avec les personnages pudiques, émouvants, drôles, romanesques et même burlesques chers au metteur en scène n’est franchement pas déplaisant et l’ensemble est on ne peut plus attachant.

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Test Blu-ray / À l’assaut du Fort Clark, réalisé par George Sherman

À L’ASSAUT DU FORT CLARK (War Arrow) réalisé par George Sherman, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 7 avril 2022 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Maureen O’Hara, Jeff Chandler, John McIntire, Suzan Ball, Noah Beery Jr., Charles Drake, Henry Brandon, Dennis Weaver.…

Scénario : John Michael Hayes

Photographie : William H. Daniels

Musique : William Lava & Herman Stein

Durée : 1h18

Date de sortie initiale: 1953

LE FILM

La tribu indienne des Kiowas lance régulièrement des raids contre les colons installés dans l’Oklahoma. Le major Howell Brady est envoyé au Fort Clark, où il propose d’éradiquer le fléau qu’elle constitue en leur opposant d’autres indiens, les Séminoles. Redoutant que ceux-ci, de farouches guerriers désormais réduits à la misère, ne se retournent contre l’armée américaine, son supérieur refuse. Pourtant, bientôt, il n’aura plus le choix…

Habituellement, les films de George Sherman (1908-1991) parviennent à emporter l’adhésion grâce au savoir-faire du prolifique et éclectique réalisateur (130 films et épisodes de séries télévisées emballés en quarante ans), à l’instar du superbe Le Shérif d’El Solito The Hard man (1957) avec Guy Madison. Spécialisé dans le western, cet habile artisan, capable de livrer dix films par an dans les années 1940, lève un peu le pied la décennie suivante, à raison de quatre films en moyenne chaque année. En 1953 sortent Lone Hand avec Joel McCrea, Le Prince de Bagdad The Veils of Bagdad, film d’aventures « exotiques » avec Victor Mature et Mari Blanchard, tandis qu’À l’assaut du Fort Clark War Arrow sort sur les écrans pour les fêtes de Noël. C’est ce dernier qui nous intéressera (ou non) aujourd’hui. Pour en revenir à ce que nous disions précédemment, À l’assaut du Fort Clark n’est clairement pas un bon film de George Sherman. Avec son scénario anémique de John Michael Hayes (Nevada Smith de Henry Hathaway, La Rumeur de William Wyler, La Main au collet et Fenêtre sur cour d’Alfred Hitchcock), sa photo lambda signée William H. Daniels (F comme Flint, La Chatte sur un toit brûlantThe Cat on a Hot Tin Roof de Richard Brooks), son montage parfois approximatif, ses costumes assez pauvres, ses décors naturels passe-partout capturés dans l’Arizona et la paresse de la réalisation, rien ou presque ne sort War Arrow du tout-venant. Si le film vaut la peine d’être vu au moins une fois, c’est encore en raison de la présence de Jeff Chandler (1918-1962), dont nous avons déjà parlé à plusieurs reprises (Le Salaire du diable de Jack Arnold, Violence au Kansas de Melvin Frank). Celui qui aura été dirigé par Samuel Fuller (Les Maraudeurs attaquent), Douglas Sirk (Le Signe du Païen, Taza, fils de Cochise), Budd Boetticher (Les Conducteurs du diable), Delmer Daves (La Flèche brisée), Joseph Pevney (La Muraille d’or, La Maison sur la plage, La Rançon de la peur) et Robert Wise (Les Rebelles de Fort Thorn), qui disparaîtra à l’âge prématuré de 42 ans, des suites d’une septicémie foudroyante à la suite d’une intervention chirurgicale, s’impose sans mal une fois de plus ici. Mais il faut bien avouer qu’il n’a pas grand-chose à défendre, tout comme sa partenaire d’ailleurs, la sublime Maureen O’Hara, avec laquelle l’histoire d’amour ne prend jamais vraiment. Bref, À l’assaut du Fort Clark reste à voir si vous êtes ce qu’on appelle vulgairement un complétiste, autrement vous pouvez aisément passer votre chemin…

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Test Blu-ray / Texas Adios, réalisé par Ferdinando Baldi

TEXAS ADIOS (Texas, addio) réalisé par Ferdinando Baldi, disponible en DVD et Blu-ray chez Frenezy.

Acteurs : Franco Nero, Alberto Dell’Acqua, Elisa Montés, José Guardiola, Livio Lorenzon, Hugo Blanco, Luigi Pistilli…

Scénario : Ferdinando Baldi & Franco Rossetti

Photographie : Enzo Barboni

Musique : Antón García Abril

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 1966

LE FILM

Voulant se venger de Delgado qui a tué leur père, Burt Sullivan et son frère Jim quittent le Texas pour parcourir le Mexique. Les deux hommes retrouvent Delgado qui est devenu un riche et puissant propriétaire foncier. Mais la découverte d’un secret familial calme soudainement leur désir de vengeance…

Faut-il dire Texas Adios ou Texas, addio ? Les deux sont valables, cela dépend si vous désirez vous la jouer cinéphile pointilleux ou non. Toujours est-il que Texas Adios a très largement contribué à la renommée, puis au mythe de Franco Nero dans le paysage cinématographique transalpin et plus spécialement dans le western dit « spaghetti ». Le comédien n’attendra pas longtemps après ses débuts sur le grand écran pour devenir une star. Quatre ans après son premier long-métrage (La Peau à vif Pelle viva de Giuseppe Fina) et diverses apparitions chez Antonio Margheriti (Les Criminels de la galaxie I Criminali della galassia, La Guerre des planètes I Diafanoidi vengono da Marte), Django de Sergio Corbucci débarque et remplit les salles du monde entier, propulsant Franco Nero au top des acteurs les plus reconnus et convoités. Les deux westerns qu’il tourne à la suite – et qui sortiront aussi en 1966 à quelques semaines d’intervalle – assiéront sa réputation, Le Temps du massacre Tempo di massacro de Lucio Fulci et Texas Adios de Ferdinando Baldi. Ce dernier, peut-être moins connu que les autres, est pourtant une immense réussite du genre, que le comédien principal qualifiera lui-même comme étant « le plus américain des westerns italiens ». Et comme on dit de l’autre côté des Alpes, c’est un capolovoro, autrement dit un chef d’oeuvre.

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Test Blu-ray / La Mort caresse à minuit, réalisé par Luciano Ercoli

LA MORT CARESSE À MINUIT (La Morte accarezza a mezzanotte) réalisé Luciano Ercoli, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 5 avril 2022 chez Artus Films.

Acteurs : Nieves Navarro, Simón Andreu, Peter Martell, Carlo Gentili, Ivano Staccioli, Claudio Pellegrini, Fabrizio Moresco, Alessandro Perrella…

Scénario : Ernesto Gastaldi, Sergio Corbucci & Mahnahén Velasco

Photographie : Fernando Arribas

Musique : Gianni Ferrio

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 1972

LE FILM

Valentina, jeune et belle top model, essaye une nouvelle drogue expérimentale sous surveillance médicale, la HDS, drogue euphorisante et hallucinogène. Au cours de la nuit, elle assiste à un meurtre horrible, perpétré dans l’immeuble voisin par un tueur au gant d’acier pointé. Le lendemain, la jeune femme est persuadée que ce qu’elle a vu n’est pas le seul fruit de son délire. Elle va chercher ce qui s’est passé.

Luciano Ercoli (1929-2015) commence sa carrière au cinéma comme producteur, dès le début des années 1960, après avoir officié rapidement comme assistant-réalisateur chez Primo Zeglio (Le Capitaine fantastique), Pietro Francisci (Attila fléau de Dieu), Raffaello Matarazzo (La Fille de la rizière) et Hugo Fregonese (I girovaghi). Avant de passer lui-même derrière la caméra, il va ainsi s’associer avec André Hunebelle sur O.S.S. 117 se déchaîne !, Fantômas et Furia à Bahia pour OSS 117, produire trois « Totò movies » (Che fine ha fatto Totò baby?, Il comandante et Totò d’Arabia), retrouver Jean Marais sur Le Gentleman de Cocody de Christian-Jaque, collaborer avec Duccio Tessari sur Le Retour de Ringo et Très honorable correspondant. Puis, 1970, il se lance dans la mise en scène et va enchaîner trois gialli, genre alors en vogue en Italie et qui attire les spectateurs dans les salles du monde entier. Ce sera Photo interdite d’une bourgeoise Le Foto proibite di una signora per bene, Nuits d’amour et d’épouvante La Morte cammina con i tacchi alti et La Mort caresse à minuit La Morte accarezza a mezzanotte. Ces trois opus sont portés par la même comédienne, l’espagnole Nieves Navarro, plus connue sous le pseudonyme de Susan Scott, qui retrouvera d’ailleurs le cinéaste (son époux à la ville) pour Dérapage contrôlé Troppo rischio per un uomo solo (1973) et La Bidonata (1977). La Mort caresse à minuit vaut essentiellement pour elle, pour sa beauté, son charisme et son talent. Quasiment de tous les plans ou de toutes les scènes, elle éclipse les quelques facilités de scénario ou les invraisemblances, certes récurrentes dans le giallo, aidée en cela par un humour souvent inattendu et bienvenu.

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