Test Blu-ray / Persée l’invincible, réalisé par Alberto De Martino

PERSÉE L’INVINCIBLE (Perseo l’invincibile) réalisé par Alberto De Martino, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 6 février 2024 chez Artus Films.

Acteurs : Richard Harrison, Anna Ranalli, Arturo Dominici, Elisa Cegani, Leo Anchóriz, Antonio Molino Rojo, Roberto Camardiel, Ángel Jordán…

Scénario : Mario Guerra, Alberto De Martino, Ernesto Gastaldi, Luciano Martino, José Mallorquí & Mario Caiano

Photographie : Dario Di Palma

Musique : Carlo Franci

Durée : 1h22 (montage espagnol) & 1h26 (montage italien)

Date de sortie initiale : 1962

LE FILM

Acrisios a usurpé le trône d’Argos en tuant le roi et épousant sa veuve, Danaé. Persée l’héritier légitime, vit à Sériphos, ville voisine, mais ignore tout de sa naissance. Il va le découvrir grâce à la belle Andromède, puis, avec l’aide de la déesse Athéna, accomplir des exploits héroïques pour reprendre le trône.

Nous avons ensemble et à plusieurs reprises fait le tour de la filmographie d’Alberto De Martino (1929-2015), à l’occasion de la sortie dans les bacs de Formule pour un meurtre, Holocaust 2000 et Le Conseiller. C’est donc avec une grande joie de découvrir un des premiers films du réalisateur de L’Antéchrist et du Manoir de la terreur (non, nous ne parlerons pas de L’Homme puma), à savoir Persée l’invinciblePerseo l’invincibile. Dix ans après ses débuts comme assistant, principalement de Giuseppe Masini et Giulio Macchi, Alberto De Martino, tout en dirigeant la postsynchronisation de 1500 longs-métrages (y compris de La Dolce vita, sur lequel Federico Fellini l’encourage à devenir metteur en scène), passe derrière la caméra en binôme avec Antonio Momplet. Les deux hommes vont alors signer un péplum, Le Gladiateur invincible, avec Richard Harrison en tête d’affiche, puis une comédie de western avec Walter Chiari, Deux contre tous. 1963, Alberto De Martino, désormais seul aux manettes, retrouve Richard Harrison et le genre alors en vogue du péplum, pour Persée l’invincible, connu aussi sous le titre Perseo e Medusa, Valley of the Stone Men, mais également Perseus Against the Monsters, ou enfin Medusa vs. the Son of Hercules. Tout cela pour un spectacle qui soixante ans après sa sortie demeure plaisant à regarder, bien mis en scène et surtout bien campé par sa star charismatique, que l’on reverra par la suite dans Ultime violence de Sergio Grieco, Avec Django, la mort est là d’Antonio Margheriti, avant d’apparaître (et ce bien malgré-lui) dans une vingtaine de films de Godfrey Ho, dont le mythique Hitman le Cobra dans lequel il incarne le légendaire Philliiiiiip (« je sais où tu t’caches ! »). Un divertissement évidemment kitsch, mais efficace et bourré de charme.

Les passionnés d’histoire et plus particulièrement de mythologie devront accepter certaines « libertés » prises par Alberto De Martino et ses coscénaristes, dont Mario Guerra (Messaline de Vittorio Cottafavi), Luciano Martino (Le Colosse de Rhodes, Le Corps et le Fouet, Ton vice est une chambre close dont moi seul ai la clé). Alceo, à la tête de son régiment, tombe dans une embuscade menée par Galenore (Leo Anchóriz, que l’on reverra dans Le Manoir de la terreur et l’excellent Tuez-les tous… et revenez seul !). En fuyant, Alceo doit affronter le monstre des marais puis la Méduse qui le pétrifie ainsi que ses derniers soldats. Cefeo (Roberto Camardiel, Tire encore si tu peux, Colorado), le souverain de Sériphos, se reproche d’avoir ainsi sacrifié Alceo, son fils qui cherchait un passage vers la mer pour son royaume pour échapper aux conditions commerciales exorbitantes qu’impose le roi d’Argos, maître de l’étroit passage entre le monstre des marais et Méduse. Andromède (Anna Ranalli, Miss Europe de 1960 qui tentait une carrière au cinéma, qui sera alors éphémère), sa fille, tente de le rassurer : à la mort de Méduse, les hommes changés en pierre retrouveront la vie.

Dans l’immédiat cependant, les courtisans les rappellent à la raison: si Andromède épouse Galenore, le fils d’Acrisios (Arturo Dominici, Le Masque du démon, Caltiki – Le Monstre immortel), alors les deux royaumes seront unis dans une alliance commerciale profitable. À Argos, Danaé (Elisa Cegani, Le Clan des Siciliens, Moi, moi, moi et les autres) se lamente sur la disparation de son fils il y a vingt ans. Elle avait alors épousé Acrisios dont elle ignorait qu’il avait tué son époux, pour donner un roi à son pays. Acrisios et Galenore, ménagent Danaé, même si elle les déteste car ils savent que son peuple l’aime. Danaé avertit Galenore, son beau-fils, il sera tué par Persée qu’il reconnaîtra à une marque de Jupiter sur l’épaule droite.

Et évidemment, c’est là, au bout de près de vingt minutes, que nous découvrons Persée et ses trois grains de beauté, ou traces de vaccin, enfin bref que ce grand gaillard d’1m82 apparaît avec sa biche à laquelle il se confie sur ses sentiments à l’égard de cette mystérieuse jeune femme qui lui rend souvent visite et dont il ne sait rien. Il s’agit bien sûr d’Andromède, mais il l’apprendra un peu plus tard. Cette exposition nous a donc déjà valu une bataille contre un monstre sympathique (un lézard géant ?) et Méduse (la gorgone cyclope), qui prend l’apparence d’un tronc d’arbre mal taillé, avec un phare de Fiat en guise « d’oeil », que l’on évitera, d’une part pour ne pas être transformé en statue de pierre, d’autre part pour ne pas s’esclaffer devant ce système D.

L’action s’accélère une fois que les présentations sont faites, que les liens entre les personnages sont tissés et Alberto De Martino va alors enchaîner les séquences d’affrontements, à l’instar du tournoi qui voit s’opposer Persée et Galenor, à l’issue duquel le premier devient chef de la garde, tandis que le second repart la queue entre les jambes, pour aller pleurer dans les jupons de son papa. Les tensions s’exacerbent, Andromède est enlevée, puis rattrapée par Persée, Gallenor retourne chouiner, son père n’en peut plus, cela ne peut plus durer, alors l’assaut final se prépare.

Pas un seul temps mort dans Persée l’invincible, les séquences s’enchaînent très vite, sans laisser au spectateur le temps de réfléchir, les batailles sont bien chorégraphiées, la distribution solide, la photographie de Dario Di Palma (Le Professeur, Le Spécialiste, La Mort a pondu un œuf) ne manque pas d’attraits, les costumes et les décors sont soignés, tandis que les effets spéciaux créés par le légendaire Carlo Rambaldi (La Baie sanglante, Le Venin de la peur, King Kong, Rencontres du troisième type, E.T. l’extra-terrestre), qui faisait ici ses débuts au cinéma, conservent une poétique naïveté. Donc non, contrairement à ce que de nombreux spectateurs pourraient penser, Persée l’invincible n’est certainement pas un nanar, mais une petite rafraîchissante fantaisie.

LE COMBO BLU-RAY + DVD

Artus Films revient au péplum ! Cela faisait un petit bout de temps, depuis novembre 2022 et la sortie d’Ursus l’invincible, que l’éditeur ne nous avait pas gratifié d’un opus du genre. Le film d’Alberto De Martino est présenté en Combo Blu-ray + DVD, les deux disques étant proposés en Digipack à deux volets, glissé dans un fourreau cartonné du plus bel effet. Comme à son habitude, Artus Films a demandé à l’érudit Michel Eloy de concocter un livret (32 pages, Persée, méduse et Andromède), qui remet les pendules à l’heure sur les véritables héros de la mythologie grecque que l’on retrouve dans Persée l’invincible, tout en indiquant aussi leur présence dans d’autres longs-métrages. Des propos pointus, mais néanmoins toujours accessibles et forcément passionnants. Le menu principal du Blu-ray est fixe et musical.

Dans le bonus principal premier bonus (25’30’), l’ami Curd Ridel s’occupe de réaliser un focus sur le réalisateur Alberto De Martino (son parcours, sa carrière, ses principaux longs-métrages), ainsi que le casting de Persée l’invincible. Il évoque finalement très peu le film qui nous intéresse, mais donne quelques indications sur la différence entre le montage italien et espagnol.

L’interactivité se clôt sur un Diaporama d’affiches et de photos d’exploitation.

L’Image et le son

Artus Films présente les deux montages de Persée l’invincible, dans sa mouture italienne (86’) et dans sa version espagnole (82’). Les grandes différences proviennent sur le sort réservé au monstre marin, affublé de flammes bleues réalisées en surimpression pour son exploitation de l’autre côté des Pyrénées, tout comme Méduse dont le rayon est désormais visible quand elle vise ses opposants. Étrangement, comme l’indique les spécificités techniques au verso du fourreau, le montage espagnol est le seul à être présenté en 1080p, tandis que le montage italien est bien proposé en 1080i. Si la qualité est effectivement plus précise en espagnol, nous vous conseillons de privilégier la version italienne, plus longue, d’autant plus que l’image n’est pas parasitée par ces affreux effets spéciaux lors des affrontements avec le lézard (?) géant. Dans les deux cas, les détails ne manquent pas, la propreté est de mise, certes la copie italienne apparaît moins lumineuse, la texture argentique plus lisse et la palette chromatique atténuée, mais l’ensemble demeure solide.

Les sous-titres français (non imposés) sont disponibles sur les deux montages, la mouture italienne étant aussi proposée avec le doublage hexagonal. Dans les trois cas, l’écoute s’accompagne de craquements, même si l’ensemble reste clair et dynamique. Si vous optez pour la langue française, le confort acoustique est quelque peu perturbé par des échanges sourds, tandis que la postsynchronisation laisse à désirer. Cette fois encore, le doublage italien s’en sort le mieux et s’avère le plus convaincant, tant sur la qualité technique que sur son naturel.

Crédits images : © Artus Films / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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