Test Blu-ray / Coup de chance, réalisé par Woody Allen

COUP DE CHANCE réalisé par Woody Allen, disponible en DVD & Blu-ray le 27 janvier 2024 chez Metropolitan Vidéo.

Acteurs : Lou de Laâge, Valérie Lemercier, Melvil Poupaud, Niels Schneider, Grégory Gadebois, Guillaume de Tonquédec, Elsa Zylberstein, Anne Loiret, Sara Martins, Arnaud Viard…

Scénario : Woody Allen

Photographie : Vittorio Storaro

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Fanny et Jean ont tout du couple idéal : épanouis dans leur vie professionnelle, ils habitent un magnifique appartement dans les beaux quartiers de Paris et semblent amoureux comme au premier jour. Mais lorsque Fanny croise, par hasard, Alain, ancien camarade de lycée, elle est aussitôt chavirée. Ils se revoient très vite et se rapprochent de plus en plus…

Bon…Comment dire…Nous n’étions pas nombreux à défendre le testamentaire Rifkin’s Festival (les polémiques prenant désormais le pas sur le reste) et nous en faisions partie. En revanche, comment aller au secours de Coup de chance, cinquantième opus de Woody Allen, intégralement tourné en France (comme pouvait l’être aussi Minuit à Paris), dans la langue de Molière, avec des acteurs bien de chez nous ? La curiosité était forcément de mise, mais force est de constater que l’univers du réalisateur américain n’est nullement transposable dans nos contrées. Rien, absolument rien ne fonctionne dans Coup de chance, « thriller » avec lequel Woody Allen essaye de nous refaire le coup de Match Point vingt ans après, mais sans plus aucune inspiration. Même la photographie du chef opérateur italien Vittorio Storaro (Le Orme, Dick Tracy, Apocalypse Now) qui collabore pour la sixième fois avec le cinéaste (y compris pour le merveilleux Wonder Wheel et la série Crisis in Six Scenes), laisse furieusement sceptique quant à sa laideur et son manque d’aspérité, l’utilisation de la caméra numérique Sony Venice 16-bit n’aidant probablement pas à insuffler une âme à cette entreprise. C’est la première fois, et peut-être la dernière puisque Woody Allen aurait confirmé qu’il s’agissait là de son ultime long-métrage, mais Coup de chance est un quasi-nanar, le pire film de son auteur, qui fait penser à du mauvais Mocky ou pire du Lelouch (c’est dire…), un long-métrage signé par un vieux gâteux qui aurait voulu prendre une caméra, histoire de ne pas aller faire un Triomino avec les autres pensionnaires de la maison de retraite. Aller monsieur Allen, vous nous avez gratifié d’immenses chefs d’oeuvres aussi éternels qu’intemporels, mais il est temps d’aller vous astiquer la clarinette maintenant et de vous reposer enfin.

Il y a d’abord la langue française, qui ne convient pas, qui pose problème, sans doute parce qu’aucune réplique des comédiens, qu’on imagine pourtant très impliqués, ne tombe juste et ce dès les premières secondes, à l’instar des séquences tournées en français par Clint Eastwood dans son lénifiant Au-delà et le sketch de Gus Van Sant pour Paris je t’aime. Peut-être que les dialogues ont été aussi traduits sur internet via un logiciel gratuit, mais toujours est-il que PERSONNE dans la vie ne parle ainsi, surtout pas des trentenaires. Si nous sommes évidemment au cinéma, la représentation de Paris et de ses habitants fait rire immédiatement avec son écrivain bohème qui loue une chambre de bonne de 60m² à côté des Champs-Élysées où il se nourrit de cornets de marrons chauds, ses bourgeois installés dans leur appartement gigantesque situé rue Alfred-de-Vigny (à 17.000 euros le mètre carré, les personnages ont les moyens) rempli d’antiquités et de croûtes, qui s’y emmerdent royalement, qui passent leur temps à boire du cognac (avant d’aller se taper du foie gras au bistrot du coin, arrosé de Château Margaux), à dire du mal sur leurs amis et même à critiquer leur propre conjoint. Woody Allen, comme les touristes japonais qui tombent en dépression en découvrant la « vraie » capitale, ne connaît rien de Paris en dehors de ses palaces et de ses musées.

Difficile pour lui, impossible même, de reprendre ses protagonistes récurrents et de les adapter sur le sol français, même s’il s’agit essentiellement de gros bourgeois qu’il a souvent dépeints, qui passent ici leur temps entre l’avenue Montaigne et la Vallée de Chevreuse où ils chassent le cerf, la tronche renfrognée. Sur ce point, on abuse un peu, car Lou de Laâge est quand même divine et avait tout pour se fondre dans l’univers de Woody Allen…mais dans un autre film sûrement. Même chose pour Valérie Lemercier, la seule à surnager dans ce marasme, avec autant d’énergie que de naturel. Quant au reste…Jamais Melvil Poupaud n’avait été aussi mauvais à l’écran, passant les 90 minutes à réaliser un festival de grimaces improbables. Le personnage de Niels Schneider paraît échapper d’un autre film, d’une autre époque aussi, pour ne pas dire d’un univers parallèle et on se demande comment ses niaiseries amoureuses pesantes parviennent à faire fondre Fanny, qui de toute façon semble peu déterminée à quitter son époux foncièrement antipathique, qu’elle aime en dépit du fait qu’il a fait d’elle une femme-objet.

On parvient difficilement à aller jusqu’au bout de cette histoire et seul son enlisement progressif (le montage aux pâquerettes n’aide pas) nous titille pour savoir comment ce truc va se terminer. S’il a réalisé un peu plus d’entrées que Rifkin’s Festival (alors son pire score), Coup de chance n’a guère plus attiré les foules, au point de terminer sa carrière dans les salles à 137.000 entrées, ce qui le place à l’avant-dernière place du box-office du réalisateur…Triste fin.

LE BLU-RAY

Après Apollo Films, Mars Films, AB Vidéo, TF1 Studio et Studiocanal, c’est Metropolitan Vidéo qiu s’occupe du service après-vente d’un film de Woody Allen, ici Coup de chance. La jaquette, glissée dans un boîtier classique de couleur bleue, reprend le visuel de l’affiche d’exploitation. Le menu principal est animé sur des répliques du film.

Seule la bande-annonce est proposée comme supplément.

L’Image et le son

Coup de chance a été réalisé en numérique avec la caméra Sony Venice 16-bit. L’éditeur prend soin de cet opus et livre un master HD (1080p) quasi-irréprochable au transfert immaculé. Respectueuse des volontés artistiques originales (nous ne reviendrons pas sur cette impression constante de mauvais goût et ne nous concentrerons sur le rendu de ce Blu-ray) concoctées par l’immense directeur de la photographie Vittorio Storaro (1900, Ladyhawke), la copie se révèle un petit bijou technique avec des teintes automnales, une palette chromatique riche et bigarrée. Le piqué, tout comme les contrastes, sont riches et tranchants, les arrière-plans sont détaillés, le relief omniprésent et les détails foisonnants.

Un mixage DTS-HD Master Audio 5.1 français. L’apport des latérales demeure complètement anecdotique. Les dialogues sont dynamiques, la musique, les voix, les ambiances et les effets s’accordent avec une réelle homogénéité. Présence également d’une piste Audiodescription, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Metropolitan FilmExport / Gravier Productions Inc. / Thierry Valletoux / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.