Test Blu-ray / Douce nuit, sanglante nuit, réalisé par Charles E. Sellier Jr.

DOUCE NUIT, SANGLANTE NUIT (Silent night, Deadly night) réalisé par Charles E. Sellier Jr, disponible en Édition Collector Blu-ray + 2 DVD + Livret le 7 décembre 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : Lilyan Chauvin, Gilmer McCormick, Toni Nero, Robert Brian Wilson, Britt Leach, Nancy Borgenicht, Linnea Quigley, Leo Geter…

Scénario : Michael Hickey, d’après une histoire originale de Paul Caimi

Photographie : Henning Schellerup

Musique : Perry Botkin Jr.

Durée : 1h19

Année de sortie : 1984

LE FILM

C’est l’histoire terrifiante de Billy Chapman. Traumatisé par le viol et le meurtre de ses parents lors d’un réveillon de Noël, le petit Billy est recueilli dans un orphelinat dirigé par des nonnes sadiques qui vont le brutaliser pendant des années. Devenu adolescent, Billy doit se déguiser en Père Noël pour le réveillon et cela va déclencher chez lui une fureur dévastatrice et sanglante : il croit avoir pour mission de tuer les méchants.

Si vous n’avez pas encore fait votre lettre au Père Noël, alors n’hésitez pas à ajouter le Blu-ray de Douce nuit, sanglante nuit à votre liste de cadeaux. Que voilà un beau et bon slasher ! Silent Night, Deadly Night (ou Du sang dans les souliers pour certaines diffusions TV) a subi de très violentes critiques lors de sa sortie éphémère aux États-Unis, de la part de celles et ceux qui défendaient activement la figure pacifique, altruiste et bienveillante du Papa Noël. En l’état, le film de Charles E. Sellier Jr. (1943-2011) demeure extrêmement sympathique et repose surtout sur un scénario malin, qui trouve ce parfait équilibre entre les scènes d’horreur et la psychologie de son personnage principal. Profitant d’un large buzz suite aux plaintes et manifestations qui fleurissaient devant les cinémas qui “osaient” projeter Douce nuit, sanglante nuit, celui-ci parviendra à engranger plus de billets verts lors de sa première semaine de diffusion, que son concurrent direct sorti le même jour, un certain A Nightmare on Elm Street ou Les Griffes de la nuit dans nos contrées. Mais nous sommes chez l’Oncle Sam et les revendications diverses des associations parentales ont réussi à prendre le dessus, tuant dans l’oeuf le succès de Silent Night, Deadly Night qui aurait pu être bien plus conséquent. Aujourd’hui, cet opus reste une référence et s’avère bien plus convaincant que Christmas Evil de Lewis Jackson, sorti quatre ans auparavant et avec lequel il possède de nombreux points communs, dont le fait de faire du Père Noël un tueur impitoyable distribuant les châtiments à ceux qui n’auraient pas été sages durant l’année. Une excellente (re)découverte.

Un jeune enfant, Billy, accompagne ses parents et son petit frère Ricky, alors bébé, pour rendre visite à leur grand-père à la maison de retraite durant la période de Noël. Le grand-père, légèrement dérangé, terrifie Billy en le mettant en garde contre le Père Noël qui punit les vilains enfants. Sur la route du retour, la famille rencontre un individu en costume de Père Noël, dont la voiture est en panne. L’homme – en fait un criminel qui vient d’utiliser ce déguisement pour commettre un hold-up – assassine les deux parents pour voler leur véhicule, violant également la mère avant de la tuer. Billy et Ricky grandissent ensuite dans un orphelinat mené à la baguette par la mère supérieure. Si Ricky devient le chouchou de la mère supérieure, par contre, Billy en devient le souffre-douleur. Déjà traumatisé par la mort de ses parents, il est en outre régulièrement sanctionné. La punition ultime tombe lorsqu’il frappe un homme déguisé en Père Noël venu rendre visite aux enfants de l’orphelinat. Devenu adulte, Billy travaille dans un magasin de jouets et tout se passe bien, jusqu’à ce qu’il doive mettre un costume de Père Noël. Le cauchemar commence alors. Billy, dont le traumatisme ressurgit progressivement, se déguise en Père Noël pour tuer les personnes qu’il juge « vilaines » : il projette d’assassiner la mère supérieure qui l’a maltraité durant ses années passées à l’orphelinat.

Châtiment !

Bienvenue dans les méandres d’un esprit malade. Douce nuit, sanglante nuit prend le partis-pris de se concentrer, non pas sur les victimes, mais sur le tueur, en revenant dans l’acte un sur ce qui a entraîné le trauma du personnage. D’emblée, le réalisateur Charles E. Sellier Jr., essentiellement connu pour avoir créé la série à succès La Légende de James Adams et de l’ours Benjamin The Life and Times of Grizzly Adams à la fin des années 1970, instaure une atmosphère glauque avec le face-à-face entre Billy et son grand-père, que tout le monde pense réduit à l’état de légume. Pourtant, le vieil homme à la tronche flippante se tourne vers son petit-fils quand le reste de la famille regarde ailleurs, pour le mettre en garde contre le Père Noël qui souhaite lui faire la peau, sachant que Billy n’a pas été sage toute l’année. S’ensuit la séquence choc où les parents de Billy se font sauvagement assassinés (la mère étant même violée après s’être fait trancher la gorge) devant ses yeux. Le film prend alors le temps de montrer Billy être recueilli et élevé dans un orphelinat catholique, où réside son petit frère, également rescapé de la tuerie.

C’est là que nous découvrons une nonne particulièrement sadique (pourquoi pléonasme ?), génialement campée par Lilyan Chauvin, actrice française ayant fait sa carrière aux US, que les cinéphiles et adeptes de séries télévisées ont déjà pu croiser à maintes reprises, dans Arrête-moi si tu peux, The Barber: l’homme qui n’était pas là, Universal Soldier, Predator 2 et bien d’autres. Elle était aussi la grand-mère de Joey dans la série Friends. Dans Douce nuit, sanglante nuit, elle est comme qui dirait le monstre qui va réveiller celui qui sommeille en Billy, jusqu’à ce que ce dernier atteigne l’âge de 18 ans, trouve un job dans un magasin de jouets et soit obligé de revêtir le costume du Père Noël. Fallait pas comme dirait l’autre. Billy est interprété par un comédien qui trouvait alors son premier et unique rôle au cinéma, Robert Brian Wilson, avant de faire quelques apparitions à la télévision (Matt – ou Gédebor pour les intimes – Houston, Dynastie, Côte ouest, Santa Barbara), le genre sportif adulé à la fac, au charisme lisse et au vocabulaire limité, mais qui convient parfaitement au rôle dans Douce nuit, sanglante nuit, dont il s’acquitte plus qu’honorablement.

Les fans de genre ne rateront pas l’apparition de la future scream queen Linnea Quigley, modèle dans Playboy et Penthouse, qui compilait les apparitions, si possible dénudées. C’est encore le cas dans le film de Charles E. Sellier Jr., dans lequel elle tente de faire un gros câlin sur le billard avec son petit copain, avant que le Père Noël frappadingue débarque, pour finalement l’empaler (pas comme elle le souhaitait) sur les bois d’un cerf qui ornait fièrement le salon. Elle sera remarquée par Dan O’Bannon, qui l’année suivante lui confiera l’un de ses rôles les plus célèbres, celui de Trash dans Le Retour des morts vivants The Return of the Living Dead.

Une fois la transformation de Billy effectuée (scène par ailleurs très réussie), plus rien n’arrêtera ce Santa psychotique et les meurtres s’enchaînent pour le grand plaisir des aficionados. Bon point au montage de Michael Spence (One Dark Night, Reform School Girls), qui insuffle autant d’efficacité et de tension dans les scènes dramatiques (la première partie) que dans les meurtres. Malgré son passage éclair dans les salles, Douce nuit, sanglante nuit entrera dans ses frais et fera suffisamment de bénéfices (surtout après un gros carton en VHS) pour que plusieurs suites soient mises en chantier, ainsi qu’un remake en 2012.

LE COMBO BLU-RAY + 2 DVD + LIVRET

Rimini Éditions avait sûrement prévu le coup, Douce nuit, sanglante nuit rejoint la prestigieuse collection Angoisse pour les fêtes de fin d’année. Avouez que c’est tentant non ? Quelques jours après Audrey Rose, le film de Charles E. Sellier Jr. apparaît donc sous les couleurs de cette anthologie. Comme d’habitude, nous nous trouvons en présence d’un Digipack à trois volets, renfermant les 2 DVD (un pour la version cinéma US, l’autre pour la version non censurée) et le Blu-ray (bénéficiant des deux montages), ainsi qu’un livret informatif de 24 pages rédigé par Marc Toullec, qui revient longuement sur la genèse, le tournage et la réception chaotique du film. Le menu principal est animé et musical.

Outre la bande-annonce, l’autre supplément à part entière est de proposer le film dans sa version non censurée, contenant trois minutes supplémentaires. En revanche, ce montage sent le rafistolage fait avec les moyens du bord, la définition oscillant alors entre le bon et le médiocre. Les « coutures » sont apparentes et démarrent sans surprise lors du premier massacre le soir du réveillon quand Bobby opère sa « mutation ». Il y a de fortes chances que ces ajouts proviennent d’une source du style VHS vu la qualité et cet aspect flou. Le montage non censuré est uniquement présenté en VOSTF.

L’Image et le son

En ce qui concerne le montage cinéma US, rien à redire et le master HD tient ses promesses. Quelques bémols toutefois. Nous constatons un générique à la définition moyenne, des poussières et griffures qui subsistent, un piqué aléatoire, des plans plus lisses ou flous, des visages cireux ou rosés. Mais dans l’ensemble, la copie s’en tire avec les honneurs grâce à ses couleurs fraîches, des contrastes élégants, une luminosité plaisante sur les séquences diurnes et une texture argentique palpable. Blu-ray au format 1080p.

Evitez la piste française, la plus faible du lot et qui mise avant tout sur le report des voix. La version originale est de plus mieux équilibrée, dynamique, sans aucun souffle (ou très peu), avec des dialogues clairs, une solide restitution de la musique. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © Slayride / Rimini Editions / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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