Test Blu-ray / Mare of Easttown, réalisé par Craig Zobel

MARE OF EASTTOWN réalisé par Craig Zobel, disponible en DVD le 15 septembre 2021 chez HBO et Warner Bros.

Acteurs : Kate Winslet, Julianne Nicholson, Jean Smart, Angourie Rice, David Denman, Neal Huff, Guy Pearce, Cailee Spaeny, John Douglas Thompson, Joe Tippett, Evan Peters, Sosie Bacon, James McArdle…

Scénario : Brad Ingelsby

Photographie : Ben Richardson

Musique : Lele Marchitelli

Durée : 7 heures (7 épisodes)

Date de sortie initiale : 2021

LA MINI-SÉRIE

Mare Sheehan, héroïne locale et inspectrice de police d’une petite ville de Pennsylvanie enquête sur un mystérieux meurtre, alors que sa propre vie s’effondre autour d’elle. L’exploration du côté sombre d’une petite communauté proche l’amènera à découvrir que les histoires de famille et les tragédies antérieures peuvent définir notre présent.

Si elle a peu tourné dans les années 2010, Kate Winslet prouvait qu’on pouvait encore compter sur elle dans le magnifique Wonder Wheel (2017) de Woody Allen et surtout que cela nous manquait de la voir dans des rôles forts. Mais finalement c’est à la télévision que la comédienne aura le plus brillé, en 2011, dans la somptueuse mini-série Mildred Pierce de Todd Haynes. Dix ans plus tard, Kate Winslet fait son retour sur le petit écran avec Mare of Easttown, une autre mini-série créée par Brad Ingelsby (Les Brasiers de la colère Out of the Furnace (2013) de Scott Cooper et Night Run (2015) de Jaume Collet-Saura), entièrement réalisée par Craig Zobel, remarqué en 2012 avec Compliance, puis avec Les Survivants Z for Zachariah (2015) et dernièrement avec The Hunt (2020). Une solide collaboration qui débouche sur un polar en sept épisodes d’une heure, une future référence du genre comme avait pu l’être la première saison de True Detective en 2014, récompensée à quatre reprises aux Emmy Awards, dont un pour chacun des trois acteurs principaux, Kate Winslet, Julianne Nicholson et Evan Peters. Mare of Easttown est ni plus ni plus l’un des événements de l’année 2021.

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Test Blu-ray / Queimada, réalisé par Gillo Pontecorvo

QUEIMADA réalisé par Gillo Pontecorvo, disponible en édition 2 DVD ou 2 Blu-ray + Livret le 21 septembre 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : Marlon Brando, Evaristo Márquez, Renato Salvatori, Dana Ghia, Valeria Ferran Wanani, Giampiero Albertini, Carlo Palmucci, Norman Hill…

Scénario : Franco Solinas & Giorgio Arlorio

Photographie : Marcello Gatti & Giuseppe Ruzzolini

Musique : Ennio Morricone

Durée : 1h50 (version courte) et 2h10 (version longue)

Année de sortie : 1969

LE FILM

Au début du XIXe siècle, Sir William Walker débarque à Queimada, une île des Antilles. Officiellement, il est là pour son plaisir. En réalité, il a été chargé par le gouvernement britannique de mettre fin au monopole commercial du royaume ibérique. Il manipule habilement un Noir, José Dolores, et un métis, Teddy, qu’il persuade pas à pas d’instaurer un gouvernement libre. Les indigènes croient faire leur révolution. Teddy devient gouverneur de l’île et signe avec l’Angleterre un traité avantageux. Dix ans plus tard, Walker est de retour. Mais sa nouvelle mission est d’un tout autre ordre…

Pour la plupart des cinéphiles, Gillo Pontecorvo (1919-2006) est surtout le réalisateur de La Bataille d’Alger La Battaglia di Algeri (1966), phénoménale reconstitution de l’action policière de l’armée française survenue en 1957, qui avait opposé la 10e division parachutiste de l’Armée française aux indépendantistes algériens du Front de libération nationale. Auréolé du Lion d’or au Festival de Venise, le cinéaste voit sa renommée exploser à travers le monde, même si l’exploitation de son film demeure difficile voire interdite, comme c’est le cas en France jusqu’en 2004. Trois ans plus tard, il revient avec Queimada, interprété par Marlon Brando, qui à l’instar de La Bataille d’Alger, fera grincer quelques dents. Dans ce qui sera son avant-dernier long-métrage, le metteur en scène fustige la colonisation et l’exploitation des peuples, de leurs terres et bien sûr de leurs richesses, par les grandes puissances du monde. Ou comment l’Angleterre va créer un monstre révolutionnaire aux Antilles, afin de renverser le Portugal alors en place, dans le but de s’approprier le marché du sucre, sous couvert de redonner sa liberté à la population locale. Queimada est un chef d’oeuvre absolu, viscéral, intelligent, passionnant et divertissant, qui rappelle souvent le Mandingo de Richard Fleischer, récemment réhabilité. Il est temps aujourd’hui que le cinéma de Gillo Pontecorvo connaisse le même engouement.

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Test Blu-ray / L’Oeuf du serpent, réalisé par Ingmar Bergman

L’OEUF DU SERPENT (The Serpent’s Egg) réalisé par Ingmar Bergman, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 5 octobre 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : Liv Ullmann, David Carradine, Gert Fröbe, Heinz Bennent, Glynn Turman, James Whitmore…

Scénario : Ingmar Bergman

Photographie : Sven Nykvist

Musique : Rolf A. Wilhelm

Durée : 1h55

Année de sortie : 1977

LE FILM

Berlin, 1923, Abel Rosenberg se sent triplement étranger puisqu’il est juif, américain et chômeur. Alors qu’il se perd dans l’alcool, il découvre le corps de son frère Max, suicidé d’une balle dans la bouche. Interrogé par le commissaire, il a l’intuition qu’on le soupçonne de plusieurs meurtres perpétrés dans le quartier. Il se réfugie auprès de Manuela, ancienne compagne de son frère qui joue un numéro dans un cabaret des bas-fonds. Ensemble, ils font une rencontre perfide et s’égarent dans la peur, menacés par un mal innommable qui « tel un œuf de serpent, laisse apparaître à travers sa fine coquille la formation du parfait reptile. »

Avec les années, les admirateurs du réalisateur suédois Ingmar Bergman (1918-2007) n’ont eu de cesse de réévaluer L’Oeuf du serpent The Serpent’s Egg(1977). Classique pourtant méconnu, doté d’un budget colossal servi par son ami Dino De Laurentiis, de décors faramineux et de nombreux figurants, cet opus se situe alors entre Face à face Ansikte mot ansikte et Sonate d’automne Höstsonaten, avant que le cinéaste délaisse petit à petit le cinéma pour la télévision. L’Oeuf du Serpent est une véritable superproduction MGM européenne mettant en scène la muse du cinéaste Liv Ullmann et David Carradine (après la défection de Dustin Hoffman) dans l’un de ses rôles les plus marquants. Si cet opus est inhabituel pour Ingmar Bergman, entre autres son seul film tourné quasi-intégralement en langue anglaise (ce qu’il avait refusé jusqu’à présent), il n’en demeure pas moins passionnant et prenant, ouvertement politique puisque le metteur en scène y évoque une Allemagne troublée et lessivée, avec la montée de l’antisémitisme en filigrane. D’une admirable richesse visuelle et proche de l’univers de Rainer Werner Fassbinder (qui reprendra le décor principal pour son fabuleux Berlin Alexanderplatz), L’Oeuf du Serpent est un film sur la peur, le vide et la psychose, thèmes fondamentaux de l’œuvre « bergmanienne ». Un grand film à redécouvrir et à réhabiliter.

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Test Blu-ray / L’Été prochain, réalisé par Nadine Trintignant

L’ÉTÉ PROCHAIN réalisé par Nadine Trintignant, disponible en DVD et Blu-ray depuis le 16 juin 2021 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Philippe Noiret, Claudia Cardinale, Fanny Ardant, Jean-Louis Trintignant, Marie Trintignant, Jérôme Anger, Pierre-Loup Rajot, Judith Godrèche…

Scénario : Nadine Trintignant

Photographie : William Lubtchansky

Musique : Philippe Sarde

Durée : 1h50

Date de sortie initiale : 1985

LE FILM

Jeanne et Édouard Séverin partagent avec leurs six enfants un chalet dans les Alpes du Sud. Dino, une de leurs filles, décoratrice de profession, a pour compagnon un dramaturge, Paul, qui traverse une crise d’inspiration, qu’il ne résiste pas à lui faire partager et dont la jalousie maladive est de surcroît bien difficile à supporter. Quant à Sidonie, le couple qu’elle forme avec Jude, comme elle un brillant jeune pianiste, présente toutes les apparences d’une association harmonieuse et heureuse. Pour sa part, Édouard semble ne pas douter qu’il est un mari idéal et un père irréprochable. Il a pourtant de nombreuses aventures.

Regardez un peu cette affiche : Philippe Noiret, Claudia Cardinale, Jean-Louis Trintignant, Fanny Ardant, Marie Trintignant, ainsi que Christian et Serge Marquand. Ils sont tous réunis pour le septième long-métrage écrit et réalisé par Nadine Trintignant, qui fait donc tourner son époux, sa fille et ses deux frères pour un film forcément très personnel, L’Été prochain. Cinq ans après Premier voyage, la cinéaste faisait son retour au cinéma après avoir signé un documentaire sur le compositeur et homme politique grec Míkis Theodorákis (Z de Costa-Gavras, Zorba le grec de Michael Cacoyannis, Serpico de Sidney Lumet), en s’entourant une fois de plus des siens. L’Été prochain est avec Ça n’arrive qu’aux autres (1971) l’un des plus grands succès de Nadine Trintignant. Certes, cette comédie-dramatique n’a pas cassé la baraque au box-office à sa sortie avec 368.000 spectateurs en janvier 1985, où elle devait faire face à Train d’enfer de Roger Hanin, À nous les garçons de Michel Lang et même le Kaos des frères Taviani, mais a su tirer son épingle du jeu grâce à son fabuleux casting. Aujourd’hui, L’Été prochain demeure complètement méconnu, mais vaut assurément qu’on s’y attarde, rien pour admirer ses fabuleux comédiens, tous visiblement ravis de se donner la réplique.

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Test Blu-ray / Les Arnaud, réalisé par Léo Joannon

LES ARNAUD réalisé par Léo Joannon, disponible en DVD et Blu-ray depuis le 20 mai 2021 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Bourvil, Salvatore Adamo, Christine Delaroche, Gérard Croce, Alain Doutey, Xavier Fonty, Gisèle Grandpré, Suzanne Courtal…

Scénario : Léo Joannon & Jacques Robert

Photographie : Willy Faktorovitch

Musique : Franck Pourcel

Durée : 1h34

Date de sortie initiale : 1967

LE FILM

Henri Arnaud, juge au tribunal pour enfants d’Aix-en-Provence, est connu pour sa clémence envers les jeunes délinquants. Au cours d’un procès, il fait la connaissance d’un étudiant en droit, André Arnaud qui est aussi son homonyme. Ce dernier est orphelin et ne peut poursuivre ses études que grâce à l’aide financière de son oncle, un simple ouvrier. Mais celui-ci meurt dans un accident de travail et André, qui a besoin d’argent, accepte les avances de Josseron, un antiquaire homosexuel…

Quasiment un an après le triomphe de La Grande vadrouille, Bourvil faisait son retour au cinéma avec Les Arnaud, l’ultime long-métrage du réalisateur Léo Joannon (1904-1969). Complètement oublié aujourd’hui, ce dernier, également scénariste et producteur a quand même tourné plus d’une trentaine de films et dirigé les plus grands, Pauline Carton, Simone Simon, Danielle Darrieux, Arletty, Raimu, Pierre Brasseur, Pierre Fresnay, Edwige Feuillère, Jules Berry, Annie Girardot, Fernandel, Jean Rochefort et même Laurel & Hardy ! Réputé pour sa nervosité et même son mauvais caractère, Léo Joannon s’est aussi fait un nom durant l’Occupation allemande, en oeuvrant pour la société de production Continental, créée par Joseph Goebbels, époque durant laquelle il n’hésite pas à menacer son collègue Raymond Bernard, de le dénoncer lui et sa famille juive, s’il n’obtient pas l’obtention de certains scénarios. Un peu plus tard, il se rallie au régime de Vichy, ce qui lui vaudra d’être écarté de la profession à la Libération, pour une durée de cinq ans. Puis, il reprend tranquillement ses activités de cinéaste, où à travers ses films il traitera notamment des thèmes de la rédemption. Natif d’Aix-en-Provence, il y tourne son dernier opus, Les Arnaud, pour lequel il réunit un duo inattendu, Bourvil donc, et surtout Salvatore Adamo, âgé de 23 ans, vedette de la chanson dont le succès a été fulgurant depuis 1963. Étonnant de voir l’interprète de Tombe la neige, Vous permettez, Monsieur ? et Mes mains sur tes hanches jouer un étudiant en droit, qui durant sa quatrième année tue un antiquaire qui voulait abuser de lui. Léo Joannon joue sur ce décalage, un jeune homme bien sous tous rapports, qui du jour au lendemain devient malgré lui un meurtrier. Si Adamo s’en tire bien, on ne peut qu’être admiratif de la prestation de Bourvil, bouleversant dans la peau de ce magistrat vieux garçon, qui se prend d’affection pour cet étudiant destiné à une brillante carrière, dont le destin paraît brutalement interrompu. Tourné un an avant les événements qui allaient fleurir dans toutes les universités du monde, Les Arnaud semble imprégné d’une colère sourde, contenue, qui contraste avec la chaleur humaine, la délicatesse et la tendresse qui émanent du personnage du juge, et donc forcément de Bourvil. Une redécouverte des Arnaud s’impose.

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Test Blu-ray / Des hommes, réalisé par Lucas Belvaux

DES HOMMES réalisé par Lucas Belvaux, disponible en DVD et Blu-ray le 5 octobre 2021 chez Ad Vitam.

Acteurs : Gérard Depardieu, Catherine Frot, Jean-Pierre Darroussin, Yoann Zimmer, Félix Kysyl, Édouard Sulpice, Fleur Fitoussi, Ahmed Hammoud…

Scénario : Lucas Belvaux, d’après le roman de Laurent Mauvignier

Photographie : Guillaume Deffontaines

Durée : 1h41

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Ils ont été appelés en Algérie au moment des « événements » en 1960. Deux ans plus tard, Bernard, Rabut, Février et d’autres sont rentrés en France. Ils se sont tus, ils ont vécu leurs vies. Mais parfois il suffit de presque rien, d’une journée d’anniversaire, d’un cadeau qui tient dans la poche, pour que quarante ans après, le passé fasse irruption dans la vie de ceux qui ont cru pouvoir le nier.

Cinéaste moraliste, mais jamais moralisateur, Lucas Belvaux n’a eu de cesse à travers ses films d’explorer les thèmes qui lui sont chers comme le mensonge, la lâcheté, le couple, la peur, les souvenirs, la culpabilité, en confrontant souvent deux êtres que tout oppose. Le réalisateur a su trouver plusieurs accroches liées à son cinéma dans le roman de Laurent Mauvignier (publié en 2009), Des hommes, lauréat à sa sortie du prix Virilo et celui des libraires. Des films sur la guerre d’Algérie, il en existe une flopée et ce depuis la fin des années 1950. On peut citer en vrac Le Petit Soldat (1960, mais interdit jusqu’en 1963) de Jean-Luc Godard, Adieu Philippine (1962) de Jacques Rozier, La Belle Vie (1964) de Robert Enrico, Muriel ou le Temps d’un retour (1964) d’Alain Resnais, Les Parapluies de Cherbourg (1964) de Jacques Demy, La Bataille d’Alger (1966) de Gillo Pontecorvo, R.A.S. (1973) d’Yves Boisset, et plus proche de nous La Trahison (2006) de Philippe Faucon, Mon colonel (2006) de Laurent Herbiet, L’Ennemi intime (2007) de Florent-Emilio Siri, Cartouches gauloises (2008) de Mehdi Charef et Loin des hommes (2014) de David Oelhoffen. Donc oui, le sujet n’a jamais été écarté du cinéma, bien au contraire. Pour Des hommes, Lucas Belvaux dévoile ce qui se cache derrière les silences, dissèque le traumatisme d’une poignée de personnages, un en particulier, celui de Bernard alias Feu-de-Bois, magistralement interprété par Gérard Depardieu, qui retrouve de sa superbe ici, comme dernièrement dans Les Confins du monde de Guillaume Nicloux et de Fahim de Pierre-François Martin-Laval. Magnétique, magnifique, imposant (euphémisme) au sens propre comme au figuré, le comédien crève l’écran du haut de ses 71 ans, et livre une fantastique prestation. Face à lui, Catherine Frot et Jean-Pierre Darroussin ne sont pas en reste et l’on remarquera aussi la participation du jeune acteur belge Yoann Zimmer, dont nous avions déjà croisé le visage dans Été 85 de François Ozon, La Fille inconnue des frères Dardenne et Les Fauves de Vincent Mariette.

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Test DVD / Property, réalisé par Penny Allen & Eric Alan Edwards

PROPERTY réalisé par Penny Allen & Eric Alan Edwards, disponible en DVD chez Extralucid Films.

Acteurs : Walt Curtis, Lola Desmond, Nathaniel Haynes, Christopher Hershey, M.G. Horowitz, Cork Hubbert, Karen Irwin, Jack Ryan, Richard Tyler…

Scénario : Penny Allen

Photographie : Eric Alan Edwards

Musique : Richard Tyler

Durée : 1h27

Année de sortie : 1979

LE FILM

Les habitants d’un quartier décident d’acheter les terrains afin d’éviter la démolition promise. S’organise alors une vie en communauté…

Comme nous, vous n’aviez sans doute jamais entendu parler de Penny Allen, réalisatrice et auteure franco-américaine native de Portland, ancienne professeur de français, qui a décidé un jour de laisser sa carrière d’enseignante pour se lancer dans celle de saltimbanque. A la tête d’une troupe de théâtre, elle signe son premier long-métrage en 1979, Property, inspiré par sa propre bataille contre un plan de développement urbain dans sa ville natale quelques années auparavant. Interprété par les comédiens avec lesquels elle avait l’habitude de travailler, Property suit un groupe d’excentriques sympathiques, des marginaux qui essayent de racheter leurs maisons aux promoteurs, dans un espoir d’indépendance. En dehors d’une séance à la Cinémathèque Française organisée en 2016, en présence de Penny Allen, Property est réellement revenu sur le devant de la scène en 2021, soit plus de quarante ans après sa sortie. Il n’est jamais trop tard pour découvrir des petits bijoux insoupçonnés du cinéma américain, alors précipitez-vous sur ce film sorti de nulle-part, qui avait été sélectionné et primé au tout premier festival de Sundance, qui s’appelait encore Utah-US Film Festival, en 1978.

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Test Blu-ray / Le Miel du diable, réalisé par Lucio Fulci

LE MIEL DU DIABLE (Il Miele del diavolo) réalisé par Lucio Fulci, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 5 octobre 2021 chez Artus Films.

Acteurs : Brett Halsey, Corinne Cléry, Blanca Marsillach, Stefano Madia, Paula Molina, Bernard Seray, Lucio Fulci, Eulàlia Ramo…

Scénario : Jaime Jesús Balcázar, Lucio Fulci, Ludovica Marineo, Sergio Partou, Vincenzo Salvianis Balcázar & Lucio Fulci

Photographie : Alejandro Ulloa

Musique : Claudio Natili

Durée : 1h19

Date de sortie initiale : 1986

LE FILM

Carole est une jeune femme séduisante. Elle est tombée amoureuse de Gaetano, un musicien de studio. Un jour, victime d’un accident de moto, Gaetano est hospitalisé et tombe dans les mains de l’incapable docteur Domenici. Mal soigné, Gaetano meurt. Folle de douleur, Carole kidnappe alors le chirurgien et l’enferme dans sa cave.

« Quand tu la verras, ton souffle s’engloutira. Quand tu mourras de désir de la posséder, elle rira. Quand elle foulera ton âme, ton sang bouillira. Mais tu succomberas de bonheur, parce qu’elle est le miel du diable. Et elle te tuera avec l’infinie douceur du feu ». Lucio Fulci, ou l’art de jouer de sexophone. Quand il réalise Le Miel du diable Il miele del diavolo, le réalisateur n’est pas au mieux de sa forme. Physiquement du moins, car les années 1980 demeurent marqué par Frayeurs Paura nella città dei morti viventi, Le Chat noir Il gatto nero, L’Au-delà …E tu vivrai nel terrore! L’aldilà, L’Éventreur de New York Lo Squartatore du New York, 2072, les mercenaires du futur I Guerrieri dell’anno 2072, pour ne citer que ceux-là. Sorti en 1986, Le Miel du diable apparaît entre Murder Rock – Murderock Uccide a passi di danza et Aenigma. Point d’effets gores ou d’horreur dans ce film, mais des créatures oui, qui répondent au nom de Blanca Marsillach et Corinne Cléry, qui envoûtent les spectateurs par leur présence érotique. S’il est parfois à un doigt (avant le whisky) de tomber dans le nanar, Lucio Fulci parvient à trouver cet équilibre difficile pour contenter à la fois les spectateurs avides de films coquins et ceux plus amateurs de Bis, puisque Le Miel du diable prend dans sa deuxième partie des allures de torture-porn. Mal considéré dans la filmographie du cinéaste, Il miele del diavolo est une œuvre singulière, qui interpelle par sa représentation frontale d’une sexualité débridée, qui établit en parallèle la radiographie d’une passion dévorante et de ses conséquences quand l’un des deux vient à disparaître.

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Test Blu-ray / Les Amants traqués, réalisé par Norman Foster

LES AMANTS TRAQUÉS (Kiss the Blood Off My Hands) réalisé par Norman Foster, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 5 octobre 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : Joan Fontaine, Burt Lancaster, Robert Newton, Lewis L. Russell, Aminta Dyne, Grizelda Hervey, Jay Novello, Colin Keith-Johnston…

Scénario : Leonardo Bercovici, Ben Maddow, Walter Bernstein & Hugh Gray, d’après le roman de Gerald Butler

Photographie : Russell Metty

Musique : Miklós Rózsa

Durée : 1h16

Année de sortie : 1948

LE FILM

Marqué par la guerre, Bill Saunders traîne dans Londres, qui porte encore les traces des bombardements aériens. Un soir, au cours d’une bagarre, il tue malencontreusement un patron de bar. Il s’enfuit et trouve refuge chez une jeune femme, Jane Wharton. Celle-ci va l’aider à se cacher…

Quand il décide de se lancer dans le cinéma et de laisser tomber sa carrière d’acrobate de cirque, Burt Lancaster (1913-1994) a déjà 33 ans. Il était loin d’imaginer obtenir le succès dès son premier long-métrage en tant que comédien avec Les Tueurs The Killers de Robert Siodmak en 1946. Tout s’enchaîne alors très vite. S’ensuivent Les Démons de la liberté Brute Force de Jules Dassin, La Furie du désert Desert Fury de Lewis Allen, L’Homme aux abois I Walk Alone de Byron Haskin, Ils étaient tous mes fils All My Sons d’Irving Reis et Raccrochez, c’est une erreur ! Sorry, Wrong Number d’Anatole Litvak, qui prouvent une prédisposition de l’acteur pour le film noir et dramatique, ainsi que pour les personnages tourmentés et même violentés, comme ce sera encore le cas ici avec une séquence de punition à base de coups de fouet, qui a fait grincer les dents des censeurs du Code Hays. En 1948, Burt Lancaster s’associe avec Harold Hecht (son agent artistique) pour fonder la société de production Norma Films (du nom de la femme du premier), dans un désir d’indépendance. Leur premier opus sera Les Amants traqués, auquel on préférera le titre original Kiss the Blood Off My Hands, que l’on pourrait traduire par « retire le sang de mes mains avec tes baisers ». Cette adaptation d’un roman de Gerald Butler, publié en 1940 et sorti en France sous le titre Les Mains pures en 1946 puis Du sang sur les mains après la sortie du film, est tout d’abord proposée à Robert Siodmak, qui refuse. Puis, le projet atterrit dans les mains de Norman Foster (1900-1976), comédien venu à la mise en scène, qui a fait ses débuts derrière la caméra à la fin des années 1930 avec la série des M.Moto (alias Peter Lorre). Un parfait « yes-man » à qui Burt Lancaster confie son bébé et qui saura suivre ses directives. Les Amants traqués est un film noir à l’intrigue resserrée sur 76 minutes, qui va droit à l’essentiel, sans une once de gras. Les personnages sont classiques, torturés à souhait, tant physiquement que psychologiquement, l’image est belle, la musique enivrante et surtout les deux têtes d’affiche, Burt Lancaster et Joan Fontaine sont aussi formidables que magnifiques.

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Test 4K UHD / Clash, réalisé par Raphaël Delpard

CLASH réalisé par Raphaël Delpard, disponible encombo Blu-ray + 4K UHD chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Catherine Alric, Pierre Clémenti, Bernard Fresson, Vjenceslav Kapural, Christian Forges, Jean-Claude Benhamou, Igor Galo, Iva Potocnik…

Scénario : Raphaël Delpard

Photographie : Sacha Vierny

Musique : Angélique & Jean-Claude Nachon

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 1984

LE FILM

Martine accepte de passer la frontière avec l’argent d’un hold-up dont l’un de ses amis est l’organisateur. Alors qu’elle doit l’attendre dans une sinistre usine désaffectée, la jeune femme se laisse progressivement gagner par une angoisse de plus en plus vive, autant à cause de l’atmosphère de l’endroit que de confuses réminiscences de ses frayeurs enfantines. Surgit par ailleurs, après un ou deux jours, un mystérieux et inquiétant jeune homme, au mutisme infaillible et aux motivations incertaines. Se peut-il qu’il en veuille à la vie de Martine ou n’est-il que le fruit de son imagination torturée ?

Lors de notre chronique de La Nuit de la mort (1980)de Raphaël Delpard (né en 1942), nous n’avions pas été tendres, le taxant de film d’exploitation « franchouillard » qui retenait difficilement l’attention du spectateur et dans lequel rien ou presque ne fonctionnait. Après ce premier coup d’essai dans le genre, qui avait connu un petit succès à sa sortie doublé d’un triomphe en VHS après avoir été rebaptisé Les Griffes de la mort, le réalisateur signait deux comédies aux titres explicites, Les Bidasses aux grandes manœuvres, dans lequel il « dirigeait » Michel Galabru, Paul Préboist, Jacques Legras, Michel Modo et même Jean Reno dans une de ses premières apparitions au cinéma, puis Vive le fric dans lequel il se réservait un des rôles principaux aux côtés de Daniel Prévost et Evelyne Dress. Puis, grisé par l’engouement remporté par La Nuit de la mort, Raphaël Delpard décidait de revenir à l’épouvante avec Clash. Conspué par tous lors de sa présentation au Festival international du film fantastique d’Avoriaz en janvier 1984, ce sera son dernier long-métrage. Cet accueil glacial (euphémisme) atteindra personnellement le metteur en scène, qui consacrera le reste de sa carrière au documentaire, à la télévision et à la littérature. Pourtant, rétrospectivement, Clash apparaît comme une étape fondamentale dans l’horreur hexagonale. Oeuvre réflective, difficile d’accès, insondable, sombre, violente, baroque, désespérée, on en ressort lessivés, convaincus d’avoir visionné un film à part dans le cinéma français, qui ne cesse de trotter dans la tête longtemps après et vers lequel nous reviendrons souvent pour tenter d’y résoudre tous les mystères.

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