Test Blu-ray / Les Héros de Télémark, réalisé par Anthony Mann

LES HÉROS DE TÉLÉMARK (The Heroes of Telemark) réalisé par Anthony Mann, disponible en DVD et Blu-ray depuis le 21 septembre 2022 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Kirk Douglas, Richard Harris, Ulla Jacobsson, Michael Redgrave, David Weston, Sebastian Breaks, Maurice Denham, Anton Diffring…

Scénario : Ivan Moffat & Ben Barzman, d’après le roman de John Drummond (But for These Men) et le roman de Knut Haukelid (Skis Against the Atom)

Photographie : Robert Krasker

Musique : Malcolm Arnold

Durée : 2h10

Date de diffusion initiale : 1965

LE FILM

Durant la Seconde Guerre mondiale, les Allemands produisent de l’eau lourde à Télémark en Norvège dans le but de fabriquer la bombe atomique. Les forces britanniques délèguent un petit commando qui a pour mission de s’introduire dans l’usine de Télémark afin de détruire la dangereuse production ennemie.

Les Héros de TélémarkThe Heroes of Telemark est le dernier long-métrage réalisé par Anthony Mann, qui décédera en 1967 lors du tournage de Maldonne pour un espion, qui sera ensuite repris par Laurence Harvey, alors en tête d’affiche. Cette petite référence du film de guerre s’inspire une fois de plus d’une histoire vraie, un exploit qui avait d’ailleurs déjà donné naissance à La Bataille de l’eau lourde, semi-documentairede Jean Dréville et Titus Vibe-Müller, sorti en 1948. Une opération qui avait été menée en plusieurs étapes grâce à une collaboration entre français, norvégiens et anglais, ce que nous dévoile (même si tout a été revisité) Les Héros de Télémark, superproduction hollywoodienne classique, qui accuse aujourd’hui quelques baisses de rythme, mais qui n’en reste pas moins passionnant sur le fond et surtout admirable sur la forme avec l’un des meilleurs cinéastes américains à la barre. Pas rancunier, il y dirige Kirk Douglas, la star (également producteur) qui l’avait viré du plateau de Spartacus six ans auparavant, pour divergences artistiques. Anthony Mann devait alors enchaîner avec deux spectacles gigantesques, Le Cid El Cid et La Chute de l’Empire romain The Fall of the Roman Empire, qui ont pu démontrer à Kirk Douglas que le metteur en scène pouvait tenir un budget conséquent, mais aussi se montrer très l’aise dans les séquences d’action et pas seulement que dans le western, genre dans lequel on l’a trop souvent catalogué. S’il n’est pas non plus un chef d’oeuvre, il lui manque en outre un certain souffle épique pour y prétendre, Les Héros de Télémark demeure un divertissement haut de gamme, « à l’ancienne », bourré de charme et beau à regarder, plein de rebondissements et de sentiments, où le tandem Kirk Douglas – Richard Harris fait des étincelles.

En 1942, la Norvège vit sous la domination nazie. Les dirigeants d’une usine d’eau lourde reçoivent de l’état-major allemand l’ordre d’intensifier la production. L’eau lourde joue, en effet, un rôle essentiel dans la fabrication de la bombe atomique, que Hitler espère bientôt posséder. Le directeur, un Norvégien, contacte alors Knut Straud, le chef de la résistance, et Rolf Pedersen, un scientifique, afin de les avertir des funestes projets qu’il est obligé de couvrir de son autorité. Les deux hommes décident de gagner Londres. L’état-major britannique est formel, il faut coûte que coûte détruire l’usine. L’idée d’un bombardement est vite écartée. Reste l’autre possibilité : un commando chargé de prendre l’usine d’assaut…

Cela dure 130 minutes, c’est parfois un peu longuet il faut bien l’avouer, mais Les Héros de Télémark est l’exemple d’un type de cinéma qui a eu son heure de gloire, comme les opus de Marvel qui déferlent depuis quinze ans sur les écrans. Le film est l’adaptation de deux romans, le premier de Knut Haukelid (Skis Against the Atom, 1954), le second de John Drummond (But for These Men, 1962), d’après un scénario de Ben Barzman (La Tête de Normande St-Onge, L’Attentat) et Ivan Moffat (Ceux de Cordura de Robert Rossen, Géant de George Stevens). Des bases solides, savamment prises en charge par Anthony Mann, qui fait plutôt office ici de faiseur de luxe, en artisan, au sens noble du terme. Car l’écran large en impose dès la première séquence, celle de l’attentat commis contre le Commissaire du Reich, qui entraînera des représailles (les prisonniers de Télémark devront être fusillés), au cours de laquelle le réalisateur expose d’emblée son savoir-faire. Le but est d’en mettre plein les yeux aux spectateurs, ce qui sera le cas du début à la fin, le tout magnifiquement photographié par Robert Krasker (Un américain bien tranquille, Trapèze, Les Criminels).

Mais Les Héros de Télémark vaut surtout pour son duel au sommet entre Kirk Douglas, entre Sept jours en mai Seven Days in May de John Frankenheimer et Première VictoireIn Harm’s Way d’Otto Preminger, à l’époque où il ne jouait que des sergents, des commandants, des colonels et même le Général Patton, et Richard Harris, qui sortait du Désert rouge Il Deserto rosso de Michelangelo Antonioni pour se plonger dans la neige blanche immaculée de la Norvège. Ceux-ci laissent un peu de place à leurs partenaires, dont la belle suédoise Ulla Jacobsson (Sourires d’une nuit d’été d’Ingmar Bergman), Michael Redgrave (Le Secret derrière la porte, Au coeur de la nuit, Une femme disparaît), Maurice Denham (Les Mutinés du Téméraire, Le Baiser du vampire, Paranoïaque)…mais il faut bien avouer que nous n’avons souvent d’yeux que pour ces deux monstres du cinéma. Deux mâles alpha qui rivalisent de testostérone, mais qui sauront mettre leurs divergences ou jalousie de côté, pour mener à bien leur mission, autrement dit détruire l’usine d’eau lourde et ainsi empêcher la poursuite des recherches atomiques allemandes.

On pense à Quand les aigles attaquent Where Eagles Dare de Brian G. Hutton et bien sûr aux Canons de Navarone The Guns of Navarone de J. Lee Thompson, aux côtés desquels Les Héros de Télémark n’a pas à rougir et qui remplit aisément son contrat puisque les bons sentiments, l’action et l’héroïsme sont bien au rendez-vous.

LE BLU-RAY

Après une première édition en DVD chez TF1 Studio en 2008, Les Héros de Télémark intégrait le catalogue de LCJ Editions & Productions en 2015. Septembre 2022, toujours chez le même éditeur, le film d’Anthony Mann est disponible dans une nouvelle édition Standard, mais aussi pour la première fois en Haute-Définition. Belle jaquette au visuel attractif, glissée dans un boîtier classique de couleur bleue. Le menu principal est animé et musical. En vente ici sur le site de l’éditeur.

Aucun supplément.

L’Image et le son

Une copie qui a déjà de nombreuses heures de vol et pour laquelle la promotion HD demeure bien trop anecdotique. Si la texture argentique est heureusement conservée, celle-ci est totalement aléatoire, parfois très grumeleuse ou plus lissée au cours d’une même scène. Des fourmillements sont constatés, ainsi que des poussières et des griffures, sans compter divers plans plus abîmés. Une poignée de stockshots qui sont forcément plus usés. Même chose pour les contrastes, qui sont soit trop légers, soit trop appuyés, tandis que le piqué s’avère plus émoussé qu’acéré. Quelques plans sortent du lot, mais tout ceci n’est pas très reluisant.

La version originale (aux sous-titres français non imposés) l’emporte sur la piste française au doublage parfois pincé, mais soigné. En anglais, l’écoute est claire, frontale et riche, dynamique et vive. Les effets annexes sont plus conséquents sur la version originale que sur la piste française, moins précise.

Crédits images : © LCJ Editions & Productions /Productions J. Roitfeld / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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