Test Blu-ray / Flics en jeans, réalisé par Bruno Corbucci

FLICS EN JEANS (Squadra Antiscippo) réalisé par Bruno Corbucci, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 7 septembre 2021 chez Artus Films.

Acteurs : Tomas Milian, Jack Palance, Maria Rosaria Omaggio, Guido Mannari, Jack La Cayenne, Raf Luca, Benito Stefanelli, Toni Ucci…

Scénario : Mario Amendola & Bruno Corbucci

Photographie : Sebastiano Celeste

Musique : Guido & Maurizio De Angelis

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 1976

LE FILM

Mal rasé et mal fringué, l’inspecteur Nico Giraldi, à la tête de son équipe de motards, fait la chasse aux truands de la ville en employant des méthodes peu orthodoxes. Alors qu’il est sur le point d’arrêter un voyou, celui-ci dérobe une mallette pleine d’argent à un gangster américain. Les voyous se font alors éliminer l’un après l’autre, ce qui va mener Giraldi à s’occuper de l’affaire.

Nous avons déjà longuement parlé du mythe Tomás Milián (1933-2017) à travers nos chroniques sur Les Tueurs de l’Ouest El precio de un hombre (1966) d’Eugenio Martín, Tire encore si tu peux Se sei vivo, spara (1967) de Giulio Questi, Liens d’amour et de sang Beatrice Cenci (1969) et La Longue nuit de l’exorcisme Non si sevizia un paperino (1972) de Lucio Fulci, Le Conseiller Il Consigliori (1973) d’Alberto De Martino, Folle à tuer (1975) d’Yves Boisset, Le Cynique, l’Infâme et le Violent Il Cinico, l’infame, il violento (1977) d’Umberto Lenzi et Les Magnats du pouvoir Winter Kills (1979) de William Richert. Un phénomène international, l’acteur se prêtant alors à tous les genres et voyageant dans tous les pays du monde. En 1975, alors qu’il est bien installé en Italie, le comédien interprète pour la première fois le rôle le plus emblématique de toute sa carrière, Nico Giraldi, un ancien voleur devenu flic, plus précisément maréchal des logis de la Brigade anti-fauche (il deviendra inspecteur au début des années 1980), officiant à Rome. Fils d’une prostituée, il décide de se ranger après plusieurs arrestations et d’utiliser ses connaissances du milieu romain et du terrain, qu’il explore avec sa bécane. Très largement inspiré par le Serpico de Sidney Lumet, dont l’affiche et les photos d’exploitation ornent d’ailleurs l’habitation du personnage et qui possède un rat baptisé du même nom, Nico Giraldi arbore un vieux bonnet de laine élimé (aux couleurs du drapeau italien), une barbe pouilleuse, les cheveux longs et gras, plusieurs pulls rongés par les mites, des pantalons crasseux et des chaussettes montantes aux couleurs de l’arc-en-ciel. Cette apparence peut faire rire, mais les résultats sont là, Giraldi est le policier le plus efficace de la capitale transalpine. Au total, Tomás Milián incarnera ce personnage à onze reprises au cours de sa prolifique et éclectique carrière, autrement dit dans Flics en jeans Squadra antiscippo (1976), Un flic très spécial Squadra antifurto (1977), Nico l’arnaqueur Squadra antitruffa (1977), Brigade antimafia Squadra antimafia (1978), Brigade antigang Squadra antigangsters (1979), Meurtre sur le Tibre Assassinio sul Tevere (1979), Crime à Milan Delitto a Porta Romana (1980), Delitto al ristorante cinese (1981), Delitto sull’autostrada (1982), Crime en Formule 1 Delitto in Formula Uno (1984) et Pas folle, le flic Delitto al Blue Gay (1985). Les épisodes de cette saga de néo-polars sont tous mis en scène par Bruno Corbucci (Tire, Django, tire !) et écrits par le scénariste Mario Amendola (Furie au Missouri, Pair & impair, Salut l’ami, adieu le trésor !). Tout ce beau petit monde a donc trouvé une recette qui marche, qu’ils n’auront de cesse d’épuiser au fil des épisodes et durant une dizaine d’années. Dans Flics en jeans, nous faisons connaissance avec ce fameux Nico Giraldi, auquel l’acteur cubain prête ses traits, tandis que Ferruccio Amendola, qui doublait habituellement Tomás Milián, participe également à la création du personnage avec ce dialecte romain si particulier. Rétrospectivement, Squadra antiscippo (ou The Cop in Blue Jeans pour son exploitation internationale) est un opus bien sage de la franchise, mais vaut assurément pour la folie et l’énergie contagieuses de Tomás Milián, qui mine de rien crée un personnage iconique, ainsi que pour la participation inattendue de Jack Palance.

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Test Blu-ray / Le Journal d’une femme de chambre, réalisé par Jean Renoir

LE JOURNAL D’UNE FEMME DE CHAMBRE (The Diary of a Chambermaid) réalisé par Jean Renoir, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livre le 24 août 2021 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Paulette Goddard, Burgess Meredith, Hurd Hatfield, Francis Lederer, Judith Anderson, Florence Bates, Irene Ryan, Reginald Owen…

Scénario : Burgess Meredith, André Heuzé, André de Lorde & Thielly Norès, d’après le roman d’Octave Mirbeau

Photographie : Lucien N. Andriot

Musique : Michel Michelet

Durée : 1h27

Date de sortie initiale: 1946

LE FILM

En Normandie, à la fin du XIXe siècle. Célestine, une jeune et jolie femme de chambre, débarque de Paris pour se mettre au service des Lanlaire, une famille bourgeoise et conservatrice qui ne lui compte pas les humiliations. Madame Lanlaire, qui ne vit que pour son fils Georges, malade et dépressif, pousse la jeune femme dans les bras de celui-ci. Mais cette liaison est fragile, d’autant plus que Célestine, soucieuse de se ranger, est également convoitée par Joseph, l’inquiétant valet qui prend plaisir à faire souffrir les oies qu’il tue, et le capitaine Mauger, un voisin primesautier. Joseph finit par entraîner la soubrette dans ses sinistres projets…

En janvier 1941, Jean Renoir (1894-1979) débarque aux Etats-Unis et s’installe en Californie, où il parvient à signer un contrat avec la Fox. Mais cela ne va pas être le rêve américain pour le réalisateur et la vie à Hollywood encore moins chose facile. Il démarre sa carrière US avec L’Étang tragique Swamp Water, avec Walter Brennan et Anne Baxter, dont le tournage sera surveillé par la production, qui lui impose des prises de vue en studio, là où le cinéaste pensait profiter des extérieurs comme il en avait l’habitude. C’est un échec commercial. Dans Vivre libre This Land is Mine, il dirige Charles Laughton, son témoin à son mariage, ainsi que la sublime Maureen O’Hara, qui obtient un Oscar en 1943. Avec L’Homme du sud The Southerner, Jean Renoir, qui a pour assistant un certain Robert Aldrich, se rapproche par ses thèmes abordés d’un John Ford et obtient le Prix du meilleur film à la Biennale de Venise en 1946, ainsi qu’une nomination à l’Oscar du meilleur réalisateur. La même année, il décide d’adapter enfin Le Journal d’une femme de chambre, roman d’Octave Mirbeau paru en 1900, projet de longue date et qu’il peut concrétiser grâce au soutien financier de ses deux amis Paulette Goddard et Burgess Meredith, alors époux à la ville. Grâce à cette liberté, Jean Renoir signera ce qui apparaît sans doute comme son œuvre américaine la plus libre, la plus proche de lui et la plus représentative de son univers. Même s’il prend beaucoup de libertés avec le livre original, le réalisateur ponctue son film de moments tragi-comiques succulents, en fustigeant les bassesses de la bourgeoisie et l’arrivisme exacerbé des petites gens, notamment du personnage principal, merveilleusement incarné par Paulette Goddard, au sommet de son talent de sa beauté.

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Test Blu-ray / Retour à la bien-aimée, réalisé par Jean-François Adam

RETOUR À LA BIEN-AIMÉE réalisé par Jean-François Adam, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 24 août 2021 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Isabelle Huppert, Jacques Dutronc, Bruno Ganz, Christian Rist, Jean-François Adam, Aline Bertrand, Rodolphe Schacher, Axelle Bernard…

Scénario : Jean-François Adam, Jean-Claude Carrière, Benoît Jacquot & Georges Perec

Photographie : Pierre Lhomme

Musique : Antoine Duhamel

Durée : 1h38

Date de sortie initiale: 1979

LE FILM

Obscur pianiste, Julien vit de plus en plus mal la séparation avec sa femme Jeanne et son fils, d’autant plus que ceux-ci forment désormais une famille auprès du docteur Kern et qu’ils vivent tous dans son ancienne maison. Impatient de reconquérir celle qu’il a perdu, aidé d’un complice qu’il sacrifie, Julien orchestre un complot machiavélique dans le but de faire accuser son rival de meurtre…

Jean-François Adam a comme qui dirait été un feu follet dans le cinéma français. Né en 1938, Jean François Albert Hermant Abraham-Adam de son vrai nom aura été assistant réalisateur de Robert Enrico (Au coeur de la vie, La Belle vie) et de Jean-Pierre Melville (Le Deuxième Souffle, L’Armée des ombres), régisseur et décorateur sur Cléo de 5 à 7 d’Agnès Varda, ainsi que comédien chez François Truffaut (Antoine et Colette, Baisers volés) et chez Maurice Pialat (Passe ton bac d’abord). Parallèlement, il écrit et réalise trois longs-métrages, M comme Mathieu (1970), Le Jeu du solitaire (1975) et Retour à la bien-aimée (1979). Redoutablement dépressif, il se donnera la mort le 15 octobre 1980 à l’âge de 42 ans. Son troisième et dernier film rend compte du caractère à la fois romantique et furieusement mélancolique de son auteur. Si quatre auteurs sont crédités au scénario, dont Jean-Claude Carrière, Benoît Jacquot et Georges Perec, Retour à la bien-aimée demeure emblématique de la sensibilité et de l’univers de Jean-François Adam, où derrière une apparence froide, voire clinique, qui pourra rebuter plus d’un spectateur, s’affrontent des êtres poussés par leurs sentiments amoureux exacerbés. Réservée à un public averti et non allergique au cinéma d’auteur français , cette œuvre personnelle s’avère difficile d’accès et permet surtout d’admirer le jeu intense, ainsi que le charisme magnétique de Jacques Dutronc, qui se permet de voler la vedette à Isabelle Huppert, diaphane, quasi-fantomatique et donc parfaite pour incarner la femme qui s’est évaporée de la vie du personnage principal. Une expérience à part entière.

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Test Blu-ray / L’Amour trop fort, réalisé par Daniel Duval

L’AMOUR TOP FORT réalisé par Daniel Duval, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 24 août 2021 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Marie-Christine Barrault, Jean Carmet, Daniel Duval, Hubert Deschamps, Christian Delangre, Alain Flick, Monique Pantel, Bernard Dumaine…

Scénario : Daniel Duval & Jean Curtelin

Photographie : Michel Cénet

Musique : Maurice Vander

Durée : 1h31

Date de sortie initiale: 1981

LE FILM

Une solide amitié liait Max, vieil acteur raté, à Charlie, jeune metteur en scène ambitieux, jusqu’au jour où ce dernier rencontre le grand amour en la personne de Rose-Marie, une jeune antiquaire un peu bourgeoise. Abandonné par sa femme, Max se raccroche au nouveau couple mais sa présence devient trop pesante et Rose-Marie menace de rompre si Charlie ne choisit pas.

Dans l’esprit des cinéphiles, Daniel Duval (1944-2013) c’est avant tout une gueule incroyable vue dans Que la fête commence (1974) de Bertrand Tavernier, Le Bar du téléphone (1980) de Claude Barrois, Les Loups entre eux (1985) de José Giovanni, Stan the Flasher (1990) de Serge Gainsbourg. Peu de grands rôles, mais des apparitions marquantes, un charisme à part, une sensibilité à fleur de peau, une rage intérieure. En 1996, le succès surprise de Y aura-t-il de la neige à Noël ? de Sandrine Veysset va changer la donne et le comédien, qui avait entamé la cinquantaine, va se voir proposer plus de rôles au cinéma, chez Xavier Durringer (J’irai au paradis car l’enfer est ici), Jeanne Labrune (Si je t’aime, prends garde à toi), Philippe Garrel (Le Vent de la nuit), Michael Haneke (Le Temps du loup), Olivier Marchal (36 Quai des Orfèvres), etc. Mais parallèlement à sa carrière d’acteur, Daniel Duval était également scénariste et réalisateur. Six longs-métrages écrits et mis en scène de 1974 avec Le Voyage d’Amélie à 2006 avec Le Temps des porte-plumes, son plus grand hit restant bien sûr La Dérobade (1979), qui attire 2,8 millions de spectateurs à sa sortie et qui connaît un succès foudroyant dans le monde entier. Après ce triomphe, Daniel Duval revenait à une œuvre plus intimiste et personnelle, complètement méconnue, L’Amour trop fort, dont il partageait l’affiche avec Jean Carmet et Marie-Christine Barrault. Ou quand l’amour et l’amitié s’imbriquent et doivent cohabiter. On pense à une version tragique de Viens chez moi, j’habite chez une copine, mais L’Amour trop fort s’en distingue très rapidement avec la force, la délicatesse, l’élégance et la passion propres à son auteur, loin de toute mièvrerie ou facilité, qui rappellent souvent le cinéma de Claude Sautet. Autant dire que L’Amour trop fort, qui n’avait pas du tout connu le même engouement que La Dérobade, demeure encore un film ignoré, peut-être incompris ou obscur, et qui s’avère quarante ans après une sacrée belle découverte.

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Test Blu-ray / Le Bison Blanc, réalisé par J. Lee Thompson

LE BISON BLANC (The White Buffalo) réalisé par J. Lee Thompson, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 19 août 2021 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Charles Bronson, Jack Warden, Will Sampson, Clint Walker, Slim Pickens, Stuart Whitman, Kim Novak, John Carradine…

Scénario : Richard Sale, d’après son roman

Photographie : Paul Lohmann

Musique : John Barry

Durée : 1h37

Date de sortie initiale: 1977

LE FILM

En septembre 1874, Wild Bill Hickok, poursuivi par un cauchemar récurrent figurant un énorme bison blanc, retourne dans l’Ouest américain. Caché sous le pseudonyme de James Otis, l’homme, qui ne s’est pas fait que des amis, est bien décidé à traquer l’animal. Pendant ce temps, un énorme bison blanc fait un massacre dans un village d’indiens Oglalas. Après un long périple, Hickok entre finalement en contact avec Crazy Horse, des Oglalas, qui évoque le carnage perpétré par l’animal.

Les fans de Charles Bronson le savent, Le Bison Blanc The White Buffalo est un film à part dans la carrière conséquente de l’acteur, un opus rare qui avait longtemps disparu des radars après son échec au cinéma en 1977. Cette seconde collaboration (sur neuf) du comédien et du réalisateur britannique J. Lee Thompson, mise en scène un an après Monsieur St. Ives et trois ans avant Capo Blanco, n’est assurément pas leur plus célèbre, mais probablement la plus singulière d’entre toutes, puisque Charles Bronson y interprète un ersatz de Capitaine Achab, qui va se lancer non pas à la recherche d’une baleine blanche, mais d’un bison blanc, présenté dès le générique comme une créature quasi-fantastique, un animal mythique qu’il ne cesse de voir dans un cauchemar prémonitoire. Une aura mystérieuse plane du début à la fin sur ce long-métrage bizarre, où les genres paraissent se fondre l’un dans l’autre et dans lequel notre ami Charley campe une figure emblématique de l’ouest américain, Wild Bill Hickcok, qui avait déjà été incarné au cinéma par Gary Cooper dans Une aventure de Buffalo Bill The Plainsman (1936) de Cecil B. DeMille, dans Le Triomphe de Buffalo Bill Pony Express (1953) de Jerry Hopper et même dans Little Big Man (1970) d’Arthur Penn. Le Bison Blanc est un western atypique qui se démarque très rapidement par ses effets visuels, cette fameuse bête éponyme réalisée en animatronique et montrée dans un décor presque surréaliste, mais aussi par l’apparence physique de la star, qui crée un décalage un peu à la Mystères de l’Ouest. Une belle curiosité.

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Test Blu-ray / The Cell, réalisé par Tarsem Singh

THE CELL réalisé par Tarsem Singh, disponible en Combo Blu-ray + DVD – Édition Limitée le 19 août 2021 chez Metropolitan Video.

Acteurs : Jennifer Lopez, Vince Vaughn, Vincent D’Onofrio, Marianne Jean-Baptiste, Jake Weber, Colton James, Dylan Baker, Gerry Becker, Musetta Vander, Patrick Bauchau, Dean Norris, Lauri Johnson…

Scénario : Mark Protosevich

Photographie : Paul Laufer

Musique : Howard Shore

Durée : 1h50

Année de sortie : 2000

LE FILM

La psychologue Catherine Deane participe à l’expérimentation d’un procédé thérapeutique révolutionnaire qui lui permet de visiter littéralement les esprits de patients inconscients. Lorsque le FBI lui demande d’utiliser cette technique pour pénétrer dans le cerveau de Carl Stargher, un tueur en série tombé dans le coma, elle ignore l’expérience traumatisante qui l’attend. Elle doit localiser la cellule piégée où est enfermée la dernière victime de Stargher. Entre répulsion et fascination, elle progresse dans le dédale psychologique du tueur, jusqu’à devenir une proie…

C’était la grande époque de Jennifer Lopez au cinéma ! En effet, la comédienne et chanteuse, en plus de truster la première place des charts, venait d’enchaîner au cinéma Blood and Wine de Bob Rafelson, U-Turn d’Oliver Stone (dont nous parlerons prochainement) et Hors d’atteinte Out of Sight de Steven Soderbergh. S’ils ne se sont pas hissés au sommet du box-office, la plupart des critiques louaient à la fois la qualité de ces films, mais aussi les différentes prestations de J-Lo. Cette dernière entre dans les années 2000 par la grande porte avec The Cell, thriller horrifique et fantastique réalisé par Tarsem Singh, que l’on a souvent résumé à un mélange de Se7en de David Fincher, du Cobaye The Lawnmower Man de Brett Leonard et du Silence des Agneaux de Jonathan Demme. S’il s’agit bien d’une enquête sur un tueur en série, The Cell se démarque très rapidement de ses modèles et emmène le spectateur dans un univers insolite, dans les méandres d’un esprit malade, au sens propre comme au figuré. Venu de la publicité et du vidéo-clip, Tarsem Singh s’est très vite fait remarquer par son sens visuel unique et use de son très large bagage technique pour son premier long-métrage, The Cell, sur un scénario machiavélique de Mark Protosevich. Si ce dernier n’aura guère brillé par la suite avec le Poséidon (2006) de Wolfgang Petersen et le remake de Old Boy (2013) réalisé par Spike Lee, The Cell demeure son travail le plus abouti à ce jour avec Je suis une légende (2007) de Francis Lawrence et offre au cinéaste d’origine indienne l’occasion de laisser libre cours à son imagination visuelle débordante. Plus de vingt ans après, The Cell reste une vraie référence du genre, largement inspirée par l’art contemporain et moderne, où Tarsem Singh prolonge les créations de Francis Bacon, H.R. Giger, Salvador Dali, Odd Nerdrum et autres. On en prend plein les yeux et les frissons sont au rendez-vous.

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Test Blu-ray / Jumeaux, réalisé par Ivan Reitman

JUMEAUX (Twins) réalisé par Ivan Reitman, disponible en DVD et combo Blu-ray + DVD le 17 août 2021 chez Elephant Films.

Acteurs : Arnold Schwarzenegger, Danny DeVito, Kelly Preston, Chloe Webb, Bonnie Bartlett, Marshall Bell, Trey Wilson, David Caruso…

Scénario : William Davies, William Osborne, Timothy Harris & Herschel Weingrod

Photographie : Andrzej Bartkowiak

Musique : Georges Delerue & Randy Edelman

Durée : 1h47

Date de sortie initiale: 1988

LE FILM

Julius Benedict vit sur une île située entre Bora-Bora et l’Australie depuis sa naissance. Il n’a jamais vu la civilisation. Quand il apprend qu’il est le fruit d’une expérience génétique et qu’il a un frère jumeau, Vincent, aux Etats-Unis, il décide de tout faire pour le retrouver. Mais Vincent n’a pas eu la vie tranquille de Julius. Il vivote de petites arnaques en petites arnaques. Leur rencontre va tout bouleverser…

« Seule leur mère peut les différencier » scandait ironiquement l’affiche de JumeauxTwins, qui rétrospectivement s’avère le plus grand succès commercial d’Arnold Schwarzenegger dans le monde entier, durant les années 1980, avec 216 millions de dollars amassés à l’international, pour une mise de départ de 18 millions. Il demeure le premier film du Tronc Autrichien à avoir dépassé la fameuse barre des cent millions de dollars de recette sur le sol américain. En France, Jumeaux se hisse à la septième place du box office de l’année 1989, entre SOS Fantômes 2 (également mis en scène par Ivan Reitman) et le Batman de Tim Burton. Twin reste le sixième hit de Schwarzy dans nos contrées, derrière Total Recall (2,3 millions d’entrées) et devant Expendables 2 : unité spéciale (1,9 millions d’entrées). Autant dire que Jumeaux a su immédiatement trouver son public dans tous les pays du monde. Alors qu’il vient d’enchaîner Predator, Running Man et Double Détente, Arnold Schwarzenegger, dont la cote de popularité n’a de cesse de grandir, désire changer quelque peu son fusil d’épaule en ciblant un public encore plus large. Si l’humour a très souvent été présent dans ses films précédents, à l’instar de ses deux précédents opus, le comédien voudrait s’essayer à la comédie pure et dure. Cela tombe bien, car tandis qu’Ivan Reitman peaufine la suite de Ghostbusters, le réalisateur canadien, qui vient de connaître un nouveau succès avec L’Affaire Chelsea Deardon, trouve le parfait scénario pour que l’ancien bodybuilder puisse laisser libre cours à sa fantaisie. Ce sera donc Jumeaux, comédie au pitch « improbable », mais prétexte à un humour bon enfant, dans laquelle Arnold Schwarzenegger et son partenaire Danny DeVito s’éclatent à fond et où leur bonne humeur, leur complicité, leur alchimie même sont instantanément attachantes. Si on reste très attaché au monumental doublage français de Patrick Floersheim et de Daniel Russo, la prestation des deux acteurs est toujours aussi rafraîchissante près de 35 ans après sa sortie et Jumeaux demeure une valeur sûre de la comédie américaine.

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Test Blu-ray / Dans le silence de l’ouest, réalisé par Daniel Barber

DANS LE SILENCE DE L’OUEST (The Keeping Room) réalisé par Daniel Barber, disponible en DVD et Blu-ray le 19 août 2021 chez Condor Entertainment.

Acteurs : Brit Marling, Hailee Steinfeld, Muna Otaru, Sam Worthington, Kyle Soller, Ned Dennehy, Amy Nuttall, Nicholas Pinnock…

Scénario : Julia Hart

Photographie : Martin Ruhe

Musique : Martin Phipps

Durée : 1h31

Date de sortie initiale : 2014

LE FILM

1865, dans le sud des États-Unis, en pleine Guerre de Sécession. Alors que les hommes sont appelés au front, Augusta, sa petite sœur Louise et leur esclave Mad, se retrouvent livrées à elles-mêmes dans la ferme familiale. La vie s’organise au mieux entre les trois femmes, jusqu’à l’annonce d’une menace imminente : une troupe de soldats sans foi ni loi, menée par le sergent Moses, pille et assassine tous ceux qu’ils croisent dans la vallée. Un seul choix s’impose à elles : prendre les armes pour repousser les assaillants…

Du réalisateur britannique Daniel Barber (né en 1965), on ne connaît que ses deux œuvres précédentes, son court-métrage The Tonto Woman, nommé à l’Oscar en 2008, et surtout son premier long-métrage, Harry Brown, avec Michael Caine, dans lequel le comédien prenait les armes pour devenir – après avoir incarné Alfred dans la triste trilogie de Christopher Nolan – à son tour un chevalier noir tuant tour à tour les petites frappes de sa cité qui ont tué son meilleur ami. Un thriller à la moralité plus que douteuse, chaînon manquant entre Un justicier dans la ville et À vif, où la star anglaise paraissait fatiguée à flinguer autant les dealers que sa fin de sa carrière. Depuis, plus de nouvelles du cinéaste. Pourtant, cinq ans après Harry Brown, celui-ci repassait derrière la caméra pour un western haut de gamme intitulé Dans le silence de l’ouest The Keeping Room, film annoncé dès 2012 avec Olivia Wilde. Quelques mois plus tard, la comédienne quitte le projet et se voit remplacer par Brit Marling. Entièrement tourné en Roumanie durant l’année 2013, Dans le silence de l’ouest avait ensuite disparu des radars. Il est temps aujourd’hui d’en parler puisque le film de Daniel Barber connaît enfin une exploitation en DVD et Blu-ray en France, en espérant que les passionnés de westerns et de home-invasion se ruent dessus très vite, puisqu’il s’agit d’un très grand cru, aussi percutant que The Salvation (2014) de Kristian Levring, Bone Tomahawk (2015) de S. Craig Zahler, Brimstone (2016) de Martin Koolhoven et Never Grow Old (2019 d’Ivan Kavanagh. Autant dire de belles références auxquelles vous pouvez d’ores et déjà ajouter The Keeping Room.

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Test Blu-ray / Contes cruels de la jeunesse, réalisé par Nagisa Ôshima

CONTES CRUELS DE LA JEUNESSE (Seishun zankoku monogatari) réalisé par Nagisa Ôshima, disponible en DVD et Blu-ray le 25 août 2021 chez Carlotta Films.

Acteurs : Yusuke Kawazu, Miyuki Kuwano, Yoshiko Kuga, Fumio Watanabe, Shinji Tanaka, Yosuke Hayashi, Shinjiro Matsuzaki, Toshiko Kobayashi…

Scénario : Nagisa Ôshima

Photographie : Takashi Kawamata

Musique : Riichiro Manabe

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 1960

LE FILM

Makoto Shinjo, une jeune femme sans repères, s’offre à des hommes d’âge mûr, en général des automobilistes de passage. Un jour, l’un d’eux la violente. Elle est secourue par Kiyoshi Fujii, un voyou, qui extorque un peu d’argent au conducteur en échange de son silence. Les deux marginaux se revoient, entament une liaison, violente. Ils mettent au point une combine de chantage où Makoto séduirait des inconnus et Kiyoshi les ferait chanter.

Nagisa Ôshima (1932-2013) est mondialement célèbre pour Nuit et brouillard du Japon (1960), Furyo (1983) et bien évidemment L’Empire des sens (1976). Les films du réalisateur japonais, diplômé en droit, politiques et transgressifs, auront toujours été accompagnés d’un parfum de scandale. Le public occidental connaît moins ses premières œuvres, en particulier ladite trilogie de la « jeunesse », constituée d’Une ville d’amour et d’espoir – alias Le Garçon vendeur de colombes – mis en scène en 1959, Contes cruels de la jeunesse (1960) et L’Enterrement du soleil (1960). L’opus qui nous intéressera aujourd’hui est le second. Âgé de 28 ans au moment du tournage, le cinéaste est alors en prise avec son époque, écoute ceux de son âge et même les plus jeunes, là où ses confrères de la génération précédente se contentaient de les entendre, pour ensuite dépeindre leurs désirs et leurs états d’âme avec un décalage peu représentatif du Japon contemporain. Avec Contes cruels de la jeunesse, Nagisa Ôshima plonge sa caméra portée dans les rues de Tokyo (les vraies, pas celles reconstituées en studio), observe les adolescents et les vingtenaires, hommes et femmes, qui tentent de (sur)vivre avec peu de repères, des piliers déjà branlants, un avenir incertain s’ouvrant devant eux. Entre La Fureur de vivre Rebel Without a Cause (1955), pour la peinture d’une jeunesse en crise, et À bout de souffle (1960) de Jean-Luc Godard – bombe atomique dont les retombées se faisaient ressentir dans tous les pays du monde – pour sa liberté formelle (et comme Makoto, que Kiyoshi empêche de rejoindre le bord alors qu’elle ne sait pas nager), le réalisateur trouve les vecteurs pour s’exprimer et laisser témoigner ouvertement une partie de la population à qui on avait jusqu’à présent imposé de se taire.

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Test Blu-ray / Terreur extraterrestre, réalisé par Greydon Clark

TERREUR EXTRATERRESTRE (Without Warning) réalisé par Greydon Clark, disponible en DVD et Édition Digibook Collector, Combo Blu-ray + DVD + Livret le 19 août 2021 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Jack Palance, Cameron Mitchell, Martin Landau, David Caruso, Kevin Peter Hall, Neville Brand, Sue Ane Langdon, Ralph Meeker…

Scénario : Lyn Freeman, Daniel Grodnik, Steve Mathis & Bennett Tramer

Photographie : Dean Cundey

Musique : Dan Wyman

Durée : 1h37 (version intégrale)

Date de sortie initiale : 1980

LE FILM

Une série d’attaques de petites créatures volantes et voraces provoque des morts isolées dans une campagne de l’Amérique profonde. Alerté par un couple de jeunes ayant survécu à l’hécatombe, un petit groupe lutte désespérément contre un impitoyable prédateur d’un autre monde, qui hante les forêts et chasse tous les humains qu’il rencontre.

Pour beaucoup, Greydon Clark est le réalisateur d’un nanar ultime, une référence en la matière, Le Clandestin Uninvited, dans lequel George Kennedy se retrouvait face à un chat mutant, fruit des expériences d’un laboratoire ayant entraîné, qui avait pour particularité de dissimuler un autre chat démoniaque, vivant à l’intérieur de l’animal. Ça y est ? Vous l’avez ? C’est lui Greydon Clark (né en 1943), metteur en scène, producteur, scénariste et parfois acteur, à qui l’on doit aussi Black Shampoo (1976), Satan Cheerleaders (1977) et Les 7 Filles en or Angels’ Brigade (1979), emblématique du cinéma de drive-in, des séries B souvent à la limite du Z, quand elles ne s’y vautraient pas complètement, de l’exploitation pur jus, faite à la va-vite, tournée avec le moins de fric possible, dans l’espoir d’en ramasser un maximum. 1979, Alien, le huitième passager sort sur les écrans. Les (méchantes) créatures de l’espace vont soudainement renaître sur le grand écran suite au triomphe du film de Ridley Scott. Un scénario circule à la fin des années 1970. S’il est aujourd’hui difficile de dire qui a écrit ou réécrit quoi parmi les quatre auteurs crédités, Lyn Freeman, Daniel Grodnik (également producteur et qui signera juste après Le Monstre du train de Roger Spottiswoode), Bennett Tramer (producteur de la série Sauvés par le gong) et Steve Mathis (un des futurs grands techniciens de John Carpenter), Terreur extraterrestre Without Warning est rapidement mis en route et débarque sur les écrans américains le 26 septembre 1980. De l’avis général des Bisseux et autres cinéphiles déviants, cet opus demeure le meilleur de toute la carrière de Greydon Clark, qui lui aussi aura mis la main à la pâte pour réécrire le script, y compris sur le tournage. Quarante ans ont passé et Terreur extraterrestre a pris du plomb dans l’aile. Si le film vaut encore un curieux coup d’oeil, c’est surtout (pour ne pas dire uniquement) pour la photographie de l’immense chef opérateur Dean Cundey, qui avait fait ses débuts grâce entre autres à Greydon Clark, qui allait se faire remarquer pour son travail avec John Carpenter sur Halloween, la nuit des masques (qu’il allait retrouver pour Fog, New York 1997, The Thing…), avant d’entamer une longue et fructueuse collaboration avec Robert Zemeckis, d’À la poursuite du diamant vert Romancing the Stone (1984) à La Mort vous va si bien Death Becomes Her (1992), en passant par la trilogie Retour vers le futur Bath to the Future, sans oublier son boulot pour Jurassic Park (1991) de Steven Spielberg. Soyons honnêtes, Terreur extraterrestre peine à maintenir l’intérêt du spectateur. S’il n’est pas déplaisant, surtout en raison du cabotinage de Martin Landau et de Jack Palance (déjà à l’affiche d’Angels’ Brigade), le film pâtit de trop grandes longueurs et d’un manque de rythme. Sympathique, mais très paresseux, malgré une ambiance oppressante finalement réussie.

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