Test DVD / Tire, Django, tire !, réalisé par Bruno Corbucci

TIRE, DJANGO, TIRE ! (Spara, Gringo, spara) réalisé par Bruno Corbucci, disponible en DVD le 7 juillet 2020 chez Artus Films.

Acteurs : Brian Kelly, Keenan Wynn, Erika Blanc, Folco Lulli, Fabrizio Moroni, Linda Sini, Rik Battaglia, Giovanni Pallavicino…

Scénario : Mario Amendola, Bruno Corbucci

Photographie : Fausto Zuccoli

Musique : Sante Maria Romitelli

Durée : 1h31

Année de sortie : 1968

LE FILM

Fraîchement évadé de prison, Django se fait attraper par Guttierez, un riche propriétaire terrien, qui l’oblige à aller chercher son fils, Fidel, parti rejoindre une bande de malfrats. Django se lance sur la piste, dans le désert mexicain, et devra en découdre avec les bandits, avant de se rendre compte que les intentions du père ne sont pas des plus bienveillantes.

Dans la famille Corbucci je voudrais le frère cadet ! Enfin celui qui est moins connu que son aîné Sergio (1927-1990), autrement dit Bruno Corbucci (1931-1996). Aussi passionné par le septième art que le premier, le plus jeune de la fratrie débute sa carrière comme scénariste au début des années 1960, en se spécialisant notamment dans les comédies interprétées par Totò, mais aussi et surtout mises en scènes par Sergio, Chi si ferma è perduto, I due marescialli, Lo smemorato di Collegno et Il monaco di Monza. Il passe derrière la caméra en 1965 avec la comédie musicale Questo pazzo, pazzo mondo della canzone, mais c’est avec les deux opus de James Tont, variations italiennes et comiques des opus de l’agent 007, intitulées James Tont operazione U.N.O. et James Tont operazione D.U.E. que le succès arrive, trois longs métrages sortis la même année. Alors qu’il tourne pas moins de trois films par an, Bruno Corbucci et son frère écrivent en 1966 un western devenu mythique, Django, réalisé par Sergio. Devant le triomphe rencontré par ce dernier, Bruno décide de signer lui aussi un western. Ce sera Spara, Gringo, spara, éhontément retitré Tire, Django, tire ! dans nos contrées, afin de surfer sur la popularité du film avec Franco Nero. Western classique, mais rudement bien mené, excellemment mis en scène et interprété par l’américain Brian Kelly (1931-2005), héros de la série Flipper le dauphin et futur producteur de Blade Runner de Ridley Scott (si si), Tire, Django, tire ! reste un savoureux divertissement et sa bonne réputation n’est pas usurpée.

Tire, Django, tire ! est sorti la même année que Le Grand silenceIl grande silenzio, réalisé par Sergio Corbucci et une fois de plus coécrit par son frère Bruno. Si l’histoire retiendra surtout ce western atypique qu’affectionnent les aficionados, il serait dommage de passer à côté de Spara, Gringo, spara, plus classique certes, mais qui s’avère un western droit dans ses bottes, marqué par des gunfights généreux et des bastons aux bruitages explosifs à la Hill-Spencer particulièrement réjouissantes. A la caméra, Frank B. Corlish, pseudonyme de Bruno Corbucci, s’en tire admirablement et compose des plans souvent fabuleux, hérités du travail de Sergio Leone pour sa Trilogie du Dollars. Mais le cinéaste s’en démarque et trouve un ton qui lui est propre, sans plagier comme un certain Quentin Tarantino, mais en s’appropriant les nouveaux codes d’un genre alors en pleine revisite.

Le récit s’apparente à un buddy-movie avant l’heure, où un pistolero (Brian Kelly) accepte la mission de ramener à son père un jeune cowboy acoquiné à une bande de malfrats écumant les banques de la région, le paternel étant lui-même un grand propriétaire terrien pas très catholique. Si Fabrizio Moroni (vu dans Le Guépard de Luchino Visconti) s’en sort bien dans le rôle du fils rebelle qui pense avoir trouvé sa voie en se mettant aux ordres du Major Charlie Doneghan (excellent Keenan Wynn, comme toujours), Brian Kelly compose un personnage marquant de pistolero, aussi habile au revolver qu’au fouet (sa « donneuse de caresses ») et dont le look rappelle parfois celui d’Indiana Jones. Le père de Fidel est quant à lui interprété par Folco Lulli, dont les spectateurs se souviennent surtout pour avoir incarné le président Novalès dans Le Grand Restaurant de Jacques Besnard deux ans auparavant. Enfin, la sublime Erika Blanc, la même année qu’Opération peurOperazione paura de Mario Bava, complète le casting dans une petite mais marquante apparition.

Entièrement tourné en Espagne, dans le désert de Tabernas, province d’Almería, Tire, Django, tire ! compile les morceaux de bravoure menés sur un rythme soutenu, avec un humour pince-sans-rire qui fait son effet, le tout solidement mis en scène par un Bruno Corbucci en peine forme et soutenu par la partition inspirée de Sante Maria Romitelli.

LE DVD

Artus Films présente l’un de ses nouveaux opus, Tire, Django, tire !, qui intègre sa collection « Western Européen ». Jaquette classe et efficace, glissée dans un boîtier Amaray classique. Le menu principal est fixe et musical.

Quel plaisir de retrouver le dessinateur et expert en cinéma de genre Curd Ridel sur la plupart des westerns proposés par Artus Films. Comme il en a l’habitude, l’invité de l’éditeur passe le casting au peigne fin, acteur par acteur, en évoquant également quelques-uns de leurs films les plus célèbres. Les conditions de tournage, les divers titres et la musique sont aussi abordés (28′).

En plus d’un lot de bandes-annonces issues de la collection et d’un Diaporama, Artus Films nous gratifie d’un court-métrage (17’) fort sympathique intitulé The Dead West, réalisé par les apprentis du département MMI (Métiers du Multimédia et de l’Internet) de l’IUT de Béziers. Un mélange réussi de western et de film de zombies, interprété entre autres par la belle Paulien Savatier et tourné dans le parc Oasys MiniHollywood situé à Almeria.

L’Image et le son

Si le générique est marqué par un grain plus appuyé et quelques griffures, ce nouveau master restauré 2K fait immédiatement son effet. Une version intégrale à qui ce lifting numérique fait le plus grand bien ! La propreté est très impressionnante, hormis quelques points noirs et blancs ici et là, la stabilité de la copie n’est jamais prise en défaut, le piqué est correct, les couleurs appréciables et les quatre coins du cadre large regorgent souvent de détails. Certains plans flous font bien leur apparition à plusieurs reprises, mais semblent d’origine et ne sont en aucun cas imputables au travail effectué pour redonner vie au film de Bruno Corbucci. Ah oui et la texture argentique est évidemment de la partie, excellemment gérée et douce pour les mirettes.

Ceux qui auraient découvert Tire, Django, tire ! en version française, pourront se ruer sur le mixage de fort bonne qualité et au doublage amusant. Notons que diverses scènes, coupées pour l’exploitation française, passent automatiquement en version originale sous-titrée en français. La piste italienne n’est évidemment pas en reste et offre de belles séquences d’action très dynamiques, avec également un bon report des dialogues et des effets annexes.

Crédits images : © Artus Films / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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