Test Blu-ray / Échec au gang, réalisé par Umberto Lenzi

ÉCHEC AU GANG (La Banda del Gobbo) réalisé par Umberto Lenzi, disponible en Blu-ray le 14 décembre 2023 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Tomas Milian, Pino Colizzi, Isa Danieli, Guido Leontini, Solvi Stubing, Luciano Catenacci, Carlo Gaddi, Alessandra Cardini, Sal Borgese…

Scénario : Umberto Lenzi

Photographie : Federico Zanni

Musique : Franco Micalizzi

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 1978

LE FILM

Le criminel italien surnommé le Bossu retourne à Rome après son emprisonnement en Corse. Avec son jeune frère et d’autres complices, il envisage un raid sur un camion blindé. Mais les choses tournent mal.

Outre Nico Giraldi, personnage de flic à la Serpico qu’il a incarné près d’une douzaine de fois de 1976 à 1985, de Flics en jeans Squadra antiscippo à Pas folle, le flic Delitto al Blue Gay, tous réalisés par Bruno Corbucci, l’autre rôle récurrent ayant largement contribué à la renommée de Tomás Milián en Italie demeure « Poubelle ». Le comédien aura interprété « Er Monnezza » à trois reprises, dans La Mort en sursis Il trucido e lo sbirro (1976) et Échec au gang La Banda del Gobbo (1978) d’Umberto Lenzi et L’Exécuteur vous salue bienLa Banda del trucido (1977) de Stelvio Massi et reste aujourd’hui iconique avec sa chevelure bouclée (la même perruque qu’Alain Delon dans Le Gang sans doute), des yeux surlignés d’eyeliner, ses Adidas claires et sa dégaine de prolo romain, tandis que l’acteur Ferruccio Amendola (également la voix de Robert De Niro, Al Pacino, Sylvester Stallone…) lui apportait son accent et son phrasé inimitables. Échec au gang apparaît comme un caprice, ou comment Tomás Milián surfait encore sur ses succès précédents, tout en tâchant d’innover autant que faire se peut ici en campant un double-rôle, deux frères, notre Sergio Marazzi, alias Poubelle donc, mais aussi cette fois-ci son frangin, le Bossu, déjà apparu dans Brigade spéciale Roma a mano armata en 1976…même s’il ne s’appelait pas Vincenzo Marazzi, mais Vincenzo Moretto. Allez comprendre. Ces deux frères jumeaux sont réunis grâce à la magie des effets spéciaux rudimentaires (rien d’exceptionnel, Louis Jouvet se dédoublait de la même façon trente ans avant dans Copie conforme), en gros l’écran a été divisé en deux parties pour ainsi permettre à Tomás Milián d’apparaître en même temps, dans le même cadre, à la fois dans la peau de Vincenzo et dans celle de Sergio, pour un dernier baroud d’honneur, y compris pour le tandem Lenzi-Milián, après six collaborations. Il en résulte une comédie-policière certes sympathique, mais nullement indispensable, à moins d’être un fou furieux du cubain protéiforme, dont le cabotinage de génie annonçait alors celui d’un Nicolas Cage sous substances. Divertissant, Échec au gang vaut essentiellement pour cette double prestation, plutôt que son histoire qui peine à convaincre sur la durée.

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Test Blu-ray / La Victime désignée, réalisé par Maurizio Lucidi

LA VICTIME DÉSIGNÉE (La Vittima designata) réalisé par Maurizio Lucidi, disponible en DVD et Blu-ray chez Frenezy.

Acteurs : Tomás Milián, Pierre Clémenti, Katia Christine, Luigi Casellato, Marisa Bartoli, Ottavio Alessi, Alessandra Cardini, Christina Müller, Enzo Tarascio, Carla Mancini, Bruno Boschetti…

Scénario : Augusto Caminito, Fulvio Gicca, Maurizio Lucidi, Fabio Carpi, Luigi Malerba, Aldo Lado & Antonio Troiso

Photographie : Aldo Tonti

Musique : Luis Bacalov & New Trolls

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1971

LE FILM

Publicitaire à la tête d’une entreprise lucrative, Stefano Argenti serait un homme heureux si sa femme, Louisa, dépressive et possessive, ne l’empêchait de réaliser une excellente opération en vendant sa société contre une forte somme d’argent. Cette dernière est en effet enregistrée au seul nom de Louisa. Stefano se console dans les bras de sa maîtresse, la modèle Fabienne. En escapade amoureuse à Venise, le couple d’amants rencontre un étrange dandy, le comte Matteo Tiepolo, qui devient rapidement un ami très proche et intime de Stefano. Un jour, Matteo lui propose un marché : il tue Luisa si celui-ci assassine son frère, une brute qui le tyrannise. Effrayé, Stefano refuse son offre. Mais Matteo révèle à Luisa que son mari la trompe mais qu’il détourne également l’argent de son entreprise. Après une dispute avec Stefano, Luisa est retrouvée morte. Matteo, qui l’a tuée, demande à Stefano de bien vouloir remplir sa part du marché, à savoir tuer son frère…

Voilà un giallo, ou plus précisément un thriller psychologique dont nous n’avions jamais entendu parler ! Nous devons cette résurrection à un nouvel éditeur vidéo indépendant, qui vient de s’installer sur la scène française, Frenezy. Pour l’une de ses deux premières sorties, l’éditeur a misé sur La Victime désignée La Vittima designata, réalisé par un certain Maurizio Lucidi durant l’hiver 1970-71. Et autant le dire immédiatement, c’est une belle baffe. Très largement inspiré par L’Inconnu du Nord-Express Strangers on a Train d’Alfred Hitchcock, sorti vingt ans auparavant, lui-même tiré en partie du premier roman policier de Patricia Highsmith, La Victime désignée compte pas moins de sept scénaristes, parmi lesquels se distinguent forcément le mythique Aldo Lado (Je suis vivant !, La Bête tue de sang froid), Augusto Caminito (Qui a tué le chat ? de Luigi Comencini, qui produira The King of New York d’Abel Ferrara), Antonio Troiso (Le Couteau de glace d’Umberto Lenzi, Les Sorcières du bord du lac de Tonino Cervi), ainsi que Fulvio Gicca Palli (Confession d’un commissaire de police au procureur de la République de Damiano Damiani). Cette impressionnante somme de talents débouche sur une histoire passionnante et anxiogène, qui tient en haleine du début à la fin et plonge les spectateurs dans une atmosphère poisseuse et pessimiste, renforcée par une magistrale utilisation des décors naturels, de Milan à Venise, en passant par le Lac de Côme. Et puis La Victime désignée réunit aussi deux immenses comédiens, qui venaient alors de se croiser l’année précédente sur Les Cannibales I Cannibali de Liliana Cavani, Tomás Quintín Rodríguez alias Tomás Milián (qui pousse également la chansonnette dans le générique de fin) et Pierre Clémenti, qui livrent deux prestations extrêmement troublantes, magnétiques et exceptionnelles. N’attendez plus et jetez-vous sur ce joyau « jaune ».

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Test Blu-ray / Flics en jeans, réalisé par Bruno Corbucci

FLICS EN JEANS (Squadra Antiscippo) réalisé par Bruno Corbucci, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 7 septembre 2021 chez Artus Films.

Acteurs : Tomas Milian, Jack Palance, Maria Rosaria Omaggio, Guido Mannari, Jack La Cayenne, Raf Luca, Benito Stefanelli, Toni Ucci…

Scénario : Mario Amendola & Bruno Corbucci

Photographie : Sebastiano Celeste

Musique : Guido & Maurizio De Angelis

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 1976

LE FILM

Mal rasé et mal fringué, l’inspecteur Nico Giraldi, à la tête de son équipe de motards, fait la chasse aux truands de la ville en employant des méthodes peu orthodoxes. Alors qu’il est sur le point d’arrêter un voyou, celui-ci dérobe une mallette pleine d’argent à un gangster américain. Les voyous se font alors éliminer l’un après l’autre, ce qui va mener Giraldi à s’occuper de l’affaire.

Nous avons déjà longuement parlé du mythe Tomás Milián (1933-2017) à travers nos chroniques sur Les Tueurs de l’Ouest El precio de un hombre (1966) d’Eugenio Martín, Tire encore si tu peux Se sei vivo, spara (1967) de Giulio Questi, Liens d’amour et de sang Beatrice Cenci (1969) et La Longue nuit de l’exorcisme Non si sevizia un paperino (1972) de Lucio Fulci, Le Conseiller Il Consigliori (1973) d’Alberto De Martino, Folle à tuer (1975) d’Yves Boisset, Le Cynique, l’Infâme et le Violent Il Cinico, l’infame, il violento (1977) d’Umberto Lenzi et Les Magnats du pouvoir Winter Kills (1979) de William Richert. Un phénomène international, l’acteur se prêtant alors à tous les genres et voyageant dans tous les pays du monde. En 1975, alors qu’il est bien installé en Italie, le comédien interprète pour la première fois le rôle le plus emblématique de toute sa carrière, Nico Giraldi, un ancien voleur devenu flic, plus précisément maréchal des logis de la Brigade anti-fauche (il deviendra inspecteur au début des années 1980), officiant à Rome. Fils d’une prostituée, il décide de se ranger après plusieurs arrestations et d’utiliser ses connaissances du milieu romain et du terrain, qu’il explore avec sa bécane. Très largement inspiré par le Serpico de Sidney Lumet, dont l’affiche et les photos d’exploitation ornent d’ailleurs l’habitation du personnage et qui possède un rat baptisé du même nom, Nico Giraldi arbore un vieux bonnet de laine élimé (aux couleurs du drapeau italien), une barbe pouilleuse, les cheveux longs et gras, plusieurs pulls rongés par les mites, des pantalons crasseux et des chaussettes montantes aux couleurs de l’arc-en-ciel. Cette apparence peut faire rire, mais les résultats sont là, Giraldi est le policier le plus efficace de la capitale transalpine. Au total, Tomás Milián incarnera ce personnage à onze reprises au cours de sa prolifique et éclectique carrière, autrement dit dans Flics en jeans Squadra antiscippo (1976), Un flic très spécial Squadra antifurto (1977), Nico l’arnaqueur Squadra antitruffa (1977), Brigade antimafia Squadra antimafia (1978), Brigade antigang Squadra antigangsters (1979), Meurtre sur le Tibre Assassinio sul Tevere (1979), Crime à Milan Delitto a Porta Romana (1980), Delitto al ristorante cinese (1981), Delitto sull’autostrada (1982), Crime en Formule 1 Delitto in Formula Uno (1984) et Pas folle, le flic Delitto al Blue Gay (1985). Les épisodes de cette saga de néo-polars sont tous mis en scène par Bruno Corbucci (Tire, Django, tire !) et écrits par le scénariste Mario Amendola (Furie au Missouri, Pair & impair, Salut l’ami, adieu le trésor !). Tout ce beau petit monde a donc trouvé une recette qui marche, qu’ils n’auront de cesse d’épuiser au fil des épisodes et durant une dizaine d’années. Dans Flics en jeans, nous faisons connaissance avec ce fameux Nico Giraldi, auquel l’acteur cubain prête ses traits, tandis que Ferruccio Amendola, qui doublait habituellement Tomás Milián, participe également à la création du personnage avec ce dialecte romain si particulier. Rétrospectivement, Squadra antiscippo (ou The Cop in Blue Jeans pour son exploitation internationale) est un opus bien sage de la franchise, mais vaut assurément pour la folie et l’énergie contagieuses de Tomás Milián, qui mine de rien crée un personnage iconique, ainsi que pour la participation inattendue de Jack Palance.

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Test Blu-ray / Liens d’amour et de sang – Beatrice Cenci, réalisé par Lucio Fulci

LIENS D’AMOUR ET DE SANG (Beatrice Cenci) réalisé par Lucio Fulci, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livre le 31 mai 2020 chez Artus Films.

Acteurs : Tomás Milián, Adrienne La Russa, Georges Wilson, Mavie, Antonio Casagrande, Ignazio Spalla…

Scénario : Lucio Fulci, Roberto Gianviti

Photographie : Erico Menczer

Musique : Angelo Francesco Lavagnino, Silvano Spadaccino

Durée : 1h29

Année de sortie : 1969

LE FILM

À Rome en 1599, la jeune Béatrice attend dans une cellule le moment de son exécution. Son crime est d’avoir commandité l’assassinat de son père, Francesco Cenci, noble tyrannique et incestueux. La sentence provoque l’ire du peuple qui voit en la « Belle parricide » la martyre d’une société arrogante et hypocrite. Mais derrière l’icône se cache un personnage complexe qui a su manipuler les sentiments du serviteur Olimpio pour arriver à ses fins.

Quand Lucio Fulci (1927-1996) s’empare d’une icône de l’histoire italienne. Surnommée La Belle parricide, Beatrice Cenci (1577-1599) était une jeune femme noble, vivant sous le joug d’un père tyrannique, Francesco Cenci, aristocrate violent, plusieurs fois rappelé à l’ordre par le Vatican en raison de son comportement disons pas très catholique. Fondamentalement immoral, ce mari et père régnait en maître dans sa luxueuse demeure, sur sa famille et sur ses serviteurs. Après avoir abusé de sa fille Beatrice, Francesco Cenci est assassiné par cette dernière, avec l’aide de sa belle-mère, de sa famille et de leurs vassaux, dont l’un était devenu l’amant de Beatrice. Ce meurtre sordide et de vengeance, d’abord déguisé en accident, conduira Beatrice et les siens dans les cachots du Vatican, où ils seront torturés, questionnés, reconnus coupables, avant d’être exécutés en place publique, malgré les protestations du peuple de Rome, au courant des agissements de Francesco Cenci. Depuis, Beatrice est devenue le symbole de la résistance contre l’aristocratie et l’Eglise omnipotentes. Cette histoire a largement inspiré la littérature, on retrouve d’ailleurs le personnage de Beatrice Cenci dans les Chroniques italiennes de Stendhal ou chez Alexandre Dumas père dans sa nouvelle Les Cenci. Le cinéma s’est également très tôt intéressé à ce récit puisqu’Albert Capellani réalise Beatrice Cenci dès 1908. Suivront deux autres adaptations éponymes, une en 1909 par Mario Caserini et une en 1941 par Guido Brignone. Le légendaire Riccardo Freda s’empare du mythe de Beatrice Cenci pour Le Château des amants maudits en 1956. Alors qu’il vient de terminer Perversion StoryUne sull’altra, Lucio Fulci désire revenir à ce fait divers, afin d’en relater les faits le plus précisément possible, sans omettre les tortures que Beatrice et ceux qui l’ont aidé à assassiner son père ont subies de la part de l’Église. Relativement peu connu dans l’oeuvre de Lucio Fulci, ou plutôt dissimulé entre Perversion Story et Le Venin de la peur, Liens d’amour et de sang, titre français, reste un fabuleux tour de force, un drame historique imprégné des obsessions et des motifs du réalisateur.

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Test Blu-ray / Les Magnats du pouvoir – Winter Kills, réalisé par William Richert

LES MAGNATS DU POUVOIR (Winter Kills) réalisé par William Richert, disponible en combo Blu-ray+DVD le 29 janvier 2020 chez Studiocanal.

Acteurs : Jeff Bridges, John Huston, Anthony Perkins, Eli Wallach, Sterling Hayden, Dorothy Malone, Tomas Milian, Belinda Bauer, Ralph Meeker, Toshirô Mifune…

Scénario : William Richert d’après le roman de Richard Condon

Photographie : Vilmos Zsigmond

Musique : Maurice Jarre

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1979

LE FILM

Nick est le demi-frère d’un président des Etats-Unis assassiné il y a plus de quinze ans. Il est plongé dans le passé, quand un homme mourant lui révèle être le véritable assassin de son frère. Le présumé coupable arrêté à l’époque par la police n’était qu’un homme de paille. Nick mène l’enquête mais sa propre vie est alors menacée…

Complètement méconnu, ou même totalement oublié par les historiens du cinéma et par les cinéphiles, Les Magnats du pouvoir, connu également sous le titre Qui a tué le président ? ou bien encore Winter Kills en version originale, est un des films les plus étranges que vous pourrez voir dans votre vie. Quasi-inclassable, comédie noire et décalée, thriller d’espionnage pur et dur, drame psychologique, on ne sait ou plutôt on ne peut jamais trancher et même longtemps après, le film ne cesse de revenir dans la tête. Réalisé par William Richert (né en 1942), à la base producteur de documentaires (Derby, A Dancer’s life), scénariste (La Loi de la pagaille), acteur occasionnel, Winter Kills est son premier long métrage en tant que réalisateur. Aussi passionnant à l’écran que pour l’histoire de son tournage catastrophique, Les Magnats du pouvoir est en fait l’aboutissement de quinze années d’enquête sur l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy, puisque son récit condense toutes les théories du complot qui ont fleuri autour de ce drame historique. Sur un scénario foisonnant, passionnant, mais aussi ultra-complexe, William Richert livre une fabuleuse adaptation du roman de Richard Condon (auteur d’Un crime dans la tête, transposé par John Frankenheimer en 1962) dans laquelle brillent de fantastiques comédiens (et quel casting !), menés par le grand Jeff Bridges. Une découverte s’impose.

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Test Blu-ray / Folle à tuer, réalisé par Yves Boisset

FOLLE À TUER réalisé par Yves Boisset, disponible en combo Blu-ray+DVD le 31 juillet 2019 chez Studiocanal

Acteurs : Marlène Jobert, Tomas Milian, Thomas Waintrop, Michel Peyrelon, Victor Lanoux, Jean Bouchaud, Jean Bouise, Michael Lonsdale…

Scénario : Yves Boisset, d’après le roman Ô dingos, ô châteaux ! de Jean-Patrick Manchette

Photographie : Jean Boffety

Musique : Philippe Sarde, Giuseppe Verdi (extraits de l’opéra La Force du destin)

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 1975

LE FILM

Une jeune femme, sortie d’une clinique psychiatrique, est engagée comme gouvernante du neveu d’un riche industriel. Mais un tueur à gages enlève celle-ci et le gamin lors d’une promenade. Le tueur la contraint à écrire une lettre la désignant comme coupable, avant de les tuer. Mais elle parvient à tromper sa vigilance et prend la fuite.

« Vous savez, j’suis pas grand-chose…un p’tit grain de sable… »

Coincé, dissimulé même entre deux grands piliers de sa carrière, Dupont Lajoie (1975) et Le juge Fayard dit Le Shériff (1977), Folle à tuer est pourtant un véritable exercice de style dans lequel Yves Boisset y met tout son amour pour le film noir, mais cette fois mâtiné de tendresse. C’est aussi la première fois que le cinéaste confie le rôle principal à une comédienne et pas n’importe laquelle, puisque Folle à tuer est véritablement porté par la grande et sublime Marlène Jobert, impériale dans le rôle de Julie, héroïne malgré-elle et prise dans une spirale infernale, dans laquelle elle fera tout pour sauver sa peau, mais surtout celle d’un petit garçon interprété par l’étonnant Thomas Waintrop. Complètement méconnu, Folle à tuer est pourtant un savoureux tour de force (même si le final se devine bien à l’avance), un polar fringuant, un drame psychologique doublé d’un road movie, bref, c’est un putain de bon film.

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Test Blu-ray / Les Tueurs de l’Ouest, réalisé par Eugenio Martín

LES TUEURS DE L’OUEST (El precio de un hombre) réalisé par Eugenio Martín, disponible le 4 juin 2019 en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livre chez Artus Films

Acteurs : Richard Wyler, Tomás Milián, Halina Zalewska, Hugo Blanco, Mario Brega, Enzo Fiermonte, Luis Barboo, Lola Gaos, Ricardo Canales…

Scénario : James Donald Prindle, José Gutiérrez Maesso, Eugenio Martín d’après le roman de Marvin H. Albert « The Bounty Killer »

Photographie : Enzo Barboni

Musique : Stelvio Cipriani

Durée : 1h33

Année de sortie : 1966

LE FILM

Un dangereux criminel, José Gomez, est arrêté pour le pillage d’une banque. Sur le chemin de la prison, José et ses gardes font une halte dans une auberge, dont les patrons ont bien connu le bandit enfant. Ils l’aident alors à s’évader. Mais Luke Chilson, officier de la police fédérale, recherche José, sa tête étant mise à prix pour 3 000 dollars…

Né à La Havane en 1933, Tomas Quintin Rodriguez alias Tomas Milian, démarre sa carrière de comédien en Italie sous la direction de Mauro Bolognini dans Les GarçonsLa Notte brava (1959), sur un scénario de Pier Paolo Pasolini, d’après son propre roman Les Ragazzi. Très vite, les propositions se multiplient et le jeune acteur de 26 ans enchaîne avec Le Bel Antonio, chef d’oeuvre réalisé une fois de plus par Bolognini, puis L’Imprévu d’Alberto Lattuada (1961), le sketch Le Travail, mis en scène par Luchino Visconti pour le film collectif Boccace 70 (1962). 1966 est un tournant dans la carrière de Tomas Milian. Celui-ci enchaînera une demi-douzaine de westerns, dont ColoradoLa Resa dei conti et Le Dernier face à faceFaccia a faccia de Sergio Sollima, l’exceptionnel Tire encore si tu peuxSe sei vivo spara de Giulio Questi, et le plus méconnu Les Tueurs de l’OuestEl precio de un hombre. Ce dernier, par ailleurs très rare, est plus ibérique que transalpin.

Le film est réalisé par l’espagnol Eugenio Martín, connu des amateurs de cinéma Bis pour un Pancho Vila avec Telly Savalas (1972), Les 4 Mercenaires d’El Paso avec Lee Van Cleef, James Mason, Gina Lollobrigida et Gianni Garko (1971) et Terreur dans le Shangaï Express (1972) avec les mythiques Christopher Lee et Peter Cushing. Un habitué de la série B de luxe. Pour Les Tueurs de l’Ouest, adapté d’un roman du spécialiste et prolifique Marvin H. Albert, Eugenio Martín fait le boulot en se concentrant surtout sur les tronches de ses comédiens, et signe un western standard, pas inoubliable, mais aucunement déplaisant et surtout toujours aussi divertissant.

Chilsom le chasseur de primes traque deux hommes appartenant à la bande de Gomez. La traque va le mener dans le village où est emprisonné Gomez, qui ne tardera pas à s’évader, grâce aux villageois le croyant innocent. Quand ce dernier va régler ses comptes avec l’aide de sa bande de tueurs, le village va se transformer en champ de bataille.

Ou comment le bad-guy vole la vedette au héros ! Avec son charisme suintant et vénéneux, Tomas Milian emporte facilement la mise face à son partenaire, le britannique Richard Wyler, vedette et rôle-titre de Coplan FX 18 casse tout de Riccardo Freda (1965). Avant de bifurquer vers les poliziotteschi, Tomas Milian marque le western de sa griffe. Dans Les Tueurs de l’Ouest, il se délecte dans la peau de son personnage bien pourri, surtout quand l’homme qui voulait le mettre derrière les barreaux se retrouve en fâcheuse posture et s’en prend plein la gueule. Rétrospectivement, c’est à ce moment-là que Tomas Milian devient un acteur culte.

Le film démarre sur les chapeaux de roues et si le rythme tend à se ralentir quelque peu après l’évasion de Gomez, Les Tueurs de l’Ouest contient son lot de séquences d’action et les décors naturels d’Almería où l’herbe grasse côtoie les montagnes aux sommets enneigés font toujours leur effet, tout comme la composition de Stelvio Cipriani, sa première réalisée pour le cinéma. Une petite réussite d’un genre qui déferlait alors dans tous les cinémas européens.

LE MEDIABOOK

Et hop, un nouveau Mediabook dans l’escarcelle d’Artus Films ! Inédit en DVD, Les Tueurs de l’Ouest rejoint ainsi la collection Western Européen et devient un titre privilégié de l’éditeur, puisque disponible en Edition Collector Livre+Blu-ray+DVD. Un superbe objet de collection composé des deux disques et d’un livre de 64 pages consacré aux Westerns de Marvin H. Albert au cinéma, réalisé sous la direction de Lionel Grenier, avec la participation d’Emmanuel Le Gagne et Jérôme Pottier. Des textes soignés, passionnants, érudits et qui se lisent avec un très grand plaisir, le tout agrémenté de photographies et d’affiches d’exploitation.

Comme sur l’édition du Retour de Ringo, le brillant Curd Ridel est de nouveau en piste, toujours devant son feu de cheminée, pour nous parler des Tueurs de l’Ouest (10’). L’invité d’Artus nous parle du réalisateur Eugenio Martín, qui signe ici son meilleur western, mais surtout de l’ensemble du casting avec sa « galerie de sales gueules ». Curd Ridel réalise une introduction toujours très sympathique de ce film très rare et difficile à dénicher.

L’interactivité se clôt sur un diaporama de photos et sur la bande-annonce (allemande) du film.

L’Image et le son

Attention, voici un petit trésor longtemps espéré par les fans de westerns spaghetti et de cinéma Bis ! Les Tueurs de l’Ouest débarque en France grâce aux bons soins d’Artus Films. Une copie HD restaurée qui devrait ravir les aficionados. Dès la première séquence, la luminosité est grande et la profondeur de champ éloquente. Certes, le générique s’accompagne de poussières, de fourmillements et de rayures verticales, mais ces défauts sont limités. Le master trouve rapidement son équilibre avec un grain original équilibré, des couleurs à foison (photo d’Enzo Barboni), des détails impressionnants sur les visages des comédiens, avec la sueur qui perle les fronts et les rides emplies de crasse. Certaines scènes semblent plus jaunâtres et les yeux bleus d’Halina Zalewska paraissent verts, mais (re)découvrir Les Tueurs de l’Ouest en Blu-ray tient du miracle et cette édition ne déçoit pas.

Les Tueurs de l’Ouest est proposé dans sa version intégrale. Certaines séquences n’ont jamais été doublées en français et passent donc directement en espagnol. Au jeu des comparaisons, la version française s’accompagne d’un souffle chronique, tandis que la piste espagnole est parfois un brin criarde. Les deux versions sont proposées au format LPCM Audio 2.0.


Crédits images : © Artus Films / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr