Test Blu-ray / L’Appel de la forêt, réalisé par Ken Annakin

L’APPEL DE LA FORÊT (The Call of the Wild) réalisé par Ken Annakin, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 20 mai 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : Charlton Heston, Michèle Mercier, Raimund Harmstorf, George Eastman, Maria Rohm, Juan Luis Galiardo, Sancho Gracia, Friedhelm Lehmann…

Scénario : Peter Welbeck, Wyn Wells, Peter Yeldham, Federico De Urrutia & Hubert Frank, d’après le roman de Jack London

Photographie : John Cabrera

Musique : Carlo Rustichelli

Durée : 1h40

Année de sortie : 1972

LE FILM

A la fin du 19e siècle, au Canada, la ruée vers l’or bat son plein et les centaines de prospecteurs venus chercher fortune ont besoin de chiens de traîneaux pour se rendre sur les sites enneigés du Klondike. L’un de ces chiens est Buck, un animal volé et vendu à John Thornton. Ensemble, l’homme et l’animal vont affronter mille dangers…

De toutes les adaptations de L’Appel de la forêt, roman de Jack London publié en 1903 et dans lequel l’écrivain s’inspirait de sa propre expérience de la ruée vers l’or, celle de Ken Annakin (1914-2009) est sans nul doute la plus fidèle au livre original. Il s’agit d’ailleurs de la quatrième transposition de l’ouvrage avec lequel Jack London allait connaître son premier véritable succès critique et commercial, après deux films muets éponyme, le premier réalisé par D.W. Griffith en 1908, le second par Fred Jackman et produit par Hal Roach en 1923, puis le long-métrage – également du même nom – de William A. Wellman, mis en scène en 1935, avec Clark Gable. Pour le 70e anniversaire du livre, la France, l’Allemagne de l’Ouest, l’Italie, l’Espagne et la Norvège s’associent pour monter une nouvelle version cinématographique de The Call of the Wild, qui dans le coeur des spectateurs comme dans celui des passionnés du romancier, restera la plus marquante. Quasiment un demi-siècle après sa sortie, L’Appel de la forêt demeure un modèle du film d’aventure pour toute la famille (même si certaines séquences peuvent surprendre par leur brutalité), grâce à l’investissement toujours impressionnant de Charlton Heston, merveilleux dans la peau de John Thornton, à la magnificence des paysages naturels et à l’intense émotion qui se dégage de cette amitié entre un homme et son chien.

En 1896, Buck, un chien de garde qui coulait des jours paisibles en Californie auprès de ses maîtres, est enlevé, dressé comme chien de traîneau et revendu à plusieurs propriétaires indignes en Alaska. Thornton et Pete, deux vétérans du Nord-Ouest canadien, finissent par l’acheter. Les deux hommes espèrent faire fortune dans le territoire du Yukon, où abondent les gisements aurifères. Ayant fait la preuve de sa force et de son courage, Buck prend la tête de l’attelage de ses maîtres et les conduit à Dawson. Mais les relations entre les différents chiens de l’attelage s’enveniment. Au cours d’une bagarre, Buck retrouve ses instincts de loup. Pendant ce temps, au saloon, Thornton fait la connaissance de Calliope, la ravissante propriétaire de l’endroit, qui rêve de faire construire un hôtel…

La nature a toujours été au centre de l’oeuvre de Jack London. Dans L’Appel de la forêt, l’un de ses romans les plus emblématiques et populaires, Buck, un chien volé à ses riches propriétaires arrive en Alaska où il deviendra le leader d’une meute menée par un certain John Thornton, chargé par le gouvernement d’acheminer le courrier dans les coins les plus reculés et inhospitaliers de l’Alaska. La nature y est particulièrement hostile, les loups rôdent, les Indiens sont menaçants. Buck et Thornton deviennent les meilleurs amis dans un monde où règnent la soif de l’or, l’égoïsme, la violence et l’alcoolisme. Ce qui frappe en revoyant L’Appel de la forêt version 1972, c’est sa beauté formelle, qui démontre une fois de plus la rigueur du réalisateur Ken Annakin, épaulé ici par le directeur de la photographie John Cabrera, technicien alors réputé pour son travail sur Le Convoi sauvage – Man in the Wilderness de Richard C. Sarafian, Deux hommes en fuite – Figures in a Landscape de Joseph Losey et Shalako d’Edward Dmytryk. Depuis sa supervision des séquences britanniques de la superproduction internationale Le Jour le plus long, le cinéaste Ken Annakin a pris du galon. Il se voit confier tour à tour les manettes de quatre autres « blockbusters » de l’époque, l’hilarant Ces merveilleux fous volants dans leurs drôles de machines – Those Magnificent Men in Their Flying Machines or How I Flew from London to Paris in 25 Hours 11 Minutes, le film de guerre La Bataille des Ardennes – Battle of the Bulge, Les Turbans rouges – The Long Duel avec Yul Brynner, et enfin le méconnu Gonflés à bloc – Monte Carlo or Bust !, dans lequel on croise tout aussi bien Bourvil que Tony Curtis, Mireille Darc et Walter Chiari, ou bien encore Marie Dubois et Gert Fröbe. Reconnu pour son esprit aventureux, Ken Annakin s’embarque dans les coins les plus reculés de la Finlande et de la Norvège pour y planter sa caméra, afin d’y reconstituer le Klondike. Et le résultat à l’écran est sublime, le cadre atypique 1.33 créant ainsi une succession de tableaux devant lesquels on ne peut que s’extasier.

The Call of the Wild peut aussi compter sur la solide interprétation de Charlton Heston, qui abordait alors difficilement le virage des années 1970, la même année qu’Antoine et Cléopâtre, adaptation de Shakespeare qu’il portera de A à Z, en signant la transposition, la mise en scène et pour lequel il tiendra le rôle-titre. Une douloureuse expérience dans laquelle il s’impliquera personnellement et qui se soldera malheureusement par un échec tant critique que commercial. En 1972, l’ancienne star hollywoodienne voyait les studios changer, ainsi que le statut des comédiens. Cela n’enlève rien à son talent et surtout à son charisme hors-normes dans L’Appel de la forêt. Il n’a qu’à être à l’écran pour s’imposer et pour planter son personnage, comme il le fera encore dans les nombreux films catastrophe qu’il enchaînera. A ses côtés, la magnifique et sexy Michèle Mercier, à qui le costume de tenancière de saloon sied à ravir, faisait l’une de ses dernières apparitions au cinéma.

Si par la suite, L’Appel de la forêt connaîtra d’autres versions, dont un téléfilm canadien en 1997 avec Rutger Hauer et dernièrement un film à gros budget dans lequel Harrison Ford donnait la réplique à un Buck réalisé en images de synthèse, l’oeuvre de Ken Annakin demeure la plus prisée, la plus réussie, la plus bouleversante et sauvage, qui continue d’éblouir les petits comme les grands.

LE COMBO BLU-RAY + DVD

L’Appel de la forêt avait pour ainsi dire disparu des bacs français depuis belle lurette. Après une première édition en DVD chez Opening en 2004, puis chez Filmedia en 2007 (avec une nouvelle jaquette en 2015), le film de Ken Annakin n’avait jamais bénéficié chez nous d’une sortie en Haute-Définition. Il aura donc fallu attendre 2021 pour cela et nous devons cette édition Combo Blu-ray + DVD à Rimini Editions. Les deux disques, à la sérigraphie identique, reposent dans un Digipack élégant à deux volets, glissé dans un fourreau cartonné au visuel très soigné. Le menu principal est animé sur la célèbre musique de Carlo Rustichelli.

Rimini Editions et la Plume s’associent à nouveau pour nous offrir un supplément de qualité, avec la présentation de L’Appel de la forêt par Jacques Demange (15’). Le critique à la revue Positif nous parle de la carrière de Ken Annakin (« un solide artisan qui savait gérer de grosses productions, très à l’aise avec l’épique et les stars […] un réalisateur aventurier »), du roman de Jack London et les thèmes récurrents de son œuvre (« la nature à la fois hostile et harmonieuse […] les rapports des êtres humains avec la nature »), les précédentes adaptations cinématographiques du même livre, avant d’en venir à l’origine de cette production, sur les conditions de tournage, ainsi que sur le casting bigarré de cette coproduction européenne. Dans la dernière partie de cet entretien, Jacques Demange analyse la figure de Charlton Heston dans le cinéma, et plus précisément sa nature de héros américain au cinéma, au même titre que John Wayne dans les années 1950 et Clint Eastwood dans les années 1970, « une mythologie l’accompagne, accompagnée des valeurs morales auxquelles il restera fidèle toute sa vie, qui pouvaient alors paraître rétrogrades, voire réactionnaires, puisqu’elles ne suivaient pas les nouvelles modes et les conventions ».

L’Image et le son

L’apport HD de ce Blu-ray au format 1080p demeure aussi flagrant qu’indispensable sur les séquences en extérieur et les plans larges avec la neige immaculée. En dehors de cela, le cadre 1.33 (respecté) est joliment exploité, stable, élégant, le piqué est plus que correct, la gestion des contrastes solide et la texture argentique préservée. L’image est parfois un peu blanche, mais conforme aux partis pris esthétiques du directeur de la photographie avec une belle alternance d’extérieurs glacés et d’intérieurs plus ambrés. Très belle restauration, ne laissant paraître que très peu de poussières résiduelles. Certains plans sont sans doute plus faibles en terme de définition, mais dans l’ensemble, cette édition HD de L’Appel de la forêt remplit toutes ses promesses.

L’Appel de la forêt est disponible en version originale et française DTS Master Audio 2.0. La première instaure un confort acoustique plaisant avec une délivrance suffisante des dialogues, des effets annexes convaincants et surtout une belle restitution de la musique. La piste française se focalise souvent sur les voix, le doublage étant d’ailleurs particulièrement réussi. Un très léger bruit de fond se fait entendre. Les deux options acoustiques sont propres et dynamiques. Quant aux sous-titres français, ils ne sont pas imposés.

Crédits images : © Rimini Editions / Massfilms Ltd. All Rights Reserved / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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