Test Blu-ray / La Reine du mal, réalisé par Oliver Stone

LA REINE DU MAL (Seizure !) réalisé par Oliver Stone, disponible en combo DVD/Blu-ray le 19 août 2020 chez Extralucid Films.

Acteurs : Jonathan Frid, Martine Beswick, Joseph Sirola, Christina Pickles, Hervé Villechaize, Anne Meacham, Roger De Koven, Troy Donahue, Mary Woronov, Richard Cox…

Scénario : Oliver Stone, Edward Mann

Photographie : Roger Racine

Musique : Lee Gagnon

Durée : 1h31

Année de sortie : 1974

LE FILM

L’écrivain Edmund Blackstone voit son pire cauchemar prendre vie lorsque les membres de sa famille et ses amis sont tués un à un par la Reine du mal et ses serviteurs, un nain nommé Spider et un géant à la force surhumaine appelé Jackal. Est-ce un mauvais rêve ou la réalité ?

S’il y a bien un début pour tout le monde, nous étions loin d’imaginer Oliver Stone aux commandes d’un film d’épouvante pour son premier long-métrage, La Reine du mal, étonnamment plus connu par les cinéphiles français sous son titre original, Seizure !. Agé de 28 ans, le réalisateur issu d’une famille juive franco-américaine, entame d’abord des études à Yale où il a d’ailleurs pour un camarade un certain George W. Bush. Puis, suite aux refus successifs de nombreux éditeurs concernant un de ses manuscrits, Oliver Stone décide de s’engager dans l’armée et part au Viêt Nam en 1967, près de la frontière cambodgienne. De retour au pays, il reprend les cours et se tourne vers le cinéma en intégrant l’université de New York, où il a pour professeur Martin Scorsese. C’est ce dernier qui l’encourage à s’inspirer de son expérience personnelle sur le front pour le coucher sur papier. En 1971, il réalise son film de fin d’année, Last Year in Viet Nam, un court-métrage forcément influencé par son vécu. Trois ans plus tard, Oliver Stone a l’opportunité de mettre en scène son premier long-métrage, La Reine du mal, qui sera entièrement tourné au Québec. Rétrospectivement, il est difficile d’y reconnaître la griffe, l’âme et l’univers de celui qui écrira Midnight Express d’Alan Parker en 1978 et réalisera des œuvres aussi variées comme Salvador (1986), Platoon (1986), Wall Street (1987), JFK (1991), Tueurs nés (1994) et bien d’autres qui composeront l’une des filmographies les plus éclectiques et explosives du cinéma américain. Seizure ! étant une première œuvre, Oliver Stone y met beaucoup de choses, trop sans doute, mais le moins que l’on puisse dire, c’est que La Reine du mal est un film complètement barré, survolté, étrange et complexe, qui joue avec les genres, tout en annonçant quelque part La Part des ténèbres qui sera écrit par Stephen King en 1989 et qui sera d’ailleurs adapté par George A. Romero en 1992. C’est donc un film bordélique, mais ô combien intéressant.

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Test Blu-ray / Monsieur Hire, réalisé par Patrice Leconte

MONSIEUR HIRE réalisé par Patrice Leconte, disponible en combo DVD/Blu-ray le 21 octobre 2020 chez Pathé.

Acteurs : Michel Blanc, Sandrine Bonnaire, Luc Thuillier, André Wilms, Cristiana Réali, Eric Bérenger, Marielle Berthon, Philippe Dormoy…

Scénario : Patrice Leconte, Patrick Dewolf d’après le roman de Georges Simenon

Photographie : Denis Lenoir

Musique : Michael Nyman

Durée : 1h19

Année de sortie : 1989

LE FILM

Monsieur Hire est un tailleur misanthrope, qui espionne par la fenêtre sa voisine d’en face dont il est tombé amoureux. En arrière-plan se déroule une enquête sur le meurtre non résolu d’une jeune femme. Monsieur Hire est soupçonné par l’inspecteur chargé de l’affaire.

Patrice Leconte a toujours été admiratif du film Panique (1946), réalisé par Julien Duvivier, avec Michel Simon et Viviane Romance. L’idée d’un remake lui trottait dans la tête depuis quelques années. C’est alors qu’il apprend que le film est en réalité l’adaptation du roman de Georges Simenon, Les Fiançailles de M. Hire paru en 1933 chez Fayard. Il se rue alors sur le livre et y voit matière pour une nouvelle transposition qu’il entreprend avec son complice Patrick Dewolf, avec lequel il travaille depuis Les Spécialistes (1985). Monsieur Hire est l’un des films les plus atypiques de Patrice Leconte. Froid en apparence, il s’agit en fait d’une réelle histoire d’amour tragique où les sentiments sont tus, mais bouillonnent dans la tête du personnage principal. C’est là le coup de génie du réalisateur, avoir proposé le rôle-titre à Michel Blanc. Lauréat du Prix d’interprétation masculine obtenu au Festival de Cannes en 1986 pour Tenue de soirée de Bertrand Blier, le comédien va encore plus loin dans le registre dramatique avec Monsieur Hire, qui repose en grande partie sur son charisme, sur son visage, sa silhouette et son regard. Un rôle en or pour l’acteur, à voir comme une version sombre et mélancolique de Jean-Claude Dusse, une nouvelle étape dans la carrière respective de Michel Blanc et de Patrice Leconte, qui se retrouvaient pour leur sixième film en commun après Les Bronzés (1978), Les Bronzés font du ski (1979), Viens chez moi, j’habite chez une copine (1980), Ma femme s’appelle reviens (1981), Circulez y’a rien à voir (1983), leur septième en réalité puisque le comédien avait également signé le scénario et les dialogues des Spécialistes. Ils se retrouveront en 1996 avec Les Grands ducs, puis enfin en 2006 avec Les Bronzés 3 : Amis pour la vie.

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Test 4K UHD / Beetlejuice, réalisé par Tim Burton

BEETLEJUICE réalisé par Tim Burton, disponible en Édition Collector – 4K Ultra HD + Blu-ray + Goodies le 16 septembre 2020 chez Warner Bros. Entertainment France.

Acteurs : Michael Keaton, Alec Baldwin, Geena Davis, Winona Ryder, Catherine O’Hara, Jeffrey Jones, Glenn Shadix, Annie McEnroe…

Scénario : Michael McDowell, Warren Skaaren, Tim Burton

Photographie : Thomas E. Ackerman

Musique : Danny Elfman

Durée : 1h32

Année de sortie : 1988

LE FILM

Pour avoir voulu sauver un chien, Adam et Barbara Maitland passent tout de go dans l’autre monde. Peu après, occupants invisibles de leur antique demeure ils la voient envahie par une riche et bruyante famille new-yorkaise. Rien à redire jusqu’au jour où cette honorable famille entreprend de donner un cachet plus urbain à la vieille demeure. Adam et Barbara, scandalisés, décident de déloger les intrus. Mais leurs classiques fantômes et autres sortilèges ne font aucun effet. C’est alors qu’ils font appel à un « bio-exorciste » freelance connu sous le sobriquet de Beetlejuice.

Pee-Wee Big Adventure ayant été un grand succès critique et commercial en 1985, la carrière cinématographique de Tim Burton est lancée. Toutefois, le réalisateur ne trouve pas de scénario qui lui donnerait envie de retourner derrière la caméra. De toute façon, il est occupé à travailler sur le scénario de Batman, même si Warner tarde à lancer cette grande entreprise. Il tombe alors sur le scénario de Beetlejuice écrit par Michael McDowell, déjà l’auteur de The Jar, segment de l’émission Alfred Hitchcock présente, déjà mis en scène par Tim Burton. Ce dernier se reconnaît totalement dans l’humour noir et y voit l’occasion de se lâcher totalement à travers ce conte macabre, qui aurait été d’abord refusé par Wes Craven. Son second long métrage est lancé, même si le réalisateur reprendra l’histoire qu’il trouve cependant trop horrifique et même sanglante. Michael McDowell et le coscénariste Larry Wilson se retirent du projet pour divergences artistiques. Warren Skaaren et Tim Burton reprennent définitivement le récit dans lequel ils injectent l’humour burlesque qui manquait. Le cinéaste se voit confier un budget confortable de 15 millions de dollars, dont un est dévolu uniquement aux effets spéciaux. Pour le rôle-titre, Michael Keaton, vu au cinéma dans Les Croque-morts en folie (1982) de Ron Howard et Johnny le dangereux (1984) d’Amy Heckerling, est choisi. Avec Beetlejuice, le comédien explosera aux yeux du monde entier. C’est le coup de maître de Tim Burton, doublé d’un triomphe au box-office (il remporte cinq fois sa mise rien que sur le sol américain) et d’une récompense aux Oscars en recevant la statuette dédiée aux maquillages. Immense comédie fantastique, Beetlejuice est un des premiers grands piliers de la filmographie de Tim Burton, un chef d’oeuvre absolu, culte, poétique, hilarant, effrayant, coloré, funèbre, fourmillant d’idées visuelles et dramatiques, compilant les séquences anthologiques comme des perles sur un collier. On continue ?

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Test Blu-ray / Tandem, réalisé par Patrice Leconte

TANDEM réalisé par Patrice Leconte, disponible en combo DVD/Blu-ray le 21 octobre 2020 chez Pathé.

Acteurs : Gérard Jugnot, Jean Rochefort, Sylvie Granotier, Julie Jézéquel, Jean-Claude Dreyfus, Marie Pillet, Albert Delpy, Philippe Dormoy, Anne-Marie Pisani…

Scénario : Patrice Leconte, Patrick Dewolf

Photographie : Denis Lenoir

Musique : François Bernheim

Durée : 1h30

Année de sortie : 1987

LE FILM

Michel Mortez anime depuis 25 ans un jeu radiophonique, « La langue au chat ». Cabotin saltimbanque, il ne vit plus que pour et par son émission et le public des villes qu’il traverse. Sa vie ne serait que vide et solitude s’il n’y avait Bernard Rivetot, qui lui sert d’homme à tout faire ! Mortez tutoie Rivetot qui le vouvoie, tout en surveillant les excès d’orgueil ou de boisson de son patron. Un jour, Bernard apprend que sa direction de la station va supprimer l’émission. Bouleversé, Rivetot tait la nouvelle à Mortez, en attendant le moment opportun…

Difficile pour un réalisateur de se lancer un nouveau challenge après avoir rassemblé plusieurs millions de spectateurs dans les salles. En 1985, Les Spécialistes de Patrice Leconte attire 5,3 millions de français au cinéma, ce qui le place sur la troisième marche du podium cette année-là derrière les dix millions de Trois hommes et un couffin et les 5,8 millions de Rambo 2 : la mission. Plutôt que de rechercher un nouveau succès à tout prix et facilement, le cinéaste décide d’aller au contraire vers quelque chose de diamétralement opposé, un tout petit film, une équipe réduite, une comédie mélancolique, un road-movie inattendu qui se concentre sur un nouveau duo d’acteurs, Jean Rochefort (déjà présent dans le premier long métrage du réalisateur, Les Vécés étaient fermés de l’intérieur) et Gérard Jugnot. Tandem est un nouveau tournant dans la carrière de Patrice Leconte, dont l’immense sensibilité éclate cette fois au grand jour, comme s’il était temps pour lui à désormais 40 ans de trouver un nouveau langage cinématographique, qui exprimerait une nouvelle facette de sa personnalité. Merveilleux film, doux, tendre, drôle, émouvant et désabusé, pourtant optimiste, Tandem est sans doute l’oeuvre du réalisateur qui lui ressemble le plus.

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Test Blu-ray / Mother’s Day, réalisé par Charles Kaufman

MOTHER’S DAY réalisé par Charles Kaufman, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret le 15 octobre 2020 chez Rimini Editions.

Acteurs : Nancy Hendrickson, Deborah Luce, Tiana Pierce, Holden McGuire, Michael McCleery, Beatrice Pons, Robert Collins, Peter Fox…

Scénario : Charles Kaufman, Warren Leight

Photographie : Joseph Mangine

Musique : Phil Gallo, Clem Vicari Jr.

Durée : 1h27

Année de sortie : 1980

LE FILM

Trois copines de fac partent chaque année à l’aventure. Cette année, elles installent leur tente près d’une maison où vivent une mère et ses deux fils simples d’esprit. Or, ceux-ci ont pour habitude de massacrer les promeneurs égarés. Les trois jeunes femmes vont en faire les frais, mais tout ne va pas se passer comme prévu pour les ravisseurs.

Quel délire ! Dans la famille Kaufman je voudrais…le frère ! Autrement dit Charles et non pas Lloyd, le célèbre fondateur de la Troma Entertainment à qui l’on doit entre autres The Toxic Avenger et Tromeo and Juliet. Moins connu, mais tout aussi frappadingue, Charles Kaufman a fait ses classes en tant que gagman pour le compte de Bob Hope, mais aussi comme assistant auprès de son frère sur Squeeze Play (1979), ainsi qu’en tant que réalisateur de film pornographique avec Liberté des sensThe Secret Dreams of Mona Q (1977) que les plus coquins parviendront à trouver sur Xhamster, leur site préféré après Homepopcorn.fr. Anyway, Charles Kaufman a de la suite dans les idées et décide de se lancer dans l’écriture d’un slasher, genre alors en pleine explosion. Produit avec un budget dérisoire de 115.000 dollars, dans une vieille bâtisse abandonnée et avec quelques comédiens payés au lance-pierre, Mother’s Day est pourtant devenu un grand classique et un modèle de comédie noire horrifique, un rape & revenge qui parvient à faire rire, à mettre mal à l’aise et à faire réfléchir. Aujourd’hui, s’il s’est reconverti en tant que gérant d’une grande boulangerie à San Diego, Charles Kaufman peut être fier d’avoir signé un fleuron du genre, qui a même connu un (très mauvais) remake en 2010, réalisé par Darren Lynn Bousman (le responsable des opus II, III et IV de la saga Saw) et produit par Brett Ratner. Mais oublions ça et concentrons-nous sur le seul et véritable Mother’s Day !

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Test Blu-ray / Par un beau matin d’été, réalisé par Jacques Deray

PAR UN BEAU MATIN D’ÉTÉ réalisé par Jacques Deray, disponible en combo DVD/Blu-ray le 21 octobre 2020 chez Pathé.

Acteurs : Jean-Paul Belmondo, Sophie Daumier, Geraldine Chaplin, Gabriele Ferzetti, Georges Géret, Akim Tamiroff, Claude Cerval, Adolfo Celi, Jacques Monod…

Scénario : M. Andriard, Georges Bardawil, Jacques Deray, Maurice Fabre, Didier Goulard, Arturo Rígel, Michel Audiard d’après un roman de James Hadley Chase

Photographie : Juan Julio Baena, Jean Charvein

Musique : Michel Magne

Durée : 1h49

Année de sortie : 1965

LE FILM

Francis et sa sœur Monique vivent de petites magouilles sur la Côte d’Azur. Monique attire des hommes dans sa chambre où Francis fait irruption peu de temps après leur arrivée : pris sur le fait, « les pigeons » doivent payer pour conserver leur réputation. Las de leurs combines, ils acceptent de participer à un kidnapping en Espagne qui devrait leur rapporter des millions. Il s’agit d’enlever la fille d’un richissime Américain.

Après avoir fait ses débuts en tant que comédien, Jacques Desrayaud alias Jacques Deray (1929-2003) devient assistant sur les tournages de Gilles Grangier, Luis Buñuel et Jules Dassin. En 1960, il écrit et réalise son premier film, Le Gigolo, drame psychologique interprété par Jean-Claude Brialy et Alida Valli. Ses deux films suivants, Rififi à Tokyo et Symphonie pour un massacre sortent la même année, en 1963, à quelques mois d’intervalle. Si le premier est un film policier intégralement tourné au Japon, le second est une vraie claque, un polar dans la tradition du film noir américain, qui se déroule entre la France et la Belgique. Un fabuleux exercice de style, un chef d’oeuvre du genre malheureusement oublié aujourd’hui, qui offrait à Jean Rochefort son premier grand rôle dramatique. Ce troisième film atteint presque la barre des 900.000 entrées, un joli score pour le réalisateur, par ailleurs équivalent à ses deux précédents opus. Jacques Deray souhaite continuer sur cette lancée et jette son dévolu sur un roman du britannique James Hadley Chase, auteur dont les œuvres sont souvent jugées inadaptables, qui aura pourtant largement inspiré les cinéastes comme Julien Duvivier, Denys de La Patellière, Henri Verneuil, Joseph Losey, Robert Aldrich et Patrice Chéreau. Pas moins d’une demi-douzaine de scénaristes sont crédités au générique de Par un beau matin d’été, même si l’on retiendra principalement la mention de Michel Audiard aux dialogues. Si Symphonie pour un massacre bénéficiait de l’écriture de José Giovanni et de Claude Sautet, ce n’est pas le cas ici et le récit peine à trouver un souffle et s’enlise parfois dans une intrigue quelque peu fourre-tout, comme si la collaboration Deray-Audiard n’aboutissait jamais vraiment. Pour cela, il faudra attendre les années 1980 avec Le Marginal (1983) et On ne meurt que deux fois (1985), ce dernier étant sorti à titre posthume. Ceci dit, Par un beau matin d’été conserve un intérêt surtout au niveau de son casting on ne peut plus attractif avec Jean-Paul Belmondo entouré des deux belles Sophie Daumier et surtout Geraldine Chaplin dans son premier vrai rôle à l’écran, treize ans après son apparition dans Les Feux de la rampeLimelight (1952) réalisé par son père. Ajoutez à cela une atmosphère très réussie avec une action se déroulant sous une chaleur écrasante et vous obtenez un polar inclassable, qui oscille parfois entre la comédie dans sa première partie et le drame psychologique dans la seconde. Par un beau matin d’été reste une curiosité, surtout pour les cinéphiles.

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Test Blu-ray / The House on Sorority Row, réalisé par Mark Rosman

THE HOUSE ON SORORITY ROW réalisé par Mark Rosman, disponible en combo DVD/Blu-ray le 17 juin 2020 chez Extralucid Films.

Acteurs : Kate McNeil, Eileen Davidson, Janis Ward, Robin Meloy, Harley Jane Kozak, Jodi Draigie, Ellen Dorsher, Lois Kelso Hunt…

Scénario : Mark Rosman

Photographie : Tim Suhrstedt

Musique : Richard Band

Durée : 1h32

Année de sortie : 1983

LE FILM

Un groupe d’étudiantes vivant ensemble dans une grande maison, décident de faire une mauvaise blague à leur logeuse. Mais la farce tourne mal, et les jeunes filles de la sororité sont tuées les unes après les autres lors de la soirée de fin d’études…

Nous ne reviendrons pas sur l’émergence du slasher aux Etats-Unis dans les années 1970, car nous l’avons évoqué maintes et maintes fois au fil de nos articles, que nos lecteurs retrouverons facilement. Au début des années 1980, moult productions se sont inspirées de Massacre à la tronçonneuse, Black Christmas, Halloween, La Nuit des Masques et consorts, sans parler de ce qui se faisait en Europe, et plus particulièrement en Italie sous l’égide de Dario Argento avec Les Frissons de l’angoisse. Cette nouvelle décennie se place sous le signe du « more blood », les spectateurs étant de plus en plus friands d’hémoglobine et de meurtres encore plus sadiques et graphiques. Maniac de William Lustig donne le la et la même année sortent coup sur coup Vendredi 13 de Sean S. Cunningham, Le Monstre du train de Roger Spottiswoode, Le Bal de l’horreur de Paul Lynch et Nuits de cauchemars de Kevin Connor. Les cinémas et les drive-in sont très demandeurs, les productions se multiplient et certains producteurs y voient une occasion rêvée de s’enrichir puisque les budgets sont la plupart du temps très réduits et les recettes fructueuses. Suivront en vrac Carnage de Tony Maylam, Happy Birthday : Souhaitez ne jamais être invité de J. Lee Thompson, Massacres dans le train fantôme de Tobe Hooper, Halloween 2 de Rick Rosenthal (et de John Carpenter c’est vrai, mais nous ne referons pas le débat), Massacre au camp d’été de Robert Hiltzik, deux autres opus de Vendredi 13, bref le spectateur avide de sensations fortes se retrouve devant un choix illimité d’opus du genre. Plus discret, The House on Sorority Row sort sur les écrans américains, ainsi qu’au Royaume-Uni sous le titre House of Evil, en janvier 1983. Un an avant l’apparition de Freddy Krueger dans Les Griffes de la nuitA Nightmare on Elm Street de Wes Craven, qui allait donner une nouvelle orientation à l’épouvante au cinéma, The House on Sorority Row apparaît comme étant un premier chant du cygne de l’horreur dite traditionnelle. Tourné avec trois francs six sous (désolé de ne pas convertir en dollars), ce petit film réunit tous les ingrédients du genre et compile donc tous les clichés attendus, mais avec une générosité de tous les instants, en privilégiant le système D et surtout en reposant sur une bande d’actrices aussi jolies qu’à l’aise au moment où celles-ci doivent s’époumoner devant la terreur.

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Test Blu-ray / La Mariée est trop belle, réalisé par Pierre Gaspard-Huit

LA MARIÉE EST TROP BELLE réalisé par Pierre Gaspard-Huit, disponible en combo DVD/Blu-ray le 21 octobre 2020 chez Pathé.

Acteurs : Brigitte Bardot, Louis Jourdan, Micheline Presle, Marcel Amont, Marcelle Arnold, Roger Dumas, Madeleine Lambert, Roger Tréville, Jean-François Calvé…

Scénario : Philippe Agostini, Juliette Saint-Giniez d’après le roman et une histoire originale d’Odette Joyeux

Photographie : Louis Page

Musique : Norbert Glanzberg

Durée : 1h34

Année de sortie : 1956

LE FILM

Chouchou, jeune mannequin remarqué par Judith, rédactrice d’un journal féminin, tombe amoureuse de Michel, l’amant de cette dernière. Mais Michel reste indifférent face à Chouchou. La jeune fille décide alors de tout faire pour capter son attention…

Depuis son apparition très remarquée aux côtés de Bourvil dans Le Trou normand, douce comédie de Jean Boyer réalisée en 1952, la jeune Brigitte Bardot, tout juste âgée de 18 ans, commence à se faire rapidement un nom. Elle participe au monument de Sacha Guitry Si Versailles m’était conté… (près de sept millions d’entrées), dans lequel elle interprète Mademoiselle de Rosille. Les cinéastes n’ont de cesse de la mettre de plus en plus en avant, comme Mario Bonnard dans Haine, Amour et Trahison et Jean-Devaivre dans Le Fils de Caroline Chérie, tous les deux réalisés en 1954. Les grands metteurs en scène commencent alors à l’approcher, Marc Allégret (Futures vedettes) et René Clair (Les Grandes manœuvres). Mais c’est en 1956 que la chrysalide s’opère véritablement. Avant l’éruption d’Et Dieu… créa la femme (3,8 millions d’entrées) de Roger Vadim, BB se retrouve à l’affiche la même année de La Lumière d’en face (2 millions d’entrées), Hélène de Troie (2,4 millions d’entrées) de Robert Wise, Cette sacrée gamine (4 millions d’entrées) de Michel Boisrond, En effeuillant la marguerite (3,3 millions d’entrées) et La Mariée est trop belle (2,4 millions d’entrées) de Pierre Gaspard-Huit. Le phénomène Bardot prend forme, s’étend, les spectateurs se ruent en masse dès que son nom apparaît sur l’affiche, jusqu’à l’explosion internationale qui clôt cette année exceptionnelle dans Et Dieu… créa la femme qui fera de la comédienne de 22 ans un des plus grands sex-symbols de tous les temps et qui sortira d’ailleurs deux jours seulement après le film de Pierre Gaspard-Huit. Dans La Mariée est trop belle, BB s’amuse dans un rôle qui lui collera à la peau, celui de l’ingénue devant laquelle les hommes se mettent à baver et sont prêts à tout pour la prendre dans leurs bras. Cette histoire concoctée par la comédienne et auteure Odette Joyeux, qui adapte ici son propre roman du même nom publié en 1954, conserve un charme rétro inaltérable et l’ensemble se tient surtout grâce au jeu naturel de Brigitte Bardot, ainsi qu’à son immense beauté qui crève l’écran.

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Test Blu-ray / Les Révoltés de l’an 2000, réalisé par Narciso Ibáñez Serrador

LES RÉVOLTÉS DE L’AN 2000 (¿Quién puede matar a un niño?) réalisé par Narciso Ibáñez Serrador, disponible en DVD et Blu-ray le 16 septembre 2020 chez Carlotta Films.

Acteurs : Lewis Fiander, Prunella Ransome, Javier de la Cámara, Maria Druille, Antonio Iranzo, María Luisa Arias, Marisa Porcel, Luis Ciges…

Scénario : Narciso Ibáñez Serrador d’après le roman de Juan José Plans

Photographie : José Luis Alcaine

Musique : Waldo de los Ríos

Durée : 1h51

Date de sortie initiale : 1976

LE FILM

Un couple d’Anglais, Tom et Evelyn, débarque dans la station balnéaire de Benavis pendant les festivités d’été. Préférant fuir la foule, ils prévoient de partir le lendemain pour la petite île d’Almanzora. Dans ce lieu ignoré des touristes, les Anglais auront tout à loisir de se reposer pendant leurs deux semaines de vacances, en particulier Evelyn qui est enceinte. Mais à leur arrivée, ils découvrent un village totalement abandonné de ses habitants. Bientôt, des enfants au comportement étrange font leur apparition. Et s’ils avaient quelque chose à voir avec la disparition de la population adulte ?

C’est un film d’épouvante complètement méconnu. Pourtant, malgré son Prix de la critique obtenu au Festival international du film fantastique d’Avoriaz en 1977, Les Révoltés de l’an 2000¿Quién puede matar a un niño?, exploité aussi sous ses divers titres internationaux Who can kill a child?, Island of Death, Would you kill a child?, Trapped, Island of the Damned, Death is Child’s play ou The Killers’s Playground, réalisé par l’uruguayen Narciso Ibáñez Serrador (1935-2019) en 1976 est une œuvre matricielle du cinéma fantastique espagnol et à l’origine de la vocation des plus grands noms contemporains du genre. Bien avant l’exceptionnel Midsommar d’Ari Aster, Les Révoltés de l’an 2000 montrait que l’on pouvait inspirer l’angoisse et la peur à travers un récit qui se déroule essentiellement en plein jour, sous un soleil de plomb et une ambiance aussi moite qu’étouffante. Si son nom reste connu en Espagne pour ses prolifiques créations à la télévision, les cinéphiles amateurs de sensations fortes vouent un culte à celui qui est surnommé Chicho Ibáñez Serrador, pour La Résidence La Residencia (1969) et Les Révoltés de l’an 2000, ses deux seules mises en scène pour le cinéma, qui ont posé les bases du fantastique et de l’horreur à venir, tout en reflétant la situation d’un pays ayant vécu quasiment quarante ans sous le règne de Franco. Sorti cinq mois après la mort du dictateur, ¿Quién puede matar a un niño?, librement adapté du roman El juego de los niños de Juan José Plans, est un choc cinématographique, qui agit comme une séance d’hypnose ou un cauchemar éveillé, qui n’a absolument rien perdu de sa force quarante-cinq ans après.

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Test Blu-ray / L’Enfer des anges, réalisé par Christian-Jaque

L’ENFER DES ANGES réalisé par Christian-Jaque, disponible en combo DVD/Blu-ray le 21 octobre 2020 chez Pathé.

Acteurs : Louise Carletti, Jean Claudio, Lucien Gallas, Serge Grave, Marcel Mouloudji, Félix Claude, Berthe Tissen, Robert Rollis, Sylvia Bataille, Bernard Blier…

Scénario : Pierre Véry, Pierre Laroche, Pierre Ramelot

Photographie : Otto Heller

Musique : Henri Verdun

Durée : 1h34

Année de sortie : 1941

LE FILM

Lucette, une jeune fille évadée d’une maison de redressement, rencontre un jeune garçon battu ayant perdu la mémoire. Elle le prénomme Lucien et s’attache à lui. Tous les deux cherchent à s’intégrer tant bien que mal à la population misérable d’un bidonville de l’est parisien.

Chef d’oeuvre incontournable du cinéma français de la fin des années 1930, Les Disparus de Saint-Agil, réalisé par Christian-Jaque (1904-1994), est adapté du roman éponyme de Pierre Véry publié en 1935. L’oeuvre de l’écrivain demeure l’une de ses plus grandes réussites avec Goupi-Mains rouges et L’Assassinat du Père-Noël, également transposés avec succès au cinéma. Rétrospectivement, Les Disparus de Saint-Agil rend compte de l’état d’esprit de la société française, plus particulièrement du point de vue innocent des enfants, à l’aube de la Seconde Guerre mondiale. Après ce succès, le cinéaste enchaîne trois longs métrages, Ernest le rebelle (1938) et Raphaël le tatoué (1938) avec Fernandel, puis Le Grand Elan (1939) avec Charpin. Puis, l’idée lui vient de refaire un film avec des enfants après avoir découvert les enquêtes d’Alexis Danan, journaliste alors en vogue au début des années 1940 dont les écrits sont entre autres publiés dans Paris-Soir. Engagé dans la défense des droits des enfants, Alexis Danan révèle la misère sociale en France, plus particulièrement le sort réservé aux plus jeunes, les victimes innocentes de la société dont il reste l’un des plus fervents défenseurs. Bouleversé par ces découvertes et ces articles, Christian-Jaque y voit là l’occasion de traiter ce sujet qui lui tient également à coeur. Pour cela, il décide de s’entourer de la même équipe que Les Disparus de Saint-Agil à savoir Pierre Véry, chargé ici du scénario, Henri Verdun à la musique, mais surtout en reprenant une partie des enfants qui tenaient la vedette dans le film précédent. Seulement le désir de Christian-Jaque est de s’éloigner de l’ambiance quasi-fantastique, qu’il avait adopté pour aborder le point de vue d’adolescents pensionnaires d’un internat dans Les Disparus de Saint-Agil, pour évoquer frontalement la situation de l’enfance meurtrie. Un carton l’indique en introduction « ce film expose dans sa cruelle vérité la détresse de l’enfance abandonnée, sans guide, sans défense, sans tendresse dans la vie ». En résulte un film d’une noirceur incroyable, pessimiste en diable. L’Enfer des anges est aussi et surtout un chef d’oeuvre bouleversant et désenchanté, magnifiquement photographié et merveilleusement interprété, notamment par la sublime Louise Carletti, déesse qui survit tant bien que mal dans les taudis qui entourent la capitale.

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