Test Blu-ray / La Mort de Belle, réalisé par Edouard Molinaro

LA MORT DE BELLE réalisé par Edouard Molinaro, disponible en Blu-ray le 1er mai 2022 chez Studiocanal.

Acteurs : Jean Desailly, Alexandra Stewart, Monique Mélinand, Yvette Etiévant, Jacques Monod, Marc Cassot, Jacques Pierre, Yves Robert…

Scénario : Jean Anouilh, d’après le roman de Georges Simenon

Photographie : Jean-Louis Picavet

Musique : Georges Delerue

Durée : 1h31

Date de sortie initiale : 1961

LE FILM

Dans son pavillon de la banlieue de Genève, Stéphane Blanchon, professeur de français au Collège international de Genève, passe sa soirée seul, d’abord en corrigeant ses copies, puis en bricolant autour d’un tour à bois. Sa femme Christine partie en ville pour un bridge entre amis, l’appelle pour le convaincre de venir la rejoindre, il refuse. La jeune Belle, une américaine, fille d’une amie de Christine, qui vit chez eux pendant ses études, est ramenée par un petit ami qui la laisse devant la maison. Elle vient souhaiter une bonne nuit à Stéphane qui ne l’entend pas à cause du moteur du tour. Le lendemain, il part à l’école comme d’habitude. A peine arrivé au collège, il est appelé par son épouse : Belle a été retrouvée morte, étranglée dans sa chambre.

Du cinéaste Edouardo Camille Molinaro alias Edouard Molinaro (1928-2013), nous connaissons surtout ses immenses succès populaires, Oscar (plus de six millions d’entrées), La Cage aux folles (5,4 millions), Hibernatus (3,4 millions), L’Emmerdeur (3,3 millions), La Cage aux folles 2 (3 millions), Mon oncle Benjamin (2,7 millions) ou bien encore Une ravissante idiote (2,2 millions). Au cours de sa longue carrière, le réalisateur aura attiré près de 50 millions de spectateurs dans les salles françaises. Pourtant, Edouard Molinaro n’a jamais caché que les films qui lui étaient le plus cher et le plus personnel étaient ceux tapis dans l’ombre. Dès ses débuts, celui-ci aura emporté l’adhésion des spectateurs avec ses films policiers, Le Dos au mur (1958), Des femmes disparaissent (1959) et Un témoin dans la ville (1959), y compris avec sa première comédie Une fille pour l’été (1960), qui ont tous dépassé la barre du million d’entrées. Après cette parenthèse humoristique, le metteur en scène revenait au polar avec La Mort de Belle, adapté du roman du même nom de Georges Simenon, publié en 1952. Trésor dissimulé dans la prolifique et éclectique filmographie d’Edouard Molinaro, ce thriller psychologique est avant tout le bouleversant portrait d’un homme « pur », magnifiquement interprété par Jean Desailly, qui devient le principal suspect dans une affaire de meurtre, dans laquelle une jeune américaine de 18 ans a été retrouvée étranglée dans la chambre qu’elle louait près de Genève. Fascinante et éprouvante dissection de la machine judiciaire, capable de broyer n’importe qui sur son passage, La Mort de Belle est un chef d’oeuvre insoupçonné qui fera le bonheur des cinéphiles.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / La Mort de Belle, réalisé par Edouard Molinaro »

Test Blu-ray / Les Grandes Manoeuvres, réalisé par René Clair

LES GRANDES MANOEUVRES réalisé par René Clair, disponible en édition Digibook – Blu-ray + DVD + Livret le 9 avril 2021 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Gérard Philipe, Michèle Morgan, Jean Desailly, Pierre Dux, Jacques François, Yves Robert, Brigitte Bardot, Lise Delamare, Magali Noël, Simone Valère, Jacques Fabbri, Olivier Hussenot, Raymond Cordy, Dany Carrel, Claude Rich…

Scénario : René Clair, Jérôme Géronimi & Jean Marsan

Photographie : Robert Lefebvre

Musique : Georges Van Parys

Durée : 1h48

Date de sortie initiale : 1955

LE FILM

Armand de La Verne, jeune et beau lieutenant au 33ème Dragons et Don Juan invétéré, a fait le pari devant tout son régiment de séduire à coup sûr la première femme venue…Il tombe sur Marie-Louise à qui il fait une cour empressée. Mais sa proie a appris le pacte grossier dont elle fait l’objet. Elle ferme sa porte, n’ouvre pas ses lettres, refuse ses fleurs. Pour la première fois de sa carrière, Armand est déconcerté par la résistance d’une femme qui semble voir clair dans son jeu. Il tombe amoureux pour la première fois…

En 1945, le réalisateur René Lucien Chomette alias René Clair (1898-1981) découvre la pièce Caligula d’Albert Camus au théâtre Hébertot. Le jeu et le charisme du comédien Gérard Philipe le laissent pantois. Il faudra cependant attendre cinq ans pour que les deux artistes s’associent. Ce sera pour La Beauté du diable (2,5 millions d’entrées), revisite du mythe de Faust, emblématique du réalisme poétique. Deux ans plus tard, le cinéaste réunit Gérard Philipe et Gina Lollobrigida dans le méconnu et pourtant somptueux Les Belles de nuit (3,5 millions d’entrées), comédie fantastique dans laquelle René Clair annonce rien de moins que Le Monde sur le fil – Welt am Draht (1973) de Rainer Werner Fassbinder, Matrix des Wachowski (1999) et Inception (2010) de Christopher Nolan. 1955 est l’année de leur dernière collaboration au cinéma avec Les Grandes Manoeuvres, premier long-métrage en couleur pour le metteur en scène et surtout un triomphe puisque le film attirera 5,3 millions de français dans les salles, qui s’inscrit sur la cinquième marche du podium en 1955, tout juste derrière le Napoléon de Jean Delannoy, tandis que Disney emporte tout sur son passage avec Vingt mille lieues sous les mers et La Belle et le Clochard. Si Le Comte de Monte Cristo avec Jean Marais lui dame le pion au box-office, Les Grandes Manoeuvres se voit récompenser par le Prix Louis-Delluc. Si ce dernier commence comme une comédie presque vaudevillesque, le récit mute à mesure que le personnage principal, merveilleusement incarné par Gérard Philipe, change, grandit et mûrit, pour bifurquer vers le drame sentimental inattendu. A ses côtés, Michèle Morgan, qui avait déjà donné la réplique à son partenaire dans Les Orgueilleux d’Yves Allégret, est alors au top de sa carrière, la comédienne française la plus populaire et sa prestation est souvent bouleversante. S’il s’inspire du mythe de Don Juan, René Clair emprunte aussi beaucoup à la littérature française du XIXe siècle, on ne peut d’ailleurs s’empêcher se penser à Maupassant ou à Stendhal, mélange les genres, pour au final livrer un superbe objet de cinéma, qui a sans doute un peu vieilli, mais dont le charme demeure inaltérable.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Les Grandes Manoeuvres, réalisé par René Clair »

Test Blu-ray / Maigret tend un piège, réalisé par Jean Delannoy

MAIGRET TEND UN PIÈGE réalisé par Jean Delannoy, disponible en édition Digibook – Blu-ray + DVD + Livret le 4 septembre 2020 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Jean Gabin, Annie Girardot, Jean Desailly, Gérard Sety, André Valmy, Olivier Hussenot, Lucienne Bogaert, Lino Ventura, Jean Tissier, Jeanne Boitel, Jean Debucourt, Paulette Dubost…

Scénario : Rodolphe-Maurice Arlaud, Michel Audiard & Jean Delannoy, d’après le roman de Georges Simenon.

Photographie : Louis Page

Musique : Paul Misraki

Durée : 1h54

Date de sortie initiale : 1958

LE FILM

Paris, 1957. Une série de meurtres met la police judiciaire en échec : quatre femmes ont déjà été retrouvées poignardées, leurs vêtements lacérés. Certain de la susceptibilité du coupable, le commissaire Maigret fait croire à son arrestation pour le pousser à se manifester.

En dehors de Jean Richard et de Bruno Cremer qui ont su marquer l’esprit des téléspectateurs en l’incarnant respectivement 23 ans et 14 ans, le Commissaire divisionnaire Maigret prend immédiatement les traits de Jean Gabin dans l’inconscient collectif concernant l’adaptation cinématographique des aventures du célèbre personnage créé par Georges Simenon. Le comédien l’aura en effet interprété à trois reprises dans Maigret tend un piège (Jean Delannoy, 1958), Maigret et l’Affaire Saint-Fiacre (Jean Delannoy, 1959) et Maigret voit rouge (Gilles Grangier, 1963). Pourtant, Pierre Renoir (le premier Maigret du cinéma dans La Nuit du Carrefour de Jean Renoir, 1932), Harry Baur (La Tête d’un homme, 1932, de Julien Duvivier), Charles Laughton (L’Homme de la tour Eiffel, 1949, de Burgess Meredith) et même Michel Simon (Brelan d’as, 1952, d’Henri Verneuil), s’étaient entre autres déjà emparés de ce rôle mythique. A la fin des années 1950, Jean Gabin est la plus grande star du cinéma français depuis son retour en grâce avec Touchez pas au grisbi (1954) de Jacques Becker. Le comédien multiplie les projets et les rôles divers, de French Cancan (1955) de Jean Renoir à Razzia sur la chnouf (1955) de Henri Decoin, en passant par ses collaborations avec Gilles Grangier (Gas-oil, 1955, Le Sang à la tête, 1956, Le Rouge est mis, 1957), sans oublier les merveilleux Des gens sans importance (1956) de Henri Verneuil, Voici le temps des assassins (1956) de Julien Duvivier et La Traversée de Paris (1956) de Claude Autant-Lara. Outre les deux films qu’il tourne avec Jean-Paul Le Chanois (Le Cas du docteur Laurent, 1957 et Les Misérables, 1958), Jean Gabin retrouve Jean Delannoy avec lequel il avait déjà tourné Chiens perdus sans collier en 1955, pour interpréter cette fois le commissaire Jules Maigret dans Maigret tend un piège, le premier de ses cinq triomphes au box-office en 1958 puisque le comédien attirera plus de 22 millions de français dans les salles cette année-là.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Maigret tend un piège, réalisé par Jean Delannoy »

Test Blu-ray / Le Baron de l’écluse, réalisé par Jean Delannoy

LE BARON DE L’ÉCLUSE réalisé par Jean Delannoy, disponible en Édition Digibook Blu-ray + DVD + Livret le 14 octobre 2019 chez Coin de mire Cinéma

Acteurs : Jean Gabin, Micheline Presle, Jean Desailly, Blanchette Brunoy, Jacques Castelot, Jean Constantin, Aimée Mortimer, Robert Dalban…

Scénario : Maurice Druon d’après une nouvelle de Georges Simenon

Photographie : Louis Page

Musique : Jean Prodromidès

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1960

LE FILM

Antoine, dit le Baron, héros de la Première Guerre mondiale et fauché, vit à Deauville de ressources passagères et en jouant au casino. Quand il commence à remporter quelques belles sommes et un yacht en guise de paiement, le Baron part pour Monte-Carlo avec Perle, maîtresse du milliardaire Saddokkan qui est aussi son ancienne amante. Mais sa chance risque de très vite tourner…

« Avec toi, on prend toujours des allers simples et des retours compliqués ».

L’une des collaborations les plus fructueuses et prolifiques de Jean Gabin reste celle entamée en 1952 avec le cinéaste Jean Delannoy (1908-2008). Six longs métrages en commun, six énormes succès populaires avec La Minute de vérité (1952), Chiens perdus sans collier (1955), Maigret tend un piège (1958), Maigret et l’Affaire Saint-Fiacre (1959), Le Baron de l’écluse (1960) et Le Soleil des voyous (1967), qui auront attiré plus de 18 millions de français dans les salles ! Dans la filmographie du comédien, Le Baron de l’écluse se situe entre Archimède le clochard de Gilles Grangier, Rue des prairies de Denys de la Patellière et Les Vieux de la vieille de Gilles Grangier. A la fin des années 1950, Jean Gabin semble vouloir s’amuser après quelques drames, par ailleurs sublimes, comme Des gens sans importance de Henri Verneuil, Voici le temps des assassins de Julien Duvivier, Les Misérables de Jean-Paul Le Chanois, Le Désordre et la Nuit de Gilles Grangier et Les Grandes familles de Denys de la Patellière. Après Archimède le clochard, triomphe au box-office de l’année 1959, Jean Gabin se glisse à nouveau dans la peau d’un personnage truculent, celui du baron Jérôme Napoléon Antoine. Merveilleux, explosif, roublard et d’une suprême élégance, le « Vieux » s’en donne à coeur joie, pour le plus grand bonheur des spectateurs et de ses admirateurs.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Le Baron de l’écluse, réalisé par Jean Delannoy »