Test Blu-ray / Bertha Boxcar, réalisé par Martin Scorsese

BERTHA BOXCAR (Boxcar Bertha) réalisé par Martin Scorsese, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 17 février 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : Barbara Hershey, David Carradine, Barry Primus, Bernie Casey, John Carradine, Victor Argo, David Osterhout, Grahame Pratt…

Scénario : Joyce Hooper Corrington & John William Corrington, d’après le livre de Ben L. Reitman

Photographie : John M. Stephens

Musique : Gib Guilbeau & Thad Maxwell

Durée : 1h25

Année de sortie : 1972

LE FILM

En Arkansas, pendant la Grande Dépression, Bertha Thompson assiste à la mort de son père. Seule, sans travail ni domicile, elle se déplace d’un coin à l’autre en utilisant les wagons de trains de marchandises. Elle fait la connaissance d’un syndicaliste révolté avec lequel elle va former un couple de pilleurs de trains.

Sorti en 1972, Bertha Boxcar (ou Boxcar Bertha en version originale), est considéré comme étant le premier « vrai » long-métrage de Martin Scorsese. Même s’il n’a pas du tout participé au scénario de ce film de commande produit par l’immense Roger Corman, le « Pape de la série B », qui avait repéré le talent de ce jeune italo-américain âgé d’à peine trente ans, grâce à son premier film Who’s That Knocking at My Door, le réalisateur y aborde beaucoup de thèmes qui lui seront chers par la suite. Nanti d’un budget assez modeste, Martin Scorsese parvient néanmoins à recréer les rivalités sociales, les conditions économiques, les couleurs et même les odeurs des années 1930. Bertha Boxcar est avant tout une histoire d’amour faisant évidemment penser à celle de Bonnie & Clyde, y compris dans son traitement qui rappelle furieusement l’énergie du film d’Arthur Penn qui avait déboulé sur les écrans cinq ans auparavant. Le metteur en scène s’attarde sur les conflits des petites gens face aux grands patrons exploitants, sur le racisme et l’antisémitisme ambiants et omniprésents, sur le rejet des laissés-pour-compte, dans un mélange étonnant et explosif de violence, de sexe et de sang. David Carradine et Barbara Hershey campent deux personnages rebelles, rêveurs, dont la naïveté a laissé place à une révolte intérieure qui se traduira par des actes punis par la loi. Oeuvre sans cesse inventive marquée par un montage rapide, très découpé et toujours fluide, à la musique country entraînante, Bertha Boxcar à défaut d’être un chef-d’oeuvre (mais cela viendra très vite après), témoigne déjà du sens indéniable du cadre, de la direction d’acteurs et du réalisme des situations qui en une seconde peut partir en éclats dans une déferlante d’hémoglobine. Non seulement Bertha Boxcar demeure une très agréable et passionnante curiosité pour les fans de Martin Scorsese, mais le film n’a pour ainsi dire pas vieilli, aussi bien sur le fond que sur la forme.

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Test Blu-ray / La Peine du talion, réalisé par Henry Levin

LA PEINE DU TALION (The Man from Colorado) réalisé par Henry Levin, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 12 février 2021 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Glenn Ford, William Holden, Ellen Drew, Ray Collins, Edgar Buchanan, Jerome Courtland, James Millican, Jim Bannon…

Scénario : Robert D. Andrews & Ben Maddow, d’après une histoire originale de Borden Chase

Photographie : William E. Snyder

Musique : George Duning

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 1948

LE FILM

De retour à la vie civile, Owen Devereaux, colonel de l’armée nordiste devient juge. Particulièrement sévère, le magistrat se met à dos les administrés de la petite ville où il officie. Son ancien adjoint Del Stewart, devenu shérif, rejoint bientôt les contestataires. Sa propre femme le quitte pour Del. Ivre de fureur, il se lance à leur poursuite.

Henry Levin (1909-1980) n’est pas un réalisateur qui a marqué l’histoire du cinéma, mais assurément l’esprit des spectateurs avec son chef d’oeuvre, Voyage au centre de la terreJourney to the Center of the Earth (1959), sublime adaptation du roman éponyme de Jules Verne, avec James Mason et Arlene Dahl. Ancien dialoguiste de renom pour le compte de la Columbia, le studio l’embauche comme metteur en scène. Eclectique et prolifique, passant du western au film noir ou aux récits d’aventures, Henry Levin démontrera son savoir-faire technique dans tous les genres, à défaut d’avoir su imposer une vision, un point de vue ou une âme. On peut citer en vrac trois comédies Un mari en laisse (1962) avec Sandra Dee, Come Fly with Me (1963) avec Karlheinz Böhm et Honeymoon Hotel (1964) avec Robert Goulet (sans sa moustache), la co-production américano-anglo-germano-yougoslave d’aventure Genghis Khan (1965) avec Omar Sharif (avec et sans moustache) et Françoise Dorléac, ou deux opus de la franchise Matt Helm avec Dean Martin (Bien joué Matt HelmMurderers’ Row et Matt Helm traqué The Ambushers, 1966-1967). Mais c’est dans le western qu’Henry Levin s’illustrera aussi avec Natchez The Gambler from Natchez (1954), La Haine des desperadosThe Desperados (1969) et bien avant cela avec La Peine du talion The Man from Colorado (1948). Si cette fois encore ce dernier ne brille pas par sa mise en scène, ce western vaut tout de même le coup d’oeil pour l’affrontement de ses deux têtes d’affiche, Glenn Ford (1916-2006) et William Holden (1918-1981), surtout pour le premier qui incarne un personnage froid comme la glace, impitoyable et sadique. William Holden n’a sans doute rien à lui envier certes, mais son rôle demeure classique dans le genre et il se laisse souvent voler la vedette par son partenaire, qui s’impose avec son visage fermé et son regard fiévreux. Par ailleurs, les deux comédiens s’étaient déjà donné la réplique sept ans auparavant dans Texas de George Marshall. Si le rythme est quelque peu poussif et que la première partie est plus réussie que la seconde, La Peine du talion reste un western qui a plus d’un atout dans sa manche pour attirer le spectateur friand du genre.

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Test DVD / Eva en août, réalisé par Jonás Trueba

EVA EN AOÛT (La Virgen de agosto) réalisé par Jonás Trueba, disponible en DVD le 20 janvier 2021 chez Arizona Distribution.

Acteurs : Itsaso Arana, Vito Sanz, Isabelle Stoffel, Joe Manjón, María Herrador, Luis Alberto Heras, Mikele Urroz, Naiara Carmona…

Scénario : Itsaso Arana & Jonás Trueba

Photographie : Santiago Racaj

Musique : Soleà Morente

Durée : 2h04

Année de sortie : 2020

LE FILM

Eva, 33 ans, décide de rester à Madrid pour le mois d’août, tandis que ses amis sont partis en vacances. Les jours s’écoulent dans une langueur madrilène festive et joyeuse et sont autant d’opportunités de rencontres pour la jeune femme.

Tous les ans au cinéma, apparaissent de nouveaux visages qui foudroient les sens. Une grâce, un érotisme latent, une douceur, un spleen qui donnent envie de traverser l’écran pour aller faire un bout de chemin avec un personnage. Dans Eva en août La Virgen de agosto, le cinquième long-métrage du réalisateur Jonás Trueba (né en 1981), Itsaso Arana s’impose instantanément. Sa peau diaphane, ses yeux de biche, ses lèvres couleur cerise, ses belles hanches noyées sous un jean taille haute. Une réaction chimique se crée d’emblée et le spectateur comprend que suivre ce personnage sera comme une parenthèse enchantée, où l’on prend Eva à un moment de son existence, et où on la laissera disparaître du cadre, sans tenter de la poursuivre, en lui souhaitant le meilleur. Et l’on ne se trompe pas. Inspiré par le cinéma d’Éric Rohmer, en particulier par le fabuleux Rayon vert, Eva en août est un magnifique portrait de femme qui arrive à un carrefour de sa vie, celui d’un premier bilan, où l’adolescence s’est bel et bien envolé pour laisser place à certains questionnements existentiels, comme le désir de maternité. Cette madrilène pur jus ne peut quitter Madrid (filmée comme un personnage à part entière) comme la plupart des habitants de la ville qui veulent échapper à la chaleur. Un carton en introduction indique que si Madrid se vide, ceux qui ne peuvent prendre la poudre d’escampette se mêlent aux touristes dans quelques bals populaires et pour participer aux trois fêtes du mois d’août, celles de San Cayetano, San Lorenzo et la Vierge de Paloma. Parmi ces fêtards, Eva, qui va bientôt avoir 33 ans, profite de l’été pour changer de quartier et s’installe pour le mois d’août dans l’appartement d’un ami, histoire de voir la ville sous un autre angle, peut-être pour la première fois. Nous suivrons donc Eva du premier au quinze août, à travers ses déambulations dans Madrid, au fil de ses rencontres, partageant avec elle les instants de légèreté, d’introspection, d’espoir et d’ennui, sans jamais la lâcher une seconde. Eva, c’est Itsaso Arana, également coscénariste avec Jonás Trueba, déjà à l’affiche de La Reconquista (2016) du même cinéaste, l’une des plus grandes révélations de l’année 2020. Une chose est sûre, on ne pourra pas oublier le personnage d’Eva après la projection et Eva en août est un film qui restera aussi bien dans la tête que dans le coeur.

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Test Blu-ray / Magic, réalisé par Richard Attenborough

MAGIC réalisé par Richard Attenborough, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret le 12 février 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : Anthony Hopkins, Ann-Margret, Burgess Meredith, Ed Lauter, E.J. André, Jerry Houser, David Ogden Stiers, Lillian Randolph…

Scénario : William Goldman, d’après son roman

Photographie : Victor J. Kemper

Musique : Jerry Goldsmith

Durée : 1h47

Année de sortie : 1978

LE FILM

Corky est magicien et ventriloque. Il devient célèbre en faisant des tours de magie avec « Fats », la marionnette qu’il manipule sur scène et qui est à la fois son complice et un double de lui-même. « Fats » dit tout haut les pensées secrètes de Gorky et fait rire les spectateurs. A un moment critique de sa carrière, Corky fait un break et se retire à la campagne pour retrouver Peggy, l’amour de sa jeunesse. Progressivement, Fats prend l’ascendant sur son maître et lui dicte sa conduite.

Si Anthony Hopkins est devenu une star planétaire pour son rôle d’Hannibal Lecter dans Le Silence des agneaux The Silence of the Lambs (1991) de Jonathan Demme, il aurait tout aussi bien pu le devenir près de quinze ans auparavant grâce à son extraordinaire prestation dans le désormais culte Magic, réalisé en 1978 par Richard Attenborough. Le thème du lien étroit, voire fusionnel entre un marionnettiste – ventriloque et sa créature avait déjà inspiré le cinéma, à l’instar de The Unholy Three (1925) de Tod Browning, avec Lon Chaney (qui reprendra le même rôle dans un remake éponyme réalisé par Jack Conwey en 1930), The Great Gabbo (1929) avec Erich von Stroheim dans le rôle-titre (ainsi que coréalisateur non mentionné), l’un des sketches – celui mis en scène par Alberto Cavalcanti – du film collectif Au coeur de la nuit Dead of Night (1945), la comédie Un grain de folieKnock on Wood (1954) du tandem Melvin Frank et Norman Panama, avec Danny Kaye, sans oublier La Poupée diabolique Devil Doll (1964) de Lindsay Shonteff. Bien avant Dead Silence de James Wan (2007) et autres poupées meurtrières à la Puppet Master, Magic, reste encore une référence du genre épouvante, une immense réussite, génialement filmé par un Richard Attenborough (1923-2014) pourtant peu emballé au départ et qui a surtout accepté contre la promesse qu’on le laisse faire Ghandi par la suite, et magi(c)stralement interprété par Anthony Hopkins, diablement charismatique. Ce bijou parvient à rendre réaliste son pantin avec une économie de moyens, grâce à une indéniable maîtrise du cadre (gros plans remarquables) et du rythme, tout comme le sérieux avec lequel le cinéaste, qui revenait à un sujet plus intimiste après trois grosses machines (Ah Dieu ! Que la guerre est jolieOh ! What A Lovely War, Les Griffes du Lion Young Winston et Un pont trop loin A Bridge Too Far, 1969, 1972, 1977) aborde cette histoire.

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Test Blu-ray / Golden Child : L’Enfant sacré du Tibet, réalisé par Michael Ritchie

GOLDEN CHILD : L’ENFANT SACRÉ DU TIBET (The Golden Child) réalisé par Michael Ritchie, disponible en Blu-ray le 6 janvier 2021 chez Paramount Pictures.

Acteurs : Eddie Murphy, J.L. Reate, Charlotte Lewis, Charles Dance, Victor Wong, Randall « Tex » Cobb, James Hong, Shakti Chen…

Scénario : Dennis Feldman

Photographie : Donald E. Thorin

Musique : Michel Colombier

Durée : 1h34

Année de sortie : 1986

LE FILM

Détective privé de Los Angeles spécialisé dans le rapt et les disparitions d’enfants, Chandler Farrell est contacté par une secte tibétaine pour retrouver l’Enfant Sacré qui a été enlevé par les sbires sataniques de Sardo Mumpsa. Il a d’abord du mal à croire la jolie Kee Nang, mais il se laisse convaincre et, après avoir été initié par la mystérieuse Kala et l’honorable Docteur Hong, il se lance dans une lutte particulièrement dangereuse.

Quand il tourne Golden Child : L’Enfant sacré du TibetThe Golden Child, Eddie Murphy, âgé de 25 ans est devenu l’une des plus grandes stars de la planète suite aux cartons successifs de 48 heures48 Hrs. (1982) de Walter Hill, Un fauteuil pour deuxTrading Places (1983) de John Landis et surtout Le Flic de Beverly Hills Beverly Hills Cop (1984) de Martin Brest. Le comédien a donc l’embarras du choix et jette son dévolu sur un scénario de Dennis Feldman, remarqué avec Just One of the Guys (1985) de Lisa Gottlieb, futur scénariste de La MutanteSpecies (1995) de Roger Donaldson et du mal aimé (à juste titre ?) Virus (1999) de John Bruno, avec Jamie Lee Curtis et Donald Sutherland. Cette fantaisie fantastique bourrée d’humour, d’action et d’aventures est surtout prétexte pour Eddie Murphy d’asseoir son statut en enchaînant les vannes et les éclats de rire, tout en jouant les héros. Si le film a pris un sacré coup de vieux au niveau des effets spéciaux, cette comédie fantastique demeure une vraie madeleine pour de très nombreux spectateurs qui l’ont découvert au cinéma ou pour celles et ceux qui ont grandi avec au fil des multiples diffusions à la télévision. Non seulement Golden Child : L’Enfant sacré du Tibet reste sans nul doute l’un des films les plus funs d’Eddie Murphy, mais les français peuvent également se délecter du doublage sensationnel de Med Hondo, explosif, qui a largement contribué (une fois de plus) à ériger le film de Michael Ritchie au rang des films cultes, à tel point que même le thème principal signé Michel Colombier servira plus tard de musique pour le générique de Téléfoot. Une référence du divertissement emblématique des années 1980, même si l’on est en droit de préférer Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin Big Trouble in Little China de John Carpenter, par ailleurs sorti la même année, surfant sur des thèmes et des motifs semblables. Mais on peut aussi aimer les deux et c’est même conseillé.

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Test Blu-ray / Les Charognards, réalisé par Don Medford

LES CHAROGNARDS (The Hunting Party) réalisé par Don Medford, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 12 février 2021 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Oliver Reed, Gene Hackman, Candice Bergen, Simon Oakland, Mitchell Ryan, Ronald Howard, L.Q. Jones, William Watson…

Scénario : William W. Norton, Gilbert Alexander & Lou Morheim

Photographie : Cecilio Paniagua

Musique : Riz Ortolani

Durée : 1h51

Date de sortie initiale : 1971

LE FILM

Redoutés dans toute la région, Frank Calder et sa bande de hors-la-loi font irruption dans le comté de Ruger, Texas. Son but : enlever une institutrice qui lui apprendrait à lire et écrire. Il ignore encore que son otage, la belle Melissa, est l’épouse de Brandt Ruger, le maître de la région qui ne connaît qu’une réponse : la loi du plus fort. Et, à la tête d’une petite armée, il se lance sur les traces de Calder et de ses hommes, déterminés à leur faire définitivement mordre la poussière…

En 1971, l’âge d’or du western américain est bel et bien révolu. Le Nouvel Hollywood est en plein essor et surtout le genre tel que nous l’avons connu a depuis été trituré, digéré, parodié même en Italie depuis l’avènement et le triomphe d’On l’appelle Trinita Lo chiamavano Trinità… d’Enzo Barboni en 1970. Les CharognardsThe Hunting Party, réalisé par Don Medford, arrive un peu par surprise en 1971 et s’avère non seulement un western très réussi, mais aussi sérieux, frontal, marqué par la violence emblématique de l’époque et tout droit héritée – entre autres – par les œuvres de Sam Peckinpah, en particulier La Horde Sauvage The Wild Bunch (1969), qui reste à n’en point douter LA référence du genre. Une fois n’est pas coutume, le titre français, Les Charognards donc, est très bien choisi et caractérise bien les personnages du film, même si l’intrigue révélera très vite que les rapaces ne sont pas ceux qu’on attendait. The Hunting Party est évidemment plus explicite, puisque le film oppose deux camps, l’un étant pris en chasse par l’autre, autrement dit Oliver Reed et sa bande poursuivis par Gene Hackman et les siens. Au centre, l’objet de cette traque, une femme, interprétée par la superbe Candice Bergen. Et c’est parti pour une poursuite de près de deux heures, marquée par quelques explosions impressionnantes de rage et d’animalité, parcourue par une réelle réflexion sur le caractère primitif de l’être humain, de l’homme plutôt, teintée d’humour (la célèbre séquence des pêches ingurgitées) et même d’émotions complètement inattendues. Un western à ne surtout pas manquer.

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Test Blu-ray / Tu es si jolie ce soir, réalisé par Jean-Pierre Mocky

TU ES SI JOLIE CE SOIR réalisé par Jean-Pierre Mocky, disponible en DVD et Blu-ray le 20 janvier 2021 chez ESC Editions.

Acteurs : Delphine Chanéac, Thierry Neuvic, Lola Dewaere, Laurent Biras, Christian Vadim, Lionel Abelanski, Francois Vincentelli, Jean-Pierre Mocky…

Scénario : Jean-Pierre Mocky & André Ruellan, d’après le roman The Way You Look Tonight de Carlene Thompson

Photographie : Jean-Paul Sergent

Musique : Vladimir Cosma

Durée : 1h39

Date de sortie initiale : 2015

LE FILM

On se marie pour le meilleur…et le pire. Déborah, jusque-là, n’a connu que le meilleur. Mère de deux beaux enfants, vie de rêve…Rien ne la préparait à la disparition brutale de son époux. Ce dernier, sans raison apparente, s’est volatilisé du jour au lendemain. Certes, il était parfois un peu absent, étrange, peu bavard et absorbé par le travail mais il était également fiable et solide. C’est du moins ce que pensait sa femme jusqu’ à ce que le doute s’installe…

Tu es si jolie ce soir est l’un des trois opus réalisés par Jean-Pierre Mocky sortis en 2015, avec Les Compagnons de la pomponette et Monsieur Cauchemar. C’est aussi la seconde fois que le réalisateur adapte un roman de Carlene Thompson, vingt ans après Noir comme le souvenir, avec Jane Birkin et Sabine Azéma. Soyons honnêtes d’emblée, ce n’est clairement pas ce que le prolifique Mocky a fait de mieux dans les années 2010 loin de là, et il s’agit peut-être même d’un de ses films les plus faibles parmi les 17 mis en scène dans sa dernière décennie. Mais pourtant, on ne peut pas s’empêcher d’avoir un faible pour ce mauvais roman de gare, qui en dépit de ses nombreux défauts, contient quand même quelques éléments attachants et réussis, à commencer tout d’abord par le charme, le talent et la belle présence de la comédienne Delphine Chanéac, aperçue en 2005 dans Brice de Nice de James Huth, où elle est remarquée et grâce auquel elle se voit confier le rôle-titre de la mini-série Laura, diffusée sur M6 l’été 2006. En 2010, le réalisateur de Cube, Vincenzo Natali, la choisit pour interpréter Dren, la créature de son film Splice, où elle a pour partenaire Adrien Brody et Sarah Polley. Jean-Pierre Mocky ne s’est pas trompé en lui confiant le rôle principal de son polar tout droit hérité des Séries Noires, où elle est impeccable et où sa beauté rappelle parfois celle de la suédoise Rebecca Ferguson. La comédienne élève le niveau du film et trône sur un casting impliqué, où l’on retrouve aussi Lola Dewaere, Thierry Neuvic, Christian Vadim, Lionel Abelanski, François Vincentelli et même Jean-Pierre Mocky lui-même vêtu d’une gabardine et d’un galurin d’un autre temps et qui prenait encore un plaisir évident à composer un personnage étrange, affublé ici d’une démarche boiteuse. Le sieur Mocky s’amuse à rendre tout ce beau petit monde suspect dans une histoire de meurtre, où la véritable identité de l’assassin peut d’ailleurs se deviner assez vite, mais s’évertue à rendre son histoire inutilement complexe, en partant dans tous les sens. Mais nous sommes en plein « Mocky Cinematic Universe » et Tu es si jolie ce soir comporte autant de qualités (comme par exemple la superbe composition de Vladimir Cosma) que de maladresses et c’est aussi pour cela qu’on l’aime.

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Test Blu-ray / Les Hordes, réalisé par Jean-Claude Missiaen

LES HORDES réalisé par Jean-Claude Missiaen, disponible en Coffret Prestige Ultra Collector – Blu-ray + DVD le 28 septembre 2020 chez Doriane Films.

Acteurs : François Dunoyer, Corinne Touzet, Souad Amidou, Simone Eine, Jean-Pierre Kalfon, Philippe Lemaire, Féodor Atkine, Michel Peyrelon, Philippe Laudenbach, Jean-Claude Bouillaud…

Scénario : Jacques Zelde, Joël Houssin, Jean-Luc Fromental, Daniel Riché et Jean-Claude Missiaen, d’après le roman de Jacques Zelde.

Photographie : Jean-Claude Vicquery

Musique : Bernie Bonvoisin

Durée : 5h46 (en 4 épisodes)

Date de diffusion : 1991

LA MINI-SÉRIE

Dans notre futur immédiat, les déclassés et les déshérités rançonnent les automobilistes. Ils forment des groupes paramilitaires afin de conquérir les villes… Ils se structurent en parti politique et deviennent graduellement un état dans l’Etat. Sous une fausse identité, un policier limogé infiltre le mouvement…

Jean-Claude Missiaen (né en 1939) a été à ses débuts critique et attaché de presse. Sa carrière au cinéma se résume rapidement, il est le réalisateur de trois grands polars des années 80 : Tir groupé (1982), Ronde de nuit (1984) et La Baston (1985). Par la suite, la télévision fait appel à son talent. Il met en scène en 1990 la mini-série d’anticipation culte Les Hordes, d’après le roman de Jacques Zelde. Ce thriller politique nous plonge dans le futur proche des villes, une voiture de police blindée semblant sortir tout droit de Mad Max nous fait découvrir une société qui n’a plus rien à voir avec celle que nous avons connue. Le chaos est omniprésent, les chiffres du chômage, de la criminalité et de la pauvreté battent des records. Il y a un écart entre cette population pauvre, obligée d’avoir recours à la violence pour survivre, et le Ministère avec une poignée de personnes qui vivent dans le confort, la richesse et le pouvoir. Les inégalités se creusent.

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Test Blu-ray / La Maison de la mort, réalisé par James Whale

LA MAISON DE LA MORT – UNE SOIRÉE ÉTRANGE (The Old Dark House) réalisé par James Whale, disponible en Blu-ray le 27 janvier 2021 chez Carlotta Films.

Acteurs : Boris Karloff, Gloria Stuart, Melvyn Douglas, Charles Laughton, Elspeth Dudgeon, Lilian Bond, Ernest Thesiger…

Scénario : Benn W. Levy d’après le roman de J.B. Priestley

Photographie : Arthur Edeson

Durée : 1h12

Date de sortie initiale : 1932

LE FILM

Surpris par un orage et une pluie diluvienne, des voyageurs égarés trouvent refuge dans une demeure lugubre, appartenant à l’étrange famille Femm. Ils y rencontrent d’inquiétants personnages : Horace, le blafard maître de maison, sa soeur Rebecca, sourde et religieuse obsessionnelle, ou encore Morgan, le domestique défiguré et muet, sujet à des crises de violence lorsqu’il boit. L’atmosphère est lourde et menaçante, la nuit s’annonce bien longue…

La Maison de la mort, également connu sous le titre Une soirée étrange, est un autre chef d’oeuvre de James Whale caché derrière son monument Frankenstein (1931). Réalisé juste avant L’Homme invisible (1933) et La Fiancée de Frankenstein (1935), The Old Dark House, sorti en 1932 et adapté du roman Dans la nuit de J. B. Priestley, réunit Melvyn Douglas, Charles Laughton, Ernest Thesiger et la superbe Gloria Stuart. Cette dernière est bien connue des spectateurs, même s’ils ne connaissent pas obligatoirement son nom, puisque l’actrice incarnera Rose âgée dans Titanic de James Cameron 65 ans plus tard ! Mais celui qui parvient à s’élever au-dessus du lot n’est autre que Boris Karloff, qui une fois de plus transcende un personnage en apparence limité grâce à son charisme hors-normes et son immense talent. Par ailleurs, le producteur Carl Laemmle Jr. a tenu à laisser une note d’intention à l’audience en avant-programme « Le Boris Karloff dans ce film est le même comédien qui a créé le monstre de Frankenstein. Cette explication vise à éviter tout litige éventuel, même si de tels litiges constituent un hommage à la grande versatilité de l’acteur ». Un message « nécessaire » si certains spectateurs auraient dans l’idée de se faire rembourser après la projection s’ils avaient vu le film sans reconnaître le comédien, il est vrai méconnaissable, mais sensationnel.

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Test Blu-ray / The Two Jakes, réalisé par Jack Nicholson

THE TWO JAKES réalisé par Jack Nicholson, disponible en Blu-ray le 6 janvier 2021 chez Paramount Pictures.

Acteurs : Jack Nicholson, Harvey Keitel, Meg Tilly, Madeleine Stowe, Eli Wallach, Rubén Blades, Frederic Forrest, David Keith, Joe Mantell, James Hong…

Scénario : Robert Towne

Photographie : Vilmos Zsigmond

Musique : Van Dyke Parks

Durée : 2h17

Année de sortie : 1990

LE FILM

A Los Angeles, en 1948, le promoteur immobilier Jake Berman s’attache les services du détective privé Jake Gittes pour déterminer la fidélité de sa femme Kitty. Les deux hommes mettent un plan sur pied et surprennent Kitty en flagrant délit d’adultère mais Gittes ne s’attendait pas à ce que Berman assassine l’amant de sa femme sous ses yeux.

Sorti en 1990, The Two Jakes est une curiosité à plus d’un titre. Premièrement, il s’agit d’une des rares fois où Jack Nicholson retrouve l’un de ses personnages pour la suite d’un de ses précédents succès, en l’occurrence ici celui de Jake Gittes, apparu seize ans plus tôt dans le triomphal Chinatown de Roman Polanski, l’autre étant Garrett Breedlove du diptyque Tendres PassionsTerms of Endearment (1983) de James L. Brooks et Étoile du soirThe Evening Star (1996) de Robert Harling. Deuxièmement, The Two Jakes est aussi l’un des films mis en scène par Jack Nicholson lui-même, à ce jour son troisième et dernier, après Vas-y, fonceDrive, He Said (1971) et En route vers le sudGoin’ South (1978), son quatrième si l’on tient compte de sa participation non créditée aux côtés de Roger Corman pour l’excellent L’Halluciné The Terror sorti en 1963. Bon, maintenant il est vrai que nous n’attendions sûrement pas cette séquelle du chef d’oeuvre absolu qui avait reçu onze nominations à la 47e cérémonie des Oscars en 1975, dernier film de Roman Polanski tourné aux États-Unis et récompensé de nombreuses fois, y compris par l’Oscar du meilleur scénario original, quatre Golden Globes et trois BAFTA. Ce qu’on oublie parfois, c’est qu’au début des années 1990, Jack Nicholson domine Hollywood grâce à son rôle du Joker qu’il vient d’incarner dans le Batman de Tim Burton. Il avait en effet accepté de participer à ce film sous certaines conditions, autrement dit un salaire mirobolant, mais aussi et surtout une partie des recettes du box office et des produits issus du merchandising. Batman devient le plus gros succès de l’année 1989 et l’ami Jack peut faire ce qu’il souhaite à l’âge de 52 ans. Contre toute attente, le comédien décide de repasser derrière la caméra et de reprendre le costume trois-pièces du détective privé Jack Gittes, pour la suite inattendue de Chinatown. The Two Jakes est également écrit par le scénariste Robert Towne (le script était d’ailleurs prêt depuis 1984), qui très tôt avait pensé faire une trilogie autour de ce personnage. Forcément, on ne peut s’empêcher de comparer The Two Jakes à son modèle, mais il apparaît vite que la mise en scène de Jack Nicholson ne peut rivaliser avec celle de Roman Polanski. Toutefois, ce film néo-noir comporte quelques éléments intéressants et même si l’intrigue demeure foncièrement obscure, pour ne pas dire hermétique, The Two Jakes mérite bien qu’on s’y attarde au moins une fois.

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