Test DVD / Éclairage intime, réalisé par Ivan Passer

ÉCLAIRAGE INTIME (Intimni osvětlení) réalisé par Ivan Passer, disponible en Édition Collector DVD depuis le 26 août 2020 chez Malavida Films.

Acteurs : Karel Blazek, Zdenek Bezusek, Vera Kresadlova, Jaroslava Stedra, Jan Vostcil, Vlastimila Vlkova, Miroslav Cvrk…

Scénario : Ivan Passer, Jaroslav Papousek et Vaclav Sasek.

Photographie : Miroslav Ondricek et Josef Strecha

Musique : Oldrich Korte et Joseph Hart

Durée : 1h11

Date de sortie initiale: 1965

LE FILM

Petr et Bambas sont d’anciens camarades de conservatoire. Soliste violoncelliste à Prague, Petr vient donner un concert dans la ville où Bambas, directeur d’une école de musique, l’a invité pour compléter l’orchestre local. Il accueille Petr et sa compagne chez lui, où il vit avec femme, enfants et beaux-parents. Les retrouvailles sont cocasses…

Ivan Passer (1933-2020) est une grande figure de la Nouvelle Vague tchécoslovaque, un courant cinématographique né dans les années 1960, avant le Printemps de Prague. Durant cette période, des réalisateurs comme Milos Forman, Vera Chytilova ou encore Jiri Menzel percent dans le cinéma avec des premiers films. En 1965, Ivan Passer met en scène son premier long-métrage intitulé Eclairage intimeIntimni osvetleni.

Le scénario n’a pas réellement de ligne directrice mais arrive à nous toucher par sa simplicité. Le long-métrage se déroule sur deux jours durant lesquels nous suivons le quotidien d’une famille ordinaire installée dans un petit village. Ivan Passer dresse les portraits d’une galerie de personnages qu’il rend tous attachants comme Bambas, le personnage principal, un chef d’orchestre méticuleux. Il y a aussi ce grand-père amusant qui raconte dans une scène comment un enterrement doit se dérouler afin de réussir à faire pleurer les participants.

Toutes les scènes ont une pointe d’humour cocasse. Il y a par exemple celle qui se passe dans un café où les habitants prennent une cuite et chantent après avoir participé à un enterrement ou celle d’un garage transformé en poulailler. Les dialogues font sourire comme celui-ci : « – Moi, un jour, j’ai sauté de trois fois plus haut, d’un premier étage. Mais au sol, pas de coton, c’était du béton. Ça a fait du bruit quand je suis tombé, j’avais les pieds en sang – C’était quoi comme chaussures ? – Ah, les chaussures étaient solides. Seulement, je les tenais à la main. »

Éclairage intime a un ton léger et la musique omniprésente vient apporter une ambiance poétique. Après un repas, chaque musicien de la famille se met à jouer de son instrument afin de répéter pour le concert. Il se dégage de ce film une bonne humeur communicative. Le personnage principal féminin, du nom de Stepa, est pleine de vie. Ils sont tous des bons vivants, des épicuriens qui profitent simplement des joies de la vie. Ils habitent à la campagne, boivent, rient, dorment, mangent et jouent de la musique.

Dans ce film, il n’y a aucun acteur professionnel. Tous ont été recrutés dans la rue par le réalisateur. Vera Kresadlova et Jan Vostrcil ont refait du cinéma par la suite sans vraiment faire carrière. Bien qu’ils n’aient pas fait une formation d’acteur, ils sont tous naturels à l’écran. Ils ne jouent pas, ils sont les personnages. La réalisation comporte des plans assez longs permettant aux acteurs d’entrer plus facilement dans leurs rôles. Peu de prises ont dû être faites pour garder la fraîcheur de leur interprétation. Ivan Passer a tourné le film dans des décors naturels, même les intérieurs. Cela donne au long-métrage une authenticité incroyable.

Éclairage intime a reçu le Special Award lors de la US Critics Awards en 1970. Il a été bien reçu par les critiques nationaux et étrangers et est devenu un film majeur de la Nouvelle Vague tchèque. Ce film arrive à surprendre et à transmettre de la joie avec sa simplicité. Suite à la répression du Printemps de Prague en 1968, Ivan Passer quitte son pays et poursuit sa carrière aux États-Unis où il réalisera notamment le très célèbre Cutter’s Way avec Jeff Bridges en 1981.

LE DVD

Le DVD du film Éclairage intime est disponible chez Malavida dans une édition collector limitée à 1000 exemplaires, après une première édition remontant à 2009. Le visuel de la jaquette est superbe, avec le dessin de cinq personnages sortant d’une énorme trompette. Le menu est animé, reprenant le dessin de la jaquette et musical avec la bande originale du film.

Les bonus comportent un court-métrage d’Ivan Passer datant de 1965 intitulé Un fade après-midiFadni odpoledne (14′) visible en VOSTFR. Nous retrouvons dans ce film l’ambiance d’un café, avec des femmes qui chantent, un homme attablé devant une bière et des joueurs de billard. Des discussions tournent autour du foot et de la jeunesse décadente actuelle. Mais une belle femme qui passe devant l’établissement vient troubler la conversation. Dans ce film, le style d’Ivan Passer est déjà présent.

Le deuxième supplément est une interview d’Ivan Passer (25′) datant de 2015. Ce dernier revient sur son parcours. Il raconte sa fuite avec Milos Forman pour les États-Unis, une histoire palpitante, digne d’un scénario de film. Il y a ensuite une rencontre entre Ivan Passer et le public après la projection de son film dans un cinéma. Il raconte la naissance d’Éclairage intime, en indiquant que les studios n’étaient pas satisfaits du scénario, mais avaient tout de même décidé de lui faire confiance. Il dévoile comment s’est passée la première projection avec le directeur du studio qui a détesté le résultat. Malgré tout, le film a été un succès et a reçu de bonnes critiques. Avec le temps, il est devenu important. Il parle ensuite de sa collaboration avec Milos Forman aux États-Unis. Ivan Passer raconte aussi avoir repéré Burt Young et Robert De Niro, alors inconnus. Cela se termine par une courte présentation du film par le critique Édouard Waintrop avant qu’Ivan Passer aborde l’évolution du scénario et l’importance de ce long-métrage dans sa carrière.

Cette édition comporte également un livret de 20 pages où vous retrouverez une interview d’Ivan Passer par Antonin Liehm qui a été réalisée entre 1969 et 1972. Ivan Passe y livre la vision de son métier, une réflexion sur l’art et une analyse du cinéma.

L’image et le son

Déjà édité en 2009 par Malavida, Éclairage intime a eu droit à une nouvelle restauration. Les poussières ont été éradiquées. La photographie peut être pleinement appréciée. Le noir et blanc est sublime. Le travail sur le piqué a été soigné. Le format est en 4/3, ce qui respecte l’image du film. Ce master offre des conditions de visionnage agréables.

Le film est disponible en version originale en Dolby Digital mono 2.0. Aucune piste française n’est présente, le film n’ayant sans doute jamais été doublé dans notre langue. De temps en temps, il arrive que la musique soit trop forte par rapport aux voix. Malgré tout, la restauration du son permet par exemple d’écouter le vent dans un champs de blé, ce qui permet de s’immerger pleinement dans le film.

Crédits images : © Malavida Films / Critique du film et chronique du DVD réalisées par Jérémy Joly / Captures DVD : Jérémy Joly pour Homepopcorn.fr

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