Test Blu-ray / Shadow in the Cloud, réalisé par Roseanne Liang

SHADOW IN THE CLOUD réalisé par Roseanne Liang, disponible en DVD et Blu-ray le 15 avril 2021 chez Metropolitan Films.

Acteurs : Chloë Grace Moretz, Nick Robinson, Beulah Koale, Taylor John Smith, Callan Mulvey, Benedict Wall, Byron Coll, Joe Witkowski…

Scénario : Max Landis & Roseanne Liang

Photographie : Kit Fraser

Musique : Mahuia Bridgman-Cooper

Durée : 1h23

Date de sortie initiale : 2020

LE FILM

Pendant la Seconde Guerre mondiale, une jeune mécanicienne voyageant avec des documents top secret à bord d’un bombardier B-17 est confrontée à une présence maléfique qui risque de compromettre sa périlleuse mission.

Débranchez votre cerveau pendant 1h15 et attachez votre ceinture ! Shadow in the Cloud va vous clouer à votre fauteuil du début à la fin, si vous avez toutefois décidé de vous laisser porter par ce très étrange mélange des genres, complètement assumé, un gros délire formidablement mis en scène, aussi improbable que foncièrement jouissif. Car si le contexte historique est crédible, tout le reste ne l’est pas et c’est voulu ainsi. Huis clos, film de guerre, d’action et d’épouvante, le tout saupoudré d’un discours post-#MeToo (l’ironie étant que le scénario ait été écrit à l’origine par Max Landis, écarté du film pour harcèlement sexuel), Shadow in the Cloud, le second long-métrage de la réalisatrice Roseanne Liang après My Wedding and Others Secrets, entré dans l’histoire pour avoir été le film néo-zélandais le plus rentable en son pays en 2011, est un immense divertissement mené sans aucun temps mort, génialement interprété par Chloë Grace Moretz que la caméra ne lâche pas une seule seconde. Vous cherchez un spectacle sans prise de tête, qui vous donnera l’impression d’embarquer à bord de montagnes russes ? Vous l’avez trouvé !

Alors que la Seconde Guerre mondiale bat son plein, en Nouvelle-Zélande, la jeune Maude Garrett embarque à bord d’un bombardier Boeing B-17 Flying Fortress. Elle est chargée du transport de documents top secret qu’elle doit emmener à Samoa. Outre la menace des puissances de l’Axe, le danger vient aussi de l’intérieur. À bord de l’appareil, Maude et les soldats vont devoir affronter une mystérieuse créature particulièrement agressive.

Be Safe ! Shape You ! Stay on Task ! Keep our skies safe !

Depuis ses débuts en 2005 dans Amityville – The Amityville Horror d’Andrew Douglas, remake du film éponyme de Stuart Rosenberg, Chloë Grace Moretz, née en 1997, n’a jamais arrêté de tourner et compte plus de 70 participations à des films, téléfilms, séries et jeux vidéo. Celle qui est déjà apparue chez Marc Webb ((500) jours ensemble), Matthew Vaughn (Kick-Ass), Matt Reeves (Laisse-moi entrer), Martin Scorsese (Hugo Cabret), Tim Burton (Dark Shadows), Olivier Assayas (Sils Maria) et Antoine Fuqua (Equalizer) s’est ensuite quelque peu perdue comme dernièrement dans le Suspiria de Luca Guadagnino ou d’autres productions plus confidentielles passées inaperçues. Dans Shadow in the Cloud, elle reprend du poil de la bête. Durant près d’une heure, la comédienne est quasiment seule présente à l’écran. Après une rapide présentation de l’équipage masculin, la mystérieuse Maude Garrett est placée dans la tourelle ventrale d’un bombardier B-17 en raison du manque de place dans la carlingue. Du coup, la jeune femme et la caméra s’immiscent difficilement dans cette bulle en ferraille déglinguée, un aquarium suspendu au-dessus du vide où le spectateur va donc rester en sa compagnie au cours de la première partie. On pense au récent et navrant Oxygène d’Alexandra Aja, dans lequel la pitoyable Mélanie Laurent entrait en hyperventilation dans son caisson où elle appelait à l’aide de sa voix de marchande de poisson, sauf que Chloë Moretz est une comédienne d’une bien autre trempe. Son charisme très singulier, son jeu intense et impliqué, ses réactions en entendant toutes les saloperies dispensées à son égard par l’équipage formé par les mecs chauds comme la b(r)aise (que l’on entend uniquement à travers la radio) laissent pantois d’admiration.

Cette excellente performance est tout d’un coup perturbée par l’apparition d’une ombre dans les nuages (d’où le titre original) qui ressemble à s’y méprendre à celle d’une légende urbaine, le Gremlin, née en Grande-Bretagne durant la Seconde Guerre mondiale. Un cartoon en introduction indique aux spectateurs d’où proviendrait cette créature imaginaire (ou pas) farceuse de la taille d’un lutin, dont la spécialité est de s’attaquer à la mécanique aéronautique. En fait, ce Gremlin était en réalité le bouc-émissaire servant aux pilotes de la Royal Air Force pour justifier les incidents ou avaries de machine dont ils étaient victimes. Ce « personnage » sera entre autres adopté par la série La Quatrième Dimension, avant d’être repris dans le film collectif du même nom réalisé en 1983, dans le segment mis en scène par George Miller. Mais le Gremlin, avant d’être immortalisé par Joe Dante, était aussi et avant tout une œuvre de l’écrivain Roald Dahl (ancien pilote de la RAF), qui en 1943 avait consacré un roman à ce personnage, suite à une commande de Walt Disney qui envisageait d’y consacrer un long métrage d’animation qui ne verra finalement pas le jour. Dans Shadow in the Cloud, le Gremlin devient le principal ennemi de Maude et de son équipage, alors que les japonais apparaissent soudainement dans le ciel et tentent de les faire exploser en plein vol. Et attendez, ce n’est pas encore terminé ! En effet, en embarquant dans le B-17, Maude a dû confier une sacoche qu’elle portait en bandoulière à l’un des membres du bombardier, n’ayant pu entrer avec dans sa tourelle. Ce paquet au contenu classé confidentiel ne doit être ouvert sous aucun prétexte dit-elle, sous peine de finir devant la Cour Martiale. Que contient-il ?

Quand le Gremlin décide de s’en prendre à notre cher équipage, Shadow in the Cloud prend une autre tournure et c’est précisément là que ça passe ou ça casse pour les spectateurs. Si la sauce ne prend pas, alors inutile d’insister et vous pourrez donc arrêter le film. Si toutefois vous avez pris ce virage avec succès, il est indéniable que vous serez embarqués jusqu’au dénouement, puisque la cinéaste Roseanne Liang passe la vitesse supérieure en enchaînant les séquences d’affrontements et de sauvetage sans laisser le temps à l’audience de reprendre son souffle. Les effets spéciaux, concoctés par les artistes de WETA, sont très réussis, même si le budget de Shadow in the Cloud n’excède probablement pas le montant des factures de téléphone du Seigneur des Anneaux. Autre élément qui participe également à la réussite du film, la sublime bande originale signée Mahuia Bridgman-Cooper, vraisemblablement d’inspiration carpentierienne. Un des meilleurs scores que l’on ait pu entendre depuis longtemps.

Shadow in the Cloud est un ride qui a de la gueule (photo de Kit Fraser), qui séduit autant les yeux que votre âme de grand enfant. Car le film de Roseanne Liang n’est pas à prendre au sérieux et doit être pris pour ce qu’il est, une distraction, une attraction de fête foraine, essence même du cinéma crée et imaginé par Georges Méliès. On en redemande !

LE BLU-RAY

Privé d’une sortie dans les salles en raison de cette put… de pandémie, Shadow in the Cloud peut heureusement compter sur les bons soins de Metropolitan Vidéo, qui propose le film de Roseanne Liang en DVD et Blu-ray dans nos contrées. Le visuel hérité de l’affiche américaine n’est guère attractif en revanche…Le menu principal est animé et musical.

Le making of (18’) croise en réalité les interviews du producteur Tom Hern, de la réalisatrice Roseanne Liang et de la comédienne Chloë Grace Moretz. Ne comptez pas sur les trois intervenants pour évoquer l’éviction du scénariste Max Landis, accusé de harcèlement sexuel et renvoyé du film ! Ici, les propos se focalisent surtout les difficultés à trouver le parfait mélange des genres, quitte à déstabiliser les spectateurs après avoir passé plus de 45 minutes en compagnie du personnage principal dans sa cabine microscopique. L’histoire, la, psychologie de Maude, la création du monstre par WETA, la légende du Gremlin et les conditions de tournage sont abordés au cours de ce module.

Nous passons ensuite à une très rapide visite du studio à Albany (3’) en compagnie du comédien Benedict Wall (Tommy Dorn dans le film), qui nous présente le décor principal de Shadow in the Cloud.

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces.

L’Image et le film

Metropolitan prend soin de ce titre avec un master haut de gamme. Sans surprise, la copie se révèle propre et tire agréablement partie de la HD avec des teintes froides, une palette chromatique spécifique, le tout soutenu par un solide encodage. Le piqué, tout comme les contrastes, sont souvent tranchants, les arrière-plans sont détaillés, le relief plaisant, les noirs denses et les détails foisonnants. Hormis quelques légers fléchissements de la définition sur les scènes sombres et une incrustation des effets visuels assez visible, cette édition Blu-ray offre de fabuleuses conditions pour découvrir Shadow in the Cloud.

Si la piste française DTS-HD Master Audio 5.1 se révèle plus rentre-dedans que son homologue anglaise, les deux versions font quasiment match nul en ce qui concerne la délivrance des explosives ambiances sur les enceintes latérales, la restitution des dialogues et la balance frontale. Le spectateur est autant plongé dans l’intimité de la tourelle qu’au milieu des déflagrations multiples de la seconde partie, la spatialisation reste solide tout du long et le caisson de basses est utilisé à bon escient. Sans surprise, la version originale l’emporte de peu sur l’homogénéité et la fluidité acoustique.

Crédits images : © Metropolitan FilmExport / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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