LA REINE BLANCHE réalisé par Jean-Loup Hubert, disponible en DVD & Blu-ray le 26 novembre 2024 chez Tamasa Distribution.
Acteurs : Catherine Deneuve, Richard Bohringer, Bernard Giraudeau, Jean Carmet, Laure Moutoussamy, Isabelle Carré, Muriel Pultar, Geneviève Fontanel…
Scénario : Jean-Loup Hubert
Photographie : Claude Lecomte
Musique : Georges Delerue
Durée : 1h59
Date de sortie initiale : 1991
LE FILM
1960. Confrontée au retour d’Yvon, Liliane, mariée à Jean, a besoin de comprendre : pourquoi ce départ précipité vingt ans plus tôt ? Jean, de son côté, se sent menacé. Il n’a pas oublié que son ami d’enfance était lui aussi amoureux de Liliane avant de disparaître mystérieusement.
La Reine blanche devait à nouveau réunir au cinéma Catherine Deneuve et Gérard Depardieu. Suite à un empêchement de dernière minute, ce dernier devait finalement laisser sa place à Richard Bohringer, qui tournait ici pour la troisième et dernière fois pour Jean-Loup Hubert, après Le Grand chemin et Après la guerre. « La Reine blanche » c’est dans le film la reine du carnaval de Nantes, le titre de reine de beauté locale que Liliane Soulas remporta dans sa jeunesse. Une élection et donc un prix qui a marqué à vie les esprits en raison de l’ immense beauté de la jeune femme, qui n’a jamais été égalée depuis. Mais le titre de « Reine » est aussi celui de Catherine Deneuve sur le cinéma français et bénéficier de cette royale comédienne en haut de l’affiche de son film est assurément un aboutissement pour Jean-Loup Hubert. Si rétrospectivement La Reine blanche apparaît comme une œuvre plus classique, ce long-métrage n’en reste pas moins une belle réussite, toujours inspiré par de nombreux éléments autobiographiques liés aux souvenirs d’enfance du cinéaste.
LE DIABLE PAR LA QUEUE réalisé par Philippe de Broca, disponible en DVD & Blu-ray le 4 février 2025 chez Coin de Mire Cinéma.
Acteurs : Yves Montand, Madeleine Renaud, Maria Schell, Jean Rochefort, Jean-Pierre Marielle, Clotilde Joano, Claude Piéplu, Marthe Keller, Jacques Balutin, Pierre Tornade, Xavier Gélin, Tanya Lopert …
Scénario : Daniel Boulanger & Philippe de Broca
Photographie : Jean Penzer
Musique : Georges Delerue
Durée : 1h34
Date de sortie initiale : 1969
LE FILM
Dans un château délabré du XVIIe siècle, propriété d’une famille de nobles désargentés, on attire les touristes avec la complicité du garagiste local amoureux de la petite-fille de la châtelaine. Jusqu’au jour où arrivent un séduisant gangster et ses deux complices qui transportent le butin de leur dernier méfait. La famille de châtelains n’a aucunement l’intention de laisser passer une pareille aubaine. Et le gangster est-il vraiment si pressé de partir ?
Après le très grave échec du pourtant merveilleuxRoi de coeur (140.000 entrées…), Philippe de Broca participe au film à sketches Le Plus Vieux Métier du monde, aux côtés (entre autres) de Claude Autant-Lara, Jean-Luc Godard et Mauro Bolognini. Puis, alors que les événements de mai 68 déferlent en France et sur le reste de l’Europe, le réalisateur écrit avec son complice Daniel Boulanger, Le Diable par la queue, scénario auquel participe également Claude Sautet. Les inconditionnels du cinéma de Philippe de Broca, et Dieu sait s’il y en a, ont toujours eu une immense affection pour Le Diable par la queue, qui certes n’est pas et ne sera jamais le plus célèbre opus de son auteur, mais qui reste emblématique de son univers. Quand le cinéaste ne collaborait pas avec Jean-Paul Belmondo ou Jean-Pierre Cassel, le collectif primait devant et derrière sa caméra. Pour Le Diable par la queue, si l’affiche d’exploitation demeure uniquement concentrée sur Yves Montand, Philippe de Broca réunit aux côtés de sa star une de ses plus belles distribution avec rien de moins que Xavier Gélin, Jean-Pierre Marielle, Maria Schell, Marthe Keller, Madeleine Renaud, Jean Rochefort, Clotilde Joano, Tanya Lopert, Claude Piéplu…tous se délectant de répliques savoureuses écrites au fiel. Personne n’est épargné dans Le Diable par la queue, les nobles, même si ceux-ci sont désargentés, sont de fabuleux escrocs et font jeu égal avec les criminels qu’ils hébergent malgré-eux, ce qui donne lieu à un face-à-face jubilatoire où les plus salopards l’emporteront. Comme bien souvent chez Philippe de Broca, son film fait l’effet dévastateur d’une tornade qui ravage tout sur son passage, autrement dit le coeur et l’âme des spectateurs.
GARDE A VUEréalisé par Claude Miller,disponible en Combo Blu-ray + 4K UHD le 3 décembre 2024chez Rimini Éditions.
Acteurs : Lino Ventura, Michel Serrault, Romy Schneider, Guy Marchand, Michel Such, Elsa Lunghini…
Scénario : Claude Miller, Jean Herman, Michel Audiard d’après le roman A table ! de John Wainwright
Photographie : Bruno Nuytten
Musique : Georges Delerue
Durée : 1h27
Date de sortie initiale: 1981
LE FILM
Le soir du 31 décembre, Jérôme Martinaud, un notaire, est convoqué au commissariat afin de témoigner sur l’assassinat et le viol de deux petites filles. Les inspecteurs Gallien et Belmont, persuadés de la culpabilité du notable, le mettent en garde à vue. Gallien essaye à tout prix de le faire avouer mais malgré tout, l’affaire piétine. C’est alors que Madame Martinaud, la femme du suspect, fait un témoignage décisif pour l’enquête.
Emblématique du cinéma d’auteur populaire, Garde à vue de Claude Miller, adapté du roman noir Brainwash – A table ! de John Wainwright, demeure une référence du genre policier à huis clos. Lino Ventura, Michel Serrault, Guy Marchand et Romy Schneider s’affrontent durant 1h25, la plupart du temps enfermés dans les bureaux de la police. Le premier campe un inspecteur usé, fatigué, les épaules basses et les yeux tombants, qui convoque le second, notaire renommé de province. Il est 21h le soir de la Saint Sylvestre, il pleut à verse. Alors que le divisionnaire réveillonne avec tout le gratin dans l’annexe de la Préfecture de police, Gallien (Ventura) rejoint son bureau où l’attendent déjà son adjoint Belmont (Guy Marchand), chargé de transcrire l’interrogatoire mais qui ronge son frein face à la légèreté et l’arrogance du suspect, et Martinaud, vêtu d’un smoking. Ce dernier est passé de témoin à principal suspect dans le cadre d’une affaire de double meurtre et de viol. Deux fillettes sont mortes à quelques jours d’intervalle. Martinaud commence à perdre patience face aux questions de Gallien. Sous la pression de ce dernier, il perd le fil de son témoignage et se contredit. Persuadé que Martinaud ment et alors que ce dernier décide de partir, Gallien le retient en le mettant en garde à vue. La soirée ne fait que commencer et la nuit sera même très longue.
L’HOMME DE RIO réalisé par Philippe de Broca, disponible en DVD, Blu-ray & 4K Ultra HD + Blu-ray le 23 mars 2024 chez Coin de Mire Cinéma.
Acteurs : Jean-Paul Belmondo, Françoise Dorléac, Jean Servais, Roger Dumas, Daniel Ceccaldi, Adolfo Celi, Milton Ribeiro, Simone Renant…
Scénario : Jean-Paul Rappeneau, Ariane Mnouchkine, Daniel Boulanger & Philippe de Broca
Photographie : Edmond Séchan
Musique : Georges Delerue
Durée : 2h05
Date de sortie initiale : 1964
LE FILM
Adrien Dufourquet, un jeune soldat en permission, assiste, impuissant, à l’enlèvement de sa fiancée Agnès Villermosa par deux inconnus. Parallèlement, une statuette brésilienne d’une valeur inestimable est volée au musée de l’Homme. Sans réfléchir une seconde, Adrien se lance à la poursuite des ravisseurs de sa bien-aimée en montant clandestinement à bord d’un avion à destination de Rio de Janeiro. Sur place, il parvient à délivrer Agnès, complètement droguée. Mais le professeur Catalan envoie ses hommes enlever à nouveau Agnès après avoir dérobé la fameuse statuette à un riche homme d’affaires. Adrien vole à son secours dans la forêt amazonienne…
Soixante ans après sa sortie, que peut-on dire de nouveau sur L’Homme de Rio ? Cette adaptation peu dissimulée des Aventures des Tintin est et demeure LA référence du film d’aventures à la française (avec du sang belge dans les veines donc), étonnamment peu copiée, car il aurait fallu se lever de bonne heure pour l’égaler. Alors qu’il planchait sur la transposition cinématographique live des albums d’Hergé, Philippe de Broca, qui sortait du grand succès de Cartouche, abandonne ce projet original de Tintin et le Mystère de La Toison d’or, qui sera finalement réalisé par Jean-Jacques Vierne, pour plancher sur une sorte de détournement personnel, qui reprendra les codes et les motifs des albums du célèbre reporter et de son chien Milou. En effet, persuadé que le résultat ne sera jamais aussi bon à l’écran qu’à travers les cases de la BD et ce même après avoir déniché l’acteur Jean-Pierre Talbot qui interprétera Tintin en chair et en os, Philippe de Broca imagine un autre personnage calqué sur son modèle, ou presque, qui se lance à la poursuite de sa bien-aimée kidnappée et emmenée à l’autre bout de monde, avant de plonger dans une histoire quasi-fantastique et blindée de rebondissements. Ainsi naquit L’Homme de Rio, coécrit par le réalisateur lui-même avec son complice Jean-Paul Rappeneau, Daniel Boulanger et Ariane Mnouchkine. Porté par Jean-Paul Belmondo, omniprésent en 1964, délaissant momentanément la Nouvelle vague pour se consacrer au cinéma populaire (Cent Mille Dollars au soleil, Échappement libre, La Chasse à l’hommeet Week-end à Zuydcoote sortent à quelques semaines d’intervalle) et la sublime Françoise Dorléac, alors au mi-temps de sa carrière éphémère qui allait être brisée des suites d’un accident de voiture qui l’emportera à l’âge de 25 ans, L’Homme de Rio est un film intemporel, un spectacle pour toute la famille, un chef d’oeuvre à voir et à revoir jusqu’à la fin des temps.
CLASSE TOUS RISQUES réalisé par Claude Sautet, disponible en DVD, Blu-ray & 4K Ultra HD + Blu-ray le 23 mars 2024 chez Coin de Mire Cinéma.
Acteurs : Lino Ventura, Jean-Paul Belmondo, Sandra Milo, Jean Servais, Marcel Dalio, Bernard Dheran, Michel Ardan, Michele Meritz, Claude Cerval, Jacques Dacqmine…
Scénario : Claude Sautet, José Giovanni & Pascal Jardin, d’après le roman de José Giovanni
Photographie : Ghislain Cloquet
Musique : Georges Delerue
Durée : 1h49
Date de sortie initiale : 1960
LE FILM
Gangster condamné à mort par contumace et recherché activement par la police, Abel Davos s’est réfugié depuis une douzaine d’années en Italie avec sa femme Thérèse et ses deux enfants, où il poursuit ses coupables activités. Mais après un dernier hold-up réussi avec son ami Raymond, sur le point d’être retrouvé, il doit rentrer clandestinement en France par la mer. En débarquant sur une plage déserte, deux douaniers les surprennent, provoquant une fusillade tuant Thérèse et Raymond. Resté seul avec ses enfants, Abel fait appel à ses amis Riton et Fargier, à Paris pour venir les chercher à Nice, qui ne peuvent venir eux-mêmes mais lui envoient un homme sûr, Éric Stark, avec une ambulance. Davos se lie d’amitié avec le jeune homme, qui le cache dans une chambre de bonne de son immeuble…
À la base de Classe tous risques, il y a un roman de José Giovanni, édité en 1958, qui s’inspirait des dernières années de cavale d’Abel Danos (que l’écrivain avait côtoyé à la prison de la Santé), surnommé le Bel Abel ou le « Mammouth » en raison de sa forte corpulence, malfaiteur, membre du Milieu et membre de la Gestapo française dite La Carlingue, où il était alors connu pour ses méthodes aussi expéditives que brutales. C’est Lino Ventura lui-même qui est venu se « vendre » auprès de l’écrivain et ancien gangster, en lui indiquant qu’il était fait pour le rôle et que son ami Claude Sautet désirait faire de son livre un film. À la fin des années 1950, le comédien commence à faire sa place dans le cinéma français, mais sa silhouette trapue et son charisme de dur à cuire est aussi remarquée qu’appréciée de plus en plus par les cinéastes et surtout par les spectateurs, depuis sa découverte dans Touchez pas au grisbi, triomphe de 1954 qui avait replacé Jean Gabin sur son trône. Lino Ventura apparaît dans autant de films que de succès, de Razzia sur la chnouf à 125 rue Montmartre, en passant par Un témoin dans la ville, Marie-Octobre, Ces dames préfèrent le mambo…petit à petit, le nom de l’acteur se hisse en haut de l’affiche. Le Gorille vous salue bien de Bernard Borderie et Le Fauve est lâché de Maurice Labro (sur lequel Ventura rencontre Sautet) prouvent que des productions peuvent enfin se monter sur son charisme, son talent et sa carrure. Avec Classe tous risques, Lino Ventura passe la vitesse supérieure et son personnage anticipe déjà celui qu’il tiendra dans Le Deuxième souffle de Jean-Pierre Melville, autre transposition d’un ouvrage de José Giovanni. Merveilleusement mis en scène par un Claude Sautet enfin en possession de ses moyens après un premier long-métrage Bonjour sourire, qu’il reniera très rapidement et pour lequel il officiait uniquement comme « technicien » (alors assistant, mais remplaçant surtout au pied levé Robert Dhéry, qui devait le réaliser et s’est finalement désisté au dernier moment), ce polar sombre et brutal est aussi une superbe histoire d’amitié, magnifiquement interprétée par le tandem Ventura-Belmondo.
L’AUTRE FEMME réalisé par François Villiers, disponible en Blu-ray le 13 mars 2024 chez Gaumont.
Acteurs : Annie Girardot, Francisco Rabal, Alida Valli, Richard Johnson, Hella Petri, Antonio Casas, Cándida Losada, Ana Mariscal, Sancho Gracia…
Scénario : Rémo Forlani, Paul Gégauff, Jacques Sigurd & François Villiers, d’après le roman de Luisa-María Linares
Photographie : Manuel Berenguer & Cecilio Paniagua
Musique : Georges Delerue
Durée : 1h26
Date de sortie initiale : 1964
LE FILM
Agnès, une jeune décoratrice d’intérieur, arrive dans une petite île espagnole pour réaménager la maison d’un certain Zaylor située à l’Enseralda, un village isolé. Sur le chemin, elle rencontre Daniel, un homme qui provoque l’hostilité des gens qui l’entourent.
L’Autre femme, rien à voir avec la célèbre chanson éponyme de Michel Sardou « Petit duplex au Sacré-Cœur, Et le complexe du bonheur… », mais il s’agit d’un film réalisé par François Villiers (1920-2009). Ce dernier, même si ses travaux n’ont pas vraiment marqué l’esprit des cinéphiles, aura connu son heure de gloire à la télévision avec la mythique série Les Chevaliers du ciel, pour laquelle il mettra en scène une trentaine d’épisodes, soit les trois-quarts de l’adaptation de la bande dessinée Les Aventures de Tanguy et Laverdure. Tout d’abord documentariste, François Villiers s’essaye à la fiction à la fin des années 1940 avec Hans le marin (où il dirige son frère Jean-Pierre Aumont), mais attendra une dizaine d’années pour s’y consacrer pleinement. Il enchaînera alors L’Eau vive (1958, Golden Globe du meilleur film étranger) avec Pascale Audret, La Verte moisson (1959) avec Pierre Dux et Dany Saval, Pierrot la tendresse (1960) avec Michel Simon et Claude Brasseur…L’Autre femme, son huitième long-métrage sort sur les écrans en 1964 et offre la tête d’affiche à Annie Girardot, en pleine ascension, surtout depuis sa rencontre avec Luchino Visconti, avec lequel elle collabore au théâtre (Deux sur la balançoire) et au cinéma (Rocco et ses frères). Désormais très courtisée par les cinéastes venus des deux côtés des Alpes (Alexandre Astruc, Marco Ferreri, Jean Delannoy, Denys de La Patellière, Roger Vadim, Mario Monicelli), Annie Girardot tourne donc L’Autre femme en Espagne, transposition d’un roman de Luisa-María Linares, d’après un scénario coécrit par Rémo Forlani (La Bande à Bonnot, Tintin et le mystère de la toison d’or, Tintin et les oranges bleues), Paul Gégauff (La Vallée, More, Que la bête meure, Plein soleil), Jacques Sigurd (L’Air de Paris, La Vierge du Rhin, Du mouron pour les petits oiseaux) et François Villiers lui-même. À mi-chemin entre le néoréalisme italien et la Nouvelle vague française, L’Autre femme est à la fois un drame passionnel et une série noire, où une jeune décoratrice française, qui vient de rompre avec son fiancé, débarque sur une île perdue au large de l’Espagne, où elle fera malgré-elle une enquête concernant la culpabilité (ou non) d’un homme mystérieux, accusé d’avoir tué sa compagne, même si son corps n’a jamais été retrouvé. L’Autre femme est assurément une découverte et pour ainsi dire une superbe porte d’entrée dans le cinéma de son auteur, qui donne sérieusement envie de creuser sa filmographie.
PHOTO-SOUVENIR réalisé par Edmond Séchan, disponible en DVD le 18 octobre 2022 chez Inser & Cut Production.
Acteurs : Jean-Claude Carrière, Vania Vilers, Bernard Le Coq, Danièle Aymé, Ginette Tacchella, Jean-Paul Venel, Marie-Claude Deviègue, Maurice Santal, Edmond Séchan…
Scénario : Jean-Claude Carrière & Edmond Séchan
Photographie : Guy Delattre
Musique : Georges Delerue
Durée : 1h20
Date de diffusion initiale : 1978
LE TÉLÉFILM
Le professeur Quissard, spécialiste des transplantations cardiaques, est préoccupé par le sort de son ami qui doit recevoir une greffe du coeur. Il compte sur les accidents du week-end pour trouver un donneur. Entre ses mains, un appareil photo qui livre des images du futur…
En 1978, la même année que Le Franc-tireur de Maurice Failevic, Jean-Claude Carrière écrivait et interprétait cette fois Photo-souvenir. Également créé pour la petite lucarne, ce téléfilm fantastique n’a absolument rien à envier à des titres contemporains du style Time Lapse de Bradley King, dont l’histoire et le gimmick sont très proches. Photo-souvenir s’inscrit dans le cadre du programme Cinéma 16, une collection de téléfilms produits de 1975 à 1991 par FR3 et créée par Jack Jacquine, scénariste de La Cage de Pierre Granier-Deferre. Si certains réalisateurs de renom participeront à l’aventure comme Denys de La Patellière, Jean-Paul Le Chanois, Nina Companeez, Josée Dayan, Georges Franju, Édouard Molinaro et Joël Seria, d’autres moins connus se feront remarquer, à l’instar d’Edmond Séchan (1919-2002). Ce dernier fera essentiellement sa carrière en tant que directeur de la photographie, officiant chez Georges Lautner (Joyeuses Pâques), Henri Verneuil (Les Morfalous), Yves Ciampi (Le Ciel sur la tête), Claude Pinoteau (La Boum, La Septième cible), Gérard Oury (La Carapate), Jacques-Yves Cousteau (Le Monde du silence) et Philippe de Broca (L’Homme de Rio). Après divers courts-métrages (dont Le Haricot, récompensé au Festival de Cannes), il passe le cap du long format en 1960 avec L’Ours, dirige Jean Rochefort et Julien Guiomar dans Pour un amourlointain (1968), écrit par Jean-Claude Carrière (1969), dont le chef opérateur sera Edmond Séchan. Dix ans plus tard, les deux hommes se retrouvent donc pour Photo-souvenir, nommé au 6e festival d’Avoriaz et qui sera diffusé pour la première fois le 10 mai 1978 sur la troisième chaîne. Une grande découverte en ce qui nous concerne et dont la sortie en DVD devrait faire de nouveaux aficionados auprès des cinéphiles et passionnés de genre.
LA MORT DE BELLE réalisé par Edouard Molinaro, disponible en Blu-ray le 1er mai 2022 chez Studiocanal.
Acteurs : Jean Desailly, Alexandra Stewart, Monique Mélinand, Yvette Etiévant, Jacques Monod, Marc Cassot, Jacques Pierre, Yves Robert…
Scénario : Jean Anouilh, d’après le roman de Georges Simenon
Photographie : Jean-Louis Picavet
Musique : Georges Delerue
Durée : 1h31
Date de sortie initiale : 1961
LE FILM
Dans son pavillon de la banlieue de Genève, Stéphane Blanchon, professeur de français au Collège international de Genève, passe sa soirée seul, d’abord en corrigeant ses copies, puis en bricolant autour d’un tour à bois. Sa femme Christine partie en ville pour un bridge entre amis, l’appelle pour le convaincre de venir la rejoindre, il refuse. La jeune Belle, une américaine, fille d’une amie de Christine, qui vit chez eux pendant ses études, est ramenée par un petit ami qui la laisse devant la maison. Elle vient souhaiter une bonne nuit à Stéphane qui ne l’entend pas à cause du moteur du tour. Le lendemain, il part à l’école comme d’habitude. A peine arrivé au collège, il est appelé par son épouse : Belle a été retrouvée morte, étranglée dans sa chambre.
Du cinéaste Edouardo Camille Molinaro alias Edouard Molinaro (1928-2013), nous connaissons surtout ses immenses succès populaires, Oscar (plus de six millions d’entrées), La Cage aux folles (5,4 millions), Hibernatus (3,4 millions), L’Emmerdeur (3,3 millions), La Cage aux folles 2 (3 millions), Mon oncle Benjamin (2,7 millions) ou bien encore Une ravissante idiote (2,2 millions). Au cours de sa longue carrière, le réalisateur aura attiré près de 50 millions de spectateurs dans les salles françaises. Pourtant, Edouard Molinaro n’a jamais caché que les films qui lui étaient le plus cher et le plus personnel étaient ceux tapis dans l’ombre. Dès ses débuts, celui-ci aura emporté l’adhésion des spectateurs avec ses films policiers, Le Dos au mur (1958), Des femmes disparaissent (1959) et Un témoin dans la ville (1959), y compris avec sa première comédie Une fille pour l’été (1960), qui ont tous dépassé la barre du million d’entrées. Après cette parenthèse humoristique, le metteur en scène revenait au polar avec La Mort de Belle, adapté du roman du même nom de Georges Simenon, publié en 1952. Trésor dissimulé dans la prolifique et éclectique filmographie d’Edouard Molinaro, ce thriller psychologique est avant tout le bouleversant portrait d’un homme « pur », magnifiquement interprété par Jean Desailly, qui devient le principal suspect dans une affaire de meurtre, dans laquelle une jeune américaine de 18 ans a été retrouvée étranglée dans la chambre qu’elle louait près de Genève. Fascinante et éprouvante dissection de la machine judiciaire, capable de broyer n’importe qui sur son passage, La Mort de Belle est un chef d’oeuvre insoupçonné qui fera le bonheur des cinéphiles.
VACANCES PORTUGAISES réalisé par Pierre Kast, disponible en Blu-ray le 1er mai 2022 chez Studiocanal.
Acteurs : Françoise Arnoul, Michel Auclair, Jean-Pierre Aumont, Jean-Marc Bory, Françoise Brion, Catherine Deneuve, Jacques Doniol-Valcroze, Daniel Gélin…
Scénario : Pierre Kast, Alain Aptekman, Jacques Doniol-Valcroze & Robert Scipion
Photographie : Raoul Coutard
Musique : Georges Delerue
Durée : 1h39
Date de sortie initiale : 1963
LE FILM
Six couples amis se réunissent pour passer le week-end ensemble dans une grande et belle propriété de campagne près de Lisbonne. Les problèmes sentimentaux des uns et des autres deviennent rapidement le sujet central de leur séjour. Certains couples se défont, d’autres se découvrent sous un nouveau jour.
C’est un film dont nous ne soupçonnions même pas l’existence et ce qui frappe d’entrée de jeu en le découvrant c’est bien sûr son impressionnant casting, composé entre autres de Françoise Arnoul, Catherine Deneuve, Michel Auclair, Jean-Pierre Aumont, Daniel Gélin. D’autres sont sans doute moins connus comme Françoise Prévost (La Saignée de Claude Mulot, Les Russes ne boiront pas de Coca Cola ! de Luigi Comencini), Bernhard Wicki (La Nuit de Michelangelo Antonioni, Despair de Rainer Werner Fassbinder), Barbara Laage (Domicile conjugal de François Truffaut, Paris Blues de Martin Ritt), Michèle Girardon (La Proie pour l’ombre d’Alexandre Astruc, Hatari ! de Howard Hawks), Françoise Brion (Alexandre le bienheureux d’Yves Robert, La Traque de Serge Leroy, Nelly et Monsieur Arnaud de Claude Sautet) et Jean-Marc Bory (Le Dossier noir d’André Cayatte, Les Amants de Louis Malle, Maléfices de Henri Decoin). Du beau monde, c’est le cas de le dire, pour ce qu’on pourrait qualifier de film choral, qui mêle et entremêlent les personnages, dans une unité de lieu et de temps, au-delà des frontières françaises, où les sentiments semblent plus libres de s’exprimer. Sorti en octobre 1963, Vacances portugaises ou Les Égarements, est réalisé par Pierre Kast (1920-1984). Ancien militant communiste, mais avant tout passionné de cinéma, il parvient à devenir l’assistant du légendaire Henri Langlois à la Cinémathèque français dans les années 1940, puis écrit pour Les Cahiers du cinéma, avant de se lancer aussi dans le septième art. Il seconde ainsi Jean Grémillon (Pattes blanches, L’Étrange madame X) et René Clément (Le Château de verre, Jeux interdits) et Jean Renoir (French Cancan), puis commence à emballer quelques courts-métrages et documentaires. L’aventure du long-métrage démarre pour lui en 1957 avec Amour de poche, écrit par la célèbre France Roche, dans lequel il dirige Jean Marais, Jean-Claude Brialy et Geneviève Page. Vacances portugaises est son cinquième opus. Il en signe les dialogues et le coécrit avec Robert Scipion (Les Saintes chéries, Arsène Lupin, L’île aux trente cercueils), Alain Aptekman et surtout Jacques Doniol-Valcroze, l’un des fondateurs des Cahiers du cinéma, mais aussi acteur occasionnel vu dans Je t’aime, je t’aime d’Alain Resnais, Jeanne Dielman, 23, quai du commerce, 1080 Bruxelles de Chantal Akerman et également réalisateur (Le Viol, L’Homme au cerveau greffé). On pourrait penser que Vacances portugaises est le témoignage d’un cinéma révolu, ce qui n’est pas le cas. Car le film de Pierre Kast pose les bases d’un genre à part entière en France, aussi bien sur le fond que sur la forme, qui sont encore adoptés de nos jours, sans doute trop, et qui apparaît toujours dans le paysage cinématographique hexagonal. Certains éléments ont bien entendu pris quelques (voire pas mal) de rides, mais le charme subsiste malgré tout, grâce notamment à la fraîcheur de son casting quatre étoiles. Si tout n’est pas non plus passionnant, il serait franchement dommage de passer à côté de cette comédie dramatico-sentimentale, sur laquelle plane un spleen enivrant, qui fait encore son effet soixante ans après.
Scénario : Jean-Loup Dabadie, d’après une nouvelle de Jean-Louis Curtis
Photographie : Ricardo Aronovitch
Musique : Georges Delerue
Durée : 1h34
Date de sortie initiale : 1972
LE FILM
Louise, la quarantaine, divorcée et sans enfant, vit seule à Annecy depuis la mort de sa mère. Elle rencontre Luigi un immigré italien de 20 ans venu faire fortune en France et lui offre l’hospitalité. Elle décide de l’entretenir et lui trouve un emploi. Peu à peu, elle s’attache à lui mais leur relation va être bouleversée par la différence d’âge, le poids des dettes de Louise et le regard des autres.
Suite à l’échec cuisant des Caprices de Marie en 1970, Philippe de Broca s’associe pour la première fois avec Jean-Loup Dabadie pour La Poudre d’escampette, fantaisie d’aventure pleine d’humour, de rebondissements, d’émotions et de gags visuels, où brille le fabuleux trio de comédiens vedettes Piccoli-Jobert-York. Remis en selle avec plus d’1,3 millions d’entrées, le réalisateur se voit proposer un autre scénario du même auteur immédiatement après, un portrait de femme, d’après L’Éphèbe de Subiaco, une des quatre nouvelles qui composent Le Thé sous les cyprès de Jean-Louis Curtis. Loin, très loin des comédies virevoltantes qui ont fait son succès et qui l’ont fait passer à la postérité, Chère Louise montre pourtant l’une des facettes de Philippe de Broca, celle d’une profonde et indéniable mélancolie, qui s’est souvent fait ressentir y compris dans ses plus grandes gaudrioles, comme si rire, s’esclaffer, sauter et même défier la gravité permettaient à ses personnages et donc à lui-même, de calfeutrer le temps d’un film et d’un tournage, l’inéluctabilité du temps qui passe et du vieillissement. A l’instar d’Édouard Molinaro, Philippe de Broca ne se dévoilait jamais autant que dans ses opus les plus obscurs. Chère Louise est une œuvre douce, délicate, pudique, amère aussi sans doute, marquée par l’hypersensibilité de Jean-Loup Dabadie, secondée et relayée par celle d’un metteur en scène qui se livre à travers cette chronique intemporelle et universelle, magistralement interprétée par Jeanne Moreau.