Test DVD / Banco, réalisé par Koldo Serra

BANCO (70 Binladens) réalisé par Koldo Serra, disponible en DVD le 17 juillet 2019 chez Rimini Editions

Acteurs : Emma Suárez, Nathalie Poza, Hugo Silva, Daniel Pérez Prada, Bárbara Goenaga, Fernando AlbizuIone Irazábal, Richard Sahagún, Juan Viadas…

Scénario : Javier Echániz, Juan Antonio Gil Bengoa, Asier Guerricaechebarría

Photographie : Unax Mendia

Musique : Fernando Velázquez

Durée : 1h41

Date de sortie initiale : 2019

LE FILM

Raquel est une femme désespérée. Une série d’événements malheureux dans sa vie personnelle l’a criblée de dettes et elle doit impérativement trouver 35 000 euros dans les prochaines 24 heures pour récupérer la garde de sa fille. Son seul espoir est d’obtenir un emprunt. Alors qu’elle est sur le point de signer son offre de prêt dans une agence bancaire, deux braqueurs débarquent sur les lieux et rendent sa situation encore plus compliquée. Prise en otage, Rachel manque de temps et doit trouver un moyen de mettre la main sur l’argent, quel qu’en soit le prix…

Présenté en sélection officielle au Festival International du Film Policier de Beaune en 2019, Banco, titre français de 70 Binladens, est un polar ibérique interprété par Emma Suárez, l’une des deux stars du magnifique Julieta de Pedro Almodóvar, et produit par le couple Carolina Bang et Álex de la Iglesia. Un gage de qualité. Réalisé par un certain Koldo Serra, auteur en 2006 d’un thriller méconnu, The Backwoods (avec un casting hétéroclite composé de Gary Oldman, Virginie Ledoyen et Paddy Considine), Banco frappe fort et fait preuve d’une étonnante rigueur dans sa mise en scène. La tension est tellement bien maîtrisée du début à la fin, constante, que le metteur en scène parvient à faire passer certaines extravagances et rebondissements invraisemblables dans son dernier acte. C’est le jeu et cela fonctionne très bien. Banco est un divertissement soigné, qui n’a certes aucune intention d’être réaliste, mais qui procure un vrai plaisir de cinéma.

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Test DVD / Sierra, réalisé par Alfred E. Green

SIERRA réalisé par Alfred E. Green, disponible en DVD le 17 juillet 2019 chez Sidonis Calysta

Acteurs : Audie Murphy, Tony Curtis, Wanda Hendrix, Burl Ives, Dean Jagger, Richard Rober…

Scénario : Edna Anhalt, Milton Gunzburg d’après le roman de Stuart Hardy

Photographie : Russell Metty

Musique : Walter Scharf

Durée : 1h19

Date de sortie initiale : 1950

LE FILM

Jeff Hassard est recherché pour un meurtre qu’il n’a pas commis. Il se cache avec son fils Ring dans les montagnes de la Sierra Nevada. Un jour, la petite famille vient en aide à une jeune avocate perdue. Cette dernière va tout mettre en oeuvre pour prouver l’innocence de Jeff. Malheureusement, les complications ne se font pas prier lorsqu’une bande de voleurs vient les affronter…

A travers d’autres chroniques, nous avons déjà parlé en long en large d’Audie Murphy, de se personnalité trouble, de son palmarès durant la Seconde Guerre mondiale, de sa carrière à Hollywood et plus spécialement dans le western où il rencontra un très large succès. Nous ne nous étendrons donc pas à nouveau sur tout cela, pour nous concentrer plus rapidement sur le film qui nous intéresse aujourd’hui, à savoir Sierra, également connu sous les titres français (ou belges) La Tête d’un innocent ou bien encore Aventure dans la Sierra. Réalisé par le vieux briscard Alfred E. Green (1889-1960), Sierra est l’un des premiers longs métrages mettant en scène Audie Murphy en vedette. 1950 est l’année phare pour le comédien, qui enchaînera alors trois films pour le studio Universal, Le Kid du Texas The Kid from Texas de Kurt Neumann, Sierra donc, et Kansas en feuKansas Raiders de Ray Enright. Rétrospectivement, Sierra est clairement le plus faible des trois, même si Audie Murphy commence à se sentir à l’aise devant la caméra et démontre son potentiel. Sierra n’est pas déplaisant et se regarde comme un petit récit de western qui divertir durant 1h20 et qui s’oublie immédiatement après, avant de passer à un autre.

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Test DVD / Zorro, réalisé par Duccio Tessari

ZORRO réalisé par Duccio Tessari, disponible en DVD depuis le 21 octobre 2014 chez Sidonis Calysta

Acteurs : Alain Delon, Ottavia Piccolo, Enzo Cerusico, Moustache, Giacomo Rossi-Stuart, Giampiero Albertini…

Scénario : Giorgio Arlorio

Photographie : Giulio Albonico

Musique : Guido De Angelis, Maurizio De Angelis

Durée : 2h04

Date de sortie initiale : 1975

LE FILM

Son ami Miguel assassiné, Don Diego de la Vega se jure de le venger. Sous son identité, il prend les fonctions de gouverneur du Nouvel Aragon, une province que le despotique Colonel Huerta rançonne, éliminant tous ses opposants et régnant par la terreur. Si Don Diego joue les aristocrates frivoles et poltrons pour mieux tromper l’ennemi, c’est pour mieux l’affronter derrière le masque de Zorro, un cavalier qui, surgissant de nulle part, ridiculise l’armée et pousse les paysans à la révolte. Rusé, Don Diego propose même à Huerta de servir d’appât dans le piège que celui-ci tend à l’insaisissable justicier…

Zorro, l’esprit du renard noir, l’immortel, le vengeur invulnérable. Créé en 1919 par Johnston McCulley, le justicier masqué vêtu de noir qui combat l’injustice et défend la veuve et l’orphelin a inspiré moult romans, séries télévisées, bandes dessinées, jeux et évidemment des films dont ce formidable Zorro réalisé par Duccio Tessari en 1975 avec Alain Delon dans le rôle-titre. Coproduit par le comédien, désireux de toucher un public familial loin de ses films policiers et drames habituels, tourné en Espagne avec une équipe essentiellement italienne, Zorro demeure un des plus grands succès populaires d’Alain Delon. Véritable triomphe avec plus de 56 millions d’entrées dans le monde, Zorro remplit les salles, enregistre des records d’affluence en Chine où il sera parmi les premiers films occidentaux diffusés au moment de l’ouverture du pays.

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Test DVD / Moonwalk One, réalisé par Theo Kamecke

MOONWALK ONE réalisé par Theo Kamecke, disponible en DVD depuis le 2 décembre 2014 chez ED Distribution

Acteurs : Buzz Aldrin, Neil Armstrong, Michael Collins, Robert H. Goddard, Richard Nixon, Sharon Sites Adams…

Scénario : Theo Kamecke, E.G. Valens, Peretz W. Johnnes

Musique : Charles Morrow

Durée : 1h48

Date de sortie initiale : 1971

LE FILM

Réalisé en 1969, Moonwalk One capte la première expédition de l’Homme sur la Lune lors de la mission Apollo 11. Véritable documentaire de création, le film permet de découvrir des décennies plus tard des images tournées grâce au matériel de la NASA et à ce jour jamais montrées. Mêlant séquences d’archives et moments captés dans le vif de l’action, Theo Kamecke donne à voir cet événement tel qu’il a été vécu à l’époque : une aventure humaine incroyable, une épopée scientifique hallucinante. Mais aussi une plongée dans l’inconnu, avec ce qu’elle offre de possibilités de changements, et de responsabilités.

Moonwalk One est une véritable expérience cinématographique. Ce film-documentaire événement et vertigineux convie les spectateurs à embarquer avec trois hommes, Neil Armstrong, Michael Collins et Buzz Aldrin, pour une virée à 340.000 kilomètres de la Terre pendant 3 jours. Ce film exceptionnel quasi-inédit avait été diffusé dans le monde entier un an après les premiers pas de Neil Armstrong sur la Lune, avant d’être présenté au Festival de Cannes en 1971. Depuis, cette oeuvre avait disparu des radars, une fois l’engouement médiatique retombé pour le sujet et la course à l’espace devenue presque quotidienne.

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Test DVD / Qui m’aime me suive !, réalisé par José Alcala

QUI M’AIME ME SUIVE ! réalisé par José Alcala, disponible en DVD le 24 juillet 2019 chez AB Vidéo

Acteurs : Daniel Auteuil, Catherine Frot, Bernard Le Coq, Solam Dejean-Lacréole, Vanessa Paric, Diouc Koma, India Hair, Olivier Loustau…

Scénario : José Alcala, Agnès Caffin

Photographie : Philippe Guilbert

Musique : Fred Avril

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 2019

LE FILM

Gilbert et Simone vivent une retraite agitée dans un village du Sud de la France. Le départ d’Étienne, son voisin et amant, le manque d’argent, mais surtout l’aigreur permanente de son mari, poussent Simone à fuir le foyer. Gilbert prend alors conscience qu’il est prêt à tout pour retrouver sa femme, son amour.

Depuis son César largement mérité pour Marguerite (2015) de Xavier Giannoli, Catherine Frot est devenue plutôt rare sur le grand écran. Celle qui aura rempli les salles sur son nom, en passant allègrement de l’univers d’Albert Dupontel (Le Vilain) à Pascal Thomas (la trilogie Mon petit doigt m’a dit / Le Crime est notre affaire / Associés contre le crime), a également été récompensée par le Molière de la meilleure comédienne dans un spectacle de théâtre privé en 2016 pour Fleur de cactus. Après le succès modéré de Momo (2017) dans lequel elle tenait le haut de l’affiche avec Christian Clavier, Catherine Frot retrouve le réalisateur José Alcala, qui l’avait dirigée en 2011 dans le polar Coup d’éclat, mais pour une comédie cette fois intitulée Qui m’aime me suive ! Lumineuse, bondissante et fantaisiste, elle y donne la réplique à Daniel Auteuil et Bernard Le Coq, pour un triangle amoureux doux-amer, mais aussi une réflexion sur le désir après soixante ans, la situation des retraités qui ont du mal à subvenir à leurs besoins, l’amitié fraternelle et le pardon. Une chronique de mœurs, un drame sentimental inattendu.

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Test DVD / Exfiltrés, réalisé par Emmanuel Hamon

EXFILTRÉS réalisé par Emmanuel Hamon, disponible en DVD le 17 juillet 2019 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs : Swann Arlaud, Finnegan Oldfield, Jisca Kalvanda, Charles Berling, Kassem Al Khoja, Ethan Palisson, Sophie Cattani, Andrino Mpioso, Driss Ramdi, Mathieu Lourdel…

Scénario : Emmanuel Hamon, Benjamin Dupas

Photographie : Thomas Bataille

Musique : Armand Amar

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 2019

LE FILM

A Paris, deux jeunes activistes montent une opération d’exfiltration à hauts risques pour ramener en France une mère et son jeune fils pris au piège dans l’enfer de Daech.

Ancien assistant de Régis Wargnier sur Indochine (1991), de Diane Kurys sur Après l’amour (1991), de Patrice Chéreau sur La Reine Margot (1994), de Robert Altman sur Prêt-à-porter (1994) et de Philippe Lioret sur Tenue correcte exigée (1996), Emmanuel Hamon possède un C.V. fort recommandable. Il se tourne vers le documentaire politique, social et historique. Fort de cette expérience, le réalisateur signe un premier long métrage, Exfiltrés, qui reflète ses préoccupations, sa connaissance du terrain, des enjeux politiques, du terrorisme. Véritable tour de force, Exfiltrés est un thriller haut de gamme inspiré par une histoire vraie, merveilleusement interprété, couillu, tendu, passionnant et qui fait froid dans le dos.

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Test DVD / Rendez-vous avec une ombre, réalisé par Joseph Pevney

RENDEZ-VOUS AVEC UNE OMBRE (The Midnight Story) réalisé par Joseph Pevney, disponible en DVD le 16 juillet 2019 chez ESC Editions

Acteurs : Tony Curtis, Marisa Pavan, Gilbert Roland, Jay C. Flippen, Argentina Brunetti, Ted de Corsia, Richard Monda, Kathleen Freeman, Herb Vigran, Peggy Maley…

Scénario : Edwin Blum, John Robinson

Photographie : Russell Metty

Musique : Hans J. Salter, Henry Vars

Durée : 1h26

Année de sortie : 1957

LE FILM

Un soir, le Père Tomasino, adoré de ses ouailles, est assassiné à l’arme blanche dans une sombre ruelle de San Francisco. Personne ne comprend qui pouvait lui en vouloir. Joe Platini, jeune policier, est désespéré. Orphelin, il a été recueilli par le prêtre qui lui a permis d’arriver à cette situation. Le jour de l’enterrement, Joe remarque au cimetière un homme qui se lacère la main. Intrigué, il en fait part à ses supérieurs, mais ceux-ci lui rétorquent qu’on ne peut soupçonner quelqu’un sur un simple fait. Il décide alors de démissionner pour mener sa propre enquête. Il réussit à s’introduire dans la famille de cet homme, Sylvio Malatesta, et y est très vite adopté. Face à la gentillesse de tous, il se trouve désarmé et ses soupçons commencent à s’effriter…

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Test DVD / Celle que vous croyez, réalisé par Safy Nebbou

CELLE QUE VOUS CROYEZ réalisé par Safy Nebbou, disponible en DVD et Blu-ray le 2 juillet 2019 chez Diaphana

Acteurs : Juliette Binoche, Nicole Garcia, François Civil, Marie-Ange Casta, Guillaume Gouix, Charles Berling, Jules Houplain, Jules Gauzelin…

Scénario : Safy Nebbou, Julie Peyr d’après le roman de Camille Laurens

Photographie : Gilles Porte

Musique : Ibrahim Maalouf

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 2019

LE FILM

Pour épier son amant Ludo, Claire Millaud, 50 ans, crée un faux profil sur les réseaux sociaux et devient Clara une magnifique jeune femme de 24 ans. Alex, l’ami de Ludo, est immédiatement séduit. Claire, prisonnière de son avatar, tombe éperdument amoureuse de lui. Si tout se joue dans le virtuel, les sentiments sont bien réels. Une histoire vertigineuse où réalité et mensonge se confondent.

Découvert en 2004 avec son excellent premier long métrage Le Cou de la girafe, le réalisateur Safy Nebbou (né en 1968) a su imposer sa griffe et son univers au fil de ses six films mis en scène en quinze ans. Si l’on remarque une nette prédilection pour le suspense, genre dans lequel il est d’ailleurs le plus habile et le plus convaincant (L’Empreinte en 2008, Comme un homme en 2012), le cinéaste s’est également illustré dans le biopic avec L’Autre Dumas (2010), par forcément pour le meilleur, et Dans les forêts de Sibérie (2016), adapté du récit autobiographique éponyme de Sylvain Tesson. Avec Celle que vous croyez, Safy Nebbou s’attaque au drame psychologique. En adaptant le roman homonyme de Camille Laurens publié en 2016, le réalisateur signe un film fort sur les rencontres 2.0., sur le désir féminin et sur celui de plaire après 50 ans, tout en offrant à Juliette Binoche l’un de ses plus beaux rôles depuis quinze ans.

Claire Milaud est une femme divorcée de cinquante ans et professeur de son métier. Un jour, elle crée son faux profil sur Facebook sous l’apparence d’une jeune femme de vingt-quatre ans, ajoutant un faux prénom, Clara, de fausses photos et de faux caractères. Tout cela pour espionner son ex-amant Ludo, mais elle y tombe sur son meilleur ami Alex avec qui elle va s’amuser virtuellement et sentimentalement…

Juliette Binoche n’a jamais arrêté de tourner. La comédienne n’a pas chômé dans les années 2010 qui avait ouvert la décennie avec Copie conforme d’Abbas Kiarostami. Capable de métamorphoses inattendues, l’actrice née en 1964 aura enchaîné grands spectacles hollywoodiens (Godzilla de Gareth Edwards, Ghost in the Shell de Rupert Sanders), comédies insignifiantes dans lesquelles elle abuse de son rire contagieux (La Vie d’une autre de Sylvie Testud, Telle mère, telle fille de Noémie Saglio) ou gigantesque délire (Ma Loute de Bruno Dumont). Mais Juliette Binoche c’est aussi l’incarnation de femmes matures, confrontées à leur demi-siècle et aux autres générations, comme dans Elles de Małgorzata Szumowska (dans lequel François Civil jouait d’ailleurs le fils de l’actrice !), Sils Maria d’Olivier Assayas, et dernièrement dans le très beau Un beau soleil intérieur de Claire Denis.

Dans Celle que vous croyez, la comédienne clôt comme qui dirait les années 2010 avec un personnage qui englobe tous ses rôles précédents. Avec sa sensibilité à fleur de peau, sa voix étranglée par l’émotion, ses yeux embués comme un personnage de manga et sa respiration saccadée, Juliette Binoche foudroie le coeur des spectateurs une fois de plus et mériterait sa dixième nomination aux César. A ses côtés, François Civil (né en 1990) confirme tout le bien que l’on pensait de lui depuis sa réelle découverte dans Made in France de Nicolas Boukhrief. Formidable dans Burn Out de Yann Gozlan, le comédien est à l’affiche de quatre films en 2019, Le Chant du loup d’Antonin Baudry, Mon inconnue de Hugo Gélin, Deux moi de Cédric Klapisch et Celle que vous croyez. Quatre longs métrages à travers lesquels le comédien démontre la diversité de son talent.

Safy Nebbou jongle avec les genres, distille quelques effets de comédie dans un drame passionnel pur et dur, tout en instaurant un suspense palpable. L’ombre de VertigoSueurs froides d’Alfred Hitchcock plane parfois sur Celle que vous croyez, toutes proportions gardées. Le réalisateur filme Paris de façon presque anonyme, une ville gigantesque qui referme ses tentacules sur ses habitants, les isole et les place face à eux-mêmes, état souvent mis en relief par l’utilisation de portes-fenêtres, des miroirs ou des écrans dans lesquels se reflètent les visages, le tout magnifié par la photographie du chef opérateur Gilles Porte. Le cinéaste n’a pas peur du romanesque et trouve un juste équilibre entre le mélodrame et son étude souvent passionnante sur les débordements liés aux réseaux sociaux en mélangeant alors réalité et virtuel. Un superbe portrait de femme.

LE DVD

Le DVD et le Blu-ray de Celle que vous croyez sont disponibles chez Diaphana. L’éditeur nous a confié l’édition standard, dont le visuel reprend celui de l’affiche du film. Le menu principal est animé et musical.

Formidable making-of (35’) disponible sur les deux éditions. Ce document se compose d’entretiens avec l’équipe du film, et surtout d’images de tournage où nous pouvons observer le travail du réalisateur Safy Nebbou avec les comédiens. Le roman original de Camille Laurens, son adaptation, la psychologie des personnages, la préparation des comédiens, les partis pris, les conditions de tournage, tous ces sujets sont abordés au cours de ce module bien réalisé.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Le master SD est assez aléatoire. Les scènes en extérieur bénéficient d’une belle restitution de la photographie de Gilles Porte, avec des couleurs froides et un piqué acéré. En revanche, là où ça coince ce sont les scènes en intérieur dans l’appartement de Claire où la définition est très aléatoire. La gestion des contrastes est déséquilibrée et le rendu assez terne.

Ce n’est pas avec un film comme Celle que vous croyez que vous mettrez à contribution votre installation sonore. L’éditeur joint tout de même une piste DD 5.1 convaincante, mais la Stéréo également au programme fait son office avec des effets dynamiques. A noter que l’éditeur joint les sous-titres pour sourds et malentendants, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Diaphana Distribution / Critique du film, test technique et intéractivité : Jean Charpentier / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Un Condé, réalisé par Yves Boisset

UN CONDÉ réalisé par Yves Boisset, disponible le 4 juin 2019 en DVD et Blu-ray chez ESC Editions

Acteurs : Michel Bouquet, Françoise Fabian, Gianni Garko, Michel Constantin, Anne Carrère, Rufus, Théo Sarapo, Henri Garcin, Pierre Massimi, Bernard Fresson, Adolfo Celi…

Scénario : Yves Boisset, Sandro Continenza, Claude Veillot

Photographie : Jean-Marc Ripert

Musique : Antoine Duhamel

Durée : 1h35

Année de sortie : 1970

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Test DVD / Le Bandit, réalisé par Edgar G. Ulmer

LE BANDIT (The Naked Dawn) réalisé par Edgar G. Ulmer, disponible en DVD le 23 mai 2019 chez Sidonis Calysta

Acteurs : Arthur Kennedy, Betta St. John, Eugene Iglesias, Charlita, Roy Engel, Tony Martinez, Francis McDonald…

Scénario : Julian Zimet

Photographie : Frederick Gately

Musique : Herschel Burke Gilbert

Durée : 1h19

Date de sortie initiale : 1955

LE FILM

Son complice abattu lors du hold-up d’un wagon de marchandises, Santagio trouve refuge dans une ferme isolée du Haut-Mexique. Si Manuelo Lopez, le fermier, projette de le tuer pour s’emparer du butin, il y renonce après que le bandit en fuite lui a sauvé la vie. Pendant ce temps, sa femme, Maria, fatiguée d’une vie de labeur et de misère, supplie le fugitif de l’emmener aussi loin que possible. Bientôt, au moment de son départ, Santagio voit arriver Gunt, son receleur, accompagné de policiers…

De l’avis quasi-unanime, Le BanditThe Naed Dawn est le chef d’oeuvre du cinéaste Edgar George Ulmer (1904-1972). D’origine autrichienne, ancien comédien et décorateur, assistant de F.W. Murnau, Robert Siodmak, Billy Wilder, Fred Zinnemann, il passe à la mise en scène dans les années 1930 et signe notamment Le Chat noirThe Black Cat (1934) avec Boris Karloff et Bela Lugosi. Suivront plus tard, pêle-mêle, L’Ile des péchés oubliés (1943), Barbe Bleue (1944) avec John Carradine, Detour (1945), Les Pirates de Capri (1951), L’Homme de la planète X (1951) qui reflètent l’éclectisme et le caractère prolifique du réalisateur. Edgar G. Ulmer a alors plus de quarante films et documentaires à son actif quand il entreprend Le Bandit. Un western qui n’en est pas vraiment un, mais plutôt un drame psychologique, très littéraire voire théâtral, qui renvoie aux œuvres de Tennessee Williams. Et c’est immense. Le Bandit n’a beau durer que 78 minutes, chaque seconde, chaque réplique, chaque séquence foudroient le spectateur. Pas étonnant que la critique européenne et les cinéphiles purs et durs comme François Truffaut et Bertrand Tavernier aient rapidement élevé ce film comme l’un des plus fondamentaux, riches et passionnants des années 1950.

Au Mexique, deux paysans, Santiago et Vicente, désillusionnés par la révolution, deviennent bandits et dévalisent un wagon de marchandises stationné en gare de Matamoros. Vicente est, néanmoins, mortellement atteint par un veilleur de nuit. Santiago assomme celui-ci et fuit avec son complice. Il demeure auprès de Vicente jusqu’à son ultime soupir, se comportant auprès de lui comme son confesseur. Il finit par trouver refuge chez un couple de jeunes fermiers, Manuel et Maria. Aidé de Manuel, Santiago délivre le butin – quatre caisses de montres-bracelets – à Guntz, un agent des douanes corrompu, et qui refuse de lui donner la part dévolue à Vicente. Plus tard, Maria est victime des brutalités de son époux, attiré par l’argent de Santiago. Elle cherche alors à fuir avec le bandit.

D’entrée de jeu, Edgar G. Ulmer s’éloigne de tous les stéréotypes liés au western. Si son personnage principal est mexicain et arbore un sombrero, tous les décors qui l’entourent contrastent avec les clichés habituels. Si les chevaux sont présents, les vieilles bagnoles au capot poussiéreux sont là aussi. Les armes apparaissent, mais pas de duel au soleil ici, la loi de l’Ouest a laissé la place à la loi de la jungle. Santiago, merveilleusement interprété par le grand et trop souvent oublié Arthur Kennedy (Les Affameurs d’Anthony Mann, L’Ange des maudits de Fritz Lang) passe de tableau en tableau, comme de scène en scène avec une dimension quasi-théâtrale, principalement en huis clos, qui reflète l’enfermement irrémédiable du personnage (ou comment Ulmer use du Technicolor comme du N&B au temps de l’expressionnisme allemand), malgré ses désirs de liberté.

Le premier acte détonne puisque Santiago se démarque des bandits typiques du western en soutenant son camarade Vicente dans sa lente agonie. En soutenant délicatement son complice et ami jusqu’à son dernier souffle, allant même lui chercher une couverture pour le réconforter et lui apporter une dernière once de chaleur, Santiago est montré comme un être généreux, humain. Vicente mourra en souriant, sur une lyrique partition d’Herschel Burke Gilbert. Dans la seconde partie, Santiago rencontre Manuel et Maria, jeune couple qui tente de survivre grâce à leur petit lopin de terre. Manuel est un homme faible et frustré, qui s’en prend violemment à sa femme. Cette dernière, « donnée » à son époux, rêve de s’enfuir et d’échapper à cette vie monotone, qui la condamne à s’occuper de la cuisine, du ménage. Sachant que la naissance d’un enfant enterrerait définitivement ses espoirs d’évasion, Maria – magnifique Betta St John – s’éprend rapidement de Santiago, qui représente à ses yeux la liberté et l’indépendance dont elle rêve. Edgar G. Ulmer instaure alors une tension sexuelle palpable, en jouant sur les corps fiévreux et en sueur, à l’instar d’Elia Kazan dans Un tramway nommé désir (1951).

Ce qu’il y a de remarquable dans Le Bandit, c’est la densité de son sujet, la richesse de ses thématiques, le tout exploré, trituré et analysé durant seulement 1h20. Roller-coaster d’émotions, Le Bandit joue avec l’empathie des personnages. Ni forcément sympathiques, ni détestables, les trois protagonistes sont montrés de façon brute, dans leur complexité, avec leurs bons comme leurs mauvais côtés. Quitte à vivre, les personnages le souhaitent de la meilleure façon possible, le pardon est accessible et s’il faut mourir, que cela se fasse de la façon la plus douce possible, peut-être même secrètement, au pied d’un arbre.

Le final, somptueux, inattendu, poétique, mais pourtant inévitable, clôt cette tragédie dans une explosion de sérénité. Immense chef d’oeuvre absolu de tous les temps.

LE DVD

Le test du DVD du Bandit, disponible chez Sidonis Calysta, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Le Bandit était déjà sorti en 2013 dans la collection spécialisée de Sidonis Calysta. L’éditeur reprend les mêmes interventions proposées alors sur la galette éditée il y a six ans. Toutefois, celle de Bertrand Tavernier, qui durait alors 13 minutes, est ici rallongée de 25 minutes ! Cela permet donc au réalisateur et historien du cinéma, de s’étendre plus sur ce film qu’il adule et dont il se remémore la découverte au cinéma à l’occasion d’une ressortie dans une salle parisienne, Le Floride, film qu’il était retourné voir plusieurs fois la même semaine. Son engouement est réel, toujours aussi enthousiaste et ses propos reflètent une passion ici débordante de sincérité. Bertrand Tavernier revient en détails sur ses longues recherches effectuées pour trouver qui était ce fameux Julian Zimet, qui avait écrit ce western singulier. Puis, le fond et la forme se croisent jusqu’à la dernière seconde de cette intervention, durant laquelle Bertrand Tavernier passe également en revue le casting.

Avec sa présentation de huit minutes, Patrick Brion a évidemment peu le temps de nous donner quelques propos inédits sur Le Bandit. L’historien du cinéma est certes aussi passionné par le film d’Edgar G. Ulmer que son confrère, mais en dehors de quelques redites sur les sujets abordés dans Le Bandit, il n’y a ici rien de particulièrement intéressant.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce et une galerie de photos.

L’Image et le son

Authoring différent, mais master identique ! On retrouve donc les spécificités de l’ancienne copie, à savoir une colorimétrie fanée, bleutée, un piqué complètement émoussé, des poussières, des griffures, des plans flous et une gestion des contrastes totalement aléatoire qui dénaturent toutes les séquences sombres. En revanche, le 16/9 est enfin disponible alors que le format n’était disponible qu’en 4/3 sur l’édition 2013.

La version française est couverte, lourde, étouffée, accompagnée d’un souffle omniprésent du début à la fin. Tendez bien l’oreille si vous avez opté pour cette option. La piste anglaise est heureusement plus claire avec des dialogues distincts et des effets plus vifs. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © Sidonis Calysta / Universal Pictures / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr