Test Blu-ray / À la folie, réalisé par Diane Kurys

À LA FOLIE réalisé par Diane Kurys, disponible en Édition Combo Bluray + DVD le 7 juillet 2021 chez ESC Editions.

Acteurs : Anne Parillaud, Béatrice Dalle, Patrick Aurignac, Bernard Verley, Alain Chabat, Jean-Claude de Goros, Marie Guillard, Robert Benitah…

Scénario : Diane Kurys & Antoine Lacomblez

Photographie : Fabio Conversi

Musique : Michael Nyman

Durée : 1h33

Année de sortie : 1994

LE FILM

Elsa arrive un soir à Paris chez sa soeur Alice après avoir quitté ses deux enfants et son mari, Thomas, qui la trompait avec Betty, la baby-sitter. Alice, artiste-peintre au succès naissant, vient tout juste de s’installer avec Franck, un jeune et séduisant boxeur. Mais l’arrivée de l’envahissante Elsa dans leur petit appartement sous les toits perturbe très vite leur amour et leur tranquillité. Alice, timide et angoissée n’ose pas chasser sa soeur qui adopte bientôt une attitude ambiguë et provocante. Peu à peu, leurs relations se dégradent.

C’est la rencontre au sommet de deux actrices « du moment ». D’un côté, Anne Parillaud, 34 printemps, quatre ans après son explosion dans Nikita, de l’autre, Béatrice Dalle, trente ans, qui depuis sa mise sur orbite sept ans plus tôt dans 37°2 le matin de Jean-Jacques Beineix avait déjà tourné avec Marco Bellocchio (La Sorcière La Visione del Sabba), Jacques Deray (Les Bois noirs), Jim Jarmusch (Night on Earth), Jacques Doillon (La Vengeance d’une femme), Claude Lelouch (La Belle histoire) et Claire Denis (J’ai pas sommeil). La réalisatrice Diane Kurys vient de connaître une petite déception au box-office avec Après l’amour (540.000 entrées), son score le plus bas au box-office depuis Cocktail Molotov, son second long-métrage. Depuis quelques années, elle pense écrire et mettre en scène un film qui s’inspirerait de ses rapports amour/haine avec sa sœur aînée. Si la famille a toujours été un de ses thèmes de prédilection comme pour Coup de foudre (1983), avec Miou-Miou, Isabelle Huppert, Guy Marchand, et Jean-Pierre Bacri. le deuxième plus grand succès de sa carrière, rarement, sans doute pour la seule et unique fois de sa vie professionnelle, Diane Kurys sera allée aussi loin dans l’introspection avec À la folie, dans lequel elle se livre totalement. A travers ce drame psychologique et intense, parcouru d’un humour noir comme qui dirait cathartique, la cinéaste confronte deux sœurs que tout oppose, séparées par la vie, que le destin réunit et fait se percuter, pour le pire et pas forcément (euphémisme) pour le meilleur. Le duo, ou plutôt le duel entre les deux comédiennes principales remplit toutes ses promesses. Elles y sont aussi impliquées que talentueuses, sexy, sensuelles et surtout bouleversantes.

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Test Blu-ray / Cure, réalisé par Kiyoshi Kurosawa

CURE (Kyua – キュア) réalisé par Kiyoshi Kurosawa, disponible en DVD et Blu-ray le 28 juillet 2021 chez Carlotta Films.

Acteurs : Koji Yakusho, Tsuyoshi Ujiki, Anna Nakagawa, Masato Hagiwara, Yoriko Douguchi, Yukijiro Hotaru, Denden, Ren Osugi…

Scénario : Kiyoshi Kurosawa

Photographie : Tokushô Kikumura

Musique : Geiri Ashiya

Durée : 1h51

Date de sortie initiale : 1999

LE FILM

Un officier de police, Takabe, enquête sur une série de meurtres dont les victimes sont retrouvées avec une croix gravée dans le cou. Un jour, un jeune vagabond est arrêté près de l’endroit où a été retrouvé le dernier corps. Il est vite identifié comme un ancien étudiant en psychologie, devenu fou et ayant d’inquiétants pouvoirs hypnotiques, lui permettant de pousser des gens à commettre des actes criminels…

Cure, réalisé en 1997 par le cinéaste japonais Kiyoshi Kurosawa (né en 1955 et aucun lien de parenté avec Akira), est le film avec lequel ce dernier allait être révélé sur la scène internationale. L’artiste considéré aujourd’hui comme faisant partie des leaders du renouveau du cinéma nippon, au même titre que ses confrères Hideo Nakata et Shinya Tsukamoto, se place à la lisière des genres et des influences, inspiré à la fois par la Nouvelle Vague japonaise des années 1960-70 (Yoshida, Imamura, Oshima), mais aussi par le cinéma hollywoodien, en particulier par le film de genre US représenté par John Carpenter, George Romero, Richard Fleischer, Tobe Hooper et Don Siegel. Dès les années 1970, Kiyoshi Kurosawa enchaîne les courts-métrages, avant de passer au format long, puis de tourner pour la télévision. Prolifique (trop diront certains, et ils auront sans doute raison), le réalisateur aime le septième art, visionne pléthore de films, autant de chefs d’oeuvre reconnus que de séries B-Z improbables qu’il affectionne tout autant, même si le fantastique et l’horreur demeurent ses genres de prédilection. Dans les années 1990, les triomphes rencontrés par Le Silence des agneaux The Silence of the Lambs de Jonathan Demme et Seven de David Fincher rendent compte du nouvel attrait des spectateurs pour les thrillers psychologiques placés sous tension et centrés sur des tueurs en série. Ces deux références s’imposent évidemment aussi au Japon et créent moult ersatz. Cure en est assurément un. Ce sera le film de la reconnaissance pour Kiyoshi Kurosawa (son quinzième long-métrage), aussi bien dans son pays que dans le reste du monde où Cure est projeté dans de nombreux festivals et même encensé par un Martin Scorsese dithyrambique. Près d’un quart de siècle après sa sortie, on ne peut pas dire cependant que ce polar sensoriel ait bien vieilli, même s’il reste marqué par quelques indéniables fulgurances.

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Test Blu-ray / Drunk, réalisé par Thomas Vinterberg

DRUNK (Druk) réalisé par Thomas Vinterberg, disponible en DVD et Blu-ray le 16 juin 2021 chez Blaq Out.

Acteurs : Mads Mikkelsen, Thomas Bo Larsen, Magnus Millang, Lars Ranthe, Maria Bonnevie, Helene Reingaard Neumann, Susse Wold, Magnus Sjørup…

Scénario : Thomas Vinterberg & Tobias Lindholm

Photographie : Sturla Brandth Grøvlen

Musique : Janus Billeskov Jansen

Durée : 1h57

Année de sortie : 2020

LE FILM

Quatre amis décident de mettre en pratique la théorie d’un psychologue norvégien selon laquelle l’homme aurait dès la naissance un déficit d’alcool dans le sang. Avec une rigueur scientifique, chacun relève le défi en espérant tous que leur vie n’en sera que meilleure ! Si dans un premier temps les résultats sont encourageants, la situation devient rapidement hors de contrôle.

Douzième long métrage du réalisateur danois Thomas Vinterberg (né en 1969), l’un des fondateurs du célèbre Dogme95, Drunk (ou Druk en version originale, ou bien encore Another Round pour son exploitation internationale) offre au magnétique Mads Mikkelsen un de ses plus grands rôles et lui permet de composer un nouveau personnage troublant et fragile, passant du spleen à la détermination, jusqu’à l’effondrement en passant par la colère dans une descente aux enfers programmée. Intense, saisissant, l’acteur a remporté moult prix pour Drunk, y compris son troisième Bodil, l’équivalent danois du César du Meilleur acteur, l’European Film Awards, ainsi que le Prix d’interprétation au Festival de San Sebastián, qu’il partageait d’ailleurs avec ses magnifiques partenaires Thomas Bo Larsen, Magnus Millang et Lars Ranthe. Si comme dans La Chasse le sujet est une fois de plus périlleux, Thomas Vinterberg livre assurément son plus grand film, probablement celui de la maturité, mêlant à la fois l’universel et l’intimiste. Le désir de flirter avec l’alcool, légitimé dans Drunk par la théorie du psychologue norvégien Finn Skårderud, selon laquelle l’homme serait né avec un taux d’alcool dans le sang qui présenterait un déficit de 0,5g/L, confrontera les quatre personnages principaux à leurs problèmes et à leur mal-être. Parallèlement, Drunk traite aussi de la jeunesse et de l’insouciance qui se sont définitivement envolées et du mirage de les retrouver par l’intermédiaire de l’alcool, une cible que notre quatuor rêve de (re)conquérir, jusqu’à la chute qui sera particulièrement brutale. Au-delà de l’extraordinaire prestation des comédiens, on ressort autant secoué que bouleversé de Drunk, comédie-dramatique psychologique que l’on pourrait presque voir comme un chaînon manquant entre La Grande bouffe La Grande abbuffata (1973) de Marco Ferreri et…P.R.O.F.S. (1985) de Patrick Schulmann. Complexe, passionnant, drôle, émouvant, enivrant, cérébral, populaire, ce chef d’oeuvre ne cesse de triturer les méninges et les tripes bien longtemps après.

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Test DVD / I Know This Much Is true, réalisé par Derek Cianfrance

I KNOW THIS MUCH IS TRUE réalisé par Derek Cianfrance, disponible en DVD le 7 juillet 2021 chez HBO et Warner Bros.

Acteurs : Mark Ruffalo, John Procaccino, Rob Huebel, Gabe Fazio, Kathryn Hahn, Melissa Leo, Rosie O’Donnell, Archie Panjabi, Michael Greyeyes, Juliette Lewis…

Scénario : Derek Cianfrance & Anya Epstein, d’après le roman La Puissance des vaincus de Wally Lamb

Photographie : Jody Lee Lipes

Musique : Harold Budd

Durée : 6h (6 épisodes)

Date de sortie initiale : 2020

LA MINI-SÉRIE

Dominik et Thomas Birdsey sont deux frères jumeaux. Alors que Thomas souffre de problèmes psychiatriques aggravés après le décès de leur mère, Dominik se lance dans une bataille pour faire sortir son frère d’un asile psychiatrique.

Révélé en 2010 avec son deuxième long métrage Blue Valentine, interprété par Michelle Williams et Ryan Gosling, le réalisateur Derek Cianfrance (né en 1974) a ensuite confirmé avec The Place Beyond the Pines, encore une fois incarné par Ryan Gosling, avec également Eva Mendes et Bradley Cooper. Bien que surestimés, ces deux films démontraient le savoir-faire du réalisateur américain et imposaient sans mal une nouvelle sensibilité. En 2016, il revenait avec Une vie entre deux océans, film qui a énormément déçu, qui croulait malheureusement sous les clichés et les effets téléphonés, rendant l’histoire complètement improbable. Après, le réalisateur aura produit et écrit Sound of metal de Darius Marder, tout en se consacrant à l’adaptation d’une mini-série, I Know This Much Is True, d’après le best-seller du même nom de Wally Lamb, sorti en France sous le titre La Puissance des vaincus (Belfond, 2000). On comprend ce qui a tout de suite attiré le cinéaste dans ce pavé de près de 1000 pages, puisqu’il y aura retrouvé les thèmes qu’il n’aura cessé d’explorer tout au long de ses films précédents, à savoir la famille, la paternité et la maternité, les responsabilités, la rédemption, le poids des secrets qui peut à la fois détruire et souder des individus et parfois même au sein du couple, les choix et leurs conséquences à travers une réaction en chaîne. N’y allons pas par quatre chemins, Derek Cianfrance livre son chef d’oeuvre. Divisé en 6 épisodes de près d’une heure, à l’exception du dernier d’une durée de 75 minutes, I Know This Much Is True est comme qui dirait l’oeuvre ultime que le metteur en scène et scénariste semblait viser depuis ses débuts, par petites touches. Il atteint ici le sublime, non seulement grâce à une écriture d’une extrême délicatesse, percutante et hypersensible, mais aussi par une réalisation souvent remarquable et par son casting exceptionnel, porté par la double performance extraordinaire de Mark Ruffalo, définitivement l’un des plus grands comédiens aujourd’hui. Du début à la fin, on reste scotchés par le charisme, le talent hors-norme et la transformation de l’acteur (plus de vingt kilos pris pour l’incarnation du deuxième jumeau), également producteur exécutif. Vous voulez voir une immense performance ? Jetez-vous sur I Know This Much Is true, événement de l’année 2020 sur la chaine HBO.

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Test Blu-ray / Fatale, réalisé par Louis Malle

FATALE (Damage) réalisé par Louis Malle, disponible en Blu-ray le 1er juin 2021 chez Studiocanal.

Acteurs : Jeremy Irons, Juliette Binoche, Leslie Caron, Miranda Richardson, Rupert Graves, Ian Bannen, Peter Stormare, Julian Fellowes, David Thewlis…

Scénario : David Hare, d’après le roman de Josephine Hart

Photographie : Peter Biziou

Musique : Zbigniew Preisner

Durée : 1h51

Date de sortie initiale : 1992

LE FILM

La vie de Stephen Fleming, un parlementaire conservateur récemment promu secrétaire d’Etat, va être bouleversée par sa rencontre avec Anna Barton, amie de son fils, au cours d’une réception à l’ambassade de France…

On a souvent tendance à penser que Fatale Damage, est le dernier long-métrage de Louis Malle (1932-1995), ce qui est faux. Il s’agit de l’avant-dernier film du réalisateur, qui devait terminer sa carrière deux ans plus tard avec Vanya, 42e Rue Vanya on 42nd Street, interprété par Julianne Moore, qui s’avérait en réalité une représentation de la pièce Oncle Vania de Tchekhov, se déroulant dans un théâtre abandonné. Mais pour l’heure, Fatale est sans doute l’ultime grande œuvre du cinéaste, porté par un couple magnifique, Jeremy Irons et Juliette Binoche, investis corps et âme dans cette histoire que beaucoup jugeront immorale, mais qui ne laisse et ne laissera jamais les spectateurs indifférents. Au-delà de l’adultère dévastateur, Louis Malle se penche sur l’évidence entre deux êtres, sur la passion qui les consume, sans chercher à savoir ou même à comprendre ce qui l’anime. Sa caméra semble scruter l’indicible, s’attarde sur les regards, sur le temps qui s’étire (ou qui s’accélère, c’est selon le point de vue) quand deux êtres faits l’un pour l’autre se rencontrent, puis se percutent. Une certitude qu’eux-mêmes sont incapables d’expliquer et de concevoir, pour finalement se laisser porter par leurs sentiments. L’apparence tout d’abord quelque peu austère liée au personnage de Fleming, s’effrite dès le premier regard avec Anna, avant que le couple ne s’enflamme. Drame érotique, pulsionnel, encore plus que passionnel, Fatale est le vrai film-testament de Louis Malle.

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Test Blu-ray / Montagne rouge, réalisé par William Dieterle

MONTAGNE ROUGE (Red Mountain) réalisé par William Dieterle, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 3 juin 2021 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Alan Ladd, Lizabeth Scott, Arthur Kennedy, John Ireland, Jeff Corey, James Bell, Bert Freed, Walter Sande…

Scénario : George W. George, John Meredyth Lucas & George F. Slavin

Photographie : Charles B. Lang Jr.

Musique : Franz Waxman

Durée : 1h24

Date de sortie initiale: 1951

LE FILM

Colorado, 1865, le prospecteur Lane Waldron est accusé du meurtre d’un négociant en or. En effet plusieurs témoins l’ont vu sortir du bureau de la victime. Alors que les habitants s’apprêtent à le tuer sans procès, Waldron est sauvé par le capitaine Brett Sherwood, un officier sudiste qui a déserté l’armée. Mais Waldron est vite persuadé que son sauveur est le véritable assassin. Les deux hommes se retrouvent en cavale, ils sont bientôt rejoints par Chris, la fiancée de Lane…

Les Mystères d’Angkor (1960) avec Micheline Presle, La Piste des éléphants (1954) avec Elizabeth Taylor, Salome (1953) avec Rita Hayworth, La Main qui venge (1950) avec Charlton Heston, Vulcano (1950) avec Anna Magnani, Le Portrait de Jennie (1948) avec Jennifer Jones, The Devil and Daniel Webster (1941) avec Walter Huston, Quasimodo (1939) avec Charles Laughton, tous ces films ont pour dénominateur commun le réalisateur Wilhelm Dieterle, alias William Dieterle (1893-1972). Le metteur en scène, comédien, producteur et scénariste allemand naturalisé américain (il rejoindra Hollywood suite à la montée du nazisme) aura signé près de 90 longs-métrages et téléfilms de 1923 à 1966, une carrière éclectique et prolifique. Toutefois, s’il y a un genre auquel on ne l’associe pas, c’est le western, même s’il avait été appelé pour remplacer King Vidor, qui avait quitté le plateau du film Duel au soleil (1946), suite à une mésentente avec David O. Selznick. S’il n’est pas crédité au générique, William Dieterle finira bel et bien le long-métrage, avec également la participation de son confrère Josef von Sternberg. Cinq ans plus tard, le cinéaste revient au western, en reprenant une fois de plus un projet débuté par un autre, en l’occurrence John Farrow (Les Yeux de la nuit, Un pacte avec le diable, Californie, terre promise), tout en évinçant le comédien Wendell Corey, au profit de John Ireland. Mais la star de ce film intitulé Montagne rouge Red Mountain est Alan Ladd, alors au top de sa popularité et ce depuis une dizaine d’années, après le triomphe de Tueur à gages This Gun for Hire de Frank Tuttle où il donnait la réplique à Veronica Lake. Dans Montagne rouge, il partage l’affiche avec l’une des plus grandes comédiennes des années 1950, la remarquable Lizabeth Scott, qui retrouvait William Dieterle pour la troisième fois de sa carrière après La Rue de traversePaid in Full et La Main qui venge Dark City. Comme un huis clos à ciel ouvert, Red Mountain concentre essentiellement son action dans un décor quasi-unique, excellemment exploité par le réalisateur, qui traite beaucoup de sujets, trop peut-être, un triangle amoureux, un meurtre non élucidé, et surtout le portrait de William Clarke Quantrill (1837-1865), hors-la-loi et ancien chef de l’unité de combat de la guerre de Sécession, soldat fanatique et maître de la guérilla, jugé responsable des plus importantes tueries visant des civils, notamment dans l’épisode tristement célèbre du massacre de Lawrence, au Kansas. Il y a beaucoup d’éléments dans Montagne rouge, western très divertissant, qui se disperse mais qui repose avant tout sur le charisme et le talent de ses sublimes interprètes.

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Test Blu-ray / La Faute de l’abbé Mouret, réalisé par Georges Franju

LA FAUTE DE L’ABBÉ MOURET réalisé par Georges Franju, disponible en DVD et Blu-ray le 24 mars 2021 chez BQHL Editions.

Acteurs : Francis Huster, Gillian Hills, André Lacombe, Margo Lion, Lucien Barjon, Fausto Tozzi, Tino Carraro, Silvie Feit…

Scénario : Georges Franju & Jean Ferry, d’après le roman d’Émile Zola

Photographie : Marcel Fradetal

Musique : Jean Wiener

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1970

LE FILM

L’abbé Mouret, jeune prêtre campagnard est fasciné par la belle Albine qui l’entraîne, comme dans un rêve, dans un immense jardin merveilleux, où ils se perdent. Il y découvre la sensualité.

Francis Huster Begins ! C’est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup (air connu), car celui qui deviendra Le Faucon (1983) pour Paul Boujenah, qui tournera (à ce jour) à sept reprises chez Claude Lelouch (dont le « merveilleux » Chacun sa vie), deux fois pour Andrzej Żuławski, le « sublime » Parking de Jacques Demy, qui tiendra le rôle mythique de Juste Leblanc dans Le Dîner de cons (1999) de Francis Veber et traquera le Zodiaque à la télévision, arrive au cinéma directement par la grande porte, puisque dirigé par Georges Franju pour son avant-dernier long-métrage, La Faute de l’abbé Mouret, adapté du roman éponyme d’Émile Zola paru en 1875. A ce jour, il s’agit de l’unique adaptation du cinquième volume de la série Les Rougon-Macquart, situé entre La Conquête de Plassans et Son Excellence Eugène Rougon, deuxième roman d’Émile Zola à traiter du catholicisme et ici plus spécifiquement du célibat des prêtres. Georges Franju entre de plain-pied dans les années 1970, mais contrairement à ce que l’on pouvait penser, le réalisateur mise sur des partis-pris qui renvoient directement au cinéma français « d’autrefois », à celui des années 40-50. Ces volontés détonnent quelque peu en raison du jeu des comédiens, que certains qualifieront d’ampoulé, opposé au naturalisme représenté par Émile Zola, figure marquante de ce mouvement littéraire. Néanmoins, La Faute de l’abbé Mouret, version cinématographique, est parcouru de fulgurances, notamment dans sa première partie et la dernière, qui démontrent la modernité intacte du cinéaste. Dommage que le film soit quand même plombé par un second acte, celui se déroulant au Paradou, difficilement regardable aujourd’hui avec ses deux têtes d’affiche qui batifolent au milieu des rosiers, en courant presque au ralenti. Il n’en reste pas moins que La Faute de l’abbé Mouret est une œuvre souvent passionnante.

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Test Blu-ray / JF partagerait appartement, réalisé par Barbet Schroeder

JF PARTAGERAIT APPARTEMENT (Single White Female) réalisé par Barbet Schroeder, disponible en DVD et Blu-ray le 24 mars 2021 chez BQHL Editions.

Acteurs : Bridget Fonda, Jennifer Jason Leigh, Steven Weber, Peter Friedman, Stephen Tobolowsky, Frances Bay, Michele Farr…

Scénario : Don Roos, d’après le roman de John Lutz

Photographie : Luciano Tovoli

Musique : Howard Shore

Durée : 1h48

Date de sortie initiale : 1992

LE FILM

Séparée de son fiancé, Allie Jones tient cependant à ne pas quitter le grand appartement qu’elle loue dans l’Upper West Side, l’un des quartiers les plus chics de New York. Et quoi de mieux pour le conserver qu’une colocataire ? Allison croit avoir trouvé la perle rare en la personne d’Hedy Carlson, une jeune femme de son âge. En apparence douce, discrète et bienveillante, Hedra Carlson se révèle bientôt de plus en plus envahissante. Dangereusement envahissante…

Harcèlement, Sliver, Meurtre parfait, Sans chaud pour meurtre de sang-froid, Basic Instinct, Color of Night, Bound, La Main sur le berceau, Body, Copycat, Last Seduction, Jade, Excès de confiance, Sexcrimes…aaaah l’époque bénie pour le thriller sulfureux dans les années 90 ! Avant tous ces films, en 1992, sort sur les écrans JF partagerait appartementSingle White Female, ou Jeune femme cherche colocataire au Québec, réalisé par Barbet Schroeder, alors plongé dans sa période américaine, entre Le Mystère von Bülow et Kiss of Death. JF partagerait appartement a vieilli sur certains points, notamment les costumes et les coiffures aujourd’hui improbables, ainsi que tout ce qui concerne l’informatique, obsolète et pour ne pas dire risible. Néanmoins, le film demeure sacrément efficace, bourré de charme, prenant et surtout aussi excellemment mis en scène qu’interprété par les deux superbes têtes d’affiche, Bridget Fonda et Jennifer Jason Leigh, dont le face-à-face reste anthologique. Une référence.

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Test Blu-ray / Une anglaise romantique, réalisé par Joseph Losey

UNE ANGLAISE ROMANTIQUE (The Romantic Englishwoman) réalisé par Joseph Losey, disponible en DVD et Blu-ray le 24 février 2021 chez BQHL Editions.

Acteurs : Glenda Jackson, Michael Caine, Helmut Berger, Michael Lonsdale, Béatrice Romand, Kate Nelligan, Nathalie Delon, Reinhard Kolldehoff…

Scénario : Tom Stoppard & Thomas Wiseman, d’après la pièce de ce dernier.

Photographie : Gerry Fisher

Musique : Richard Hartley

Durée : 1h52

Date de sortie initiale : 1975

LE FILM

Épouse de Lewis Fielding, un romancier à succès, Elizabeth Fielding s’accorde un séjour thermal à Baden-Baden. Si elle y fait la connaissance de Thomas Hursa, gigolo et convoyeur de drogue qui se prétend poète, elle ne s’attend pas à ce qu’il réapparaisse à son retour en Angleterre. Quelle n’est également pas sa surprise de voir son mari l’accueillir à leur domicile et même l’engager en tant qu’assistant. À la fois soupçonneux et manipulateur, Lewis Fielding observe sa femme se jeter dans les bras de son nouvel « ami », curieux de l’issue de cette relation.

Quand il entreprend Une Anglaise romantique – The Romantic Englishwoman, Joseph Losey (1909-1984) a déjà l’ensemble de sa longue, prolifique et éclectique carrière derrière lui. Le cinéaste américain qui possède assurément l’une des filmographies les plus impressionnantes de toute l’histoire du cinéma comptait parmi ses œuvres les plus célèbres Le Garçon aux cheveux verts (1948) avec Dean Stockwell encore tout gamin dans le rôle-titre, Le Rôdeur The Prowler (1951) ou bien encore M (1951), le formidable remake du chef d’oeuvre de Fritz Lang, Accident (1967), Grand prix du jury au Festival de Cannes en 1967, Le Messager (Palme d’or en 1971), sans oublier bien sûr Eva (1962), Les Damnés en 1963 (un des meilleurs épisodes de la Hammer !), The Servant (1963) et Cérémonie secrète (1968). S’il entame pour ainsi dire sa dernière décennie consacrée au septième art, Joseph Losey ne se reposera jamais sur ses lauriers et enchaînera quelques-uns de ses opus les plus illustres comme l’exceptionnel Deux hommes en fuite – Figures in a Landscape (1970) avec Robert Shaw et Malcolm McDowell, deux films avec Alain Delon (L’Assassinat de Trotsky et Monsieur Klein), le sublime Maison de poupée – A Doll’s House (1973) avec Jane Fonda et Delphine Seyrig, jusqu’à l’adaptation cinématographique de l’opéra Don Giovanni de Mozart et da Ponte, tournée entièrement en décors naturels. Au milieu de tous ces grands classiques, se cache Une Anglaise romantique, qui condense pourtant les thèmes et obsessions (la lutte des classes, le rapport dominant-dominé, la tension sexuelle), les motifs (les miroirs omniprésents comme chez Fassbinder) de Joseph Losey et que l’on pourrait rapprocher entre autres de Maison de poupée. Quand le mensonge, la suspicion, le doute, la frustration s’insinuent au sein d’un couple, il est déjà trop tard. Sur un scénario coécrit par Tom Stoppard (Brazil de Terry Gilliam, Indiana Jones et la Dernière croisade de Steven Spielberg), et Thomas Wiseman, d’après le roman du second, Une Anglaise romantique observe non seulement ses trois protagonistes principaux, interprétés par Michael Caine, Glenda Jackson et Helmut Berger, en train de jouer entre eux aux faux-semblants et à la bienséance feinte, mais pose également le spectateur en tant que témoin de ce jeu de dupes, où l’on sent que les conventions bourgeoises britanniques sont sur le point de voler en éclats à n’importe quel moment. C’est du grand art, un exemple de mise en scène, de narration et de direction d’acteurs. The Romantic Englishwoman est un drame passionnel et psychologique virtuose où les genres semblent s’affronter, se contredire, pour mieux perdre à la fois ses personnages et une audience alors malmenée dans ses attentes, mais toujours impliquée.

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Test Blu-ray / L’Héritière, réalisé par William Wyler

L’HÉRITIÈRE (The Heiress) réalisé par William Wyler, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 18 mai 2021 chez Elephant Films.

Acteurs : Olivia de Havilland, Montgomery Clift, Ralph Richardson, Miriam Hopkins, Vanessa Brown, Betty Linley, Ray Collins, Mona Freeman…

Scénario : Ruth Goetz & Augustus Goetz,, d’après leur pièce de théâtre et le roman Washington Square de Henry James

Photographie : Leo Tover

Musique : Aaron Copland

Durée : 1h55

Année de sortie : 1949

LE FILM

William Wyler (1902-1981), un des plus grands réalisateurs du vingtième siècle, signe une fois de plus un film splendide récompensé par quatre Oscars en 1950 : Meilleure actrice, meilleurs costumes pour Edith Head et Gile Steele, meilleure musique pour Aaron Copland et meilleure direction artistique. Inspiré par la pièce d’Augustus et Ruth Goetz, elle-même adaptée du roman Washington Square, d’Henry James, L’Héritière est un film d’une cruauté verbale saisissante. Avec virtuosité, Olivia de Havilland (enlaidie pour le rôle) incarne Catherine Sloper, qui vit dans une riche demeure de Washington Square, le « beau quartier » de New York, en compagnie de son père, Austin Sloper, veuf, richissime et tyrannique. Celui-ci ne cesse d’humilier sa fille, la comparant sans cesse à sa brillante et séduisante épouse décédée. La jeune fille, effacée, naïve, timide et sans attraits, fait la rencontre du séduisant Morris Townsend au cours d’un bal. Le jeune homme lui fait aussitôt une cour empressée. Devenant un habitué de la maison des Sloper, il demande la main de Catherine à son père. Mais celui-ci ne tarde pas à l’accuser d’être un coureur de dot et refuse de donner suite à sa demande. Catherine persévère cependant dans ses espoirs d’un mariage d’amour. Son père lui explique qu’étant donné son manque de charme et d’intelligence, seul l’argent peut intéresser Morris Townsend. La suite des événements, dramatiques pour Catherine, semble lui donner raison. Elle va perdre son innocence, ses certitudes et ses repères. Une lente mais palpable transformation s’opère jusqu’à la dernière séquence. Doucement, Catherine calque son caractère sur celui qui l’a élevé et devient froide, dure et implacable. Ses proches (sa tante, sa domestique) ont du mal à la reconnaître et ne peuvent imaginer que cette personne impitoyable puisse être la même qu’ils ont alors connue. L’Héritière est un mélodrame sensationnel, pessimiste, élégant et cruel doublé d’un portrait de jeune femme poignant qui foudroie le cinéphile par la richesse de sa réalisation et de son interprétation. Extraordinaire directeur d’acteurs, le cinéaste obtient de ses comédiens (Olivia de Havilland, Montgomery Clift en tête) un jeu transcendant qui bouleverse le spectateur.

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