Test Blu-ray / L’Oeil du labyrinthe, réalisé par Mario Caiano

L’OEIL DU LABYRINTHE (L’Occhio nel labirinto) réalisé par Mario Caiano, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 5 avril 2022 chez Artus Films.

Acteurs : Rosemary Dexter, Adolfo Celi, Horst Frank, Sybil Danning, Franco Ressel, Michael Maien, Benjamin Lev, Gigi Rizzi…

Scénario : Mario Caiano, Antonio Saguera & Horst Hächler

Photographie : Giovanni Ciarlo

Musique : Roberto Nicolosi

Durée : 1h34

Date de sortie initiale : 1972

LE FILM

La jeune et jolie Julie suit une thérapie auprès de Luca, son psychiatre qui est aussi son amant. Une nuit, elle rêve qu’il se fait assassiner dans d’étranges conditions. Voulant lui faire le récit de son rêve, elle se rend chez Luca, qui demeure introuvable. A l’aide de l’agenda de son amant, elle se met à sa recherche, et va atterrir, après deux agressions, dans une villa luxueuse, parmi des gens troubles et excentriques.

Nous n’aurons jamais de cesse de nous replonger dans quelques filmographies d’artisans du septième art qui auront oeuvré toute leur vie pour le cinéma d’exploitation. C’est le cas de Mario Caiano (1933-2015), réalisateur de près d’une cinquantaine de longs-métrages, téléfilms et séries télévisées en quarante ans de carrière, parmi lesquels on peut citer en vrac : Mon nom est Shangaï Joe Il Mio nome è Shanghai Joe (1972), Un train pour Durango Un treno per Durango (1968), Les Amants d’outre-tombe Amanti d’oltretomba (1965), Ulysse contre Hercule Ulisse contro Ercole (1962), Le Signe de Zorro Il segno di Zorro (1963), Maciste et les 100 gladiateurs Maciste, gladiatore di Sparta (1964), Milano violenta (1976), Erik, le Viking Erik il vichingo (1965) ou bien encore Hold-up au centre nucléaire L’assalto al centro nucleare (1967). Retracer tous les opus de Mario Caiano, c’est faire un beau tour d’horizon des goûts des spectateurs au cinéma selon les époques, puisque le metteur en scène aura tout aussi bien abordé le péplum que le film d’aventures, le western, l’épouvante, l’Eurospy, le drame érotique et le poliziottesco. Et le giallo dans tout ça ? Évidemment ! Il s’agit de L’Oeil du labyrinthe L’occhio nel labirinto, sorti sur les écrans en 1972, coproduit par l’Italie et l’Allemagne de l’Ouest, que Mario Caiano coécrit avec Antonio Saguera et Horst Hächler. Un véritable fleuron du genre, qui compile tous les ingrédients espérés, qui les mélange, les cuisine, les mitonne avec un réel savoir-faire et qui tient en haleine du début à la fin. Concernant le dénouement, si nous ne le dévoilerons pas, il pourra sembler nawak à beaucoup encore aujourd’hui, mais cela fonctionne bien, car la révélation tant attendue est complètement assumée. Excellemment réalisé, L’Oeil du labyrinthe est un ride à la fois cruel et sensuel dans lequel on se perd volontiers et qui demeure une vraie référence.

Jeune et jolie, Julie suit une thérapie auprès du docteur Luca Berti, un homme séduisant qui est non seulement son psychiatre mais aussi son amant. Un matin, elle se réveille brusquement après avoir rêvé de sa mort. Dans son cauchemar, il est poursuivi par un tueur dans un lieu désert, vaste labyrinthe de construction inachevées, de dédales, dans lesquels le psychiatre finit par s’écrouler, mortellement poignardé. Afin d’en avoir le cœur net, Julie se rend dans le cabinet de Luca. Mais personne ne semble l’avoir vu. Après s’être passée au domicile de Berti où Julie se fait agresser par un inconnu armé également désireux de retrouver le psychiatre, la jeune femme décide de partir à sa recherche, en suivant quelques indices inscrits dans l’agenda de son amant. Dans un petit village, après avoir échappé à nouveau à son agresseur, elle rencontre le directeur d’un orphelinat, Frank, qui lui affirme que Luca a de bonnes chances de s’être rendu dans une villa luxueuse au bord de la mer, et dont la propriétaire, Gerda, accueille des visiteurs généralement riches, oisifs, et pour le moins excentriques. Dans cette demeure de luxe, elle y rencontre Gerda et d’autres pensionnaires. Parmi eux, un gigolo, Luis, accro à la dope et amant de Gerda ; une jeune photographe, Toni, et son amant compositeur à moitié sourd Eugène ou encore un couple d’acteurs, Thomas et Corinne. Ils passent leur temps à faire du ski nautique ou à bronzer. Julie les interroge et ils leur affirment tous qu’ils ne connaissent pas du tout le docteur Berti. Mais elle découvre qu’ils mentent tous et qu’ils ont tous une bonne raison de le haïr et surtout de le tuer…

Essentiellement tourné sur la merveilleuse Île d’Elbe, située dans la mer Tyrrhénienne et donc dans l’archipel toscan, L’Oeil du labyrinthe profite de ce décor paradisiaque qui contraste avec une sombre histoire de disparition et de meurtres. C’est là que se rend la belle Julie, que l’on ne quittera quasiment jamais. Celle-ci est interprétée par Rosemarie Dexter, actrice britanno-italienne, d’origine birmane, découverte dix ans auparavant dans Omicron d’Ugo Gregoretti (dont nous parlerons ces prochaines semaines), vue depuis dans un des segments des Monstres de Dino Risi, dans le rôle-titre du Roméo et Juliette de Riccardo Freda, l’excellent Un cri dans l’ombre House of Cards de John Guillermin, Justine ou les Infortunes de la vertu Marquis de Sade’s Justine de Jesús Franco, et un peu plus tard dans Mon Dieu, comment suis-je tombée si bas ? Mio Dio, come sono caduta in basso! de Luigi Comencini. Elle tient le haut de l’affiche dans L’Oeil du labyrinthe, s’acquitte parfaitement de cette tâche et s’avère aussi crédible que super sexy, nous gratifiant ainsi de quelques plans dénudés réjouissants.

A ses côtés, le légendaire Adolfo Celi (L’Homme de Rio et Le Roi de coeur de Philippe de Broca, Opération Tonnerre de Terence Young, Danger : Diabolik ! de Mario Bava, Un Condé de Yves Boisset) se délecte avec un personnage trouble, ambigu, qui semble en savoir beaucoup plus qu’il ne le prétend et qui compte profiter de ce qu’il sait pour nourrir ses ambitions personnelles…et se taper Julie au passage. La grande Alida Valli (Les Miracles n’ont lieu qu’une fois, La Petite sœur du diable, Suspiria) et la divine Sybil Danning (La Dame rouge tua sept fois, Cheeseburger film sandwich) complètent ce très solide casting et composent cette étrange communauté d’artistes extravagants, hébergée par une milliardaire folle.

L’Oeil du labyrinthe repose sur une mécanique implacable, où tous les engrenages sont admirablement emboîtés, même si certains rebondissements demanderont sans doute beaucoup d’indulgence de la part des spectateurs. Mais c’est ce qui fait encore le charme à la fois rétro et inaltérable de ce thriller psychologique, joliment photographié par Giovanni Ciarlo (Les Contes de Viterbury de Mario Caiano, Brigade anti-gangster et Meurtre sur le Tibre de Bruno Corbucci) et bercé par la belle composition jazzy de Roberto Nicolosi (La Fille qui en savait trop, Les Trois visages de la peur, La Ruée des Vikings). On en redemande et ça tombe bien, puisque le genre paraît inépuisable !

A Philippe Chouvel.

LE COMBO BLU-RAY + DVD

Artus Films est incontestablement l’un de nos éditeurs les plus productifs et passionnants. A peine avons-nous eu le temps de mettre une touche finale à nos chroniques d’Exécutions, Ultime violence, Les Nuits brûlantes de Linda, Shining Sex et Deux espionnes avec un petit slip à fleurs, que l’éditeur nous a confié ses derniers titres. Parmi ceux-ci, L’Oeil du labyrinthe de Mario Caiano. Les deux disques reposent dans un boîtier Digipack à deux volets, sobrement illustré, glissé dans un fourreau cartonné très élégant. Le menu principal est fixe et musical.

Peu de bonus à se mettre sous la dent sur cette édition. En plus d’un lot de bandes-annonces, nous trouvons une présentation du film par Emmanuel le Gagne (24’). Une intervention somme toute standard, qui s’égare un peu parfois, mais qui donne pas mal d’informations sur la carrière de Mario Caiano, en énumérant les titres de ses films les plus connus. Le casting de L’Oeil du labyrinthe est aussi passé au peigne fin, ainsi que les éléments qui pour le journaliste font de ce film un opus qui s’éloigne du giallo traditionnel.

En revanche, aucune trace du Diaporama d’affiches et de photos signalé sur le fourreau…

L’Image et le son

Autant le dire d’emblée, c’est superbe, à l’exception d’un générique qui s’accompagne de légers fourmillements, et de diverses tâches qui reviendront très sporadiquement. En dehors de cela, la copie est stable et propre. Ce nouveau master HD, au format 1080p (AVC) trouve rapidement un équilibre fort convenable et offre un lot de détails que nous n’attendions pas aux quatre coins du cadre. Le piqué est ferme, les couleurs ravivées et chatoyantes, les contrastes solides et les noirs denses. Le grain original est évidemment présent et excellemment géré.

L’éditeur propose les versions italienne et française dans un Mono original. Cette dernière bénéficie d’un doublage old-school très réussi, et le report des voix s’avère suffisamment mordant. Aucun souffle constaté. La version originale dame le pion à son homologue, avec des effets annexes ardents, tout comme la musique de Roberto Nicolosi, l’ensemble est dynamique et vif, si l’on excepte de sensibles craquements et décrochages dus à la postsynchronisation. Les sous-titres français ne sont imposés pas imposés sur la VO et le changement de langue non verrouillé à la volée.

Crédits images : © Artus Films / RTI / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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