Test Blu-ray / Les Maris, les Femmes, les Amants, réalisé par Pascal Thomas

LES MARIS, LES FEMMES, LES AMANTS réalisé par Pascal Thomas, disponible en DVD & Blu-ray le 2 juillet 2024 chez Rimini Editions.

Acteurs : Jean-François Stévenin, Susan Moncur, Emilie Thomas, Clément Thomas, Daniel Ceccaldi, Michel Robin, Vanessa Guedj, Anne Guinou, Hélène Vincent, Catherine Jacob, Guy Marchand, Catherine Bidaut, Sabine Haudepin, Ludivine Sagnier, Leslie Azzoulai, Eric Lartigau…

Scénario : Pascal Thomas & François Caviglioli

Photographie : Renan Pollès

Musique : Marine Rosier

Durée : 1h56

Date de sortie initiale : 1989

LE FILM

Durant l’été, un groupe de femmes se séparent de leurs maris et enfants, qu’elles envoient passer le mois d’août sur l’île de Ré, tandis qu’elles restent à Paris. Sur l’île comme à Paris, ce temps des vacances est vécu comme une parenthèse, où chacun tente de faire le point, et d’être heureux, les maris, les femmes, les amants, des plus grands aux plus petits.

À la fin des années 1980, le réalisateur Pascal Thomas peine à renouer avec le succès. Les Zozos (1,2 million d’entrées), Pleure pas la bouche pleine (1,5 millions de spectateurs) et Le Chaud lapin 1,4 million de tickets vendus) ont déjà plus de quinze ans et ses autres films n’ont jamais connu le même engouement. Ses quatre longs-métrages suivants (La Surprise du chef, Un oursin dans la poche, Confidences pour confidences et Celles qu’on n’a pas eues) n’attirent guère les foules (euphémisme). Après une pause de huit années et peu de temps avant de disparaître pendant encore huit ans (pour se consacrer aux voyages et à son amour des livres, tout en oeuvrant pour la publicité), Pascal Thomas s’inspire ouvertement du cinéma italien, prend le postulat inverse de Maris en libertéMariti in città (1957) de Luigi Comencini, qui se déroulait à Rome au mois d’août, délaissée par les épouses (et leurs enfants) parties en vacances au bord de la mer, pendant que les maris restaient en ville. Dans Les Maris, les Femmes, les Amants, le cinéaste et son coscénariste François Caviglioli (qui lui sera fidèle sur de nombreux autres opus) mélangent, comme le titre du film l’indique, les hommes, leurs épouses, leurs petit(s)-ami(e)s, mais aussi leurs enfants, dans un fameux bordel aussi maîtrisé que jubilatoire. Durant près de deux heures, sans véritable baisse de régime, les sexes et les âges se confrontent, flirtent, s’engueulent, profitent du présent, redoutent l’avenir, affrontent le passé et se retrouvent quasiment tous à un carrefour de leur existence, comme si le temps d’un été était celui où chacun pouvait faire un point quant à leur position sur la carte de leur histoire sentimentale. Portée par de fabuleux acteurs au top de leur forme, Les Maris, les Femmes, les Amants est une comédie de mœurs à redécouvrir absolument, qui mine de rien continue d’inspirer le cinéma français contemporain (le « diptyque » BarbecuePlancha d’Éric Lavaine ou celui des Petits mouchoirsNous finirons ensemble de Guillaume Canet) et qui demeure par ailleurs bien au-dessus du lot, des ersatz et pâles copies du genre.

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Test Blu-ray / Brisby et le Secret de NIMH, réalisé par Don Bluth

BRISBY ET LE SECRET DE NIMH (The Secret of NIMH) réalisé par Don Bluth, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 24 juillet 2024 chez Rimini Editions.

Acteurs : Jane Val, Jean Martinelli, Catherine Lafond, Marc François, Micheline Dax, Jacques Balutin, Georges Atlas, Jean Violette, Elizabeth Hartman, Derek Jacobi, Dom DeLuise, John Carradine, Shannen Doherty, Arthur Malet, Wil Wheaton, Peter Strauss…

Scénario : Don Bluth, Will Finn, Gary Goldman & John Pomeroy, d’après le roman de Robert C. O’Brien

Musique : Jerry Goldsmith

Durée : 1h19

Date de sortie initiale : 1982

LE FILM

L’histoire de Madame Brisby, une gentille maman souris qui décide de remuer ciel et terre pour sauver sa famille de la charrue du fermier Fitzgibbon. En chemin, elle reçoit l’aide d’un corbeau en mal d’amour, d’une souris voisine et d’un grand hibou peureux. Malheureusement, Mme Brisby aurait besoin d’un miracle mécanique pour déplacer sa maison. Pour cela, elle doit affronter un mystérieux rat, se débarrasser d’un chat féroce et récupérer une amulette magique…

Brisby et le Secret de NIMH. Mais qu’est-ce que NIMH ? Il s’agit de l’acronyme National Institute of Mental Health, qui n’est autre qu’une authentique institution gouvernementale américaine pour la santé. C’est donc aussi le titre et le sujet du premier long-métrage réalisé par Don Bluth (né en 1937), ancien animateur des studios Disney (ses débuts remontent à La Belle au bois dormant en 1959), qui voyant que la maison Mickey refusait ce projet en raison de son caractère sombre, décide de prendre son indépendance et de fonder son propre studio. Alors que Rox et Rouky est en pleine préparation (et que Disney allait connaître une sale période avec des résultats mitigés au box-office), Don Bluth souhaite retrouver l’âme, l’essence, la poésie et le coeur des films d’animation qui l’ont fait rêver quand il était gamin (Blanche-Neige et les 7 nains sera le catalyseur de sa vocation). Certains confrères lui emboîtent le pas et se lancent dans l’aventure de Brisby et le Secret de NIMH, inspiré par le roman de Robert C. O’Brien, Madame Brisby et le Secret de NIMHMrs. Frisby and the Rats of NIMH, premier volume de la trilogie dite des Rats de NIMH, paru en 1971. La magie opère encore quarante ans après, même si, comme bien souvent chez Don Bluth, à quelques exceptions près (Fievel et le Nouveau Monde, produit par Steven Spielberg), la forme l’emporte sur le fond. En effet, si le dessin subjugue du début à la fin, le récit patine à mi-parcours, avant d’être relancé à fond les ballons dans un dernier acte rempli d’action, de rebondissements et d’émotions. Du point de vue « plastique » (pour ne pas dire celluloïds), il s’agit peut-être du plus beau film de son auteur et surpasse de loin les productions Disney des années 1980. Produit pour 7 millions de dollars, Brisby le Secret de NIMH empoche le double rien que sur le sol américain et attire plus d’1,2 million de spectateurs dans les salles françaises. Un pari réussi pour Don Bluth et son équipe et qui connaîtra une suite tardive (en 1998), La Légende de BrisbyThe Secret of NIMH 2: Timmy to the Rescue, exploitée uniquement en vidéo et à laquelle Don Bluth n’a pas contribué.

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Test Blu-ray / Le Mal n’existe pas, réalisé par Ryūsuke Hamaguchi

LE MAL N’EXISTE PAS (Aku wa sonzai shinai – 悪は存在しない) réalisé par
Ryūsuke Hamaguchi, disponible en DVD et Blu-ray le 3 septembre 2024 chez Diaphana.

Acteurs : Hitoshi Omika, Ryô Nishikawa, Ryuji Kosaka, Ayaka Shibutani, Hazuki Kikuchi, Hiroyuki Miura, Yoshinori Miyata, Taijirô Tamura, Yûto Torii…

Scénario : Ryūsuke Hamaguchi

Photographie : Yoshio Kitagawa

Musique : Eiko Ishibashi

Durée : 1h46

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Takumi et sa fille Hana vivent dans le village de Mizubiki, près de Tokyo. Comme leurs aînés avant eux, ils mènent une vie modeste en harmonie avec leur environnement. Le projet de construction d’un « camping glamour » dans le parc naturel voisin, offrant aux citadins une échappatoire tout confort vers la nature, va mettre en danger l’équilibre écologique du site et affecter profondément la vie de Takumi et des villageois…

Nous en parlions lors de la sortie dans les bacs de Drive My Car, Ryūsuke Hamaguchi est l’un des cinéastes majeurs aujourd’hui et nous attendions de pied ferme son nouveau long-métrage. Le Mal n’existe pas est reparti de la Mostra de Venise 2023 avec le Grand prix du jury, ainsi que du Prix FIPRESCI. Pourtant, même si on ne peut pas parler de déception, on reste un peu plus dubitatifs que d’habitude quant à la nouvelle œuvre du réalisateur de Senses, Asako I & II et de Contes du hasard et autres fantaisies. La faute à un scénario somme toute plus banal ou plutôt prétexte à une succession de plans-séquences, par ailleurs merveilleusement beaux et contemplatifs. Dire que la magnificence des images ne touche pas en plein coeur et subjugue du début à la fin serait mentir. Toutefois, l’émotion peine à s’installer sur Le Mal n’existe pas, magnifique objet cinématographique, mais dont la forme interpelle indéniablement plus que le fond.

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Test DVD / Le Tableau volé, réalisé par Pascal Bonitzer

LE TABLEAU VOLÉ réalisé par Pascal Bonitzer, disponible en DVD & Blu-ray le 3 septembre 2024 chez Pyramide Vidéo.

Acteurs : Alex Lutz, Léa Drucker, Nora Hamzawi, Louise Chevillotte, Arcadi Radeff, Laurence Côte, Alain Chamfort, Céline Karter…

Scénario : Pascal Bonitzer

Photographie : Pierre Milon

Musique : Alexei Aigui

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

André Masson, commissaire-priseur dans la célèbre maison de ventes Scottie’s, reçoit un jour un courrier selon lequel une toile d’Egon Schiele aurait été découverte à Mulhouse chez un jeune ouvrier. Très sceptique, il se rend sur place et doit se rendre à l’évidence : le tableau est authentique, un chef-d’œuvre disparu depuis 1939, spolié par les nazis. André voit dans cet événement le sommet de sa carrière, mais c’est aussi le début d’un combat qui pourrait la mettre en péril. Heureusement, il va être aidé par son ex-épouse et collègue Bertina, et par sa fantasque stagiaire Aurore…

Quasiment dix ans après Tout de suite maintenant, Pascal Bonitzer aborde un nouvel « univers », celui du marché de l’art, autre monde peuplé de requins, comme celui de la finance. Désireux de saisir l’esprit d’une époque dans chacun de ses films, le réalisateur et prolifique scénariste (chez Raoul Ruiz, André Téchiné, Barbet Schroeder, Jacques Rivette, Chantal Akerman, Benoît Jacquot, Jacques Deray, Anne Fontaine et Pascal Thomas), s’il s’était permis une petite parenthèse quasi-inclassable dans sa filmographie avec le superbe Les Envoûtés en 2019, dirige de formidables comédiens et s’inspire cette fois d’une histoire vraie. Celle liée aux Tournesols fanés, oeuvre réalisée par Egon Schiele en 1914 et inspirée des Tournesols de Vincent van Gogh (que le peintre avait découvert en 1906), tableau disparu en 1942, qui a miraculeusement fait sa réapparition en 2003 dans le pavillon d’un jeune ouvrier chimiste de la banlieue de Mulhouse. Celui-ci devait être ensuite vendu en 2005 pour la coquette somme de 17 millions d’euros. Cependant, si le sujet est forcément passionnant, Le Tableau volé n’a pas le même charme que le précédent, et encore moins de Cherchez Hortense (2012) et de Tout de suite maintenant (2015). En éclatant sa distribution, le cinéaste part un peu dans tous les sens et les fils ont parfois du mal à se rejoindre, quand bien même les personnages sont tous bien écrits et dépeints. Mais Pascal Bonitzer n’a cette fois pas bénéficié du concours d’Agnès de Sacy au scénario, contrairement à ses trois derniers longs-métrages, et cela se ressent à plusieurs reprises. Comme en cuisine, il manque à l’ensemble un « appareil » pour consolider le tout, assez lâche, même si les ingrédients sont quand même bon en bouche. Le cinéma de Pascal Bonitzer demeure une valeur sûre.

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Test Blu-ray / La Promesse verte, réalisé par Édouard Bergeon

LA PROMESSE VERTE réalisé par Édouard Bergeon, disponible en DVD et Blu-ray le 17 septembre 2024 chez Diaphana.

Acteurs : Alexandra Lamy, Félix Moati, Sofian Khammes, Antoine Bertrand, Julie Chen, Adam Fitzgerald, Michael Schnörr, Olivier Ythier, Yothin Udomsanti…

Scénario : Edouard Bergeon & Emmanuel Courcol

Photographie : Éric Dumont

Musique : Thomas Dappelo

Durée : 2h04

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Pour tenter de sauver son fils Martin injustement condamné à mort en Indonésie, Carole se lance dans un combat inégal contre les exploitants d’huile de palme responsables de la déforestation et contre les puissants lobbies industriels.

Dans la carrière d’Alexandra Lamy, il y a eu plusieurs étapes. Un gars, une fille bien entendu, puis Ricky de François Ozon (un des films les plus étranges du réalisateur), qui lui offrait son premier grand rôle dramatique. Depuis, la comédienne n’a eu de cesse de passer d’un registre à l’autre, même si le succès avait tout d’abord du mal à suivre. Après quelques apparitions dans Brice de Nice, Les Infidèles et Lucky Luke aux côtés de Jean Dujardin, alors son compagnon, Jamais le premier soir obtient enfin les faveurs du public en 2014. Parallèlement, tout en continuant dans la comédie (Bis, Retour chez ma mère, L’Embarras du choix, Tout le monde debout, Le Sens de la famille, Le Test), Alexandra Lamy continue d’apparaître là où on l’attend le moins, tout en affinant son jeu dans le drame. Possessions, J’enrage de son absence, Par instinct, La Chambre des merveilles et Après moi le bonheur sont tous de grandes réussites. Même chose dans La Promesse verte, second long-métrage d’Édouard Bergeon, qui revient derrière la caméra cinq ans après le hit rencontré par Au nom de la terre (2 millions d’entrées), dans lequel l’actrice trône de façon impériale et s’inscrit définitivement parmi les plus grandes de sa génération. Magistralement mis en scène, passionnant, édifiant, La Promesse verte est une œuvre d’intérêt public, réunit le cinéma populaire et à grand spectacle et s’impose comme étant l’un des films les plus indispensables de l’année 2024.

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Test DVD / Boléro, réalisé par Anne Fontaine

BOLÉRO réalisé par Anne Fontaine, disponible en DVD le 10 juillet 2024 chez M6 Vidéo.

Acteurs : Raphaël Personnaz, Doria Tillier, Jeanne Balibar, Emmanuelle Devos, Vincent Perez, Anne Alvaro, Sophie Guillemin, Alexandre Tharaud, Serge Riaboukine…

Scénario : Anne Fontaine & Claire Barré, d’après le livre de Marcel Marnat

Photographie : Christophe Beaucarne

Musique : Bruno Coulais

Durée : 1h56

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Paris, les années folles. Les oreilles de Maurice Ravel bourdonnent quand Ida, chorégraphe sensuelle et audacieuse, lui commande la musique de son prochain ballet. Tétanisé, Ravel ne sait plus où chercher l’inspiration. C’est en puisant dans ses souvenirs et en s’inspirant des femmes de sa vie que le compositeur créera sa plus grande œuvre : Le Boléro.

« Il ne s’écoule jamais plus d’un quart d’heure sans qu’on entende le Boléro de Ravel quelque part dans le monde » indique un panneau en guise de conclusion du film d’Anne Fontaine. Mais près de deux heures avant cela, le générique d’ouverture montre déjà que l’oeuvre du compositeur n’a eu de cesse d’être empruntée, détournée, mixée, samplée ou tout simplement réinterprétée depuis sa création (et son triomphe) en 1928. Boléro, titre simple, concis, entier, est le dix-neuvième long-métrage réalisé par Anne Fontaine en un peu plus de trente ans, qui trois après sa fantaisie où elle imaginait le retour politique de François Hollande et de Nicolas Sarkozy, unis contre l’imminence au pouvoir de Marine Le Pen dans Présidents, livre un faux biopic, non pas sur la figure même de Maurice Ravel, mais sur celle de la création de son œuvre la plus célèbre au monde, le Boléro. Le film démarre d’ailleurs en 1903, alors que le jeune musicien est âgé de 28 ans, jusqu’à son décès en 1937. Mais le Boléro est et demeure le pivot central du récit, comme il l’a finalement été dans la vie de Maurice Ravel. Anne Fontaine observe son personnage principal avec admiration et aussi beaucoup de questionnements, comme si elle savait elle-même qu’en dépit des moyens présentés par le cinéma, elle ne pourrait pas mettre à jour la face cachée du compositeur, sonder son âme perturbée, décoder ses secrets, dévoiler son processus créatif. La force de Boléro provient de Raphaël Personnaz, indéniablement dans un de ses meilleurs rôles et qui livre sans doute sa plus grande prestation à ce jour. Tout en intériorité, le comédien rend compte du bouillonnement qui s’emparait au quotidien de Maurice Ravel, qui ne vivait que pour la musique, au point qu’il n’arrivait pas à s’exprimer autrement, sans jamais être satisfait de ce qu’il entreprenait, malédiction des artistes. Boléro est un sommet dans la carrière de la cinéaste et de sa tête d’affiche.

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Test DVD / Quelques jours pas plus, réalisé par Julie Navarro

QUELQUES JOURS PAS PLUS réalisé par Julie Navarro, disponible en DVD le 7 août 2024 chez M6 Vidéo.

Acteurs : Benjamin Biolay, Camille Cottin, Amrullah Safi, Makita Samba, Saadia Bentaïeb, Loula Bartilla Besse, Olivier Charasson, Andranic Manet, Hippolyte Girardot…

Scénario :Julie Navarro et Marc Salbert, d’après le roman de ce dernier, De l’influence du lancer de minibar sur l’engagement humanitaire

Photographie : Sylvestre Dedise

Musique : Arnaud Rebotini

Durée : 1h39

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Arthur Berthier, critique rock relégué aux informations générales après avoir saccagé une chambre d’hôtel, découvre que le journalisme est un sport de combat. Envoyé à l’hôpital par un CRS en couvrant l’évacuation d’un camp de migrants, il tombe sous le charme de Mathilde, la responsable de l’association Solidarité Exilés et accepte, pour quelques jours croit-il, d’héberger Daoud, un jeune Afghan.

Oui bon d’accord, le cinéma français bien-pensant blabla, les bobos de cinquante piges, les écouteurs vissés sur les oreilles en train d’écouter The Kinks ou The Zombies, confortablement installés dans leur 50m² à Barbès (car ils aiment le melting-pot), en train de découvrir le monde (les migrants quoi), qui se découvrent une âme de militant (par hasard, après avoir reçu un coup sur la tronche ici) et qui décident (malgré eux) de recueillir un demandeur d’asile. C’est Quelques jours pas plus, premier long-métrage écrit et réalisé par Julie Navarro, ancienne assistante de Véra Belmont, Jean-François Davy, Jean-Marc Vallée et ancienne directrice de la distribution (sur La Science des rêves, Mariage à Mendoza, Hippocrate, Médecin de campagne…). Cependant, si le pitch peut effectivement faire peur, Quelques jours pas plus est une première œuvre extrêmement attachante et contre toute attente, on suit le cheminement de son protagoniste, critique musical qui commence à avoir de la bouteille et qui semble revenu de tout, qui se retrouve embringué dans le quotidien d’une association caritative, spécialisée dans l’accueil des migrants et réfugiés à Paris. Ce dernier est en outre interprété par Benjamin Biolay, qui mine de rien s’est construit une vraie filmographie depuis une quinzaine d’années. Depuis ses débuts devant la caméra de Vincent Dietschy (dans Didine), l’interprète multi-récompensé de Comment est ta peine ? n’a eu de cesse d’enchaîner les rôles (une bonne cinquantaine désormais), en prenant petit à petit une véritable épaisseur et un charisme qui s’est encore plus sculpté avec les années. Après Pourquoi tu pleures ? de Katia Lewkowicz, Personal Shopper d’Olivier Assayas, Irréprochable de Sébastien Marnier, Les Apparences de Marc Fitoussi (pour ne citer que ceux-là), Benjamin Biolay trouve incontestablement l’un de ses meilleurs personnages dans Quelques jours pas plus (adaptation du roman de Marc Salbert, compagnon de la metteuse en scène, dénommé De l’Influence du lancer de minibar sur l’engagement humanitaire publié en 2015 sous Le Dilettante), dans lequel il est criant de vérité. Un joli film sincère, émouvant, drôle aussi, à la frontière du documentaire, qui ne tombe pas dans le piège du message enfoncé à coups de marteau dans le crâne des spectateurs, mais qui lui expose des faits, sans en rajouter. Une belle découverte.

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Test DVD / Mob Land, réalisé par Nicholas Maggio

MOB LAND réalisé par Nicholas Maggio, disponible en DVD le 23 août 2024 chez Program Store.

Acteurs : John Travolta, Shiloh Fernandez, Stephen Dorff, Kevin Dillon, Ashley Benson, Tia DiMartino, Timothy V. Murphy, Robert Miano…

Scénario : Nicholas Maggio & Rob Healy

Photographie : Nick Matthews

Musique : David Gerald Steinberg

Durée : 1h47

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Un shérif tente de maintenir la paix lorsqu’un père de famille désespéré braque violemment une fabrique de pilules avec son beau-frère, alertant ainsi un homme de main de la mafia de la Nouvelle-Orléans.

Tiens mais oui au fait, il devient quoi John Travolta ? Au-delà du fait que le comédien ait été salement touché par le destin en perdant de façon prématurée son épouse Kelly Preston en 2020 (à l’âge de 57 ans) et leur premier fils en 2009 (disparu à 16 ans de maladie), son dernier succès au cinéma remonte déjà à 2012, avec Savages d’Oliver Stone. Depuis, l’ancien Tony Manero et Danny Zuko n’a eu de cesse d’enchaîner les panouilles dans quelques DTV peu reluisants (euphémisme). Peu se souviennent (et à raison) de Face à Face Killing Season de Mark Steven Johnson dans lequel il donne la réplique (avec un accent à couper au couteau de chasse) à Robert De Niro, du pourtant sympatoche The Revenge I Am Wrath de Chuck Russell, de l’improbable La Victoire dans le sangTrading Paint de Karzan Kader où il a pour partenaire la chanteuse Shania Twain et qui lui vaudra une nomination aux Razzie Awards, de l’immonde The Poison Rose de George Gallo où Morgan Freeman ressemble à un épouvantail mal cousu. À 70 piges, l’ami John, après avoir partagé l’affiche de Paradise City avec Bruce Willis, paraît reprendre le flambeau de ce dernier ainsi que la même éponge pour coiffer son crâne luisant, qu’il accepte enfin de montrer à l’écran (et qu’il ne recouvre plus d’un hérisson écrasé) avec Mob Land, dans lequel il n’apparaît que comme une guest-star de luxe, en pointillés, en laissant la place principale à ses confrères. Bruce Willis ayant raccroché après avoir tourné plus de trente films en dix ans (quasiment tous destinés à la VOD) et prenant un repos bien mérité auprès des siens qui l’aident dans son aphasie, John Travolta continue son bonhomme de chemin et vient d’ailleurs d’emballer deux thrillers avec le dénommé Randall Emmett, habituellement producteur de multiples williseries (la trilogie Detective Knight, 10 Minutes Gone et bien d’autres). Mais pour l’heure, il participe à Mob Land, premier long-métrage écrit et mis en scène par un certain Nicholas Maggio (inconnu au bataillon), où il incarne le shérif d’une petite bourgade du Sud des États-Unis, touchée par les affaires de la mafia de la Nouelle-Orleans. Si l’histoire rappelle (de loin) les récits de James Lee Burke, notamment la saga Dave Robicheaux, Mob Land (production Corey Large, autre responsable de williseries comme Gasoline Alley, Vendetta, White Elephant) est complètement anecdotique, pas folichon, ni calamiteux, passe le temps sans se forcer et ce grâce à la participation de l’excellent Stephen Dorff, dont le personnage prend de l’ampleur au fur et à mesure, au point de voler la vedette. Il est incontestablement le gros atout de ce film qui s’autodétruit immédiatement de votre mémoire sitôt le déroulé du générique de fin.

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Test Blu-ray / Immaculée, réalisé par Michael Mohan

IMMACULÉE (Immaculate) réalisé par Michael Mohan, disponible en DVD & Blu-ray le 23 août 2024 chez Metropolitan Vidéo.

Acteurs : Sydney Sweeney, Simona Tabasco, Benedetta Porcaroli, Álvaro Morte, Niccolò Senni, Dora Romano, Giorgio Colangeli, Giampiero Judica…

Scénario : Andrew Lobel

Photographie : Elisha Christian

Musique : Will Bates

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Cecilia, une jeune religieuse américaine, s’installe dans un couvent isolé de la campagne italienne. L’accueil est chaleureux, mais rapidement Cecilia comprend que sa nouvelle demeure abrite un sinistre secret et que des choses terribles s’y produisent…

Qui arrêtera Sydney Sweeney ? Découverte en 2010 dans The Ward : L’hôpital de la terreur de John Carpenter dans lequel elle interprétait le personnage de Mika Boorem dans son enfance, l’actrice née en 1997 n’a eu de cesse de grimper les échelons. Vue au cinéma par la suite dans Under the Silver Lake de David Robert Mitchell, Once Upon a Time… in Hollywood de Quentin Tarantino, The Voyeurs de Michael Mohan, elle s’impose aussi à la télévision dans les séries In the Vault, Everything Sucks!, The Handmaid’s Tale, Sharp Objects, The White Lotus et surtout Euphoria depuis 2019. 2023, elle passe la vitesse supérieure en tenant le rôle-titre de Reality de Tina Satter, qui la place directement parmi les comédiennes les plus convoitées du moment, enquille avec un énorme succès personnel au box-office avec la comédie-romantique Tout sauf toi Anyone but You de Will Gluck (220 millions de dollars de recette) et apparaît dans le Spider-Verse dans le lénifiant Madame Web de S. J. Clarkson (dans lequel elle est l’un des rares éléments à sauver). Non seulement Sydney Sweeney est l’une des plus belles créatures apparues dans le cinéma américain depuis un bail (il faut sans doute remonter à Scarlett Johansson période Match Point pour retrouver un tel engouement hormonal), mais elle est aussi une artiste dingue, doublée d’une productrice ambitieuse. Après avoir financé Tout sauf toi, elle sauve un film d’horreur destiné à tomber dans les oubliettes, Immaculée, projet qui remontait alors à une dizaine d’années et auquel elle n’a cessé de croire. Sydney Sweeney produit donc cet Immaculate et a fait appel elle-même au réalisateur Michael Mohan, avec lequel elle avait déjà collaboré sur Everything Sucks! et The Voyeurs. Imprégné d’un parfum d’antan, celui qui accompagnait la nunsploitation (aaaah L’Autre enfer de Bruno Mattei, Les Démons du sexe de Jess Franco, Les Diables de Ken Russell…), Immaculée est un immense tour de force, remarquablement mis en scène, viscéral, court, rapide, porté par un casting magistral sur lequel trône Sydney Sweeney, quasiment de toutes les scènes et qui livre une nouvelle prestation que nous ne sommes pas prêts d’oublier.

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Test Blu-ray / La Rose de la mer, réalisé par Jacques de Baroncelli

LA ROSE DE LA MER réalisé par Jacques de Baroncelli, disponible en Combo Blu-ray + DVD Edition limitée le 26 juin 2024 chez Pathé.

Acteurs : Denise Bosc, Fernand Ledoux, Roger Pigaut, Lily Baron, Noël Roquevert, Palau, Georges Lannes, Jane Maguenat…

Scénario : Marc-Gilbert Sauvajon, d’après le roman de Paul Vialar

Photographie : Jean Isnard

Musique : Louiguy

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 1946

LE FILM

Jérôme possède un bateau, La Rose de la Mer, avec son truand d’oncle. Ils naviguent avec une bande de forbans engagés par l’oncle pour saborder le navire et toucher la prime d’assurance. Mais Jérôme n’est pas de cet avis et s’oppose au reste de l’équipage.

En 2021, l’auteur de ces mots faisait la découverte d’un film, d’un chef d’oeuvre, La Femme et le pantin (1929) et surtout de son réalisateur, dont il n’avait alors jamais entendu parler, Jacques de Baroncelli (1881-1951). Complètement oublié aujourd’hui, celui-ci aura pourtant signé une belle version des Mystères de Paris (1943), une adaptation de La Duchesse de Langeais (1942) d’Honoré de Balzac, avec Edwige Feuillère, et l’on peut aussi citer Belle étoile (1938) avec Michel Simon et Jean-Pierre Aumont et Je serai seule après minuit (1931), sur un scénario de Henri-Georges Clouzot. Jacques de Baroncelli était un passionné de cinéma, un amoureux des comédiens auxquels il était d’ailleurs fidèle (il collaborera plus de quinze fois avec Charles Vanel, fera aussi tourner à plusieurs reprises Pierre Brasseur, Edwige Feuillère…) et enchaînait les films aussi divers que variés, avec pour priorité le désir de se renouveler. La Rose de la mer est l’un de ses derniers longs-métrages, peut-être pas le plus représentatif de son œuvre générale, mais qui se démarque par son savoir-faire et sa tonalité sombre, le film ayant été tourné après la Seconde Guerre mondiale. D’après un scénario écrit par Marc-Gilbert Sauvajon (Le Canard à l’orange, Michel Strogoff, Non coupable), transposition d’un roman de Paul Vialar, le cinéaste dirige une bande de comédiens qui en dehors du légendaire Noël Roquevert et du respecté Fernand Ledoux ne sont pas vraiment passés à la postérité, mais qui n’en restent pas moins convaincants, même si leur jeu reste représentatif des « codes » d’une certaine époque. La Rose de la mer demeure un drame assez prenant, culotté, romanesque, teinté de thriller, où la violence peut éclater à n’importe quel moment et ce jusqu’à la fin. Une étonnante curiosité donc.

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