Test Blu-ray / Les Enfants des autres, réalisé par Rebecca Zlotowski

LES ENFANTS DES AUTRES réalisé par Rebecca Zlotowski, disponible en DVD et Blu-ray le 21 janvier 2023 chez Ad Vitam.

Acteurs : Virginie Efira, Roschdy Zem, Chiara Mastroianni, Callie Ferreira-Goncalves, Yamée Couture, Henri-Noël Tabary, Victor Lefebvre, Sébastien Pouderoux…

Scénario : Rebecca Zlotowski

Photographie : Georges Lechaptois

Musique : Robin Coudert & Gael Rakotondrabe

Durée : 1h43

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Rachel a 40 ans, pas d’enfant. Elle aime sa vie : ses élèves au lycée, ses amis, ses ex, ses cours de guitare. En tombant amoureuse d’Ali, elle s’attache à Leila, sa fille de 4 ans. Elle la borde, la soigne, et l’aime comme la sienne. Mais aimer les enfants des autres, c’est un risque à prendre…

Il y a eu plusieurs étapes dans la carrière cinématographique de Virginie Efira. La période comédies-romantiques à succès (L’amour, c’est mieux à deux, La Chance de ma vie, 20 ans d’écart), la reconnaissance dans le film d’auteur (Caprice d’Emmanuel Mouret, Victoria de Justine Triet, Pris de court d’Emmanuelle Cuau), puis la bombe de Paul Verhoeven, Benedetta, qui l’a mise à nu, au sens propre comme au figuré. Transfigurée depuis cette seconde collaboration avec le Hollandais violent (après Elle), la comédienne n’a eu de cesse d’inspirer les réalisateurs/rices par la suite, de Catherine Corsini (Un amour impossible) à Anne Fontaine (Police), en passant par Albert Dupontel (Adieu les cons), Régis Roinsard (En attendant Bojangles), Alice Winocour (Revoir Paris) et donc aussi Rebecca Zlotowski. Cette dernière offre à Virginie Efira ce qui sera déjà indubitablement l’un de ses pus grands rôles dans Les Enfants des autres, son cinquième long-métrage après Belle Épine (prix Louis-Delluc du meilleur premier film), Grand Central, Planetarium et Une fille facile (prix SACD à la Quinzaine des réalisateurs). Un drame aussi beau que bouleversant, formidablement interprété, délicat, à fleur de peau sur le thème du désir de maternité, comme dernièrement dans le non-moins remarquable Le Sixième enfant de Léopold Legrand. Sélectionné à la Mostra de Venise, d’où il est malheureusement reparti bredouille, Les Enfants des autres est LE grand absent de la cérémonie des César en 2023, ce qui est tout simplement inadmissible. Au moins, les spectateurs ne se sont pas trompés et ont su lui réserver un très bel accueil dans les salles puisqu’il aura engrangé pas loin de 400.000 entrées en fin de parcours, ce qui est à ce jour le plus grand succès public de Rebecca Zlotowski, l’une des cinéastes majeures en France aujourd’hui.

Rachel est une femme d’une quarantaine d’année, célibataire et sans enfants. Épanouie dans son métier de professeur de français, c’est lors d’un cours de guitare qu’elle fait la rencontre d’Ali, et une histoire d’amour commence. Ali est père d’une petite Leila de 5 ans, qu’il a eue avec Alice, dont il est séparé. Rachel va faire la connaissance de Leila, et une relation tendre va naître entre elles. Rachel aimerait avoir un enfant à elle, mais son gynécologue la prévient: il ne lui reste plus beaucoup de temps. Elle va s’investir dans sa relation avec Leila, allant la chercher une semaine sur deux à son cours de judo. Elle fait également la connaissance d’Alice, avec qui elle entretient une relation cordiale. Louanna, la jeune soeur de Rachel, tombe enceinte par accident, mais accueille cette grossesse avec bonheur, encouragée par Rachel. Rachel ressent peu à peu une certaine amertume, se demandant si elle est condamnée à rester une « figurante » dans la vie de Leila.

Les Enfants des autres est l’image de son auteure, élégant, sensible, intelligent, passionnant. Rebecca Zlotowski, diplômée de La Fémis en 2009 dans la section scénario, a su creuser son filon depuis plus de dix ans, au même titre que ses consoeurs Mia Hansen-Løve, Katell Quillévéré, Léa Fehner, Céline Sciamma, Alice Winocour pour ne citer qu’elles, qui ont toutes apporté un vent de fraîcheur au sein du cinéma hexagonal. Après la série Les Sauvages, adaptée du roman de Sabri Louatah, elle désirait diriger à nouveau Roschdy Zem pour une transposition d’un des plus célèbres romans de Romain Gary, Au-delà de cette limite votre ticket n’est plus valable, consacré à l’impuissance d’un homme à l’aube de ses soixante ans…mais le projet a muté en quelque chose de plus personnel. Si Roschdy Zem est toujours rattaché à ce nouveau récit, l’histoire se recentre sur une femme de 40 ans, rattrapée par son horloge biologique et son désir d’enfant, mais que la nature « condamne » désormais à commencer à se faire à l’idée qu’elle ne pourra pas ou plus en avoir, tout en devant élever celui ou ceux d’un autre et par conséquent d’une autre.

Les Enfants des autres est le portrait d’une « jeune » quadra, remplit d’amour pour l’homme dont elle est tombée amoureuse et pour la fille de ce dernier, un sentiment complexe, mais puissant, magnifiquement restitué par Virginie Efira, au sommet de son art et de sa beauté. Loin de l’image longtemps véhiculée de la belle-mère acariâtre et revêche, elle campe ici une « deuxième » maman attentionnée, douce, transie d’amour pour ce petit bout de chou de quatre ans (et demi s’il vous plaît) à laquelle l’adorable Callie Ferreira-Goncalves prête son merveilleux visage. Nous ne sommes pas dans un conte de fées et Virginie Efira n’a rien d’une marâtre. On suit cette femme arrivée à un carrefour de sa vie, devant faire des choix, en abandonner certains, se raccrocher à d’autres, en espérant que ce soit les bons, ou tout au moins les meilleurs. La passion qui unit Rachel et Ali est superbe, charnelle, évidente et l’on souhaite évidemment le meilleur pour eux d’entrée de jeu.

Mais Ali, bien que séparé a une autre femme dans sa vie, une petite fille qui prend bien sûr beaucoup de place et qui représente un passé, même encore récent, auquel Rachel doit s’adapter, même si elle voudrait en savoir plus, mais sans jamais s’immiscer de façon indiscrète. Elle prend alors la vie comme elle vient, même si elle doit composer avec la présence de la mère de Leila, Alice (Chiara Mastroianni), qu’elle croise forcément plusieurs fois par mois. Dans cette troublante position, Rachel voit sa fibre maternelle couler de source, mais elle doit freiner ses ardeurs quand Leila commence à se demander pourquoi « elle » est de plus en plus présente chez eux. Le plus difficile pour Rachel est d’accepter, le temps qui passe, d’être en seconde position, de ne pas pouvoir aller plus loin comme ses sentiments la poussent à le faire naturellement. Mais jusqu’à quand ?

C’est avec des films comme Les Enfants des autres que le cinéma français aura encore et toujours de beaux jours devant lui, se plaçant dans la droite lignée de notre septième art d’il y a plus de quarante ans (on pense notamment à Claude Sautet) et des grands classiques américains des années 1970.

LE BLU-RAY

Après son joli score dans les salles, Les Enfants des autres bénéficie d’une sortie de choix chez Ad Vitam, en DVD et Blu-ray. Le visuel reprend celui de l’affiche d’exploitation. Le menu principal est animé et musical.

Le premier supplément est une scène coupée (2’30), où Rachel est en voiture avec son ex-compagnon, qui au fil de la conversation (très bien écrite) lui déclare qu’il l’aimera toujours.

Le second bonus est une interview croisée avec d’un côté la réalisatrice Rebecca Zlotowski et de l’autre ses deux comédiens Virginie Efira et Roschdy Zem (19’). Au programme de ces entretiens : la genèse du film, le casting, le travail de la cinéaste avec ses acteurs, les intentions de Rebecca Zlotowski, les thèmes et les partis-pris.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Les Enfants des autres jouit du talent de Georges Lechaptois (Carnivores des frères Rénier, Rouge de Farid Bentoumi, Proxima d’Alice Winocour) à la photographie. Le master HD est à la hauteur des espérances et restitue les superbes partis pris esthétiques originaux à travers des contrastes riches et léchés, une colorimétrie scintillante, une luminosité de tous les instants, un piqué aux petits oignons et une profondeur de champ appréciable.

Toutes proportions gardées, la piste DTS-HD Master Audio 5.1 bénéficie d’une large ouverture des enceintes frontales et délivre ses dialogues avec énergie sur les séquences en intérieur. Evidemment, il ne faut pas en attendre beaucoup des latérales qui parviennent néanmoins à distiller quelques ambiances naturelles en extérieur. La musique et la bande-originale jouissent d’une spatialisation percutante. Les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles.

Crédits images : © Ad Vitam / Les films Velvet – Georges Lechaptois / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.