Test Blu-ray / Cría cuervos, réalisé par Carlos Saura

CRÍA CUERVOS réalisé par Carlos Saura, disponible en Blu-ray le 16 mai 2023 chez Tamasa Diffusion.

Acteurs : Geraldine Chaplin, Ana Torrent, Conchita Pérez, Maite Sánchez, Mónica Randall, Florinda Chico, Josefina Díaz, Germán Cobos, Héctor Alterio, Mirta Miller…

Scénario : Carlos Saura

Photographie : Teodoro Escamilla

Musique : Federico Mompou

Durée : 1h57

Date de sortie initiale : 1976

LE FILM

Dans une grande maison madrilène vivent trois fillettes, entourées de leur père, de leur grand-mère paralytique, leur bonne et leur tante, qui essaie de combler le vide laissé par la mort de leur mère. L’une des soeurs, Ana, dix ans à peine, échappe à l’atmosphère étouffante en se réfugiant dans un monde de rêves. Un jour, le père meurt dans les bras de sa maîtresse. Ana est persuadée que c’est la conséquence de son pouvoir magique. Refusant le monde des adultes, elle continue de s’enfermer dans son imaginaire, en faisant revivre le souvenir de sa mère.

Hoy en mi ventana brilla el sol
Y el corazón
Se pone triste contemplando la ciudad
Porque te vas…

Grand Prix Spécial du Jury au Festival de Cannes en 1976, Cría Cuervos reste à juste titre le film le plus emblématique de la carrière de Carlos Saura, son plus grand succès aussi. D’une part parce que l’un des chefs de file du Nuevo Cine, mouvement espagnol inspiré de la Nouvelle Vague, dénonce une période noire de l’histoire espagnole, la dictature franquiste, représentée dans le film par le père de la petite Ana (Ana Torrent et son regard inoubliable), d’autre part car la mise en scène de Saura restitue avec une infinie délicatesse et poésie l’esprit tourmenté d’une fillette confrontée très tôt à la mort de ses parents. Durant un été interminable, dans la grande, ancienne et étouffante maison familiale madrilène, seule, ou avec ses deux soeurs, elle parvient à se réfugier dans son imaginaire pour échapper à cette triste réalité et à la douleur, en écoutant à tue-tête la chanson Porque te vas de Jeanette.

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Test Blu-ray / Les Héros de Télémark, réalisé par Anthony Mann

LES HÉROS DE TÉLÉMARK (The Heroes of Telemark) réalisé par Anthony Mann, disponible en DVD et Blu-ray depuis le 21 septembre 2022 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Kirk Douglas, Richard Harris, Ulla Jacobsson, Michael Redgrave, David Weston, Sebastian Breaks, Maurice Denham, Anton Diffring…

Scénario : Ivan Moffat & Ben Barzman, d’après le roman de John Drummond (But for These Men) et le roman de Knut Haukelid (Skis Against the Atom)

Photographie : Robert Krasker

Musique : Malcolm Arnold

Durée : 2h10

Date de diffusion initiale : 1965

LE FILM

Durant la Seconde Guerre mondiale, les Allemands produisent de l’eau lourde à Télémark en Norvège dans le but de fabriquer la bombe atomique. Les forces britanniques délèguent un petit commando qui a pour mission de s’introduire dans l’usine de Télémark afin de détruire la dangereuse production ennemie.

Les Héros de TélémarkThe Heroes of Telemark est le dernier long-métrage réalisé par Anthony Mann, qui décédera en 1967 lors du tournage de Maldonne pour un espion, qui sera ensuite repris par Laurence Harvey, alors en tête d’affiche. Cette petite référence du film de guerre s’inspire une fois de plus d’une histoire vraie, un exploit qui avait d’ailleurs déjà donné naissance à La Bataille de l’eau lourde, semi-documentairede Jean Dréville et Titus Vibe-Müller, sorti en 1948. Une opération qui avait été menée en plusieurs étapes grâce à une collaboration entre français, norvégiens et anglais, ce que nous dévoile (même si tout a été revisité) Les Héros de Télémark, superproduction hollywoodienne classique, qui accuse aujourd’hui quelques baisses de rythme, mais qui n’en reste pas moins passionnant sur le fond et surtout admirable sur la forme avec l’un des meilleurs cinéastes américains à la barre. Pas rancunier, il y dirige Kirk Douglas, la star (également producteur) qui l’avait viré du plateau de Spartacus six ans auparavant, pour divergences artistiques. Anthony Mann devait alors enchaîner avec deux spectacles gigantesques, Le Cid El Cid et La Chute de l’Empire romain The Fall of the Roman Empire, qui ont pu démontrer à Kirk Douglas que le metteur en scène pouvait tenir un budget conséquent, mais aussi se montrer très l’aise dans les séquences d’action et pas seulement que dans le western, genre dans lequel on l’a trop souvent catalogué. S’il n’est pas non plus un chef d’oeuvre, il lui manque en outre un certain souffle épique pour y prétendre, Les Héros de Télémark demeure un divertissement haut de gamme, « à l’ancienne », bourré de charme et beau à regarder, plein de rebondissements et de sentiments, où le tandem Kirk Douglas – Richard Harris fait des étincelles.

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Test Blu-ray / Une époque formidable…, réalisé par Gérard Jugnot

UNE ÉPOQUE FORMIDABLE… réalisé par Gérard Jugnot, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 2 mai 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : Gérard Jugnot, Richard Bohringer, Victoria Abril, Ticky Holgado, Roland Blanche, Chick Ortega, Eric Prat, Julien Harlay, Beryl Le Lasseur, Charlotte de Turckheim, Zabou Breitman…

Scénario : Gérard Jugnot & Philippe Lopes-Curval

Photographie : Gérard de Battista

Musique : Francis Cabrel

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 1991

LE FILM

Michel Berthier a tout pour être heureux : une femme, des enfants, un emploi stable. Mais du jour au lendemain, tout s’écroule et il est obligé de fuir le domicile conjugal. Il devient alors sans domicile fixe, aux côtés de Mimosa, de Crayon et du Toubib.

Gérard Jugnot signe son premier film en tant que réalisateur avec Pinot simple flic en 1984. Ce succès public lui permet d’enchaîner rapidement sur Scout toujours… en 1985, un deuxième engouement populaire qui l’aide ensuite à trouver les financements pour une comédie médiévale ambitieuse, Sans peur et sans reproche, qui se solde malheureusement sur un échec retentissant en 1988. Il aura fallu attendre trois ans pour que Gérard Jugnot repasse derrière la caméra. En 1991, Une époque formidable… s’impose comme l’un des sommets de sa carrière avec un large plébiscite de la part des spectateurs et de la profession, marqué par trois nominations aux César en 1992. Mais contrairement aux idées reçues, il ne s’agit pas du plus grand hit de Gérard Jugnot, puisqu’en terme d’entrées Une époque formidable… se place juste derrière Scout toujours… et sera d’ailleurs dépassé en 2002 par Monsieur Batignole. En revanche, sa popularité ne s’est jamais démentie au point que le film connaîtra un triomphe en 1993 lors de sa diffusion à la télévision, en réunissant plus de 13 millions de téléspectateurs. Remarquable comédie-dramatique, excellemment écrite et interprétée par Gérard Jugnot, mais aussi par un superbe Richard Bohringer dans l’un de ses meilleurs rôles, Victoria Abril entre éclats et sensibilité à fleur de peau, sans oublier Ticky Holgado et Chick Ortega, boules d’énergies et bagou dévastateur, Une époque formidable… est une tendre et bouleversante chronique qui n’a rien perdu de sa fraîcheur et de son mordant.

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Test Blu-ray / Pinot simple flic, réalisé par Gérard Jugnot

PINOT SIMPLE FLIC réalisé par Gérard Jugnot, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 2 mai 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : Gérard Jugnot, Fanny Bastien, Jean-Claude Brialy, Jean Rougerie, Pascal Légitimus, Patrick Fierry, Pierre Mondy, Gérard Loussine, Alain Doutey…

Scénario : Pierre Geller, Christian Biegalski & Gérard Jugnot

Photographie : Eduardo Serra

Musique : Louis Chédid

Durée : 1h27

Date de sortie initiale : 1984

LE FILM

Gardien de la paix sympathique et maladroit, Robert Pinot décide de prendre sous son aile Marie-Lou, une jeune toxicomane originaire du même village que lui. Mais la jeune femme est sous l’emprise de Tony, un dangereux dealer. Le policier a déjà reçu de nombreuses réprimandes, pourtant, il va prendre tous les risques dans une affaire qui pourrait lui coûter sa carrière… ou faire de lui un héros.

Voulant passer derrière la caméra, Gérard Jugnot franchit le pas en 1984 (comme son pote Michel Blanc avec Marche à l’ombre) avec son premier long-métrage, Pinot simple flic. Après les succès du Père Noël est une ordure, Pour cent briques, t’as plus rien…, Le Quart d’heure américain et Papy fait de la résistance, le comédien a le vent en poupe et concrétise on rêve d’adolescent. S’il n’est pas à l’origine de ce projet pour la seule et unique fois de sa carrière de réalisateur, Gérard Jugnot s’empare de l’histoire de Christian Biegalski et Pierre Geller, pour déjà y imprimer sa marque de fabrique. Pinot simple flic demeure une comédie tendre et burlesque, bourrée d’idées, dans laquelle l’acteur-metteur en scène ne tire pas la couverture et met constamment en avant ses camarades de jeu, comme un vrai film choral. Certes, il ne s’agit pas d’un coup de maître, mais pour un coup d’essai c’est vraiment très réussi, blindé de savoureux mots d’auteur, généreux en gags, nappé d’émotions et de petites scènes devenues cultes grâce aux multiples rediffusions à la télévision.

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Test 4K UHD / On l’appelait Milady, réalisé par Richard Lester

ON L’APPELAIT MILADY (The Four Musketeers: Milady’s Revenge) réalisé par Richard Lester, disponible en Combo Blu-ray + 4K Ultra-HD le 26 avril 2023 chez Studiocanal.

Acteurs : Oliver Reed, Raquel Welch, Richard Chamberlain, Michael York, Frank Finlay, Christopher Lee, Geraldine Chaplin, Jean-Pierre Cassel, Faye Dunaway, Charlton Heston…

Scénario : George MacDonald Fraser, d’après le roman d’Alexandre Dumas

Photographie : David Watkin

Musique : Lalo Schifrin

Durée : 1h47

Date de sortie initiale : 1974

LE FILM

D’Artagnan, enfin devenu mousquetaire comme ses trois amis, fait aux côtés de l’armée royale le siège de La Rochelle, tenue par les protestants. Sa chère Constance, servante diligente d’Anne d’Autriche, a été enlevée par Richelieu. Celui-ci complote pour faire assassiner le duc de Buckingham, doublement coupable à ses yeux puisqu’il est aimé de la reine et se prépare à secourir les assiégés. Les quatre inséparables se sont donné pour mission de le sauver, et surtout de retrouver Constance Bonacieux. Mais Milady de Winter, la plus belle et la plus dangereuse des espionnes du cardinal, a juré de la faire mourir, ainsi que d’Artagnan…

On reprend l’histoire là où elle s’était arrêtée, on retrouve les mêmes et on recommence. Enfin presque, pas tout à fait. Nous rappellerons juste qu’à la base, Les Trois Mousquetaires et On l’appelait Milady ne devaient faire qu’un seul et même film de 3h30, mais qu’en raison d’une date de sortie avancée, les Salkind ont décidé de scinder le récit en deux parties, sans en avertir les comédiens. Ainsi, The Three Musketeers allait rencontrer un immense succès aux États-Unis et en Angleterre surtout, moins dans nos contrées, alors que Raquel Welch et d’autres de ses camarades intentaient un procès aux producteurs, n’ayant été payés que pour un long-métrage. Six mois plus tard sort donc sur les écrans The Four Musketeers: Milady’s Revenge, évidemment toujours réalisé par Richard Lester, qui entre les deux volets avait eu le temps d’emballer le génial Terreur sur le BritannicJuggernaut. Cependant, cette « suite » n’est pas du même acabit que Les Trois Mousquetaires et possède un ton plus sérieux, voire grave, même si l’humour est encore au rendez-vous, mais de façon beaucoup plus retenue. Les affrontements sont plus secs et brutaux, la violence assez frontale, l’émotion présente et ce grâce à la magnifique performance du grand Oliver Reed, bouleversant dans le rôle d’Athos, rôle central de cet épisode avec le personnage de Milady, magistralement campé par Faye Dunaway, tandis que D’Artagnan apparaît en retrait. Au final, les deux opus se complètent parfaitement, mais on peut avoir une nette préférence pour le second, sans doute plus riche et attachant.

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Test DVD / Reste un peu, réalisé par Gad Elmaleh

RESTE UN PEU réalisé par Gad Elmaleh, disponible en DVD le 16 mars 2023 chez Studiocanal.

Acteurs : Gad Elmaleh, Régine Elmaleh, David Elmaleh, Judith Elmaleh, Pierre-Henry Salfati, Delphine Horvilleur, Catherine Thiercelin, Nicolas Port…

Scénario : Gad Elmaleh & Benjamin Charbit

Photographie : Thomas Brémond

Musique : Ibrahim Maalouf

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Après trois années à vivre l’« american dream » Gad Elmaleh décide de rentrer en France. Sa famille et ses amis lui manquent. Du moins, c’est la réponse officielle pour justifier son retour… car Gad n’est pas (seulement) rentré pour le couscous de sa mère. Non, c’est une autre femme qu’il vient retrouver à Paris… la Vierge Marie.

Chouchou, La Doublure, Hors de prix et Coco, quatre énormes succès au box-office qui l’avaient propulsé au top du cinéma français dans les années 2000. Puis, Gad Elmaleh est apparu chez Woody Allen (Minuit à Paris), avant de traverser l’Atlantique où il allait tourner en motion capture pour Steven Spielberg (Les Aventures de Tintin : Le Secret de La Licorne), faire une petite apparition dans The Dictator de Larry Charles, jouer le chef cuisinier d’Al Pacino dans Jack et Julie de Dennis Dugan…Depuis, à part Un bonheur n’arrive jamais seul de James Huth et Le Capital de Costa-Gavras, l’humoriste et comédien s’est fait plutôt discret sur le grand écran, puis accusé de plagier des sketchs anglo-saxons, en les traduisant littéralement. Il revient par la « petite porte » dirons-nous avec Reste un peu, qu’il a coécrit, qu’il interprète et réalise. Un projet très personnel, où il joue son propre rôle, entre fiction et réalité, pour lequel il a demandé à ses véritables parents et à sa sœur de faire de même. Dans Reste un peu, Gad Elmaleh, né à Casablanca de parents juifs, ayant étudié la Torah, pris des cours d’hébreu, raconte sa conversion au catholicisme, au grand désespoir de son père, qui ne veut même pas en entendre parler, et surtout de sa mère, qui voit en Marie une rivale prête à lui voler son fils. Contre toute attente, alors qu’on craignait le trip égocentrique, Reste un peu fonctionne, très bien même, grâce à ses excellents acteurs (professionnels ou non) et une écriture aussi fine qu’intelligente. Si quelques longueurs se font ressentir dans la deuxième partie, l’ensemble est porté par une énergie contagieuse, les dialogues sont tordants, l’émotion non feinte et l’on passe un beau moment.

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Test Blu-ray / Light Sleeper, réalisé par Paul Schrader

LIGHT SLEEPER réalisé par Paul Schrader, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 29 mars 2023 chez Studiocanal.

Acteurs : Willem Dafoe, Susan Sarandon, Dana Delany, David Clennon, Mary Beth Hurt, Victor Garber, Jane Adams, Paul Jabara…

Scénario : Paul Schrader

Photographie : Edward Lachman

Musique : Michael Been

Durée : 1h43

Date de sortie initiale : 1992

LE FILM

New York, la nuit. John LeTour, la quarantaine, livre de la cocaïne aux jeunes branchés et aux noctambules. Ann, sa patronne, aimerait se reconvertir dans l’industrie des cosmétiques, plus valorisante socialement, et plus légale surtout. John, quant à lui, a décroché de la drogue depuis un moment et aimerait se lancer dans une autre activité. Un soir, il revoit Marianne, son ex-fiancée, ex-droguée elle aussi…

Au début des années 1990, quand on évoque Paul Schrader (né en 1946), le cinéphile pense immédiatement à son travail de scénariste, Yakuza de Sydney Pollack, Taxi Driver, Raging Bull et La Dernière Tentation du Christ de Martin Scorsese, Obession de Brian De Palma, Légitime violenceRolling Thunder de John Flynn, Mosquito Coast de Peter Weir…Cela se complique quand on souhaite aborder les films qu’il a mis en scène. Blue Collar (1978), son premier long-métrage, American Gigolo (1980) et à la rigueur son remake de La Féline (1982) viennent à l’esprit. Après l’escapade européenne d’Étrange Séduction The Comfort of Strangers, tourné entre Venise, Rome et Londres, le cinéaste revient à ses premières amours, à New York, afin de dresser le portrait d’un « jeune » quadra, qui gagne sa vie la nuit en vendant de la came aux yuppies et aux insomniaques, qui arrive au carrefour de sa vie. Drame existentiel furieusement mélancolique, Light Sleeper, neuvième opus de Paul Schrader, est un chef d’oeuvre indiscutable, à la fois puissant et bouleversant, qui prend pour partis-pris de rendre attachant un personnage qui n’est pourtant pas un enfant de choeur. Celui-ci est interprété par l’immense Willem Dafoe, alors entre Sailor et Lula Wild at Heart de David Lynch et BodyBody of Evidence d’Uli Edel, probablement dans un de ses plus grands et plus beaux rôles de sa carrière. Light Sleeper est un roller coaster émotionnel, qui ne caresse pas les spectateurs dans le sens du poil, qui les plonge dans un monde sombre et poisseux (et qui schlingue les poubelles qui s’amoncellent dans les rues en raison d’une grève des éboueurs), en se focalisant sur un homme arrivé au mi-temps de sa vie, qui va tout tenter pour remonter à la surface et envisager un autre futur.

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Test Blu-ray / Corsage, réalisé par Marie Kreutzer

CORSAGE réalisé par Marie Kreutzer, disponible en DVD et Blu-ray le 18 avril 2023 chez Ad Vitam.

Acteurs : Vicky Krieps, Colin Morgan, Tamás Lengyel, Ivana Urban, Finnegan Oldfield, Alma Hasun, Aaron Friesz, Jeanne Werner…

Scénario : Marie Kreutzer

Photographie : Judith Kaufmann

Musique : Camille

Durée : 1h53

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

En 1877, durant la période de Noël, Elisabeth, impératrice d’Autriche, fête son 40e anniversaire. Du fait de ses titres, elle a énormément de devoirs envers la Cour qui limite sa vie par des rituels ancestraux. Consciente qu’elle vieillit, Elisabeth quitte Vienne pour se rendre en Angleterre et en Hongrie afin de retrouver sa jeunesse. Au cours de son voyage, la souveraine rendra visite à d’anciens amants et alliés politiques. Ce faisant, elle élaborera un plan pour protéger son héritage…

Élisabeth Amélie Eugénie de Wittelsbach (1837-1898) — plus connue sous le surnom de « Sissi » — duchesse en Bavière puis, par son mariage, impératrice d’Autriche et reine de Hongrie, de Bohême et de Lombardie-Vénétie. Quand on évoque ce personnage historique, son visage prend immédiatement les traits de Romy Schneider, qui l’aura interprété à quatre reprises, dans la trilogie d’Ernst Marischka de 1955 à 1957, mais aussi près de vingt ans plus tard dans Ludwig : Le Crépuscule des dieux de Luchino Visconti. Pourtant, d’autres avant (Edwige Feuillère, Marguerite Jamois) et après (Ava Gardner, Sandra Ceccarelli) elle l’auront également incarné, aussi bien pour le petit (on ne compte plus les séries télévisées) que le grand écran. Cela faisait une bonne dizaine d’années qu’une comédienne ne s’était pas frottée à ce rôle disons-le emblématique au cinéma et c’est désormais chose faite pour la talentueuse et magnétique actrice luxembourgeoise Vicky Krieps, dans Corsage de l’autrichienne Marie Kreutzer (née en 1977), très justement récompensée par le Prix de la meilleure performance au Festival de Cannes 2022, où le film faisait partie de la sélection Un Certain Regard. Quasiment de toutes les scènes et même de tous les plans, elle signe une impressionnante prestation et apporte un vent de fraîcheur dans sa composition de la Première dame d’Autriche, femme de l’Empereur François-Joseph Ier, âgée de 40 ans. Pour cet anniversaire particulier, Elisabeth décide de se rebeller contre le protocole, l’image qu’elle doit afficher et colporter. Ainsi, elle n’a pas le droit de s’exprimer et doit rester à jamais la belle et jeune impératrice. Pour satisfaire ces attentes, elle se plie à un régime rigoureux de jeûne, d’exercices, de coiffure et de mesure quotidienne de sa taille. Mais ces conventions commencent à l’étouffer. Avide de savoir et de vie, Élisabeth veut se prouver qu’elle est encore bel et bien en vie. N’attendez surtout pas un biopic en bonne et due forme, ou d’un respect formel aux événements réels, mais plutôt à une formidable et culottée adaptation de la vie de l’impératrice d’Autriche.

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Test DVD / La Petite femelle, réalisé par Philippe Faucon

LA PETITE FEMELLE réalisé par Philippe Faucon, disponible en DVD depuis le 22 juin 2022 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Lucie Lucas, Lorenzo Lefèbvre, Héléna Noguerra, Jean Dell, Florence Thomassin, Samuel Theis, Florence Muller, Stéfan Godin…

Scénario : Philippe Faucon & Antoine Lacomblez, d’après le livre de Philippe Jaenada

Photographie : Laurent Fénart

Musique : Amin Bouhafa

Durée : 1h27

Date de diffusion initiale : 2021

LE TÉLÉFILM

Novembre 1953. Pauline Dubuisson est accusée d’avoir tué de sang-froid son amant. Mais qui est donc cette jeune femme dont la France entière réclame la tête ? Une arriviste froide et calculatrice ? Un monstre de duplicité qui a couché dans le lit de l’Occupant, a été tondue, avant d’assassiner par jalousie un garçon de bonne famille ? Ou n’est-elle, au contraire, qu’une jeune fille libre qui revendique avant l’heure son émancipation et questionne la place des femmes au sein de la société ?

Le précieux cinéaste Philippe Faucon (né en 1958) nous a habitué à des oeuvres épurées, viscérales, intelligentes et indispensables comme La Désintégration, La Trahison (l’un des plus grands films sur la « guerre sans nom »), Fatima (Prix Louis-Delluc 2015 et César du meilleur film en 2016) et dernièrement Les Harkis. Rompu à l’exercice en évoquant des sujets aussi sensibles que la vie en banlieue, la jeunesse en rupture ou encore la guerre d’Algérie, le réalisateur, pour le compte de France Télévisions, livre La Petite femelle, un biopic sur la vie de Pauline Dubuisson (1927-1963), qui avait déjà inspiré Henri-Georges Clouzot pour La Vérité avec Brigitte Bardot, d’ailleurs mentionné dans les toutes premières minutes du téléfilm. Cette jeune femme éprise de liberté, indépendante (pour ne pas dire féministe avant l’heure), après avoir été tondue en place publique à la Libération, avait entamé des études de médecine, avant de tuer par accident Félix Bailly qu’elle voulait épouser. Après son procès en 1953 (un des plus retentissants de la décennie) et sa condamnation à sept ans de prison, elle décide de partir au Maroc. Mais son passé la rattrape alors qu’un homme lui déclare sa flamme. Philippe Faucon offre le rôle principal à Lucie Lucas, actrice et mannequin, connue pour avoir incarné le personnage de Clémentine Boissier dans la série Clem, diffusée sur TF1. On nous souffle qu’elle a aussi joué dans le téléfilm Coup de foudre à Jaipur et participé à l’émission Danse avec les stars. Si elle n’est assurément pas une grande comédienne et que son jeu demeure trop monocorde, celle-ci s’en sort suffisamment bien, même si ce qui fait la force de La Petite femelle reste la puissance du scénario écrit par Philippe Faucon et Antoine Lacomblez (3xManon, Manon 20 ans, À la folie), d’après le livre de Philippe Jaenada (Julliard, 2015) et l’élégance de la mise en scène. Si vous connaissez le chef d’oeuvre de Clouzot, La Petite femelle, diffusé pour la première fois en février 2021, vous paraîtra sans doute redondant, mais cette production télévisuelle n’en est pas moins réussie.

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Test DVD / Saint Omer, réalisé par Alice Diop

SAINT OMER réalisé par Alice Diop, disponible en DVD le 4 avril 2023 chez Blaq Out.

Acteurs : Kayije Kagame, Guslagie Malanda, Valérie Dréville, Aurélia Petit, Xavier Maly, Robert Cantarella, Salimata Kamate, Thomas de Pourquery…

Scénario : Amrita David, Alice Diop, Zoé Galeron & Marie N’Diaye

Photographie : Claire Mathon

Durée : 1h58

Année de sortie : 2022

LE FILM

Rama, jeune romancière, assiste au procès de Laurence Coly à la cour d’assises de Saint-Omer. Cette dernière est accusée d’avoir tué sa fille de quinze mois en l’abandonnant à la marée montante sur une plage du nord de la France. Mais au cours du procès, la parole de l’accusée, l’écoute des témoignages font vaciller les certitudes de Rama et interrogent notre jugement.

On connaissait la réalisatrice Alice Diop (née en 1979) pour ses documentaires de société, La Tour du monde (sur la diversité culturelle de son quartier d’enfance), Vers la tendresse (César du meilleur court métrage), Nous (primé à Berlin)…Saint Omer est sa première œuvre de fiction, là aussi très largement récompensée, par le Lion d’argent pour le Grand prix du jury à la Mostra de Venise, le César du meilleur premier film, sans oublier le Prix Jean-Vigo et le Prix Louis-Delluc partagé avec Pacifiction : Tourment sur les Îles d’Albert Serra. Elle s’inspire ici de l’affaire Fabienne Kabou, une mère qui en 2013 avait abandonné sa fille de 15 mois à la marée montante de Berck-sur-Mer. Condamnée quatre ans plus tard pour infanticide, cette femme ne l’avait jamais déclarée à l’état civil et avait justifié son acte en déclarant que « c’était plus simple comme ça ». Saint Omer s’ouvre sur le début du procès devant la cour d’assises de cette ville du Pas-de-Calais. Mais n’attendez pas l’issue de cette affaire dans Saint Omer, il faudra vous renseigner ailleurs pour cela. Alice Diop et ses coscénaristes (dont l’écrivaine Marie N’Diaye) se penche sur le thème de la maternité, un événement personnel, unique pour chaque femme et tente à travers les propos de l’accusée, repris à la virgule près de ceux qui se sont réellement tenus au procès, pour comprendre pourquoi et comment Laurence Coly (nom du personnage dans le film) a pu en arriver à commettre l’irréparable. Si les comédiens sont impeccables, le dispositif laisse à désirer et l’ennui peut poindre, surtout quand la caméra se plante devant les protagonistes, pour les laisser déclamer leurs longues tirades. Si Alice Diop insiste sur la fidélité des interventions, l’ensemble paraît étrangement trop écrit et manque de naturel, de spontanéité. Le rythme est lent, les séquences de procès sont d’ailleurs quasiment en temps réel, semblent malheureusement trop figés pour convaincre et emporter l’adhésion.

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