Test Blu-ray / La Tresse, réalisé par Laetitia Colombani

LA TRESSE réalisé par Laetitia Colombani, disponible en DVD & Blu-ray le 28 mars 2024 chez M6 Vidéo.

Acteurs : Kim Raver, Fotinì Peluso, Mia Maelzer, Sajda Pathan, Avi Nash, Manuela Ventura, Sarah Abbott, Francesco Marinelli…

Scénario : Laetitia Colombani (d’après son roman) & Sarah Kaminsky

Photographie : Ronald Plante

Musique : Ludovic Einaudi

Durée : 2h01

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Inde. Smita est une Intouchable. Elle rêve de voir sa fille échapper à sa condition misérable et entrer à l’école.

Italie. Giulia travaille dans l’atelier de son père. Lorsqu’il est victime d’un accident, elle découvre que l’entreprise familiale est ruinée.

Canada. Sarah, avocate réputée, va être promue à la tête de son cabinet quand elle apprend qu’elle est malade.

Trois vies, trois femmes, trois continents. Trois combats à mener. Si elles ne se connaissent pas, Smita, Giulia et Sarah sont liées sans le savoir par ce qu’elles ont de plus intime et de plus singulier.

Difficile d’aborder l’adaptation d’un gros best-seller (5 millions d’exemplaires vendus, dont deux millions rien qu’en France) quand l’auteur de ces mots n’a pas lu le livre en question. Cette critique sera donc uniquement axée sur l’aspect cinématographique de La Tresse, même s’il y a fort à parier que Laetitia Colombani (née 1976), réalisatrice ici, n’a vraisemblablement pas trahi son roman, au risque de s’attirer les foudres de celles et ceux qui attendaient impatiemment cette transposition. Elle coécrit cette mouture pour le grand écran avec l’aide de Sarah Kaminsky, capable du pire (La Ch’tite famille, Raid Dingue) comme du meilleur (Adieu Monsieur Haffman, Gauguin – Voyage de Tahiti) dispose d’un budget étonnamment « modeste » (un peu plus de huit millions d’euros) et d’une mise en avant internationale. Après un tournage chaotique qui s’est étalé sur six mois en raison de la pandémie, La Tresse a une fois de plus rencontré son public avec plus d’1,2 million d’entrées, malgré une critique qui a fait quelque peu la fine bouche. En l’état, le film se suit agréablement, facilement, frôle souvent le pathos certes, mais s’en tire grâce à un excellent casting et une photographie soignée Ronald Plante, chef opérateur québécois remarqué pour son travail sur la mini-série Sharp Objects. Un divertissement forcément capillotracté et à un cheveu de tomber dans le misérabilisme, mais qui ne manque pas d’élégance.

Laetitia Colombani et son directeur de la photographie présentent les trois continents par une couleur distincte. Entre la terre et l’ocre de l’Inde, la clarté et l’eau de la région des Pouilles (à Monopoli plus précisément), le gris, le métal et le verre pour l’angle québécois. Trois parcours, trois femmes, autant de langues et de cultures diamétralement opposées, qu’un élément va réunir et représentera le début d’une nouvelle vie doublée d’un espoir inespéré. Sur la distribution, trône la belle et talentueuse Kim Raver (24 heures chrono), sur laquelle les années coulent doucement, superbe dans le rôle de Sarah, avocate occupée à 200 %, femme divorcée, qui élève quasiment seule ses trois enfants issus de deux mariages différents. Alors qu’elle est sur le point d’obtenir la plus grande promotion de son existence, la maladie vient s’en mêler. De l’autre côté du monde, une femme indienne (elle aussi souffrante, mais le récit ne s’attarde pas là-dessus) décide de tout plaquer dans l’espoir d’offrir à sa fille la chance qu’elle n’a pas eue, tandis que dans le sud de l’Italie, une entreprise familiale spécialisée dans la fabrication de perruques, va être liquidée. La jeune Giulia (révélation de la sublime et sensuelle Fotinì Peluso) va tout tenter pour la sauver.

On se croirait chez Radu Mihaileanu et son Va, vis et deviens (2005), ou plutôt chez Alejandro González Iñárritu, notamment le lénifiant et infernal Babel (référence assumée par la réalisatrice), mais en mieux ceci-dit, en moins pompeux et surtout moins prétentieux. Ce que beaucoup ne savent pas, c’est que Laetitia Colombani n’est pas à son coup d’essai derrière la caméra. La Tresse est son troisième long-métrage comme réalisatrice après À la folie… pas du tout (2002) et Mes stars et moi (2008), officiant également comme actrice (on l’a vue récemment dans Fête de famille de Cédric Kahn). La Tresse (sorti chez Grasset en 2017) est son premier roman. On connaît la suite, l’événement et engouement mondial pour cette histoire traduite en quarante langues, récompensée par plus de vingt prix littéraires et adaptée au théâtre dans plusieurs pays d’Europe.

La Tresse version cinéma est l’aboutissement de tout cela. Comment des cheveux offerts par des pèlerins dans un temple indien se retrouvent en Sicile, avant d’aider une femme canadienne à retrouver courage et dignité après avoir subi une chimio ? Laetitia entremêle les maillons d’une même chaîne, s’applique à traduire en images ses propres mots, sagement, trop sans doute et sans aucune prise de risque diront certains, tandis que les autres se laisseront volontiers portés par le romanesque assumé de l’effet papillon dramatique. Le spectacle est en tout cas garanti et plaisant, en dépit d’un excès de musique, qui plus est pesante de Ludovic Einaudi (La Petite, Intouchables).

LE BLU-RAY

C’est la fin du parcours pour La Tresse, qui après l’événement dans les librairies, ses adaptations au théâtre et celle au cinéma, revient dans les bacs, cette fois en DVD et Blu-ray chez M6 Vidéo. Le visuel reprend celui de l’affiche d’exploitation. Le menu principal est animé et musical.

Il est étonnant de ne trouver qu’un seul supplément sur la galette HD. Il s’agit d’un spot promotionnel (2’) pour l’ONG Salaam Baalak, où vit désormais la petite Sajda Pathan, fillette de neuf ans qui dans La Tresse interprète Lalita. Quelques cartons écrits nous informe que le directeur de casting indien s’est rendu dans des foyers d’accueil pour enfants des rues, où Sajda a été repérée. Née dans un bidonville, ne sachant ni lire ni écrire, Sajda mendiait pour manger. Elle va désormais à l’école. Quelques photos nous dévoilent son quotidien.

Mais point d’interviews ou de making of, ce qui est bien dommage…

L’Image et le son

En ce qui concerne les partis-pris esthétiques, c’est encore Laetitia Colombani qui en parle le mieux : « En Inde, j’ai privilégié la caméra à l’épaule, parce que j’avais besoin d’être très libre, de pouvoir improviser des mouvements, d’être au plus près des actrices et d’accueillir les accidents de parcours qui pouvaient survenir et que je voulais capter. On n’avait pas d’éclairage artificiel, on travaillait seulement en lumière naturelle. Pour la partie canadienne, on a opté pour des mouvements d’appareil à la Dolly ; on travaillait également sur pied pour suggérer qu’au début, Sarah est dans un désir de contrôle dans une société où tout est cadré. Visuellement, il s’agit d’une partie plus froide, dans les décors et les costumes, sans systématisme. Le cabinet d’avocat est un univers policé, où les rapports sont cordiaux, distants, normés. Pour l’Italie, on a choisi de filmer au Steadicam. Giulia est souvent en mouvement et je voulais qu’on la suive de manière fluide. On a accordé une grande place à la mer, aux couleurs méditerranéennes, aux costumes assortis à cette gamme chromatique, à travers le vert olive, l’ocre, le bleu de la mer et celui des blouses des ouvrières. Giulia est souvent habillée en bleu comme Kamal. On a fait ce travail en accord avec les chefs de poste, sans dogmatisme car on voulait avant tout être au service de l’histoire. Il fallait que la technique se fasse oublier mais que le spectateur ressente trois énergies différentes ». Concernant la galette que nous avons devant les yeux : Quelques petites pertes de la définition, mais un piqué constamment aiguisé comme la lame d’un scalpel, y compris sur les séquences sombres. Ce master demeure HD fort plaisant et n’a de cesse de flatter les yeux avec une superbe restitution de la palette chromatique diverse. Les contrastes sont denses, la gestion solide et les partis-pris esthétiques raffinés du talentueux et éclectique chef opérateur Ronald Plante trouvent en Blu-ray un magnifique écrin. Très beau cadre large 2.00:1.

Les mixages « multilingue » et français DTS-HD Master Audio 5.1 se révèlent particulièrement dynamiques et instaurent un très large confort acoustique. En version originale, si les dialogues s’avèrent plus discrets, la centrale parvient à leur donner un relief en adéquation avec les sentiments des personnages. Evitez le doublage français. Dans les deux cas, la spatialisation musicale demeure évidente, les latérales soutiennent l’ensemble comme il se doit, les ambiances naturelles ne manquent pas, surtout sur les parties indienne et canadienne. Les sous-titres anglais et français destinés au public sourd et malentendant sont disponibles, ainsi qu’une piste Audiodescription pour aveugles et malvoyants. Les sous-titres français ne sont pas imposés sur la VO.

Crédits images : © M6 Vidéo / SND / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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