Test DVD / Le Ravissement, réalisé par Iris Kaltenbäck

LE RAVISSEMENT réalisé par Iris Kaltenbäck, disponible en DVD et Blu-ray le 20 février 2024 chez Diaphana.

Acteurs : Hafsia Herzi, Alexis Manenti, Nina Meurisse, Younes Boucif, Radmila Karabatic, Dusko Badnjar, Ana Blagojevic, Grégoire Didelot…

Scénario : Iris Kaltenbäck, Naïla Guiguet & Alexandre de La Baume

Photographie : Marine Atlan

Musique : Alexandre de La Baume

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Comment la vie de Lydia, sage-femme très investie dans son travail, a-t-elle déraillé ? Est-ce sa rupture amoureuse, la grossesse de sa meilleure amie Salomé, ou la rencontre de Milos, un possible nouvel amour ? Lydia s’enferme dans une spirale de mensonges et leur vie à tous bascule…

C’est assurément l’un des meilleurs films de l’année 2023, qui vous reste en tête bien longtemps après la projection, qui vous triture les méninges, qui vous donne encore mal à l’estomac, qui vous bouleverse. Le Ravissement est le premier long-métrage d’Iris Kaltenbäck, huit ans après son court-métrage Le Vol des cigognes qui posait déjà les bases du film qui nous intéresse aujourd’hui. La scénariste du superbe L’Enfant rêvé de Raphaël Jacoulot prend son envol avec Le Ravissement, choc cinématographique, qui s’inspire d’un fait divers dont la réalisatrice a eu vent en lisant les journaux, un petit encart dans lequel était stipulé qu’une jeune femme avait « emprunté » l’enfant de sa meilleure amie, en faisant croire à un homme qu’il s’agissait du sien. Le Vol des cigognes était déjà un uppercut en soi et Le Ravissement va encore plus loin, imposant d’emblée son auteure comme l’une des plus prometteuses dans sa catégorie. Romanesque, terrifiant, à fleur de peau, triste (mais jamais pathos) et en même temps lumineux grâce à la présence toujours aussi envoûtante de la comédienne Hafsia Herzi, Le Ravissement est une œuvre sensationnelle de maîtrise et de maturité.

Peu de temps après avoir rompu avec son petit ami, Lydia, sage-femme, rencontre Milos, un chauffeur de bus, mais celui-ci n’envisage pas une relation durable. Lorsque Salomé, sa meilleure amie, donne naissance à une fille, Lydia retrouve Milos à l’hôpital. Elle prétend alors que le bébé est le sien et qu’il est le père.

Iris Kaltenbäck se penche sur une amitié de très longue date, pour ne pas dire de toujours, bouleversée par l’arrivée d’un bébé, qui prend forcément beaucoup de place. Lydia, qui vient de rompre brutalement après trois ans de vie commune, apprend que sa meilleure amie Salomé est enceinte. Cela fait beaucoup, trop sans doute et Lydia est renvoyée à sa propre solitude, à un vide existentiel, d’autant plus qu’elle passe ses journées à donner naissance à des bébés, étant sage-femme dans un hôpital parisien. Elle se concentre uniquement sur son travail. Un soir, elle rencontre Milos, chauffeur de bus serbe, lui aussi solitaire, mais n’attendant rien de plus qu’une nuit éphémère. Lydia peine à aller de l’avant et le hasard fait qu’elle rencontre à nouveau Milos quelques mois plus tard, alors qu’elle vient d’aider Salomé à mettre au monde son bébé. Elle prend la décision de faire croire à Milos que cette petite fille est le fruit de leur union. De mensonge en mensonge, Lydia perd pied, jusqu’à commettre l’irréparable.

Hafsia Herzi n’en finit plus d’éblouir depuis ses débuts il y a plus de quinze ans, on peut même parler d’explosion dans La Graine et le Mulet d’Abdellatif Kechiche. Également devenue réalisatrice (Tu mérites un amour, Bonne mère), l’actrice s’impose sans mal dans Le Ravissement, dans lequel elle est quasiment de tous les plans. Face à elle, Nina Meurisse (Les Algues vertes), présente depuis une vingtaine d’années dans le panorama cinématographique français, signe incontestablement ici l’une de ses meilleures performances dans le rôle de Salomé, l’amie de toujours de Lydia. Très belle présence que celle d’Alexis Manenti (Voir du pays, Poissonsexe, Enquête sur un scandale d’État), qui se démarque encore une fois dans la peau de Milos, qui tente par l’intermédiaire de la voix-off de retracer l’histoire dont il a été témoin et victime (peut-être plus s’interroge-t-il), en essayant d’adopter le point de vue de Lydia.

Récompensé au Festival de Cannes 2023 par le Prix SACD, au Festival du film de Zurich par la mention spéciale du jury, par le Prix Louis-Delluc du premier film, sans oublier par le Prix du public jeune « Pass Culture » au Festival du film de Montreuil et le Prix du meilleur premier film français par le Syndicat Français de la Critique de Cinéma 2024, Le Ravissement, qui a aussi valu à Hafsia Herzi sa première nomination pour le César de la meilleure actrice, ne peut laisser indifférent et démontre cette fois encore que 2023 a sans doute été l’une des plus belles années du cinéma depuis très longtemps.

LE DVD

Le Ravissement est désormais disponible en DVD et Blu-ray chez Diaphana. Le visuel de la jaquette reprend celui de l’affiche d’exploitation. Le menu principal est animé et musical.

Si comme nous vous avez été subjugués par Le Ravissement, alors visionnez immédiatement le court-métrage d’Iris Kaltenbäck réalisé en 2015, Le Vol des cigognes (28’). Un soir, dans une maternité, Ana (Claire Ganaye), sage-femme, enlève un nouveau-né. Quelques jours plus tard, son compagnon, Julien (Raphaël Acloque), rentre de l’armée. Ana l’accueille avec leur bébé, leur « fille ». Le Vol des cigognes contient les éléments que l’on retrouvera dans Le Ravissement, Iris Kaltenbäck faisant déjà preuve d’une solide direction d’acteurs. Attention, court-métrage déconseillé aux âmes sensibles.

Outre la bande-annonce, nous trouvons également un entretien avec Iris Kaltenbäck (18’) mené par Ava Cahen, déléguée générale de la Semaine de la critique. La cinéaste revient sur la genèse du Ravissement (un article publié dans un journal), en indiquant qu’elle désirait raconter une histoire d’amitié féminine, ainsi que la notion du mensonge. Quelques scènes y sont analysées plus longuement (à l’instar de l’ouverture), les thèmes analysés (la solitude urbaine), la psychologie des personnages abordée (celle de Lydia bien sûr, mais aussi celle de Milos), le casting passé au peigne fin, le travail avec les acteurs évoqué, les partis-pris et les intentions disséqués. Enfin, Iris Kaltenbäck parle aussi de la musique d’Alexandre de La Baume, « un personnage à part entière ».

L’Image et le son

Nous voici devant un bien beau master SD, très propre et clair, avec un cadre fourmillant de détails. La photo fait la part belle aux teintes chatoyantes avec des contrastes denses, le piqué est joliment acéré et la profondeur de champ très appréciable. Seule une sensible perte de la définition se fait ressentir lors des scènes nocturnes, mais dans l’ensemble le transfert respecte parfaitement les intentions de la réalisatrice et de la chef opératrice Marine Atlan (Jessica Forever, Nos cérémonies).

La piste Dolby 5.1 privilégie une spatialisation musicale particulièrement réussie. Si les voix demeurent solidement plantées sur la centrale, la balance gauche-droite manque quelque peu de punch. Quelques ambiances naturelles parviennent à poindre sur les latérales mais le caisson de basses reste trop discret. Il n’y a rien à redire concernant la stéréo, ample et riche, offrant de remarquables conditions acoustiques. Présence de sous-titres destinés au public sourd et malentendant et d’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Diaphana / Mact Productions – Marianne Productions – JPG Films – BNP Paribas Pictures / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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