Test Blu-ray / Dans la souricière, réalisé par Norman Panama

DANS LA SOURICIÈRE (The Trap) réalisé par Norman Panama, disponible en combo Blu-ray + DVD le 20 janvier 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : Richard Widmark, Lee J. Cobb, Tina Louise, Earl Holliman, Carl Benton Reid, Lorne Greene, Peter Baldwin, Chuck Wassil, Richard Shannon, Carl Milletaire…

Scénario : Richard Alan Simmons & Norman Panama

Photographie : Daniel L. Fapp

Durée : 1h20

Année de sortie : 1959

LE FILM

Ralph Anderson, avocat aisé, revient à Tula, 1108 habitants, la petite ville où il est né, accompagné des hommes de Victor Massenotti, parrain de la mafia. Poursuivi par la justice, Massenotti souhaite utiliser l’aérodrome local pour s’enfuir. Ralph doit alors convaincre son père, shérif de Tula, de renoncer à surveiller les lieux. Sinon, les gangsters promettent de mettre la ville à feu à sang.

Nous parlions dernièrement d’Étranges compagnons de lit Strange Bedfellows (1965) de Melvin Frank. En fait, avant de faire cavalier seul, ce réalisateur avait signé en binôme quelques fleurons de la comédie américaine avec le méconnu Norman Panama (1914-2003). Depuis le début des années 1950, les deux associés enchaînent alors Une rousse obstinéeThe Reformer and the Redhead (1950) avec Dick Powell, Proprement scandaleuxStrictly Dishonorable (1951) avec Janet Leigh, Callaway Went Thataway (1951) avec Fred MacMurray, Le Grand SecretAbove and Beyond (1952) de Robert Taylor, Un grain de folieKnock on Wood (1954) et Le Bouffon du roiThe Court Jester (1955) avec Danny Kaye et Si j’épousais ma femmeThat Certain Feeling (1956) avec le légendaire Bob Hope. Après une décennie de succès au box-office, les deux amis et scénaristes du mythique Noël blancWhite Christmas (1954) de Michael Curtiz, décident de voguer seuls vers de nouveaux horizons. Néanmoins, Norman Panama et Melvin Frank restent liés puisque même si le second est bel et bien le seul metteur en scène de Dans la souricière, sorti en 1959, les deux produisent ce premier coup d’essai en solo. Formidable série B, à la croisée du film noir et du western, The Trap est une œuvre aussi sèche et brutale que son titre le laissait espérer. Merveilleusement interprété par l’immense Richard Widmark, intense, passionnant, Dans la souricière est un petit film complètement et injustement oublié aujourd’hui, qu’il est toujours bon de réhabiliter.

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Test Blu-ray / Golden Glove, réalisé par Fatih Akin

GOLDEN GLOVE (Der goldene Handschuh) réalisé par Fatih Akin, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 6 janvier 2021 chez Extralucid Films.

Acteurs : Jonas Dassler, Margarete Tiesel, Hark Bohm, Katja Studt, Marc Hosemann, Tristan Göbel, Victoria Trauttmansdorff, Adam Bousdoukos…

Scénario : Fatih Akin, d’après le roman « Der goldene Handschuh » de Heinz Strunk

Photographie : Rainer Klausmann

Musique : FM Einheit

Durée : 1h50

Année de sortie : 2019

LE FILM

Hambourg, années 70. Au premier abord, Fritz Honka, n’est qu’un pitoyable loser. Cet homme à la gueule cassée traîne la nuit dans un bar miteux de son quartier, le « Gant d’or » (« Golden Glove »), à la recherche de femmes seules. Les habitués ne soupçonnent pas que Honka, en apparence inoffensif, est un véritable monstre.

Dans son premier long-métrage, L’EngrenageKurz und schmerzlos (1998), le réalisateur Fatih Akin (né en 1973) s’inspirait d’anecdotes personnelles et rendait hommage au cinéma de Martin Scorsese, en particulier à Mean Streets. Le metteur en scène y faisait déjà preuve d’une rare maîtrise technique en dépeignant la complexité des relations humaines, sujet qui sera alors son thème de prédilection. Ce qui fera aussi la marque de fabrique de Fatih Akin, c’est un cinéma sincère et humaniste, qui abolit les frontières en privilégiant l’entraide et la fraternité. Cependant, la violence y était déjà présente. En 2000, dans Julie en juilletIm Juli, le cinéaste, inspiré de L’Odyssée d’Homère, proposait l’antithèse complète de son premier film. Véritable chef d’oeuvre d’humour, cette histoire d’amour était en réalité un road-movie européen illuminé par Moritz Bleibtreu et Christiane Paul. De la Hongrie en passant par la Roumanie, la Bulgarie et par la Turquie, le second long-métrage de Fatih Akin était un film chaleureux et idéaliste, rendant un hommage avoué à L’Homme de Rio de Philippe de Broca et aux aventures de Tintin. Après le solaire Julie en juillet, Fatih Akin abordait un conflit de générations entre un père autoritaire et ses deux fils dans Solino (2002). Bon, nous allons arrêter là de passer en revue toute la filmographie de Fatih Akin, nous reparlerons un autre jour de Head-OnGegen die Wand (2004, Ours d’or à Berlin), de The Cut (2014) et de ses autres œuvres, pour se concentrer enfin sur son dernier long-métrage en date, l’inattendu Golden GloveDer Goldene Handschuh, sorti en 2019 au cinéma. Qu’il semble loin le temps de la comédie jubilatoire qu’était Soul Kitchen (2009) ! Deux ans après In the FadeAus dem Nichts, Golden Globe du meilleur film en langue étrangère et qui avait valu à Diane Kruger le Prix d’interprétation féminine au Festival de Cannes, Fatih Akin se confronte cette fois frontalement au genre horrifique. Pour cela, le réalisateur adapte le roman éponyme de Heinz Strunk (publié en 2016), qui relatait l’histoire vraie du tueur en série allemand Fritz Honka (1935-1998), qui dans les années 1970 s’en prenait aux femmes d’un certain âge, principalement alcooliques comme lui, qu’il appâtait dans un bar miteux de Hambourg (le Golden Glove donc) en leur proposant un ou plusieurs verres, avant de les ramener chez lui, où il les violentait, les violait avec ce qui lui passait sous la main, puis les assassinait, avant de les découper en morceaux et de conserver les membres soigneusement emballés et dissimulés dans un recoin de son appartement. Ceux qui se souviennent du Fatih Akin de Soul Kitchen qui célébrait la vie en communauté avec une légèreté rafraîchissante, risquent d’être sacrément bouleversés par Golden Glove. Mais bien sûr, le cinéaste ne livre pas un film d’horreur comme les autres et dresse avant tout le portrait dramatique d’un monstre humain (pléonasme ?), le visage reflétant le passé de son pays, le dos cassé par le poids des conséquences. Golden Glove est non seulement l’un des films les plus horribles vus sur un écran depuis une bonne quinzaine d’années, mais c’est aussi et peut-être l’une des plus incroyables performances d’acteurs de tous les temps, que l’on doit au jeune et méconnaissable Jonas Dassler, 22 ans au moment du tournage, métamorphosé (après trois heures de maquillage) avec son strabisme, ses cheveux gras et ses dents pourries. Golden Glove est d’ores et déjà une nouvelle référence du genre et un sommet dans la carrière de Fatih Akin.

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Test DVD / Le Départ, réalisé par Jerzy Skolimowski

LE DÉPART réalisé par Jerzy Skolimowski, disponible en DVD – Édition Collector depuis le 22 octobre 2020 chez Malavida Films.

Acteurs : Jean-Pierre Léaud, Catherine-Isabelle Duport, Jacqueline Bir, Paul Roland, Leon Dony, Lucien Charbonnier…

Scénario : Jerzy Skolimowski & Andrzej Kostenko

Photographie : Willy Kurant

Musique : Krzysztof Komeda

Durée : 1h25

Année de sortie : 1967

LE FILM

Marc a 19 ans. Garçon coiffeur, il aime les voitures et veut participer au départ d’un rallye qui va avoir lieu dans deux jours. Seulement, il n’a pas de voiture. Nous allons le suivre pendant 48 heures dans sa course effrénée à travers Bruxelles à la recherche d’un véhicule ou de l’argent pour se le procurer. Finalement le hasard lui amène une voiture à domicile. Pourtant le départ n’aura pas lieu.

Après avoir réalisé en Pologne Signe particulier : néant – Ryopis (1964), Walkower (1965) et La Barrière – Bariera (1966), une trilogie qui dresse le portrait d’un jeune homme colérique et inadapté, Jerzy Skolimowski commence une carrière à l’étranger. En 1967, il tourne Le Départ en Belgique en seulement 27 jours avec une équipe réduite.

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Test Blu-ray / La Femme-objet, réalisé par Claude Mulot

LA FEMME-OBJET réalisé par Frédéric Lansac (Claude Mulot), disponible en Blu-ray chez Pulse Vidéo & Vinegar Syndrome.

Acteurs : Marilyn Jess, Nicole Segaud, Richard Allan, Laura Clair, Nadine Roussial, Frédéric Carton, Catherine Marsile, Guy Bérardant, Dominique Aveline…

Scénario : Claude Mulot

Photographie : François About

Musique : Jean-Claude Nachon

Durée : 1h26

Année de sortie : 1981

LE FILM

Nicolas est un obsédé sexuel, macho, qui ne pense qu’à son propre plaisir. Ecrivain à la sexualité débordante, il raconte face à sa machine à écrire sa frustration sexuelle et le moyen futuriste auquel il a recouru pour y pallier : une androïde platine (habillée de cuissardes) pouvant satisfaire à ses moindres besoins. Tant d’égoïsme et d’insatiabilité auront-ils raison de ce Frankenstein de la fesse ?

Quand on demande à un cinéphile/cinéphage de citer un ou plusieurs films pornographiques qui l’a ou l’ont marqué, la réponse met un petit bout de temps à arriver. Cela peut dépendre de la génération de l’intéressé en question, ou de sa timidité qui l’empêche alors de faire ressurgir de sa mémoire moult titres qu’il avait soit découvert directement au cinéma, soit en VHS ou devant Canal+ le premier samedi du mois. Mais s’il y a bien une œuvre classée X qui a toujours fait l’unanimité et ce peu importe l’âge du spectateur coquin, c’est bel et bien La Femme-objet, sorti en 1981 et réalisé par Frédéric Lansac, alias Claude Mulot (1942-1986). Les plus fidèles de Homepopcorn.fr auront noté toute l’affection que nous avons pour les films du réalisateur, en particulier ceux dont nous avons déjà parlé, La Rose écorchée, La Saignée, Les Charnelles et Le Couteau sous la gorge, qui penchaient de plus en plus vers l’érotisme pur jus. Sous le nom de Frédéric Lansac (nom repris du personnage principal de La Rose écorchée), Claude Mulot aura ainsi mis en scène des œuvres pornographiques comme le mythique Sexe qui parle (1975), Shocking ! (1976), Blue Ecstasy (1976), La Grande baise (1976), Suprêmes jouissances (1977) et surtout Les Petites écolières (1980) qui offrait à la légendaire Brigitte Lahaie son ultime baroud d’honneur dans le X. Comme un passage de flambeau, et Dieu sait si elle brûle la pellicule, Dominique Troyes, connue par les amateurs et spécialistes sous le nom de Marilyn Jess (ou Patinette) obtient le premier rôle de La Femme-objet, écrit et mis en scène par Claude Mulot, qui fait de sa comédienne la nouvelle star du cinéma pornographique. D’une beauté foudroyante, sculpturale, la peau laiteuse et la poitrine généreuse(ment) offerte aux spectateurs, Marilyn Jess entre dans les annales (j’en vois deux qui rient) et trouve ici le rôle qui changera sa carrière, mais aussi celui de sa vie. Si La Femme-objet vire au film fantastique dans sa seconde partie, l’actrice en est le seul et unique effet spécial, à la fois hypnotique et sublime, suprêmement excitante et inoubliable. Non seulement la mise en scène demeure soignée, mais l’histoire elle-même conserve une modernité impressionnante, puisque la réalité a depuis rejoint la fiction. Tout cela pour dire que si vous n’avez jamais vu un film pornographique dans votre vie, c’est que premièrement ce n’est pas beau de mentir, et que deuxièmement vous devez absolument découvrir La Femme-objet.

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Test DVD / L’Enfant rêvé, réalisé par Raphaël Jacoulot

L’ENFANT RÊVÉ réalisé par Raphaël Jacoulot, disponible en DVD le 20 janvier 2021 chez Blaq Out.

Acteurs : Jalil Lespert, Louise Bourgoin, Mélanie Doutey, Jean-Marie Winling, Nathan Willcocks, Rio Vega, Garance Clavel, Jean-Michel Fête…

Scénario : Raphaël Jacoulot, Benjamin Adam, Iris Kaltenback & Fadette Drouard

Photographie : Céline Bozon

Musique : André Dziezuk

Durée : 1h47

Année de sortie : 2020

LE FILM

Depuis l’enfance, François a consacré sa vie au bois. Celui des arbres des forêts du Jura, qu’il connaît mieux que personne. Il dirige la scierie familiale avec sa femme Noémie, et tous deux rêvent d’avoir un enfant sans y parvenir. C’est alors que François rencontre Patricia, qui vient de s’installer dans la région. Commence une liaison passionnelle. Très vite, Patricia tombe enceinte. François vacille…

Mine de rien, Raphaël Jacoulot est non seulement en train de construire une œuvre cohérente depuis son premier long-métrage Barrage (2006), mais ce diplômé de la Femis (département réalisation) est devenu en l’espace de quinze ans l’un des cinéastes français les plus passionnants et intéressants. Dès son premier film, le scénariste et metteur en scène s’intéressait déjà aux dysfonctionnements de la cellule familiale, avec notamment une mère qui refusait de voir son fils devenir adulte et s’éloigner d’elle. Dans Avant l’aube, Raphaël Jacoulot explorait le rapport paternaliste entre le directeur d’un grand hôtel (le regretté Jean-Pierre Bacri) et son jeune employé en réinsertion (l’incroyable Vincent Rottiers). Puis, en 2015, le réalisateur faisait s’entrecroiser ou entrer en collision les personnages d’un petit village, avec pour point central « l’idiot du coin » (Karim Leklou, phénoménal) dont la présence exacerbait les tensions, jusqu’au point de non-retour. Trois immenses réussites qui témoignaient chaque fois de l’évolution du style de Raphaël Jacoulot, à la fois sur le fond et sur la forme. Son dernier opus en date, L’Enfant rêvé, est comme qui dirait une œuvre somme, qui compile, condense et transforme ses précédents essais, pour atteindre cette fois les sommets. Porté par trois comédiens en état de grâce, Louise Bourgoin, Mélanie Doutey et Jalil Lespert, L’Enfant rêvé est un drame psychologique et familial, ainsi qu’un foudroyant thriller qui prend aux tripes du début à la fin qui aborde le sujet finalement assez rare au cinéma du désir d’enfant d’un homme, à qui Jalil Lespert apporte une profonde mélancolie. Il serait inconcevable de ne pas reparler de L’Enfant rêvé à la prochaine cérémonie des Césars !

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Test DVD / L’Infirmière, réalisé par Koji Fukada

L’INFIRMIÈRE (Yokogao) réalisé par Koji Fukada, disponible en DVD le 6 janvier 2021 chez Blaq Out.

Acteurs : Mariko Tsutsui, Mikako Ichikawa, Sosuke Ikematsu, Hisako Okata, Mitsuru Fukikoshi, Miyu Ogawa, Ren Sudo…

Scénario : Koji Fukada & Kazumasa Yonemitsu

Photographie : Ken’ichi Negishi

Musique : Hiroyuki Onogawa

Durée : 1h41

Année de sortie : 2019

LE FILM

Ichiko est infirmière à domicile. Elle travaille au sein d’une famille qui la considère depuis toujours comme un membre à part entière. Ichiko aide également Motoko, la soeur aînée, qui veut être infirmière. Un jour, Saki, la soeur cadette, disparaît. Motoko, devenue avec le temps son amie et confidente, accuse Ichiko. Suit une frénésie médiatique qui met littéralement l’héroïne le dos au mur, l’obligeant à affronter les fantômes de son passé et à développer un désir de vengeance. En retraçant la chaîne des événements, un trouble grandit : est-elle coupable ? Qui est-elle vraiment ?

L’Infirmière est un des films à avoir pu bénéficier d’une sortie dans les salles françaises en cette fâcheuse année 2020. Le titre original du septième long-métrage du réalisateur Kōji Fukada,Yokogao, signifie littéralement “Visage vu de profil”, qui renvoie directement à la dualité du personnage principal. Et ce visage, c’est celui d’Ichiko, merveilleusement interprété par la fascinante comédienne Mariko Tsutsui, vue en 2003 dans La Mort en ligne de Takashi Miike, Achille et la Tortue (2008) de Takeshi Kitano et qui tenait déjà l’un des rôles principaux dans Harmonium du même Kōji Fukada en 2016, présenté en section Un certain regard au Festival de Cannes 2016 et récompensé par le Prix du jury. A la fois drame et thriller social, Yokogao cueille le spectateur là où il s’y attendait le moins, puisque si le film démarre comme une chronique réaliste narrant le quotidien d’une infirmière, l’intrigue et l’atmosphère bifurquent vers la noirceur pour au final dresser le portrait psychologique d’une femme arrivée au carrefour de sa vie, qui va voir son existence basculer du jour au lendemain. Et c’est aussi superbe que viscéral.

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Test Blu-ray / Les Yeux bandés, réalisé par Philip Dunne

LES YEUX BANDÉS (Blindfold) réalisé par Philip Dunne, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 8 décembre 2020 chez Elephant Films.

Acteurs : Rock Hudson, Claudia Cardinale, Jack Warden, Guy Stockwell, Brad Dexter, Anne Seymour, Alejandro Rey, Hari Rhodes…

Scénario : Philip Dunne & W.H. Menger, d’après le roman Blindfold de Lucille Fletcher

Photographie : Joseph MacDonald

Musique : Lalo Schifrin

Durée : 1h42

Année de sortie : 1966

LE FILM

Un éminent psychiatre, le Dr. Snow, suit un scientifique qui souffre de troubles émotionnels. Tous les deux sont kidnappés par une organisation secrète qui cherche à s’accaparer le fruit des recherches du savant.

Si le nom de Philip Dunne (1908-1992) vous dit quelque chose, c’est sûrement pour les films dont il est l’auteur, Le Dernier des MohicansThe Last of the Mohicans (1936) de George B. Seitz, Suez (1938) d’Allan Dwan, Johnny Apollo (1940) de Henry Hathaway, le splendide Qu’elle était verte ma valléeHow Green Was My Valley (1941) de John Ford, le fantastique L’Aventure de madame MuirThe Ghost and Mrs. Muir (1947), La Flibustière des AntillesAnne of the Indies (1951) et Le GauchoWay of a Gaucho (1952) de Jacques Tourneur, et La TuniqueThe Robe (1953) de Henry Koster. Celui-ci passe aussi derrière la caméra en 1955 avec Prince of Players, interprété par Richard Burton. Il réalisera ainsi une dizaine de longs-métrages, dont le plus célèbre demeure assurément 10, rue FrederickTen North Frederick (1958) avec Gary Cooper. Les Yeux bandés Blindfold, qu’il écrit et met en scène en 1965 est son dernier film. Pour cet ultime baroud d’honneur, le cinéaste et son coscénariste W.H. Menger s’inspirent d’un roman de Lucille Fletcher paru en 1960. Philip Dunne en tire une comédie d’espionnage, teinté de film d’aventure et d’action, le tout mâtiné d’une romance entre les deux protagonistes, incarnés par le couple glamour Rock Hudson et Claudia Cardinale. En dépit d’un rythme poussif et d’une intrigue quelque peu tarabiscotée, l’ensemble se suit sans déplaisir, surtout grâce à ses deux stars internationales qui rivalisent de charme et de sensualité.

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Test Blu-ray / Étranges compagnons de lit, réalisé par Melvin Frank

ÉTRANGES COMPAGNONS DE LIT (Strange Bedfellows) réalisé par Melvin Frank, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 8 décembre 2020 chez Elephant Films.

Acteurs : Rock Hudson, Gina Lollobrigida, Gig Young, Edward Judd, Howard St. John, Dave King, Peggy Rea, Joseph Sirola…

Scénario : Melvin Frank & Michael Pertwee

Photographie : Leo Tover

Musique : Leigh Harline

Durée : 1h39

Année de sortie : 1965

LE FILM

Carter Harrison travaille dans une société pétrolière avec succès. Mais sa vie personnelle est plus tumultueuse. Marié à une italienne exubérante et énergique, son couple bat de l’aile et il demande la séparation. Or, pour lui accorder un important poste de direction, sa société exige qu’il puisse donner en Angleterre l’image d’un couple modèle.

Comédien star des studios Universal, Rock Hudson entame les années 1960 avec le western El PerdidoThe Last Sunset de Robert Aldrich. Mais contrairement aux années 1950 durant lesquelles il s’était surtout brillamment illustré dans le mélodrame, en particulier avec ses fructueuses collaborations avec Douglas Sirk, c’est dans la comédie (romantique la plupart du temps) qu’il connaîtra ses plus grands succès alors qu’il approche la quarantaine. Il enchaînera ainsi Un pyjama pour deuxLover Come Back, avec Doris Day et de Delbert Mann, Le Sport favori de l’hommeMan’s Favorite Sport ? d’Howard Hawks et Ne m’envoyez pas de fleursSend Me No Flowers, encore avec Doris Day, mais cette fois réalisé par Norman Jewison. En 1961, Robert Mulligan réuni Rock Hudson et Gina Lollobrigida dans Le Rendez-vous de septembreCome September, dans lequel le couple fait preuve d’une réelle alchimie et participera bien évidemment au succès du film. Quatre ans plus tard, les voici de nouveau réunis à l’écran par Melvin Frank dans Étranges compagnons de litStrange Bedfellows. S’il s’agit rétrospectivement d’un film mineur dans leurs carrières rétrospectives, Rock Hudson et Gina Lollobrigida assurent le spectacle du début à la fin et semblent prendre un plaisir contagieux à se donner à réplique, à se chamailler, à se séparer pour ensuite mieux se retrouver et apportent le souffle nécessaire à une mise en scène plan-plan et une intrigue qui part dans toutes les directions. Étranges compagnons de lit est une comédie qui ne manque pas de charme, mais qui ne vaut que pour ses deux comédiens principaux, beaux comme des Dieux et bourrés de talent.

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Test Blu-ray / Le Sport favori de l’homme, réalisé par Howard Hawks

LE SPORT FAVORI DE L’HOMME (Man’s Favorite Sport ?) réalisé par Howard Hawks, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 8 décembre 2020 chez Elephant Films.

Acteurs : Rock Hudson, Paula Prentiss, Maria Perschy, Charlene Holt, John McGiver, Roscoe Karns, James Westerfield, Norman Alden…

Scénario : John Fenton Murray & Steve McNeil, d’après la nouvelle « The Girl Who Almost Got Away » de Pat Frank

Photographie : Russell Harlan

Musique : Henry Mancini

Durée : 2h

Année de sortie : 1964

LE FILM

Si Roger Willoughby a écrit un excellent livre sur la pêche, personne ne se doute qu’il n’aime pas du tout ce sport, et encore moins les poissons. Pourtant, une publiciste va l’inscrire dans un concours de pêche où il va bien devoir gagner pour sauver la face…

Rétrospectivement, Le Sport favori de l’homme Man’s Favorite Sport ? est le préantépénultième, autrement dit l’avant-avant-avant-dernier long-métrage du grand Howard Hawks (1896-1977), qui ne devait réaliser par la suite que le méconnu Ligne rouge 7000Red Line 7000 (1965) avec James Caan en pilote automobile, ainsi que les deux déclinaisons de son chef d’oeuvre Rio Bravo (1959), à savoir El Dorado (1966) et Rio Lobo (1970) avec John Wayne. Deux ans après Hatari ! (1962) qui mettait à l’honneur la chasse, le cinéaste utilise un autre sport comme vecteur, la pêche, pour se pencher sur les rapports entre les hommes et les femmes dans Le Sport favori de l’homme. La pêche, ce « sport favori » éponyme en version française, n’est pas plus celle du poisson que celle de l’homme ou de la femme devenant la proie ou le prédateur de l’autre. Certes, il y a bien un concours de pêche dans Man’s Favorite Sport ? (le point d’interrogation indique d’ailleurs le questionnement sur la nature de l’activité physique en question), mais le spectateur assiste avant tout au jeu de séduction savamment orchestré par maître Hawks entre Rock Hudson et la sublimissime Paula Prentiss, dont la dynamique, le charisme, le talent et la sensualité renvoient à ceux de Katharine Hepburn et de Cary Grant dans L’Impossible Monsieur BébéBringing up Baby plus de 25 ans auparavant, dont il reprend même quelques motifs et quiproquos. C’est dire l’immense réussite du Sport favori de l’homme, qui détonne quelque peu dans l’univers de la comédie hollywoodienne du moment et qui renvoie pour ainsi dire dix ans en arrière, mais avec laquelle Howard Hawks, 68 ans au moment du tournage, démontrait à quel point il en avait encore sous le capot, surtout lorsqu’il s’agit de mettre à mal la gent masculine et de mettre en valeur l’imposture généralisée de la société.

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Test Blu-ray / Ne dites jamais adieu, réalisé par Jerry Hopper

NE DITES JAMAIS ADIEU (Never Say Goodbye) réalisé par Jerry Hopper, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 8 décembre 2020 chez Elephant Films.

Acteurs : Rock Hudson, Cornell Borchers, George Sanders, Shelley Fabares, Ray Collins, David Janssen, Helen Wallace, John Wengraf…

Scénario : Charles Hoffman, d’après la pièce de Luigi Pirandello et le scénario de Notre cher amour (This Love of Ours) par Bruce Manning, John D. Klorer et Leonard Lee

Photographie : Maury Gertsman

Musique : Frank Skinner

Durée : 1h36

Année de sortie : 1956

LE FILM

Pendant la Seconde Guerre Mondiale, un brillant chirurgien est séparé de sa femme après une dispute, et emmène sa fille. La croyant morte, ils seront en fait séparés par le rideau de fer pendant de longues années. Il la retrouve et entreprend de renouer avec elle une vie commune bien difficile.

Aucun doute, nous sommes en plein mélodrame hollywoodien des années 1950, mais point de Douglas Sirk derrière la caméra (quoique…mais nous y reviendrons), le maître en la matière, mais un réalisateur méconnu, Jerry Hopper (1907-1988) à qui l’on doit notamment Le Triomphe de Buffalo BillPony Express (1953) avec Charlton Heston et Rhonda Fleming. La cinquantaine se profilant à l’horizon, le réalisateur met les bouchées doubles et parvient à livrer quatre films en 1955, Le Fleuve de la dernière chanceSmoke Signal avec Piper Laurie, La Guerre privée du major BensonThe Private War of Major Benson, une fois de plus avec Charlton Heston, La Jungle des hommesThe Square Jungle avec Tony Curtis, et Son seul amour One Desire avec Rock Hudson. Ce dernier, multipliant les tournages, vient tout juste de retrouver Douglas Sirk pour le merveilleux Tout ce que le ciel permet All That Heaven Allows, quand il s’associe à nouveau avec Jerry Hopper pour Ne dites jamais adieu Never Say Goodbye, d’après la pièce Comme avant, mieux qu’avant de Luigi Pirandello et le scénario de Notre cher amourThis Love of Ours (1945) de William Dieterle, dont il s’agit ni plus ni moins du remake. En fait, Douglas Sirk avait démarré le tournage de Ne dites jamais adieu (on lui doit quelques scènes avec George Sanders), avant d’être remplacé par Jerry Hopper. Il n’est donc pas étonnant de retrouver à l’affiche de ce film la comédienne et chanteuse allemande Cornell Borchers, révélée en 1950 dans La Ville écarteléeThe Big Lift de George Seaton et qui venait alors de signer un contrat avec Universal. Ne dites jamais adieu lorgne évidemment sur les récents succès de Douglas Sirk et l’on ne peut d’ailleurs s’empêcher de penser au Secret magnifique Magnificent Obsession, même si l’alchimie entre les comédiens ne peut égaler celle de Rock Hudson et Jane Wyman. Cornell Borchers, quelque peu rigide, manque de charisme et certaines de séquences dramatiques paraissent forcées. Si sa prestation s’avère correcte malgré tout, nous n’avons souvent d’yeux que pour Rock Hudson, impeccable, élégant et à fleur de peau. Si Ne dites jamais adieu n’est pas tombé dans l’oubli le plus total, c’est assurément grâce à cet immense comédien.

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