Test Blu-ray / The Undoing, réalisé par Susanne Bier

THE UNDOING réalisé par Susanne Bier, disponible en DVD et Blu-ray le 24 mars 2021 chez HBO et Warner Bros.

Acteurs : Nicole Kidman, Hugh Grant, Edgar Ramírez, Noah Jupe, Lily Rabe, Matilda De Angelis, Edan Alexander, Michael Devine, Donald Sutherland, Noma Dumezweni…

Scénario : David E. Kelley; d’après le roman de Jean Hanff Korelitz

Photographie : Anthony Dod Mantle

Musique : Evgueni Galperine & Sacha Galperine

Durée : 6h (6 épisodes)

Date de sortie initiale : 2020

LA MINISÉRIE

Thérapeute à succès sur le point de publier son premier livre, Grace Sachs a un mari aimant et un fils qui fréquente une école privée de prestige. Mais soudain, avec une mort violente, un mari qui disparaît et de terribles révélations concernant celui qu’elle pensait connaître, sa vie bascule…

Entre Nicole Kidman et David E. Kelley c’est une affaire qui roule. Après l’immense succès rencontré par les deux saisons de la série Big Little Lies, que la comédienne avait produit avec sa partenaire Reese Witherspoon, les deux associés ont très vite décidé de remettre le couvert avec la libre adaptation – car seuls les deux premiers épisodes en sont tirés – du roman You Should Have Known (2014) de Jean Hanff Korelitz, publié en France aux éditions du Cherche-midi sous le titre Les Premiers impressions. Sous la forme d’une mini-série de six épisodes, pour une durée totale de six heures, The Undoing est indiscutablement l’une des meilleures propositions télévisées de l’année 2020, présentée sur HBO aux Etats-Unis et sur OCS City en France, qui a d’ailleurs connu un triomphe doublé d’un engouement critique incontestable. Si l’on parvient à faire fi – même si cela est très difficile c’est vrai, d’autant plus qu’elle est très souvent filmée en gros plan – du visage figé et ravagé par la chirurgie esthétique de Nicole Kidman (qui interprète également la chanson du générique, une reprise de Dream a Little Dream of me), on se laisse facilement happer par cette histoire de couple bien sous tous rapports, un homme et une femme mariés depuis vingt ans, lui étant un médecin de renom et elle une thérapeute très demandée et spécialisée dans les relations conjugales, bourrés de fric, père et mère d’un jeune adolescent inscrit dans une grande école, qui du jour au lendemain voient leur vie volée en éclats après un meurtre atroce dont le principal suspect est le mari. Entièrement réalisé par la cinéaste danoise Susanne Bier (Brothers – le film original, pas l’horrible remake de Jim Sheridan, After the Wedding, le soporifique Bird Box avec une Sandra Bullock également botoxée), The Undoing vaut pour son élégante mise en scène, la beauté de la photographie d’Anthony Dod Mantle (Festen, Dogville, Le Dernier roi d’Ecosse, Antichrist), la force de son casting, dont un Hugh Grant métamorphosé qui s’impose par son charisme, à qui prendre de la bouteille sied bient et qui s’acquitte merveilleusement d’un rôle ambigu à souhait. Une très belle réussite.

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Test Blu-ray / Fanfan la Tulipe, réalisé par Christian-Jaque

FANFAN LA TULIPE réalisé par Christian-Jaque, disponible en édition Digibook – Blu-ray + DVD + Livret le 9 avril 2021 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Gérard Philipe, Gina Lollobrigida, Marcel Herrand, Olivier Hussenot, Noël Roquevert, Henri Rollan, Nerio Bernardi, Jean-Marc Tennberg, Jean Paredes, Geneviève Page, Sylvie Pelayo…

Scénario : René Fallet, René Wheeler, Christian-Jaque & Henri Jeanson

Photographie : Christian Matras

Musique : Maurice Thiriet & Georges Van Parys

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 1952

LE FILM

Le sergent recruteur “La franchise” sillonnait la Normandie accompagné de sa fille, la belle Adeline, afin de recruter de nouveaux soldats prêts à aller mourir sur les champs de bataille du roi Louis XV. La tâche s’avérant de plus en plus difficile, ce racoleur avait mis au point un fin stratagème. Adeline, déguisée en bohémienne, arrêtait d’un sourire les garçons et lisait dans leur main une incroyable destinée : ils seraient les meilleurs soldats du royaume et épouseraient l’une des filles du roi. Fanfan la Tulipe, un jeune coq de village, passa par là…

Quelle fougue ! Quel panache ! Quasiment 70 ans après sa sortie, Fanfan la Tulipe de Christian-Jaque, à ne pas confondre avec La Tulipe Noire (1963) du même réalisateur, n’a pas pris une seule ride et demeure LA référence du film d’aventure français, où la cape et l’épée s’entremêlent pour le plus grand plaisir des spectateurs, alors happés par le charme dévastateur, la jeunesse, l’érotisme et la frénésie du couple Gérard Philipe – Gina Lollobrigida. Gigantesque succès international, qui avait attiré près de sept millions de spectateurs en France, qui s’inscrivait alors sur la troisième marche du podium au box office en 1952 derrière les 12,8 millions d’entrées du Petit Monde de Don Camillo et les 8,1 millions de l’opérette Violettes impériales, Fanfan la Tulipe a su mieux traverser la seconde moitié du XXe siècle et le premier quart de ce XXIe siècle grâce à la plume acérée, follement moderne et furieusement poétique de l’immense Henri Jeanson, dont on reconnaît le talent à chaque réplique et ce dès l’incroyable, dantesque et ironique introduction en voix-off. Si le scénario est finalement signé René Fallet (Le Triporteur, Les Vieux de la vieille, Un idiot à Paris, La Soupe aux choux) et René Wheeler (La Cage aux rossignols, Jour de fête, Du rififi chez les hommes), l’âme de Henri Jenson traverse et imprègne Fanfan la Tulipe du début à la fin, tandis que la mise en scène étourdissante de Christian-Jaque, récompensée au Festival de Cannes et par l’Ours d’argent au Festival de Berlin, se révèle être un véritable typhon qui emporte tout sur son passage. Chef d’oeuvre absolu du cinéma français, inoubliable, inaltérable et intemporel.

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Test Blu-ray / Le Jour des fous, réalisé par George Dugdale, Mark Ezra & Peter Mackenzie Litten

LE JOUR DES FOUS (Slaughter High) réalisé par George Dugdale, Mark Ezra & Peter Mackenzie Litten, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 7 avril 2021 chez Extralucid Films.

Acteurs : Caroline Munro, Simon Scuddamore, Carmine Iannaccone, Donna Yeager, Gary Martin, Billy Hartman, Michael Safran, John Segal…

Scénario : George Dugdale, Mark Ezra & Peter Mackenzie Litten

Photographie : Alan Pudney

Musique : Harry Manfredini

Durée : 1h30

Année de sortie : 1986

LE FILM

Marty, souffre-douleur du lycée, est victime d’une farce organisée qui tourne au drame, le laissant défiguré. Quelques années plus tard, il compte bien se venger en piégeant les coupables dans une réunion d’anciens élèves aux allures d’impasse mortelle.

S’il est aujourd’hui quelque peu oublié, Le Jour des fous – Slaughter High est un petit slasher qui a connu son heure de gloire du temps de la VHS et qui a su rester dans le coeur et l’esprit de certains fans du genre, notamment en raison de la participation forcément marquante de Caroline Munro, la légendaire Victoria Phibes de L’Abominable Docteur Phibes (1971) et Le Retour de l’abominable Docteur Phibes (1972) de Robert Fuest, vue ensuite dans Dracula 73 (1972), Capitaine Kronos, tueur de vampires (1974), évidemment dans Le Voyage fantastique de Sinbad – The Golden Voyage of Sinbad (1974), promue James Bond Girl dans L’Espion qui m’aimait – The Spy Who Loved Me (1977) de Lewis Gilbert et immortalisée dans Starcrash : Le Choc des étoiles (1978) de Luigi Cozzi et bien sûr dans Maniac (1980) de William Lustig. Dans Le Jour des fous, la comédienne a comme qui dirait le premier rôle dans ce film « choral » dans lequel on ne voit qu’elle, malgré son jeu souvent (pour ne pas dire comme d’habitude) lourd comme un parpaing. Le Jour des fous contentera encore les aficionados des slashers, d’autant plus que le film coréalisé par George Dugdale, Mark Ezra et Peter Mackenzie Litten s’avère plutôt généreux en scènes sanglantes, en exécutions sympathiques et autres réjouissances du même style. Un bon cru quoi.

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Test Blu-ray / Brelan d’as, réalisé par Henri Verneuil

BRELAN D’AS réalisé par Henri Verneuil, disponible en édition Digibook – Blu-ray + DVD + Livret le 9 avril 2021 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Michel Simon, Raymond Rouleau, Van Dreelen, Nathalie Nattier, René Genin, Arlette Merry, Pierre Sergeol, Inge Landgut, Jacqueline Porel, Alexandre Rignault, Christian Fourcade, Maurice Teynac…

Scénario : Jacques Companeez & André Tabet, d’après les oeuvres de Georges Simenon, Stanislas André Steeman & Peter Cheney

Photographie : André Germain

Musique : Henri Rys & Hans May

Durée : 1h52

Date de sortie initiale : 1952

LE FILM

Trois sketches, inspirés de trois auteurs de polars et mettant en scène le célèbre Wens, l’illustre commissaire Maigret, et le détective américain Lemmy Caution.

La Mort dans l’ascenseur : L’inspecteur Wens confond l’assassin de deux femmes en sapant son alibi.

Je suis un tendre : Lemmy Caution doit se mesurer avec de redoutables dames avant de mettre un gangster hors état de nuire.

Les Témoignages d’un enfant de chœur : Maigret sauve l’enfant de choeur qui, témoin d’un crime, courait un grand danger.

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Test Blu-ray / Anti-Life, réalisé par John Suits

ANTI-LIFE (Breach) réalisé par John Suits, disponible en DVD et Blu-ray le 18 mars 2021 chez Metropolitan Films.

Acteurs : Cody Kearsley, Bruce Willis, Rachel Nichols, Kassandra Clementi, Johnny Messner, Corey Large, Callan Mulvey, Timothy V. Murphy, Thomas Jane…

Scénario : Edward Drake & Corey Large

Photographie : Will Stone

Musique : Scott Glasgow

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 2020

LE FILM

La Terre se meurt, un dernier vaisseau tente l’ultime voyage vers un nouvel Eldorado, mais un ennemi intérieur s’est également embarqué. Un ingénieur – futur père – navigant dans un vaisseau interstellaire doit déjouer les plans d’un alien belliqueux qui compte utiliser le vaisseau comme une arme de destruction.

Bouse Willis is back. Et cette fois, il est entouré d’un Matthew McConaughey de chez Wish, d’une Scarlett Johansson de chez Sephora, d’un Colin Farrell de chez Cash Converters et même d’un Stéphane Thebaut de chez Dia. Tout ce beau petit monde déambule dans un vaisseau spatial, dans un couloir unique éclairé de façon différente quand ils en ont fait le tour. C’est absolument atroce. Néanmoins, on rit, beaucoup, nerveusement devant Anti-Life aka Breach en version originale. En fait, il s’agit d’un biopic sur M.Propre puisque l’ami Bruce incarne un agent d’entretien qui affronte et tue un alien à l’aide d’un produit ménager du type Destop. On vous jure que c’est vrai. Malheureusement diront certains, tant mieux s’esclafferont les autres, car il n’est pas interdit de passer un bon moment devant ce truc hideux et fauché, qui oscille constamment entre le navet obsolète et le nanar de compétition. Comme nous l’écrivions pour Trauma Center, 10 Minutes Gone, Représaille, First Kill et Acts of Violence, Bruce Willis va bien plus loin qu’un Nicolas Cage, toujours à fond et impliqué même dans ses pires opus, ou que les implants en triangle de Steven Seagal, puisqu’il ne fait absolument plus rien devant la caméra et l’on en vient même à se dire que l’équipe des effets spéciaux a été sollicitée pour lui donner un semblant d’expression, une paupière qui se relève un tant soit peu, un sourcil en accent aigu. Franchement, même s’il n’a jamais signé de véritable performance d’acteur, Bruce Willis avait ce côté sympatoche du mec qui se demande constamment comment il a pu en arriver là avec sa moue boudeuse et ses yeux plissés, mais on a quand même rarement vu un acteur, pardonnez cette expression quelque peu triviale, qui s’en battait autant les couilles à l’écran. Qui a dit que l’ami Bruce ressemblait de plus en plus à un testicule à l’approche des 70 ans ? Sûrement pas nous, mais si vous voulez vous faire votre propre avis, préparez le café avant d’enclencher Anti-Life et n’hésitez pas à vous l’injecter en intraveineuse.

Un film plein d’action…
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Test Blu-ray / La Poudre d’escampette, réalisé par Philippe de Broca

LA POUDRE D’ESCAMPETTE réalisé par Philippe de Broca, disponible en édition Digibook – Blu-ray + DVD + Livret le 9 avril 2021 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Marlène Jobert, Michel Piccoli, Michael York, Louis Velle, Amidou, Jean Bouise, Hans Verner, Didi Perego…

Scénario : Philippe de Broca & Jean-Loup Dabadie

Photographie : René Matthelin

Musique : Michel Legrand

Durée : 1h51

Date de sortie initiale : 1971

LE FILM

En 1942, contraint de quitter la France occupée, Valentin, qui, en temps de paix était horticulteur, s’est installé en Afrique du Nord où il est devenu trafiquant d’armes. C’est ainsi qu’une nuit, au large de la Libye, il repêche un jeune officier anglais, Basil, dont l’avion a été abattu. De retour sur la côte, arrêtés par la police militaire italienne, Valentin et Basil réussissent à s’échapper aidés par Lorène, la femme du Consul de Suisse. Leur fuite les entraîne de plus en plus loin dans le désert du Sud tandis que les deux hommes tombent amoureux de Lorène…

La Poudre d’escampette n’est pas vraiment le film le plus connu du grand Philippe de Broca, loin de là. Depuis sa mise en orbite (et celle de Jean-Paul Belmondo) avec Cartouche (1962) et L’Homme de Rio (1964), sa filmographie enchaîne les succès et les échecs commerciaux à raison d’un film sur deux. Un monsieur de compagnie (semi-échec), Les Tribulations d’un chinois en Chine (grand succès), Le Roi de coeur (gigantesque bide), Le Diable par la queue (succès) et Les Caprices de Marie (un autre échec impressionnant) viennent confirmer cette étrange et malheureuse logique. En 1971, le réalisateur s’associe pour la première fois avec Jean-Loup Dabadie pour écrire une comédie d’aventure destinée à Jean-Paul Belmondo et Marthe Keller, alors la compagne du cinéaste. Le comédien décline, craignant sans doute que Philippe de Broca accorde plus d’importance au rôle de celle qui partage sa vie. C’est là que le personnage féminin change de destinataire, en l’occurrence Marlène Jobert. Mais comme Bebel et cette dernière s’étaient extrêmement mal entendus sur le tournage des Mariés de l’an II de Jean-Paul Rappeneau, Jean-Paul Belmondo se retire bel et bien du projet et se voit remplacer par Michel Piccoli. Le troisième élément de ce triangle amoureux sera incarné par Michael York, révélé au cinéma dans La Mégère apprivoisée – The Taming of the Shrew (1967) et Roméo et Juliette (1968) de Franco Zeffirelli, ainsi que dans Accident (1967) de Joseph Losey. Juste avant de tourner Cabaret de Bob Fosse, l’acteur anglais rejoint cette grande production franco-italienne. C’est un petit bijou à la fois sous-estimé et méconnu dans la prolifique carrière de Philippe de Broca. Si l’on pense forcément à La Grande vadrouille (1966) de Gérard Oury et à La Valise (1973) de Georges Lautner, La Poudre d’escampette s’en démarque, s’inscrit logiquement et facilement aux côtés des divertissements bondissants plus célèbres du réalisateur et n’a pas pris une seule ride en cinquante ans. Assurément une magnifique redécouverte pleine d’humour, de rebondissements, d’émotions et de gags visuels, où brille le fabuleux trio de comédiens vedettes Piccoli-Jobert-York.

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Test 4K UHD / Possession, réalisé par Andrzej Żuławski

POSSESSION réalisé par Andrzej Żuławski, disponible chez Le Chat qui fume en Combo Blu-ray + 4K UHD + CD, ainsi qu’en Box Ultra Collector limitée à 1500 exemplaires qui contient le film Possession en UHD et 2 Blu-ray, le CD de la musique du film, le livre Une histoire orale d’Andrzej Żuławski et la reproduction du dossier de presse d’origine.

Acteurs : Isabelle Adjani, Sam Neill, Margit Carstensen, Heinz Bennent, Johanna Hofer, Carl Duering, Shaun Lawton, Michael Hogben, Maximilian Rüthlein…

Scénario : Andrzej Żuławski & Frederic Tuten

Photographie : Bruno Nuytten

Musique : Andrzej Korzynski

Durée : 2h04

Date de sortie initiale : 1981

LE FILM

Après un long et mystérieux voyage, Marc est de retour à Berlin où il retrouve son petit garçon Bob et son épouse Anna. Leur appartement est dans un état pitoyable et Anna est distante, agressive et sur les nerfs. Soupçonnant sa femme d’avoir un amant, Marc l’a fait suivre par un détective privé qui est assassiné dans des conditions particulièrement horribles.

Possession est une œuvre jusqu’au-boutiste. Un film qui pousse à la fois ses comédiens et les spectateurs dans leurs derniers retranchements, qui joue constamment avec les nerfs, mis alors à vif avec une caméra virevoltante, en quasi-lévitation, qui reflète l’hystérie individuelle et collective des protagonistes et qui semble souvent les caresser. Ce rapport amour/haine, se fait ressentir durant les deux longues heures de Possession, qui peuvent passer vite autant qu’elles paraissent parfois interminables. Le réalisateur polonais Andrzej Żuławski (1940-2016) met l’intellect de son audience à rude épreuve, en surfant sur un genre, le fantastique, mais qui le réfute finalement en voulant parler d’un sentiment pourtant bien universel, celui de l’amour et de la séparation. Il épuise également le corps de celui ou celle qui tente, tentera ou retentera l’expérience, celle de se concentrer et de donner toute son attention à ce film hors-normes et inclassable. Possession, c’est une vivisection, celle du coeur d’un artiste, qui observe les dégâts causés par une rupture conjugale, du point de vue anatomique, physique, sur la raison, sur la création, sur l’inspiration. On ressort lessivé, bouleversé, énervé, complètement sonné de Possession, qui emmène les spectateurs au bord du gouffre, qui lui fait voir les plus grandes saloperies. A l’instar de Maurice Pialat, autre tyran perfectionniste du cinéma, Andrzej Żuławski dresse le portrait d’hommes et de femmes en détresse d’amour, qui voient leur vie s’échapper et leurs repères s’écrouler, dans un monde – caractérisé par la présence du mur de Berlin, auprès duquel le tournage s’est déroulé – qui part aussi à vau-l’eau, qui se déchire et fait subir le même sort aux individus. Et c’est aussi magnifique que terrifiant. Enfin, même si Sam Neill n’a absolument rien à envier à sa partenaire, Possession c’est aussi l’une des plus grandes interprétations féminines de tous les temps, celle d’Isabelle Adjani, qui met ses tripes à l’air – autant que le metteur en scène, qui s’inspire très largement de sa situation personnelle – et marque à jamais les esprits.

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Test Blu-ray / Les Horreurs de Frankenstein, réalisé par Jimmy Sangster

LES HORREURS DE FRANKENSTEIN (The Horror of Frankenstein) réalisé par Jimmy Sangster, uniquement disponible dans le coffret Hammer – Tome 2 – 1970-1976 Sex & Blood – Édition Limitée Numérotée – Blu-ray + DVD, depuis le 30 novembre 2020 chez Tamasa Diffusion.

Acteurs : Ralph Bates, Kate O’Mara, Veronica Carlson, Dennis Price, Jon Finch, Bernard Archard, Graham James, David Prowse…

Scénario : Jeremy Burnham & Jimmy Sangster, d’après les personnages de Mary Shelley

Photographie : Moray Grant

Musique : Malcolm Williamson

Durée : 1h35

Date de sortie initiale: 1970

LE FILM

Après avoir sciemment provoqué la mort de son père, Victor Frankenstein, jeune homme manipulateur et séducteur, reprend le flambeau et se livre à son tour à quelques expériences macabres. Il engage un pilleur de tombes pour lui fournir les matériaux nécessaires à son travail…

En 1957, les productions Hammer Film sortent sur grand écran Frankenstein s’est échappé – The Curse of Frankenstein, premier opus d’une saga cinématographique à succès réalisé par Terence Fischer. Peter Cushing interprète le Baron Victor Frankenstein face à Christopher Lee dans le rôle du monstre. En 1970, un nouveau film intitulé Les Horreurs de Frankenstein – The Horrors of Frankenstein voit le jour après quatre autres suites. Ce film se démarque de la saga. Cette fois-ci, le baron Frankenstein n’est plus joué par l’éternel Peter Cushing et Terence Fischer n’est pas derrière la caméra.

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Test Blu-ray / Les Granges brûlées, réalisé par Jean Chapot

LES GRANGES BRÛLÉES réalisé par Jean Chapot, disponible en édition Digibook – Blu-ray + DVD + Livret le 9 avril 2021 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Alain Delon, Simone Signoret, Paul Crauchet, Bernard Le Coq, Renato Salvatori, Jean Bouise, Catherine Allegret, Pierre Rousseau, Fernand Ledoux, Miou-Miou…

Scénario : Jean Chapot, Sébastien Roulet & Frantz-André Burguet

Photographie : Sacha Vierny

Musique : Jean-Michel Jarre

Durée : 1h34

Date de sortie initiale : 1973

LE FILM

Un crime a été commis dans un coin isolé du Haut-Doubs, l’hiver. Le juge d’instruction soupçonne l’un des membres d’une famille habitant une grosse ferme à proximité. La chef de famille, Rose, une femme énergique, se dresse contre lui.

Immédiatement après le grand succès de La Veuve Couderc, Simone Signoret désire retrouver son partenaire Alain Delon dans un autre film, produit cette fois encore par Raymond Danon. La comédienne jette alors son dévolu sur le scénario des Granges brûlées, coécrit par Jean Chapot et Sébastien Roulet, d’après une idée originale de Franz-André Burguet. La force de l’histoire et des personnages convainc les deux stars de confier la mise en scène à Jean Chapot, qui sera malheureusement très vite dépassé par les évènements. Incapable de diriger ses acteurs ou de donner la moindre indication à son équipe, le réalisateur est écarté, surtout que les rapports avec Alain Delon devenaient extrêmement violents. Le film est rapidement repris en main par le monstre du cinéma français, qui finit d’emballer les scènes dans lesquelles le juge doit apparaître, avant de repartir et de laisser Jean Chapot revenir pour terminer le film. Toujours est-il que ces houleuses conditions de tournage ne se ressentent pas une seule seconde durant Les Granges brûlées, polar noir se déroulant sous la neige blanche immaculée, qui vaut évidemment pour la confrontation Delon-Signoret, ainsi que pour ses formidables acteurs secondaires, Paul Crauchet, Bernard Le Coq, Miou-Miou, Jean Bouise, Catherine Allégret et Renato Salvadori, sans oublier le cadre atypique dans lequel se passe l’action. S’il n’a pas connu le même sort que La Veuve Couderc, en attirant deux fois moins de spectateurs, Les Granges brûlées reste un classique du cinéma hexagonal, à l’intrigue classique, mais marquée par la composition étrange (pour ne pas dire déplacée) d’un Jean-Michel Jarre en transe sur ses synthétiseurs (qui rappellent parfois les bruitages de la Dictée Magique), trois ans avant le triomphe planétaire d’Oxygène.

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Test Blu-ray / Souvenirs perdus, réalisé par Christian-Jaque

SOUVENIRS PERDUS réalisé par Christian-Jaque, disponible en édition Digibook – Blu-ray + DVD + Livret le 9 avril 2021 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Bernard Blier, Pierre Brasseur, Suzy Delair, Danièle Delorme, Edwige Feuillère, Yves Montand, François Perier, Gérard Philipe, Armand Bernard, Daniel Lecourtois, Pierre Mondy, Marthe Mercadier…

Scénario : Jacques Companéez, Christian-Jaque, Jacques Prévert, Henri Jeanson, Pierre Véry & Pierre Prévert

Photographie : Christian Matras

Musique : Joseph Kosma

Durée : 2h01

Date de sortie initiale : 1950

LE FILM

Nous voici aux objets trouvés de Paris… Comment tant de choses banales ou singulières sont-elles échouées ici ? À la suite de quel drame, de quelle comédie ? Florence, mannequin, se fait photographier dans les salles égyptiennes du musée du Louvre quand elle rencontre Philippe et le début d’un nouvel amour… Jean-Pierre invétéré séducteur, ment avec poésie non pas pour être aimé pour lui-même mais pour ce qu’il n’est pas… Tous les journaux en ont parlé à l’époque, Gérard de Lancey, interné par sa famille pour ses extravagances et sa folle prodigalité s’évadait de l’asile… Raoul, agent de la circulation amoureux de l’épicière du quartier, monte un plan pour la séduire…

Sur Homepopcorn.fr, nous avons déjà longuement parlé du réalisateur Christian-Jaque (1904-1994) à travers nos chroniques consacrées à Si tous les gars du monde…, La Tulipe Noire, Les Bonnes causes, L’Enfer des anges et La Chartreuse de Parme. Pour la quatrième fois, Coin de Mire Cinéma nous permet de redécouvrir l’une de ses œuvres méconnues et ce malgré un casting exceptionnel, Souvenirs perdus (1950). Rendez vous compte, Danièle Delorme, Gérard Philipe, Pierre Brasseur, Edwige Feuillère, Bernard Blier, Yves Montand, Suzy Delair, François Périer, Pierre Mondy et bien d’autres apparaissent au fil des quatre sketches qui composent le film ! Quatre segments indépendants liés par un fil rouge, celui d’une caméra plongée dans les dédales de la section des Objets Trouvés de la Préfecture de Police située au 36 rue des Morillons dans le XVe arrondissement, métro Convention. Une voix-off, celle du chansonnier Robert Rocca, s’adresse aux spectateurs dans ce « temple de l’étourderie », ce « musée de la distraction ». Comment ces objets sont-ils apparus ici ? A la suite de quel drame ou de quel vaudeville ? Souvenirs perdus va se focaliser sur quatre objets en particulier et à travers eux, révéler leur histoire et leur provenance. Ainsi une statue d’Osiris, une couronne mortuaire en perles de verre, une cravate de fourrure et un violon vont dresser le portrait d’hommes et de femmes, résumer un pan de ces vies respectives. C’est ici l’occasion pour Christian-Jaque de se confronter à quatre genres réunis en un seul, puisque comme l’indiquait la promo d’époque, Souvenirs perdus est à la fois « une histoire sentimentale, loufoque, pathétique et souriante », offrant aux comédiens l’opportunité de réaliser de fabuleux numéros.

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