LA PEAU SUR LES OS (Thinner) réalisé par Tom Holland, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret le 17 novembre 2022 chez Rimini Editions.
Acteurs : Robert John Burke, Lucinda Jenney, Bethany Joy Lenz, Time Winters, Howard Erskine, Joe Mantegna, Terrence Garmey, Randy Jurgensen…
Scénario : Tom Holland & Michael McDowell, d’après le roman de Stephen King
Photographie : Kees Van Oostrum
Musique : Daniel Licht
Durée : 1h28
Année de sortie : 1996
LE FILM
L’histoire de Billy Halleck, avocat rondouillard habitué au succès… jusqu’au jour où, par accident, il percute une vieille gitane avec sa voiture, la tuant sur le coup ! Halleck ressort vainqueur du procès truqué qui s’en suit. Les gitans décident alors de faire leur propre justice et un sort est jeté sur Halleck qui commence alors à perdre du poids de façon incontrôlée, le conduisant vers une mort certaine…
Où en est-on dans les adaptations cinématographiques des écrits de Stephen King dans les années 1990 ? La décennie démarre sur les chapeaux de roue avec Misery de Rob Reiner, qui vaut à Kathy Bates l’Oscar de la meilleure actrice. S’ensuivent La Nuit déchirée – Sleepwalkers de Mick Garris (d’après un scénario original du maître de l’horreur), l’excellent La Part des ténèbres – The Dark Half de George A. Romero, le solide Needful Things – Le Bazaar de l’épouvante de Fraser Clarke Heston, le mythique The Shawshank Redemption – Les Évadés de Frank Darabont et le méconnu (et pourtant superbe) Dolores Claiborne de Taylor Hackford. La télévision n’est évidemment pas en reste avec le légendaire Ça (ou « Il » est revenu) de Tommy Lee Wallace, Les Tommyknockers de John Power et Le Fléau – The Stand de Mick Garris. À l’instar de Mick Garris et Frank Darabont, Tom Holland (né en 1943) signera deux transpositions de Stephen King, la première pour la petite lucarne avec le rigolo Les Langoliers, mini-série en deux parties tirée d’une nouvelle du recueil Minuit 2, l’autre pour le grand écran, La Peau sur les os – Thinner. S’il n’est assurément pas l’opus le plus célèbre tiré d’un roman de Stephen King (qui fait une apparition dans le rôle d’un pharmacien), de Richard Bachman plutôt d’ailleurs, le cinquième long-métrage du réalisateur Vampire, vous avez dit vampire ? – Fright Night, Beauté fatale – Fatal Beauty et bien sûr de Jeu d’enfant – Child’s Play a su marquer l’esprit des spectateurs et demeure prisé par les aficionados.
Billy Halleck est un avocat obèse de la classe supérieure, qui vit avec sa femme Heidi et leur fille Linda dans le Connecticut. Billy a récemment défendu un chef de la mafia nommé Richie « The Hammer » Ginelli devant le tribunal et célèbre maintenant son acquittement pour meurtre. Heidi, essayant de le persuader momentanément d’oublier son obsession pour la nourriture, lui fait une fellation pendant qu’il conduit. Distrait, Billy renverse accidentellement une vieille femme gitane nommée Suzanne Lempke, la tuant sur le coup. Il est acquitté dans la procédure par son ami le juge Cary Rossington. Le chef de la police locale Duncan Hopley fait également obstruction à l’affaire en commettant un parjure pour défendre Billy. Outré par l’injustice, le père de Suzanne, Tadzu Lempke, jette une malédiction sur Billy sur les marches du palais de justice en touchant son visage et en prononçant « Maigris ». Peu de temps après, Billy commence à perdre du poids rapidement malgré le fait qu’il ne fait pas d’exercice ou qu’il ne respecte pas son régime alimentaire. Heidi, craignant que la perte de poids ne soit due au cancer, appelle le Dr Mike Houston, avec qui Billy commence à soupçonner que sa femme a une liaison. Billy apprend que Rossington et Hopley ont également été maudits. Rossington a été métamorphosé en un être ressemblant à un lézard, tandis que Hopley développe des ulcères purulents sur son visage et ses mains. Billy décide de traquer le camp gitan et essaie de raisonner Tadzu, avant qu’il ne soit trop tard.
Au milieu des années 1990, Tom Holland bénéficie de la gigantesque avancée dans le domaine des maquillages et plus particulièrement des prothèses en latex, l’exemple le plus frappant et le plus représentatif étant Eddie Murphy dans Le Professeur foldingue – The Nutty Professor. La même année, c’est Robert John Burke qui est transformé dans La Peau sur les os (le clip-moyen métrage Ghosts de Michael Jackson, aussi dans la peau d’un obèse, mis en scène par Stan Winston était d’ailleurs souvent projeté en avant-programme) par Linda Benavente-Netaro (Blade, L’Amour extra large, Hairspray) et le talentueux Greg Cannom (Cocoon, Les Griffes du cauchemar, Cyborg, Dracula, L’Homme sans visage, Madame Doubtfire, The Shadow…). Certains se souviendront du comédien pour avoir repris le rôle d’Alex J. Murphy dans le troisième (et calamiteux) RoboCop de Fred Dekker, ou pour son boulot à la télévision dans les séries Gossip Girl, Person of Interest, New York, unité spéciale. Il est impeccable dans La Peau sur les os, à la fois empathique et repoussant, émouvant et cynique, drôle et sombre, bluffant en obèse aisé à qui tout réussi, jusqu’au jour où celui-ci va être rattrapé par le surnaturel.
À l’origine du roman, il y a un régime imposé à Stephen King alors que ce dernier avait allègrement dépassé la barre des cent kilos. Lancé dans ce processus, l’écrivain avait imaginé ce qui se passerait chez un individu dont le poids ne cesserait de chuter, même en continuant à manger comme quatre avec plus de 12.000 calories par jour. Publié en 1984, entre Running Man, Le Talisman (coécrit avec Peter Straub) et le recueil de nouvelles Brume, La Peau sur les os (dont le premier titre était Gypsie Pie) est le livre signé Richard Bachman qui mettra la puce à l’oreille aux lecteurs quant à la véritable identité de son auteur. Après cette révélation publique, les ventes du roman seront multipliées par dix.
Le film que Tom Holland en a tiré est plutôt fidèle, même si la mise en scène n’a rien de bien marquant et s’avère même un brin paresseuse, faisant penser à un épisode des Contes de la crypte. Les maquillages sont très réussis, la photographie de Kees Van Oostrum (Gettysburg) ne manque pas d’élégance, le final (différent du livre) est étonnamment noir et en dépit d’un dernier acte centré sur l’affrontement de Billy et Ginelli avec les gitans sans doute moins intéressant, car plus classique, Thinner est un divertissement toujours aussi sympathique.
LE COMBO BLU-RAY + DVD + LIVRET
C’est l’une des anthologies les plus indispensables disponibles sur le marché français. Depuis mai 2019, Rimini Editions fait le bonheur des fans de cinéma fantastique et d’épouvante avec sa collection réunissant déjà Happy Birthday To Me, Trauma, Mutations, Le Bal de l’horreur, Harlequin, Terror Train – Le Monstre du train, Incubus, Hell Night, Patrick, Mother’s Day, Magic, Les Griffes de la peur, Meurtres sous contrôle, Le Survivant d’un monde parallèle, Le Bazaar de l’épouvante, Le Métro de la mort, L’Autoroute de l’enfer, Terreur sur la ville, Les Traqués de l’an 2000, Cérémonie mortelle et Alice, Sweet Alice. La Peau sur les os, inédit en DVD et Blu-ray en France, est donc le 22e titre à rejoindre cette formidable compilation. Comme d’habitude, l’objet prend la forme d’un Digipack à trois volets, renfermant le DVD et le Blu-ray, ainsi qu’un livret de 24 pages rédigé par Marc Toullec, qui revient sur le livre de Stephen King, son adaptation, la production du film de Tom Holland et sa sortie. Le menu principal est animé et musical.
Aucun supplément…étonnant !
L’Image et le son
Soyons honnêtes, La Peau sur les os ne brille pas par sa mise en scène, quelque peu discrète et qui fait même penser à un téléfilm de luxe. Néanmoins, l’apport HD (master vraisemblablement identique à celui édité aux Etats-Unis par Olive Films il y a dix ans) sur ce titre n’est pas inutile et redonne même un beau coup de fouet aux partis-pris du chef opérateur Kees Van Oostrum. Le grain argentique est doux et présent, les contrastes raffermis (avec des noirs équilibrés), le piqué agréable, les détails éloquents (les gros plans, les textures), les couleurs ravivées. Du point de vue propreté c’est aussi pas mal du tout et l’on parvient même à distinguer le raccord des prothèses de Robert John Burke dans la scène de la douche. Ce Blu-ray au format 1080p ne déçoit pas et s’avère même une bonne surprise.
Les deux pistes DTS-HD Master Audio 5.1 anglaise et française (attention, VF canadienne) proposent un confort acoustique très dynamique et immersif. Ces deux mixages parviennent sans mal à créer une spatialisation digne de ce nom avec des dialogues exsudés avec force, des effets et ambiances annexes riches, amples et variés. Nul besoin de monter le volume pour profiter pleinement de la bande-son. Les sous-titres français ne sont pas imposés et le doublage de qualité.