Test Blu-ray / Incubus, réalisé par John Hough

INCUBUS (The Incubus) réalisé par John Hough, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret le 26 juin 2020 chez Rimini Editions.

Acteurs : John Cassavetes, John Ireland, Kerrie Keane, Helen Hughes, Erin Noble, Duncan McIntosh, Harvey Atkin, Harry Ditson…

Scénario : George Franklin d’après le roman de Ray Russell

Photographie : Albert J. Dunk

Musique : Stanley Myers

Durée : 1h32

Année de sortie : 1981

LE FILM

Une petite ville américaine est le théâtre d’une série de meurtres et de viols d’une rare violence. Afin d’identifier le coupable, le shérif Hank Walden fait appel au docteur Jack Cordell. Or, le petit ami de la fille de Cordell est hanté par d’étranges cauchemars…et les meurtres se multiplient.

Même s’il n’a connu qu’un succès d’estime à sa sortie, Incubus, ou THE Incubus en version originale, est rapidement devenu un classique du film fantastique et d’épouvante. Le film détenait déjà de sérieux atouts dans sa manche, en l’occurrence John Cassavetes devant la caméra (et à la production, même si non mentionné à ce poste) et le réalisateur John Hough aux manettes. Le cinéaste britannique (né en 1941), à qui l’on doit de grandes réussites comme Les Sévices de Dracula – Twins of Evil (1971), La Maison des damnésThe Legend of Hell House (1973), Larry le dingue, Mary la garce Dirty Mary Crazy Larry (1974) et La Montagne ensorceléeEscape to Witch Mountain (1975) avait déjà collaboré avec le comédien sur La Cible étoilée Brass Target en 1978. Ravi de cette expérience, John Cassavetes, entre Gloria et Love Streams, revient vers John Hough pour lui proposer Incubus. Ce dernier accepte, même si le scénario, à l’origine adapté du roman de Ray Russell, change du tout au tout une semaine avant la date prévue du début des prises de vues, selon les vœux de la star du cinéma indépendant. Incubus est une œuvre qui se fera au jour le jour, sans que les acteurs soient mis au courant des changements de dernière minute, et ce jusqu’à l’ultime tour de manivelle où le casting apprend enfin qui est le fameux Incubus de l’histoire. En résulte un récit quelque peu alambiqué, pour ne pas opaque puisque de nombreux éléments resteront sans réponse, mais diaboliquement (le terme est bien choisi) mis en scène et impeccablement interprété. De la bonne came qui continue de faire son effet presque quarante ans après sa sortie et qui n’a d’ailleurs rien à envier, ce serait même le contraire, aux films de genre contemporains.

L’histoire se passe dans la petite communauté de Galen. Sam Cordell (John Cassavetes), un médecin, et le shérif Hank Walden (John Ireland) doivent brusquement faire face à une série de viols étranges au cours desquels toutes les femmes sont mortes d’un traumatisme violent subi au cours des attaques. Tim Galen (Duncan McIntosh) fait des cauchemars où il voit ces attaques et craint de pouvoir être sans le vouloir responsable de ces morts. Mais l’horrible vérité est qu’un incube, un démon sexuel, s’en prend aux femmes et est en train de rôder dans la ville. Le violeur ne peut être identifié.

John Hough et son équipe semblent prendre un malin plaisir à égarer les spectateurs et à les conduire sur de fausses pistes, ou bien sur des suspects trop évidents. Par sa réalisation redoutablement efficace et l’investissement de ses acteurs (John Ireland, Kerrie Keane, Erin Noble, Helen Hughes, Duncan McIntosh) sur lesquels trône l’impérial John Cassavetes, dans la même veine que dans Rosemary’s Baby de Roman Polanski, le cinéaste enchaîne les morceaux de bravoure sur un rythme lent, mais maîtrisé. The Incubus est étonnamment frontal dans sa violence (la scène de la bibliothèque, celle des toilettes du cinéma) et quelques séquences annoncent L’EmpriseThe Entity de Sidney J. Furie, qui sortira d’ailleurs la même année qu’Incubus.

Sexuel et vicieux, on y parle ouvertement de la taille proéminente du phallus du violeur et de la quantité impressionnante de sperme (de couleur rouge) retrouvé dans l’utérus de ses victimes, le film de John Hough instaure un climat oppressant, pour ne pas dire malsain, d’entrée de jeu avec ce regard on ne peut plus ambigu de Cordell sur sa fille qu’il aperçoit à moitié nue dans sa chambre. Peut-être que Cordell est-il le monstre que tout le monde recherche, peut-être que la présence de l’incube déteint sur les habitants fragiles, beaucoup de questions se posent tout du long. Certaines réponses arrivent, mais John Hough et son équipe ont eu la bonne idée de rester vague et suggestif sur certains points, même si cela risque d’en irriter certains. Toujours est-il qu’Incubus demeure souvent fascinant, troublant et mystérieux.

A Alice Morini.

LE COMBO

A peine avons-nous eu le temps de vous livrer la chronique de Hell Night, que Rimini Editions nous envoyait déjà son dernier titre en date inscrit dans sa collection des films fantastiques, Incubus de John Hough. Mine de rien, tous ces titres mis l’un à côté de l’autre ont franchement de la gueule et ce combo DVD+Blu-ray ne déroge pas à la règle. Les deux disques reposent dans un Digipack à trois volets, le troisième recevant le livret de 20 pages habituel rédigé par Marc Toullec. L’ensemble est glissé dans un fourreau cartonné qui reprend l’un des visuels d’exploitation du film. Le menu principal est animé et musical.

A l’instar des autres titres de la collection, l’interactivité est composée d’interviews d’artistes ayant participé au film qui nous intéresse.

On commence par l’entretien avec la charmante Kerrie Keane (20’-2018) qui interprète Laura Kincaid dans Incubus. La comédienne canadienne, qui aura essentiellement fait sa carrière à la télévision (Les Feux de l’amour, Beverly Hills, Matlock), revient sur ses débuts et son premier rôle dans Incubus. Laura Kincaid enchaîne les anecdotes de tournage, se souvient avec émotion de John Cassavetes, qui s’était mis d’accord avec le réalisateur John Hough (« un metteur en scène adorable ») pour changer entièrement le scénario prévu à l’origine, une semaine avant le tournage ! On en apprend donc beaucoup sur les conditions de prises de vue (toute l’équipe ou presque ne connaissait pas le dénouement de l’intrigue), avec un scénario qui mutait au jour le jour. Une situation particulière, mais qui n’empêchait pas les comédiens de s’amuser sur le plateau et de se retrouver en dehors, comme cette fois où John Cassavetes avait invité Laura Kincaid à participer à une lecture du scénario d’Une femme sous influence, durant laquelle elle s’est retrouvée à interpréter le rôle de Gena Rowlands. Evidemment, ne visionnez pas ce module si vous n’avez pas vu le film, puisque le final y est révélé.

Né en 1941, le réalisateur John Hough (25’30 – 2018) intervient à son tour pour dans un premier temps parler de ses débuts au cinéma et de son parcours, avant d’en venir plus précisément à son amour pour les films d’épouvante, puis à sa rencontre avec John Cassavetes sur le film La Cible étoiléeBrass Target (1978), sur lequel les deux hommes sont devenus amis et qui a donné envie au comédien de lui proposer de réaliser Incubus quatre ans plus tard. John Hough indique qu’il n’a jamais participé aux changements du scénario effectués par John Cassavetes quelques jours avant le tournage. Cette fois encore, les souvenirs s’enchaînent sur un rythme soutenu, notamment sur la méthode de travail de John Cassavetes, qui ne suivait jamais les dialogues prévus, mais qui préférait s’inspirer du contexte de la scène tournée et improviser ses répliques en fonction. John Hough indique aussi comment il travaillait avec les acteurs, en leur faisant tourner principalement une scène trois fois. D’autres éléments (sur la musique, sur la photographie du film, sur les éléments qu’il changerait s’il refaisait le film aujourd’hui…) s’inscrivent également au programme.

Le Blu-ray contient aussi un troisième entretien, qui donne la parole au directeur de la photographie Albert J. Dunk (27’-2018). Egalement chef opérateur de Class 1984 et d’une tripotée hallucinante de téléfilms, Albert J. Dunk revient sur ce qui lui a donné de l’intérêt pour la photographie et l’éclairage, mais aussi sur son parcours, sur son travail sur Black Christmas (1974) de Bob Clark, puis sur Incubus de John Hough. Quelques éléments font redondance avec ce qui a pu être déjà entendu précédemment, mais au final cette interview complète l’ensemble. Albert J. Dunk clôt cette intervention en indiquant que si son métier a évolué, ce n’est pas dans le bon sens, et rejette la faute sur les producteurs plus frileux qu’autrefois, ce qui dénature les conditions de travail.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Longtemps attendu (euphémisme) par les très nombreux adorateurs du film, Incubus arrive non seulement en DVD en France, mais aussi en Haute-Définition. Alors évidemment, le film ayant été tourné avec des moyens limités, l’apport HD reste somme toute limité. Toutefois, il serait dommage de passer à côté de ce Blu-ray très élégant, qui restitue le grain argentique, parfois grumeleux sur les séquences sombres, souvent très fin sur les scènes diurnes ou très éclairées comme à l’hôpital. Les contrastes ne déçoivent pas, le piqué non plus d’ailleurs, les couleurs profitent parfois de cet upgrade avec une fraîcheur bienvenue, surtout sur les teintes rouges. Quelques décrochages sur les fondus enchaînés, mais rien de rédhibitoire.

Incubus est disponible en version originale et française DTS-HD Master Audio 2.0. La première instaure un confort acoustique plaisant avec une délivrance suffisante des dialogues, des effets annexes convaincants et surtout une belle restitution de la musique. La piste française est sensiblement plus pincée, mais hormis quelques saturations ici et là, l’ensemble reste dynamique. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © 1981 Guardian Trust Company in Trust / Rimini Editions / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Une réflexion sur « Test Blu-ray / Incubus, réalisé par John Hough »

  1. Bonjour
    Je l’ai vu au cinéma à sa sortie en 1982. Au temps 21:12, on voyait le sexe de l’incubus en érection, en flou, à travers la porte vitrée.
    Est-ce que ce plan a été supprimé ?
    Cordialement
    Serge

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