Test Blu-ray / Trauma, réalisé par Dan Curtis

TRAUMA (Burnt Offerings) réalisé par Dan Curtis, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret le 8 novembre 2019 chez Rimini Editions

Acteurs : Karen Black, Oliver Reed, Bette Davis, Burgess Meredith, Eileen Heckart, Lee Montgomery, Dub Taylor, Joseph Riley…

Scénario : William F. Nolan, Dan Curtis d’après le roman de Robert Marasco

Photographie : Jacques R. Marquette

Musique : Bob Cobert

Durée : 1h56

Année de sortie : 1976

LE FILM

La famille Rolf emménage pour les vacances dans une immense demeure victorienne, dont les propriétaires n’exigent qu’un loyer dérisoire. Ils leur imposent aussi de s’occuper de leur vieille mère, une femme mystérieuse qui ne quitte jamais sa chambre située sous les combles. Très vite, des événements étranges surviennent dans la demeure.

« La maison prend soin d’elle-même…« 

Daniel Mayer Cherkoss, plus connu sous le nom de Dan Curtis (1927-2006), est le créateur de la mythique série Dark Shadows, triomphe qui fera le bonheur des téléspectateurs durant six saisons et plus de 1200 épisodes. Producteur et réalisateur, Dan Curtis est également passionné de fantastique, genre qu’il abordera au cinéma, mais surtout à la télévision avec notamment La Fiancée du vampire (1970), Dracula et ses femmes vampires (1973) avec Jack Palance dans le rôle-titre, ou bien encore Le Cri du loup (1974) écrit par Richard Matheson. Après les refus ou les abandons successifs des réalisateurs Bob Fosse, George Roy Hill et Mark Rydell, le scénario de Trauma, écrit par William F. Nolan, arrive entre les mains de Dan Curtis. Les deux hommes se connaissent bien pour avoir déjà collaboré sur The Norliss Tapes (1973) avec Roy Thinnes, Melvin Purvis G-MAN (1974), The Turn of the Screw (1974) adapté d’Henry James, la célèbre Trilogy of Terror (1975) et The Kansas City Massacre (1975). Des productions réalisées pour le petit écran et qui ont fait leur effet sur les téléspectateurs. William F. Nolan et Dan Curtis reprennent ensemble la transposition du roman Notre vénérée chérie de Robert Marasco, publiée en 1974 – en suivant la trame originale, mais en changeant son dénouement – destinée cette fois au cinéma. Ce sera Burnt Offerings, distribué en France en VHS sous le titre Trauma.

Référence absolue du film prenant pour décor une maison hantée, ce chef d’oeuvre du genre annonce de nombreux classiques à venir, notamment Shining de Stanley Kubrick et même plus récemment la sensationnelle série The Haunting of Hill House, disponible sur le service Netflix depuis 2018. Si cette dernière est officiellement une adaptation du roman de Shirley Jackson publié en 1959, on y retrouve pourtant plus de ressemblances troublantes avec le Trauma de Dan Curtis. Toujours est-il que ce film d’épouvante instaure une atmosphère angoissante et étouffante pendant près de 120 minutes, qui surpasse, et de loin, toutes les propositions contemporaines de l’épouvante.

La famille Rolfe emménage pour les vacances d’été dans une demeure victorienne ; les propriétaires, deux vieillards excentriques, ne demandent étrangement aucun loyer, leur seule condition étant que les Rolfe s’occupent durant leur séjour de leur vieille mère de 85 ans, une hypothétique Madame Allardyce, qui est censée habiter sous les combles et ne quitte jamais sa chambre. C’est Marian, l’épouse de Ben Rolfe, qui décide de porter ses repas à l’étrange vieille dame. Pourtant, très vite, des événements étranges commencent à survenir au sein de la demeure. Ben est régulièrement hanté par un cauchemar relatif à un traumatisme d’enfance ; son fils David frôle la mort à plusieurs reprises, et la santé d’Elizabeth, la vieille tante de Ben, se dégrade subitement ; de son côté, Marian semble changer de personnalité, et passe des heures dans les combles à contempler la vaste collection de photos de Mrs. Allardyce… Peu à peu, Ben doit se résoudre à admettre la vérité : quelque chose de maléfique vit dans cette maison, et est en train de détruire sa famille…

Dès la première scène montrant la famille Rolfe en route vers la maison qu’ils convoitent de louer pour la saison estivale, on pense à Shining avec David à l’arrière, Ben au volant et Marian qui s’impatiente. Stephen King a lui-même confié s’être inspiré du livre de Robert Marasco, des emprunts qui se seraient ensuite répercutés sur la transposition de Stanley Kubrick, par ailleurs reniée par l’écrivain. D’autres éléments, les portraits des anciens locataires sur les photographies, le père victime d’hallucinations et même cette grande demeure plantée au milieu de nulle part, entourée d’une végétation sauvage font étrangement écho avec Shining, le livre et le film.

Dan Curtis signe une œuvre remarquable, angoissante, claustrophobique, marquée de temps en temps par un humour noir qui offre quelques soupapes au spectateur pour lui permettre de reprendre sa respiration. L’un des grands atouts de Trauma est bien sûr son casting quatre étoiles. Tous les comédiens sont absolument formidables ici. Oliver Reed, bien que toujours saoul sur le plateau, est sensationnel en père de famille, dont l’esprit cartésien va lutter contre les forces du mal qui veulent s’emparer de lui, de sa femme et de son fils. La séquence de la piscine est aujourd’hui toujours aussi troublante. Révélée par Easy Rider de Dennis Hopper en 1969, Karen Black est une star très en vue à Hollywood, passant allègrement du cinéma d’auteur (Cinq pièces faciles de Bob Rafelson en 1970), à la production hollywoodienne confortable (Gatsby le Magnifique de Jack Clayton), au blockbuster (747 en péril de Jack Smight). Juste après Complot de famille d’Alfred Hitchcock, Karen Black retrouve Dan Curtis, qui l’avait dirigé dans Trilogy of Terror, où elle interprétait plusieurs personnages. Elle est ici aussi exceptionnelle que son partenaire et sa prestation, très nuancée, riche, virtuose, reste une grande référence pour les comédiennes qui se sont déjà frottées au genre.

A leurs côtés, Bette Davis faisait son retour au cinéma, quatre ans après L’Argent de la vieilleLo Scopone Scienfico de Luigi Comencini. Même si ses rapports avec Dan Curtis ont été catastrophiques, le monstre hollywoodien livre une sacrée performance à presque 70 ans, surtout lorsque son personnage commence à ressentir l’emprise et l’influence de la maison, qui la font flétrir à vue d’oeil. Pendant ce temps, la maison se « régénère » et retrouve sa blancheur immaculée. Enfin, outre la participation marquante du grand Burgess Meredith (la même année que le premier Rocky) et Eileen Heckart au début du premier acte, le jeune Lee Montgomery est également impeccable dans un rôle pourtant difficile.

Outre son climat oppressant qui serre la gorge du spectateur, petit à petit, sur un rythme lent, mais redoutablement maîtrisé, comme un goutte-à-goutte qui distille son poison, Trauma reste également célèbre pour les apparitions sporadiques du comédien Anthony James, dont le reconnaissable visage émacié et le sourire carnassier auront marqué les cinéphiles dans Dans la chaleur de la nuit (1967), Point limite zéro (1971) et L’Homme des Hautes Plaines (1973), dans le rôle de l’effrayant chauffeur de corbillard. Ce dernier hante les nuits de Ben à travers des cauchemars qui lui rappellent la mort de sa mère, mais fait désormais son apparition en plein jour, dans les jardins de la demeure. Frissons garantis ! Le final, anthologique, sombre, angoissant et très violent, marque à jamais l’esprit des cinéphiles.

Malgré son immense réussite, Trauma, qui n’a souvent rien à envier à La Maison du diable de Robert Wise et Les Innocents de Jack Clayton, ne sera jamais exploité dans les salles françaises. Cela n’empêche pas le film, son réalisateur et ses comédiens, d’être récompensés ailleurs comme au Festival du Film International de Catalogne à Sitges ou à l’Academy of Science Fiction, Fantasy & Horror Films. Quant à Dan Curtis, suite à l’échec de Trauma à sa sortie, il ne reviendra au cinéma qu’à deux reprises et continuera sa riche carrière à la télévision jusqu’à sa mort en 2006. Il est aujourd’hui nécessaire de redécouvrir son œuvre, afin de se rendre compte de l’importance de sa contribution au genre fantastique.

LE COMBO DVD/BLU-RAY/LIVRET

Rimini Editions ne s’arrête plus et voilà que Trauma de Dan Curtis débarque dix jours après la sortie de Mutations dans les bacs ! Même chose que pour les titres fantastiques et d’épouvante de cette collection, cette édition collector DVD-Blu-ray-Livret de Trauma se présente sous la forme d’un Digipack à trois volets, glissé dans un fourreau cartonné du plus bel effet et au visuel très attractif. Le menu principal est animé et musical.

Le livre de 24 pages écrit par Marc Toullec est bien illustré et donne moult informations sur la production et la sortie du film qui nous intéresse.

Trois interviews datant de 2015 sont au programme de cette édition !

Le comédien Anthony James (17’) ouvre le feu à travers un entretien très sympathique, durant lequel l’acteur dont nous parlions dans la critique du film, également vu dans Tonnerre de feu de John Badham, Y a-t-il un flic pour sauver le président ? de David Zucker et Impitoyable de Clint Eastwood, revient essentiellement sur sa carrière à Hollywood. Si on pointe une petite note d’amertume quand il déclare qu’il avait plus à offrir que les rôles qu’il a pu jouer, basés la plupart du temps son physique atypique, Anthony James partage ses souvenirs liés au tournage de Trauma, notamment sur Bette Davis, avec laquelle il a pu avoir de longues conversations. Il retrouvera d’ailleurs l’actrice dans Les Visiteurs d’un autre monde de John Hough, deux ans après Trauma. De nombreuses anecdotes s’enchaînent au fil de ce module, qui fait d’ailleurs la promotion pour les mémoires du comédien.

Lee Montgomery a grandi ! Celui qui interprète le jeune David dans Trauma révèle à son tour de nombreux secrets liés au tournage du film (16’). Les spoilers sont évidemment présents, alors passez votre chemin si vous n’avez pas encore vu Trauma. Né en 1961, de son vrai nom Elliott Harcourt Montgomery, le comédien est venu avec son scénario original, qu’il avait fait signer par tous les comédiens et les techniciens du film. Il revient également sur ses partenaires (Oliver Reed et ses potes de beuverie qui l’ont initié au vin), sur le drame ayant touché Dan Curtis au moment du tournage (sa fille s’est suicidée, drame ayant suspendu les prises de vue), ainsi que sur la redécouverte de Trauma par les cinéphiles.

Le coscénariste William F. Nolan intervient à son tour (13’) dans un entretien au cours duquel il revient principalement sur le travail avec Dan Curtis. Les propos tenus ici font souvent écho avec ce qui a pu être entendu précédemment.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Le cadre regorge de détails aux quatre coins et ce dès la première séquence. Si le générique est évidemment plus doux avec diverses poussières, la définition reste solide comme un roc, la stabilité est de mise et le grain original est très élégant. La propreté de la copie est irréprochable, à part peut-être quelques pétouilles, mais ce serait vraiment chipoter. La palette chromatique profite de cet upgrade avec des teintes revigorées. Les séquences diurnes en extérieur bénéficient d’un joli piqué. Ajoutez à cela des noirs denses, une magnifique patine, de superbes et constants éclairages luminescents et vous obtenez un master HD qui flatte constamment la rétine. Du très bel ouvrage.

Les versions anglaise et française sont proposées en DTS-HD Master Audio 2.0. Sans surprise, la piste originale s’avère la plus propre et dynamique du lot, sans souffle, propre et aux silences denses. Evitez le doublage français, assez horrible dans son genre. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © Rimini Editions / United Artists Corporation / PEA FILMS / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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