Test Blu-ray / Cérémonie mortelle, réalisé par Howard Avedis

CÉRÉMONIE MORTELLE (Mortuary) réalisé Howard Avedis, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret le 21 octobre 2022 chez Rimini Editions.

Acteurs : Mary McDonough, David Wallace, Bill Paxton, Lynda Day George Christopher George, Curt Ayers, Bill Conklin, Donna Garrett…

Scénario : Howard Avedis & Marlene Schmidt

Photographie : Gary Graver

Musique : John Cacavas

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 1983

LE FILM

Christie Parson est hantée par la mort de son père, noyé dans une piscine. Elle est certaine qu’il s’agissait d’un meurtre, contrairement à sa mère, qui croit à un simple accident. Bientôt, elle se rend compte que quelqu’un la surveille nuit et jour, un inquiétant rôdeur vêtu de noir, qui semble lié à la morgue locale, théâtre d’étranges cérémonies…

Moui…bof…cette Cérémonie mortelle n’a rien de bien flippant, même si la cérémonie éponyme fait référence à la meilleure scène du film. Rien ne distingue véritablement ce Mortuary (ou Embalmed en Angletterre) du tout-venant, alors que le slasher envahissait les salles de cinéma et les vidéoclubs de la planète. Depuis Vendredi 13 de Sean S. Cunningham en 1980, le genre déferle, les propositions et les franchises se multiplient comme Halloween 2 de Rick Rosenthal, Le Tueur du vendredi et Meurtres en 3 dimensions de Steve Miner, tandis que Norman Bates a même fait son retour dans Psychose 2 de Richard Franklin. En 1983, pas de Vendredi 13 à se mettre sous la dent, alors c’est là que le réalisateur Howard Avedis (1927-2017), né en Irak et de son vrai nom Hikmet Labib Avedis entre en scène, se disant qu’il y avait un créneau à prendre. Il s’y engouffre et écrit Cérémonie Mortelle avec sa compagne Marlene Schmidt (ancienne Miss Univers), puis réunit un budget modeste de 250.000 dollars, en espérant en récolter dix fois plus, au minimum. Mission accomplie puisque Mortuary rapporte près de 4,5 millions de dollars au box-office sur le sol américain, sans compter les recettes liées à la location du film en VHS dans le reste du monde. Rétrospectivement, Cérémonie mortelle aura peut-être marqué les spectateurs qui l’auront découvert dans leur salon sur leur magnétoscope Pathé Marconi, mais il ne reste pas grand-chose de cet opus aujourd’hui, à part ce sentiment de nostalgie sans doute, même si la mise en scène n’est pas honteuse et que le casting fait honnêtement le job. À ce titre Mortuary demeure l’une des premières apparitions au cinéma du regretté Bill Paxton, 27 ans, juste avant Terminator de James Cameron et Une créature de rêve de John Hughes. Sympathique certes, mais sitôt vu sitôt oublié.

Christie fait constamment le cauchemar du décès de son père qui est mort dans une piscine. La mère de Christie pense que c’était un accident, mais Christie croit plutôt à un meurtre. Christie est ensuite suivie et harcelée par un inconnu vêtu d’une cape. Mais encore personne ne la croit, jusqu’à ce que son ami voit le rôdeur en question de ses propres yeux. L’étranger se cache dans la morgue de la ville qui est possédée par Hank Andrews et son fils dément, Paul. Et tout les deux essaient de former des rituels pour ramener l’esprit du Dr. Parson. Mais qui est cet étrange rôdeur et pourquoi harcèle-t-il Christie ?

Hikmet Labib Avedis ou Howard Avedis donc, Hikmat Labib et même Hekmat Aghanikyan pour certains films, n’est pas un manchot et possède une demi-douzaine de films à son actif quand il entreprend Mortuary. Si personne ne se souvient de The Stepmother (1972) et The Teacher (1974), tous les deux marqués par une petite touche sulfureuse qu’affectionnait le réalisateur, ses autres œuvres ont souvent mis en avant ses comédiennes, parfois très légèrement vêtues sur leurs affiches alléchantes comme Ahna Capri dans The Specialist (1975), Edy Williams dans Dr. Minx (1975) ou Connie Stevens dans Scorchy, agent fédéral (1976). On vous laisse le temps d’aller voir…C’est bon ? On continue. Dans Cérémonie mortelle, on trouve une petite scène où les deux jeunes font l’amour sur le sol, tandis que les deux actrices principales apparaissent en nuisette, la sensibilité fétichiste d’Howard Avedis étant cette fois encore à l’oeuvre. Mortuary reste peu généreux en meurtres, mais ceux-ci sont assez bourrins commis à l’aide d’un trocart, instrument chirurgical qui se présente sous la forme d’une tige pointue et coupante à son extrémité, qui sert à réaliser les ponctions et biopsies, utilisé par les thanatopracteurs pour évacuer les fluides corporels. Cependant, l’ensemble manque singulièrement de rythme, d’autant plus que le film ne dure pas plus de 90 minutes et que le cinéaste fait durer des séquences qui n’en avaient pas forcément besoin ou va au contraire trop vite en besogne sur d’autres.

L’interprétation de Mary Beth McDonough (La Famille des collines) et David Wallace (Humongous de Paul Lynch, Les Monstres du Labyrinthe de Steven Hilliard Stern) est pas mal du tout, les deux comédiens sont mignons et visiblement complices, les personnages attachants, surtout celui de Christie. À leurs côtés, on retrouve Lynda Day George (les saisons 6 et 7 de la série Mission Impossible, vue aussi dans Chisum d’Andrew V. McLaglen) et Christopher George (El Dorado de Howard Hawks, La Bataille de Midway de Jack Smight, L’Implacable Ninja de Menahem Golan, Frayeurs de Lucio Fulci), couple à la ville et souvent à l’écran également, même si ce n’est pas clairement le cas ici, bien que l’on puisse se poser la question à plusieurs reprises. Si la première est mise en valeur vêtue par Howard Avedis (quel coquin) d’un déshabillé au décolleté plongeant, le second mourra peu de temps après le tournage d’une attaque cardiaque à l’âge prématuré de 52 ans. On ajoute à ce beau monde la participation d’un Bill Paxton complètement allumé (et donc forcément génial), Cérémonie mortelle tire son épingle par sa distribution solidement dirigée, ce qui n’était pas systématique dans le slasher.

De nos jours, Mortuary fait penser à un téléfilm ou à une série télévisée, même si la photographie du prolifique Gary Graver (Lâchez les bolides de Ron Howard, et même coscénariste du Pile ou Face de Robert Enrico) est assez jolie avec des éclairages luminescents. Bon point pour la musique de John Cacavas (Airport 77 : Les Naufragés du 747, Kojak, Terreur dans le Shangaï Express) qui n’a rien de merdique (c’était juste pour le jeu de mots gratuit). En fait, Cérémonie mortelle manque d’intérêt (on se lasse de l’enquête de Christie, qui recherche la vérité sur la mort soi-disant accidentelle de son père), d’enjeux, de crimes, et par-dessus tout de suspense, puisqu’il ne se passe rien ou presque durant une bonne heure. S’il s’améliore au fil du récit, le scénario demeure plat et, en dépit d’un dernier acte plutôt réjouissant (mais qui pompe allègrement celui de Happy Birthday To Me de J. Lee Thompson), la toute dernière image est malheureusement ridicule. On est donc très partagé sur cet exemple de production totalement opportuniste, dont il ne reste pour ainsi dire rien peu de temps après la projection.

LE COMBO BLU-RAY + DVD + LIVRET

Rimini Editions ne nous laisse pas un seul moment de répit ! À peine venions-nous de finaliser la chronique d’Alice, Sweet Alice, que le combo de Cérémonie mortelle arrivait dans notre boîte aux lettres. C’est reparti avec le 21e titre la collection Angoisse de l’éditeur, qui se présente tout naturellement sous la forme d’un Digipack à trois volets, glissé dans un fourreau cartonné aux couleurs désormais connues de l’anthologie. Le menu principal est animé et musical. Concernant le livret de 20 pages, Marc Toullec dresse cette fois un panorama des 17 slashers présentés sur les écrans américains en 1983. Ainsi, le journaliste évoque un peu plus longuement Cérémonie mortelle, mais aborde aussi Psychose 2, Curtains, Fatal Games (Les Jeux de la mort), The House of Sorority Row, Silent Madness ou bien encore Sleepaway Camp (Massacre au camp d’été).

Coréalisateur avec Alexandre Poncet du Complexe de Frankenstein et de Phil Tippett, des rêves et des monstres, Gilles Penso s’occupe ici de la présentation de Cérémonie mortelle (22’). Une intervention plutôt enjouée (trop pour être honnête d’ailleurs…), mais qui contient son lot d’informations qui contentera les cinéphages. La situation du slasher au début des années 1980, les visuels d’exploitation de Mortuary (qui annonçaient éhontément un film de zombies), la carrière du réalisateur Howard Avedis, le casting, les éléments qui rappellent Scooby-Doo, le teaser original dans lequel on retrouve Michael Berryman (malheureusement absent de cette édition et qui là aussi promettait un film de revenants sortis de leurs tombes), les conditions de tournage, les thèmes (le sujet lié au complexe d’Oedipe est intéressant), la musique, la photographie sont évoqués au cours de ce module bien fichu.

L’Image et le Son

Diverses poussières, quelques rayures verticales…mais le master HD de Cérémonie mortelle trouve son équilibre. Les couleurs sont joliment rafraîchies (les teintes rouges sont même bien pétantes), la copie est stable, les contrastes denses, le piqué agréable, tout comme la patine argentique bien équilibrée et gérée. Certaines séquences sortent du lot avec un lot de détails très appréciables (sur les scènes diurnes surtout), sur les décors, mais également sur les gros plans et les beaux yeux de la comédienne principale. Une solide édition qui participe à la (re)découverte de ce slasher des années 1980. Blu-ray au format 1080p.

Deux mixages 2.0. au choix. La version française ou la version originale. Du point de vue dynamique, la VF l’emporte parfois avec un report plus élevé des dialogues et de la musique. Sinon, notre préférence se tourne bien sûr vers la piste anglaise, plus harmonieuse, naturelle et percutante. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © Rimini Editions / Hickmar Productions / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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