Test Blu-ray / The House on Sorority Row, réalisé par Mark Rosman

THE HOUSE ON SORORITY ROW réalisé par Mark Rosman, disponible en combo DVD/Blu-ray le 17 juin 2020 chez Extralucid Films.

Acteurs : Kate McNeil, Eileen Davidson, Janis Ward, Robin Meloy, Harley Jane Kozak, Jodi Draigie, Ellen Dorsher, Lois Kelso Hunt…

Scénario : Mark Rosman

Photographie : Tim Suhrstedt

Musique : Richard Band

Durée : 1h32

Année de sortie : 1983

LE FILM

Un groupe d’étudiantes vivant ensemble dans une grande maison, décident de faire une mauvaise blague à leur logeuse. Mais la farce tourne mal, et les jeunes filles de la sororité sont tuées les unes après les autres lors de la soirée de fin d’études…

Nous ne reviendrons pas sur l’émergence du slasher aux Etats-Unis dans les années 1970, car nous l’avons évoqué maintes et maintes fois au fil de nos articles, que nos lecteurs retrouverons facilement. Au début des années 1980, moult productions se sont inspirées de Massacre à la tronçonneuse, Black Christmas, Halloween, La Nuit des Masques et consorts, sans parler de ce qui se faisait en Europe, et plus particulièrement en Italie sous l’égide de Dario Argento avec Les Frissons de l’angoisse. Cette nouvelle décennie se place sous le signe du « more blood », les spectateurs étant de plus en plus friands d’hémoglobine et de meurtres encore plus sadiques et graphiques. Maniac de William Lustig donne le la et la même année sortent coup sur coup Vendredi 13 de Sean S. Cunningham, Le Monstre du train de Roger Spottiswoode, Le Bal de l’horreur de Paul Lynch et Nuits de cauchemars de Kevin Connor. Les cinémas et les drive-in sont très demandeurs, les productions se multiplient et certains producteurs y voient une occasion rêvée de s’enrichir puisque les budgets sont la plupart du temps très réduits et les recettes fructueuses. Suivront en vrac Carnage de Tony Maylam, Happy Birthday : Souhaitez ne jamais être invité de J. Lee Thompson, Massacres dans le train fantôme de Tobe Hooper, Halloween 2 de Rick Rosenthal (et de John Carpenter c’est vrai, mais nous ne referons pas le débat), Massacre au camp d’été de Robert Hiltzik, deux autres opus de Vendredi 13, bref le spectateur avide de sensations fortes se retrouve devant un choix illimité d’opus du genre. Plus discret, The House on Sorority Row sort sur les écrans américains, ainsi qu’au Royaume-Uni sous le titre House of Evil, en janvier 1983. Un an avant l’apparition de Freddy Krueger dans Les Griffes de la nuitA Nightmare on Elm Street de Wes Craven, qui allait donner une nouvelle orientation à l’épouvante au cinéma, The House on Sorority Row apparaît comme étant un premier chant du cygne de l’horreur dite traditionnelle. Tourné avec trois francs six sous (désolé de ne pas convertir en dollars), ce petit film réunit tous les ingrédients du genre et compile donc tous les clichés attendus, mais avec une générosité de tous les instants, en privilégiant le système D et surtout en reposant sur une bande d’actrices aussi jolies qu’à l’aise au moment où celles-ci doivent s’époumoner devant la terreur.

Katey, une sœur de sororité (un équivalent féminin de fraternité si vous préférez) diplômée, est poussée par ses camarades à faire une farce à leur sévère directrice de la maison, Mrs Slater, qui est connue pour porter une canne à bout tranchant. La farce tourne au cauchemar et Mrs Slater meurt accidentellement. Les filles décident de cacher son corps dans la piscine inutilisée de leur campus, jusqu’à ce que la fête de diplôme soit terminée. Mais sont-elles bien sûres que Mrs Slater est décédée ?

Vous aimez les films d’horreur vintage, courts, bien emballés, aussi drôles que généreux en émotions fortes et interprétés par de jolies poupées qui crient à en perdre haleine et qui se déshabillent gratuitement devant la caméra ? Alors The House on Sorority Row est fait pour vous ! Certes, les prothèses sont souvent ratées et semblent avoir été faites au dernier moment avec quelques pots de pâte à modeler Play-Doh, mais on ne pourra pas reprocher au réalisateur Mark Rosman de mettre du coeur à l’ouvrage pour rendre son film efficace, ce qu’il parvient à faire haut la main, tout en annonçant quelque part Souviens-toi… l’été dernierI Know What You Did Last Summer (1997) de Jim Gillespie. Si sa filmographie reste complètement obscure et ne mérite sans doute pas qu’on s’y attarde plus que ça, ce n’est pas le cas de son premier long métrage, attachant et bien foutu, d’autant plus que le réalisateur rend de petits hommages bien appuyés aux Diaboliques (1955), chef d’oeuvre absolu d’Henri-Georges Clouzot. On sent que Mark Rosman, comme sûrement beaucoup de ses confrères, a été bouleversé et choqué par ce film aussi matriciel du genre que Psychose (1960) d’Alfred Hitchcock. Tout ce qui tourne autour du cadavre encombrant placé dans une piscine remplie d’eau croupie y fait évidemment référence.

Ensuite, The House on Sorority Row suit le schéma classique des victimes qui se succèdent et qui trépassent de façon violente, sans éviter un côté « Les Dents de la mouche n°4 ». Les personnages sont certes classiques, mais les actrices font le job, surtout Vicki, la garce du groupe, interprétée par Eileen Davidson, qui deviendra célèbre à la télévision dans le rôle d’Ashley Abbott dans le soap-opera Les Feux de l’amour, en passant également par Santa Barbara, Amour, gloire et beauté, Des jours et des vies, bref une habituée des séries TF1/France 2 diffusées avant l’émission de Jean-Luc Reichman ou les Z’Amours. Le rôle principal est tenu par la belle Kate McNeil, qui incarne Katherine, et dont la performance n’a souvent rien à envier aux scream-squeens plus célèbres et iconiques. Elle fait ici ses débuts devant la caméra et même si son nom restera totalement méconnu, la comédienne n’a jamais arrêté de tourner, faisant même quelques apparitions dans certains films connus comme Incidents de parcours (1988) de George A. Romero, probablement son plus grand rôle, Mort subite (1995) de Peter Hyams avec JCVD, Space Cowboys (2000) de Clint Eastwood, et toute une ribambelle de séries.

Diverses idées de mise en scène, l’investissement des comédiennes, le montage rapide et l’ambiance à la fois cancre et bon-enfant qui s’en dégage, font de The House on Sorority Row un divertissement vintage énergique, qui fonctionne encore aujourd’hui et qui saura toujours titiller la fibre nostalgique des spectateurs avides d’horreur à l’ancienne. Produit pour un budget dérisoire d’environ 400.000 dollars, le film rembourse sa mise de départ lors de son premier week-end d’exploitation et en rapporte au final plus de 10 millions. Son statut culte ne s’est jamais démenti. En 2009, sort un remake intitulé Soeurs de sangSorority Row, qui sera un semi-échec et qui contrairement au film original est déjà complètement oublié.

LE COMBO BLU-RAY/DVD

The House on Sorority Row est le premier titre édité par Extralucid Films que nous chroniquons sur Homepopcorn.fr et nous les en remercions. D’autres suivront bientôt. Cette édition estampillée « Extra Culte 3 », soit le troisième titre de la collection, prend la forme d’un Digipack à deux volets où reposent le DVD et le Blu-ray, aux sérigraphies soignées, le premier en reprenant le visuel de la tête coupée dans les toilettes, le second arborant le visuel de l’affiche originale. L’ensemble est glissé dans un fourreau cartonné très élégant. Le menu principal est animé et musical.

En guise de cerise sur le gâteau, l’éditeur s’est entretenu avec Mélanie Boissonneau, docteure en études cinématographiques et audiovisuelle, enseignante à l’université Paris 3 Sorbonne-Nouvelle. Egalement « BIStrotière » comme l’indique le générique, l’invitée d’Extralucid Films propose un beau tour d’horizon du slasher pendant un peu plus d’un quart d’heure. De quoi bien réviser vos classiques avec certains titres emblématiques, mais aussi les codes du genre. Puis, Mélanie Boissonneau en vient au film qui nous intéresse aujourd’hui, The House on Sorority Row, sur lequel elle ne manque pas d’arguments et d’anecdotes de tournage, tout en analysant quelques séquences.

Nous trouvons ensuite une introduction alternative du film (2’13), conçue à la base en N&B. Les distributeurs imposeront au réalisateur Mark Rosman de « teinter» sa séquence en « Noir et Bleu ».

Même chose, Film Ventures demandera au cinéaste de couper la fin originale. Celle-ci est présentée par Mark Rosman (vostf) sous la forme d’un cliché, qui explique que cette scène (jugée trop pessimiste) montrait en fait la découverte du corps de Katherine flottant dans la piscine, probablement assassinée par le tueur après que celui-ci se soit réveillé suite à sa chute du grenier, là où The House on Sorority Row se clôt.

L’interactivité se clôt sur un comparatif film/storyboards (4’30), une galerie de photos (du film et de son tournage), la bande-annonce (vo) et quatre spots TV (vo).

L’Image et le son

N’attendez pas un Blu-ray immaculé et digne des plus grands blockbusters. Si la galette est « honnête », l’apport « HD » est on ne peut plus limité (on dirait un SD Upscale) et se contente de conserver l’aspect vintage, pour ne pas dire fauché du film de Mark Rosman. Le transfert fait ce qu’il peut pour contenter celles et ceux qui voudraient(re)découvrir The House on Sorority Row dans des conditions honnêtes. La définition, ainsi que la gestion des couleurs et de la texture argentique sont complètement aléatoires, les scènes diurnes s’en sortent évidemment mieux que les séquences sombres et tamisées, avec notamment un piqué légèrement plus ferme. Des poussières et des rayures verticales demeurent, tout comme les plans flous.

Evitez la piste française, la plus faible du lot et qui mise avant tout sur le report des voix. La version originale est de plus mieux équilibrée, dynamique, sans aucun souffle, avec des dialogues clairs, une solide restitution de la musique. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © Extralucid Films / MULTICOM ENTERTAINMENT GROUP INC / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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