Test DVD / Terreur dans le Shanghaï Express, réalisé par Eugenio Martin

TERREUR DANS LE SHANGHAÏ EXPRESS (Horror Train) réalisé par Eugenio Martin, disponible en DVD depuis le 7 février 2017 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Christopher Lee, Peter Cushing, Georges Rigaud, Telly Savalas, Alberto de Mendoza, Silvia Tortosa, Helga Liné…

Scénario : Arnaud d’Usseau & Julian Zimet

Photographie : Alejandro Ulloa

Musique : John Cacavas

Durée : 1h23

Date de sortie initiale : 1973

LE FILM

En 1906, en Chine, le professeur Alexander Saxton découvre un ancien fossile gelé dans la province isolée de Szechuan. Il apporte les restes de l’être, qu’il croit être le chaînon manquant, dans une boîte à Shanghaï à bord d’un train Trans-Siberien, où il rencontre une vieille connaissance le Dr Wells. Au cours de ce voyage, la créature glacée commence à fondre, et réussit à se libérer. Elle décide ensuite de tuer les passagers pour voler leur mémoire…

Le début des années 1970 a été faste pour Peter Cushing et Christopher Lee ! En 1972-73, le premier tournera près d’une douzaine de longs-métrages (dont Frissons d’outre-tombe From Beyond the Grave et And Now the Screaming Starts! de Roy Ward Baker), même chose pour le second, qui campera entre autres Rochefort dans Les Trois Mousquetaires de Richard Lester, ainsi que Lord Summerisle dans le légendaire The Wicker Man de Robin Hardy. Coup sur coup, les deux complices se retrouvent devant la même caméra dans Dracula 73 – Dracula A.D. 1972 et Dracula vit toujours à Londres The Satanic Rites of Dracula d’Alan Gibson, La Chair du diable The Creeping Flesh de Freddie Francis, Nothing but the Night de Peter Sasdy et Terreur dans le Shanghaï Express Horror Express, ou bien encore Pánico en el Transiberiano d’Eugenio Martín sous le pseudo ici de Gene Martin. Le pitch ? C’est « tout simple », en voyageant à bord du Transsibérien Express, un anthropologue et son rival doivent contenir la menace posée par la cargaison: un singe préhistorique qui est l’hôte d’une forme de vie qui absorbe l’esprit des passagers et de l’équipage. Un huis clos sur les rails, où le train devient un petit théâtre de l’horreur, où tous les passagers sont mis en danger. Terreur dans le Shanghaï Express s’accompagne souvent de critiques mitigées. Pourtant, ce petit opus du genre s’avère bougrement sympathique et contient son lot de séquences très efficaces, dont une trépanation et autres effets gore particulièrement réjouissants, tandis que le casting, notamment nos deux têtes d’affiche auxquelles se greffent Telly Savalas (qui apparaît au bout d’une heure), parfait en cosaque désagréable, assurent évidemment le show, sans se forcer, mais avec leur immense talent et une élégance de tous les instants.

En 1906, le professeur Sir Alexander Saxton, un anthropologue britannique de renom, revient en Europe par le Transsibérien Express de Shanghaï à Moscou. Avec lui se trouve une caisse contenant les restes congelés d’une créature humanoïde primitive qu’il a découverte dans une grotte en Mandchourie. Il espère que c’est un chaînon manquant dans l’évolution humaine. Le docteur Wells, rival amical de Saxton et collègue de la Geological Society, est également à bord mais voyage séparément. Avant que le train ne quitte Shanghaï, un voleur est retrouvé mort sur le quai. Ses yeux sont complètement blancs, sans iris ni pupilles, et un spectateur le prend d’abord pour un aveugle. Le comte polonais Marion Petrovski et son épouse, la comtesse Irina, attendent de monter à bord du train avec leur conseiller spirituel, un moine orthodoxe oriental nommé père Pujardov, qui proclame à Saxton que le contenu de la caisse est maléfique. Saxton rejette furieusement cela comme une superstition. Son empressement à garder sa découverte scientifique secrète éveille les soupçons de Wells, qui soudoie un porteur pour enquêter sur la caisse. Le porteur est tué par l’humanoïde décongelé à l’intérieur, qui s’est échappé de la caisse après avoir crocheté la serrure. L’humanoïde trouve plus de victimes alors qu’il parcourt le train en marche. Les autopsies suggèrent que les cerveaux des victimes sont vidés de leurs souvenirs et de leurs connaissances.

On doit l’histoire de Terreur dans le Shanghaï Express à Julian Zimet, souvent crédité sous le nom de Julian Halevy, qui a peu mais bien écrit pour le cinéma, puisqu’on lui doit l’exceptionnel Le Bandit The Naked Dawn (1955) d’Edgar G. Ulmer, le classique Le Plus grand cirque du monde Circus World (1964) de Henry Hathaway et le divertissant Quand la Terre s’entr’ouvrira Crack in the World (1965) d’Andrew Marton. Également l’auteur de Custer, l’homme de l’Ouest Custer of the West (1967) de Robert Siodmak, le scénariste a déjà plus de trente ans de carrière derrière lui quand il livre Horror Express, qui s’inspire forcément des films de la Hammer, la présence des deux stars emblématiques du studio faisant immédiatement le lien. S’il écrit le scénario avec Arnaud d’Usseau, qui revenait alors au cinéma après trente ans d’absence, Terreur dans le Shanghaï Express repose sur le style énergique de Julian Zimet, qui semble aussi s’inspirer de la nouvelle Who Goes There ? de John W. Campbell, adaptée sous le titre La Chose d’un autre monde The Thing from Another World en 1951 par Christian Nyby (ou plutôt Howard Hawks, mais c’est une autre histoire), qui annonce étrangement l’autre transposition, The Thing de John Carpenter, qui sortira dix ans plus tard. Coup double pour Julian Zimet, Eugenio Martín et Telly Savalas, puisque les trois hommes s’associeront aussi en 1973 pour Pancho Villa, par ailleurs tourné juste avant.

Terreur dans le Shanghaï Express témoigne parfois du système D auquel le réalisateur a dû remédier, probablement en raison du manque de moyens, le budget avoisinant « seulement » 300.000 dollars. Le prologue en Mandchourie montre ce bon vieux Christopher Lee, affublé d’une chapka, filmé sur un fond uni de couleur claire pour simuler la paroi d’une grotte, tandis que divers ventilateurs sont dirigés vers le comédien pour simuler le vent qui souffle dans ce lieu maudit. Le tour est joué, ça fonctionne, en espérant que les spectateurs sauront être indulgents. C’est le cas, d’autant plus que le travail sur les décors dans le reste du film est assez impressionnant et l’ensemble plaisant à regarder. Entièrement tourné en Espagne, à Madrid et dans ses environs, Horror Express rappelle justement ces trains-fantômes qui trônent dans les fêtes foraines. On embarque avec plaisir dans un wagonnet, on se laisse prendre au jeu, tout en voyant le truc supposé faire peur arriver bien avant, en connaissant toutes les ficelles (visibles), mais l’effet est garanti et l’on rit volontiers. Bien rythmé et mis en scène, le film bénéficie d’une partition très réussie de John Cacavas (747 en péril Airport 1975, Les Naufragés du 747 Airport ‘77) et d’une photographie qui ne manque pas de classe d’Alejandro Ulloa (Le Miel du diable et Perversion Story de Lucio Fulci, California de Michele Lupo).

Film d’épouvante aux effets percutants, aux rebondissements multiples, au suspense bien dosé, à l’humour noir et teinté de thriller paranoïaque, Horror Train n’a donc absolument rien de déshonorant comme on l’a souvent lu ici et là. Le film mérite même très largement d’être reconsidéré.

LE DVD

Dans notre rubrique Le DVD du grenier, nous passons en revue aujourd’hui Terreur dans le Shanghaï Express, disponible en DVD chez LCJ Editions et Productions depuis le 7 février 2017. Le visuel de la jaquette, glissée dans un boîtier classique Amaray, reprend celui de l’affiche d’exploitation. Le menu principal est fixe et musical.

Aucun supplément.

L’Image et le son

Pour information, Horror Train est un film entré dans le domaine public sur le territoire américain, qui a ensuite connu moult éditions diverses et variées en DVD. La qualité de l’image variait ainsi d’un éditeur à l’autre. Point de miracle avec la copie (française, comme l’indique le générique) présentée par LCJ, qui s’accompagne d’instabilités, d’un grain argentique épais et parfois déséquilibré, de moirages (le rendu du costume rayé de Christopher Lee donne même les larmes aux yeux), tandis que la gestion des contrastes s’avère totalement aléatoire. Des poussières demeurent, mais l’ensemble est étonnamment assez propre. Nous avons aussi remarqué quelques images manquantes, ainsi que quelques baisses plus importantes de la définition et un aspect de temps en temps jaunâtre. C’est pas ce qu’on peut appeler un master – au format 1.33 : 1 – tip-top quoi…

Pas de version originale…il s’agit ici de la copie française et seule cette piste est disponible ici. Si celle-ci ne remplace évidemment pas le timbre mythique des comédiens principaux, celui de nos acteurs hexagonaux ne démérite pas. On retrouve ainsi à la barre William Sabatier pour Christopher Lee, Georges Hubert pour Peter Cushing et Georges Atlas pour Telly Savalas. Trois cadors qui livrent une formidable prestation et grâce auxquels on oublie finalement l’absence de la VO. C’est propre, net et dynamique.

Crédits images : © LCJ Editions & Productions / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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