Test Blu-ray / California, réalisé par Michele Lupo

CALIFORNIA réalisé par Michele Lupo, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 16 novembre 2021 chez Artus Films.

Acteurs : Giuliano Gemma, William Berger, Miguel Bosé, Chris Avram, Paola Dominguín, Robert Hundar, Malisa Longo, Dana Ghia…

Scénario : Roberto Leoni, Nico Ducci, Franco Bucceri & Mino Roli

Photographie : Alejandro Ulloa

Musique : Gianni Ferrio

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1977

LE FILM

A la fin de la guerre de Sécession, deux anciens soldats sudistes, Willi Preston et California, se lient d’amitié. Malheureusement Willie est abattu sur le chemin le ramenant chez lui. California décide alors d’aller chez les parents de son compère pour leur remettre la médaille gagnée par Willie au champ d’honneur. Mais des chasseurs de primes chargés d’éliminer les anciens confédérés ne vont pas tarder à menacer sa vie…

Michele Lupo (1932-1989) est évidemment loin d’être le réalisateur italien le plus célèbre, mais les spectateurs friands de cinéma Bis, de séries B et de comédies populaires connaissent inévitablement ses films. Citons-en quelques-uns, comme je sais que vous aimez bien ça, les péplums Maciste contre les géants Maciste, il gladiatore più forte del mondo (1962) et Le Retour des Titans Maciste, l’eroe più grande del mondo (1963) avec Mark Forest, le western Arizona Colt Il pistolero di Arizona (1966), les films policiers Qui êtes-vous inspecteur Chandler – Troppo per vivere… poco per morire (1967) et Un homme à respecter Un uomo da rispettare (1972), sans oublier les collaborations du cinéaste avec le grand Bud Spencer, Mon nom est Bulldozer Lo chiamavano Bulldozer (1978), Le Shérif et les Extra-terrestres Uno sceriffo extraterrestre – poco extra e molto terrestre (1979), Faut pas pousser Chissà perché… capitano tutte a me (1980), On m’appelle Malabar Occhio alla penna (1981) et Capitaine Malabar dit La Bombe Bomber (1982). Un artisan, un vrai. Mais l’autre association de Michele Lupo demeure celle entamée en 1963 avec Giuliano Gemma (1938-2013). Au total, les deux hommes tourneront à six reprises, Le Retour des Titans Maciste, l’eroe più grande del mondo (1963), Arizona Colt Il pistolero di Arizona (1966), Méfie-toi Ben, Charlie veut ta peau Amico stammi lontano almeno un palmo (1971), Un homme à respecter Un uomo da rispettare (1972), Africa Express (1976) et le film qui nous intéresse aujourd’hui, California, connu aussi sous le titre Adios California (1977), qui clôt ce partenariat très lucratif. Ce dernier appartient à la période du chant du cygne du western transalpin, dont le plus grand représentant reste bien sûr Mon nom est Personne Il mio nome è Nessuno de Tonino Valerii, que Michele Lupo avait failli réaliser, mais qui suite à des divergences avec Sergio Leone, avait dû laisser les manettes à un autre. California est un magnifique western, un immense opus du genre, un vrai film dramatique, solidement mis en scène et interprété par Giuliano Gemma. Le comédien, culturiste et cascadeur, y est à la fois bouleversant et bad-ass, sensationnel du début à la fin, un monstre de charisme et de talent.

Michael Random alias California, homme au passé trouble a combattu dans la guerre civile dans les rangs sudistes. Fait prisonnier par les nordistes, il est libéré et « invité » à rentrer chez lui. Il se lie d’amitié avec William Preston un autre jeune sudiste, qui veut aussi rentrer chez lui. Ensemble, ils marchent à travers le pays ravagé par la guerre civile. Pendant ce temps Rope Whittaker et son groupe de chasseurs de primes tuent des petits criminels pour empocher les primes. Preston parvient à persuader Random de l’accompagner dans sa famille. Chemin faisant, ils rencontrent un groupe de nordistes haineux et violent, il s’ensuit une bagarre à laquelle les deux sudistes parviennent à s’échappent en volant un cheval. Ils finissent par être rattrapés, Preston meurt d’une balle dans le dos et son cadavre pendu. Random se rend dans la famille de Preston, apporte la nouvelle de la mort de William et reste avec eux. Il tombe rapidement amoureux d’Helen la sœur de William. Alors que les deux amants font des courses en ville, ils se retrouvent au milieu d’un règlement de comptes impliquant Rope Whittaker. Helen est prise en otage et enlevée. Michael se jure de la retrouver.

California ou Adios California donc, est un western pur et dur, qui plonge d’emblée le spectateur dans un monde dégueulasse, où les protagonistes s’enlisent dans la boue et sont trempés jusqu’aux os en raison de la pluie diluvienne qui s’abat sur eux et balaie le fort dans lequel ils essayent de trouver un petit temps de repos ou de se remettre de leurs blessures. Le décor est planté, ce n’est pas l’univers des Bisounours, le ciel est gris et couvert, les visages sont blafards, l’univers semble avoir été recouvert de crasse et de gadoue. Giuliano Gemma fait son entrée en scène en voulant protéger un chaton des griffes de soldats tellement affamés qu’ils voudraient mettre la main sur le félin pour le faire cuire à la broche. Il se débarrasse très vite de ces salopards, devant les yeux admiratifs de Willy Preston, engagé volontaire, formidablement campé par Miguel Bosé. Si celui qui se fait appeler Michael Random est en apparence froid et cynique, une réelle amitié va naître entre les deux hommes une fois démobilisés. Preston, jeune homme qui a le coeur sur la main, découvrant la solitude de Random, n’hésite pas à l’inviter chez lui, où l’attendent ses parents et sa sœur Helen, qui pourront l’accueillir. Sur le chemin, les deux hommes sont attaqués et Preston perd la vie. Random alias California comme nous le découvrirons peu de temps après, se rend à la ferme des Preston pour leur annoncer la terrible nouvelle. Il y est chaleureusement hébergé et une relation semble même s’installer entre lui et Helen. Mais la violence finit toujours par rattraper ceux qui en ont fait leur quotidien…

Giuliano Gemma est exceptionnel dans California, qui fait ses premiers adieux au western, ce qu’il fera bel et bien l’année suivante avec Selle d’argent Sella d’argente de Lucio Fulci. Alors que le genre virait à la comédie depuis l’avènement et le triomphe international d’On l’appelle Trinita Lo chiamavano Trinità… d’Enzo Barboni, le comédien avait lui-même officié dans Même les anges tirent à droite Anche gli angeli tirano di destro du même Enzo Barboni (sous le nom de E.B. Clucher), Le Blanc, le Jaune et le Noir Il bianco, il giallo, il nero de Sergio Corbucci, sans oublier le génial Mort ou vif… de préférence mort Vivi o preferibilmente morti de Duccio Tessari, California renoue avec le western sérieux. Gemma y apparaît le visage fermé, mais son regard en dit long quant à la tristesse de son personnage, au fur et à mesure qu’il prend conscience qu’il pourra difficilement se débarrasser du sang et de la mort qui l’ont sans aucun doute toujours accompagné durant toute son existence.

Michele Lupo dirige ses acteurs d’une main de maître, le cadre est superbe et doublé d’une folle élégance, les décors impressionnants, les affrontements secs et brutaux. L’histoire concoctée par Franco Bucceri et Roberto Leoni (L’Exécuteur de Maurizio Lucidi et Folie meurtrière de Tonino Valerii), avec la collaboration de Nino Ducci et Mino Roli (Matalo de Cesare Canevari), dont on retrouve la griffe lors des affrontements dans les villes fantômes traversées par notre héros, est passionnante et laisse autant de place à l’émotion – teintée de mélancolie – qu’à l’action. A cela s’ajoute la très belle photographie du chef opérateur Alejandro Ulloa (Le Miel du diable de Lucio Fulci, Le Témoin à abattre d’Enzo G. Castellari), la composition de Gianni Ferrio (Big Guns de Duccio Tessari), ainsi que la prestation marquante de Raimund Harmstorf dans le rôle de Rope Whittaker (L’Appel de la forêt de Ken Annakin), de précieux ingrédients qui font de California peut-être l’un des plus beaux westerns italiens.

LE COMBO BLU-RAY + DVD

Parallèlement à la sortie de Calibre 32, Artus Films présente California, qui comme le film d’Alfonso Brescia intègre la collection Western Européen. Comme d’habitude, l’éditeur a concocté un superbe objet, qui prend la forme d’un Digipack à deux volets, renfermant le Blu-ray et le DVD, très élégamment illustré, le tout glissé dans un fourreau cartonné qui arbore le plus célèbre visuel du film. Le menu principal est fixe et musical.

Et comme sur Calibre 32, Curd Ridel fait son retour pour nous parler de California. Le bougre a beaucoup plus de choses à nous dire sur ce film, sur son casting plutôt, puisque son intervention dépasse les 45 minutes. Il commence en évoquant Giuliano Gemma « Le plus beau, le plus charismatique, le plus athlétique, le plus acrobatique et le plus charmeur, bref le plus grand de tous », dit Curd Ridel, qui en profitera pour nous raconter sa rencontre avec le comédien (« le plus plébiscité en Afrique, au Moyen-Orient et même en Asie où il est le deuxième acteur occidental le plus populaire après Alain Delon »), un pur hasard, au détour d’une rue parisienne, lui qui était fan de l’acteur depuis tout gamin (dessin à l’appui). Les grandes étapes de sa carrière, ses plus grands rôles et ses meilleurs films sont ainsi passés en revue. De nombreuses anecdotes émaillent cette présentation, notamment celle où furieux de voir Kirk Douglas tuer Giuliano Gemma dans Un homme à respecter, les spectateurs ont littéralement détruit une salle de cinéma. Curd Ridel en vient au réalisateur Michele Lupo, « un des plus grands réalisateurs de genre », avant de se pencher un peu plus précisément sur California, les personnages et les partenaires de Giuliano Gemma.

L’interactivité se clôt sur un très large Diaporama d’affiches et de photos du film, ainsi que sur un lot de bandes-annonces, dont celle de California en version anglaise.

L’Image et le son

Ce master restauré édité par Artus Films, notre ours préféré, est flatteur pour les mirettes. Tout d’abord, la colorimétrie retrouve un réel éclat, surtout sur les lumineuses séquences diurnes. La restauration est indéniable, quelques rares points et fourmillements demeurent constatables mais sont subliminaux, et même si certaines séquences sont sensiblement plus altérées, les noirs et les contrastes affichent une nouvelle densité et le piqué n’a jamais été aussi tranchant. Ajoutez à cela un grain d’origine respecté, un cadre fourmillant de détails et vous obtenez une superbe copie qui participe à la redécouverte totale de ce bijou du western. Blu-ray au format 1080p.

L’éditeur propose les versions italienne et française dans un Mono original. Passons rapidement sur cette dernière au doublage old-school très réussi (les immenses Daniel Gall, William Sabatier et Jean-Claude Michel à la barre), qui se concentre essentiellement sur le report des voix parfois au détriment des effets annexes. Les dialogues sont d’ailleurs parfois trop élevés sur certaines séquences, même à faible volume, mais l’écoute demeure suffisante. Elle n’est pas aussi fluide et homogène que la version originale, avec son report ardent des dialogues. Dans les deux cas, les séquences de fusillades sont merveilleusement restituées, dynamiques et vives, tout comme le génial score de Gianni Ferrio qui profite d’une excellente exploitation.

Crédits images : © Artus Films / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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