Test Blu-ray / L’Héritière, réalisé par William Wyler

L’HÉRITIÈRE (The Heiress) réalisé par William Wyler, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 18 mai 2021 chez Elephant Films.

Acteurs : Olivia de Havilland, Montgomery Clift, Ralph Richardson, Miriam Hopkins, Vanessa Brown, Betty Linley, Ray Collins, Mona Freeman…

Scénario : Ruth Goetz & Augustus Goetz,, d’après leur pièce de théâtre et le roman Washington Square de Henry James

Photographie : Leo Tover

Musique : Aaron Copland

Durée : 1h55

Année de sortie : 1949

LE FILM

William Wyler (1902-1981), un des plus grands réalisateurs du vingtième siècle, signe une fois de plus un film splendide récompensé par quatre Oscars en 1950 : Meilleure actrice, meilleurs costumes pour Edith Head et Gile Steele, meilleure musique pour Aaron Copland et meilleure direction artistique. Inspiré par la pièce d’Augustus et Ruth Goetz, elle-même adaptée du roman Washington Square, d’Henry James, L’Héritière est un film d’une cruauté verbale saisissante. Avec virtuosité, Olivia de Havilland (enlaidie pour le rôle) incarne Catherine Sloper, qui vit dans une riche demeure de Washington Square, le « beau quartier » de New York, en compagnie de son père, Austin Sloper, veuf, richissime et tyrannique. Celui-ci ne cesse d’humilier sa fille, la comparant sans cesse à sa brillante et séduisante épouse décédée. La jeune fille, effacée, naïve, timide et sans attraits, fait la rencontre du séduisant Morris Townsend au cours d’un bal. Le jeune homme lui fait aussitôt une cour empressée. Devenant un habitué de la maison des Sloper, il demande la main de Catherine à son père. Mais celui-ci ne tarde pas à l’accuser d’être un coureur de dot et refuse de donner suite à sa demande. Catherine persévère cependant dans ses espoirs d’un mariage d’amour. Son père lui explique qu’étant donné son manque de charme et d’intelligence, seul l’argent peut intéresser Morris Townsend. La suite des événements, dramatiques pour Catherine, semble lui donner raison. Elle va perdre son innocence, ses certitudes et ses repères. Une lente mais palpable transformation s’opère jusqu’à la dernière séquence. Doucement, Catherine calque son caractère sur celui qui l’a élevé et devient froide, dure et implacable. Ses proches (sa tante, sa domestique) ont du mal à la reconnaître et ne peuvent imaginer que cette personne impitoyable puisse être la même qu’ils ont alors connue. L’Héritière est un mélodrame sensationnel, pessimiste, élégant et cruel doublé d’un portrait de jeune femme poignant qui foudroie le cinéphile par la richesse de sa réalisation et de son interprétation. Extraordinaire directeur d’acteurs, le cinéaste obtient de ses comédiens (Olivia de Havilland, Montgomery Clift en tête) un jeu transcendant qui bouleverse le spectateur.

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Test Blu-ray / Hors d’atteinte, réalisé par Steven Soderbergh

HORS D’ATTEINTE (Out of Sight) réalisé par Steven Soderbergh, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 12 mai 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : George Clooney, Jennifer Lopez, Jim Robinson, Mike Malone, Ving Rhames, Don Cheadle, Donna Frenzel, Catherine Keener, Manny Suárez, Dennis Farina, Keith Hudson, Steve Zahn, Albert Brooks, Luis Guzmán, Isaiah Washington…

Scénario : Scott Frank, d’après le roman d’Elmore Leonard

Photographie : Elliot Davis

Musique : David Holmes

Durée : 2h02

Année de sortie : 1998

LE FILM

Jack Foley n’a pas son pareil pour braquer les banques sans arme ni violence. Mais, poursuivi par la poisse, il se retrouve pour la troisième fois en prison. Il réussit à s’enfuir avec l’aide extérieure de l’un de ses complices. La marshal Karen Sisco tente de s’interposer. Les deux hommes l’emmènent avec eux.

Dans l’imposante et éclectique filmographie de Steven Soderbergh, Hors d’atteinte tient une place importante. D’une part, car il s’agit du long-métrage avec lequel le réalisateur, auréolé de la Palme d’or en 1989 pour Sexe, Mensonges et Vidéo (faisant de lui le deuxième plus jeune cinéaste à recevoir ce prix après Louis Malle), est parvenu à se refaire une santé au box-office et auprès de la critique, d’autre part en raison de son immense réussite qui place cet opus dans le trio de tête des plus grands films du metteur en scène, probablement auprès de L’Anglais – The Limey (1999) et d’Erin Brockovich, seule contre tous (2000). C’est avec ce polar, adapté d’un roman du maître en la matière, Elmore Leonard (1925-2013), que Steven Soderbergh a fait de George Clooney, alors sur le point de quitter la série Urgences qui l’a rendu célèbre à travers le monde, un comédien de cinéma sur lequel il fallait compter. Pourtant, ce n’était pas gagné après les déconvenues, tant artistiques que commerciales qu’il enchaînait, en particulier celles de Batman et Robin de Joel Schumacher et Le Pacificateur – The Peacemaker de Mimi Leder. Dans Hors d’atteinte, il trouve enfin un rôle à la mesure de son indéniable talent, et de son élégance désormais légendaire. Sa rencontre avec Steven Soderbergh sera déterminante pour la suite de sa carrière, puisque les deux hommes tourneront ensemble à sept reprises et fonderont même leur société de production, Section Eight, qui sera active dans le cinéma jusqu’à la fin des années 2000. Mais Out of Sight c’est aussi l’une des meilleures prestations de la sublime Jennifer Lopez, qui avait le vent en poupe (l’une des plus célèbres du monde d’ailleurs), puisqu’elle venait d’enchaîner Jack de Francis Ford Coppola, Blood and Wine de Bob Rafelson et U-Turn d’Oliver Stone ! Un bien beau début de carrière devant la caméra pour celle qui trustait en même temps le top des charts. Si elle n’a pas vraiment confirmé par la suite (euphémisme), la comédienne signe indéniablement l’une de ses performances les plus marquantes. Mais Hors d’atteinte c’est surtout l’un des polars les plus élégants des années 1990 avec l’un des couples les plus sexy de la décennie, un classique quasi-instantané qui a rejoint depuis le rang des films cultes, que l’on peut revoir à satiété, sans jamais se lasser et en l’aimant toujours davantage. Du grand cinoche quoi.

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Test Blu-ray / Une dernière fois, réalisé par Olympe de G.

UNE DERNIÈRE FOIS réalisé par Olympe de G., disponible en DVD le 14 avril 2021 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Brigitte Lahaie, Alexandra Cismondi, Philippe Sivy, Arsène Laclos, Francis Mischkind, Misungui Bordelle, Rico Simmons, Heidi Switch…

Scénario : Alexandra Cismondi & Olympe de G.

Photographie : Kevin Klein

Musique : Jean-Baptiste Hanak

Durée : 1h11

Date de sortie initiale : 2020

LE FILM

L’histoire d’une femme de 69 ans qui refuse de vieillir dans une société dans laquelle on ne prend pas soin des personnes âgées. Elle décide de préparer sa mort, et avant cela sa dernière année à vivre.

Bon, on ne va pas refaire la biographie de Brigitte Lahaie, ni réexpliquer pourquoi la comédienne restera à jamais la reine du genre pornographique hexagonal. Si cela vous amuse, on pourra redonner quelques titres fleuris en vrac, Je suis une belle salope, Suprêmes jouissances, Arrête, tu me déchires, C’est la fête à mon cul, Rentre c’est bon, Le Bijou d’amour, Inonde mon ventre, La Mouillette, Anna cuisses entrouvertes, Pénétrez-moi par le petit trou, Pénétrations méditerranéennes et bien d’autres ré-jouissances issues de l’âge d’or. Depuis ses adieux en 1980 au cinéma qui l’a rendue célèbre, Brigitte Lahaie est devenue animatrice radio, en intervenant principalement sur les sujets liés à l’érotisme et la sexualité. Une reconversion professionnelle réussie puisqu’elle restera notamment quinze années à la tête de l’émission Lahaie, l’Amour et Vous, quotidienne de deux heures qui a fait les belles heures de la station RMC, de 2001 à 2016. L’ancienne égérie du porno français anime désormais une nouvelle quotidienne sur Sud Radio. Quelle surprise de la retrouver en 2020 en tant que premier rôle dans Une dernière fois, long-métrage porno-érotique, soit 25 ans après Electric Blue: Sex Model de Vic Marchant. Mais autant vous prévenir tout de suite, Brigitte Lahaie n’y apparaît pas une seconde dans le plus simple appareil, sa seule exigence pour apparaître dans ce film, mais n’est pas avare pour dévoiler sa superbe poitrine qui a fait fantasmer des millions de spectateurs, non seulement en France, mais aussi dans le reste du monde durant les années 1970. Dans cette oeuvre étrange, faux documentaire ou portrait de femme, Brigitte Lahaie (qui ne joue pas son propre rôle), observe plus qu’elle n’agit dans Une dernière fois. La réalisatrice féministe Olympe de G., enchaîne les scènes sexuellement explicites, dont le fil conducteur est une conversation avec une femme de 69 ans, qui a décidé d’en finir avec la vie, dont elle a déterminé la fin, mais aussi avant cela la dernière fois où elle fera l’amour. Il en résulte un « programme » hybride, très mal écrit avec des dialogues souvent agaçants, filmé n’importe comment, mention spéciale à la caméra embarquée qui vous donnera plus la gerbe qu’elle ne vous excitera, sans véritable intérêt, si ce n’est la douceur et la sensualité qui émanent encore et toujours de Brigitte Lahaie, seule attraction de cette vidéo.

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Test Blu-ray / Où est la liberté…?, réalisé par Roberto Rossellini

OÙ EST LA LIBERTÉ…? (Dov’è la libertà…?) réalisé par Roberto Rossellini, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 10 mars 2021 chez Tamasa Diffusion.

Acteurs : Totò, Vera Molnar, Nyta Dover, Franca Faldini, Giacomo Rondinella, Leopoldo Trieste, Fernando Milani, Vincenzo Talarico…

Scénario : Vitaliano Brancati, Ennio Flaiano, Antonio Pietrangeli, Roberto Rossellini & Vincenzo Talarico

Photographie : Aldo Tonti & Tonino Delli Colli

Musique : Renzo Rossellini

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 1954

LE FILM

Le barbier Salvatore Lojacono sort de prison après avoir purgé une peine de vingt ans pour crime passionnel. Il rentre chez lui à Rome, mais ne reconnaît plus ni sa famille ni ses voisins : il ne rencontre autour de lui qu’égoïsme et hypocrisie. Après plusieurs mésaventures, il ne voit plus qu’une issue, se faire condamner pour retourner en prison et retrouver la tranquillité.

À la fois précurseur du néoréalisme italien avec sa Trilogie Fasciste (Le Navire blanc, Un pilote revient et L’Homme à la croix) et figure majeure de ce mouvement cinématographique (Rome, ville ouverte, Païsa et Allemagne année zéro), Roberto Rossellini (1906-1977) est un des réalisateurs les plus en vue à la fin des années 1940. 1950 est un tournant dans sa carrière et par ailleurs dans sa vie, puisqu’il rencontre Ingrid Bergman, qui lui donnera trois enfants et avec laquelle il tournera cinq longs-métrages, de Stromboli à Jeanne au bûcher (1954). Quand on évoque Roberto Rossellini, s’il y a bien un genre auquel on ne pense pas c’est bien la comédie. Pourtant, il existe deux films dissimulés chaque fois entre deux « monuments ». Si le premier intitulé La Machine à tuer les méchants – La Macchina ammazzacattivi (1952) est quelque peu oublié, le second, coincé entre Europe 51 et Voyage en Italie est Où est la liberté…? – Dov’è la libertà…? (1954). C’est le metteur en scène qui en a l’idée, qu’il confie ensuite à ses scénaristes Vitaliano Brancati (Don Cesare di Bazan de Riccardo Freda et auteur du Bel Antonio), Ennio Flaiano (Le Cheik Blanc et La Dolce Vita de Federico Fellini), Antonio Pietrangeli (Les Amants diaboliques de Luchino Visconti) et Vincenzo Talarico (Moi, moi, moi et les autres d’Alessandro Blasetti). Écrit spécialement pour le mythique Totò (1898-1967), Où est la liberté…? apparaît étrangement comme une œuvre hybride, et pour cause…Emballé par son sujet au début du tournage, Roberto Rossellini s’en désintéresse progressivement. S’il maîtrise parfaitement l’humour ou le côté décalé de certaines situations, ce qui a déjà pu être constaté dans quelques-uns de ses films précédents, le cinéaste lorgnait en réalité sur son opus suivant, Voyage en Italie. Après trois mois de prises de vues, le tournage est arrêté et ne reprendra qu’un an plus tard sous la direction de Mario Monicelli, alors en charge de la seconde équipe et qui avait déjà dirigé Totò avec Steno, dans Totò cherche un appartement (1949), Gendarmes et voleurs (1951), Totò e il re di Roma (1951) et Totò et les femmes (1952). Rétrospectivement, il est plus aisé d’attribuer les scènes de pure comédie à Mario Monicelli, autrement dit tout ce qui est lié au procès, et celles réalisées par Roberto Rossellini, qui s’inscrivent encore et toujours dans le néoréalisme, qui montrent le personnage Totò redécouvrir la ville après plus de vingt années d’emprisonnement. Il en résulte un film en demi-teinte, qui souffre d’un manque de rythme certain, mais qui demeure une vraie curiosité, aussi bien dans la filmographie de Roberto Rossellini, que dans celle de l’une des plus grandes stars du cinéma italien de tous les temps.

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Test Blu-ray / À bout portant, réalisé par Don Siegel

À BOUT PORTANT (The Killers) réalisé par Don Siegel, disponible en DVD et Blu-ray le 24 mars 2021 chez BQHL Editions.

Acteurs : Lee Marvin, Angie Dickinson, John Cassavetes, Clu Gulager, Claude Akins, Norman Fell, Ronald Reagan…

Scénario : Gene L. Coon, d’après la nouvelle d’Ernest Hemingway

Photographie : Richard L. Rawlings

Musique : John Williams

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1964

LE FILM

Tueurs à gages, Charlie Strom et son partenaire exécutent froidement Johnny North dans une institution pour aveugles. Intrigué par le comportement de sa cible qui, plutôt que de tenter de fuir, se laisse abattre, Charlie Strom reconstitue son parcours. Il découvre que sa victime est un ancien pilote automobile qu’une blessure de course et l’influence d’une séduisante jeune femme poussent à servir de chauffeur à un gang à l’occasion de l’attaque d’un fourgon postal. Butin : un million de dollars. De quoi faire tourner bien des têtes, de quoi expliquer certains comportements et la volonté d’un commanditaire de jouer la discrétion…

La nouvelle de dix pages d’Ernest Hemingway, Les Tueurs, avait déjà été portée à l’écran par Richard Siodmak en 1946 avec Ava Gardner et Burt Lancaster. Près de vingt ans plus tard, Don Siegel en réalise une nouvelle adaptation, À bout portant – The Killers, avec Angie Dickinson et John Cassavetes qui reprennent les personnages de leurs aînés. La situation de départ est identique. Lee Marvin, qui sortait de La Taverne de l’Irlandais – Donovan’s Reef de John Ford, est également de la partie et campe l’un des tueurs les plus emblématiques du cinéma américain des années 1960, à la fois monolithique et merveilleusement cynique. Ronald Reagan tourne ici son dernier long métrage et endosse pour la première fois le costume du salaud de service, un rôle qu’il déclarera avoir toujours détesté interpréter. Il se lancera dans la politique peu de temps après, jusqu’à parvenir à la fonction suprême. Il deviendra ainsi le quarantième président des Etats-Unis de 1981 à 1989. Malgré ses critiques, Ronald Reagan est pourtant excellent et n’a pas besoin de se forcer pour s’imposer, notamment face à l’impressionnant Lee Marvin. Citons aussi Clu Gulager (Virages de James Goldstone, Le Retour des morts-vivants de Dan O’Bannon), parfait disciple, jeune chien fou à mi-chemin entre l’enfance et le monde adulte. Don Siegel appuie d’ailleurs la relation trouble entre les deux tueurs, une homosexualité latente, en montrant le personnage de Lee, qui ne cesse de soigner son apparence, dans le but de mieux se faire accepter par son mentor, Charlie, vieillissant, sage et pensant à raccrocher après un dernier coup. À bout portant est donc plus un remake des Tueurs qu’une nouvelle adaptation de la nouvelle d’Hemingway et le cinéaste livre une œuvre totalement originale. À l’origine produit et conçu pour la chaîne de télévision NBC, le film se retrouve sur le circuit cinématographique traditionnel car jugé trop violent par les censeurs. En guise d’exemple, on retiendra notamment l’arrivée des tueurs dans l’institution pour aveugles (première séquence du film) mettant les spectateurs dans l’atmosphère voulue par le réalisateur. Ici, la violence n’est pas suggérée, elle est directe, franche et froide. La scène demeure un modèle du genre et les partis pris inédits. Le film est rapide, 90 minutes, pas une de plus, pas une de moins, sec, épuré et d’une redoutable efficacité. Une économie de moyens certes due à son origine télévisuelle, mais un budget restreint idéalement employé par Siegel. Dans À bout portant, le destin est déjà inscrit dans le marbre, la mort rôde autour des personnages explicitement et implicitement.

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Test Blu-ray / Songbird, réalisé par Adam Mason

SONGBIRD réalisé par Adam Mason, disponible en DVD et Blu-ray le 15 avril 2021 chez Metropolitan Films.

Acteurs : K.J. Apa, Sofia Carson, Craig Robinson, Bradley Whitford, Alexandra Daddario, Peter Stormare, Paul Walter Hauser, Demi Moore…

Scénario : Adam Mason & Simon Boyes

Photographie : Jacques Jouffret

Musique : Lorne Balfe

Durée : 1h25

Date de sortie initiale : 2020

LE FILM

Cela fait maintenant quatre ans que le monde vit en confinement. Désormais, les personnes infectées du Covid-23 sont envoyées de force en quarantaine dans des camps devenus peu à peu d’inquiétants ghettos. A Los Angeles, Nico est un coursier immunisé au virus qui arpente la ville lors de ses livraisons. C’est ainsi qu’il fait la connaissance de Sara, une jeune femme confinée chez elle. Malgré les impératifs sanitaires qui les empêchent de s’approcher, Sara et Nico tombent amoureux. Mais lorsque Sara est suspectée d’être contaminée, elle est contrainte de rejoindre les camps de quarantaine. Nico tente alors l’impossible pour la sauver.

On l’attendait ce film ! Non pas pour son intérêt, mais parce qu’il était certain que quelques producteurs opportunistes allaient profiter de la situation extraordinaire vécue par tous les habitants de la planète depuis mars 2020, pour mettre en route un film qui s’en inspirerait. Voici donc Songbird, réalisé par Adam Mason, obscur metteur en scène d’une dizaine de longs-métrages tout aussi inconnus, y compris un certain Manipulations qui réunissait tout de même Anthony Hopkins, Al Pacino et Josh Duhamel. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce n’est pas encore avec Songbird, qu’il a coécrit avec son complice Simon Boyes, qu’il risque de se faire une renommée. Cette dystopie – mais en est-ce vraiment une ? – a tout simplement été tournée dans les rues désertes de Los Angeles, alors que ses habitants étaient cloîtrés chez eux, profitant ainsi d’un décor quasi-fantastique, sans avoir recours aux effets spéciaux ! Il est pas con le Michael Bay, producteur de ce…thriller ? Drame fantastique ? Comédie involontaire ? On ne sait pas trop en fait, car Songbird ne raconte rien ou pas grand-chose, si ce n’est une histoire d’amour évidemment contrariée entre deux jeunes tourtereaux, séparés par le contexte sanitaire et dont on apprend même qu’ils n’ont pas eu le temps de se toucher avant d’être forcés de rester a casa. A côté de ça, Adam Mason se concentre sur d’autres personnages, jamais intéressants, essentiellement des individus qui ont trouvé le bon truc pour se faire du fric, d’autres qui essayent de survivre en se la pétant sur les réseaux sociaux (Alexandra Daddario qui comme d’habitude a acheté de la lingerie trop petite), d’autres en profitant des personnes immunisées contre le COVID-23 (oui oui) en les utilisant comme coursiers. Ajoutez à cela un responsable de la sécurité sanitaire complètement fou (Peter Stormare en roues libres), un ancien soldat revenu paralysé et traumatisé d’Afghanistan qui joue avec ses drones, sans oublier la caution mexicaine avec une jeune héroïne aux sourcils épilés comme une vedette de télé-réalité et vous obtenez…bah rien en fait, ou pas grand-chose, surtout pas de quoi faire un film…

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Test Blu-ray / Europe 51, réalisé par Roberto Rossellini

EUROPE 51 (Europa ’51) réalisé par Roberto Rossellini, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 10 mars 2021 chez Tamasa Diffusion.

Acteurs : Ingrid Bergman, Alexander Knox, Ettore Giannini, Giulietta Masina, Teresa Pellati, Marcella Rovena, Tina Perna, Sandro Franchina…

Scénario : Roberto Rossellini, Sandro De Feo, Mario Pannunzio, Ivo Perilli & Brunello Rondi

Photographie : Aldo Tonti

Musique : Renzo Rossellini

Durée : 1h54

Date de sortie initiale : 1952

LE FILM

Une jeune femme riche et futile est bouleversée par le suicide de son enfant, dont elle se sent responsable. Son drame personnel lui fait découvrir la misère et les souffrances des autres, à qui elle se dévouera désormais.

Alors qu’il vit la période de sa vie la plus mouvementée (divorce difficile, attente d’un enfant), Roberto Rossellini signe en 1950 son film le plus paisible, Les 11 Fioretti de François d’Assise – Francesco, giullare di Dio, qui délivre un véritable message de paix, d’amour et d’entraide tout en repoussant les limites du néoréalisme en mettant en scène de véritables moines franciscains. Lorsqu’il évoque Les 11 Fioretti de François d’Assise, Martin Scorsese déclare « Je n’ai jamais vu de film qui lui soit vraiment comparable et je ne m’attends pas à en voir un de toute ma vie », tandis que François Truffaut disait qu’il s’agissait du « plus beau film du monde ». Inspiré de courts récits évoquant les nombreux épisodes de la vie de François d’Assise (les « fioretti »), le film de Roberto Rossellini renouvelle le néoréalisme et laisse une grande place à la vie quotidienne de ces moines refusant tout matérialisme et profitant du plus beau cadeau accordé par Dieu : la vie et l’aide aux plus démunis en leur enseignant que la souffrance mène à la plénitude et à la joie. Tout miracle est donc banni du film de Roberto Rossellini qui préfère montrer des hommes bâtissant leur petite chapelle de leurs mains, priant, venant en aide aux pauvres, mangeant ou marchant avec allégresse dans la campagne environnante, le tout ponctué avec humour et poésie. Dans le film, François est un homme comme les autres, qui se démarque à peine du reste de ses fidèles. Les personnages effleurent la terre et semblent peu soumis aux lois de la gravité mais demeurent des hommes « terrestres » prêchant l’Evangile. Oeuvre de l’innocence et de l’épure, ce film est un tournant dans l’oeuvre et dans l’existence de son auteur, puisque dans un climat personnel quelque peu chaotique, le cinéaste va réaliser son film le plus apaisé et le plus fantaisiste de toute sa carrière. C’est de ce film que découlera tout simplement Europe 51 – Europa ’51, la seconde de ses cinq collaborations avec celle qui partage désormais sa vie, Ingrid Bergman. Deux ans après Stromboli – Stromboli terra di Dio et deux ans avant Voyage en Italie – Viaggio in Italia, la trilogie dite de la « solitude », Roberto Rossellini et la comédienne présentent une radiographie implacable de l’Italie post-Deuxième Guerre mondiale, doublée du portrait d’une femme bourgeoise qui décide de changer de vie après le suicide de son fils. Si Europe 51 n’est sans doute pas le film le plus célèbre de son auteur, du moins celui auquel on pense d’emblée en évoquant sa grande filmographie, il demeure en revanche l’un des plus riches, aussi bien sur le fond que sur la forme et s’avère peut-être le chef d’oeuvre caché de Roberto Rossellini.

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Test Blu-ray / L’Homme sans visage, réalisé par Mel Gibson

L’HOMME SANS VISAGE (The Man Without a Face) réalisé par Mel Gibson, disponible en DVD et Blu-ray le 15 avril 2021 chez Metropolitan Films.

Acteurs : Mel Gibson, Nick Stahl, Margaret Whitton, Fay Masterson, Gaby Hoffmann, Geoffrey Lewis, Richard Masur, Michael DeLuise, Ethan Phillips…

Scénario : Malcolm MacRury, d’après le roman d’Isabelle Holland

Photographie : Donald McAlpine

Musique : James Horner

Durée : 1h50

Date de sortie initiale : 1993

LE FILM

L’amitié de deux êtres rejetés par le monde qui les entoure. L’un, Justin McLeod, était un brillant professeur défiguré dans un terrible accident. L’autre, Chuck Norstadt, est un adolescent, lui aussi outsider au sein de sa propre famille. Chuck va demander à McLeod de l’aider à préparer en secret l’examen d’entrée à l’académie militaire.

Au début des années 1990, tout va pour le mieux pour Mel Gibson. L’Arme fatale 2 et Comme un oiseau sur la branche ont été de gros cartons au box-office, mais le comédien souhaite montrer une autre facette de son talent. Si Air America de Roger Spottiswoode contente ses fans de comédie d’action en 1990, le comédien se retrouve la même année en haut de l’affiche du Hamlet de Franco Zeffirelli. Deux ans plus tard, L’Arme fatale 3 déboule sur les écrans, suivi de près par la romance de Steve Miner, Forever Young. Mel Gibson le sait, il est arrivé à un carrefour de sa vie et de son métier. Fatigué qu’on le résume souvent à sa belle gueule et ce malgré quelques performances qui ont été saluées par la critique, il décide de passer à la mise en scène en 1993 en adaptant le roman The Man Without a Face d’Isabelle Holland, publié en 1972. A travers le personnage défiguré de Justin McLeod, il prouve ici à ses détracteurs, ainsi qu’aux spectateurs, qu’il ne saurait être considéré uniquement que pour son physique. L’Homme sans visage débarque dans les cinémas américains en août 1993 et se voit couronner d’un petit succès d’estime et d’une critique positive. Ce drame psychologique pose les bases du martyr qui parcourra la filmographie de Mel Gibson, même si L’Homme sans visage est avant tout son seul film « familial », sur lequel plane l’ombre du Fantôme de l’Opéra. En vrai antihéros tragique, Mel Gibson crève l’écran une fois de plus, dans un rôle qu’il envisageait au départ pour Jeff Bridges ou William Hurt. Toutefois, sa présence magnétique et puissante n’éclipse jamais celle de son jeune acteur et partenaire, Nick Stahl, magnifique et très impressionnant dans son tout premier rôle au cinéma. L’Homme sans visage est la plupart du temps éclipsé dans la carrière de metteur en scène de Mel Gibson, dissimulé par les mastodontes que sont Braveheart et La Passion du Christ, ainsi que par les percutants Apocalypto et Tu ne tueras point. Pourtant, il n’en demeure pas moins superbe et n’a eu de cesse d’être réévalué à sa juste valeur, une ode merveilleuse à la tolérance, à la transmission, à l’enseignement, au droit à la différence, au partage et à la rédemption.

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Test Blu-ray / Jiu Jitsu, réalisé par Dimitri Logothetis

JIU JIUTSU réalisé par Dimitri Logothetis, disponible en DVD et Blu-ray le 17 mars 2021 chez AB Vidéo.

Acteurs : Nicolas Cage, Alain Moussi, Marie Avgeropoulos, Frank Grillo, Tony Jaa, Rick Yune, JuJu Chan, Marrese Crump…

Scénario : Dimitri Logothetis & James McGrath, d’après leur roman graphique

Photographie : Gerardo Madrazo

Musique : Adam Dorn

Durée : 1h42

Date de sortie initiale : 2020

LE FILM

Un ancien ordre de combattants experts du Jiu Jitsu doit faire face à un extraterrestre vicieux afin de protéger la Terre. L’avenir de l’humanité repose sur eux…

2019 a été particulièrement chargé pour notre cher Nicolas Cage, entre le très bon Froide vengeance, l’intéressant Running with the Devil, le sublime Color Out of Space, l’anecdotique Kill Chain, les sympatoches Primal et Grande Isle, le comédien a su terminer les années 2010 – durant lesquelles il aura au final tourner 36 films – sur une bonne note, prouvant une fois de plus à ses détracteurs qu’il en avait encore sous le capot et que l’on pouvait compter sur lui, y compris dans ses multiples productions hasardeuses et calamiteuses. A l’annonce de Jiu Jitsu et de son nouveau look, nous avons tous eu peur. Mais réunir sur la même affiche Alain Moussi, Frank Grillo, Tony Jaa et Nicolas Cage, avouez que c’était finalement tentant ! En fait, il vaut mieux en savoir le moins possible sur Jiu Jitsu pour mieux « l’apprécier », car cette série B, que certains rapprocheront forcément plus de la dernière lettre de l’alphabet, vaut son pesant de cacahuètes. Car Jiu Jitsu est ni plus ni moins un remake de Predator de John McTiernan. Oui, il y a un alien dans ce film que nous imaginions plutôt comme un petit film de combat, peut-être un mix entre Street Fighter, Kickboxer et Mortal Kombat. Mais non, il s’agit bien d’un « hommage » au chef d’oeuvre de McT, dans lequel brille le non-jeu et l’absence de charisme d’Alain Moussi, absolument ridicule (même si nous ne lui dirions pas en face), qui se contente de répéter les répliques de ses partenaires en y ajoutant un point d’interrogation, du style « Il faut exterminer cet alien ! » « Exterminer cet alien ? », tout en essayant d’avoir un tant soit peu l’air concerné par ce qui se passe. Il faut le voir plisser les yeux pour simuler la tristesse avec son regard vide d’expression. Et que les fans de Nicolas Cage soient rassurés, même en tant que « second rôle », celui-ci est bien présent à l’écran et assure le show comme toujours en y croyant à fond, dur comme fer, tout en s’amusant à croiser le fer avec un extraterrestre et en refilant vite fait son chèque encore tout chaud au fisc qui lui colle au cul depuis dix ans. Jiu Jitsu est un divertissement honnête, pas inoubliable hein, mais qui passe agréablement le temps après avoir bien pris soin de déconnecter ses fonctions neurologiques et mentales.

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Test Blu-ray / La Ruée des Vikings, réalisé par Mario Bava

LA RUÉE DES VIKINGS (Gli Invasori) réalisé par Mario Bava, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Cameron Mitchell, George Ardisson, Ellen Kessler, Alice Kessler, Françoise Christophe, Andrea Checchi, Folco Lulli, Franco Giacobini, Raf Baldassarre…

Scénario : Oreste Biancoli, Piero Pierotti & Mario Bava

Photographie : Mario Bava

Musique : Roberto Nicolosi

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 1961

LE FILM

Au Xe siècle, le baron Ruthford et ses hommes exterminent des vikings installés sur les côtes anglaises et dont le chef, Harald, est tué. Mais un jour, Ruthford ranime la haine. Iron, fils d’Harald, se bat à son tour contre les Anglais tout en s’opposant à son frère Erik, qui se trouve dans le camp opposé.

En 1958, le triomphe international des VikingsThe Vikings de l’immense Richard Fleischer, donne évidemment envie à certains producteurs, en particulier italiens, de surfer sur ce nouvel engouement des spectateurs pour la vie de ces pirates Scandinaves qui ont écumé les mers du VIIe au XIe siècle. L’un de ces premiers ersatz est Le Dernier des Vikings – L’Ultimo dei Vikinghi, réalisé par Giacomo Gentilomo, mais aussi et surtout par Mario Bava, même si ce dernier n’est pas crédité à la mise en scène. En revanche, la même année sort La Ruée des Vikings – Gli Invasori, officiellement le second long-métrage de Mario Bava (autrement dit, pour lequel il se retrouve seul aux manettes), un an après Le Masque du démon – La Maschera del demono. A l’instar d’Hercule contre les vampires – Ercole al centro della terra, qu’il coréalisera avec Franco Prosperi et qui sortira aussi en 1961, Mario Bava prend son envol avec La Ruée des Vikings, dans lequel son art pictural éclate aux yeux des spectateurs, puisqu’en plus du scénario coécrit avec Oreste Biancoli (Le Voleur de bicyclette, Le Petit monde de Don Camillo) et Piero Pierotti (Maciste en enfer, Super 7 appelle le Sphinx), il en signe également la sublime photographie, où l’on reconnaît immédiatement sa griffe. Certes, La Ruée des Vikings a souvent du mal à rivaliser avec son modèle américain, au budget beaucoup plus conséquent, mais Mario Bava s’acquitte fort honorablement des moyens mis à sa disposition. Tourné essentiellement en studio et dans la périphérie de Rome pour les scènes en bord de mer, le film bénéficie aussi de costumes soignés, d’une reconstitution très honnête et surtout de l’oeil de l’artiste, Mario Bava lui-même, dont la première vocation était la peinture (il avait d’ailleurs fait les Beaux Arts), qui concocte des plans crépusculaires à se damner de beauté, tout en jouant déjà avec ses couleurs de prédilection, qui feront sa marque de fabrique et participeront à sa légende. La Ruée des Vikings possède encore un charme fou et la rigueur de Mario Bava lui a permis de traverser la deuxième moitié du XXè siècle sans trop d’encombre. Le divertissement est en tout cas toujours au rendez-vous !

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