Test Blu-ray / Last Flag Flying – La dernière tournée, réalisé par Richard Linklater

LAST FLAG FLYING – LA DERNIÈRE TOURNÉE (Last Flag Flying) réalisé par Richard Linklater, disponible en Combo Blu-ray + DVD – Édition Limitée le 8 février 2019 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs : Bryan Cranston, Laurence Fishburne, Steve Carell, J. Quinton Johnson, Deanna Reed-Foster, Yul Vazquez, Graham Wolfe, Jeff Monahan…

Scénario : Richard Linklater, Darryl Ponicsan

Photographie : Shane F. Kelly

Musique : Graham Reynolds

Durée : 2h05

Date de sortie initiale : 2018

LE FILM

30 ans après avoir servi ensemble durant la guerre du Vietnam, Larry Shepherd, un ancien de la Navy, retrouve ses vieux camarades, Sal Nealon et le révérend Richard Mueller, pour les funérailles de son fils également Marine, tué au combat en Irak. Refusant qu’il soit enterré au cimetière militaire d’Arlington, Larry demande à ses amis de l’aider à emmener le corps pour un voyage le long de la côte Est jusqu’au New Hampshire.

Richard Linklater est un des réalisateurs indépendants américains les plus prolifiques et éclectiques du cinéma contemporain. On lui doit notamment un des plus beaux triptyques de ces quinze dernières années Before Sunrise Before SunsetBefore Midnight (1995-2004-2013) et dernièrement Boyhood, oeuvre exceptionnelle tournée par intermittence sur une période de douze ans, de 2002 à 2013, avec la même distribution et la même équipe technique. Après Everybody Wants Some !! que l’on pouvait voir comme une suite spirituelle à Génération rebelle (Dazed and Confused, 1993), le cinéaste revient avec un film centré sur des personnages plus âgés et matures. Avec sa mélancolie habituelle, Richard Linklater dresse le portrait de trois hommes arrivés à l’automne de leur existence. Last Flag Flying – La Dernière Tournée est un road-movie tragicomique sur le deuil, l’amour et l’amitié au coeur de l’Amérique, merveilleusement interprété par trois comédiens, parfaits de complicité. S’il n’est pas aussi émouvant que ses films précédents, ce projet intimiste mûri par le cinéaste pendant près de quinze ans, n’en est pas moins très attachant et marque les esprits.

En 2003, Larry « Doc » Sheperd, un ancien médecin de la Navy, retrouve Sal Nealon, un gérant de bar et le révérend Richard Mueller. Tous les trois ont combattu ensemble au Vietnam mais ils ne s’étaient pas revus depuis trente ans. Larry est venu leur demander de l’accompagner aux funérailles de son fils, mort au combat en Irak et dont le corps vient d’être rapatrié aux Etats-Unis. Sur la route, l’émotion se mêle aux fous-rires car les trois hommes voient leurs souvenirs remonter et ils retrouvent leur camaraderie.

Comme souvent chez Richard Linklater, Last Flag Flying – La Dernière Tournée, adapté du roman éponyme de Darryl Ponicsan (The Last Detail, transposé au cinéma en 1973 par Hal Ashby, sous le titre La Dernière Corvée), agit en deux temps. C’est tout d’abord l’excellence de ses acteurs qui subjugue. Bryan Cranston, Steve Carell et Laurence Fishburne crèvent l’écran et se complètent avec une alchimie non feinte. Derrière des dialogues très abondants et des séquences que le réalisateur n’hésite pas à étirer (parfois trop sans doute) en voiture et en train, le film et les personnages se dévoilent progressivement. Habituellement, Richard Linklater s’interroge sur la signification de grandir et sur la façon de devenir adulte. Ici, changement de génération, puisque ses trois protagonistes quinquagénaires, vétérans du Vietnam, ont vu leur jeunesse s’évaporer. S’ils se sont perdus de vue durant trente ans, leur passé commun les relie à nouveau et les rattrape dans un contexte de guerre, puisque l’action se déroule en 2003, lors de la capture de Saddam Hussein.

Richard Linklater nous renvoie à notre propre vie, au temps qui passe, sujet alors récurrent chez le cinéaste. A travers la mort du fils d’un des personnages, tué durant la guerre en Irak, le réalisateur montre que quels que soient l’âge et les expériences, tout le monde est logé à la même enseigne car tous sont dans la même galère, avec les mêmes peurs. La mise en scène apparaît cependant trop sage, Richard Linklater préférant se concentrer sur ses trois têtes d’affiche, sur leurs traits marqués, sur les non-dits ou au contraire sur leur bagou qui dissimule en réalité moult blessures. Ce que l’on retient surtout de Last Flag Flying – La Dernière Tournée, c’est surtout la puissance de tous les comédiens, brillants, drôles, complices, spontanés, bouleversants, merveilleusement dirigés.

L’oeuvre de Richard Linklater peut paraître simple, mais comme toujours chez le cinéaste, la sensibilité, la délicatesse et la nostalgie y sont universelles, même quand la notion de patriotisme est abordée, et la réussite est encore une fois au rendez-vous. C’est cette pudeur et cette retenue qui font la force du cinéma de Richard Linklater, jusqu’à ce que les larmes coulent enfin durant l’ultime scène du film, avant de laisser le trio s’évanouir dans un fondu au noir.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Last Flag Flying – La Dernière Tournée, disponible chez Metroplitan Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est fixe et musical, sobre.

On sait Richard Linklater très généreux, donc la petite poignée de scènes coupées (5’30) ne donne sûrement qu’un bref aperçu des séquences abandonnées au montage. Celles présentées ici sont très belles, notamment quand Sal et Richard s’entraident pour enfiler leur uniforme avant de se rendre aux funérailles.

Un montage de « prises en plus » fait office de petit bêtisier (9’) où les trois comédiens principaux apparaissent très complices.

Le making of (16’) fait son office en compilant les propos des acteurs, du réalisateur et d’autres intervenants mystérieux (leurs noms ne sont pas indiqués), avec des images du plateau. Les thèmes, l’évolution des personnages, le roman original et les conditions de tournage sont abordés.

Le module intitulé Le Jour des vétérans (6’) donne la parole à quelques membres de l’équipe du film, aux comédiens, au réalisateur et à bien d’autres, qui donnent leur impression sur le tournage de la scène où Larry vient se recueillir sur le cercueil de son fils rapatrié d’Irak.

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes annonces et des liens internet.

L’Image et le son

Le master HD dépasse toutes les attentes et restitue merveilleusement les partis-pris esthétiques stylisés du chef opérateur Shane F. Kell, complice de Richard Linklater (A Scanner Darkly, Boyhood). Le piqué demeure constamment vif et acéré. La colorimétrie se révèle joliment glacée, les contrastes denses, la compression solide comme un roc. Toutefois, le rendu n’est pas optimal et certaines séquences posent quelques problèmes avec une gestion aléatoire des noirs, ainsi qu’une perte des détails. Rien de bien rédhibitoire ceci dit.

Last Flag Flying – La Dernière Tournée n’est pas un film à effets et les mixages français et anglais DTS-HD Master Audio 5.1 ne font pas d’esbroufe inutile. L’essentiel de l’action est canalisé sur les enceintes avant, même si chacune des séquences en extérieur s’accompagne inévitablement de petites ambiances naturelles sur les latérales. Il en est de même pour la musique du film, systématiquement mise en valeur par l’ensemble des enceintes. Les voix demeurent claires, limpides, solidement délivrées par la centrale, bien que la version française (horrible, il faut bien le dire) demeure nettement moins ardente que son homologue.


Crédits images : © Metropolitan Vidéo / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / L’Internat, réalisé par Boaz Yakin

L’INTERNAT (Boarding School) réalisé par Boaz Yakin, disponible en DVD et Blu-ray le 18 février 2019 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs : Luke Prael, Samantha Mathis, Will Patton, Nadia Alexander, Tammy Blanchard, Sterling Jerins, David Aaron Baker, Barbara Kingsley, Robert John Burke…

Scénario : Boaz Yakin

Photographie : Mike Simpson

Musique : Lesley Barber

Durée : 1h52

Date de sortie initiale : 2018

LE FILM

Il était une fois un garçon de 12 ans, Jacob, hanté par le souvenir d’une grand-mère qu’il n’a pas connue. Sa mère et son beau-père l’envoient se faire soigner dans une école spécialisée. L’établissement se révèle être un lieu maléfique et le terrifiant directeur leur  promet une purification prochaine.

Né en 1966, Boaz Yakin possède un C.V. atypique. Né à New York de parents israéliens, il fait des études de cinéma à Los Angeles et travaille ensuite pour le compte des studios Warner Bros et United Artists. A la fin des années 1980, il signe le scénario de Punisher de Mark Goldblatt avec Dolph Lundgren dans le rôle-titre, puis celui de La Relève (quelle bombe ce film) de Clint Eastwood. Parallèlement, il passe lui-même derrière la caméra avec son premier long métrage, Fresh (1994), récompensé à Sundance, suivi en 1998 de Sonia Horowitz, l’insoumise avec Renée Zellweger. Il accepte des œuvres de commande et écrit Une nuit en enfer 2 : Le Prix du sang (1999), Dirty Dancing 2 (2004), Prince of Persia : Les Sables du temps (2010) et Insaisissables (2013), tout en continuant de réaliser ses propres films et de produire ceux de son ami Eli Roth (les deux Hostel). Le Plus Beau des combats (2000) avec Denzel Washington est son plus gros succès au box-office. Après Safe (2012) avec Jason Statham et Max (2015), Boaz Yakin revient avec un long métrage beaucoup plus personnel et intimiste, annoncé comme un film d’épouvante. L’Internat Boarding School contient certes son lot de séquences effrayantes, mais reste avant tout un film psychologique, mystérieux, quelque peu opaque, merveilleusement photographié et interprété par des jeunes comédiens très impressionnants.

Jacob, 12 ans , souffre de cauchemars et de troubles du comportement. Suite au décès de sa grand-mère qu’il n’a jamais connue, il devient fasciné par sa présence et son passé tragique. Après l’avoir aperçu en train de danser dans une robe de la défunte, sa mère et son beau-père l’envoient donc dans un mystérieux internat perdu au milieu de la forêt, dirigé par le docteur Sherman. Le jeune homme y rencontre ses camarades marqués par des symptômes ou des pathologies diverses : l’autiste Elwood, le brûlé vif Phil, la sociopathe Christine, les jumeaux Lenny et Calvin ou encore Frederic, souffrant de maladie de Gilles de La Tourette. Leur éducation est basée sur l’étude de la Bible mais, rapidement, Jacob découvre que l’internat cache de lourds secrets lorsque Frederic est découvert mort dans son lit. Alors qu’il tente une évasion, il est aussitôt ramené dans le bâtiment où le docteur Sherman, secondé par sa femme, est chargé de faire disparaître des enfants pour le compte de leurs propres parents…

L’Internat n’est pas un film d’horreur au sens gore, mais joue avec les nerfs des spectateurs en distillant son venin, progressivement, lentement, jusqu’au malaise. La première partie étonne par ses partis pris avec des couleurs baroques signées Mike Simpson inspirées du cinéma de Mario Bava (cité d’ailleurs dans le film avec un extrait des Trois Visages de la peur), des contrastes tranchés, des noirs très sombres. Boaz Yakin ne perd pas son temps en expliquant les faits et gestes de son personnage principal, Jacob, formidablement interprété par Luke Prael, magnétique, puissant, sensible. Le spectateur adopte son point de vue, tout en acceptant que le jeune homme enfile les habits de sa grand-mère décédée. Boaz Yakin fait confiance au ressenti des spectateurs. Le spectre de la Shoah est bel et bien présent, planant sur la vie de Jacob, jeune des années 1990, comme un héritage à porter, un devoir de mémoire qu’il devra assimiler pour devenir un être entier, avant de le transmettre à son tour. Puisqu’il n’a pas connu sa grand-mère, ses vêtements, imprégnés des horreurs de la guerre dans chaque fibre, prendront « possession » de Jacob, un passé à dévoiler comme un relais à communiquer.

La violence dans l’internat est finalement rare, mais insoutenable quand elle explose. C’est le cas du suintant et génial Will Patton, terrifiant docteur Sherman, dont la véritable mission se dévoile dans la dernière partie du film. Entre-temps, Boaz Yakin et son directeur de la photographie transforme cet internat en camp mortel, sans issue pour ses pauvres pensionnaires abandonnés par leurs parents. On s’attache très rapidement à ces victimes rejetées en raison de leur maladie, de leurs défauts physiques, de leur comportement. Ces « freaks » sont bel et bien les plus humains de cet internat et les monstres ceux que nous ne soupçonnions pas.

L’internat est une véritable expérience cinématographique, un mélange des genres, en aucun cas un film d’horreur traditionnel, mais narré comme un conte macabre, une vraie fable pour adultes comme pouvaient l’être Le Labyrinthe de Pan de Guillermo Del Toro, Quelques minutes après minuit de J.A. Bayona et La Neuvième Vie de Louis Drax d’Alexandre Aja.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de L’Internat, disponible chez Metropolitan Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est légèrement animé et musical.

Pas un seul supplément vidéo concernant L’Internat ! Juste une bonne dizaine de bandes-annonces de titres édités chez Metropolitan. En revanche, très bon point pour la présence d’un livret de 28 pages, richement illustré et comprenant une brillante analyse du film par Nicolas Rioult, ainsi qu’un entretien avec Boaz Yakin et un bref retour sur la carrière de ce dernier.

L’Image et le son

L’Internat doit se voir ou se revoir en Haute définition. Le piqué est affûté comme la lame d’un scalpel, les couleurs impressionnantes, les contrastes léchés, les noirs denses. Les détails sont légion à l’avant comme à l’arrière-plan, de jour comme de nuit, le relief ne cesse d’étonner et le rendu des textures est subjuguant. Le nec plus ultra pour apprécier toute la richesse de la photographie du chef opérateur Mike Simpson. Un superbe disque de démonstration.

Les versions française et anglaise sont proposées en DTS-HD Master Audio 5.1. Dans les deux cas, les dialogues y sont remarquablement exsudés par la centrale, les frontales sont saisissantes sur quelques séquences, les effets et ambiances intelligemment délivrés, les enceintes arrière instaurent constamment un environnement musical, tout comme le caisson de basses qui se mêle habilement à l’ensemble dans le dernier acte.


Crédits images : © Momentum Pictures / Metropolitan Vidéo / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / L’Ombre d’Emily, réalisé par Paul Feig

L’OMBRE D’EMILY (A Simple Favor) réalisé par Paul Feig, disponible en DVD et Blu-ray le 8 février 2018 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs : Anna Kendrick, Blake Lively, Henry Golding, Andrew Rannells, Jean Smart, Bashir Salahuddin, Joshua Satine, Ian Ho, Kelly McCormack, Aparna Nancherla, Rupert Friend…

Scénario : Jessica Sharzer

Photographie : John Schwartzman

Musique : Theodore Shapiro

Durée : 1h56

Date de sortie initiale : 2018

LE FILM

Stephanie cherche à découvrir la vérité sur la soudaine disparition de sa meilleure amie Emily.

Oublions son remake-reboot-suite de SOS FantômesGhostbusters, même si son film ne méritait pas toutes ces insultes et cette volée de bois vert, Paul Feig est de retour aux affaires avec L’Ombre d’EmilyA Simple Favor. Si l’on retrouve son humour pince-sans-rire, le réalisateur aborde son film avec une ironie et un cynisme revigorants, à travers une histoire à la fois douce et surtout très amère, qui lui permet de s’amuser avec les codes du film noir hollywoodien des années 1940-50, en jouant avec le mélange des genres, tout en dirigeant deux formidables comédiennes, Blake Lively et Anna Kendrick. Une très belle réussite à inscrire au palmarès du metteur en scène de l’une des plus grandes comédies de ces quinze dernières années, Mes Meilleures amiesBridesmaids.

Warfield, Connecticut. Stephanie Smothers est la mère au foyer de banlieue parfaite : coquette, polie et aimante, elle participe aussi à toutes les activités de l’école de son fils qu’elle élève seule depuis la mort de son mari et anime un vlog d’astuces pour maman. Néanmoins, les autres parents se moquent d’elle, ce qui l’empêche de se faire des amis. Mais tout commence à changer quand elle fait la rencontre d’Emily Nelson, la mère d’un ami de son fils. Les deux femmes sont très différentes : Emily est mariée, travaille en ville, jure, boit et dispose d’une grande confiance en elle et d’une classe folle. Pourtant, un après-midi, elles commencent à échanger autour d’un martini. Ce petit rendez-vous devient alors une habitude, au point qu’elles deviennent amies. Un jour, Stephanie reçoit un appel d’Emily qui lui demande de récupérer son fils après les cours. Mais la soirée passe, puis un jour, puis un autre et aucun signe d’Emily. Désespérée, elle contacte le mari d’Emily qui est en déplacement pour lui faire part de la disparition de sa femme. Une enquête de police est ouverte, mais Stephanie ne peut s’empêcher de penser à son amie. Elle va alors commencer à découvrir les nombreux et sombres secrets d’Emily.

Nouveau virage dans la carrière de Paul Feig donc avec L’Ombre d’Emily. Après Les Flingueuses et Spy, qui mixait l’humour et les scènes d’action, sans oublier le fantastique avec SOS Fantômes donc, le réalisateur adapte le roman Disparue de Darcey Bell, sur un scénario de Jessica Sharzer, récurrente sur la série American Horror Story. S’il n’a pas sa férocité, Paul Feig rappelle Billy Wilder en égratignant le vernis de l’American Way of Life, avec un sourire carnassier. Autrement dit, si les petites bourgades américaines sont belles, colorées, fleuries, avec leurs habitants qui participent à la vie de la communauté, qui font des gâteaux pour les kermesses, qui s’entraident pour aller chercher les enfants à la sortie de l’école, tout n’est qu’apparence, décor et faux-semblants. N’importe qui peut dissimuler un passé trouble, un crime, un vol, le péché est partout. A l’instar de la géniale série Big Little Lies, L’Ombre d’Emily joue sur l’ambivalence des personnages, leur psyché perturbée et dissimulée, tout est convoitise, désir, envie. Chaque protagoniste est replié sur lui-même, tout en lorgnant chez le voisin chez qui l’herbe est toujours plus verte. A ce titre, les deux actrices principales trouvent ici l’un de leurs meilleurs rôles.

Anna Kendrick, girl next door du cinéma américain depuis la saga Twilight, révélée il y a dix ans dans In the Air de Jason Reitman et devenue depuis très bankable à Hollywood (la trilogie Pitch Perfect), a déjà démontré toute l’étendue de son talent dans le registre plus dramatique dans Sous surveillance de Robert Redford, End of Watch de David Ayer et l’excellent Mr. Wolff de Gavin O’Connor. Ambiguë et attachante, sexy et prude, inquiétante et empathique, la comédienne est quasiment de tous les plans et s’en acquitte à merveille. Souvent réduite à sa beauté diaphane, Blake Lively est pourtant devenue une actrice confirmée, qui n’a eu de cesse de faire des choix intéressants pour se débarrasser de ce carcan. De The Town de Ben Affleck, en passant par Savages de Oliver Stone, Adaline de Lee Toland Krieger et Café Society de Woody Allen, elle est impériale, magnétique et sensuelle dans L’Ombre d’Emily, vulgaire, castratrice, condescendante, manipulatrice, mauvaise mère, alcoolique, qui dissimule un passé perturbé. Au milieu des deux têtes d’affiche et donc des deux personnages principaux, Henry Golding parvient à tirer son épingle du jeu.

Paul Feig s’amuse des retournements de situation, des clichés inhérents au genre et des rebondissements dignes d’une série B, en se moquant de l’innocence et du puritanisme, sans jamais tomber dans la méchanceté gratuite. La mise en scène en solide, les décors soignés, la photographie léchée, les costumes très classes, tout ce qui se joue est cruel (dialogues très acides), tandis que résonne moult chansons françaises des années 60 (France Gall, Jacques Dutronc, Brigitte Bardot, Françoise Hardy), avec une petite touche d’Orelsan en guise de générique de fin et une faute de goût avec Les Passants de Zaz. Personne n’est parfait. Tiens, encore Billy Wilder. Tout cela pour dire que L’Ombre d’Emily est un film très réjouissant.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de L’Ombre d’Emily, disponible chez Metropolitan Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est très beau, animé et musical. Même chose pour les sous-menus, très élégants. Ça fait plaisir !

C’est l’une des grandes éditions du mois de février 2019 ! L’éditeur a concocté un Blu-ray remplit de suppléments, par ailleurs très bons. Cette section est présentée par Paul Feig, débordant d’énergie derrière son bureau.

Les sept premiers modules intitulés Martinis sur pierre tombale (20’), L’esthétique du film (12’30), Récit d’un réalisateur raffiné (10’30), Le triangle amoureux (6’), Le style selon Paul (5’), Dennis Nylon (5’) et A propos des enfants (4’30) donne un grand aperçu du tournage de L’Ombre d’Emily. Les comédiens, le réalisateur (toujours en costard trois-pièces), le directeur de la photographie, les responsables des costumes et des décors prennent la parole au fil des quarante jours de prises de vue. La psychologie et l’évolution des personnages sont intelligemment abordées, tout comme les thèmes du film. Attention aux nombreux spoilers puisque le dénouement y est ouvertement évoqué.

Le plus inattendu provient de l’épilogue rejeté lors des projections tests. Le réalisateur et sa scénariste avaient prévu de terminer le film sur un flash mob où Sean faisait une demande en mariage à Stéphanie dans la cour de l’école. Une séquence pour laquelle Henry Golding et d’autres comédiens s’étaient durement entraînés, qui a finalement été coupée au montage final. Heureusement, car même si la scène est amusante, elle aurait clairement donné au film un côté grotesque et inapproprié. Cela n’empêche pas Paul Feig de présenter cette scène (d’une durée de 5’), ainsi que son making of (5’) avec les répétitions des acteurs.

Nous trouvons ensuite 16 minutes de scènes coupées (anecdotiques), parmi lesquelles est intégré le flash mob vu précédemment. Cette fois encore, Paul Feig fait une petite intro sur cette section.

Trois commentaires audio (!) uniquement réservés aux anglophiles sont également au programme, sans sous-titres français. Le dénominateur commun est la présence de Paul Feig sur les trois pistes. Il est seul derrière le micro sur le premier, accompagné des acteurs Anna Kendrick, Blake Lively, Jean Smart et Bashir Salahuddin sur le second, et de la scénariste Jessica Sharzer, de la productrice Jessie Henderson, du chef opérateur John Schwartzman et de la costumière Renee Ehrlich Kalfus sur le dernier.

L’interactivité se clôt sur un montage de prises ratées (3’30) et des bandes-annonces.

L’Image et le son

Tout d’abord, c’est la clarté, le relief des séquences diurnes et en extérieur qui impressionnent et flattent la rétine, avec des couleurs bigarrées et chatoyantes. Le piqué est vigoureusement acéré (un peu plus lisse sur les scènes en intérieur), les noirs denses, les détails abondent aux quatre coins du cadre et les contrastes affichent une très belle densité. C’est très plaisant et l’ensemble tire habilement partie de l’apport HD. Un transfert très élégant qui met en avant la photo du chef opérateur John Schwartzman (Armageddon, Pearl Harbor, Jurassic World).

On ne s’attendait pas à ce service princier ! Dès la première séquence, l’ensemble des enceintes des pistes anglaise DTS-HD Master Audio 7.1 est mis à contribution, ainsi que sur la version française DTS-HD Master Audio 5.1 au doublage réussi. Les ambiances sont très présentes, l’excellente musique de Theodore Shapiro bénéficie d’un traitement de faveur avec une large ouverture, tout comme les tubes français des années 1960. Les dialogues ne sont jamais pris en défaut et demeurent solidement plantés sur la centrale. L’éditeur joint également une piste Audiodescription, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Metropolitan FilmExport / LIONSGATE / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Le Flic de Belleville, réalisé par Rachid Bouchareb

LE FLIC DE BELLEVILLE réalisé par Rachid Bouchareb, disponible en DVD et Blu-ray le 18 février 2018 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs : Omar Sy, Luis Guzmán, Biyouna, Diem Nguyen, Issaka Sawadogo, Eriq Ebouaney, Maïmouna Gueye, Julie Ferrier, Franck Gastambide…

Scénario : Rachid Bouchareb, Larry Gross, Marion Doussot

Photographie : Alain Duplantier

Musique : Éric Neveux

Durée : 1h51

Date de sortie initiale : 2018

LE FILM

Baaba est flic à Belleville, quartier qu’il n’a jamais quitté, au grand désespoir de sa copine qui le tanne pour enfin vivre avec lui, ailleurs, et loin de sa mère. Un soir, Roland, son ami d’enfance, est assassiné sous ses yeux. Baaba prend sa place d’Officier de liaison auprès du Consulat de France à Miami, afin de retrouver son assassin. En Floride, flanqué de sa mère plus qu’envahissante, il est pris en main par Ricardo, un flic local toujours mal luné. Contraint de faire équipe, le duo explosif mène l’enquête…

Etrange idée de la part de Rachid Bouchareb d’avoir voulu s’inspirer du buddy-movie américain à l’ancienne pour son dernier film, Le Flic de Belleville, un temps envisagé avec Jamel Debbouze et Queen Latifah. En effet, nous n’imaginions pas le réalisateur de Little Senegal (2001), Indigènes (2006), Hors-la-loi (2010), du superbe téléfilm Just Like a woman (2012) et également producteur de Bruno Dumont (La Vie de Jésus, L’Humanité, Flandres et Camille Claudel 1915) s’aventurer sur le terrain de la comédie policière à gros budget. Le titre fait évidemment référence à la trilogie du Flic de Beverly Hills et cette production, entièrement montée sur le nom d’Omar Sy, essaye de proposer un spectacle plus ambitieux que la moyenne, toutes proportions gardées. Conspué par la critique à sa sortie, certains ont même parlé d’accident industriel, Le Flic de Belleville, pensé comme le troisième volet d’une trilogie américaine après Just Like a Woman et La Voie de l’ennemi, n’est certainement pas honteux et malgré ses points faibles (un gros manque de rythme entre autres) reste un divertissement plus qu’honnête et dépaysant dans lequel Omar Sy est parfaitement à sa place.

Originaire du quartier de Belleville, Sebastian Bouchard, dit « Baaba », est devenu officier de police. Il est bien décidé à rester dans son quartier, au grand désespoir de sa copine souhaitant aller vivre ailleurs. Baaba a du mal à s’éloigner de sa mère, légèrement envahissante. Un soir dans un restaurant, Roland, son ami d’enfance, est assassiné sous ses yeux. Roland était officier de liaison du Consulat général de France à Miami et était de passage à Paris pour une enquête sur un trafic de stupéfiants. Baaba décide alors de se rendre en Floride, en emmenant avec lui sa mère, qu’il n’arrive toujours pas à laisser seule. À Miami, il est encadré par un flic local blasé et irascible, Ricardo Garcia. Les deux hommes vont alors être forcés de travailler ensemble malgré tout ce qui les sépare.

Le scénario, coécrit avec Larry Gross (48 heures, 48 heures de plus), est prétexte pour faire un parallèle entre Omar Sy et Eddie Murphy, y compris sur l’affiche d’exploitation, tout en faisant un clin d’oeil à 2 flics à Miami et L’Arme fatale. De ce point de vue-là, le comédien s’éclate dans ce rôle et se révèle autant à l’aise dans les scènes de comédie que dans les séquences d’action flingue à la main, tout comme dans les rues crasseuses de Belleville et sur les boulevards ensoleillés de Miami. Depuis son César du meilleur acteur pour Intouchables, Omar Sy a su profiter de quelques opportunités à Hollywood (X-Men : Days of Future Past de Bryan Singer, Inferno de Ron Howard, Jurassic World de Colin Trevorrow) même s’il s’agissait plus d’une participation, tout en confortant sa place au box-office en France avec De l’autre côté du périph de David Charhon, Samba d’Eric Toledano et Olivier Nakache, Chocolat de Roschdy Zem et Demain tout commence d’Hugo Gélin, qui ont tous été de gros cartons qui se sont d’ailleurs bien exportés. En revanche, Knock de Lorraine Lévy s’est soldé par un échec cuisant. Avec près de 650.000 entrées, Le Flic de Belleville n’est pas LE bide entendu ici et là, mais cela n’a pas suffi à rembourser les 15 millions d’euros de budget. Pourtant, une fois n’est pas coutume dans la comédie française, l’argent se voit à l’écran.

Rachid Bouchareb soigne sa mise en scène avec un très beau cadre et la photographie du chef opérateur Alain Duplantier (À bout portant) est belle, lumineuse et très élégante. Maintenant il est vrai que l’histoire n’a absolument rien de transcendant et que l’intérêt s’essouffle rapidement. Omar Sy assure le show et le film ne vaut que pour lui, ainsi que pour sa confrontation avec Luis Guzmán (déjà présent au générique de La Voie de l’ennemi), éternel second rôle du cinéma hollywoodien, vu chez Ridley Scott, Sidney Lumet, Anthony Minghella, Brian De Palma, Paul Thomas Anderson et Steven Soderbergh. Un C.V. impressionnant pour le comédien portoricain emblématique de la rubrique « On ne sait jamais comment il s’appelle ».

Balançant ses vannes en français et en anglais, menant son enquête, tout en s’engueulant avec sa nana (la ravissante Diem Nguyen) et subir les railleries de sa vieille maman (Biyouna), Omar Sy traverse tranquillement Le Flic de Belleville, sans se forcer, dans une série B honnête et sympathique.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray du Flic de Belleville, disponible chez Metropolitan Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé, lumineux et musical.

En plus d’un lot de bandes-annonces, l’éditeur joint un (très mauvais) making of (23’). Mollement réalisé, mal monté, ce documentaire se contente de compiler les interventions du casting et les images de tournage dans le quartier de Belleville à Paris. Le son est très étouffé, les propos sont sans intérêt, uniquement dithyrambiques et promotionnels. Aucune image de plateau à Miami et Luis Guzmán n’est même pas évoqué.

L’Image et le son

C’est superbe. Les couleurs sont resplendissantes, les contrastes riches et remarquables, le piqué aiguisé, les détails légion aux quatre coins du cadre large. La profondeur de champ est exceptionnelle, tout comme la luminosité des séquences tournées à Miami. La HD permet de se rendre compte de la richesse insoupçonnée de la photographie.

La version originale mixe le français et l’anglais, tout en respectant la musicalité des langues et donc la confrontation entre les deux personnages principaux sur le sol américain. Privilégiez donc cette option, plutôt que la version 100 % française, même si les deux pistes se valent du point de vue dynamique, avec des effets latéraux percutants, des basses frappantes (surtout sur la scène du DJ et les séquences agitées), des ambiances naturelles et des voix bien plantées sur la centrale. L’éditeur joint également une piste Audiodescription, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Metropolitan FilmExport / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Billionaire Boys Club, réalisé par James Cox

BILLIONAIRE BOYS CLUB réalisé par James Cox, disponible en DVD le 19 janvier 2019 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs : Ansel Elgort, Taron Egerton, Kevin Spacey, Emma Roberts, Ryan Rottman, Jeremy Irvine, Thomas Cocquerel, Bokeem Woodbine, Barney Harris…

Scénario : James Cox, Captain Mauzner

Photographie : James M. Muro

Musique : Joel J. Richard

Durée : 1h44

Date de sortie initiale : 2018

LE FILM

Au milieu des années 1980, le jeune et ambitieux Joe Hunt, un entrepreneur dont la société Billionaire Boys Club est composée d’héritiers fortunés de Beverly Hills, met en place une arnaque basée sur une chaîne de Ponzi. Mais quand arrive l’heure des comptes, la panique s’empare des associés accusés d’homicide.

Billionaire Boys Club vaut pour deux raisons. La première, c’est que le quatrième long métrage de James Cox (Wonderland) réunit deux stars montantes du cinéma hollywoodien, Ansel Elgort, découvert dans la saga Divergente, Nos étoiles contraires et surtout dans Baby Driver d’Edgar Wright, et Taron Egerton, révélation de Kingsman : Services secrets, formidable dans Eddie the Eagle de Dexter Fletcher. La seconde, c’est qu’il s’agit à ce jour du dernier film interprété par Kevin Spacey à avoir connu les « honneurs » d’une sortie dans les salles américaines depuis les multiples accusations à son encontre de harcèlement sexuel, d’agressions sexuelle, voire de tentatives de viol. On connaît ce qui a suivi avec son renvoi définitif de la série House of Cards, l’annulation de la sortie de Gore de Michael Hoffman, sans oublier son remplacement par Christopher Plummer dans Tout l’argent du monde de Ridley Scott. Billionaire Boys Club est donc un film « rescapé » dans le sens où il a bien été exploité au cinéma aux Etats-Unis. Toutefois, éclaboussé par le scandale de l’affaire Harvey Weinstein et du phénomène #MeToo, Billionaire Boys Club a connu un échec retentissant avec seulement 126 dollars récoltés le vendredi, le jour de sa sortie (technique), à peu près 450 dollars le week-end. Un bide certainement pas mérité, car bien que le film de James Cox ne soit pas original ni sur le fond, ni sur la forme, l’excellence des comédiens vaut largement le détour.

En 1983, de jeunes hommes richissimes fondent le Billionaire Boys Club, un club d’investissement créé par le génie de la finance Joe Hunt et le joueur de tennis Dean Karney. Ils dépensaient follement notamment l’argent investi par des investisseurs. Jusqu’au jour où les fonds ont tourné court en 1984, les membres de l’association se sont tournés vers le banditisme ce qui les mena à tuer Ron Levin, un escroc qui leur aurait volé plusieurs millions de dollars.

Dispensé d’une sortie dans les salles françaises, Billionaire Boys Club est vendu comme étant un « Nouveau Loup de Wall Street », jusque dans le visuel de la jaquette du DVD qui rappelle l’affiche et les couleurs du chef d’oeuvre de Martin Scorsese. Alors, oui il y a quelques points communs, notamment ce qui touche aux arnaques financières, mais cela s’arrête là. Les personnages sont ici très jeunes, sortent de l’université et ont les dents qui rayent le parquet. Certains sont issus de la classe moyenne et tous rêvent de faire fortune en s’installant à Beverly Hills. Les USA sont en pleine ère Reagan, l’argent est roi, la réussite est vantée comme seule ligne directrice, c’est l’American Dream. Les « héros » de Billionaire Boys Club ont tout misé et surtout tout tenté pour avoir leur part du gâteau.

Au-delà de son cachet « Tiré d’une histoire vraie », le film dévoile les rouages de cette entreprise basée sur quelques montages financiers frauduleux qui consistent à rémunérer les investissements des clients essentiellement par les fonds procurés par les nouveaux entrants. Jusqu’au jour où tout s’écroule, quand les sommes procurées par les nouveaux entrants ne suffisent plus à couvrir les rémunérations des clients Le système de Ponzi. Concou Bernard Madoff ! Billionnaire Boys Club est un film scolaire, mais divertissant, plaisant et qui vaut le coup grâce à ses acteurs. Baby Driver contre Kingsman donc, mais aussi Kevin Spacey bien sûr qui se délecte dans un rôle de salopard, sans oublier la lumineuse Emma Roberts et une amusante apparition de Cary Elwes dans le rôle d’Andy Warhol. On suit volontiers le parcours de ces jeunes arrivistes qui ont cru pouvoir jouer dans la cour des grands, mais qui ont été très vite rattrapés par la réalité, jusqu’à franchir le point de non-retour pour certains. Certes, Billionnaire Boys Club se révèle souvent bavard, mais il s’en dégage une vraie énergie contagieuse.

LE DVD

Le test du DVD de Billionnaire Boys Club, disponible chez Metropolitan, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est très légèrement animé et musical. Le boîtier est glissé dans un surétui cartonné. Pas d’édition HD pour ce titre.

Nous ne trouvons qu’un lot de bandes-annonces en guise de supplément.

L’Image et le son

Comme pour ses sorties traditionnelles, Metropolitan soigne autant le transfert de ce DTV qu’un blockbuster et l’image de Billionnaire Boys Club ne déçoit pas. Le piqué est soigné, la clarté de mise, le grain respecté, le cadre offre un lot conséquent de détails et la colorimétrie brille de mille feux. Evidemment, la copie est d’une propreté immaculée, les contrastes sont denses, les intérieurs agréablement feutrés, et malgré un sensible bruit vidéo, les meilleures conditions techniques sont réunies et la définition est exemplaire.

En anglais comme en français, les mixages Dolby Digital 5.1 parviennent à créer une sensible spatialisation, avec une plus grande homogénéité pour la version originale. Certes, la balance frontales-latérales profite surtout à la musique mais quelques ambiances naturelles parviennent à percer sur les séquences en extérieur avec les bruits de la circulation. Les voix sont claires et distinctes, la spatialisation musicale systématique et le confort acoustique solide. En revanche, le doublage français est inapproprié.

Crédits images : © Metropolitan / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Hell Fest, réalisé par Gregory Plotkin

HELL FEST réalisé par Gregory Plotkin, disponible en DVD et Blu-ray le 19 janvier 2019 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs : Reign Edwards, Bex Taylor-Klaus, Tony Todd, Amy Forsyth, Michael Tourek, Courtney Dietz, Christian James, Matt Mercurio, Elle Graham…

Scénario : Seth M. Sherwood, Blair Butler, Akela Cooper

Photographie : José David Montero

Musique : Bear McCreary

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 2018

LE FILM

Natalie est lycéenne. Elle rend visite à sa meilleure amie Brooke et à son colocataire Taylor. Les trois amis décident alors de se rendre dans un parc d’attractions, Hell Fest. Mais, pour un des visiteurs, ce n’est pas une fête foraine mais un terrain de chasse…

Difficile de faire sa place au cinéma dans un genre d’exploitation sans doute éculé et qui repose aujourd’hui essentiellement sur moult références. Pourtant, Hell Fest de Gregory Plotkin est un slasher qui parvient à créer la surprise ! Prenant comme lieu d’action un parc d’attraction placé sous le signe de la terreur et de l’épouvante, le réalisateur réussit à faire de son film un vrai manège dans lequel le spectateur se laisse prendre au jeu durant 90 minutes. Préférant miser sur la forme, plutôt que sur les effets sanglants gratuits, il y en a d’ailleurs très peu, Gregory Plotkin suit le chemin balisé par Wes Craven (on pense beaucoup à Scream), John Carpenter (le récit se déroule durant Halloween) et Tobe Hooper (Massacre dans le train fantôme n’est évidemment pas loin) et son Hell Fest s’impose comme l’un des meilleurs thrillers-slashers vus depuis quelques mois.

Bienvenue au Hell Fest. Dans ce train fantôme géant à ciel ouvert, on vient pour se faire peur. Décors  angoissants, mises en scènes effrayantes, les visiteurs rivalisent d’invention pour se terroriser les uns et l’autres. Ca crie, ça hurle et ça se poignarde… pour de faux bien sûr ! Sauf qu’un tueur, bien réel lui, a décidé de faire du parc son terrain de chasse. Il prend pour cible un groupe d’amis venus fêter leurs retrouvailles… Comment convaincre les autorités qu’un serial killer sème la mort autour de lui quand la mort est l’attraction la plus festive du lieu ? Au Hell Fest, tout le monde vous entend crier, mais personne ne vous croira !

Les producteurs de la série The Walking Dead et le réalisateur de Paranormal Activity: Ghost Dimension livrent un ride jubilatoire, aux décors superbes et à la photographiée très travaillée. Egalement monteur de quatre épisodes de la franchise Paranormal Activity (Zzz Zzzz Zzz), du surestimé et oscarisé Get Out, mais aussi des formidables Happy Birthdead (vivement la suite prévue en 2019) et Game Night, Gregory Plotkin possède une solide expérience du genre. Dans Hell Fest, le metteur en scène se lâche et fait enfin preuve de ses acquis avec une virtuosité qu’on ne lui connaissait pas. Alors non, ce slasher ne révolutionne rien, mais sa beauté plastique l’emporte sur les partis pris souvent sans imagination des thrillers d’épouvante qui fleurissent chaque année. Le travail sur les couleurs du directeur de la photographie José David Montero (Seven Sisters) est très impressionnant du début à la fin. Les personnages baignent dans des teintes chromatiques qui émanent des néons omniprésents et donnent à Hell Fest une véritable identité. Non seulement ça, les décors macabres sont également très impressionnants et parviennent à rendre crédible un terrain de jeu pourtant improbable sur le papier.

A cela s’ajoute un casting également à la hauteur, porté par la ravissante Amy Forsyth et la déjantée Bex Taylor-Klaus (vue dans les séries Scream et Arrow), qui deviennent les proies de l’inquiétant The Other. Derrière le masque à la Michael Myers, se dissimule un serial-killer (le cascadeur Stephen Conroy) calme et réfléchi, qui chantonne un petit air avant d’éclater la tête d’un jeune homme à coup de masse, ou bien avant de décapiter une donzelle qui souhaitait juste avoir quelques sueurs froides. L’autre bonne idée du film, c’est que le tueur se fond dans le décor et que ses meurtres passent pour une mise en scène avec deux acteurs venus là pour assurer le spectacle.

On se perd donc volontiers dans ce plateau de jeu gigantesque et labyrinthique, où les victimes sont certes peu nombreuses, mais inattendues et exécutées brutalement. Le rythme est soutenu, le suspense s’installe progressivement après un prologue extrêmement efficace, les personnages sont attach(i)ants comme il se doit pour que l’on puisse frissonner pour et avec eux. Hell Fest est une indéniable réussite, à la fois moderne et vintage, qui aurait largement mérité d’être exploité dans nos salles.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Hell Fest, disponible chez Metropolitan Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le boîtier est glissé dans un surétui cartonné. Le menu principal est animé et musical. Par ailleurs, mention spéciale à la création originale de ce menu qui propose le choix des langues sous l’appellation « Hurlements », suivi de « Screams » ou « Cris » ! N’oublions pas le chapitrage présenté à travers le plan du parc ! Un chapitrage plus « classique » s’y trouve également. En revanche, aucun menu pop-up disponible durant le visionnage.

Pour agrémenter le film, Metropolitan nous livre un making of (16’) très sympa, qui croise les interviews de l’équipe (producteurs, acteurs, réalisateur, décorateur, costumière) et les images de tournage. L’ensemble s’attarde sur l’alchimie des comédiens, visiblement très complices, le travail sur les décors, les effets visuels mécaniques (les prothèses notamment) et la figure de The Other. Attention aux nombreux spoilers !

A vous de trouver les quatre bonus cachés, deux bandes-annonces dont une « vintage », un montage de 7 minutes centré sur les acteurs qui s’amusent à se faire peur, ainsi qu’une featurette de deux minutes en compagnie de la productrice et du réalisateur, mais aussi les comédiens, qui présentent le film.

L’Image et le son

C’est une explosion de couleurs ! Tout d’abord, l’apport HD est aussi omniprésent qu’indispensable ! Hormis la présentation des personnages, Hell Fest se déroule uniquement de nuit et au sein du parc d’attractions. La photo fait la part belle aux néons verts, rouges, bleus, mauves, on en prend plein les yeux. Tout droit sorti de l’écurie Metropolitan avec son cheval ailé, ce Blu-ray est une très grande réussite technique. Le piqué est sans cesse aiguisé, les contrastes affichent une solidité jamais démentie avec des noirs d’une densité remarquable, les détails sont légion. En un mot, c’est superbe.

Que votre choix se soit porté sur la version française ou la version originale DTS-HD Master Audio 5.1., le confort acoustique est total et la piste anglaise l’emporte du point de vue homogénéité des voix et des effets annexes. Le pourvoir immersif des deux mixages est fort plaisant. Toutes les enceintes sont intelligemment mises à contribution, les effets sont souvent percutants. La balance frontale et latérale est constante et riche, le caisson de basses souligne efficacement les séquences du film les plus agitées, tandis que les dialogues et commentaires restent fluides et solides.

Crédits images : © Metropolitan / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Carnage chez les Puppets, réalisé par Brian Henson

CARNAGE CHEZ LES PUPPETS (The Happytime Murders) réalisé par Brian Henson, disponible en DVD le 19 janvier 2019 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs : Melissa McCarthy, Elizabeth Banks, Maya Rudolph, Leslie David Baker, Joel McHale, Cynthy Wu, Michael McDonald, Mitch Silpa, Hemky Madera…

Scénario : Todd Berger

Photographie : Mitchell Amundsen

Musique : Christopher Lennertz

Durée : 1h27

Date de sortie initiale : 2018

LE FILM

Dans les bas-fonds de Los Angeles, humains et marionnettes – les puppets – vivent ensemble. Deux détectives, un humain et une marionnette, sont obligés de faire équipe bien malgré eux pour découvrir qui assassine les anciens acteurs du « Happy Time Gang », une émission de marionnettes très populaire.

Alors c’est ça le pire film de l’année selon les critiques américaines ? Bah franchement, on a déjà vu bien pire. Carnage chez les PuppetsThe Happytime Murders est en réalité un ersatz lointain de Qui veut la peau de Roger Rabbit (1988) où les marionnettes en peluche et velours remplaceraient les toons au milieu des êtres humains. En fait le problème de Carnage chez les Puppets est ailleurs. C’est que le film ne s’adresse évidemment pas aux enfants et qu’il aurait pu être davantage trash et hardcore pour les adultes. Réalisé par Brian Henson, le fils du grand Jim Henson, le créateur des mythiques Muppets et réalisateur des cultissimes Dark Crystal et Labyrinthe, The Happytime Murders ne s’adresse en réalité à personne ou pas grand-monde et ne parvient quasiment jamais à aller au-delà de son postulat de départ somme toute délirant.

Dans un monde où les humains et les marionnettes cohabitent, même si ces dernières sont rejetées ou discriminées par les hommes, l’inspecteur et « puppet » Phil Philips s’allie au détective Connie Edwards, une femme flic, pour démasquer un tueur en série qui assassine les anciennes vedettes du Happy Time Gang, une émission de marionnettes qui faisait les beaux jours de la télévision dans les années 1980. Quand le frère de Philips est lui aussi assassiné, cela devient une affaire personnelle. Ce dernier devra lutter contre un trauma qui a mis fin à sa carrière de policier, mais il pourra heureusement compter sur le soutien d’Edwards, véritable bulldozer qui n’hésite pas à foncer dans le tas pour arriver à ses fins.

Depuis la mort de Jim Henson, son fils Brian a donc repris le flambeau et fait perdurer l’héritage. Si les longs métrages consacrés aux Muppets n’ont jamais trouvé leur public dans nos salles et que les sorties sont toujours restées confidentielles, Carnage chez les Puppets avait sur le papier quelques arguments pour renverser la tendance. Seulement voilà, Sausage Party est passé par là et The Happytime Murders paraît bien trop sage à côté du film de Conrad Vernon et Greg Tiernan. Donc exit le Noël chez les Muppets (1992), L’Ile au trésor des Muppets (1996) et consorts, également réalisés par Brian Henson, Carnage chez les Puppets est volontairement vulgaire, grossier plutôt, même s’il aurait pu l’être davantage donc, et s’amuse à parodier les films noirs américains des années 1950.

Au milieu des peluches, Melissa McCarthy jure comme un charretier avec sa délicatesse habituelle et semble un peu paumée à donner la réplique à son partenaire bouloché, surtout quand on sait de quoi la comédienne a été capable par le passé. Sa partenaire de Mes meilleures amies, Maya Rudolph, est toujours aussi délirante et arrache quelques sourires, les seuls d’ailleurs du film. Car il faut bien admettre que l’on trouve le temps long et que presque tout tombe à plat. Une fois le décor planté, l’intrigue manque singulièrement d’intérêt. L’apparition de la géniale et sexy Elizabeth Banks est bien trop sporadique pour relever le niveau et l’on assiste finalement à un « polar » laborieux qui ne parvient jamais à tirer profit de son argument de base.

Reste l’animation qui mixe les marionnettes traditionnelles et celles réalisées en images de synthèse à partir de l’incontournable capture de mouvements. Quelques séquences parodiques sont amusantes, notamment celle de l’éjaculation à base de serpentins ou bien encore celle qui reprend l’interrogatoire de Basic Instinct (jusque dans les jambes décroisées de la suspecte), mais le reste n’a rien de transcendant. Maintenant, considérer Carnage chez les Puppets comme étant le pire film de 2018, non, il ne faut quand même pas exagérer car la technique est réussie, même si la méthode reste essentiellement identique à celle utilisée depuis les années 1950. Les véritables acteurs parviennent à faire leur numéro au milieu des 125 marionnettes présentes au générique et c’est déjà ça.

LE DVD

Le test du DVD de Carnage chez les Puppets, disponible chez Metropolitan Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le boîtier est glissé dans un surétui cartonné, qui reprend le visuel de l’affiche d’exploitation, indiquant que le film n’est pas pour les enfants. Le menu principal est très légèrement animé et musical. Pas d’édition HD pour ce titre.

En plus d’un lot de bandes-annonces, l’éditeur joint cinq featurettes (13’), essentiellement consacrées aux effets spéciaux, à l’animation traditionnelle et celle réalisée en images de synthèse. Egalement au programme, un énervant « faux bêtisier » avec les Puppets qui se trompent dans leurs répliques, ainsi qu’un montage de répliques alternatives et improvisées par les comédiens.

L’Image et le son

Vu son score dans les salles, Carnage chez les Puppets ne bénéficie pas de Blu-ray dans nos contrées. Toutefois, ce DVD est estampillé Metropolitan et donc la qualité est au rendez-vous. Ce qui frappe d’emblée c’est la luminosité du master, ainsi que ses couleurs éclatantes. Certes, le tournage en numérique n’offre aucune aspérité, aucun grain donc, mais la profondeur de champ est appréciable, le piqué est ciselé et le relief palpable. De sensibles fourmillements constatés, mais rien de rédhibitoire.

Carnage chez les Puppets n’est pas à proprement parler d’un film à effets, mais les pistes anglaise et française Dolby Digital 5.1 parviennent à distiller ici et là quelques ambiances. La plupart des séquences reposent sur les dialogues et les mixages se concentrent souvent sur les enceintes avant. Il ne faut pas vous attendre à des effets explosifs, la spatialisation est essentiellement musicale, les effets latéraux sont rares sauf sur les séquences agitées. Les voix des comédiens sont ardentes en version originale, tout comme en français. Le confort acoustique est assuré tout du long. L’éditeur joint également une piste française Audiodescription, ainsi que les sous-titres destinés aux spectateurs sourds et malentendants.

Crédits images : © Metropolitan / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / 22 Miles, réalisé par Peter Berg

22 MILES (Mile 22) réalisé par Peter Berg, disponible en DVD et Blu-ray le 2 janvier 2019 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs : Mark Wahlberg, Lauren Cohan, Iko Uwais, John Malkovich, Ronda Rousey, Terry Kinney, Emily Skeggs, Sam Medina…

Scénario : Lea Carpenter

Photographie : Jacques Jouffret

Musique : Jeff Russo

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 2018

LE FILM

Un officier d’élite du renseignement américain tente d’exfiltrer un policier qui détient des informations compromettantes. Ils vont être traqués par une armée d’assassins tout au long des 22 miles les séparant de l’avion qui leur permettra de quitter le pays.

Peter Berg et Mark Wahlberg, quatrième ! Suite au succès de l’excellent Du sang et des larmes en 2014, le réalisateur et le comédien se sont ensuite retrouvés pour Deepwater (2016) et Traque à Boston (2017). Trois films inspirés d’évènements réels. Malgré deux succès d’estime dans les salles (le budget a été tout juste rentabilisé chaque fois), les deux hommes ont décidé de remettre le couvert, mais sans s’embarrasser de la mention « d’après une histoire vraie », en allant droit au but, avec 22 Miles, un pur divertissement d’action. Peter Berg, que l’on pourrait voir comme un frère de Michael Bay, un disciple en quelque sorte, privilégie le « réalisme » au détriment des effets visuels et des prises de vues multiples sur fonds verts. Son cinéma est brut, explosif, la chair y sent souvent le cochon grillé dans le sens où les acteurs jouent alors devant de véritables explosions et sont souvent dirigés comme des soldats. Les films de Peter Berg sont parcourus d’un patriotisme qui laisse très peu de place à l’humour, ce qui fait à la fois sa force (il s’en dégage un caractère très prononcé) et aussi son point faible (on rit souvent même si ce n’est pas volontaire). 22 Miles n’est certes pas la meilleure collaboration Berg/Wahlberg, mais confirme l’indéniable talent d’un metteur en scène qui n’a de cesse d’approfondir ses recherches formelles et qui le placent en digne héritier de Tony Scott.

James Silva est un homme très intelligent mais aux nombreux troubles émotionnels et comportementaux. Il est malgré tout devenu un agent expert et officier d’élite du renseignement américain, œuvrant principalement pour la CIA. Avec son équipe « Overwatch », il participe à une mission pour neutraliser des agents russes du FSB opérant sur le sol américain. La mission se solde par la perte d’un agent américain et par l’assassinat de tous les Russes présents. Seize mois plus tard, à Indocarr (pays du sud-est asiatique), James et son équipe sont chargés d’exfiltrer Li Noor, un officier de la police locale qui détient des informations sur l’emplacement de quantités de césium 137. Ils doivent parcourir les 22 miles qui les séparent de l’aéroport, où un avion américain les attendra à une heure précise et seulement quelques minutes. Très vite, ils se retrouvent à affronter de multiples assassins locaux qui tentent par tous les moyens de neutraliser Li Noor.

Acteur passé à la mise en scène en 1998 avec le désormais culte Very bad Things, Peter Berg a bénéficié en 2008 d’un succès planétaire, Hancock, avec Will Smith et Charlize Theron. Ce triomphe commercial lui aura permis ensuite de faire joujou à la bataille navale en vraie avec son Battleship, qui s’est quelque peu planté au box-office. Depuis, le réalisateur a préféré revenir à une veine plus réaliste, en ne cessant d’affiner son style et une méthode qui lui sont propres. Les œuvres de Peter Berg, qui a accéléré la cadence à raison d’un film par an depuis Deepwater, rappellent et fleurent bon le cinéma des années 1990 et début 2000. Avec 22 Miles, on pense à Ennemi d’État (1999) et Man on fire (2004) de Tony Scott, références évidentes dans la forme avec un montage très cut, mais néanmoins lisible (c’est ce qui le différencie de Michael Bay sur ce point), mais également sur le fond avec une certaine paranoïa qui a de nouveau gangrené le cinéma américain comme dans les années 1970, depuis l’effondrement du World Trade Center. Au-delà de sa condition d’artiste, Peter Berg est un homme qui a confiance dans les hommes qui servent son pays, mais aussi dans les héros de tous les jours. L’héroïsme, le patriotisme, les guns, la violence, le feu et le sang parcourent tous les films du cinéaste. 22 Miles ne fait pas exception à la règle.

Comme un James Bond, que Peter Berg rêve visiblement de mettre en scène, 22 Miles démarre par une séquence pré-générique percutante, du moins après les 90 secondes de logos de production. La tension monte jusqu’au carnage attendu. Les credits permettent d’en savoir plus sur la psychologie perturbée du personnage principal interprété par Mark Wahlberg, qui rappelle celui campé par Ben Affleck dans le très bon Mr Wolff de Gavin O’Connor. Malheureusement, ce dernier en fait des caisses, d’ailleurs les personnages le voient comme un « bipolaire, maniaco-dépressif, narcissique, dissociatif, bref, un connard ». Jamais les spectateurs ne parviennent à trouver un point d’ancrage nécessaire pour ressentir un petit peu d’empathie pour lui. Transparent, en totale roue libre, l’acteur signe une des pires prestations de sa carrière, qui en compte déjà un bon paquet. Il faut donc regarder à ses côtés. Lauren Cohan (The Walking Dead) est bad-ass à souhait et porte littéralement le film sur ses belles épaules en compagnie de l’incroyable Iko Uwais. L’acteur et artiste martial indonésien révélé en 2011 dans The Raid de Gareth Evans peut se targuer d’avoir les meilleures scènes de 22 Miles. Peter Berg ne s’en cache pas et soigne chacune de ses scènes d’action, très impressionnantes, avec des corps-à-corps particulièrement brutaux. Ajoutez à cela un John Malkovich moumouté (mais qui n’en reste pas moins très classe), dont le postiche demeure beaucoup plus charismatique que l’agaçante Ronda Rousey.

Le GROS problème de 22 Miles, c’est que le spectateur est obligé de se farcir quarante très longues minutes pour que l’action démarre bel et bien. Un gouffre entre le générique et l’incroyable baston d’Iko Uwais dans l’infirmerie, fait de dialogues qui n’ont aucun sens (et qu’est-ce que c’est bavard !), qui ennuient, qui lassent quand Berg essaye d’évoquer les relations familiales et autres sujets personnels de ses protagonistes. Tout cela pour montrer que les membres de cette unité paramilitaire au sein de la division des activités spéciales de la CIA sont des hommes et des femmes « comme les autres ». Et puis d’un coup, tout le monde se réveille. La course contre-la-montre démarre, Peter Berg utilise les rues de Bogota (lieu de tournage, l’action est supposée se dérouler en Asie) comme un jeu de pistes et s’inspire du jeu vidéo, comme si ses personnages devaient passer d’un niveau à l’autre, pour enfin arriver sur la dernière plateforme. Le compteur tourne, les bastos s’accumulent, les explosions aussi.

Si Peter Berg en fait parfois trop en multipliant les angles de prises de vue (tournage à 3 ou 4 caméras), sans compter les drones, les écrans de contrôle, on ne pourra pas dire que le réalisateur reste les mains dans les poches. Alors certes, 22 Miles peine (euphémisme) à éveiller l’attention des spectateurs, mais quand il se décide enfin à mi-chemin à les prendre par le colbac pour l’emmener sur le terrain de la guerre, ceux-ci en ont pour leur argent. D’autant plus que l’épilogue est particulièrement culotté, loin du happy-end attendu et amorce un second volet annoncé par Berg/Wahlberg qui envisagent alors une trilogie. Mais ce ne sera pas leur prochaine association, puisqu’ils ont déjà emballé Wonderland, prévu dans les salles cette année. 22 Miles n’ayant pas tellement cartonné au cinéma, les deux hommes sont peut-être passés à autre chose. Seul l’avenir nous le dira.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de 22 Miles, disponible chez Metropolitan Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Alors que Traque à Boston, également disponible en DVD et Blu-ray chez l’éditeur, comprenait plus d’1h30 de suppléments, 22 Miles doit se contenter de sept featurettes promotionnelles de 2 minutes en moyenne chacune ! Sous surveillance (1’30), Présentation d’Iko Uwais (1’40), Le combat d’Iko Uwais (1’40), Des femmes badass (1’40), La réalisation des cascades (1’50), Un style de combat moderne (1’50) et Le tournage en Colombie (3’40) sont des petits modules simples, qui enchaînent les propos de toute l’équipe, les répétitions (dont celle des scènes de combat) et les images de tournage très efficaces, placées sous le signe de l’authenticité. Le dernier segment fait penser à un spot promo pour Bogota, avec la présence de l’ancien président Juan Manuel Santos qui n’hésite pas à payer de sa personne en filmant une petite scène, caméra à l’épaule.

Un bonus caché donne également la parole à deux anciens agents de la CIA, qui en disent un peu plus sur les missions spécifiques de cette unité spéciale (1’40).

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces.

L’Image et le son

Ce master HD (1080p, AVC) de 22 Miles ne déçoit pas et nous avons devant les yeux une nouvelle grande réussite signée Metropolitan. Le piqué et le relief sont acérés tout du long et permet d’apprécier les visages des comédiens, la clarté est de mise, le léger grain respecté, le cadre large offre un lot confondant de détails et la belle photographie de Jacques Jouffret (les trois premiers opus de la saga American Nightmare) est habilement restituée. Evidemment, la copie est d’une propreté immaculée, les contrastes sont denses, merveilleux. Les meilleures conditions techniques sont réunies et la définition est exemplaire. Le premier disque démo de l’année 2019. Dommage de ne pas bénéficier d’une édition 4K !

Attention, attention, les oreilles vont saigner ! Comme pour l’image, l’éditeur a soigné le confort acoustique et livre deux mixages DTS-HD Master Audio 7.1 français et anglais, pétaradants, explosifs et frénétiques dans les quarante dernières minutes. Les scènes d’affrontements peuvent compter sur une balance impressionnante des frontales comme des latérales, avec les balles qui environnent le spectateur, à tel point que l’on pourrait sentir le souffle des explosions. Les effets annexes sont très présents et dynamiques, les voix solidement exsudées par la centrale, tandis que le caisson de basses souligne efficacement chacune des actions au moment opportun. Cette fois encore, vous pourrez utiliser ce Blu-ray pour épater la galerie avec votre installation. L’éditeur joint également les sous-titres français, destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Metropolitan / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Jackals, réalisé par Kevin Greutert

JACKALS réalisé par Kevin Greutert, disponible en DVD et Blu-ray le 2 janvier 2019 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs : Stephen Dorff, Deborah Kara Unger, Johnathon Schaech, Chelsea Ricketts, Alyssa Julya Smith, Nick Roux, Jason Scott Jenkins, Cassie Hernandez…

Scénario : Jared Rivet

Photographie : Andrew Russo

Musique : Anton Sanko

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Dans les années 1980, Jimmy Levine est un psychologue spécialisé dans l’aide aux victimes de sectes. Il est engagé par une famille dont le fils est sous l’emprise d’un culte satanique pour sauver leur enfant. Levine parvient à le récupérer mais les membres du culte sont bien décidés à le reprendre. Pour cela, ils sont prêts à tout.

Jackals (« Quoi ? On dit des chacaux ? ») est le cinquième long métrage de Kevin Greutert. Ce nom ne vous dit sans doute rien, pourtant, ce dernier est un habitué du thriller d’épouvante puisqu’il s’agit du monteur des cinq premiers opus de la franchise Saw, de The Strangers, mais aussi le réalisateur des épisodes Saw VI et Saw VII (à prononcer en français, c’est plus amusant) aka Saw 3D le supposé « Chapitre final », pas franchement les meilleurs épisodes de la franchise Jigsaw (euphémisme). Egalement responsable de Jessabelle, tentative ratée de film de genre se déroulant les bayous de la Louisiane, avec Sarah Snook (révélation de l’incroyable Predestination des frères Spierig), Kevin Greutert aura également mis en scène un Visions, inédit dans les salles et sorti directement dans les bacs chez nous en 2015. Son nouveau bébé Jackals arrive une fois de plus dans nos contrées en DVD et Blu-ray. En dépit d’un casting peu enthousiasmant et mollement dirigé, ce thriller « réaliste » est probablement le meilleur film du réalisateur.

Mars 1983. Jimmy Levine est un spécialiste dans l’extraction de sectes, n’hésitant pas à recourir à la violence si nécessaire pour désendoctriner les « nouveaux adeptes ». La famille Powell fait appel à ses services pour enlever et déprogrammer leur fils Justin, sous l’emprise d’un culte satanique indéterminé et extrêmement violent. Levine tend un piège à Justin, le kidnappe et la ramène au bercail où le jeune homme est solidement attaché à une chaise. Justin a subi un lavage de cerveau et ne reconnaît pas les siens. Un affrontement psychologique démarre dans cette famille dysfonctionnelle. A la nuit tombée, les membres du culte encerclent le chalet des Powell, perdu au fond des bois. Leur but ? Délivrer Justin, devenu « Thanatos », par n’importe quel moyen et si possible sanglant. La nuit va être longue.

Après un début très prometteur filmé en caméra subjective et en plan-séquence, durant lequel un autre jeune membre de la secte des Jackals décime sa propre famille en pleine nuit, le film de Kevin Greutert prend son temps, sans doute trop et peine à instaurer un malaise quelconque ou même un semblant d’intérêt. La séquence de l’enlèvement étonne et perd les spectateurs, qui ne sont alors pas encore au fait des évènements. Puis, Jackals repose sur le face à face entre Justin (vénéneux Ben Sullivan) et le spécialiste des sectes Jimmy Levine (impeccable Stephen Dorff), ancien membre des Marines, qui utilise la manière forte pour chambouler les anciens membres de cultes obscurs afin de les ramener à la raison. Le premier acte est donc assez prenant. Le problème, c’est que le scénario de Jared Rivet, inspiré par une histoire vraie survenue en Californie, se perd ensuite dans les problèmes de la famille Powell avec un père volage et absent (Johnathon Schaech, grand habitué des nanars et des « numéro 2 de films à succès destinés au marché de la vidéo »), une mère devenue alcoolique (Deborah Kara Unger, défigurée par la chirurgie plastique), un fils aîné (Nick Roux) en manque d’amour (mais qui a été violent envers son cadet, sans doute par jalousie), ainsi que l’ex-compagne de Kevin (Chelsea Ricketts, une nana de 30 ans qui joue une ado de 17 ans) qui a donné naissance à leur petite fille après que ce dernier ait été embringué dans son groupe de déglingués.

Il faut donc se farcir des reproches, des non-dits, des larmes, des verres d’alcool, des coups de gueule, pendant que Levine essaye de remettre les méninges de Kevin à l’endroit. C’est alors qu’apparaissent les Jackals, qui ont de la gueule filmés dans la pénombre avec leurs masques et leurs costumes taillés sur mesure. Le film mute alors en home-invasion, ou plutôt en tentative puisque les Jackals, muets et qui économisent leurs actions, vont alors tout faire pour entrer dans le chalet. Le spectateur doit prendre son mal en patience et faire fi de personnages assez ridicules (mention spéciale à la belle-fille) puisque Jackals fait partie de ces films qui s’améliorent et deviennent intéressants au fur et à mesure du récit. La dernière partie est d’ailleurs particulièrement brutale, sèche, frontale et donc inattendue après un ventre mou d’une bonne demi-heure, soit un gros tiers du film.

Alors oui Jackals est une œuvre bancale, qui peut faire sourire devant le caractère souvent absurde de ses protagonistes, mais comme le film se déroule durant les années bénies du slasher, un agréable parfum vintage s’en dégage et parvient à sauver l’entreprise. Sans oublier un troisième acte malsain et prenant qui fait donc pencher Jackals, série B qui ne s’en cache pas, du bon côté de la balance.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Jackals, DTV disponible chez Metropolitan, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est très légèrement animé et musical.

Le film de Kevin Greutert est accompagné de bandes-annonces, ainsi que d’un faux making of (20’) composé uniquement d’interventions du réalisateur, du producteur Tommy Alastra, des comédiens Stephen Dorff, Ben Sullivan, Nick Roux, Johnathon Schaech, Chelsea Ricketts, Deborah Kara Unger et du scénariste Jared Rivet. Durant la première moitié de ce supplément, les invités se contentent de raconter tout le film, avant de passer à la psychologie des personnages. Autant dire que ce supplément n’a malheureusement aucun intérêt.

L’Image et le son

On peut trouver des défauts à Jackals, plusieurs même, nombreux diront certains, mais la photographie du chef opérateur Andrew Russo est l’un des atouts de ce thriller. Les contrastes sont tranchés en Haute-Définition avec des noirs d’une densité jamais démentie, les jeux de lumière rappellent parfois ceux de Fog de John Carpenter et les détails ne manquent pas, y compris dans les séquences les plus sombres. D’ailleurs, étrangement, ces scènes s’en sortent mieux que celles tournées en plein jour où l’on pouvait attendre un piqué plus ciselé. Toutefois, le cadre large n’est pas avare en détails, surtout sur les gros plans des acteurs et à ce titre, ce qui nous fait le plus peur reste probablement le visage massacré de Deborah Kara Unger…

L’ensemble des enceintes des pistes anglaise et française DTS-HD Master Audio 5.1 est mis à contribution aux quatre coins cardinaux. Les ambiances fusent sur les scènes d’affrontements, la musique bénéficie d’un traitement de faveur avec une large ouverture, plongeant instantanément le spectateur dans l’ambiance. Les dialogues ne sont jamais pris en défaut et demeurent solidement plantés sur la centrale. N’oublions pas le caisson de basses, qui se mêle ardemment à ce spectacle acoustique aux effets secs et percutants.

Crédits images : © Metropolitan / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test 4K Ultra HD / La Fureur de vaincre, réalisé par Lo Wei

LA FUREUR DE VAINCRE (Jing wu men) réalisé par Lo Wei, disponible en Blu-ray et 4K Ultra-HD le 27 octobre 2018 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs : Bruce Lee, Nora Miao, James Tien, Robert Baker, Jun Arimura, Fu Ching Chen…

Scénario : Lo Wei

Photographie : Ching-Chu Chen

Musique : Ku Chia Hui, Fu-ling Wang

Durée : 1h47

Date de sortie initiale : 1972

LE FILM

A Shanghaï, le dojo Nijiguchi, dirigé par le japonais Suzuki, ne cesse d’humilier les écoles chinoises d’arts martiaux qui obéissent aux préceptes de tolérance taoïste et refusent de se battre. Chen Zhen est un jeune élève de Kung-Fu. Déchiré par la mort suspecte de son maître, il enfreint les règles de son école et décide de se venger en partant à l’assaut du dojo Nijiguchi.

Suite au triomphe inattendu de Big Boss, Bruce Lee doit honorer son contrat et enchaîne immédiatement sur le deuxième film qui le relie à la Golden Harvest. Malgré les incompatibilités (euphémisme) avec le réalisateur Lo Wei (1918-1996), le comédien s’associe à nouveau avec ce dernier, pour une production plus confortable suite au succès commercial précédent. Pour beaucoup de fans et de cinéphiles, La Fureur de vaincreJing wu men, mais aussi Fist of Fury à l’international, est le film dans lequel Bruce Lee livre sa meilleure performance en tant qu’acteur. 45 ans après sa sortie, le film étonne encore par la violence de son personnage principal, psychotique capable de tuer son adversaire en le ruant de coups de poing. Véritablement flippant, Bruce Lee est tour à tour empathique et repoussant, toujours impressionnant, et explose l’écran une fois de plus.

Après de longues vacances, Chen Zen rentre dans son école de kung-fu à Shanghaï, et y découvre que son maître, Huo, est mort. Peu de temps après, les représentants d’une école japonaise rivale viennent humilier l’école de Chen Zen en leur donnant un écriteau sur lequel il y est inscrit une insulte raciale envers les chinois, « Les Chinois sont les malades de l’Asie orientale ». Le lendemain, Chen Zen décide seul d’aller voir l’école japonaise, et de leur rendre leur écriteau. Les Japonais, trouvant Chen Zen trop téméraire le défient : Chen Zen abat tous les élèves de l’école, sans avoir une égratignure. Il découvre, un soir, que l’une des personnes de son école faisait partie des Japonais, et qu’il a empoisonné le maître Huo. Chen Zen va déchaîner sa fureur, jusqu’à tuer, et à devoir se déguiser pour ne pas être reconnu par la police.

Bruce Lee with a vengeance ! Attention à celui croisera son chemin ! Le comédien est parfait dans la peau de ce jeune élève d’arts martiaux, bien décidé à enquêter sur la mort mystérieuse de son maître. Dès son apparition à l’écran et la séquence des funérailles de Huo, le personnage incarné par Bruce Lee semble d’emblée instable, pour ne pas dire déséquilibré. La disparition de celui qui lui a tout enseigné et qui semblait être son seul pilier, va très vite précipiter Chen Zhen dans une colère noire doublée d’une folie meurtrière.

Le récit se déroule dans les années 1930, alors que la ville de Shanghaï est occupée par les Japonais, qui traitent les Chinois comme des animaux. Chen Zhen est une arme de destruction massive lancée sur l’envahisseur et va perdre pied petit à petit. Comme pour Big Boss, La Fureur de vaincre pèche aujourd’hui par son manque de rythme et quelques séquences très (trop?) dialoguées, d’une amourette faisant office de remplissage, ainsi qu’un aspect quelque peu étouffant en raison d’un tournage réalisé quasi-intégralement en studio. Mais quand l’action démarre, ça y va !

La scène où Bruce Lee fait face à plusieurs dizaines de combattants, armé de ses poings, de ses pieds et de son nunchaku, s’inscrit au panthéon du genre et aura marqué moult spectateur et cinéastes, à l’instar de Quentin Tarantino qui comme d’habitude « rendra hommage » (c’est plus élégant que de dire plagier) au film de Lo Wei dans le premier Kill Bill. Alors que l’action se déroule sous la dure domination des Japonais, Bruce Lee devient le symbole de la lutte d’un peuple, qui se lance corps et âme dans la mission qu’il s’est fixée. Encore plus politique que Big Boss, La Fureur de vaincre n’épargne cependant personne, pas même son protagoniste, machine à tuer que rien ni personne ne peut arrêter.

Le final où Chen Zhen se sacrifie, court et saute vers son ennemi reste dans toutes les mémoires, surtout en France (même si dans une version tronquée et censurée par le distributeur René Chateau) puisque La Fureur de vaincre était arrivée sur les écrans alors que l’acteur était déjà décédé. Les chorégraphies signées par Bruce Lee et Han Yin Chieh sont encore plus abouties et surtout réalistes que dans Big Boss. Les coups portés font très mal. Mais à côté de ces scènes de kung-fu, Bruce Lee impressionne par la force de son jeu véritablement enragé. Ses explosions de colère filmées en gros plan pourraient prêter à rire chez un autre. Ici, l’audience ressent la peur, la hargne, la douleur, la tristesse aussi. L’émotion est donc là, palpable, constante et font de La Fureur de vaincre une plus grande réussite que Big Boss, ce qui sera d’ailleurs confirmé au box-office puisque le record du premier film est pulvérisé. Mais le meilleur reste à venir, ce sera La Fureur du Dragon.

LE 4K UHD

La Fureur de vaincre fait son retour dans les bacs dans une version restaurée 4K ! Toujours sous la houlette de Metropolitan Vidéo, le film de Lo Wei est donc à nouveau disponible en Haute-Définition, mais également en 4K UHD ! Même menu principal pour les deux disques, les suppléments sont disposés sur le Blu-ray. Existe aussi en coffret “Définitif” 4K Ultra HD + Blu-ray, comprenant Big Boss, La Fureur de vaincre, La Fureur du Dragon et Le Jeu de la mort.

Peu de suppléments sur cette édition :

Au cours d’une interview réalisée en 2003, le cinéaste Christophe Gans revient rapidement sur Bruce Lee et La Fureur de vaincre (4’). Si l’entretien est très court, le réalisateur de Crying Freeman aborde moult sujets comme l’influence du cinéma de Chang Cheh avec le héros qui n’hésite pas à se sacrifier à la fin du film. Il passe également en revue la psychologie perturbée du personnage, la violence inouïe de La Fureur de vaincre et sa découverte du film au cinéma.

Acteur, cascadeur, chorégraphe et réalisateur hongkongais, Yuen Wah, qui faisait ses débuts en tant que comédien dans La Fureur de vaincre, partage ses souvenirs de tournage (10’). Egalement doublure de Bruce Lee, Yuen Wah évoque aussi son propre parcours.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Comme nous l’indiquions sur le test de Big Boss, pas de HDR sur cette édition 4K (HEVC, 2160/24p) ! L’upgrade est ici moins convaincant que pour la première association Bruce Lee – Lo Wei et ce en raison d’un tournage essentiellement en studio. Peu de profondeur de champ ici, les détails sont amoindris et seules les très rares scènes tournées en extérieur, comme celle du panneau « Interdit aux chiens et aux Chinois » sortent réellement du lot avec une très belle luminosité. Entièrement restauré en 4K par l’incontournable laboratoire de L’Immagine Ritrovata de la Cineteca di Bologna, à partir du négatif original, La Fureur de vaincre dispose d’un master dans son format respecté 2.35, évidemment très propre et les contrastes sont fermes. En revanche, la colorimétrie est un peu à la traîne, d’autant plus que les teintes froides tirent sur des gammes jaunâtres. Le générique reste marqué par de légers fourmillements et un grain plus aléatoire.

En ce qui concerne l’acoustique, l’éditeur a repris les mêmes pistes déjà proposées sur le Blu-ray de 2011 avec une piste française upgradée en DTS HD Master Audio 7.1 sur le 4K, une version en Mandarin 6.1 (ainsi qu’en Mono) et une piste Mono Cantonaise (la plus faible du lot en raison d’un écho systématique des dialogues). Faites donc votre choix, d’autant plus que chacune possède sa spécificité, une piste son différente et des ambiances aussi variées. Pour certains puristes, la VF proposée ici n’est pas celle exploitée en VHS, la spatialisation paraît souvent artificielle et l’ensemble mise trop souvent sur les bruitages (voir les cris de Bruce Lee largement exagérés) au détriment de la musique, qui disparaît souvent. Pour un plus grand confort, privilégiez le Mandarin en Mono, plus naturelle, homogène et dynamique que la 6.1 qui ne sert pour ainsi dire à rien.

Crédits images : © Fortune Star Media / Metropolitan Vidéo / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr