Test Blu-ray / La Part du feu, réalisé par Étienne Périer

LA PART DU FEU réalisé par Étienne Périer, disponible en DVD et Blu-ray depuis le 20 avril 2022 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Michel Piccoli, Claudia Cardinale, Jacques Perrin, Rufus, Roland Bertin, Gabriel Cattand, Véronique Silver, Liliane Gaudet…

Scénario : Étienne Périer & Dominique Fabre, d’après une histoire originale d’Alain Page

Photographie : Jean Charvein

Musique : Paul Misraki

Durée : 1h44

Date de sortie initiale : 1978

LE FILM

Catherine Hansen trompe son mari Robert, un homme d’affaires qui travaille dans l’immobilier, avec Jacques, un de ses collaborateurs. Mais, ayant besoin de Jacques pour une opération commerciale importante, Robert ferme les yeux sur cette liaison.

Fin 2018, nous découvrîmes le cinéma d’Étienne Périer (1931-2020), réalisateur belge, à l’occasion de la sortie du film Commando pour un homme seulWhen Eight Bells Toll en DVD-Blu-ray chez Rimini Editions, une délicieuse curiosité, réalisée pour surfer sur l’engouement des spectateurs pour les missions exotiques des agents secrets sur grand écran, avec Anthony Hopkins en ersatz quelque peu improbable de 007. On lui doit aussi en vrac un Samson le magnifique (1995) avec Charlotte Rampling et Roger Hanin, quelques épisodes de Maigret avec Bruno Cremer, Meurtre en 45 tours (1960), un thriller avec Danielle Darrieux, Michel Auclair et Jean Servais, ainsi que le scénario de Charmants garçons (1957) d’Henri Decoin. Rétrospectivement, on note une prédilection pour le polar dramatique à l’ambiance lourde chez Étienne Périer, dont la filmographie est assurément à redécouvrir, comme Dis-moi qui tuer (1964), Un meurtre est un meurtre (1972) et La Main à couper (1974). C’est le cas de La Part du feu, dont nous ignorions l’existence, avant sa disponibilité dans les bacs chez LCJ Editions & Productions. L’affiche est on ne peut plus alléchante avec rien de moins que Michel Piccoli, Claudia Cardinale (sublime) et Jacques Perrin (étonnant), étrange et troublant triangle « amoureux » (l’usage des guillemets reflète l’ambiguïté des sentiments des personnages) qui se régalent avec un dialogue virtuose coécrit avec Dominique Fabre, complice du cinéaste et scénariste du génial L’Animal (1977) de Claude Zidi. Foncièrement dérangeant, amoral et peu sympathique, La Part du feu ne caresse pas le spectateur dans le sens du poil, mais l’arrivisme de ses protagonistes, l’ampleur du récit et la mécanique implacable de celui-ci demeurent imparables et rappellent quelque part certaines œuvres de la littérature hexagonale du XIXè siècle. Grande découverte.

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Test Blu-ray / La Femme de ma vie, réalisé par Régis Wargnier

LA FEMME DE MA VIE réalisé par Régis Wargnier, disponible en DVD et Blu-ray depuis le 16 mars 2022 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Jane Birkin, Christophe Malavoy, Jean-Louis Trintignant, Béatrice Agenin, Dominique Blanc, Elsa Lunghini, Andrzej Seweryn, Didier Sandre, Florent Pagny…

Scénario : Catherine Cohen, Alain Le Henry, Régis Wargnier & Alain Wermus, d’après une histoire originale de Régis Wargnier

Photographie : François Catonné

Musique : Romano Musumarra

Durée : 1h42

Date de sortie initiale : 1986

LE FILM

Simon, violoniste, sombre peu à peu dans l’alcoolisme. Dans sa déchéance, il est soutenu par sa maîtresse, qui est également l’administratrice de l’orchestre dans lequel il joue. L’aide-t-elle réellement ? Ne le maintient-elle pas ainsi sous sa dépendance ? Un homme, qui a connu le même parcours que Simon, va tenter de l’aider.

Régis Wargnier (né en 1948) débute comme assistant de Michel Deville (La Femme en bleu), Claude Chabrol (Nada, Le Banc de désolation, De Grey), Valerio Zurlini (Le Désert des Tartares), Francis Girod (La Banquière, Le Grand Frère, Le Bon Plaisir), Volker Schlöndorff (Le Faussaire), Patrice Leconte (Viens chez moi, j’habite chez une copine), Alexandra Arcady (Le Grand Pardon)…un C.V. qu’il se constitue en l’espace d’une dizaine d’années. En 1986, il franchit le pas du premier long-métrage avec La Femme de ma vie, qu’il coécrit avec Catherine Cohen (Les Fauves, Indochine) et Alain Le Henry (Dernier été à Tanger, Subway, Diabolo menthe), et confie le premier rôle à Christophe Malavoy. Le comédien a alors le vent en poupe et vient tout juste d’être auréolé du César du meilleur espoir masculin pour Family Rock de José Pinheiro, ainsi que du Prix Jean-Gabin. Les tournages s’enchaînent, on le voit chez Michel Deville dans Le Dossier 51, Le Voyage en douce et bien sûr Péril en la demeure (vous voyez l’affiche ?), Patrice Leconte (Ma femme s’appelle reviens), Pierre Schoendoerffer (L’Honneur d’un capitaine) et Bob Swaim (La Balance). Sa haute silhouette élancée, ses faux airs de BHL aux sourcils plus épais, mais surtout sa puissance dramatique commencent à attirer les réalisateurs de tous bords et Régis Wargnier lui offre le rôle principal de son coup d’essai. Aujourd’hui, il semble que La Femme de ma vie soit plus connu pour la chanson qui a accompagné le film à sa sortie, T’en vas pas, immortalisée par Elsa Lunghini, alors âgée de 13 ans, qui interprète aussi à l’écran la fille de Jane Birkin, les deux reprenant d’ailleurs cet air dans le film. Elle allait devenir la plus jeune artiste à accéder à la première place du Top 50 et ce pendant deux mois, durant lesquels elle allait vendre près d’1,5 million d’exemplaires de son single. On se souvient donc moins du film lui-même, ce qui est bien dommage, car La Femme de ma vie demeure une œuvre intéressante, pas forcément réussie sur tous les points et qui a pris quelques rides, mais qui n’en reste pas moins forte dans les thèmes qu’elle aborde et grâce à l’excellence de son casting, sur lequel trône le monstre Jean-Louis Trintignant.

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Test Blu-ray / Cours privé, réalisé par Pierre Granier-Deferre

COURS PRIVÉ réalisé par Pierre Granier-Deferre, disponible en DVD et Blu-ray depuis le 19 janvier 2022 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Elizabeth Bourgine, Michel Aumont, Xavier Deluc, Sylvia Zerbib, Emmanuelle Seigner, Lucienne Hamon, Pierre Vernier, Rosine Rochette, Guillaume de Tonquédec, Sandrine Kiberlain…

Scénario : Jean-Marc Roberts, Pierre Granier-Deferre & Christopher Frank

Photographie : Robert Fraisse

Musique : Philippe Sarde

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 1986

LE FILM

Jeanne Kern est enseignante dans un cours privé mixte. Elle est jeune, jolie et le sait. Tout le monde est attiré par elle; des élèves aux professeurs jusqu’au directeur, Monsieur Ketti. Un jour, une lettre anonyme parvient sur le bureau de Ketti, mettant en cause Jeanne d’une manière on ne peut plus claire, par des allusions précises sur son anatomie intime et l’usage qu’elle en fait. Les lettres se succèdent et bientôt, ce sont des photos qui inondent l’établissement. Tout le monde en reçoit: le directeur, les professeurs, les parents. Elles représentent une « soirée spéciale » au cours de laquelle de très jeunes personnes font l’amour…

Si on l’a souvent vue à la télévision, notamment dans Meurtres au paradis depuis une dizaine d’années, la divine Élizabeth Bourgine, Prix Romy-Schneider en 1985, a su marquer moult spectateurs dans Vive la sociale ! (1983) de Gérard Mordillat (nommée pour le César du meilleur espoir féminin), mais surtout dans La Septième Cible (1984) de Claude Pinoteau (nommée de nouveau, mais au César de la meilleure actrice dans un second rôle), où elle incarnait la fille de Lino Ventura et sans doute encore plus dans Cours privé de Pierre Granier-Deferre. Sorti sur les écrans français en novembre 1986, ce dernier reste tout d’abord célèbre pour son affiche d’exploitation qui avait fait couler beaucoup d’encre, celle où la comédienne apparaît de trois-quarts dos, quasi-nue, seulement vêtue d’un serre-taille rouge. Un visuel sulfureux et excitant qui avait évidemment de quoi titiller la curiosité du public. Alors que Jean de Florette venait de cartonner, que Manon des sources se profilait, que Top Gun remplissait les salles et Cobra avec Stallone le tiroir-caisse de la Warner, Cours privé parvenait à attirer près de 600.000 curieux. Réalisateur d’immenses succès populaires tels que La Horse, Adieu poulet, La Veuve Couderc, Le Chat, Le Train, Une femme à sa fenêtre, Le Toubib, Pierre Granier-Deferre démarre les années 1980 en dirigeant encore et toujours les plus grands du cinéma hexagonal, de Michel Piccoli (Une étrange affaire) à Philippe Noiret (L’Étoile du Nord, L’Ami de Vincent) en passant par Jean-Louis Trintignant (L’Homme aux yeux d’argent). Dans Cours privé, le cinéaste donne pour ainsi dire le rôle de sa vie à son actrice principale, Élizabeth Bourgine, quasiment de toutes les scènes, de tous les plans, avec laquelle il collaborera encore deux fois par la suite, dans Noyade interdite (1987) et La Couleur du vent (1988). Hypnotique, troublant, Cours privé annonce, et ce bien avant l’avènement des réseaux sociaux, comment une personne peut devenir la cible de rumeurs et d’accusations, ici une jeune enseignante sexy, qui détonne dans son environnement professionnel. Quelques problèmes de rythme, mais le film demeure aussi efficace que mémorable.

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Test Blu-ray / Fais-moi très mal, mais couvre-moi de baisers (Fiançailles à l’italienne), réalisé par DIno Risi

FAIS-MOI TRÈS MAL, MAIS COUVRE-MOI DE BAISERS (Fiançailles à l’italienne) (Straziami, ma di baci saziami) réalisé par Dino Risi, disponible en DVD et Blu-ray depuis le 16 mars 2022 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Nino Manfredi, Ugo Tognazzi, Pamela Tiffin, Moira Orfei, Livio Lorenzon, Gigi Ballista, Pietro Tordi, Samson Burke…

Scénario : Dino Risi, Agenore Incrocci & Furio Scarpelli

Photographie : Alessandro D’Eva

Musique : Armando Trovajoli

Durée : 1h45

Date de sortie initiale : 1968

LE FILM

Marino, un jeune coiffeur, tombe amoureux de la jolie Marisa. Suite a des calomnies, il doit mettre fin à sa relation avec la jeune fille alors qu’ils s’étaient fiancés. Elle épouse un tailleur sourd-muet mais, la passion ne disparaît pas si facilement…

Les années 1960 sont exceptionnelles pour Dino Risi (1916-2008), le réalisateur enchaînant alors les films les uns à la suite des autres avec autant de réussite que de succès, en sortant parfois deux voire trois longs-métrages par un. Ainsi, se succèdent Une vie difficile Une vita difficile, La Marche sur Rome La Marcia su Roma, Le Fanfaron – Il Sorpasso, Le Jeudi Il giovedì, Les Monstres I Mostri, Le Gaucho Il Gaucho et L’Homme à la Ferrari Il Tigre. Un C.V. qui en ferait baver plus d’un. 1968, il maestro livre deux opus. Le premier est Le ProphèteIl Profeta, où Dino Risi reforme le même couple que dans son film précédent, Vittorio Gassman et Ann-Margret, peu connu dans nos contrées malgré son immense succès de l’autre côté des Alpes. Le second, celui qui nous intéresse, est Fais-moi très mal mais couvre-moi de baisers Straziami, ma di baci saziami, aussi sous-titré Fiançailles à l’italienne en France, dans lequel le metteur en scène dirige rien de moins que Nino Manfredi, Ugo Tognazzi et la ravissante Pamela Tiffin. Amis cinéphiles, arrêtez ce que vous êtes en train de faire et ruez-vous sur ce joyau de la comédie italienne ! En effet, bien dissimulé derrière d’autres titres porteurs du genre et qui le sera même encore après par Au nom du peuple italien In nome del popolo italiano, Le Sexe fou Sessomatto, Parfum de femme Profumo di donna et La Carrière d’une femme de chambre Telefoni bianchi, Fais-moi très mal mais couvre-moi de baisers – qui aura droit à un remake français en 2010, Ensemble, nous allons vivre une très, très grande histoire d’amour…, réalisé par Pascal Thomas, avec Marina Hands et Julien Doré – n’a absolument rien à envier aux chefs-d’oeuvre plus emblématiques de Dino Risi et mérite d’être réhabilité.

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Test DVD / Les Deux fanfarons, réalisé par Enrico Oldoini

LES DEUX FANFARONS (Una botta di vita) réalisé par Enrico Oldoini, disponible en DVD depuis le 16 février 2022 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Alberto Sordi, Bernard Blier, Andréa Ferréol, Vittorio Caprioli, Alberto Sorrentino, Elena Falgheri, Josette Nieri, René Balangero…

Scénario : Liliane Betti, Enrico Oldoini, Agenore Incrocci & Alberto Sordi, d’après une histoire originale d’Aurelio Chiesa

Photographie : Giuseppe Ruzzolini

Musique : Manuel De Sica

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 1988

LE FILM

Un petit village d’Italie. C’est la mi-août et presque tout le monde est parti en vacances. Il reste quelques personnes du 3eme âge comme Mondardini et Battistini qui passent leurs soirées sous la fenêtre éclairée, d’une splendide jeune femme qui se douche. Mondardini, vieux provincial lettre et de bonne éducation, a une passion effrénée pour les femmes. Battistini petit fonctionnaire prétentieux, ne vit, lui, que pour les gueuletons et le bon vin. Bientôt, l’été a raison d’eux. Fatigués par la solitude, ils décident de partir, eux aussi et se rendent sur la Côte d’Azur. Débarquant à Saint-Tropez, ils ne tardent pas à faire connaissance de la charmante Germaine, au caractère bien trempé et indépendant. Les deux hommes vont tenter de la séduire…

Le titre français d’Une botta di vita, Les Deux fanfarons donc, surfe sur l’aura du chef d’oeuvre de Dino Risi, Le Fanfaron Il Sorpasso, y compris dans son histoire, avec cette balade en voiture de deux protagonistes, qui toutefois n’ont pas le même âge que Bruno et Roberto, immortalisés par Vittorio Gassman et Jean-Louis Trintignant. Dans le film d’Enrico Oldoini (né en 1946), nos deux héros ont 70 piges bien tassées et arrivent au bout de l’automne de leur existence. A l’écran ? Deux autres monstres et non des moindres, Bernard Blier (72 ans) et Alberto Sordi (68 ans), qui s’étaient déjà donné la réplique dans La Grande guerre La Grande guerra (1959) de Mario Monicelli, Chacun son alibi Crimen (1960) de Mario Camerini et dans Nos héros réussiront-ils à retrouver leur ami mystérieusement disparu en Afrique ?Riusciranno i nostri eroi a ritrovare l’amico misteriosamente scomparso in Africa? (1968) d’Ettore Scola. Si le générique peut annoncer une comédie à la Mex Pecas, il n’en est rien. Les Deux fanfarons est une fable douce-amère, non pas sur le passage du temps, mais sur les années qui ont passé et sur celui qui reste. Comme une dernière virée avant de tirer leur révérence, Mondardini (Blier) et Battistini (Sordi), se connaissent à peine, mais décident de prendre la route ensemble la fameuse journée du Ferragosto (le 15 août), puisque ces deux papys ont pour ainsi dire été abandonnés par leurs familles respectives, parties se dorer la pilule. Les Deux fanfarons est aussi troublant car il s’agit du dernier long-métrage sorti – en Italie du moins – du vivant de Bernard Blier, pour les fêtes de Noël 1988, tandis que les spectateurs français devront attendre octobre 1989 pour découvrir le séjour estival de nos deux trublions, soit plus de six mois après la disparition du comédien. Une botta di vita est une jolie surprise, sur laquelle on ne misait pas du tout au départ, qui nous cueille par sa mélancolie, son humour léger et par l’immense talent de ses deux têtes d’affiche, dont la complicité est aussi éclatante qu’évidente.

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Test DVD / Prends ta Rolls…et va pointer !, réalisé par Richard Balducci

PRENDS TA ROLLS…ET VA POINTER ! réalisé par Richard Balducci, disponible en DVD depuis le 16 mars 2022 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Jean Lefebvre, Micheline Luccioni, Patricia Elig, Marco Perrin, Jacques Ardouin, Henri Génès, Max Montavon, Bruna Giraldi, Gérard Hernandez, Maria Montalba, Fred Pasquali, Robert Dalban, Bouboule, Philippe Castelli, Jean Saudray…

Scénario : Richard Balducci & René Havard

Photographie : Marcel Combes

Musique : Gilles Tinayre

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 1981

LE FILM

Les Vignault partent en vacances dans le Roussillon, chez un cousin. Camille, le père, découvre par hasard au fond d’un garage une vieille voiture, qu’il achète à bas prix. La famille prend alors la route de l’Espagne, mais le véhicule tombe en panne dans une petite ville. Le garagiste découvre qu’il s’agit d’une Rolls Royce, un modèle unique de très grande valeur…

Tiens, cela faisait longtemps que nous ne nous étions pas fait un Jean Lefebvre movie ! Est-ce en raison de l’été enfin arrivé, qui annonce les sempiternelles rediffusions de la saga du Gendarme de Saint-Tropez ou celle de La Septième Compagnie ? L’envie de se refaire une bonne comédie franchouillarde, ou une mauvaise, mais à bon escient ? Besoin de se détendre ? Alors aujourd’hui ce sera Prends ta Rolls…et va pointer !, réalisé par le légendaire Richard Balucci (1922-2015). Celles et ceux qui voudraient en savoir plus sur la carrière de ce dernier, se reporteront sur notre article consacré à N’oublie pas ton père au vestiaire (1982), car cela mérite le détour. Prends ta Rolls…et va pointer ! sort justement durant les vacances estivales de cette heureuse année 1981, pendant que Sylvia Kristel attire plus d’un million de spectateurs avec L’Amant de lady Chatterley Lady Chatterley’s Lover de Just Jaeckin et juste avant les triomphes d’Alain Corneau avec Le Choix des armes et de Jean-Marie Poiré avec Les Hommes préfèrent les grosses. Le 12 août 1981, gros dilemme pour les cinéphiles…les affiches du Jour se lève et les conneries commencent… de Claude Mulot, des Folies d’Elodie d’André Génovès et de Prends ta Rolls…et va pointer ! sont encore mouillées par la colle fraîche. Près de 700.000 adeptes du gros rouge qui tâche viendront rire ou ronfler devant les aventures de Jean Lefebvre au volant de ses voitures britanniques. Plus de quarante ans après, comment percevoir ce divertissement ? Avec tendresse, nostalgie aussi sans doute. Moins nanardesque qu’il n’y paraît, Prends ta Rolls…et va pointer ! fonctionne comme road-movie nawak, qui sent parfois (souvent même) l’impro, où l’on imagine les deux scénaristes Richard Balducci et René Havard (Charlots Connection, Un merveilleux parfum d’oseille, Un taxi pour Tobrouk) se demander le matin ce qu’ils vont bien pouvoir donner à jouer à leur tête d’affiche. Évidemment, ce genre de spectacle est complètement obsolète et les gags éculés, mais on ne peut pas s’en empêcher, on garde une très grande affection pour Jean Lefebvre, son phrasé au ralenti, son regard de Droopy et sa tronche de poinçonneur du métro.

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Test DVD / Omicron, réalisé par Ugo Gregoretti

OMICRON réalisé par Ugo Gregoretti, disponible en DVD depuis le 26 janvier 2022 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Renato Salvatori, Rosemary Dexter, Franco Luzzi, Gaetano Quartararo, Mara Carisi, Giuliana Corbellini, Vittorio Calef, Ida Serasini…

Scénario : Ugo Gregoretti

Photographie : Carlo Di Palma

Musique : Piero Umiliani

Durée : 1h22

Date de sortie initiale : 1963

LE FILM

Un Omicron, une créature venue d’une autre planète, réanime le corps d’un ouvrier italien. Il prend alors sa place dans le monde, observant l’humanité et essayant de voir si la Terre ferait une satisfaisante terre d’accueil à sa race. Bien entendu, il ne va pas tarder à rencontrer des évènements inattendus et ressentir d’étranges sensations, comme l’amour…

Oh mon Dieu, Omicron est de retour !!! Sortez le gel hydroalcoolique, les vaccins, la chloroquine, Sibeth Ndiaye, Olivier Véran, Didier Raoult et toute la clique !!! Nan, en fait Omicron est une comédie de science-fiction sortie en 1963, réalisée par Ugo Gregoretti (1930-2019). Ce dernier reste connu des cinéphiles les plus pointus, pour avoir coréalisé la même année RoGoPaG, film à sketches sur la façon dont le monde moderne conditionne l’être humain, signé ROssellini, GOdard, PAsolini et donc Gregoretti. Vous aurez assemblé vous-mêmes les lettres capitales et donc compris ce titre énigmatique. Venu du documentaire et de la télévision, le réalisateur (également journaliste, auteur et intellectuel, créateur et directeur du Festival Città di Benevento) signe un véritable coup de maître avec Omicron, film de SF vintage, dont le seul effet spécial demeure son acteur principal, le formidable Renato Salvatori (la Trilogie Optimiste de Dino Risi, Les Granges brûlées, Queimada, Mariti in città, Le Pigeon…), qui livre une immense prestation burlesque, touchante, hilarante et très impressionnante. Évidemment, qui dit comédie italienne dit fable corrosive et la société capitaliste en prend pour son grade dans Omicron, grande découverte, pépite oubliée, trésor caché, bref précipitez-vous dessus !

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Test Blu-ray / La Menace, réalisé par Alain Corneau

LA MENACE réalisé par Alain Corneau, disponible en DVD et Blu-ray depuis le 21 novembre 2021 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Yves Montand, Carole Laure, Marie Dubois, Jean-François Balmer, Marc Eyraud, Roger Muni, Jacques Rispal, Michel Ruhl, Gabriel Gascon…

Scénario : Daniel Boulanger & Alain Corneau

Photographie : Pierre-William Glenn

Musique : Gerry Mulligan

Durée : 1h56

Date de sortie initiale : 1977

LE FILM

Dominique gère une société de transports routiers près de Bordeaux. Elle est assistée de son compagnon Henri. Mais leur relation tourne court lorsque le quinquagénaire s’éprend de Julie, une jeune Canadienne. Un soir, apprenant qu’Henri a rendez-vous avec Julie, Dominique s’y rend à sa place. Elle propose de l’argent à sa rivale pour qu’elle quitte la région. Le ton monte. Julie s’enfuit. Folle de jalousie, Dominique se suicide…

Après un premier long-métrage – France société anonyme – complètement foutraque, à la fois fascinant et terriblement assommant (euphémisme), Alain Corneau change son fusil d’épaule et signe un vrai coup de maître deux ans plus tard, Police Python 357, polar implacable et froid comme le platine, qui connaît un beau succès public, en attirant près d’1,5 million de spectateurs dans les salles en mars 1976. Metteur en scène et scénariste cinéphile, mais aussi cinéphage, Alain Corneau profite de cet engouement pour surfer sur la même recette et décide de remettre le couvert dès l’année suivante avec La Menace, également interprété par Yves Montand. Avec ce troisième film, le cinéaste prolonge ce qu’il avait entrepris avec Police Python 357, en poussant les curseurs, en asséchant aussi bien le fond que la forme, à la limite de l’abstraction. Moins ou mal considéré, c’est selon, La Menace n’en reste pas moins représentatif du cinéma « mathématiques », pour ne pas dire scientifique d’Alain Corneau, où tout y est carré, symétrique, glacé et pourtant fragile, car souvent fatal ou sans espoir de retour. Redoutablement pessimiste, ce polar sombre demeure essentiellement connu pour son dernier acte, quasiment dépourvu de dialogues, reposant entièrement sur le cadre, l’ambiance, une claustrophobie qui serre la gorge du spectateur jusqu’au dénouement entré dans l’histoire du cinéma.

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Test Blu-ray / Absolution, réalisé par Anthony Page

ABSOLUTION réalisé par Anthony Page, disponible en DVD et Blu-ray depuis le 21 octobre 2021 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Richard Burton, Dominic Guard, David Bradley, Billy Connolly, Andrew Keir, Willoughby Gray, Preston Lockwood…

Scénario : Anthony Shaffer

Photographie : John Coquillon

Musique : Stanley Myers

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 1978

LE FILM

Un prêtre sans compassion est enseignant dans une école militaire catholique. Un étudiant décide de lui jouer un tour et lui raconte, lors d’une confession, comment il a accidentellement assassiné un de ses amis et l’a enterré dans la forêt. Une blague morbide qui va se transformer en un meurtre sanglant, lorsque l’homme d’église décidera d’en savoir plus…

C’est un bijou méconnu, voire complètement oublié de l’épouvante britannique. Mais attention, point de sang, pas de gore, ni encore d’effets outranciers destinés à faire peur ! Absolution est l’une des rares incursions au cinéma du réalisateur Anthony Page (né en 1935), qui aura fait l’essentiel de sa carrière à la télévision, à travers des séries diverses (Z Cars, Middlemarch, Performance), mais surtout moult téléfilms comme Male of the Species (1969) avec Sean Connery et Michael Caine, Pueblo (1973) avec Hal Hholbrook et Ronny Cox, The Missiles of October (1974) avec William Devane et Martin Sheen, jusqu’à My Zinc Bed (2008), son dernier en date, interprété par Uma Thurman et Jonathan Price. A la fin des années 1970, le metteur en scène va enchaîner trois projets destinés à être exploités dans les salles, Jamais je ne t’ai promis un jardin de roses I Never Promised You a Rose Garden, avec Bibi Andersson, d’après un roman de Joanne Greenberg, The Lady Vanishes, remake du film d’Alfred Hitchcock, avec Elliott Gould et Cybill Shepherd, ainsi qu’Absolution, d’après un scénario d’Anthony Shaffer, tiré d’une de ses pièces de théâtre qui n’avait jamais vu le jour. Ce dernier n’est autre que l’auteur de Frenzy (1972), de Sleuth Le Limier (1972) de Joseph L. Mankiewicz, de The Wicker Man (1973) de Robin Hardy et de Mort sur le Nil Death on the Nile (1978) de John Guillermin. Dans Absolution, on retrouve cette implacable mécanique qui a fait le style reconnaissable du scénariste, qui prend le spectateur à la gorge d’entrée de jeu et qui ne fait que resserrer sa pression jusqu’au dénouement absolument ébouriffant. Magistralement interprété par Richard Burton (dans un rôle envisagé pour Christopher Lee), qui entamait alors la dernière partie de sa vie, puisqu’une hémorragie cérébrale l’emportera six ans plus tard à l’âge de 58 ans, Absolution demeure un modèle de thriller paranoïaque et psychologique teinté d’horreur, qui glace les sangs et qui marquera les esprits des cinéphiles qui s’y aventureront.

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Test DVD / L’Arbre de Noël, réalisé par Terence Young

L’ARBRE DE NOËL réalisé par Terence Young, disponible en DVD depuis le 22 novembre 2017 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : William Holden, Virna Lisi, Bourvil, Madeleine Damien, Mario Feliciani, Friedrich von Ledebur…

Scénario : Terence Young, d’après le roman éponyme de Michel Bataille

Photographie : Henri Alekan

Musique : Georges Auric

Durée : 1h44

Date de sortie initiale : 1969

LE FILM

Comme chaque année, depuis qu’il a perdu sa mère, Pascal revient à Paris pour passer les vacances avec son père Laurent. Ils partent en Corse, et au cours d’une promenade en mer, un avion explose au-dessus de leur embarcation et une bombe retenue par un parachute tombe lentement dans l’eau. Laurent décide de ramener Pascal à Paris pour lui faire subir des examens médicaux qui s’avèrent négatifs. Quelques jours plus tard, Pascal revient d’une promenade avec une marque bleuâtre à la tempe.

On l’a vu maintes fois à la télé, certains jeunes spectateurs ont même été traumatisés à vie à cause de ce film, tandis que leurs parents resserraient sur eux leurs étreintes, essayant de dissimuler leurs larmes en prétextant avoir une poussière dans l’oeil. L’Arbre de Noël, librement adapté du roman de Michel Bataille, sort sur les écrans français en octobre 1969, soit près d’un an avant le décès prématuré de Bourvil, qu’un cancer emportera à l’âge de 53 ans. S’il allait trouver son dernier rôle dramatique dans Le Cercle rouge, sa prestation dans L’Arbre de Noël restera son ultime composition bouleversante. Cette coproduction franco-italienne est réalisée par Terence Young, scénariste et metteur en scène britannique, évidemment célèbre pour avoir créé le personnage de James Bond au cinéma avec James Bond 007 contre Dr No Dr. No (1962) et contribué à élaborer l’une des franchises les plus lucratives de l’histoire du cinéma à travers Bons Baisers de Russie From Russia with Love (1963) et Opération Tonnerre Thunderball (1965). Installé dans le Sud de la France, Terence Young enchaîne les tournages et les années 1960 seront d’ailleurs pour lui les plus prolifiques. Après avoir passé le relais à ses confrères pour les futurs opus de 007, il signe la superproduction Opération Opium The Poppy Is Also a Flower (1966) et réunit un casting ahurissant, de Yul Brynner à Angie Dickinson en passant par Marcello Mastroianni et Trevor Howard, très vite suivi de Peyrol le boucanier L’Avventuriero avec Anthony Quinn et Rita Hayworth. Eclectique, il se montre tout aussi à l’aise dans le film d’aventure comme La Fantastique Histoire vraie d’Eddie Chapman Triple Cross que dans le thriller angoissant (le fantastique Seule dans la nuit Wait Until Dark avec Audrey Hepburn, Alan Arkin et Richard Crenna) et le drame historique (Mayerling, qui réunit rien de moins que Catherine Deneuve, Omar Sharif, James Mason et Ava Gardner). L’Arbre de Noël est un drame psychologique, sans doute l’un des films les plus connus du réalisateur, qui parvient à éviter le pathos dans lequel il aurait pu aisément se vautrer et qui repose sur le jeu de ses merveilleux comédiens, Bourvil donc, l’immense William Holden et la magnifique Virna Lisi.

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