Test Blu-ray / Ben, réalisé par Phil Karlson

BEN réalisé par Phil Karlson, disponible en DVD et Blu-ray le 17 mars 2020 chez ESC Editions.

Acteurs : Lee Montgomery, Joseph Campanella, Arthur O’Connell, Rosemary Murphy, Meredith Baxter, Kaz Garas, Paul Carr, Richard Van Vleet, Kenneth Tobey…

Scénario : Gilbert Ralston

Photographie : Russell Metty

Musique : Walter Scharf

Durée : 1h34

Date de sortie initiale : 1972

LE FILM

Ben, le chef des rats tueurs qui écument la ville à la recherche de chair fraîche va se lier d’amitié avec un jeune enfant, Danny. A travers ce climat de confiance qui s’installe entre eux, Danny va-t-il arriver à empêcher Ben est sa horde de rongeurs de dévaster la ville et de terroriser la population ?

Devant le succès inattendu de Willard, une suite est immédiatement envisagée et mise en route. Exit Daniel Mann et le comédien Bruce Davison, le personnage principal de cette séquelle (dans tous les sens du terme) sera le rat du premier film, Ben. Même s’il est peu emballé, le scénariste Gilbert Ralston, déjà à l’oeuvre sur Willard, est donc appelé pour reprendre l’histoire là où elle s’était arrêtée, ce qui lui fait d’ailleurs gagner cinq bonnes minutes, puisque entièrement reprises du film précédent. Mais force est de constater que Ben s’enlise dès ses premières séquences, très mal mises en scène. La réalisation, confiée au vieux briscard Phil Karlson, est au point mort, tout comme le jeu des acteurs, tous apathiques et figés, sans parler des très mauvais effets visuels avec des incrustations plus que médiocres qui finissent par avoir raison de notre patience. Et cela sans parler de l’irritant jeune comédien qui fait copain-copain avec ce cher Ben et son armée de rongeurs, qui se met à pousser à la chansonnette à plusieurs reprises pour mieux nous faire saigner les tympans. Ben est une suite atroce, qui se situe entre le navet et le nanar. Un gros « narvet » en quelque sorte.

David, un petit garçon solitaire d’une dizaine d’années vit avec sa mère et sa grande sœur. Tout irait pour le mieux s’il ne vivait constamment sous la menace d’une attaque cardiaque. Marginalisé par ses problèmes de cœur, il passe la plupart de son temps seul, dans un garage aménagé où il joue de la musique toute la journée et s’invente un monde imaginaire. Très vite il devient ami avec Ben, un rat intelligent, qui a trouvé refuge parmi ses jouets. Mais voilà, Ben est le chef de la horde de rongeurs tueurs écumant la ville et terrorisant la population locale. L’amitié du petit garçon saura-t-elle venir à bout des velléités destructrices du nuisible aux canines acérées ?

Phil Karlson (1908-1985), spécialiste des séries B, à qui l’on doit Le Quatrième homme (1952), L’Affaire de la 99ème rue (1953), On ne joue pas avec le crime (1955), ou bien encore Coincée (1955), a presque trente ans de carrière derrière lui quand il accepte de réaliser Ben, qui sera alors son antépénultième long métrage. Ayant anciennement prouvé son aisance à mettre en scène des westerns (La Poursuite des Tuniques Bleues, Le Salaire de la violence, La Tuée sanglante, L’Etalon sauvage), le cinéaste dirige ses personnages de flics comme des cowboys dans Ben. Des partis pris en décalage avec le récit qui entraînent inévitablement quelques rires. Rien ou presque ne fonctionne dans Ben. Le rythme est inexistant, les protagonistes jamais intéressants, les rats ont beau être surmultipliés par rapport à Willard, on ne ressent jamais leur présence et encore moins le danger qu’ils peuvent inspirer. Même chose, on a beaucoup de mal à croire que la photographie, particulièrement laide, est le fruit du travail du pourtant immense Russell Metty.

Tandis que Bruce Davison composait un personnage attachant, que l’on suivait et observait tomber dans la folie, Ben se focalise sur un petit garçon, Lee Montgomery, jeune comédien qui avait alors le vent en poupe (il est au passage excellent dans Trauma de Dan Curtis), qui campe Danny, tout juste sorti de l’hôpital où il a subi une opération à coeur ouvert. Si l’on s’attend à voir un petit garçon devenir démoniaque au contact des rongeurs, on déchante rapidement, car Danny passe en fait son temps à jouer aux marionnettes, à chanter, à jouer de l’harmonica ou bien encore à parler de tout et de rien (de rien surtout) avec son nouvel ami Ben. Si le film possède une petite renommée, ce n’est en aucun cas en raison de sa réussite, mais pour la chanson éponyme interprétée dans le générique de fin par Michael Jackson (également le titre de son deuxième album solo), classée numéro 1 au Billboard Hot 100, qui remporte ensuite le Golden Globe de la meilleure chanson originale en 1973, ainsi qu’une nomination aux Oscar. Conscients de la portée de cette chanson, les producteurs (dont Bing Crosby) décident de la faire fredonner par Danny à plusieurs reprises (la scène au piano est un vrai calvaire), avant de clôturer le film.

Mais cela ne sauve en rien Ben, piteuse suite, mièvre et soporifique, le « rat » du bitume, qui n’arrive pas à la cheville de Willard. Devant le succès très mitigé de ce second épisode, un troisième opus – déjà en pourparlers – est alors annulé et c’est tant mieux.

LE BLU-RAY

Comme Willard, Ben intègre la collection « Trésors du fantastique », anciennement éditée par ESC Distribution sous la bannière de Movinside. ESC Editions est ici l’éditeur à part entière. Le visuel est soigné et le menu principal animé sur une séquence du film.

Qu’est-il arrivé au jeune Lee Montgomery après Ben et surtout Trauma de Dan Curtis ? Né en 1961 et donc âgé de dix ans au moment du tournage de Ben, le comédien revient sur son casting, sur les conditions de tournage et sur ses partenaires, rongeurs ou non (9′).

Ne comptez pas sur Marc Toullec pour dire que Ben est un gros navet, ce n’est pas trop son genre. En revanche, si vous désirez en savoir plus sur la mise en route du film, sur le casting, sur le réalisateur, sur les effets spéciaux et d’autres éléments, alors vous avez sonné à la bonne porte, même si on pourra toujours reprocher à Marc Toullec de lire son texte comme une mauvaise speakerine (15’).

L’interactivité se clôt sur quelques spots TV et la bande-annonce d’époque, étrangement mieux définie et claire que la copie présentée par ESC Editions.

L’Image et le son

Fuyez, pauvres fous ! Cette édition n’a rien de « Haute-Définition » et le master proposé est en tous point hideux. La gestion du grain est aux pâquerettes, les détails sont inexistants, tout comme le piqué, les points blancs et autres poussières sont présents tout du long, les visages sont blafards, l’image instable. On continue ? Les couleurs sont complètement fanées, le piqué émoussé, les séquences à effets spéciaux font pleurer des larmes de sang et les inserts sur les rats sont encore plus grumeleux que le reste. Tout cela, sans parler des plans flous, bref ce Blu-ray est à fuir.

Privilégiez évidemment la version originale, plus dynamique et fluide. La version française est d’ailleurs nettement plus sourde et manque de peps. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © ESC Editions / ESC Distribution / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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