Test Blu-ray / The Game, réalisé par David Fincher

THE GAME réalisé par David Fincher, disponible en Blu-ray le 3 novembre 2020 chez L’Atelier d’Images.

Acteurs : Michael Douglas, Sean Penn, Carroll Baker, Deborah Kara Unger, Armin Mueller-Stahl, James Rebhorn, Peter Donat…

Scénario : John Brancato & Michael Ferris

Photographie : Harris Savides

Musique : Howard Shore

Durée : 2h09

Date de sortie initiale : 1997

LE FILM

Nicholas Van Orton, un richissime homme d’affaires reçoit comme cadeau d’anniversaire de la part de son frère Conrad une invitation à participer à un jeu d’un genre nouveau. D’abord sceptique, il se laisse tenter par cette aventure. Cette partie se révèle être un engrenage aux mécanismes diaboliques…

Durant de longues années, The Game a probablement été le film le plus mal aimé de David Fincher. Peut-être parce que le réalisateur était attendu au tournant après le triomphe international de Se7en (330 millions de dollars de recette, 100 millions rien qu’aux Etats-Unis et 5 millions d’entrées en France), son véritable premier long-métrage puisque l’intéressé avait déjà renié Alien 3, monté, puis remonté par les producteurs sans son accord. Rétrospectivement, The Game est l’un des meilleurs opus du cinéaste et surpasse même quelques autres de ses films acclamés, comme Zodiac (2007), L’Étrange Histoire de Benjamin Button (2008), The Social Network (2010) et Gone Girl (2014). The Game, c’est comme qui dirait le bijou dissimulé dans l’écrin de la carrière du metteur en scène, celui qui condense tout son amour pour le cinéma classique hollywoodien et dans lequel apparaissent clairement toutes ses obsessions. Certes, la fin a été largement décriée et le sera probablement toujours, mais ce thriller paranoïaque teinté d’humour noir demeure pourtant un très grand film, que certains qualifieront de « malade », comme le disait François Truffaut : « Un grand film malade, ce n’est rien d’autre qu’un chef-d’œuvre avorté, une entreprise ambitieuse qui a souffert d’erreurs de parcours : un beau scénario intournable, un casting inadéquat, un tournage empoisonné par la haine ou aveuglé par l’amour, un trop fort décalage entre intention et exécution, un enlisement sournois ou une exaltation trompeuse. Cette notion de “grand film malade” ne peut s’appliquer évidemment qu’à de très bons metteurs en scènes, à ceux qui ont démontré dans d’autres circonstances qu’ils pouvaient atteindre la perfection. ». Le mot malade pourrait être adapté pour la conclusion de The Game, mais tout le reste est de haut niveau, en particulier l’interprétation de Michael Douglas, immense, qui trouvait ici l’un de ses plus grands rôles des années 1990, aux côtés de Basic Instinct (1992) de Paul Verhoeven et Chute libreFalling Down (1993) de Joel Schumacher. Tout cela pour dire qu’on ne cesse de redécouvrir The Game et que même l’effet « dérangeant » du dernier acte (on reparle de celui de Fight Club d’ailleurs ?) s’est estompé pour au final dévoiler à ceux qui se voilaient la face jusqu’alors qu’il s’agit bel et bien d’un chef d’oeuvre.

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Test DVD / Les Rôdeurs de l’aube, réalisé par Tim Whelan

LES RÔDEURS DE L’AUBE (Rage at Dawn) réalisé par Tim Whelan, disponible en DVD le 1er décembre 2020 chez Artus Films.

Acteurs : Forrest Tucker, Randolph Scott, Mala Powers, J. Carrol Naish, Edgar Buchanan, William Forrest…

Scénario : Horace McCoy, d’après une histoire de Frank Gruber

Photographie : Ray Rennahan

Musique : Paul Sawtell

Durée : 1h23

Année de sortie : 1955

LE FILM

En 1866, dans le sud de l’Indiana, le gang des frères Reno terrorise la région en braquant des banques et pillant des trains, avec la complicité de notables locaux qui ferment les yeux sur leurs activités, prenant au passage leur « commission ». Les habitants du secteur, lassés de cette situation, font appel à l’agence de détectives Pinkerton qui dépêche un de ses agents. Les renseignements recueillis permettent d’organiser un guet-apens lors d’une nouvelle attaque de banque, mais les frères Reno en réchappent (sauf un qui est tué). Ils découvrent peu après que l’agent en question est le barman Murphy et l’assassinent. L’agence envoie alors un nouvel homme, James Barlow, qui parvient à infiltrer le gang en courtisant la sœur des Reno, Laura, et en se faisant lui-même passer pour un braqueur…

Vous n’aviez jamais entendu parler des frères Reno ? Non, rien à voir avec Jean, mais comme les spécialistes du Far-West pourront vous le dire, ainsi qu’un carton au début du film qui nous intéresse aujourd’hui, les frères Reno, Clint fermier respecté, Frank, Simeon, John et Bill demeurent célèbres pour avoir été les premiers voleurs de train de l’histoire des Etats-Unis. Pillant, brûlant et tuant, la bande a parcouru les états frontaliers du Midwest, ouvrant la voie aux grands gangs de hors-la-loi, plus connus pour le coup, les frères James, les frères Dalton et les Younger. Sur une histoire signée Horace McCoy, l’auteur du légendaire On achève bien les chevaux et scénariste (Gentleman Jim de Raoul Walsh, Le Fauve en liberté de Gordon Douglas et Les Indomptables de Nicholas Ray), inspirée d’un récit du spécialiste du roman policier et du western Frank Gruber, le réalisateur Tim Whelan livre pour la RKO un petit film bien emballé, toujours aussi divertissant 65 ans après. Il offre aussi à Randolph Scott l’un des derniers rôles à l’écran et qui s’avère impeccable dans la peau du dénommé Barlow, un agent fédéral qui se fait passer pour un hors-la-loi, afin de gagner la confiance des frères et des bureaucrates pourris. Cela se complique avec la compassion qu’éprouve Barlow pour Laura, la soeur des Reno, qui tient la maison à contre-coeur. La tension monte alors que la bande s’apprête un coup pour attaquer un train.

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Test Blu-ray / Les Contes merveilleux par Ray Harryhausen, réalisé par Ray Harryhausen

LES CONTES MERVEILLEUX PAR RAY HARRYHAUSEN réalisé par Ray Harryhausen, disponible en DVD et Blu-ray le 2 décembre 2020 chez Carlotta Films.

Voix en VO : James Matthews, Hugh Douglas, Del Moore, Gary Owens…

Scénario : Charlott Knight

Photographie : Ray Harryhausen & Jerome Wray

Musique : Heinz Roemheld

Durée : 0h52

Date de sortie initiale : 1949

LE PROGRAMME

Dans cette série de courts métrages réalisés en stop motion (animation de marionnettes image par image), Ray Harryhausen nous invite à redécouvrir plusieurs contes célèbres de la littérature pour enfants : Le Petit Chaperon rouge, Hansel et Gretel, Raiponce, Le Roi Midas ou encore Le Lièvre et la Tortue… Tous ces fameux personnages prennent vie comme par magie grâce au talent unique de Ray Harryhausen, grand maître du cinéma d’animation et des effets spéciaux.

Nous avons beaucoup parlé dernièrement des œuvres Ray Harryhausen (1920-2013) à travers nos chroniques complètes – que nous vous invitons à (re)découvrir – consacrées au Monstre Vient de la MerIt Came from Beneath the Sea (1955), Les Soucoupes Volantes AttaquentEarth vs. the Flying Saucers (1956), À des Millions de Kilomètres de la Terre20 Million Miles to Earth (1957) et Les Premiers Hommes dans la LuneFirst Men in the Moon (1964). L’année 2020 se clôt en beauté (on ne parle pas des conditions sanitaires hein) avec l’apparition dans les bacs des Contes merveilleux par Ray Harryhausen, autrement dit les premiers films réalisés par le maître de l’animation. C’est au sortir de la Seconde Guerre Mondiale que Ray Harryhausen pose les fondements esthétiques de ses oeuvres à venir qui inspireront, entre autres, l’univers de Star Wars. Optant pour une narration en voix off, le créateur des effets spéciaux légendaires de Jason et les Argonautes  réalise ces cinq « contes merveilleux » à l’aide de marionnettes articulées selon les principes de la stop-motion, dont l’americain va devenir la référence absolue.

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Test DVD / Daniel Boone, l’invincible trappeur, réalisé par Albert C. Gannaway & Ismael Rodríguez

DANIEL BOONE, L’INVINCIBLE TRAPPEUR (Daniel Boone, Trail Blazer) réalisé par Albert C. Gannaway & Ismael Rodríguez, disponible en DVD le 1er décembre 2020 chez Artus Films.

Acteurs : Bruce Bennett, Lon Chaney Jr., Faron Young, Kem Dibbs, Damian O’Flynn, Jacqueline Evans, Nancy Rodman, Freddy Fernández…

Scénario : Tom Hubbard & John Patrick

Photographie : Jack Draper

Musique : Raúl Lavista

Durée : 1h15

Année de sortie : 1956

LE FILM

Vers la fin du 18ème siècle, un groupe de pionniers s’installe dans le Kentucky avec le soutien du célèbre trappeur Daniel Boone. Cette intrusion suscite la colère des indiens Shawnees, mal conseillés par un anglais vindicatif qui déteste Boone. Le trappeur qui entretient de longue date des liens amicaux avec Black Fish le grand chef Shawnee va tenter de mettre un terme aux massacres des colons.

Daniel Boone (1734-1820) est une icône de l’histoire américaine, dont la légende a comme bien souvent enjolivé la vie et les actes. Considéré comme étant le premier héros de l’histoire des Etats-Unis, les exploits de l’explorateur et pionnier de la colonisation de l’Amérique du Nord ont très tôt inspiré la littérature et le cinéma, y compris le légendaire roman de James Fenimore Cooper, Le Dernier des Mohicans, publié en 1826. C’est dire si l’histoire de Daniel Boone fait partie du folklore américain. Sur le grand écran, George O’Brien l’a interprété en 1936 dans un film qui porte le nom de son héros et réalisé par David Howard. Mais celui qui nous intéresse aujourd’hui date de 1956 et on y retrouve Bruce Bennett dans la peau du trappeur, plongé dans l’état du Kentucky, une contrée sauvage qui en dialecte indien signifie « terre sombre et sanglante ». Le comédien s’en sort très bien dans la peau de Daniel Boone, dont le courage est sans cesse loué par ses camarades, ses enfants et sa femme qui semble constamment en état d’hypnose rien qu’en le regardant. Tout irait pour le mieux pour tous ces colons, mais voilà ces territoires hostiles sont encore marqués par la présence d’Indiens qui peinent à accepter la présence de l’homme blanc qui bâtit des villes là où ils chassaient avant leur arrivée. Bref, vous l’aurez compris, les Indiens, alliés ici aux Anglais qui leur fournissent des armes, ne veulent pas se laisser faire par les colons, même si Daniel Boone s’évertue à leur dire que « l’homme blanc est ici pour faire ami et aider Indiens ». Mais ces derniers attaqueront le fort de Daniel Boone, qui de son côté ripostera avec ses camarades en leur tirant dessus, tout en gardant le sourire et en prenant cette attaque – et ce génocide – comme un entraînement au tir.

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Test Blu-ray / Le Lion et le Vent, réalisé par John Milius

LE LION ET LE VENT (The Wind and the Lion) réalisé par John Milius, disponible en Édition Mediabook Collector Blu-ray + DVD le 21 octobre 2020 chez Rimini Editions.

Acteurs : Sean Connery, Candice Bergen, Brian Keith, John Huston, Geoffrey Lewis, Steve Kanaly, Vladek Sheybal, Nadim Sawalha, Roy Jenson, Deborah Baxter…

Scénario : John Milius

Photographie : Billy Williams

Musique : Jerry Goldsmith

Durée : 1h55

Date de sortie initiale : 1975

LE FILM

Maroc, 1904. Le chef berbère El-Raisuli enlève Eden Perdicaris, une citoyenne américaine, et ses deux enfants. Par cet enlèvement, il veut provoquer un incident diplomatique et s’opposer au sultan Abdelaziz, qu’il juge corrompu.

Né en 1944, John Milius, militariste (et anarchiste zen) qui n’a pas pu s’engager dans l’armée dans les années 1960 pour des problèmes de santé, se tourne finalement vers le cinéma et devient très vite scénariste. Son style virulent tape dans l’oeil de certains réalisateurs et son nom apparaît au générique (ou pas) de chefs-d’oeuvre comme L’Inspecteur Harry, Jeremiah Johnson, Magnum Force, Apocalypse Now. Passé à la mise en scène en 1973 avec Dillinger avec le grand Warren Oates dans le rôle-titre, John Milius offre à Arnold Schwarzenegger son premier rôle mythique dans Conan le Barbare en 1982. Mais avant cela, son second long-métrage, Le Lion et le VentThe Wind and the Lion, rend compte de sa cinéphilie et de son amour pour le cinéma classique. Le cinéaste émerveillé par les armes à feu et l’autodéfense souhaite avec ce film laisser libre cours à ses fantasmes armés jusqu’aux dents (ou à l’arme blanche), comme il le fera plus tard avec L’Aube rouge, dans lequel les Etats-Unis se trouvent un beau matin pris d’assaut par des soldats Soviétiques alliés aux Cubains et où des jeunes adolescents américains n’hésitent pas à prendre les armes pour en faire voir des vertes et des pas mûres à ces buveurs de vodka ! Dans Le Lion et le Vent, inspiré par un fait divers authentique, mais remanié à la sauce Milius, des puissances s’affrontent, le Maroc contre le pays de l’Oncle Sam. Comme bon nombre des films auxquels John Milius a apporté sa plume, il est souvent nécessaire de laisser le côté politique (souvent ambivalent il faut bien le dire) au risque de ne pas apprécier ses films, qui sont avant tout des divertissements rudement bien emballés, comme c’est le cas de ce Lion et le Vent, porté par un souffle romanesque indéniable, la composition enivrante du maestro Jerry Goldsmith et le charisme hors du commun de Sean Connery. John Milius dispose d’un budget conséquent et les scènes d’action restent marquées par quelques éclats de violence brute.

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Test Blu-ray / La Dernière fanfare, réalisé par John Ford

LA DERNIÈRE FANFARE (The Last Hurrah) réalisé par John Ford, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livre le 20 octobre 2020 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Spencer Tracy, Jeffrey Hunter, Dianne Foster, Pat O’Brien, Basil Rathbone, Donald Crisp, James Gleason, Edward Brophy…

Scénario : Frank S. Nugent d’après le roman The Last hurrah d’Edwin O’Connor

Photographie : Charles Lawton Jr.

Durée : 2h01

Date de sortie initiale : 1958

LE FILM

Maire d’une ville de la Nouvelle Angleterre, le roublard Frank Skeffington brigue un cinquième mandat. Il se lance dans une campagne féroce au terme de laquelle, il est donné perdant. Avec contre lui, un candidat supporté par les grands industriels de la région et un autre, plus jeune, qui utilise des moyens modernes, Skeffington ne s’avoue pourtant pas vaincu…

C’est un bijou complètement méconnu, rare et jusqu’alors difficile à trouver en DVD et Blu-ray. La Dernière fanfareThe Last Hurrah (1958) est un autre chef d’oeuvre insoupçonné dans l’immense et prolifique carrière de John Martin Feeneya, dit John Ford (1894-1973). A la fin des années 1950, le cinéaste avoisine les 65 ans et sent le vent tourner. S’il a plus de cent films à son actif (rappelons qu’il a fait ses débuts au cinéma en 1917), John Ford ne peut que constater que les spectateurs se détournent des grandes salles et préfèrent rester chez eux, devant la télévision. L’année d’Inspecteur de serviceGideon’s Day, il réalise La Dernière fanfare, qui annonce la dernière partie de l’oeuvre du metteur en scène, placée sous le signe de l’adieu aux héros, de la mélancolie et de la nostalgie. A travers le roman d’Edwin O’Connor (qui obtiendra le prix Pulitzer en 1962 pour L’Instant de véritéThe Edge of Sadness), inspiré par l’histoire de James Michael Curley, maire de Boston, John Ford se reconnaît à travers le personnage de Frank Skeffington, vieux briscard qui a oeuvré toute sa vie pour sa ville et qui se retrouve contre toute attente viré de ses fonctions après avoir brigué un ultime mandat de maire. La Dernière fanfare n’est finalement pas celle de la victoire, mais celle qui retentit après que le couperet soit tombé, comme la parade d’une mort annoncée. Dans le rôle principal, Spencer Tracy, qui n’apparaîtra plus que cinq fois au cinéma après ce film, trouve ici l’un des plus beaux et l’un des plus grands rôles de sa vie, 28 ans après Up the River (1930), sa première collaboration avec John Ford. Quand on demandait au réalisateur de s’exprimer sur La Dernière fanfare, qu’il avait lui-même produit, John Ford préférait couper court ou demandait directement à passer à la question suivante. Sans doute parce qu’il s’agissait de son film le plus personnel (pour lequel il avait rappelé certains comédiens et amis, qui effectuaient ici leur dernier tour de piste), dans lequel il s’était totalement projeté et qu’il ne trouvait rien à redire dessus puisqu’il s’était déjà livré à travers le personnage principal. Autant dire que The Last Hurrah est à (re)découvrir immédiatement.

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Test Blu-ray / Rio Grande, réalisé par John Ford

RIO GRANDE réalisé par John Ford, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livre le 15 septembre 2020 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : John Wayne, Maureen O’Hara, Ben Johnson, Claude Jarman Jr., Harry Carey Jr., Chill Wills, J. Carrol Naish, Victor McLaglen…

Scénario : James Kevin McGuinness d’après une nouvelle de James Warner Bellah

Photographie : Bert Glennon

Musique : Victor Young

Durée : 1h45

Date de sortie initiale : 1950

LE FILM

Peu après la guerre de Sécession, l’attention se tourne vers les indiens apaches. L’officier Kirby York est en charge de l’entraînement de 15 nouvelles recrues parmi lesquelles se trouve son fils qu’il n’a pas vu depuis 15 ans. Alors qu’il entraîne son fils à se battre contre les apaches, Kirby voit arriver la mère de celui-ci qu’il n’a pas vu non plus depuis des années…

Herbert J. Yates, producteur et surtout fondateur et président de Republic Pictures était très clair sur un point. Si John Ford voulait réaliser L’Homme tranquilleThe Quiet Man, film qui lui tenait à coeur et qu’il n’arrivait pas à financer, alors le cinéaste devra lui livrer un western avec John Wayne – ce qui devrait en toute logique largement remplir le tiroir-caisse – avant de se lancer dans sa « petite histoire irlandaise ridicule » à laquelle personne ne croyait. Si ce qui deviendra finalement Rio Grande demeure une œuvre de commande dans la filmographie de John Ford, le film rapportera moins que L’Homme tranquille. En comptant les figurations non créditées au générique du comédien, alors Rio Grande est la quatorzième collaboration entre le réalisateur et John Wayne. Un an après La Charge héroïque, les deux hommes n’avaient pas prévu de remettre immédiatement le couvert pour un autre western, mais puisqu’il fallait en passer par là pour mettre en route L’Homme tranquille, les deux complices sont bien obligés d’aller au casse-pipe. S’il est souvent considéré comme étant un opus mineur dans la carrière prolifique de John Ford, Rio Grande est pourtant un western splendide, profondément humain, qui privilégie les personnages au détriment des scènes d’attaques. Ce troisième volet de la trilogie dite de « la cavalerie », jusqu’ici composée du Massacre de Fort Apache (1948) et La Charge héroïque (1949), n’a rien d’un « petit » film et s’avère même un immense spectacle, magistralement mis en scène et porté par le couple splendide John Wayne et Maureen O’Hara (Qu’elle était verte ma vallée), réunis pour la première fois au cinéma et dont l’alchimie était telle que les deux comédiens se retrouveront à plusieurs reprises, dans L’Homme tranquille (1952) et L’Aigle vole au soleil (1957) de John Ford, Le Grand McLintock (1963) d’Andrew V. McLaglen (sur lequel John Ford assura la mise en scène de quelques séquences durant une courte convalescence de son confrère) et Big Jake (1971) de George Sherman et John Wayne lui-même.

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Test Blu-ray / Madre, réalisé par Rodrigo Sorogoyen

LE PACTE réalisé par Rodrigo Sorogoyen, disponible en DVD et Blu-ray le 2 décembre 2020 chez Le Pacte.

Acteurs : Marta Nieto, Jules Porier, Alex Brendemühl, Anne Consigny, Frédéric Pierrot, Guillaume Arnault, Raúl Prieto, Blanca Apilánez…

Scénario : Isabel Peña & Rodrigo Sorogoyen

Photographie : Alejandro de Pablo

Musique : Olivier Arson

Durée : 2h09

Date de sortie initiale : 2020

LE FILM

Dix ans se sont écoulés depuis que le fils d’Elena, alors âgé de 6 ans, a disparu. Dix ans depuis ce coup de téléphone où seul et perdu sur une plage des Landes, il lui disait qu’il ne trouvait plus son père. Aujourd’hui, Elena y vit et y travaille dans un restaurant de bord de mer. Dévastée depuis ce tragique épisode, sa vie suit son cours tant bien que mal. Jusqu’à ce jour où elle rencontre un adolescent qui lui rappelle furieusement son fils disparu…

Tandis que nous rédigions notre chronique consacrée à El Reino, le cinéaste Rodrigo Sorogoyen mettait déjà une touche finale à son nouveau film, Madre. Révélation de l’année 2016, le réalisateur né à Madrid en 1981, avait conquis la critique et les spectateurs avec son premier long métrage réalisé en solo, Que Dios nos perdone. Après 8 citas (2008) et Stockholm (2013), qu’il avait respectivement cosigné avec Peris Romano et Borja Soler, Rodrigo Sorogoyen avait bien fait de voler de ses propres ailes puisqu’El Reino était un nouveau coup de maître, coécrit une fois de plus avec Isabel Peña, complice du réalisateur depuis plus de dix ans et qui avaient déjà collaboré sur les séries Impares (2008) et La pecera de Eva (2010). Après avoir dominé la cérémonie des Goya en remportant sept Prix, y compris ceux du meilleur réalisateur, scénario original et acteur pour El Reino, Madre confirme non seulement la singularité du cinéaste, mais aussi et surtout qu’il est assurément l’un des plus grands metteurs en scène européens en activité. Loin de la folle énergie d’El Reino et de sa plongée viscérale dans un bocal de piranhas, autrement dit dans le monde des politiciens véreux et corrompus, Madre est un drame psychologique puissant, dont la douceur de la réalisation contraste avec la tempête qui sévit dans la tête de son personnage principal.

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Test Blu-ray / Été 85, réalisé par François Ozon

ÉTÉ 85 réalisé par François Ozon, disponible en DVD et Blu-ray le 17 novembre 2020 chez Diaphana.

Acteurs : Félix Lefebvre, Benjamin Voisin, Philippine Velge, Valeria Bruni Tedeschi, Melvil Poupaud, Isabelle Nanty, Laurent Fernandez, Aurore Broutin…

Scénario : François Ozon, d’après le roman La Danse du coucou (Dance on My Grave) d’Aidan Chambers

Photographie : Hichame Alaouie

Musique : Jean-Benoît Dunckel

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 2020

LE FILM

L’été de ses 16 ans, Alexis, lors d’une sortie en mer sur la côte normande, est sauvé héroïquement du naufrage par David, 18 ans. Alexis vient de rencontrer l’ami de ses rêves. Mais le rêve durera-t-il plus qu’un été ? L’été 85…

Dix-neuvième long-métrage réalisé par François Ozon en un peu plus de vingt ans, Été 85 démontre une fois de plus l’inspiration du cinéaste. A raison de quasiment un film par an, le cinéaste de Sous le sable (2000), Huit femmes (2001), Swimming Pool (2003), Potiche (2010) et dernièrement du formidable Grâce à Dieu (2018) livre une chronique adolescente et se penche sur « la première fois », les premiers émois, probablement le premier rapport sexuel, le premier deuil. Alors forcément, on ne peut s’empêcher de penser au somptueux Call Me by Your Name, réalisé par Luca Guadagnino et adaptation du roman éponyme d’André Aciman, mais François Ozon parvient à échapper au copier-coller en s’appropriant tout d’abord le livre La Danse du coucouDance on My Grave d’Aidan Chambers, puis en s’inspirant de ses propres souvenirs d’adolescence. Certes, Été 85 n’a pas la même force que ses autres films à l’instar de 5×2 (2004) et Jeune et jolie (2013), mais force est de constater une fois de plus que François Ozon est et demeure l’un de nos metteurs en scène et auteurs les plus doués de sa génération et probablement l’un des plus importants du cinéma français de la deuxième moitié du XXe siècle.

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Test DVD / Voir le jour, réalisé par Marion Laine

VOIR LE JOUR réalisé par Marion Laine, disponible en DVD le 1er décembre 2020 chez Pyramide Vidéo.

Acteurs : Aure Atika, Sandrine Bonnaire, Kenza Fortas, Elsa Madeleine, Brigitte Roüan, Sarah Stern, Lucie Fagedet, Nadège Beausson-Diagne, Stéphane Debac, Claire Dumas, Alice Botté…

Scénario : Marion Laine, d’après le roman Chambre 2 de Julie Bonnie

Photographie : Brice Pancot

Musique : Béatrice Thiriet

Durée : 1h31

Date de sortie initiale : 2020

LE FILM

Jeanne travaille comme auxiliaire dans une maternité de Marseille. Nuit et jour, Jeanne et ses collègues se battent pour défendre les mères et leurs bébés face au manque d’effectif et à la pression permanente de leur direction. Jeanne vit avec Zoé, sa fille de 18 ans, qu’elle élève seule. Lorsqu’un drame survient à la maternité et que Zoé part étudier à Paris, le passé secret de Jeanne resurgit soudain et la pousse à affirmer ses choix de vie.

Tout d’abord comédienne, vue dans quelques séries made in TF1 (Navarro, Julie Lescaut, Les Cordier, juge et flic), Marion Laine passe à la mise en scène et après quelques courts livre son premier long-métrage en 2008, Un coeur simple. Dans cette adaptation de la nouvelle homonyme de Gustave Flaubert publiée en 1877 dans le recueil Trois Contes, la réalisatrice dirigeait Sandrine Bonnaire, Marina Foïs et Noémie Lvovsky. Avec son deuxième film, A coeur ouvert, Marion Laine décevait avec sa transposition du second roman de Mathias Enard, Remonter l’Orénoque, publié en 2005, un film guère réussi en dépit de la réunion de deux beaux comédiens, Juliette Binoche et Édgar Ramírez, et ce en raison d’un scénario mal écrit et caricatural, une mise en scène jamais convaincante, des scènes souvent ridicules et une interprétation trop « excessive ». La cinéaste rectifie enfin le tir avec Voir le jour, sans aucun doute son plus beau film à ce jour, pour lequel elle retrouve Sandrine Bonnaire une troisième fois après le téléfilm Ce soir-là et les jours d’après qui traitait des attentats de novembre 2015.

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