Test Blu-ray / Farang, réalisé par Xavier Gens

FARANG réalisé par Xavier Gens, disponible en DVD & Blu-ray le 8 novembre 2023 chez Studiocanal.

Acteurs : Nassim Lyes, Loryn Nounay, Olivier Gourmet, Chananticha Tang-Kwa, Vithaya Pansringarm, Sahajak Boonthanakit, Yothin Udomsanti, Boonsong Nakphoo…

Scénario : Xavier Gens, Magali Rossitto, Stéphane Cabel & Guillaume Lemans

Photographie : Gilles Porte

Musique : Jean-Pierre Taïeb

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Sam est un détenu exemplaire. À quelques mois de sa sortie de prison, il prépare assidûment sa réinsertion. Lors d’une permission, son passé le rattrape et un accident ne lui laisse qu’un seul choix : la fuite. Cinq ans plus tard, il a refait sa vie en Thaïlande, où il a fondé la famille dont il a toujours rêvé. Mais Narong, le parrain local, l’oblige à plonger à nouveau dans la délinquance. Quand Sam veut tout arrêter, Narong s’attaque à sa famille… Sam va traverser la Thaïlande pour se venger de son bourreau.

C’est du brutal comme dirait l’autre. Xavier Gens revient en forme avec Farang, son septième long-métrage, thriller d’action très violent, sanglant, pour ne pas dire gore dans certaines séquences, qui s’impose d’ores et déjà comme l’un des indispensables de l’année 2023. Après avoir bossé sur plusieurs épisodes de la série Gangs of London, créée par Gareth Evans, le réalisateur qui nous avait déjà récemment captivé avec son formidable Cold Skin et bien fait marrer avec son unique comédie Budapest, déploie une sacrée maturité de mise en scène, nourrie de sa collaboration avec le cinéaste de The Raid et de sa suite. Car Farang est on peut le dire « un putain de bon film d’action », très contemporain dans sa forme, avec cependant un montage toujours lisible et percutant, mais qui renvoie aussi au genre des années 1980-90, le cinéma HK bien sûr, mais également celui de Jean-Claude Van Damme et consorts que les spectateurs allaient voir pour se rincer le cerveau. Magistralement réalisé, mené sans aucun temps mort pendant 1h40, Farang révèle aussi et surtout un comédien au charisme magnétique et exceptionnel dans les scènes de bastons (on se souviendra longtemps de l’époustouflante et immersive scène de l’ascenseur), Nassim Lyes, vu dans le sensible 16 ans de Philippe Lioret (mais aussi dans le navrant Kandisha du tandem Maury/Bustillo, mais mieux vaut oublier), qui avait démarré au cinéma en 2011 dans le méconnu Mineurs 27 de Tristan Aurouet, aux côtés de Jean-Hugues Anglade et Gilles Lellouche. Si celui-ci aura aussi bossé avec Nicolas Boukhrief (Made in France) et Olivier Marchal (Overdose), il lui aura fallu attendre l’âge de 35 ans pour se voir proposer enfin un rôle à la mesure de ses capacités physiques, tout en dévoilant une large palette. Ses scènes face à l’imposant Olivier Gourmet sont sans doute les meilleures. Nassim Lyes porte solidement le film sur ses épaules et les fans d’action sauront accueillir Farang comme il se doit, après un passage timide dans les salles françaises où il n’aura attirer que 170.000 spectateurs. Depuis, le bouche-à-oreille fait carton plein et Farang jouit d’une seconde vie hautement méritée.

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Test Blu-ray / Eugénie Grandet, réalisé par Marc Dugain

EUGÉNIE GRANDET réalisé par Marc Dugain, disponible en DVD et Blu-ray le 1er février 2022 chez Ad Vitam.

Acteurs : Joséphine Japy, Olivier Gourmet, Valérie Bonneton, César Domboy, François Marthouret, Nathalie Bécue, Bruno Raffaelli, Jean Chevalier…

Scénario : Marc Dugain, d’après le roman d’Honoré de Balzac

Photographie : Gilles Porte

Musique : Jérémie Hababou

Durée : 1h43

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Felix Grandet règne en maître dans sa modeste maison de Saumur où sa femme et sa fille Eugénie, mènent une existence sans distraction. D’une avarice extraordinaire, il ne voit pas d’un bon œil les beaux partis qui se pressent pour demander la main de sa fille. Rien ne doit entamer la fortune colossale qu’il cache à tous. L’arrivée soudaine du neveu de Grandet, un dandy parisien orphelin et ruiné, bouleverse la vie de la jeune fille. L’amour et la générosité d’Eugénie à l’égard de son cousin va plonger le Père Grandet dans une rage sans limite. Confronté à sa fille, il sera plus que jamais prêt à tout sacrifier sur l’autel du profit, même sa propre famille…

Paru pour la première fois en 1834, Eugénie Grandet d’Honoré de Balzac prend place dans La Comédie humaine, plus précisément entre Ursule Mirouët et Pierrette. Cette histoire issue des Scènes de la vie de province inspirera le cinéma dès les années 1910 en France, sous la direction d’Émile Chautard, qui sera suivie d’une deuxième mouture en 1921 aux États-Unis (The Conquering Power avec Rudolph Valentino), puis d’une troisième, peut-être la plus célèbre, en 1946, en Italie avec Alida Valli dans le rôle-titre, réalisée par Mario Soldati. D’autres transpositions suivront pour la télévision, la dernière en date remontant à 1994, avec Jean Carmet en Félix Grandet, Alexandra London, Claude Jade et Pierre Vernier. Depuis, plus de nouvelles, aussi bien sur le grand écran que sur la petite lucarne. 2021, l’écrivain, scénariste et réalisateur Marc Dugain présente une libre adaptation d’Eugénie Grandet, qui s’inscrit intelligemment dans le courant féministe actuel, sans jamais « trahir » Honoré de Balzac, mais en conversant avec l’auteur du Père Goriot, La Peau de chagrin et du Colonel Chabert. La sève, l’esprit, le rythme sont respectés et se retrouvent dans Eugénie Grandet, interprétée par la divine Joséphine Japy, magnétique et dont on sent (comme nous) le metteur en scène fasciné par le visage gracieux, qu’il n’a de cesse de mettre en valeur, d’observer, de caresser de sa caméra. Face à elle, il fallait un ogre pour incarner Félix Grandet, rôle dont s’empare l’impressionnant Olivier Gourmet, qui campe un monstre humain rongé par l’avarice. Sorti peu de temps avant Illusions perdues, qui allait attirer près d’un million de spectateurs, remporter sept César et faire de l’ombre au troisième long-métrage de Marc Dugain, Eugénie Grandet aura tout de même fait plus de 200.000 entrées et connaîtra assurément une belle seconde vie.

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Test Blu-ray / Le Sens de la famille, réalisé par Jean-Patrick Benes

LE SENS DE LA FAMILLE réalisé par Jean-Patrick Benes, disponible en Blu-ray le 3 novembre 2021 chez Gaumont.

Acteurs : Alexandra Lamy, Franck Dubosc, Christiane Millet, Rose de Kervenoaël, Mathilde Roehrich, Nils Othenin-Girard, Artus, Jackie Berroyer…

Scénario : Jean-Patrick Benes, Antoine Gandaubert, Fabrice Goldstein & Antoine Rein

Photographie : Gilles Porte

Musique : Christophe Julien

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Un matin, les Morel se réveillent avec un gros problème. Ils découvrent que l’esprit de chacun est coincé dans le corps d’un autre membre de la famille ! Chacha, 6 ans, est dans le corps de Papa, Papa dans le corps de son ado de fils, le fils dans le corps de la grande sœur, la grande sœur dans le corps de la mère, et la mère dans le corps de Chacha…. Vous n’avez pas suivi ? Eux non plus. Et ce n’est que le début.

A l’occasion de la sortie récente de l’excellent Freaky de Christopher Landon, nous évoquions le body-swap au cinéma, autrement dit l’échange de corps entre deux personnages. Si cette astuce a largement inspiré le cinéma américain, la France s’en est aussi emparée à plusieurs reprises. Ainsi, Patrick Schulmann avec Rendez-moi ma peau… (1980), Bruno Chiche avec L’un dans l’autre (2017) et François Dupeyron avec La Machine (1994) se sont essayés, avec plus ou moins de réussite d’ailleurs, à ce truc toujours très efficace, tant du point comique pour les deux premiers, que dramatique, voire foncièrement inquiétant pour le troisième. Le Sens de la famille de Jean-Patrick Benes découle forcément de LA référence en la matière, Un vendredi dingue, dingue, dingue Freaky Friday de Gary Nelson (1976) avec Barbara Harris et Jodie Foster, film culte qui avait connu un remake très réussi, Freaky Friday : Dans la peau de ma mère (2003) avec Jamie Lee Curtis et Lindsay Lohan. Dans le film de Jean-Patrick Benes, ce sont – comme son titre l’indique – plusieurs membres d’une même famille qui du jour au lendemain vont se retrouver dans la peau de l’autre, le père dans celui de sa petite fille de cinq ans, le frère dans celui de sa sœur et l’on tient à préciser que cette famille ne vient pas du Nord ! Un peu d’humour ne fait jamais de mal. Le Sens de la famille est une comédie plutôt sympathique, qui n’exploite sans doute pas toutes les possibilités de son postulat de départ et qui ne sait plus trop où aller dans la seconde partie, mais qui contient son lot de quiproquos amusants. Franck Dubosc et Alexandra Lamy, qui se retrouvent à l’écran après le rigolo Bis (2015) de Dominique Farrugia et surtout le génial Tout le monde debout (premier long-métrage réalisé par le comédien) y sont entre autres brillants, tout comme le reste du casting. Bref, un bon moment.

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