Test DVD / Primal, réalisé par Nick Powell

PRIMAL réalisé par Nick Powell, disponible en DVD le 29 juillet 2020 chez AB Vidéo.

Acteurs : Nicolas Cage, Famke Janssen, Kevin Durand, Michael Imperioli, LaMonica Garrett, Tommy Walker, Rey Hernandez, John Lewis…

Scénario : Richard Leder

Photographie : Vern Nobles Jr.

Musique : Guillaume Roussel

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 2019

LE FILM

Frank Walsh, chasseur pour les zoos fait une traversée avec plusieurs de ses « prises », parmi lesquelles un jaguar blanc très rare. Lorsqu’un assassin politique s’échappe de sa cabine et relâche les animaux captifs, c’est la panique à bord ! Frank doit désormais sauver l’équipage de ces dangereuses créatures et du criminel.

En 2014, sortait CroisadesOutcast, réalisé par Nick Powell, avec Nicolas Cage et l’inénarrable Hayden Christensen. Un film d’aventures et d’action franchement pas déplaisant, mauvais ou douteux, beaucoup mieux par exemple que Le Dernier des Templiers, mais qui s’avérait au final dépassé et déjà-vu. Cinq ans plus tard, le comédien et le réalisateur remettent le couvert avec Primal. Retour dans les années 1990 avec ce long métrage filmé à Porto Rico, qui oscille entre Piège en haute mer (1992) d’Andrew Davis et Anaconda, le prédateur (1997) de Luis Llosa. Si le film est maladroitement vendu sur l’affrontement entre Nicolas Cage et un jaguar blanc, Primal est avant tout une chasse à l’homme entre un groupe de soldats et un terroriste en passe d’être jugé pour crime contre l’humanité, où notre ami Nicky, qui interprète ici un chasseur indépendant spécialisé dans les animaux sauvages, s’interpose puisque l’accusé n’a rien trouvé de mieux à faire que libérer quelques-unes de ses proies en se faisant la malle. On est tout d’abord quelque peu frustré puisque nous ne verrons quasiment jamais Nicolas Cage affronter son jaguar blanc durant 1h30, puis on se laisse prendre finalement au jeu de ce quasi-huis clos dont l’intrigue se déroule essentiellement à bord d’un cargo pourri, où les personnages se cherchent, se trouvent, se bastonnent, tirent dans tous les sens ou se battent au couteau, tandis que les serpents, les singes aux dents aiguisés et le jaguar (en images de synthèse, dans la veine du Prédateur de Dick Maas) investissent les cabines, les couloirs et la cuisine du rafiot. Très en forme, Nicolas Cage – avec son arc et ses sarbacanes – a l’air de s’amuser dans ce rôle de mec bourru, qui balance des vannes cigare au bec et qui comme d’habitude se donne à fond dans une entreprise pourtant ultra-modeste et limitée. Est-il nécessaire de préciser que le film ne vaut que pour lui ?

Continuer la lecture de « Test DVD / Primal, réalisé par Nick Powell »

Test DVD / Kill Chain, réalisé par Ken Sanzel

KILL CHAIN réalisé par Ken Sanzel, disponible en DVD le 3 juin 2020 chez AB Vidéo.

Acteurs : Nicolas Cage, Ryan Kwanten, Enrico Colantoni, Anabelle Acosta, Alimi Ballard, Angie Cepeda, Jon Mack, Eddie Martinez…

Scénario : Ken Sanzel

Photographie : Manuel Castañeda

Musique : Mario Grigorov

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 2019

LE FILM

Une fusillade entre snipers provoque un enchaînement d’événements inattendus. La nuit sera longue et les corps tombent les uns après les autres. Entre trahisons, vengeance et quête de rédemption, le destin de chacun se retrouve irrémédiablement bouleversé.

Il est difficile de situer le tournage de Kill Chain dans la carrière de Nicolas Cage, du moins entre 2018 et 2019. Le seul repère demeure la barbe du comédien, qui a sûrement tourné le film qui nous intéresse aujourd’hui en même temps que Mandy de Panos Cosmatos, The Watcher de Tim Hunter, Between Worlds de Maria Pulera et Primal de Nick Powell, même si Code 211 de York Shackleton, Froide vengeance de Shawn Ku, Running with the Devil de Jason Cabell et Color Out of Space de Richard Stanley s’immiscent dans cette liste et dans lesquels Nicolas Cage est pourtant glabre. Certes l’acteur est probablement celui qui tourne le plus depuis des années, mais sa barbe ne peut pas pousser en une seule journée tout de même ! Après cette réflexion philosophique qui ne manquera pas de tarauder l’esprit des étudiants en cinéma américains dans un demi-siècle quand ils se pencheront sur les cas les plus énigmatiques du septième art, revenons à Kill Chain, mis en boite en août 2018 par le réalisateur Ken Sanzel, ancien scénariste du petit film culte d’Antoine Fuqua, Un tueur pour cibleThe Replacement Killers, avec Mira Sorvino et Chow Yun-Fat. Cet ancien soldat et officier de police passe derrière la caméra en 1998 avec son premier long métrage Scar City. Il se consacre essentiellement à la télévision en créant la série Numb3ers, dont il met en scène quelques épisodes. En 2015, Ken Sanzel revient au cinéma avec Blunt Force Trauma, petit film sympathique où Mickey Rourke et Freida Pinto interprètent des champions de duels au pistolet. On comprend ce qui a pu attirer Nicolas Cage dans cette petite production qu’est Kill Chain, une rapidité d’exécution, une présence réduite à l’écran (il n’apparaît que 45 minutes dans le film), une longue séquence dans laquelle il se démarque et un aspect néo-noir qu’il affectionne tout particulièrement depuis toujours. Soyons honnêtes, Kill Chain pâtit des 45 premières minutes (hors introduction où il apparaît brièvement) durant lesquels le comédien laisse le champ libre à ses camarades de jeu, avant de revenir à mi-temps jusqu’à la fin du film.

Continuer la lecture de « Test DVD / Kill Chain, réalisé par Ken Sanzel »

Test DVD / Running with the Devil, réalisé par Jason Cabell

RUNNING WITH THE DEVIL réalisé par Jason Cabell, disponible en DVD le 20 mai 2020 chez AB Vidéo.

Acteurs : Nicolas Cage, Laurence Fishburne, Cole Hauser, Leslie Bibb, Natalia Reyes, Adam Goldberg, Peter Facinelli, Barry Pepper…

Scénario : Jason Cabell

Photographie : Cory Geryak

Musique : Reinhold Heil

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 2019

LE FILM

Quand un transport de cocaïne voyageant du Mexique au Canada est compromis, le chef d’un puissant cartel ordonne à son meilleur « cuisinier » et à son chef du trafic de remonter la chaîne afin d’identifier et régler le problème. En parallèle, le FBI remonte la piste d’une cocaïne coupée particulièrement mortelle. Rien ne va se passer comme prévu pour les deux camps…

Après Froide vengeanceA Score to Settle de Shawn Ku, pour lequel sa prestation avait été saluée – avec raison – par la critique, Nicolas Cage s’envolait pour le Nouveau-Mexique et la Colombie pour y tourner Running with the Devil, un thriller centré sur le trafic de drogue, dans lequel il s’apprêtait à donner la réplique à Laurence Fishburne. Les deux hommes et amis s’étaient déjà croisés au cinéma dans Rusty James (1983) et Cotton Club (1984) de Francis Ford Coppola, l’oncle de Nicolas Cage. Si on pouvait s’attendre à un Traffic du pauvre ou à un Sicario de bas étage, ce premier long métrage réalisé en solo par Jason Cabell, ancien comédien qui avait déjà co-dirigé Smoke Filled Lungs en 2016, ne manque ni d’idées, ni d’ambitions, et vaut notamment pour sa dissection de l’organisation d’un cartel, de la récolte des feuilles de coca en Colombie, jusqu’à l’arrivée de la poudre blanche dans les night-clubs des Etats-Unis et du Canada. Nicolas Cage y apparaît en pointillés, finalement comme un des rouages de cette mécanique implacable et diaboliquement organisée, mais s’impose une fois de plus (et avec peu de dialogues) dans cette production estimable, qui démontre le potentiel de Jason Cabell, également scénariste et surtout ancien Navy Seal, vétéran des forces spéciales de la marine de guerre des États-Unis, qui s’inspire ici de son propre vécu. Une plus-value non négligeable.

Continuer la lecture de « Test DVD / Running with the Devil, réalisé par Jason Cabell »

Test DVD / Froide vengeance, réalisé par Shawn Ku

FROIDE VENGEANCE (A Score to Settle) réalisé par Shawn Ku, disponible en DVD et Blu-ray le 1er juillet 2020 chez Studiocanal.

Acteurs : Nicolas Cage, Benjamin Bratt, Noah Le Gros, Karolina Wydra, Mohamed Karim, Ian Tracey, Sean Owen Roberts, Dave Kenneth MacKinnon…

Scénario : John Stuart Newman

Photographie : Mark Dobrescu

Musique : John Kaefer

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 2019

LE FILM

Après 19 ans passés derrière les barreaux pour un crime qu’il n’a pas commis, Frank est libéré en raison d’une maladie incurable. Sachant qu’il ne lui reste que peu de temps à vivre, il décide d’essayer de se racheter aux yeux de Joey, son fils qu’il n’a pas vu grandir, tout en traquant ses anciens complices. Il les tient en effet pour responsable de son emprisonnement et se montre déterminé à les faire payer un par un cette trahison.

Même s’il enchaîne les films de façon frénétique, surtout depuis les années 2010, Nicolas Cage n’a que très rarement signé de mauvaises prestations. Oubliez TokarevRage de Paco Cabezas et Le ChaosLeft Behind de Vic Armstrong, probablement les deux pires films de sa carrière, car ce n’est pas parce que les œuvres du comédien se multiplient dans les bacs qu’elles sont mauvaises, loin de là. C’est le cas de cette Froide vengeanceA Score to Settle, un des six opus de Nicolas Cage tournés en 2019. Ce qui pose problème, c’est comment le film est vendu un peu partout dans le monde, à la manière d’un Taken avec un Nicky prenant la pose, visage fermé, tenant une batte de baseball ensanglantée. Froide vengeance n’est certainement pas un thriller d’action ou violent, même si le film contient une ou deux scènes quelque peu agitées, mais sans plus. Il s’agit plutôt d’un drame psychologique, où Frank, un mec un bout du rouleau, devenu gravement insomniaque après vingt ans de prison, décide de retrouver ceux pour lesquels il a sacrifié deux décennies, ainsi que son épouse et son fils Joey. Ce dernier vient le retrouver dès sa sortie. Frank décide de rattraper le temps perdu en faisant un point sur sa vie, tout en voulant retrouver ses anciens complices – dont le revenant Benjamin Bratt – qui l’ont laissé tomber. Froide vengeance est un film tout à fait étonnant, qui aurait pu être anecdotique s’il n’était pas porté par un immense Nicolas Cage qui accuse enfin son âge (55 ans au moment du tournage), dont la prestation laisse souvent pantois d’admiration. N’y allons pas par quatre chemins, le comédien trouve ici l’un de ses plus beaux personnages depuis longtemps. Il y est tragique, bouleversant, magnifique.

Continuer la lecture de « Test DVD / Froide vengeance, réalisé par Shawn Ku »

Test DVD / Grand Isle, piège mortel, réalisé par Stephen S. Campanelli

GRAND ISLE, PIÈGE MORTEL (Grand Isle) réalisé par Stephen S. Campanelli, disponible en DVD le 22 juillet 2020 chez Program Store.

Acteurs : Nicolas Cage, KaDee Strickland, Luke Benward, Kelsey Grammer, Zulay Henao, Oliver Trevena, Emily Marie Palmer, Beatrice Hernandez…

Scénario : Iver William Jallah, Rich Ronat

Photographie : Eric Moynier

Musique : Josh Atchley

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 2019

LE FILM

Alors qu’un ouragan arrive sur Grand Isle, Walter Franklin et sa séduisante épouse Fancy invitent Buddy, le jeune père de famille qui réparait la clôture du jardin, à se réfugier à la nuit tombée dans leur grande maison victorienne. Quand le lendemain, ce dernier va être suspecté de meurtre par la police, tous les événements de la nuit vont remonter à la surface, révélant de sombres secrets…

S’il n’est pas apparu au cinéma en tête d’affiche depuis 2013 dans Joe de David Gordon Green, Nicolas Cage n’a évidemment jamais arrêté de tourner et n’a de cesse de fleurir les bacs de DVD et de Blu-ray du monde entier. Sa dernière prestation vue sur le grand écran remonte à Snowden d’Oliver Stone, dans lequel il faisait une apparition, mais néanmoins, le comédien oscarisé en 2016 pour Leaving Las Vegas a fait parfois le bonheur de ses aficionados à travers ses multiples Direct To Video. Depuis 2015, Nicolas Cage aura emballé une bonne vingtaine de longs métrages, dont les fort recommandables The Runner d’Austin Stark, Le CasseThe Trust d’Alex et Benjamin Brewer, USS Indianapolis de Mario Van Peebles, Dog Eat Dog de Paul Schrader et Mom and Dad de Brian Taylor. Il y a eu surtout Mandy de Panos Cosmatos, présenté dans de nombreux festivals, Sundance et Cannes à la Quinzaine des réalisateurs, où le film a fait sensation et démontré que le comédien en avait encore sacrément sous le capot. C’était encore le cas dernièrement avec Color Out of Space de Richard Stanley, un des six films emballés par Nicolas Cage en 2019. Outre le très bon et étonnant Froide vengeanceA Score to Settle de Shawn Ku, dont nous reparlerons très prochainement, se distingue également Grand Isle de Stephen S. Campanelli, thriller dans lequel l’acteur signe une prestation frappadingue comme lui seul en a le secret. Une série B tout ce qu’il y a de plus honnête et inattendue, portée par un Nicolas Cage en grande forme, comme au bon vieux temps.

Continuer la lecture de « Test DVD / Grand Isle, piège mortel, réalisé par Stephen S. Campanelli »

Test DVD / BOF..(anatomie d’un livreur), réalisé par Claude Faraldo

BOF..(anatomie d’un livreur) réalisé par Claude Faraldo, disponible en DVD le 9 juin 2020 chez Tamasa Diffusion.

Acteurs : Marie Dubois, Julian Negulesco, Paul Crauchet, Marie-Hélène Breillat, Mamadou Diop, Michel Fortin, Annick Fougery, Lara Lane…

Scénario : Claude Faraldo

Photographie : Sacha Vierny

Musique : Jean Guérin

Durée : 1h41

Date de sortie initiale : 1971

LE FILM

Un vieil ouvrier fatigué d’être rivé depuis vingt-cinq ans à la même machine décide, une fois veuf, de devancer sa retraite. Son fils, livreur chez un marchand de vin, vient de se marier. Le père s’installe chez le jeune couple, trop heureux de se laisser vivre, et partage le farniente de sa bru, qui flemmarde au lit jusqu’à midi, avant de se lever pour se lancer dans d’interminables réussites.

Vous cherchez un film étrange ? Inclassable ? Qui ne ressemble à aucun autre ? Alors Bof..(anatomie d’un livreur) est fait pour vous ! Ancien berger et chauffeur-livreur chez Nicolas, Claude Faraldo (1936-2008) avait déjà réalisé La Jeune Morte en 1965, qui n’est jamais sorti en France et qui lui avait laissé un goût amer, notamment en raison du décès de trois de ses collaborateurs sur le tournage, sa scripte, sa monteuse, ainsi que son acteur principal Jean-Claude Rolland. Après avoir délaissé le cinéma pendant quelques années, le metteur en scène revient à l’écriture par l’intermédiaire du théâtre. Fils d’ouvrier ayant multiplié les petits boulots depuis son plus jeune âge, Claude Faraldo finit par rejoindre le cours Simon, dans l’espoir de devenir comédien. Plus tard, il deviendra l’un des cofondateurs de la célèbre société de production ArtMédia. Pour l’heure, Bof..(anatomie d’un livreur) démontre l’univers singulier et original de ce complet autodidacte, largement inspiré par ses idées contestataires et libertaires après mai 1968. Conçu comme un plaidoyer pour le droit à la paresse, Bof..(anatomie d’un livreur) peut déconcerter en raison de ses partis-pris, de ses longues scènes, par son montage quelque peu éclaté. Effectivement, on peut parfois trouver le film bancal, insolite, déconcertant même, mais aussi malaisant avec le personnage du père, formidablement interprété par le grand Paul Crauchet, aux côtés de la lumineuse Marie Dubois. En d’autres termes, Bof..(anatomie d’un livreur) est une œuvre unique, dans laquelle l’audience y piochera à boire et à manger, mais dont l’expérience vaut sacrément le détour.

Continuer la lecture de « Test DVD / BOF..(anatomie d’un livreur), réalisé par Claude Faraldo »

Test DVD / Le Désert de la peur, réalisé par J. Lee Thompson

LE DÉSERT DE LA PEUR (Ice Cold in Alex) réalisé par J. Lee Thompson, disponible en DVD le 16 juin 2020 chez Tamasa Diffusion.

Acteurs : John Mills, Sylvia Syms, Anthony Quayle, Harry Andrews, Diane Clare, Richard Leech, Liam Redmond, Allan Cuthbertson…

Scénario : T.J. Morrison, Christopher Landon

Photographie : Gilbert Taylor

Musique : Leighton Lucas

Durée : 2h05

Date de sortie initiale : 1958

LE FILM

Pendant la Seconde Guerre mondiale, un groupe de secours de l’armée anglaise se retrouve séparé des troupes dans le Sahara. Le chemin à parcourir est long et difficile. Le leader de l’équipe ne peut s’empêcher de rêver à la bière glacée qu’il pourra s’offrir en arrivant à Alexandrie.

Réalisateur britannique passé à la postérité avec Les Canons de Navarone (1961) et Les Nerfs à vif (1962), tous deux avec Gregory Peck, J. Lee Thompson (1914-2002) a déjà près de dix films à son actif quand il entreprend Ice Cold in Alex en 1958, connu en France sous le titre Le Désert de la peur. Excellent technicien et ayant dirigé les plus grands acteurs, on lui doit également Tarass Boulba (avec Tony Curtis et Yul Brynner), La Conquête de la planète des singes (1972) suivi l’année suivante de La Bataille de la planète des singes (1973), ainsi que moult longs métrages avec Charles Bronson, avec lequel il s’associera sur près d’une dizaine de films dont le désormais culte (malgré-lui) Le Justicier braque les dealers (1987). Pour l’heure, Ice Cold in Alex est visiblement inspiré d’une histoire vraie comme l’indique un carton en début de film, mais aussi du roman éponyme de l’auteur anglais Christopher Landon. Formidable thriller, road-movie, film de guerre et drame psychologique situé dans le désert de Libye pendant la guerre, Le Désert de la peur se focalise sur une poignée de personnages réunis par le destin, en raison d’une situation exceptionnelle, qui trouveront une forme de rédemption, un refuge, ainsi qu’une sécurité dans ce groupe improvisé. Des thèmes qui seront récurrents dans le cinéma de J. Lee Thompson, tout comme cette prédilection pour les antihéros complexes, qui se révéleront aux autres ainsi qu’à eux-mêmes après un long et périlleux voyage initiatique. Immense réussite, Le Désert de la peur a été un véritable triomphe à sa sortie en Angleterre. A connaître absolument.

Continuer la lecture de « Test DVD / Le Désert de la peur, réalisé par J. Lee Thompson »

Test DVD / Il Medico della mutua, réalisé par Luigi Zampa

IL MEDICO DELLA MUTUA réalisé par Luigi Zampa, disponible en DVD le 16 juin 2020 chez Tamasa Diffusion.

Acteurs : Alberto Sordi, Sandro Merli, Leopoldo Trieste, Sara Franchetti, Bice Valori, Nanda Primavera, Evelyn Stewart, Claudio Gora…

Scénario : Sergio Amidei, Alberto Sordi, Luigi Zampa d’après le roman de Giuseppe D’Agata

Photographie : Ennio Guarnieri

Musique : Piero Piccioni

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 1968

LE FILM

Guido Tersilli est un jeune médecin généraliste, dépourvu de patients mais désireux de faire carrière. Après avoir travaillé dans un hôpital, il prend conscience de la concurrence féroce qui agite le milieu médical. Il devient astucieux et décide de séduire la femme d’un médecin de la « Mutua », sur le point de rendre l’âme et qui a dans son portefeuille au moins 2000 patients…

Ce n’est un secret pour personne, du moins pour les cinéphiles, le cinéma italien a été l’un des plus inspirés, l’un des plus prolifiques et l’un des plus grands tout simplement dans les années 1960-70. Du cinéma d’auteur représenté entre autres par Michelangelo Antonioni et Pier Paolo Pasolini, au cinéma d’exploitation où tous les genres étaient abordés, du polar en passant par le western et les films érotiques, tous les passionnés du septième art n’auront jamais assez d’une vie pour découvrir toutes les perles connues ou dissimulées du cinéma transalpin. La comédie a évidemment connu ses grandes heures avec à la caméra les illustres Dino Risi, Mario Monicelli, Ettore Scola, et devant l’objectif les « monstres », Marcello Mastroianni, Vittorio Gassman, Ugo Tognazzi, Nino Manfredi et Alberto Sordi. Ce dernier demeure encore aujourd’hui l’un des comédiens les plus aimés de toute cette génération. Archétype, au sens noble du terme, du Romain dans le cinéma italien, Alberto Sordi aura magnifié l’homme lâche, mais pouvant faire acte de bravoure quand il s’agit de s’en sortir dans cette Italie du Boom économique qui en a laissé sur le carreau pendant que d’autres, mieux nés, pouvaient s’octroyer une part importante du gâteau. Dans sa filmographie on ne peut plus conséquente on peut citer Le Cheik blanc (1952) de Federico Fellini, Une fille formidable (1953) de Mauro Bolognini, Un héros de notre temps (1955) et La Grande Guerre (1959) de Mario Monicelli, Le Veuf (1959) et Une vie difficile (1961) de Dino Risi, Le Commissaire (1962) de Luigi Comencini, Il boom (1963) de Vittorio De Sica. Avant d’entamer les années 1970, qui seront marquées pour lui de rôles plus sombres et emblématiques de la situation politique et sociale de l’Italie, Alberto Sordi avait également collaboré avec un cinéaste moins renommé, Luigi Zampa (1905-1991). Les deux hommes s’associeront à six reprises, de 1954 avec L’Art de se débrouillerL’arte di arrangiarsi à Bello, onesto, emigrato Australia sposerebbe compaesana illibata en 1972. Sorti en 1968, Il Medico della mutua est le quatrième film mis en scène par Luigi Zampa avec Alberto Sordi en tête d’affiche. Chef d’oeuvre complètement méconnu en France où il a été exploité sous le titre infâme du Gynéco de la mutuelle, mais triomphe dans son pays, Il Medico della mutua est un constat implacable sur l’état de la médecine moderne, sur l’enrichissement de ceux qui l’exercent et sur celles et ceux qui profitent du système. Comme d’habitude, Alberto Sordi y est immense et sa prestation digne de figurer au panthéon du genre.

Continuer la lecture de « Test DVD / Il Medico della mutua, réalisé par Luigi Zampa »

Test DVD / In Fabric, réalisé par Peter Strickland

IN FABRIC réalisé par Peter Strickland, disponible en DVD le 17 mars 2020 chez Tamasa Diffusion.

Acteurs : Sidse Babett Knudsen, Marianne Jean-Baptiste, Julian Barratt, Steve Oram, Jaygann Ayeh, Zsolt Páll, Richard Bremmer, Deborah Griffin, Gwendoline Christie…

Scénario : Peter Strickland

Photographie : Ari Wegner

Musique : Cavern of Anti-Matter

Durée : 1h54

Année de sortie : 2018

LE FILM

La boutique de prêt-à-porter Dentley & Soper’s, son petit personnel versé dans les cérémonies occultes, ses commerciaux aux sourires carnassiers. Sa robe rouge, superbe, et aussi maudite qu’une maison bâtie sur un cimetière indien. De corps en corps, le morceau de tissu torture ses différent(e)s propriétaires avec un certain raffinement dans la cruauté.

Franchement, on ne sait pas ce que Peter Strickland fume en cachette, mais c’est de la bonne ! Avec In Fabric, son quatrième long métrage, le réalisateur et scénariste britannique repousse les limites de son dispositif, quitte à décontenancer de nombreux spectateurs, tout en comblant l’attente de celles et ceux qui le suivent depuis ses débuts. Après Katalin Varga (2009), primé au Festival de Berlin, Berberian Sound Studio (2012), primé à Locarno, et The Duke of Burgundy, film uniquement composé d’actrices, Peter Strickland (né en 1973) continue sur sa lancée et In Fabric témoigne une fois de plus de la singularité de son cinéma marqué par de nombreuses références au genre horrifique, en particulier le giallo. Et c’est une grande réussite.

Continuer la lecture de « Test DVD / In Fabric, réalisé par Peter Strickland »

Test DVD / Un pacte avec le diable, réalisé par John Farrow

UN PACTE AVEC LE DIABLE (Alias Nick Beal) réalisé par John Farrow, disponible en DVD le 16 juin 2020 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Ray Milland, Audrey Totter, Thomas Mitchell, George Macready, Fred Clark, Geraldine Wall, Henry O’Neill, Darryl Hickman…

Scénario : Jonathan Latimer

Photographie : Lionel Lindon

Musique : Franz Waxman

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 1949

LE FILM

Frankie Faulkner, dont les activités sont liées au jeu, propose au procureur Joseph Foster de l’aider à devenir gouverneur. Foster refuse et, grâce au mystérieux Nick Beal, il obtient les livres de comptes qui lui permettent de faire condamner Hanson, un joueur. Cette condamnation conforte la notoriété de Foster à qui Nick Beal propose de l’argent pour sa campagne. Martha, la femme de Foster, lui demande de refuser, mais Foster rencontre Donna Allen, qui le séduit et le conduit à certaines compromissions…

Bien que méconnu en France, le réalisateur américain d’origine australienne John Farrow (1904-1963), né John Villiers Farrow, également scénariste, producteur et comédien, est l’auteur d’un des plus grands mélodrames issus des studios de la RKO, Quels seront les cinq ?Five came back (1939), co-écrit par Dalton Trumbo. Le cinéaste signera lui-même un remake de son propre film en 1956, Les Echappés du néant Back from Eternity, avec Robert Ryan, Anita Ekberg et Rod Steiger. Eclectique, érudit, John Farrow aura touché à tous les genres, du film policier au western, en passant par le film historique, les récits de guerre, le film d’aventure et le thriller. Californie, terre promise, est son premier western, mais aussi sa première collaboration avec le comédien britannique Ray Milland (1907-1986), avec lequel il fera quatre films, dont La Grande horlogeThe Big Clock (1948), Un pacte avec le diableAlias Nick Beal (1949) et Terre damnée Copper Canyon (1950). Aujourd’hui, c’est leur troisième et plus étrange association qui nous intéresse. A la fois film noir, drame politique et film fantastique, Un pacte avec le diable est ce qu’on pourrait qualifier un film de genre, puisque le scénario de Jonathan Latimer (le créateur du personnage de Bill Crane), collaborateur de John Farrow sur une bonne dizaine de longs-métrages, place le personnage de Lucifer, du Malin, du prince des ténèbres, de Belzébuth, de Satan ou comme vous voudrez l’appeler, au milieu d’hommes politiques, en particulier un, sur lequel il a jeté son dévolu. Un pari pour lui puisque l’individu en question est un modèle d’intégrité, d’impartialité, de vertu et de probité. Autant dire que ce n’est pas gagné d’avance mais c’est l’enjeu du diable et où le jeu de Ray Milland prend toute son ampleur. L’acteur se délecte dans ce rôle suintant et tiré à quatre épingles, manipulant les êtres humains comme des pions sur un échiquier dans un seul but, anéantir les valeurs de l’homme le plus honnête du monde, pour mieux s’approprier son âme. Un pacte avec le diable est une sacrée découverte à situer entre Tous les biens de la terreThe Devil and Daniel Webster (1941) de William Dieterle et Angel Heart : Aux portes de l’enfer (1987) d’Alan Parker.

Continuer la lecture de « Test DVD / Un pacte avec le diable, réalisé par John Farrow »