Test Blu-ray / L’Étrange Monsieur Victor, réalisé par Jean Grémillon

L’ÉTRANGE MONSIEUR VICTOR réalisé par Jean Grémillon, disponible en combo DVD/Blu-ray le 24 mars 2021 chez Pathé.

Acteurs : Andrex, Raimu, Pierre Blanchar, Madeleine Renaud, Armand Larcher, Viviane Romance, Marcelle Géniat, Georges Flamant…

Scénario : Marcel Achard, Charles Spaak & Albert Valentin

Photographie : Werner Krien

Musique : Roland Manuel

Durée : 1h42

Année de sortie : 1938

LE FILM

Un commerçant toulonnais d’apparence honorable est en fait un receleur pour une bande de malfaiteurs. Menacé de chantage, il commet un meurtre pour lequel un innocent est condamné au bagne. Sept ans plus tard, le forçat s’évade et notre commerçant le recueille…

On imagine le choc des spectateurs en découvrant Raimu, non seulement dans la peau d’un receleur, profitant de sa situation de brocanteur honnête et travailleur pour refourguer ce que ses complices ont volé la nuit d’avant, mais aussi et surtout dans celle d’un assassin. Un peu comme si Louis de Funès en venait à éliminer froidement un type qui voulait le faire chanter pour telle ou telle raison. Et même si cela est arrivé à ce dernier dans Jo (1971) de Jean Girault, il s’agissait avant tout d’une comédie, ce qui est loin d’être le cas de L’Étrange Monsieur Victor, réalisé en 1938 par Jean Grémillon. Pourtant, le film démarre comme pourrait débuter n’importe quelle chronique provençale de Marcel Pagnol (qui la même année sortait La Femme du boulanger, avec Raimu), avec tout d’abord une belle exposition du port de Toulon, ses habitants, ses rues animées, l’accent chantant. Puis, vient la présentation successive des personnages, monsieur Victor Agardanne (Raimu), son épouse Madeleine (Madeleine Renaud, sublime) qui vient d’accoucher de leur premier enfant, ainsi que le cordonnier Bastien Robineau (Pierre Blanchar) et sa femme (Viviane Romance) dont le couple bat de l’aile. Sur un scénario coécrit par Marcel Achard, Charles Spaak et Albert Valentin, qui inspirera grandement Henri Decoin pour Le Bienfaiteur (1942), Jean Grémillon dévoile la face cachée des hommes et des femmes en apparence bien sous tous rapports. Raimu, qui avait beaucoup critiqué le travail du réalisateur à la sortie du film malgré son succès auprès du public, trouve l’un de ses rôles les plus ambigus, les plus singuliers, les plus troublants, dont il s’acquitte admirablement.

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Test Blu-ray / Je suis un aventurier, réalisé par Anthony Mann

JE SUIS UN AVENTURIER (The Far Country) réalisé par Anthony Mann, disponible en Édition Collection Silver Blu-ray + DVD + Livre le 12 février 2021 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : James Stewart, Ruth Roman, Corinne Calvet, Walter Brennan, John McIntire, Jay C. Flippen, Harry Morgan, Steve Brodie…

Scénario : Borden Chase

Photographie : William H. Daniels

Musique : Henry Mancini, Hans J. Salter, Frank Skinner, Herman Stein…

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1954

LE FILM

1896. Inculpé de meurtre, Jeff Webster quitte Seattle mais en arrivant à Skagway, il est accusé par le juge Gannon d’avoir troublé l’ordre public en menant ses troupeaux à travers la ville. Ceux-ci ayant été confisqués, Jeff part pour Dawson avec Ronda Castle qui l’a engagé comme chef d’équipe. Il reprend bientôt possession de son troupeau, poursuivi par Gannon…

Je suis un aventurier – The Far Country (1954) est le quatrième des cinq westerns qu’Anthony Mann tourna avec James Stewart après Winchester 73 – Winchester ’73 (1950), Les Affameurs – Bend of the River (1952), L’Appât – The Naked Spur (1953) et avant L’Homme de la plaine – The Man from Laramie (1955). Entre deux westerns, les deux fidèles collaborateurs auront même le temps d’emballer en 1953 un film d’aventure, Le Port des passions – Thunder Bay et un biopic sur le musicien Glenn Miller intitulé Romance inachevée – The Glenn Miller Story. S’il n’atteint pas la virtuosité des Affameurs et de L’Homme de la plaine, Je suis un aventurier reste tout de même un monument du western, d’une part en raison de son incommensurable beauté plastique, d’autre part pour le personnage foncièrement trouble, individualiste, taciturne, cynique, complexe et ambigu, presque antipathique, incarné par le monstre hollywoodien, auquel il est difficile de s’attacher dans un premier temps, puis qui se révèle par strates, tout en conservant une grande part de mystère. Si l’on ajoute à cela l’excellence des seconds rôles, avec Walter Brennan en tête dans un rôle qui annonce celui qu’il tiendra dans Rio Bravo de Howard Hawks cinq ans plus tard, Je suis un aventurier, peu ou mal considéré quand on évoque l’association Stewart-Mann, se place indiscutablement dans le lot des meilleurs westerns des années 1950.

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Test Blu-ray / Meurtres sous contrôle, réalisé par Larry Cohen

MEURTRES SOUS CONTRÔLE (God Told Me To) réalisé par Larry Cohen, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret le 18 mars 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : Tony Lo Bianco, Deborah Raffin, Sandy Dennis, Sylvia Sidney, Sam Levene, Robert Drivas, Mike Kellin, Richard Lynch…

Scénario : Larry Cohen

Photographie : Paul Glickman

Musique : Frank Cordell

Durée : 1h26

Année de sortie : 1976

LE FILM

A New York, un tireur isolé tue plusieurs passants sans mobile apparent. Dépêché sur les lieux, l’inspecteur Peter Nicolas n’obtient qu’une seule explication de la part du tueur : « Dieu m’a demandé de le faire ». Plusieurs meurtres similaires se produisent.

Larry Cohen (1936-2019) a toujours oeuvré en tant qu’artisan, en bon technicien et surtout en tant qu’excellent scénariste. Il sera très vite entré dans la légende pour avoir créé la légendaire série des Envahisseurs en 1967. Le cinéma s’empare très vite de son talent et Larry Cohen y abordera tous les genres, le western avec Le Retour des Sept (1966) de Burt Kennedy et El Condor (1967) de John Guillermin, la blaxploitation avec Black Caesar, le parrain de Harlem (1973) et sa suite Casse dans la villeHell Up in Harlem (1973), qu’il réalise après son premier coup d’essai Bone (1972), avec le regretté Yaphet Kotto. Il signe ensuite quelques épisodes de la série Columbo, dont le très célèbre (épisode 2 de la saison 3) Quand le vin est tiré – Any Old Port in a Storm. Il revient derrière la caméra pour ce qui sera l’un de ses films les plus connus Le Monstre est vivant – It’s Alive, qui lui permet d’approcher pour la première fois le genre horrifique. Nous arrivons enfin à Meurtres sous contrôleGod Told Me To, l’une de ses œuvres les plus étranges, les plus barrées, les plus insolites, les plus inclassables et insondables sans doute, pour beaucoup son chef d’oeuvre. Mélange des genres qui avait tout pour être improbable, Meurtres sous contrôle est un ride violent et mystique, qui vaut assurément plus pour sa forme que pour son fond, puisqu’au-delà de son côté nawak complètement assumé, la mise en scène de God Told Me To est superbe et totalement immersive. Pari réussi pour Larry Cohen qui avait voulu tourner son film comme un documentaire à l’aide d’une caméra à l’épaule, qui à l’instar de cette séquence ahurissante du défilé de la Saint-Patrick, plonge directement le spectateur dans le feu de l’action. Évidemment, certains risquent probablement de décrocher lors des envolées religieuses et quand le récit s’engouffre dans la science-fiction de façon inattendue, mais le voyage vaut sacrément le détour et Meurtres sous contrôle demeure une expérience cinématographique à part entière.

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Test DVD / Au-delà des apparences, réalisé par Colin & James Krisel

AU-DELÀ DES APPARENCES (Last Moment of Clarity) réalisé par Colin & James Krisel, disponible en DVD le 17 février 2021 chez AB Vidéo.

Acteurs : Zach Avery, Brian Cox, Udo Kier, Samara Weaving, Karl E. Landler, Nicole Ansari-Cox, Alex Fernandez, Carly Chaikin…

Scénario : Colin & James Krisel

Photographie : Andrew Wheeler

Musique : Benjamin Patrick

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 2020

LE FILM

Trois ans après avoir été témoin du meurtre de sa fiancée, un homme se retrouve à la dérive, jusqu’au jour où, dans un cinéma parisien, il voit une actrice qui ressemble trait pour trait à son amour mort. Il va alors découvrir une terrible vérité…

Au-delà des apparencesLast Moment of Clarity est un premier long-métrage et cela se voit d’entrée de jeu. Cela se ressentira tout du long. Comment l’expliquer ? Dans la façon de filmer et de vouloir épater les spectateurs en voulant donner une ampleur à un cadre limité, non seulement par un budget restreint, mais aussi par un bagage technique, certes convaincant, mais scolaire. Les frères Krisel, James et Colin, sont les scénaristes et les metteurs en scène d’Au-délà des apparences, thriller néo-noir qui repose sur une esthétique léchée et soignée, ainsi que sur des comédiens bien dirigés. Pour leur coup d’essai, les réalisateurs ont également voulu rendre hommage au cinéma et à la littérature qu’ils aiment, leur film étant sans cesse imprégné par une âme hitchcockienne doublée d’un parfum fané typique d’un Pulp Magazine, sensiblement rétro, mais honnête, sincère et maîtrisée. Certes, le récit a tendance à partir dans toutes les directions, le montage est d’ailleurs le point faible du film, mais les Krisel parviennent à accrocher l’attention de leur audience du début à la fin, sur un rythme lent, mais contrôlé. Au-delà des apparences est une série B, qui ne le dissimule pas, qui transpire d’amour pour le cinéma, avec laquelle les Krisel sont visiblement heureux de s’exprimer et de démontrer ce qu’ils ont sous le capot.

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Test Blu-ray / Les Yeux de Satan, réalisé par Sidney Lumet

LES YEUX DE SATAN (Child’s Play) réalisé par Sidney Lumet, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 16 mars 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : James Mason, Robert Preston, Beau Bridges, Ron Weyand, Charles White, David Rounds…

Scénario : Leon Prochnik, d’après la pièce de théâtre de Robert Marasco

Photographie : Gerald Hirschfeld

Musique : Michael Small

Durée : 1h36

Année de sortie : 1972

LE FILM

Paul Reis vient de trouver un poste de professeur de sport dans un établissement catholique pour garçons. Le jeune enseignant est très rapidement troublé par l’atmosphère qui règne au sein de la pension. De violents incidents éclatent entre plusieurs élèves et Paul ne tarde pas à penser que Joseph Dobbs et Jerome Malley, deux professeurs vénérables de l’établissement, sont à l’origine de ces débordements de violence…

La longue, prolifique, exceptionnelle et éclectique carrière de Sidney Lumet (1924-2011) est de celles qui dissimuleront probablement toujours quelques pépites méconnues. Caché par deux énormes piliers et chefs d’oeuvre gigantesques de sa filmographie, entre The Offence (1972) et Serpico (1973), Les Yeux de Satan Child’s Play est assurément l’une des œuvres les plus ignorées, obscures et incomprises du réalisateur américain. Si le titre français surfe allègrement sur le succès rencontré par les films de genre prenant le diable comme protagoniste, Child’s Play, à ne pas confondre bien sûr avec le premier volet de la saga Chucky réalisé par Tom Holland en 1988, est avant tout l’adaptation de la pièce de théâtre éponyme à succès de Robert Marasco, jouée près de 300 fois à Broadway. Par sa thématique, Les Yeux de Satan rappelle l’expérience dite de la Troisième Vague, qui proposait l’étude expérimentale et psychologique d’un régime autocratique, menée par le professeur d’histoire Ron Jones avec des élèves de première d’une école en Californie, durant l’année 1967. Au cours de ses « ateliers », cette expérience sur le nazisme, commençait à échapper au professeur, prouvant de ce fait que les sentiments pouvant emporter un pays dans le totalitarisme étaient encore vivaces. N’attendez rien de fantastique ou de surnaturel dans Child’s Play, mais préparez vous plutôt à une étude comportementale qui peut conduire les êtres les plus vulnérables à commettre l’irréparable quand ils sont influencés par un être fascinant pour sa verve, son charisme et son mode de pensée. Magistralement interprété par James Mason (qui retrouvait le metteur en scène après MI5 demande protectionThe Deadly Affair et La MouetteThe Sea Gull), Beau Bridges et Robert Preston, Les Yeux de Satan peut tout d’abord décontenancer le cinéphile, curieux de voir Sidney Lumet aborder « vraisemblablement » l’épouvante, mais au final, ce film curieux fait l’effet d’un direct à l’estomac et semble n’avoir jamais été autant actualité.

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Test DVD / L’Audition, réalisé par Ina Weisse

L’AUDITION (Das Vorspiel) réalisé par Ina Weisse, disponible en DVD le 26 octobre 2020 chez Doriane Films.

Acteurs : Nina Hoss, Simon Abkarian, Jens Albinus, Ilja Monti, Serafin Mishiev, Winnie Böwe, Sophie Rois, Thomas Thieme…

Scénario : Ina Weisse & Daphne Charizani

Photographie : Judith Kaufmann

Durée : 1h34

Date de diffusion : 2019

LE FILM

Anna Bronsky est professeure de violon au Conservatoire. Contre l’avis de ses collègues, elle impose l’admission d’un élève, en qui elle voit un grand talent. Avec beaucoup d’implication, elle prépare Alexander à l’examen de fin d’année et néglige de ce fait son jeune fils Jonas, lui aussi élève violoniste et passionné de hockey sur glace. Elle s’éloigne de son mari, si aimant à son égard, le luthier français Philippe Bronsky. A l’approche de l’audition, Anna pousse Alexander vers des performances de plus en plus exceptionnelles. Le jour décisif, un accident se produit, lourd de conséquences…

Il y a des acteurs et des actrices qui fascinent dès qu’ils apparaissent à l’écran, qui subjuguent, qui laissent sans voix, même quand justement nous ne les entendons pas, juste par leur présence physique, leur charisme, leur regard, leurs expressions. C’est le cas de l’exceptionnelle Nina Hoss, née à Stuttgart en 1975, muse du réalisateur Christian Petzold avec lequel elle a déjà tourné à six reprises depuis 2001, du téléfilm Dangereuses rencontresToter Mann à Phoenix (2014), en passant par L’Ombre de l’enfantWolfsburg (2003), Yella (2007, Ours d’argent de la meilleure actrice à la Berlinale), Jerichow (2008) et bien sûr l’extraordinaire Barbara (2012). Comme sa compatriote Hanna Schygulla avant elle, Nina Hoss hypnotise le spectateur de son talent gigantesque, aussi bien sur scène que sur le grand écran. Dans L’AuditionDas Vorspiel, le deuxième long-métrage de la réalisatrice (et actrice) Ina Weisse (Der Architekt, 2008), la comédienne est à nouveau épatante dans un rôle foncièrement ambigu, dans lequel elle s’impose et marquera autant l’esprit des cinéphiles que dans Gold (2013) de Thomas Arslan et dernièrement dans Retour à MontaukRückkehr nach Montauk (2017) de Volker Schlöndorff. Si certains penseront inévitablement à l’explosif Whiplash (2014) de Damien Chazelle, L’Audition se rapproche surtout du cinéma de Michael Haneke, de La Pianiste bien sûr, mais en trouvant sa propre singularité, avec une émotion à fleur de peau doublée d’un malaise palpable, qui s’installe et se développe jusqu’à la dernière seconde. Pour son impressionnante prestation, Nina Hoss s’est vue décerner le Prix de la meilleure actrice au Festival International du film de San Sebastián.

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Test Blu-ray / Dr Jekyll et Sister Hyde, réalisé par Roy Ward Baker

DR JEKYLL ET SISTER HYDE (Dr. Jekyll & Sister Hyde) réalisé par Roy Ward Baker, uniquement disponible dans le coffret Hammer – Tome 2 – 1970-1976 Sex & Blood – Édition Limitée Numérotée – Blu-ray + DVD, depuis le 30 novembre 2020 chez Tamasa Diffusion.

Acteurs : Ralph Bates, Martine Beswick, Gerald Sim, Lewis Fiander, Susan Brodrick, Dorothy Alison, Neil Wilson, Ivor Dean…

Scénario : Brian Clemens, d’après le roman de Robert Louis Stevenson

Photographie : Norman Warwick

Musique : David Whitaker

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1971

LE FILM

Londres, époque victorienne. Le Dr Jekyll tente de créer un élixir d’immortalité en utilisant des hormones féminines prélevées sur des cadavres frais. Mais dès qu’il boit le sérum, Jekyll se transforme en une femme aussi séduisante que démoniaque, Mrs. Hyde…

Le film le plus connu de Roy Ward Baker (1916-2010) est Atlantique latitude 41°A Night to Remember, qui a remporté le Golden Globe du meilleur film étranger de langue anglaise en 1959. Par la suite, il réalise de nombreux films d’horreur comme Les Monstres de l’espace Quatermass and the Pit (1967), The Anniversary (1968), The Vampire Lovers (1970) ou Les Cicatrices de Dracula – Scars of Dracula (1970), produits par la Hammer. Il s’essaye également au drame avec Le Cavalier noir – The Singer Not the Song en 1961. Pour la télévision, il réalise plusieurs épisodes des séries Chapeau melon et bottes de cuir et Amicalement vôtre.

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Test DVD / Le Prince des chats, réalisé par Ota Koval

LE PRINCE DES CHATS (Kocicí princ) réalisé par Ota Koval, disponible en DVD le 2 mars 2021 chez Artus Films.

Acteurs : Pavel Hachle, Zaneta Fuchsová, Winfried Glatzeder, Jana Andrsová-Vectomová, Vlastimil Hasek, Bohumil Vávra, Alena Kreuzmannová, Jana Andresíková…

Scénario : Ota Hofman & Ota Koval

Photographie : Andrej Barla

Musique : Lubos Sluka

Durée : 1h18

Date de sortie initiale : 1979

LE FILM

En Bohême, une famille doit emménager dans un vieux château, les parents devant y travailler. Les enfants Raduk et Teresa explorent les longs couloirs avec leur petit chat, en évitant le ténébreux Albert, le maître des lieux qui n’aime pas les chats. Ce dernier blessant leur chatte, les enfants trouvent un passage derrière un tableau, qui les conduira dans un pays merveilleux, duquel ils devront ramener l’élixir de vie, après avoir affronté maints dangers.

Le Prince des chatsKocicí princ est un conte de fées tchécoslovaco-est-allemand, réalisé par Ota Koval, sorti sur les écrans en 1979. Ici, point d’adaptation d’un élément tiré des Mille et Une Nuits, des écrits des frères Grimm, d’Andersen ou de Charles Perrault, puisqu’il s’agit d’une histoire complètement originale coécrite par le cinéaste et l’écrivain Ota Hofman, tous les deux étant spécialisés dans les récits dédiés aux enfants et aux jeunes adultes. Tourné dans de magnifiques décors naturels (Tierpark Berlin, ou dans les environs de Dresde et de Prague) ou reconstitués dans les studios Barrandov de Prague, Le Prince des chats est une sorte d’Histoire dans finThe NeverEnding Story avant l’heure, puisque l’intrigue transforme nos deux très jeunes protagonistes, en héros d’aventures qui devront mener une quête teintée de magie, pour pouvoir rentrer chez eux et sauver celle pour qui ils vont risquer leur existence, leur chatte. Film très court, ramassé sur 78 minutes, Le Prince des chats conserve un charme vintage indéniable, même si l’on ne peut s’empêcher de penser que certains animaux ont été malmené sur le plateau, à l’instar de ce chat tout simplement balancé dans les airs durant le générique, sur lequel les cartons se figent et le montrent effrayé. Évidemment, cela ne va sûrement pas aussi loin que le tournage cruel des Aventures de Chatran, film japonais, remanié aux Etats-Unis, où plusieurs dizaines de félins avaient semblent-ils été sacrifiés, mais il est évident que les chats vus dans le film ont été « forcés » dans quelques scènes. Heureusement, ces séquences sont plutôt limitées et le reste du temps, le spectacle est joliment assuré et bourré d’imagination.

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Test DVD / L’Histoire du Petit Muck, réalisé par Wolfgang Staudte

L’HISTOIRE DU PETIT MUCK (Die Geschichte vom kleinen Muck) réalisé par Wolfgang Staudte, disponible en DVD le 2 mars 2021 chez Artus Films.

Acteurs : Thomas Schmidt, Johannes Maus, Friedrich Richter, Trude Hesterberg, Alwin Lippisch, Silja Lesny, Heinz Kammer, Gerhard Hänsel…

Scénario : Peter Podehl & Wolfgang Staudte, d’après le conte de Wilhelm Hauff

Photographie : Robert Baberske

Musique : Ernst Roters

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 1953

LE FILM

Pour faire cesser les moqueries d’enfants turbulents, le vieux potier bossu Muck leur raconte son histoire : orphelin très jeune, Muck partit dans le désert à la recherche du marchand de bonheur. Séquestré par une sorcière, il parvint à lui échapper, emportant au passage un bâton magique et une paire de babouches enchantées. Il s’en alla alors tenter sa chance à la cour du sultan.

Vous n’aviez jamais entendu parler de L’Histoire du Petit Muck ? Nous non plus. Pourtant, sachez que Die Geschichte vom kleinen Muck a fait autant d’entrées dans les salles de la République démocratique allemande que Le Petit Monde de don Camillo (1952) ou que La Grande illusion (1947) de Jean Renoir en France, soit près de 13 millions de spectateurs, pour une population qui en comptait 16 millions. Il restera le plus grand succès de l’histoire du cinéma de la RDA. C’est dire le succès colossal, le triomphe, le phénomène de ce Petit Muck complètement inconnu au bataillon dans nos contrées. Le film est l’adaptation du conte de fées éponyme de l’écrivain et poète Wilhelm Hauff, que l’on trouve dans un recueil intitulé Die KarawaneLa caravane, publié en 1825, qui avait déjà fait l’objet de plusieurs transpositions au cinéma et ce dès 1921 (Der kleine Muk, par Wilhelm Prager), puis en 1938 à travers un court-métrage d’animation soviétique (Malenkiy Muk par Olga Khodatayeva), et enfin en 1944 avec Der kleine Muck de Franz Fiedler. Et l’on arrive au film qui nous intéresse aujourd’hui, un blockbuster de l’époque qui bénéficiait alors d’un budget conséquent (le plus gros jamais alloué à un film par le studio), où l’argent se voit à l’écran du début à la fin. Rempli de couleurs et d’effets spéciaux (par ailleurs très réussis et au charme fou), L’Histoire du Petit Muck est un vrai spectacle pour les petits et les autres.

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Test Blu-ray / Emmanuelle (Director’s Cut), réalisé par Just Jaeckin

EMMANUELLE – Director’s Cut réalisé par Just Jaeckin, disponible en Blu-ray le 6 janvier 2021 chez Studiocanal.

Acteurs : Sylvia Kristel, Alain Cuny, Marika Green, Daniel Sarky, Jeanne Colletin, Christine Boisson…

Scénario : Jean-Louis Richard, d’après le roman d’Emmanuelle Marsan

Photographie : Richard Suzuki

Musique : Pierre Bachelet

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1974

LE FILM

Emmanuelle, une jeune femme aisée, rejoint son mari, un diplomate en poste à Bangkok. Le trajet l’ennuie et la belle oisive s’offre à deux passagers sans attendre l’atterrissage. L’ennui persistant, Emmanuelle use sans ménagement de la totale liberté qu’entend lui laisser son mari, soucieux d’amener sa femme à plus d’abandon. Elle fait la rencontre de deux jeunes femmes, Marie-Ange et Bee, qui l’initient aux jeux de l’amour. Emmanuelle découvre donc le goût des très jeunes filles en fleur, puis les séductions du sadisme bien tempéré avec Bee, avant de confier à l’inénarrable Mario, professeur d’érotisme réputé en Thaïlande, le soin de lui faire parcourir toute la gamme des plaisirs…

Mélodie d’amour chantait le coeur d’Emmanuelle,

Qui bat coeur à corps perdu,

Mélodie d’amour chantait le corps d’Emmanuelle,

Qui vit corps à coeur déçu… (air connu)

9 millions d’entrées dans les salles françaises (dont plus de 3 millions sur Paris intra-muros), près de 50 millions dans le reste du monde (où il aurait rapporté près de cent millions de dollars), Emmanuelle, le premier long-métrage réalisé par Just Jaeckin (Histoire d’O, Gwendoline), est un film culte, un événement, un phénomène, un monument. Film-phare et emblématique de l’érotisme chic au cinéma qui a fait de Sylvia Kristel une star internationale et une icône du jour au lendemain, Emmanuelle est resté pendant longtemps le mètre-étalon du genre, maintes fois copié, jamais ou alors très rarement égalé, donnant naissance à moult ersatz qui ont fait les beaux jours, ou les belles nuits plutôt, des troisièmes parties de soirées du dimanche sur M6. Vous voyez de quoi je parle petits coquins. Quand les adolescents préparaient une VHS de 240 minutes et enclenchaient en douce l’enregistrement, pour pouvoir le lendemain visionner en cachette Sexy Zap, la coupure publicitaire (« Chaud devant chaud ! Un jingle pub pour la 6 ! »), la première partie du téléfilm (un Zara White, un Black Emanuelle ou autres ré-jouissances), une nouvelle coupure pub (« Le Commandant et son équipage vous souhaitent un bon voyage dans cet espace publicitaire »), puis la dernière partie du spectacle. Bref, Emmanuelle premier du nom est l’adaptation du roman éponyme d’Emmanuelle Arsan, publié en 1959, qui avait déjà connu une première transposition au cinéma en 1969, en Italie plus précisément, sous le titre Moi, EmmanuelleIo, Emmanuelle, mis en scène par Cesare Canevari, réalisateur des fameux ¡Mátalo! (1970) et La Dernière orgie du IIIème Reich (1977), avec rien de mois qu’Erika Blanc dans le rôle-titre. Mais l’histoire a finalement retenu la version de Just Jaeckin, qui a su bouleverser les spectateurs du monde entier, à tel point que certains pays limitrophes n’hésitaient pas à organiser des voyages en bus dans le seul but de transporter celles et ceux qui voulaient se rendre à Paris, dans le but de voir le film, diffusé non-stop pendant plus de dix ans à l’UGC Triomphe où il était sous-titré en anglais pour ces touristes particuliers. C’est dire si Emmanuelle, au-delà du parfum de scandale qui l’a accompagné à sa sortie, a su marquer les esprits et même si pas mal d’éléments ont forcément vieilli ou s’avèrent aujourd’hui inappropriés, cette œuvre est et demeure anthologique.

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