Test DVD / Le Soleil de trop près, réalisé par Brieuc Carnaille

LE SOLEIL DE TROP PRÈS réalisé par Brieuc Carnaille, disponible en DVD le 7 février 2023 chez Jour2Fête.

Acteurs : Clément Roussier, Marine Vacth, Diane Rouxel, Hakim Faris, Léon Durieux, Fethi Saidi, Corentin Fila, Omar El Aissaoui…

Scénario :  Brieuc Carnaille & Clément Roussier

Photographie : Georges Lechaptois

Durée : 1h26

Année de sortie : 2022

LE FILM

À sa sortie d’hôpital psychiatrique, Basile se réfugie chez sa sœur Sarah. Elle est sa seule famille et sa plus grande alliée pour se reconstruire. Aussi flamboyant qu’instable, Basile parvient à trouver du travail et rencontre Élodie, une jeune mère célibataire : il se prend à rêver d’une vie « normale »…

Attention, film choc ! Le soleil de trop près, titre magnifique, provient d’une légende anonyme et ancienne centrée sur le roitelet, considéré comme le plus petit oiseau d’Europe : Un jour les oiseaux décidèrent de se choisir un roi à l’instar des mammifères qui avaient choisi le lion. Celui qui volerait le plus près du soleil serait élu roi. Le roitelet se cacha dans les plumes de l’aigle celui-ci cria son triomphe quand tous les autres oiseaux avaient abandonnés d’épuisement. Mais le petit roitelet sortit de sa cachette et vola un peu plus haut. Il avait ainsi gagné le titre de roi. Les autres oiseaux ayant honte d’avoir un roi aussi insignifiant refusèrent de le proclamer. C’est ainsi que l’aigle est devenu le roi des oiseaux et le roitelet est devenu le petit roi. Le premier long-métrage et coup de maître du réalisateur Brieuc Carnaille se focalise sur Basile, un trentenaire à la personnalité hors normes, qui après avoir été interné retourne vivre chez sa sœur Sarah avec qui il entretient une rare complicité face à sa maladie, la schizophrénie. Fantasque, drôle et charismatique, Basile va se soigner puis retrouver du travail et même rencontrer l’amour. En préférant cacher sa maladie à son nouvel entourage. C’est là qu’il se brûlera les ailes. La schizophrénie (paranoïde ici) a déjà inspiré le cinéma. Shutter Island, Black Swan, Fight Club, Shining, Un homme d’exception, Psychose, Donnie Darko, Fou(s) d’Irène, The Voices, Clean, shaven, Magic, Répulsion, Lost Highway, Mulholland Drive, Take Shelter, Persona, Bug, Schizophrenia bien sûr et on en oublie forcément…Il faudra ajouter à celle liste qui ne saurait être exhaustive et qui s’avère déjà composée de titres prestigieux, Le Soleil de trop près, qui foudroie de façon saisissante le coeur du spectateur du début à la fin et qui révèle un immense comédien, Clément Roussier, également coscénariste du film, dont la prestation laisse pantois d’admiration.

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Test DVD / Les Amandiers, réalisé par Valeria Bruni Tedeschi

LES AMANDIERS réalisé par Valeria Bruni Tedeschi, disponible en DVD et Blu-ray le 21 mars 2023 chez Ad Vitam.

Acteurs : Nadia Tereszkiewicz, Sofiane Bennacer, Louis Garrel, Micha Lescot, Clara Bretheau, Noham Edje, Vassili Schneider, Eva Danino…

Scénario : Valeria Bruni Tedeschi, Noémie Lvovsky & Agnès de Sacy

Photographie : Julien Poupard

Durée : 2h01

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Dans les années 80, Stella, Etienne, Adèle et toute la troupe ont vingt ans. Ils passent le concours d’entrée de la célèbre école créée par Patrice Chéreau et Pierre Romans au théâtre des Amandiers de Nanterre. Lancés à pleine vitesse dans la vie, la passion, le jeu, l’amour, ensemble ils vont vivre le tournant de leur vie mais aussi leurs premières grandes tragédies.

Au moins une fois par trimestre, sort sur les écrans LE film français qui agace en tout point, sur lequel on a soudainement envie de s’acharner. Voici donc Les Amandiers, cinquième long-métrage réalisé par Valeria Bruni Tedeschi et coécrit avec Noémie Lvovsky, ainsi que le quatrième avec Agnès De Sacy. Et à chaque nouvel opus mis en scène par l’intéressée, on se dit qu’on lui va lui donner une nouvelle chance puisqu’on l’aime beaucoup en tant qu’actrice (5×2, Les Opportunistes, Folles de joie)…mais non, c’est au-dessus de nos forces, une hystérie collective a raison de nous au bout d’un quart d’heure et ça ne s’arrêtera jamais. C’est dommage, car son premier film Il est plus facile pour un chameau… (2002) comportait de bonnes choses, notamment une certaine proximité avec le spectateur, qu’elle a perdu dès son second coup d’essai, Actrices (2007), centrée sur une comédienne angoissée (tiens donc) qui ne vit que pour le théâtre, quitte à mettre de côté sa vie privée. Bon courage à qui voudrait tenter l’expérience, surtout que cela ne s’est pas amélioré par la suite avec Un château en Italie (2013) et sa famille bourgeoise, puis Les Estivants (2018) où une cinéaste cherchait à écrire son nouveau film tout en essayant de se remettre d’une rupture sentimentale. Dans Les Amandiers, c’est la première fois que Valeria Bruni Tedeschi ne tient pas le haut de l’affiche d’une de ses réalisations, bien que le film demeure incontestablement son plus personnel, car ouvertement autobiographique, ou presque, pas totalement, avec ce qui faut de fiction mêlée à ses propres souvenirs reconstitués. Mais très franchement, aller au bout de ces 120 minutes (!!!) est un supplice et ce dès le départ. Avec ses personnages antipathiques et jamais intéressants, Les Amandiers dépeint un milieu, un microcosme détestable où tout le monde est à baffer, complètement déconnecté des réalités et irresponsables. Il faut bien que jeunesse se passe, mais à ce point-là…

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Test Blu-ray / Les Quatre de l’apocalypse, réalisé par Lucio Fulci

LES QUATRE DE L’APOCALYPSE (I Quattro dell’apocalisse) réalisé par Lucio Fulci, disponible en combo Blu-ray+DVD le 22 février 2023 chez Studiocanal

Acteurs : Fabio Testi, Lynne Frederick, Michael J. Pollard, Harry Baird, Tomás Milián, Adolfo Lastretti…

Scénario : Ennio De Concini, d’après une nouvelle de Brett Harte

Photographie : Sergio Salvati

Musique : Franco Bixio, Fabio Frizzi & Vince Tempera

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1975

LE FILM

Un tricheur, une prostituée enceinte, un ivrogne et un médium fou errent sur les routes après avoir échappé à un massacre organisé. Leur sort ne s’arrange guère avec la rencontre de Chaco, un sadique halluciné, qui leur inflige les pires traitements. Laissés pour morts, ils trouveront la rédemption sur le chemin de la vengeance…

En 1966, après avoir fait ses classes dans le domaine de la comédie en dirigeant le tandem Franco et Ciccio sur une bonne demi-douzaine de longs-métrages, Lucio Fulci se tourne vers le western avec Le Temps du massacreTempo di massacro, interprété par Franco Nero et George Hilton. Ce premier coup d’essai dans le genre sera ensuite suivi des légendaires gialli du maître (Le Venin de la peur, La Longue nuit de l’exorcisme, Perversion Story), puis de films d’aventure (Croc-Blanc Zanna Bianca et sa suite Le Retour de Croc-Blanc Il Ritorno di Zanna Bianca). Alors que les cowboys italiens se faisaient plus rares, surtout depuis le chant du cygne représenté en 1973 par Mon nom est Personne Il mio nome è Nessuno de Tonino Valerii, le réalisateur devait étonnamment revenir au western avec Les Quatre de l’apocalypseI quattro dell’apocalisse. Mais ce dernier va bien au-delà et s’avère en réalité un road movie qui n’est pas sans rappeler certaines œuvres du Nouvel Hollywood, notamment et contre toute attente Macadam à deux voies de Monte Hellman. À la fin des années 1960, aux Etats-Unis, ce style de récit initiatique (ou pas) prend son envol avec la sortie du film de Dennis Hopper, Easy Rider en 1969. Suivront Point limite zéro de Richard C. Sarafian en 1971 et Two-Lane Blacktop la même année par Monte Hellman. C’est l’époque des grands chamboulements, la guerre du Vietnam a traumatisé l’Amérique, la révolution sexuelle bat son plein, les mœurs et les actes changent et se libèrent. Il y a eu Woodstock en 1969 et l’affaire Charles Manson, auquel Chaco fait largement référence dans Les Quatre de l’apocalypse, qui découle pour ainsi dire des bouleversements profonds survenus dans le monde, ayant conduit outre-Atlantique à l’émergence de jeunes réalisateurs (un peu comme la Nouvelle Vague à la fin des années 1950 en France), Francis Ford Coppola, Martin Scorsese, George Lucas, Steven Spielberg…Lucio Fulci comprend ce qui est en train de se passer et met en scène un road-movie mystique et mélancolique imprégné de peyotl (et de musique pop/folk un rien hippie sur les bords), parcouru par une violence frontale et graphique encore assez rare. Rétrospectivement, Les Quatre de l’apocalypse est assurément un des chefs d’oeuvre méconnus de Lucio Fulci, l’un de ses opus les plus mystérieux et entêtants, qui n’a probablement pas livré tous ses secrets près d’un demi-siècle après sa sortie.

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Test Blu-ray / L’Arme à l’oeil, réalisé par Richard Marquand

L’ARME À L’OEIL (Eye of the Needle) réalisé par Richard Marquand, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 22 mars 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : Donald Sutherland, Kate Nelligan, Ian Bannen, Christopher Cazenove, Alex McCrindle, Stephen MacKenna, Philip Martin Brown, George Belbin…

Scénario : Stanley Mann, d’après le roman de Ken Follett

Photographie : Alan Hume

Musique : Miklós Rózsa

Durée : 1h47

Date de sortie initiale : 1981

LE FILM

Durant la Deuxième Guerre mondiale, Faber, un espion allemand en poste en Angleterre découvre le subterfuge élaboré pour les alliés pour faire croire à un débarquement sur les côtes du Pas-de-Calais. Alors qu’il s’apprête à transmettre l’information à son QG, l’officier, embarqué sur un esquif, est victime d’une attaque. Échoué sur l’île des Tempêtes, au large des côtes écossaises, il est recueilli par un couple, dont le mari est handicapé. Faber tombe amoureux de Lucy, la femme…

L’Arme à l’oeil Eye of the Needle. C’est un film dont nous n’avions jamais entendu parler et qui a immédiatement éveillé notre curiosité pour plusieurs raisons. Pour son casting mené par l’impérial Donald Sutherland, pour son réalisateur Richard Marquand (1937-1987), dont nous ne connaissions réellement que Le Retour du Jedi (1983) et À double tranchant (1985), et enfin parce qu’il s’agit de l’adaptation d’un roman de l’immense Ken Follett, publié en 1978. Tentant non ? Et le résultat est on ne peut plus fameux. L’Arme à l’oeil démarre comme un film historique, ce qu’il est indéniablement, l’action étant située entre 1940 et 1944, tandis qu’une voix (au micro) plante le décor d’emblée, nous sommes à Londres, en feu après le passage de la Luftwaffe. L’introduction prend déjà le spectateur par surprise en se focalisant sur Henry Faber, personnage à première vue sympathique, qui essaye de dissuader un jeune homme voulant s’engager dans le confit armé, en lui disant qu’il a le temps et qu’il y aura d’autres guerres. Puis arrive le premier rebondissement, complètement inattendu, qui révèle la véritable nature de Faber. Une scène magnifiquement montée, sèche, brutale, qui marquera probablement les cinéphiles. Disons-le, Donald Sutherland, quasiment de tous les plans, est extraordinaire dans L’Arme à l’oeil, peut-être dans l’un de ses meilleurs rôles, monstre de charisme au regard bleu laser capable de foudroyer celui ou celle qui le fixerait trop longtemps. Muni d’un couteau à cran d’arrêt qu’il dégaine plus vite que l’éclair, Faber est une bombe à retardement qui passe inaperçue, un homme dans la foule, qui parvient à éclipser son mètre 90 au milieu des passants, pour mieux frapper au moment le plus imprévu après avoir usé de son charme suintant. L’Arme à l’oeil mute alors en chasse à l’homme, puis se resserre jusqu’au huis clos teinté de romance. Remarquable thriller d’espionnage, aussi riche sur le fond que sur la forme, Eye of the Needle est une sacrée et admirable découverte.

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Test Blu-ray / Luz, la fleur du mal, réalisé par Juan Diego Escobar Alzate

LUZ (Luz, la fleur du mal) réalisé par Juan Diego Escobar Alzate, disponible en Blu-ray depuis décembre 2022 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Yuri Vargas, Jim Muñoz, Andrea Esquivel, Sharon Guzman, Marcela Robledo, Conrado Osorio, Johan Camacho, Daniel Páez…

Scénario : Juan Diego Escobar Alzate

Photographie : Nicolás Caballero Arenas

Musique : Brian Heater

Durée : 1h44

Date de sortie initiale : 2019

LE FILM

De nos jours, dans un petit village isolé au milieu des montagnes colombiennes – Une communauté vit comme au Moyen-Âge sous le joug d’un prédicateur nommé El Senor, qui dirige la population et retient prisonnier un enfant nommé Jesus, censé être le Nouveau Messie. Le comportement d’El Senor finit par semer le trouble et le chaos au sein des villageois, et notamment ses trois propres filles.

Quel étrange film que ce Luz, la fleur du mal, réalisé par le colombien Juan Diego Escobar Alzate (né en 1987), auteur d’une demi-douzaine de courts-métrages, de quelques épisodes de séries télévisées, d’un téléfilm et de clips musicaux. Imaginé comme un segment manquant entre le cinéma de Terrence Malick et celui d’Alejandro Jodorowsky, Luz, la fleur du mal n’est certes pas un coup de maître et ce en raison de défauts souvent liés à un premier long-métrage, mais n’en reste pas moins intéressant à plus d’un titre. Magnifiquement photographié par Nicolás Caballero Arenas, le film fait penser à une succession de tableaux éclatants ou crépusculaires, en jouant sur le contraste entre les scènes diurnes aux couleurs pastel et célestes, et les séquences de nuit anxiogènes, particulièrement oppressantes. Multi-récompensé dans les festivals du monde entier, au Buenos Aires Rojo Sangre au Buffalo Dreams Fantastic Film Festival, en passant par l’Horrible Imaginings Film Festival, le Lonely Wolf: London International Film Festival, et présenté aussi à Sitges, Luz, la fleur du mal a connu une vraie petite renommée à sa sortie, même s’il demeurait jusqu’alors inédit en France. Sans doute trop proche de l’impressionnant The Witch de Robert Eggers gagne d’être découvert et dévoile la sensibilité d’un artiste à suivre de près.

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Test Blu-ray / Le Orme, réalisé par Luigi Bazzoni

LE ORME réalisé par Luigi Bazzoni, disponible en Blu-ray depuis décembre 2022 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Florinda Bolkan, Peter McEnery, Nicoletta Elmi, Caterina Boratto, John Karlsen, Esmeralda Ruspoli, Evelyn Stewart, Miriam Acevedo, Rosita Torosh, Luigi Antonio Guerra, Klaus Kinski, Lila Kedrova…

Scénario : Mario Fanelli & Luigi Bazzoni, d’après le roman de Mario Fanelli

Photographie : Vittorio Storaro

Musique : Nicola Piovani

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 1975

LE FILM

Alice, une jeune traductrice frappée d’amnésie, n’arrive plus à discerner la réalité de ses cauchemars alors qu’elle tente de se rappeler les évènements de ces derniers jours. Une carte postale retrouvée l’amène à la station balnéaire de Garma où les gens ne semblent pas la reconnaître alors que ses rêves où elle se tient aux cotés d’astronautes sur la lune deviennent de plus en plus forts…

Nous avions déjà parlé du réalisateur Luigi Bazzoni (1929-2012) en septembre 2022, à l’occasion de la sortie en Blu-ray chez Artus Films du formidable La Possédée du lac La Donna del lago. Si vous désirez en savoir plus sur ce dernier, vous savez ce qui vous reste à faire. Aujourd’hui, nous évoquerons Le Orme, le dernier long-métrage du cinéaste, avant que celui-ci se lance dans son documentaire-fleuve Roma Imago Urbis, qui comptera quinze parties produites de 1987 à 1992 et qui sera ensuite distribué directement en VHS en 1994. Également connu pour L’Homme, l’Orgueil et la Vengeance L’Uomo, l’Orgoglio, la Vendetta (1967), western avec Franco Nero adapté de la nouvelle Carmen de Prosper Mérimée, sans oublier le génial Journée noire pour un bélierGiornata nera per l’ariete, avec le même comédien, Luigi Bazzoni signe son chef d’oeuvre avec Le Orme, faux giallo, mais véritable thriller psychologique, chaînon manquant entre Mort à Venise de Luchino Visconti et Identification d’une femme de Michelangelo Antonioni, dans lequel brille la merveilleuse Florinda Bolkan, qui aura illuminé le cinéma transalpin dans La Dernière maison sur la plage de Franco Prosperi, Exécutions de Romolo Guerrieri Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon d’Elio Petri, La Longue nuit de l’exorcisme et Le Venin de la peur de Lucio Fulci. Amis cinéphiles, venez vous perdre dans ce fabuleux labyrinthe mental !

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Test Blu-ray / La Tête de Normande St-Onge, réalisé par Gilles Carle

LA TÊTE DE NORMANDE ST-ONGE réalisé par Gilles Carle, disponible en Blu-ray depuis décembre 2022 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Carole Laure, Raymond Cloutier, Reynald Bouchard, Carmen Giroux, Gaetan Guimond, J. Léo Gagnon, Anne-Marie Ducharme, Renée Girard, Denys Arcand…

Scénario : Ben Barzman

Photographie : François Protat

Musique : Lewis Furey

Durée : 1h56 (Version intégrale)

Date de sortie initiale : 1975

LE FILM

Dans les faubourgs de Montréal, années 1970 – Employée dans une pharmacie, Normande St-Onge vit dans une grande maison de famille, qu’elle partage avec des marginaux. La jeune femme est préoccupée par le sort de sa mère, enfermée dans un hôpital psychiatrique. Normande cherche à la faire sortir par tous les moyens, mais se heurte au refus des médecins et de son oncle avocat. Alors vient à Normande l’idée folle de la soustraire de l’asile et de la ramener à la maison.

Gilles Carle et Carole Laure, quatrième ! En réalité, La Tête de Normande St-Onge est le troisième long-métrage qui réunit le cinéaste et la comédienne, qui s’étaient retrouvés aussi pour un épisode de la série For the Record. Sur un scénario signé de l’illustre Ben Barzman (Retour aux Philippines d’Edward Dmytryk, Le Garçon aux cheveux verts et Temps sans pitié de Joseph Losey, La Chute de l’empire romain d’Anthony Mann, L’Attentat d’Yves Boisset), ancien blacklisté, La Tête de Normande St-Onge plonge dans la psyché d’une jeune femme, élevée par les sœurs, dont la mère, ancienne chanteuse de cabaret, est enfermée dans un hôpital psychiatrique depuis quatre mois pour dérèglement mental. Aux contacts de la folie de celle qui lui a donné la vie, Normande, puisque c’est son prénom, paraît désormais hésiter entre la normalité et la démence. Mais qu’est-ce que la déraison ? Cette histoire insolite qui annonce entre autres les films de Xavier Dolan, l’hystérie en moins, l’émotion en plus, peut souvent décontenancer, à l’instar de La Mort d’un bûcheron, avec ses égarements arty et des scènes érotiques étonnamment crues. Néanmoins, il serait dommage de bouder son plaisir, surtout qu’il s’agit d’un opus important voire fondateur du cinéma Quebécois contemporain, illuminé une fois de plus par la beauté incendiaire de Carole Laure.

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Test Blu-ray / La Mort d’un bûcheron, réalisé par Gilles Carle

LA MORT D’UN BÛCHERON réalisé par Gilles Carle, disponible en Blu-ray depuis décembre 2022 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Carole Laure, Willie Lamothe, Daniel Pilon, Pauline Julien, Marcel Sabourin, J. Léo Gagnon, Roger Lebel, Ernest Guimond, Jacques Gagnon…

Scénario : Gilles Carle & Arthur Lamothe

Photographie : René Verzier

Musique : Tristan Hansinger, Willie Lamothe, Chick Peabody & Peter Van Ginkel

Durée : 1h55 (Version intégrale)

Date de sortie initiale : 1973

LE FILM

Marie Chapdelaine, jeune provinciale de Chibougamau, quitte sa mère pour se rendre à Montréal, à la recherche de Tancrède, son père, qu’elle n’a jamais connu. Là-bas, elle rencontre Armand Saint-Amour – un ex-bûcheron reconverti en patron de bar country, qui connaissait son père -, François Paradis et Charlotte Juillet, respectivement journaliste et écrivaine, mais aussi Blanche Bellefeuille, qui fut la maîtresse de son père. Marie envisage de se rendre dans le dernier camp de bûcherons où Tancrède travaillait. Mais, tour à tour exploitée par Saint-Amour et Paradis, Marie va devoir faire contre mauvaise fortune bon coeur…

En France, on connaît surtout la Québécoise Carole Laure pour La Menace (1978) d’Alain Corneau, l’exceptionnel Préparez vos mouchoirs (1979) de Bertrand Blier, peut-être aussi pour À mort l’arbitre (1984) de Jean-Pierre Mocky, tandis que les cinéphiles auront en tête le génial Asphalte (1981) de Denis Amar. Également chanteuse, scénariste et même réalisatrice avec quatre longs-métrages à son actif, Carole Laure a quelque peu disparu des radars depuis près de dix ans. A mi-temps des années 1970, on imagine mal l’aura de la comédienne dans sa province, mais aussi sur la scène internationale, suite à la présentation en compétition de La Mort d’un bûcheron au Festival de Cannes en 1973, face à, excusez du peu, Electra Glide in Blue, La Grande bouffe, La Maman et la Putain, La Planète sauvage, La Clepsydre, L’Épouvantail, De l’influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites… Le cinéma Québécois s’exportait alors pour la première fois à l’étranger et révélait cette magnifique brune, qui allait devenir la représentante d’une nouvelle génération, celle de l’émancipation des jeunes de la Belle Province. La Mort d’un bûcheron marque la première collaboration entre Carole Laure et le réalisateur Gilles Carle (1928-2009), qui se retrouveront par la suite pour Les Corps célestes (1973), La Tête de Normande St-Onge (1975), L’Ange et la Femme (1977), Fantastica (1980), Maria Chapdelaine (1983), y compris pour un épisode de la série For the Record (1975). Remarquable portrait de femme, La Mort d’un bûcheron s’inspire très librement du célèbre roman de Louis Hémon, MariaChapdelaine, écrit en 1913, qui n’aura de cesse d’influencer Gilles Carve pour certains de ses autres opus. La caméra colle au plus près de sa protagoniste, quasiment de tous les plans, et suit son parcours semé de rencontres insolites qui la conduiront jusque sur les terres où son père bûcheron, disparu et qu’elle recherche, aura rendu son dernier souffle. Cette chronique d’une mort annoncée, qui ouvre d’ailleurs le film dans une scène percutante, transforme la quête du personnage principal en mirage, auquel elle se raccrochera jusqu’au dernier moment, quand elle se rendra compte qu’elle n’est plus et ne sera plus jamais la même, même si cette mutation s’était déjà opérée avant la révélation. Étrange récit que celui de Mort d’un bûcheron, qui se perd sensiblement dans un dernier acte trop bavard et démonstratif, mais qui n’en reste pas moins imprévisible et un bel objet de cinéma, illuminé par l’une des plus belles actrices des années 1970.

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Test Blu-ray / Gina, réalisé par Denys Arcand

GINA réalisé par Denys Arcand, disponible en Blu-ray depuis décembre 2022 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Céline Lomez, Claude Blanchard, Frédérique Collin, Serge Thériault, Gabriel Arcand, Louise Cuerrier, Jocelyn Bérubé, Paule Baillargeon…

Scénario : Jacques Poulain & Alain Dostie

Photographie : Alain Dostie

Musique : Benny Barbara & Michel Pagliaro

Durée : 1h35 (Version intégrale)

Date de sortie initiale : 1975

LE FILM

Une danseuse, Gina, va remplacer une collègue dans un petit hôtel de province. Elle fait connaissance avec des cinéastes d’un organisme gouvernemental venus tourner un documentaire sur une usine de textile. Le soir de son premier spectacle, Gina est agressée et violée par une bande de motoneigistes. Elle fait appel à son imprésario qui s’amène avec des fiers-à-bras pour exercer une dure vengeance. Pendant ce temps, les autorités de l’usine obtiennent l’arrêt du tournage du film.

Avant de devenir un cinéaste reconnu dans le monde entier avec Le Déclin de l’empire américain (1986), Jésus de Montréal (1989) et Les Invasions barbares (2003), le Québécois Denys Arcand (né en 1941) avait déjà près de 25 ans de carrière à son actif. En effet, c’est au début des années 1960 qu’il fait ses premiers pas derrière la caméra avec quelques courts-métrages et surtout des documentaires soutenus par la critique, qui se penchent essentiellement sur la réalité sociale, économique et politique de sa province. Foncièrement engagé, Denys Arcand dévoile l’envers du décor du Québec et bien entendu cela ne plaît pas à tout le monde. C’est le cas du film On est au coton, réalisé en 1970, mais distribué seulement six ans plus tard. Pour quelle raison ? Ce documentaire s’est accompagné d’un parfum de scandale, en raison de sa description brute et sans concessions des conditions de travail difficiles dans l’industrie textile au Québec, tout en relatant la vie – très précaire – des ouvriers dans les manufactures (qui ferment les unes après les autres), ainsi que leurs luttes syndicales (entre grèves et actions). Subissant des pressions de la part de grands groupes du textile, On est au coton est purement et simplement censuré par l’O.N.F. (Office National du Film du Canada). Qu’à cela ne tienne, alors que ce documentaire est mis au placard, Denys Arcand s’inspire de cette histoire pour Gina, qui sort au Canada en janvier 1975. Sous ses allures de film de genre appartenant au Rape & Revenge avec une pointe de film de redneck, le troisième long-métrage de fiction du réalisateur intègre des images provenant d’On est au coton, faisant ainsi passer le message qu’il souhaitait, tout en comblant les spectateurs venus se divertir. Les ingrédients insolites de ce cocktail se mélangent bien et hormis des petites longueurs (dont une partie de billard filmée en temps réel qui fait office de remplissage), Gina est une agréable curiosité qui devrait réjouir les cinéphiles.

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Test Blu-ray / Un accident de chasse, réalisé par Emil Loteanu

UN ACCIDENT DE CHASSE (Moy laskovyy i nezhnyy zver) réalisé par Emil Loteanu, disponible en Combo Blu-ray + DVD – Édition limitée le 22 février 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : Galya Belyaeva, Oleg Yankovskiy, Kirill Lavrov, Leonid Markov, Svetlana Toma, Grigori Grigoriu, Vasyl Simchich, Olegar Fedoro…

Scénario : Emil Loteanu, d’après le roman d’Anton Tchekhov

Photographie : Anatoliy Petritskiy

Musique : Evgeniy Doga

Durée : 1h43

Date de sortie initiale : 1978

LE FILM

Le vieux comte Korneev invite dans sa propriété délabrée quelques amis afin de célébrer ses « adieux à la vie », dont un juge d’instruction à la retraite, l’intendant du comte et le beau-frère de ce dernier. L’intrusion d’Olenka, fille d’un forestier, va perturber la fête. Née d’une famille pauvre, elle doit épouser un homme riche pour échapper à son sort. Trois hommes se battent pour son cœur. Qui aurait pu savoir que tout cela finirait en tragédie ?

Arrêtez séance tenante tout ce que vous êtes en train de faire. Installez-vous confortablement devant Un accident de chasseМой ласковый и нежный зверь (qui signifie littéralement « Mon tendre et doux animal sauvage »), pour ensuite vous laisser porter par la magnificence des images du film d’Emil Loteanu (1936-2003). Cette adaptation du roman Drame de chasse d’Anton Tchekhov, publié sous la forme de feuilletons en 1884-1885, qui avait déjà inspiré L’AveuSummer Storm (1944) de Douglas Sirk, avec George Sanders et Linda Darnell s’avère une valse qui subjugue et chavire les sens des spectateurs, hypnotise par son étourdissante photographie, foudroie par la beauté de ses interprètes, avant de les emporter dans un tourbillon de sentiments. Film culte ayant attiré 26 millions de spectateurs en Union Soviétique, Un accident de chasse est un cadeau pour les cinéphiles, un miracle comme seul le septième art est capable de créer, avant d’envoûter une audience définitivement conquise et dont la mémoire restera sans doute marquée à jamais par ce récit, ses personnages et sa furieuse mélancolie. Un somptueux et précieux chef d’oeuvre.

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