Test Blu-ray / Misanthrope, réalisé par Damián Szifron

MISANTHROPE (To Catch a Killer) réalisé par Damián Szifron, disponible en DVD & Blu-ray le 3 octobre 2023 chez Metropolitan Vidéo.

Acteurs : Shailene Woodley, Ben Mendelsohn, Ralph Ineson, Jovan Adepo, Rosemary Dunsmore, Michael Cram, Darcy Laurie, Christian Jadah…

Scénario : Damián Szifron & Jonathan Wakeham

Photographie : Javier Julia

Musique : Carter Burwell

Durée : 1h59

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Eleanor, une jeune enquêtrice au lourd passé, est appelée sur les lieux d’un crime de masse terrible. La police et le FBI lancent une chasse à l’homme sans précédent, mais face au mode opératoire constamment imprévisible de l’assassin, l’enquête piétine. Eleanor, quant à elle se trouve de plus en plus impliquée dans l’affaire et se rend compte que ses propres démons intérieurs peuvent l’aider à cerner l’esprit de ce tueur si singulier…

En cette année cinématographique dominée par le rose fluo et les teintes acidulées de Barbie et Super Mario Bros, le film, cela fait du bien d’aller voir ce qui s’est fait de mieux dans le noir, le sombre et le poisseux. Et Misanthrope est assurément le thriller de l’année. Ne cherchez plus, vous avez entre les mains et devant les yeux le polar de 2023, celui qui va vous clouer à votre siège, vous mettre les nerfs à rude épreuve et qui vous restera un bon bout de temps en tête. Misanthrope To Catch a Killer est le premier long-métrage américain de l’excellent réalisateur argentin Damián Szifrón (né en 1975), révélé en 2014 avec Les Nouveaux SauvagesRelatos salvajes, film à sketches présenté en sélection officielle au Festival de Cannes, sélectionné pour représenter l’Argentine à l’Oscar du meilleur film en langue étrangère et primé huit fois aux prix Platino. Autant dire qu’on attendait de ses nouvelles et il aura donc fallu attendre près de dix ans pour en avoir, mais cela valait le coup. Misanthrope n’est pas adapté d’un roman, mais bel et bien issu d’un scénario original coécrit par Damián Szifrón (aussi monteur) et Jonathan Wakeham, qui situe son action à Baltimore, même si le film a entièrement été tourné au Canada, à Québec et à Montréal. De la première à la dernière scène, de la première à la dernière seconde, Misanthrope capte l’attention, hypnotise par sa mise en scène, emballe par l’intense interprétation du tandem principal, Shailene Woodley, également productrice et Ben Mendelsohn, toujours aussi fascinant. Indispensable.

Eleanor Falco est une jeune patrouilleuse de la police de Baltimore. Elle se retrouve un soir sur l’une des scènes d’une tuerie de masse dans un immeuble perpétrée par un sniper qui fait près d’une trentaine de victimes. Son profil atypique séduit Geoffrey Lammark, agent fédéral en charge de cette enquête très médiatisée. Eleanor est donc recrutée comme agent de liaison entre la police et le FBI. Malgré son inexpérience, Lammark pense qu’elle pourrait aider à la traque d’un tueur en série très particulier et dans une enquête sans pistes réelles. De plus, le meurtrier semble avoir un modus operandi imprévisible et très changeant. Eleanor collabore étroitement avec Geoffrey Lammark et l’agent Mackenzie. Cependant, leur travail est perturbé par les interférences de la hiérarchie, des politiques et des médias. De plus, Lammark découvre l’instabilité psychologique d’Eleanor, addict aux médicaments et antisociale et qui avait été recalée de l’Académie du FBI huit ans plus tôt. Alors que l’enquête piétine, Eleanor va utiliser ses propres troubles pour tenter de comprendre l’esprit torturé du criminel.

Une belle baffe ! On ressort groggys de Misanthrope, thriller carré, sans fioritures, sec, nerveux, sombre et qui pourtant propose quelques soupapes d’humour noir grâce au personnage de l’agent Geoffrey Lammark, merveilleusement interprété par l’immense Ben Mendelsohn, l’un des meilleurs acteurs du monde, qui en impose dès sa première apparition, puis lors de la séquence où celui-ci expose comment va se dérouler l’enquête. Lammarck va se révéler, par strate, jusque dans sa vie privée, qui révèle son lot de surprises, en donnant une étonnante et inattendue sensibilité à un agent que l’on ne devinait alors que cynique, froid et solitaire. Face à lui, Shailene Woodley n’en finit plus de tracer un chemin on ne peut plus intéressant dans le cinéma hollywoodien. L’actrice née en 1991, révélée par l’exceptionnel The Descendants d’Alexander Payne en 2011, n’aura eu de cesse de confirmer les espoirs très tôt placés en elle, en conciliant à la fois le blockbuster (la saga Divergente) et le film d’auteur, à l’instar du sublime White Bird White Bird in a Blizzard de Gregg Araki et Désigné coupable The Mauritanian de Kevin Macdonald, tout en travaillant aussi pour la télévision avec la série Big Little Lies. Dans Misanthrope, elle livre l’une de ses meilleures prestations à ce jour, avec un personnage difficilement cernable, une jeune femme qui reste souvent en retrait, qui écoute et regarde plus qu’elle ne s’exprime et que l’on écoute quand elle le fait, en étant franche du collier, sans tergiverser.

La rencontre entre Lammark et Falco peut parfois rappeler celle de Blomkvist et Lisbeth Salander dans Millénium, dans le style couple peu assorti, mais dont l’alchimie est fracassante. Les deux sont aussi épaulés par l’agent fédéral Jack McKenzie, sans doute un peu plus effacé, mais incarné avec justesse par l’imposant Jovan Adepo, vu dernièrement dans Babylon de Damien Chazelle, Overlord de Julius Avery, Fences de Denzel Washington et la magnifique série The Leftovers. Outre une intrigue pleine de rebondissements, Misanthrope bénéficie d’une photographie stylisée et magnétique qui foudroie dès l’incroyable séquence d’introduction, imputable au chef opérateur Javier Juliá (El Presidente et Petite fleur de Santiago Mitre), sans oublier la partition enivrante de Carter Burwell (Le Fondateur, The Big Lebowski, Le Musée des merveilles). Mention spéciale aussi à Ralph Ineson (dans le rôle de Dean Possey), acteur britannique, vu dans Game of Thrones (Dagmer Cleftjaw), qui interprétait aussi Amycus Carrow dans les trois derniers épisodes d’Harry Potter, et qui est devenu depuis l’acteur fétiche de Robert Eggers (The Witch, The Northman, Nosferatu). Si la dernière partie peut détonner par rapport au reste du long-métrage, Misanthrope captive avec son suspense implacable, sa réalisation ultra-efficace et sans cesse inventive. Ruez-vous dessus !

LE BLU-RAY

Après avoir attiré près de 200.000 spectateurs dans les salles françaises, Misanthrope débarque en DVD et Blu-ray chez Metropolitan Vidéo. Le visuel reprend celui de l’affiche française d’exploitation. Le menu principal est animé et musical.

Le bât blesse au niveau de l’interactivité, qui se résume uniquement à la présence de la bande-annonce, d’un montage de photos de tournage (5’) et un autre constitué de dessins et de stroyboards (1’10). C’est tout. C’est trop peu. C’est dommage. C’est décevant.

L’Image et le son

En revanche et comme d’habitude, Metropolitan Vidéo se rattrape une fois avec la qualité de son master HD, sensationnel de beauté. Si l’on excepte deux ou trois plans plus doux, ce Blu-ray de Misanthrope se révèle irréprochable. Que l’histoire se déroule dans les décors urbains, ou bien dans la campagne froide dans la dernière partie, la copie restitue brillamment les partis pris esthétiques de la photographie du chef opérateur Javier Juliá. Le relief est omniprésent, le piqué aiguisé comme une lame de rasoir, la clarté de mise. Le cadre large est magnifiquement exploité, les détails sont légion, la profondeur de champ impressionnante. Le nec plus ultra de la Haute définition, c’est superbe. Disque de démonstration haut la main.

Comme pour l’image, l’éditeur a soigné le confort acoustique et livre deux mixages DTS-HD Master Audio 7.1 français et anglais, souvent explosifs, autant dans les scènes d’affrontements secs que dans les séquences plus calmes. Les pics de violence peuvent compter sur une balance impressionnante des frontales comme des latérales, avec les effets qui environnent le spectateur. Les ambiances annexes sont très présentes et dynamiques, les voix solidement exsudées par la centrale, tandis que le caisson de basses souligne efficacement chacune des actions au moment opportun. L’éditeur joint également une piste Audiodescription, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Metropolitan Vidéo / Captures : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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