Test Blu-ray / Les Dents, pipi et au lit, réalisé par Emmanuel Gillibert

LES DENTS, PIPI ET AU LIT ! réalisé par Emmanuel Gillibert, disponible en DVD et Blu-ray le 1er août 2018 chez M6 Vidéo

Acteurs :  Arnaud Ducret, Louise Bourgoin, Timéo Bolland, Saskia Dillais de Melo, Laurent Ferraro, Michaël Cohen, Colette Kraffe, Hervé Masquelier…

Scénario : Emmanuel Gillibert, Marion Thièry

Photographie : Jérôme Alméras

Musique : Martin Rappeneau

Durée : 1h45

Année de sortie : 2018

LE FILM

Antoine est un célibataire endurci, fêtard et séducteur. Il vit dans un magnifique appartement Parisien avec Thomas, son colocataire, où les soirées arrosées battent son plein toutes les semaines. Lorsque Thomas part vivre à Los Angeles, il trouve à Antoine un nouveau colocataire pour le remplacer… « Jeanne, 1m70, yeux bleus ». Si la description fait saliver Antoine, il ne sait pas encore que la charmante Jeanne n’emménage pas seule… Mais accompagnée de ses deux enfants : Théo, 8 ans, et Lou, 5 ans !
Antoine, qui est loin d’être un papa poule, va goûter bien malgré lui aux joies de la vie de famille…

Certains diront qu’il est facile de s’en prendre aux comédies françaises, mais que « ce genre n’a pour prétention que de faire rire les spectateurs ». Certes, nous n’allons pas contredire ces ardents défenseurs, il y en a, de ces films qui sortent quasiment chaque semaine avec sur l’affiche les protagonistes mis en avant sur fond bleu, avec le titre écrit en jaune. Mais tout de même, il y a un minimum, ce que Les Dents, pipi et au lit ne se contente pas même de proposer au public. Ecriture paresseuse, dialogues au rabais, mise en scène inexistante, direction d’acteurs poussive, comédiens exténuants, en un mot gênant.

Fils de Michel Gillibert, écrivain et Secrétaire d’État à la Formation professionnelle sous le deuxième mandat de François Mitterrand, frère du producteur Charles Gillibert, qui a entre autres financé Mia Hansen-Løve, Gus Van Sant, Olivier Assayas et Xavier Dolan, Emmanuel Gillibert n’a donc pas eu beaucoup de soucis à se faire pour lancer son premier film en tant que scénariste et réalisateur. Ainsi, débarque Les Dents, pipi et au lit, énième « cocasserie », foncièrement embarrassante du début à la fin, qui surfe sur le thème visiblement à la mode de la colocation et surtout de l’éternel adulescent parigo, qui préfère se biturer au champagne, s’enfiler des ecsta comme des smarties et jouer à la Playstation, plutôt que de s’investir.

« Alors elle est bonne ? », « Elle est trop bonne ! », « Qu’est-ce qu’elle est bonne ! ». On repassera sur la qualité des répliques. D’ailleurs en parlant de repasser, cela ne fait pas un pli, ce premier long métrage compile toutes les tares d’un cinéma français sans ambition et opportuniste, dans le sens où l’ensemble surfe sur la pseudo-popularité d’un acteur de seconde zone, Arnaud Ducret. Ce dernier interprète ici un rôle que Franck Dubosc n’aurait pas renié il y a quinze ans. Seulement Ducret n’est pas Dubosc. Là où ce dernier a toujours su insuffler une réelle humanité dans ses personnages de tocard pour créer l’empathie, Arnaud Ducret campe ici un gros con, un beauf, immature, vulgaire, misogyne et obsédé sexuel. Autant dire qu’on ne croit pas une seconde au revirement d’Antoine, au contact de deux gamins de 5 et 8 ans, et de leur mère tout juste divorcée. Bon, on comprend qu’il ait envie tout de suite de prendre cette dernière dans ses bras puisqu’elle est incarnée par Louise Bourgoin, mais tout de même, l’évolution du personnage se fait en un clin d’oeil.

L’actrice est décidément, pour ne pas dire malheureusement, cantonnée à la comédie bas de gamme. En l’espace d’un an et demi, elle est apparue dans une sorte de trilogie avec Sous le même toit de Dominique Farrugia, L’Un dans l’autre de Bruno Chiche et Les Dents, pipi et au lit. Elle vaut pourtant bien mieux que ça, comme elle l’avait déjà prouvé chez Anne Fontaine (La Fille de Monaco), Gilles Marchand (L’Autre Monde) ou Guillaume Nicloux (La Religieuse). Toutefois, elle est ici le clown blanc et la sobriété de son jeu est ce qu’on peut sauver de ce marasme. Malheureusement, Arnaud Ducret, qui fait également le lien avec Adopte un veuf (succès surprise de l’année 2016) est à l’écran du début à la fin. Alors qu’il cartonne à la télévision dans la série Parents mode d’emploi depuis 2013, il commence sérieusement à enchaîner les navets au cinéma. L’Oncle Charles, Les Profs, Les Profs 2, L’Embarras du choix, Les Nouvelles Aventures de Cendrillon, Gaston Lagaffe, cela commence à faire un C.V. bien chargé et même beaucoup pour un seul homme. S’il n’est guère aidé par l’indigence du scénario (qui convoque Herbert Léonard comme guest de luxe, trop la classe), une musique pouêt-pouêt qui surligne chaque gag et une photo passe-partout, on se lasse très vite de ses grimaces outrancières, de ses gueulantes à répétition, de son absence de charisme tout simplement. Le bilan est donc très lourd pour Les Dents, pipi et au lit, qui s’en est pourtant plutôt pas mal tiré au box office avec près de 450.000 spectateurs.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Les Dents, pipi et au lit, disponible chez M6 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Comme souvent, l’éditeur a préféré miser sur un autre visuel, plutôt que de reprendre celui de l’affiche d’exploitation, pourtant plus attractif. Le menu principal est animé sur quelques séquences du film.

En plus de la bande-annonce, M6 Vidéo propose les interviews croisées du réalisateur Emmanuel Gillibert et des comédiens Louise Bourgoin et Arnaud Ducret. Les trois intervenants parviendraient presque à rendre le film intéressant avec leurs arguments bien trouvés et leurs sourires naturels. Le metteur en scène ne cache pas qu’il n’avait aucune ambition en écrivant ce film, tandis que les deux acteurs ne tarissent pas d’éloges envers leur partenaire.

L’Image et le son

L’apport HD pour ce film peut d’abord paraître limité. Mais c’était sans compter sur les quelques séquences en extérieur donnant un peu d’air à l’ensemble. Le relief est indiscutable, la texture flatteuse et la colorimétrie pimpante. Après, il est vrai que l’action se situe essentiellement dans l’appartement et qu’aucune profondeur de champ n’est exploitée. Mais le réalisateur a opté pour le cadre large et le spectateur aura l’impression d’être plongé au beau milieu de cette colocation forcée. Notons toutefois un encodage AVC un peu feignant qui consolide l’ensemble comme il le peut mais qui donne à la photo un aspect parfois légèrement téléfilm.

La piste DTS-HD Master Audio 5.1 offre une belle spatialisation ponctuelle de la bande-son, caisson de basses compris. Outre la spatialisation musicale, certaines ambiances naturelles parviennent à percer sur les quelques séquences en extérieur mais finalement, l’ensemble demeure axé sur les frontales, dynamiques et fluides, tandis que la centrale exsude les dialogues avec efficacité. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © SND / M6 Vidéo Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Madame, réalisé par Amanda Sthers

MADAME réalisé par Amanda Sthers, disponible en DVD le 3 avril 2018 chez Studiocanal

Acteurs :  Toni Collette, Harvey Keitel, Rossy de Palma, Michael Smiley, Tom Hughes, Violaine Gillibert, Joséphine de La Baume, Stanislas Merhar…

Scénario : Amanda Sthers, Matthew Robbins

Photographie : Régis Blondeau

Musique : Matthieu Gonet

Durée : 1h28

Année de sortie : 2017

LE FILM

Anne et Bob, un couple d’américains fortunés récemment installé à Paris, s’apprêtent à donner un grand dîner, et convient douze invités triés sur le volet, réunissant la haute société anglaise, française et américaine. Mais lorsque Anne réalise qu’un treizième couvert est posé pour Steven, le fils du premier mariage de Bob, elle panique : pour cet événement mondain, hors de question de provoquer le mauvais sort ! Elle demande à Maria, sa domestique, d’enfiler une robe et de se faire passer pour une riche amie espagnole. Maria se retrouve assise à côté de David, un expert en art issu de la noblesse britannique. Aussi quand, sous le charme de Maria, il la recontacte le lendemain, révéler sa véritable identité est impossible. Une romance commence, qui va faire trembler les valeurs élitistes et le mariage d’Anne. A moins que cette dernière n’arrive à l’étouffer…

Madame est le deuxième long métrage d’Amanda Queffélec-Maruani, plus connu sous le nom d’Amanda Sthers. L’écrivaine (Ma place sur la photo, Le Reste de nos vies) se lance dans le monde du cinéma en cosignant Un vrai bonheur, le film (2005) de Didier Caron (d’après sa propre pièce), amusante comédie, mais qui se solde par un bide cinglant. Elle passe naturellement derrière la caméra en 2009 avec Je vais te manquer, film choral au casting conséquent, de Michael Lonsdale à Carole Bouquet, en passant par Pierre Arditi, qui cette fois encore se solde par un échec commercial cuisant. Quasiment dix ans après son coup d’essai, Amanda Sthers revient avec son second long métrage, Madame, dont elle est également la scénariste. Assurément, l’auteure livre son meilleur travail pour le grand écran.

Si les dialogues sont souvent truculents, Madame est surtout porté par des comédiens très en forme, avec en première ligne Rossy de Palma, pour laquelle le rôle principal a été spécialement écrit. C’est d’ailleurs sous l’impulsion, pour ne pas dire « sur commande », de l’épatante actrice espagnole et égérie de Pedro Almodóvar (auquel est fait un petit clin d’oeil), qui avait vu sa pièce de théâtre Le Vieux Juif Blonde, qu’Amanda Sthers lui a concocté ce Madame qui joue sur la différence de classe sociale.

Le postulat est simple. Lors d’un dîner mondain, la maîtresse de maison apprend qu’ils seront treize à table et demande à l’une de ses gouvernantes de se joindre à eux. En partant de ce synopsis, la scénariste-réalisatrice fait se confronter deux univers que tout oppose. Elle convoque un casting international. Aux côtés de Rossy de Palma, Toni Collette, Harvey Keitel, Michael Smiley, Tom Hugues, Stanislas Merhar se donnent la réplique, souvent très piquante, voire acide. On s’amuse de voir la géniale Toni Collette faire du Vélib’, mariée avec un homme plus âgé qu’elle, interprété par Harvey Keitel, dont le personnage, prisonnier de son niveau de vie, préfère aller s’amuser et batifoler avec sa jeune prof de français, incarnée par la divine Joséphine de La Baume. Mention spéciale à l’irlandais Michael Smiley, qui tombe sous le charme de Maria (Rossy de Palma), préférant son naturel, sa beauté intérieure qui illumine la beauté singulière de son visage à la Modigliani et ses blagues coquines aux discussions protocolaires sans intérêt.

Cette situation va mettre chacun des protagonistes face à leurs propres problèmes sentimentaux et sexuels. Ainsi, en se demandant comment Maria a pu conquérir malgré elle son voisin de table, la maîtresse de maison va tenter de reconquérir son époux et tenter de savoir ce qui peut bien plaire chez cette femme. Certes, Madame ne vaut pas pour sa mise en scène, que l’on pourrait qualifier de « fonctionnelle », mais le montage est assez vif, les acteurs en pleine forme, les dialogues amusants. Bien que le film se déroule à Paris de nos jours, on a souvent l’impression que le récit pourrait se dérouler au début du XXe siècle. Ce décalage est souvent étonnant et apporte un charme certain à ce vaudeville au budget modeste (4 millions d’euros), joliment photographié et surtout divertissant.

LE DVD

Après une discrète sortie dans les salles, Madame est pris en charge par Studiocanal pour son arrivée dans les bacs et uniquement en DVD. Le menu principal est fixe et muet.

Aucun supplément.

L’Image et le son

Pas d’édition Haute-Définition pour Madame, mais ce n’est pas une surprise. Avec à peine 100.000 entrées au compteur, la sortie du film d’Amanda Sthers en Blu-ray était pour ainsi dire suicidaire. Toutefois, ce DVD s’en sort avec tous les honneurs. Les intérieurs feutrés bénéficient de très beaux contrastes, les séquences tournées en extérieur sont lumineuses, le piqué est acéré. Le cadre large offre son lot de détails, surtout sur les nombreux gros plans. La colorimétrie est chatoyante, le relief appréciable.

Les versions anglaise et française sont proposées en Dolby Digital 5.1. Disons le, le soutien des latérales est anecdotique pour un film de cet acabit. Les enceintes arrière servent essentiellement à spatialiser la musique de Matthieu Gonet, les tubes Rock ‘n’ Dollars de William Sheller qui ouvre le film, Aserejé de Las Ketchup et quelques ambiances naturelles dans la rue. Les dialogues et la balance frontale jouissent d’une large ouverture, et parviennent à instaurer un confort acoustique suffisant. Une piste française Stéréo est également au programme, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, sans oublier une piste Audiodescription.

Crédits images : © Studiocanal / Sam Hellmann / Thibault Grabherr Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / L’École buissonnière, réalisé par Nicolas Vanier

L’ÉCOLE BUISSONNIÈRE réalisé par Nicolas Vanier, disponible en DVD et Blu-ray le 13 février 2018 chez Studiocanal

Acteurs :  François Cluzet, Jean Scandel, Eric Elmosnino, François Berléand, Valérie Karsenti, Thomas Durand, Laurent Gerra, Carolina Jurczak…

Scénario : Jérôme Tonnerre, Nicolas Vanier d’après le livre éponyme de ce dernier

Photographie : Éric Guichard

Durée : 1h55

Année de sortie : 2017

LE FILM

Paris 1930. Paul n’a toujours connu qu’un seul horizon : les hauts murs de son orphelinat parisien. Confié à Célestine, une dame de la campagne, et à son mari Borel, le garde-chasse, l’enfant des villes arrive en Sologne, région souveraine et sauvage. L’immense forêt, les étangs embrumés et les landes, tout ici appartient au comte de la Fresnaye, un veuf taciturne qui vit solitaire dans son manoir. S’il tolère les braconniers sur son domaine, Borel, lui, les traque sans relâche et s’acharne sur le plus rusé d’entre eux, Totoche. Aux côtés du braconnier, grand amoureux de la nature, Paul va faire l’apprentissage de la vie mais aussi de la forêt et de ses secrets. Un secret plus lourd pèse sur le domaine… car Paul n’est pas là par hasard.

Depuis 2004 et le triomphe du Dernier Trappeur (plus de deux millions d’entrées), l’aventurier, écrivain et réalisateur Nicolas Vanier est abonné au succès et le public semble le suivre chaque fois. C’était encore le cas dernièrement pour le remake-reboot de Belle et Sébastien, qui a attiré les spectateurs dans toutes les salles européennes – dont trois millions en France – et qui a engrangé deux suites. Son dernier film en date, L’École buissonnière est l’adaptation de son propre roman et non pas le remake du film du même nom réalisé par Jean-Paul Le Chanois et sorti en 1949, même si on y retrouve également l’importance du contact avec la nature. Né à Dakar, mais ayant grandi en Sologne, Nicolas Vanier rend hommage au Pays de la Loire qui a contribué à lui donner l’amour de la faune et de la flore. Si le metteur en scène n’évite pas le côté carte postale rétro-nostalgique hérité des Choristes de Christophe Barratier, il n’est pas difficile de se laisser porter par l’indéniable beauté des images et les bons sentiments distillés ici et là.

On suit donc l’histoire, deuxième incursion dans la fiction pour Nicolas Vanier après Belle et Sébastien, à travers les yeux de Paul (le jeune Jean Scandel, charismatique et très à l’aise), un orphelin, enfermé depuis toujours sous les combles d’un orphelinat parisien. Jusqu’au jour où il découvre le monde de la campagne en Sologne, lorsqu’il est emmené chez Célestine, épouse du garde-chasse et femme de chambre du comte de La Fresnaye. Paul va découvrir des personnages uniques et inoubliables, dont Totoche le braconnier. Avec sa barbe hirsute et son langage parfois fleuri (« Nom d’une pipe en bois ! »), François Cluzet se la joue Michel Simon dans Boudu sauvé des eaux. S’il en fait un peu des caisses, l’acteur semble s’amuser avec ce personnage de braconnier, qui prend un malin plaisir à faire tourner en bourrique le garde-chasse Borel. Ce dernier est interprété par Eric Elmosnino, qui parvient à surpasser son partenaire dans le genre « monsieur plus », en jouant la caricature à fond de l’agent municipal porté sur la bouteille, rasé avec une biscotte. La confrontation des deux personnages rappelle très souvent celle de Louis de Funès avec Moustache dans le cultissime Ni vu, ni connu, réalisé par Yves Robert en 1958 et adapté de L’Affaire Blaireau d’Alphonse Allais.

Le plus beau rôle masculin du film, même si bourré de clichés, reste celui campé par un François Berléand étonnant, qui apporte cette fois une belle dose d’émotions à son éternel personnage de bougon. Mais celle qui tire son épingle du jeu est incontestablement Valérie Karsenti, connue depuis dix ans par les téléspectateurs grâce à la série Scènes de ménages, dans laquelle elle campe Liliane, la femme de José. Si ses apparitions au cinéma sont rares, on a pu la voir chez Bertrand Blier dans Combien tu m’aimes ? (2005) ou Tellement proches de Olivier Nakache et Éric Toledano (2009), elle illumine le film de Nicolas Vanier à chaque apparition. N’oublions pas les amusantes participations de Laurent Gerra et Urbain Cancelier en gendarmes tout droit sortis d’un sketch avec moustache passée à la brillantine et mains sur la bedaine.

Si le récit est somme toute classique, pour ne pas dire archi-rabattu, la sincérité et la sensibilité du réalisateur transparaissent à chaque plan. Le cadre est soigné, la photo très belle, le rythme soutenu, l’authenticité préservée (avec de véritables solognots en guise de figurants) et les apartés sur les animaux environnants ne font pas « pièces rapportées » ou éléments de décor placés pour faire joli. Nicolas Vanier prend soin de dévoiler toute la beauté de la région naturelle forestière de la Sologne, même si le film se termine sur une note ambiguë en faisant la part belle à la chasse. Toutefois, Nicolas Vanier s’en défend en ajoutant que les chasseurs de l’époque respectaient la nature.

Certains spectateurs, une minorité, seront forcément énervés par le côté « C’était mieux avant » qui n’est pas sans rappeler une pub pour le jambon Herta, les autres verront un beau film, tendre, élégant, sensible et honnête pour toute la famille.

LE BLU-RAY

L’École buissonnière est disponible en DVD et Blu-ray chez Studiocanal. Le visuel de la jaquette, glissée dans un boîtier classique de couleur bleue, lui-même glissé dans un surétui cartonné, reprend celui de l’affiche du film. Le menu principal est animé et musical.

Les amateurs de bonus seront un peu déçus par cette interactivité peu chargée.

Le montage animalier (6’) contentera peut-être les amoureux de la nature. Il s’agit d’un montage de plans non gardés, où l’on peut admirer plus attentivement certains de nos amis des eaux et de la forêt.

Si L’École buissonnière dure déjà près de deux heures, Nicolas Vanier avait déjà supprimé quelques scènes, présentées ici (17’). Ces séquences prolongeaient l’arrivée de Paul en Sologne, montrait la première fois qu’il apercevait Totoche, et sa confrontation avec les gamins du village. S’ensuit une partie de pêche traditionnelle.

Cette section se clôt sur un bêtisier (3’), qui s’apparente surtout à un montage réalisé pour fêter la fin du tournage, ainsi qu’un clip promotionnel de trente secondes pour la région Centre-Val de Loire. Envie de partir en Touraine, à Chartres ou au Zoo-Parc de Beauval ?

L’Image et le son

Ma-gni-fi-que ! Ce sublime master HD s’avère l’un des plus beaux de l’année 2018. La photographie d’Éric Guichard (Himalaya – l’enfance d’un chef, Les Saisons) est restituée dans ses moindres partis pris, les scènes diurnes sont éclatantes, le piqué affûté comme une lame de rasoir, les couleurs d’une richesse inégalée. Le cadre large regorge de détails, chaque feuille, chaque brin d’herbe se détache naturellement, les noirs sont denses. Edition Haute-Définition indispensable.

La piste française DTS-HD Master Audio 5.1 instaure un confort acoustique dynamique, dense et souvent percutant, avec des voix délicatement posées sur le canal central. La spatialisation musicale est systématique, toutes les scènes en extérieur sortent du lot avec des ambiances naturelles qui vous transportent au coeur de la forêt, tandis que les scènes plus intimistes baignent dans un silence de marbre. L’éditeur joint également une piste Audiodescription, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Radar Films/ Jean-Michel Turpin / StudioCanal /Eric TraversCaptures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Les Tuche 3, réalisé par Olivier Baroux

LES TUCHE 3 réalisé par Oliver Baroux, disponible en DVD et Blu-ray le 2 juin 2018 chez Pathé

Acteurs :  Jean-Paul Rouve, Isabelle Nanty, Claire Nadeau, Sarah Stern, Pierre Lottin, Théo Fernandez, Scali Delpeyrat, Philippe Magnan, Nicolas Maury, Stephan Wojtowicz, Philippe Vieux, Yann Papin, Eric Kara, Olivier Baroux, Ralph Amoussou…

Scénario : Philippe Mechelen, Julien Hervé, Nessim Chikhaoui, Jean-Paul Rouve, Olivier Baroux

Photographie : Christian Abomnes

Musique : Martin Rappeneau

Durée : 1h32

Année de sortie : 2018

LE FILM

Jeff Tuche, se réjouit de l’arrivée du TGV dans son cher village. Malheureusement, le train à grande vitesse ne fait que passer, sans s’arrêter à Bouzolles. Déçu, il tente de joindre le président de la République pour que sa bourgade ne reste pas isolée du reste du territoire. Sans réponse de l’Élysée, Jeff ne voit plus qu’une seule solution pour se faire entendre : se présenter à l’élection présidentielle… Profitant de circonstances politiques imprévisibles, Jeff Tuche et toute sa famille vont s’installer à l’Élysée pour une mission à haut risque : gouverner la France.

Durant l’été 2011, Les Tuche obtient un joli succès dans les salles en attirant plus d’1,5 millions de spectateurs. Pas trop mal pour une comédie sortie de nulle part, mais reposant sur un casting sympathique, même si Safari du même Olivier Baroux avait fait quasiment deux millions d’entrées deux ans auparavant. Après le carton du film à la télévision et le relais sur les réseaux sociaux, le réalisateur décide de suivre à nouveau ses personnages, la famille Tuche donc, dans de nouvelles aventures et de les envoyer cette fois aux Etats-Unis. Les Tuche 2 – Le rêve américain sort en février 2016 et là le triomphe est aussi inattendu que conséquent : 4,6 millions d’entrées ! Olivier Baroux, Jean-Paul Rouve, Isabelle Nanty n’allaient pas en rester là puisque les français en redemandaient. Deux ans à peine après leur road-trip US, les Tuche sont déjà de retour et s’installent…à l’Elysée !

Si le premier volet était une comédie franchouillarde attachante dans laquelle Jean-Paul Rouve reprenait pour ainsi dire son personnage de Marcel dans les sketchs Télé Radio Bière Foot à l’époque des Robin des Bois, le second tirait sur la corde. Ce troisième opus corrige le tir et se focalise surtout sur le point fort de cette franchise, le personnage de Jeff Tuche. Les Tuche 3 s’apparente cette fois à une succession de vignettes, entièrement centrées sur le père de famille. Jean-Paul Rouve, qui a participé à l’écriture du scénario, tire allègrement la couverture. Il s’en donne à coeur joie dans un véritable one-man show. Du coup, le film est complètement déséquilibré, certaines séquences font mouche, toute la première partie du film en fait, d’autres tombent complètement à plat, comme tout ce qui concerne le reste de la famille. Par ailleurs, là où le comédien Théo Fernandez servait de narrateur pour les deux premiers épisodes, il est ici relayé au rang de faire-valoir et n’a plus rien à défendre, d’autant plus qu’il n’est quasiment jamais avec ses partenaires à l’écran.

Jeff Tuche, élu maire de Bouzolles, décide de se présenter à l’élection présidentielle car le TGV qui devait s’arrêter dans leur petite bourgade ne fera qu’y passer. Il ressort grand vainqueur de l’élection avec 57 % des voix. Le nouveau président de la République va devoir exercer son pouvoir sur la France. Voilà, l’histoire tient sur deux lignes. Deux lignes sur lesquelles les cinq scénaristes (!) ont greffé des gags pour atteindre difficilement 92 minutes. Mais honnêtement, toutes proportions gardées, le contrat est rempli. Les spectateurs aiment les Tuche, Jeff avec sa coiffure moussue, Cathy (Isabelle Nanty dans le rôle de sa vie ?) qui prépare toujours des frites pour la famille, Stéphanie (Sarah Stern) et ses histoires d’amour, Wilfried (Pierre Lottin) qui cultive son look de rappeur et le cadet Donald (Théo Fernandez), dont l’intelligence et le calme tranchent avec le reste de la famille, qui renonce à aller à Polytechnique. Ah oui il y a aussi la grand-mère, mamie Suze (Claire Nadeau, fantomatique), qui devient par ses excentricités l’égérie d’une marque de vêtements. Le premier acte fonctionne très bien car il reflète, inconsciemment ou pas, l’élection d’Emmanuel Macron à l’Elysée. Un candidat venu de nulle part, qui n’a fait que monter dans les sondages malgré son absence de programme, jusqu’à accéder à la Présidence. La campagne et le débat sont de très bons moments, ainsi que l’arrivée de la famille au Palais de l’Elysée. La suite est un peu plus chaotique, mais la photo très colorée fait ressembler le film à une BD filmée, comme si le spectateur découvrait un nouveau quiproquo en tournant la page suivante.

Il y a donc à boire et à manger dans Les Tuche 3, mais on ne pourra pas reprocher à Olivier Baroux de ne pas être généreux avec son public et de revendiquer un humour absurde. Au moment où cette chronique est réalisée, Les Tuche 3 est toujours numéro un du box office en 2018 avec 5,7 millions d’entrées, suivi de très près par La Ch’tite Famille (5,6 millions) et Avengers: Infinity War (5 millions). En attendant un probable quatrième opus, avec Jeff Tuche au Vatican ?

LE BLU-RAY

Les Tuche 3 est arrivé à petit prix dans les bacs en DVD et en Blu-ray, sous l’égide de Pathé. Le visuel de la jaquette, glissée dans un boîtier classique de couleur bleue, reprend le visuel de l’affiche d’exploitation. Le menu principal est animé et musical.

A l’instar de l’édition HD de La Ch’tite Famille, les suppléments sont ici peu conséquents.

Il faudra se contenter d’un making of (14’), classique, composé d’images de tournage et des propos de l’équipe. L’occasion de voir que les comédiens se connaissent par coeur et s’entendent à merveille.

On poursuit avec 4 minutes de scènes coupées, plus ou moins amusantes, surtout le débat présidentiel un peu plus rallongé.

L’interactivité se clôt sur un bêtisier amusant (8’).

L’Image et le son

Ce transfert HD s’avère soigné, avec une prédominance de couleurs vives et pétillantes, des contrastes au beau fixe et un piqué agréable. La définition est au top, les détails foisonnants sur le cadre large et ce master demeure un bel objet avec un relief omniprésent et des séquences diurnes aussi magnifiques qu’étincelantes.

Dès le générique, la piste DTS-HD Master Audio 5.1 sollicite l’ensemble des enceintes et offre une solide spatialisation. Ce mixage fait la part belle à la musique légère de Martin Rappeneau, présente pendant tout le film. Les dialogues se détachent sans mal sur la centrale, tandis que les ambiances naturelles en extérieur demeurent constantes. Le spectacle acoustique est assuré. L’éditeur joint également une piste DTS-HD Master Audio 2.0 de fort bon acabit, des sous-titres destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiovision.

Crédits images : ©  Pathé DistributionEskwad  / Arnaud Borrel / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / La Ch’tite Famille, réalisé par Dany Boon

LA CH’TITE FAMILLE réalisé par Dany Boon, disponible en DVD et Blu-ray le 30 juin 2018 chez Pathé

Acteurs :  Dany Boon, Line Renaud, Laurence Arné, Valérie Bonneton, Pierre Richard, Guy Lecluyse, François Berléand, Juliane Lepoureau …

Scénario : Dany Boon, Sarah Kaminsky

Photographie : Denis Rouden

Musique : Michaël Tordjman, Maxime Desprez

Durée : 1h46

Année de sortie : 2018

LE FILM

Valentin D. et Constance Brandt, un couple d’architectes designers en vogue préparent le vernissage de leur rétrospective au Palais de Tokyo. Mais ce que personne ne sait, c’est que pour s’intégrer au monde du design et du luxe parisien, Valentin a menti sur ses origines prolétaires et ch’tis. Alors, quand sa mère, son frère et sa belle-sœur débarquent par surprise au Palais de Tokyo, le jour du vernissage, la rencontre des deux mondes est fracassante. D’autant plus que Valentin, suite à un accident, va perdre la mémoire et se retrouver 20 ans en arrière, plus ch’ti que jamais !

Les comédies populaires réalisées par Dany Boon se suivent et se ressemblent, même si le comédien-metteur en scène-scénariste n’a jamais su retrouver la formule de Bienvenue chez les Ch’tis, 20,5 millions de spectateurs rien qu’en France. Rien à déclarer, probablement son meilleur film à ce jour, avait fait plus de huit millions d’entrées, Supercondriaque 5,3 millions « malgré » le retour du duo Boon-Merad, tandis que Raid dingue, son long métrage le plus irritant et usant, avait quand même emporté dans son sillage 4,5 millions de français et empoché en 2018 le nouveau César du public. Dix ans après son hit, osons dire le mot, son blockbuster qui aurait raporté près de 250 millions de dollars de recette, Dany Boon revient à son Ch’ti Cinematic Universe avec…bah la Ch’tite Famille, qui n’est pas une suite à Bienvenue chez les Ch’tis, mais qui en reprend allègrement la même recette, ainsi que l’esprit.

L’affiche convoque la bande à Boon, tous serrés sur le sempiternel fond bleu, comme ses quatre précédents longs métrages et même toutes les comédies françaises depuis quinze ans, tout est réuni pour un nouveau triomphe largement calculé. Avec 5,6 millions d’entrées, La Ch’tite famille a dépassé Raid dingue et ce sixième film de Dany Boon a une fois de plus confirmé l’aura indiscutable de son auteur-acteur auprès des français. Mais La Ch’tite famille est-il un bon film au fait ? Mieux que Raid dingue oui, assurément, faire pire aurait d’ailleurs été difficile à faire, mais l’ensemble reste malgré tout extrêmement poussif, platement réalisé, souvent surjoué et a trop souvent recours aux violons pour appuyer l’émotion.

Valentin (Dany Boon) et sa compagne Constance (Laurence Arné) sont tous deux des designers réputés. Jusqu’ici, Valentin a réussi à dissimuler ses origines. Issu d’une famille modeste du Nord de la France, il a prétendu que sa mère Suzanne (Line Renaud) l’a abandonné à sa naissance. Or, celle-ci, accompagnée de Gustave (Guy Lecluise), le frère de Valentin, de Louloute (Valérie Bonneton), sa belle-sœur et de sa nièce Britney (Juliane Lepoureau), arrivent sans crier gare dans la capitale le jour du vernissage de sa nouvelle exposition. C’est la confrontation entre deux mondes que tout oppose, surtout que Constance elle-même ignorait alors les origines de son époux. Peu après, Valentin, à la suite d’un accident causé par Alexander Brandt (François Berléand), le père de Constance, devient amnésique. A son réveil, Valentin oublie tout de sa vie parisienne, retrouve son accent à couper au couteau et ne se souvient plus de sa femme. Encore pire, il pense être revenu à l’époque où il s’apprêtait à quitter sa région natale, quand il avait 17 ans.

Si l’on regarde les six films mis en scène par Dany Boon, La Ch’tite famille surpasse donc ses deux précédents opus. Toutefois, le réalisateur ne parvient pas à restituer cette authenticité qui avait touché les spectateurs et fait l’immense succès de Bienvenue chez les Ch’tis. Son premier coup d’essai, La Maison du bonheur reposait également sur un montage vif, des répliques percutantes et une justesse comme qui dirait décontractée des comédiens, éléments totalement absents dans La Ch’tite Famille.

Dany Boon est devenu une véritable entreprise à lui seul. Son nom est synonyme d’une production au budget confortable, entre 20 à 25 millions, plus de 30 millions pour Supercondriaque et pour Raid dingue. On ne sait pas où passe l’argent, probablement dans le cachet des acteurs et du réalisateur, car La Ch’tite Famille s’apparente à un téléfilm de luxe, comprenez avec cadre large et photo clinquante. Les scènes s’enchaînent à la va comme je te pousse, sans rythme, avec des comédiens qui déclament leurs répliques comme pour une récitation, souvent filmés en champ-contrechamp. On sourit certes, encore heureux, devant l’abattage de certains, d’autant plus que Dany Boon a cette qualité de ne jamais tirer la couverture et d’offrir à ses partenaires l’occasion « d’exister » à ses côtés. La géniale Laurence Arné (qui avait donné la réplique à Dany Boon dans Radin ! de Fred Cavayé) s’en sort encore une fois avec un naturel comique irrésistible. Le couple Line Renaud-Pierre Richard aurait mérité bien mieux, Valérie Bonneton joue une fois de plus la nana quasi-hystérique, Guy Lecluyse la bonne pâte, François Berléand le bougon. Sans compter les apparitions des « amis » avec Arthur, Kad Merad, Julia Vignali, Pascal Obispo et Claire Chazal dans leur propre rôle.

On sent ce qui a pu donner envie à Dany Boon d’écrire ce film. Ou comment essayer de garder la tête froide après le succès et la renommée. Mais La Ch’tite famille, bien calibré pour sa future diffusion sur TF1, ne sort jamais du tout-venant de la comédie française. Aucun enjeu, une mise en scène fonctionnelle, un casting quatre étoiles, gags « hénaurmes », festival de mimiques et de grimaces, larmes factices et même un hommage à Johnny Hallyday (même si le film avait été filmé avant la mort du chanteur) avec un Pierre Richard entonnant Que je t’aime en Ch’ti, devant une Line Renaud au bord de l’apoplexie.

La Ch’tite Famille n’est pas « déshonorant » dans le sens où on voit souvent bien pire. C’est juste qu’il est totalement anecdotique, inoffensif, transparent.

LE BLU-RAY

Le DVD et le Blu-ray de La Ch’tite Famille sont disponibles chez Pathé. Le visuel de la jaquette, glissée dans un boîtier classique de couleur bleue, reprend celui de l’affiche d’exploitation. Le menu principal est animé et musical.

Vu le grand succès dans les salles, on pouvait s’attendre à une interactivité chargée, ou du moins digne de ce nom. Ce n’est pas le cas.

Il faudra se contenter de deux scènes coupées (3’), assez réussies et qui auraient mérité d’être intégrées au montage final. Dans la première, Valentin revient dans sa région natale et s’arrête à une baraque à frites dont il reconnaît le propriétaire, qu’il n’avait pas vu depuis vingt ans. La seconde est beaucoup plus burlesque. Au cours d’un repas, le mobile-home de la famille prend feu en raison d’une soupe concoctée par Louloute, qui semble avoir été coupée avec de l’essence.

Cette section se clôt sur un bêtisier (6’).

L’Image et le son

Les contrastes sont riches, la luminosité est omniprésente, les scènes nocturnes sont logées à la même enseigne et le relief est probant. Les visages sont détaillés à souhait, tout comme les décors, la colorimétrie est vive et chatoyante, ambrée, le piqué joliment aiguisé (surtout sur les scènes en extérieur), les détails foisonnent aux quatre coins du cadre large, le relief est indéniable et la photo élégante du chef opérateur Denis Rouden (Les vacances du petit Nicolas, Astérix & Obélix: Au service de sa Majesté, 36 Quai des Orfèvres) trouve en Blu-ray un écrin idéal.

Outre une piste Audiodescription et des sous-titres anglais et français destinés au public sourd et malentendant, la version DTS-HD Master Audio 5.1 parvient sans mal à instaurer un indéniable confort phonique. Les enceintes sont toutes mises en valeur et spatialisent excellemment les effets, la musique et les ambiances. Quelques séquences auraient peut-être mérité d’être un peu plus dynamiques ou les dialogues parfois quelque peu relevés quand la partition s’envole, mais l’immersion est fort probante, surtout lors de la séquence finale. De son côté, la DTS-HD Master Audio 2.0 se révèle également dynamique, percutante même.

Crédits images : © David Koskas / Pathé / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Un coeur à prendre, réalisé par Hallie Meyers-Shyer

UN COEUR À PRENDRE (Home Again) réalisé par Hallie Meyers-Shyer, disponible en DVD le 21 juin 2018 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs :  Reese Witherspoon, Pico Alexander, Jon Rudnitsky, Nat Wolff, Candice Bergen, Michael Sheen, Lola Flanery, Eden Grace Redfield…

ScénarioHallie Meyers-Shyer

Photographie : Dean Cundey

Musique : John Debney

Durée : 1h33

Année de sortie : 2017

LE FILM

Alice Kinney est une mère célibataire de 40 ans, avec deux filles, qui vit dans les quartiers aisés de Los Angeles. Le soir de son anniversaire, elle rencontre trois jeunes étudiants en cinéma qui cherchent un logement, et décide de les héberger. Les trois jeunes hommes s’installent doucement dans le quotidien de cette jolie maman. Cette dernière entame une liaison avec Harry, le réalisateur du groupe. Lorsque son ex mari revient à Los Angeles, Alice est alors prise entre son amour naissant avec Harry et Austen, le père de ses enfants dont elle est séparée depuis quelques mois.

Comédie typiquement américaine, Un coeur à prendre Home Again n’a pas connu de réel succès aux Etats-Unis et n’a donc pas été suivi d’une sortie dans les salles hexagonales. Sans doute parce que la comédienne Reese Witherspoon n’a pas un nom suffisamment attractif dans nos contrées. Pourtant, l’actrice née en 1976 a su faire sa place à Hollywood. Depuis sa révélation en 1996 dans Freeway de Matthew Bright, jusqu’à sa confirmation dans Pleasantville de Gary Ross (1998) et Sexe Intentions (Cruel Intentions) de Roger Kumble (1999), Reese Witherspoon a ensuite eu le flaire pour alterner comédies populaires (Little Nicky avec Adam Sandler, La Revanche d’une blonde et La Blonde contre-attaque) et films d’auteur très remarqués. On l’a vue notamment passer avec talent devant les caméras d’Alexander Payne (L’Arriviste), James Mangold (Walk the Line, Oscar de la meilleure actrice), James L. Brooks (Comment savoir), Jeff Nichols (Mud : Sur les rives du Mississippi), Paul Thomas Anderson (Inherent Vice) et Jean-Marc Vallée (Wild). Un C.V. impressionnant. La comédienne est également la productrice de l’excellente série Big Little Lies. Elle peut donc se permettre quelques récréations, ce qui est le cas d’Un coeur à prendre, réalisé par la jeune Hallie Meyers-Shyer, fille de la cinéaste Nancy Meyers (Ce que veulent les femmes, Tout peut arriver, The Holiday, Pas si simple, Le Nouveau stagiaire), par ailleurs productrice sur ce film.

Fille de réalisateurs, son père est Charles Shyer (Baby Boom, Le Père de la mariée avec Steve Martin), Hallie Meyers-Shyer parle évidemment de cinéma dans son premier long métrage, et plus particulièrement de la vie au sein d’une famille dont le septième art tient une place importante dans le quotidien. Soyons honnêtes, Un coeur à prendre ne vaut que pour le charme et le naturel de la lumineuse Reese Witherspoon. Du haut de son mètre 56, bondissant sur ses talons hauts, capable de faire rire en un seul froncement de sourcil, l’actrice a peu à faire pour emporter l’adhésion.

Le personnage joué par Reese Witherspoon est ainsi la fille d’un grand réalisateur décédé, et d’une comédienne, muse de son époux, interprétée ici par l’illustre Candice Bergen. Après avoir décidé de ne pas suivre la voie qui lui était tracée, Alice tente sa chance en tant que décoratrice pour les habitants fortunés de son quartier. Seulement le cinéma revient toujours dans sa vie, d’autant plus quand elle accepte d’héberger un réalisateur, un scénariste et un comédien, trois jeunes amis remarqués pour leur court-métrage.

A ces sujets, Hallie Meyers-Shyer incorpore évidemment ce qu’il faut de bluette pour mettre sa comédienne principale en valeur. Ses trois partenaires manquent quelque peu de charisme et seul Jon Rudnitsky (George) se distingue réellement. L’alchimie est cependant évidente entre les acteurs, Un coeur à prendre fonctionne bien grâce au tempérament de Reese Witherspoon. Certes, la mise en scène est uniquement fonctionnelle et les partis pris font parfois penser à du soap-opéra, mais le film est suffisamment drôle, rythmé et attachant pour qu’on se laisse finalement porter pendant 1h30.

LE DVD

Un coeur à prendre, disponible chez Metropolitan Video, débarque donc directement en DVD en France. Edition minimaliste, sortie technique. Menu principal fixe et musical.

L’éditeur joint quelques bandes-annonces de films disponibles dans son catalogue, ayant pour titre « Love » quelque chose.

L’Image et le son

Une édition plutôt lambda. Les couleurs sont chatoyantes, un peu trop sans doute, le piqué est aléatoire, mais s’en tire honorablement, surtout que les partis pris esthétiques font plus penser à une série télévisée qu’à un long métrage. La gestion des contrastes est solide, même si nous pouvions attendre plus de détails. Heureusement, l’encodage consolide l’ensemble et les séquences tournées en extérieur sont assez jolies.

Un coeur à prendre n’est pas un film à effets, mais les pistes anglaise et française Dolby Digital 5.1 parviennent à distiller ici et là quelques ambiances. La plupart des séquences reposent sur les dialogues et les mixages se concentrent souvent sur les enceintes avant. Il ne faut pas vous attendre à des effets explosifs, la spatialisation est essentiellement musicale, les effets latéraux sont rares. Les voix des comédiens sont ardentes en version originale, tout comme en français, même si cette piste les met un peu trop à l’avant. Le confort acoustique est assuré tout du long.

Crédits images : © METROPOLITAN FILMEXPORT /  Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / D’où viens-tu Johnny ?, réalisé par Noël Howard

D’OÙ VIENS-TU JOHNNY ? réalisé par Noël Howard, disponible en combo DVD/Blu-ray le 5 juin 2018 chez TF1 Studio

Acteurs :  Johnny Hallyday, Sylvie Vartan, Pierre Barouh, Jean-Jacques Debout, Evelyne Dandry, Fernand Sardou, André Pousse, Jean-Marie Rivière, Hélène Tossy, Henri Vilbert, Daniel Cauchy…

Scénario :  Yvan Audouard

Photographie : Walter Wottitz

Musique : Eddie Vartan, Jean-Jacques Debout, Johnny Hallyday

Durée : 1h40

Année de sortie : 1963

LE FILM

Johnny Rivière est un jeune Parisien au cœur pur, passionné de rock’n’roll. Le sous-sol d’un bar lui sert de salle de répétition, à lui et à ses musiciens, en échange de menus services qu’il rend au patron, M. Franck. Lorsqu’il comprend qu’il est manipulé par des truands, il se révolte et jette à la Seine un chargement de drogue qu’il était chargé de convoyer à son insu. Menacé de mort, il part se réfugier auprès des siens en Camargue, bientôt rejoint par sa fiancée Gigi mais aussi traqué par les malfrats qui se sont lancés à ses trousses. D’où bagarres, chevauchées, amour et chansons…

D’où viens-tu Johnny ? (1963) n’est pas la première apparition de Johnny Hallyday au cinéma, mais le film qui l’a véritablement consacré star du rock’n’roll en France. Outre une apparition subliminale dans Les Diaboliques de Henri-Georges Clouzot (1955) alors qu’il n’est âgé que de douze ans, le film à sketches Les Parisiennes (1962) marque son incursion dans le septième art, dans le segment Sophie, réalisé par Yves Allégret, dans lequel il donne la réplique à une débutante nommée Catherine Deneuve. Mais c’est bel et bien D’où viens-tu Johnny ? qui assoit définitivement sa popularité. Par ailleurs, le film restera son plus grand succès au box-office avec 2,8 millions d’entrées. S’il démarre comme un petit polar en N&B, teinté de musique et de chansons, le long métrage de Noël Howard passe ensuite en couleurs après le générique (qui apparaît au bout d’un quart d’heure) pour plonger le personnage principal dans un western tourné dans les magnifiques décors naturels de la Camargue, où les seconds couteaux entourent la vedette avec leur accent chantant.

Avec sa petite amie Gigi, Johnny Rivière joue et chante dans un groupe de rock à Paris. En échange d’un local de répétition, le jeune homme rend quelques services au patron du club, un dénommé M. Franck. Un jour, il découvre que la valise qu’il a été sommé de récupérer à la consigne contient de la drogue et jette son contenu dans la Seine. Furieux, M. Franck jure de se venger. Johnny part alors se réfugier en Camargue d’où il est originaire. Il retrouve avec bonheur ses amis d’enfance et les habitants du coin. Mais les acolytes de M. Franck vont bientôt retrouver sa trace…

Produit par Ray Ventura, D’où viens-tu Johnny ? devait à la base être réalisé par Abel Gance. Victime d’un infarctus, le cinéaste laisse finalement la place à l’américain Noël Howard, réalisateur de seconde équipe sur La Terre des pharaons de Howard Hawks (1955), Ariane de Billy Wilder (1957), Le Roi des rois de Nicholas Ray (1961) et même sur Lawrence d’Arabie de David Lean (1962). C’est sans doute pour avoir côtoyé les plus grands que la mise en scène de Noël Howard apporte un vrai sens visuel à ce petit film devenu culte. Tourné dans un superbe N&B, le prologue parisien installe le récit et les personnages, notamment celui campé par l’idole des jeunes qui venait alors d’exploser sur la scène musicale française.

Charismatique, démarche à la James Dean, mimiques à la Elvis Presley, Johnny Hallyday, 20 ans, s’impose face à la caméra en faisant preuve de naturel et d’aisance. Le générique arrive puis le cadre capture les merveilles de la Camargue, terrain de jeu malin pour instaurer un western à la française.

Si l’histoire qui s’ensuit est somme toute anecdotique et prétexte pour mettre Johnny en valeur et le faire pousser la chansonnette à la moindre occasion, dont le tube écrit par Jean-Jacques Debout Pour moi la vie va commencer, le spectacle se laisse suivre très agréablement. Johnny doit non seulement essayer d’échapper à ceux qui sont lancés à ses trousses, mais il se retrouve également plongé dans un triangle amoureux, doit faire du rodéo avec ses potes, compter fleurette à l’élue de son coeur Gigi (Sylvie Vartan), boire du pastis avec Fernand Sardou (qui ne faisait certainement pas semblant d’enchaîner les verres), tout ça en gardant le sourire et les yeux plissés pour montrer sa fureur de vivre. D’où viens-tu Johnny ? reste un film frais, léger, beau à regarder et bourré de charme.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de D’où viens-tu Johnny ?, disponible chez TF1 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est lumineux, animé et musical.

Journaliste français et critique musical, Philippe Manoeuvre présente D’où viens-tu Johnny ? (25’). Cette introduction se concentre sur l’arrivée de Johnny Hallyday sur la scène musicale, sur ses premiers succès, son triomphe, sa consécration et ses apparitions au cinéma jusqu’au film qui nous intéresse. Le grand concert gratuit donné devant 150.000 personnes de la Place de la Nation en juin 1963 est également évoqué. Cinq minutes avant la fin, Philippe Manoeuvre est rejoint par le chanteur, auteur et compositeur Jean-Jacques Debout qui se souvient de la création de la chanson Pour moi la vie va commencer et du tournage du film de Noël Howard.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce. Cette édition combo Blu-ray/DVD dispose également un livret exclusif et inédit de 36 pages comprenant le carnet de tournage et 40 photos commentées.

L’Image et le son

D’où viens-tu Johnny ? a été restauré en 4K à partir du négatif image par le Laboratoire VDM. La première partie en N&B est sublime. Les noirs sont denses, les blancs lumineux, les contrastes très riches, la texture argentique respectée, la propreté indéniable et le piqué inédit. Après le générique, la partie couleurs déçoit légèrement. Les teintes apparaissent parfois un peu pâles, la gestion du grain est aléatoire, la définition chancelle parfois et certaines séquences laissent apparaître des rayures verticales. Mais dans l’ensemble ce master HD permet de (re)voir ce film très sympathique dans les meilleures conditions possibles.

Le mixage DTS-HD Master Audio 2.0 permet aux chansons de Johnny et à la musique d’Eddie Vartan d’être délivrées avec un coffre inédit. Egalement restauré à partir du négatif, le son a subi un dépoussiérage. Le confort acoustique est ici largement assuré, jamais entaché par un souffle quelconque. Les effets annexes, les voix des comédiens, tout est ici mis en valeur avec fluidité probante. Les sous-titres français pour sourds et malentendants sont également disponibles.

Crédits images : ©  TF1 Studio / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Fantôme avec chauffeur, réalisé par Gérard Oury

FANTÔME AVEC CHAUFFEUR réalisé par Gérard Oury, disponible en Blu-ray le 20 juin 2018 chez Gaumont

Acteurs :  Philippe Noiret, Gérard Jugnot, Jean-Luc Bideau, Charlotte Kady, Daniel Russo, Béatrice Agenin, Maxime Boidron, Sophie Desmarets, Daniel Gélin…

Scénario :  Francis Veber

Photographie : Robert Fraisse

Musique : Wojciech Kilar

Durée : 1h21

Année de sortie : 1996

LE FILM

Philippe Bruneau-Tessier, grand patron d’usines, et son fidèle chauffeur, Georges, décèdent tous deux d’une mort violente à vingt quatre heures d’intervalle. Ils n’avaient rien en commun de leur vivant mais les deux fantômes auront quarante huit heures avant le grand appel pour apprendre à mieux se connaître au cours d’une fantastique aventure posthume.

Fantôme avec chauffeur est l’avant-dernier long métrage de Gérard Oury, l’homme aux 69 millions d’entrées en France. Après la déconvenue Vanille fraise (1989), La Soif de l’or avait redonné quelques couleurs au réalisateur, puisque le film avec Christian Clavier avait engrangé plus d’1,5 million d’entrées dans les salles en 1993. En voyant les triomphes des Visiteurs et des Anges gardiens, qui comprenaient de nombreux effets spéciaux numériques, Gérard Oury décide d’utiliser ces nouveaux outils pour sa prochaine comédie. Mais pour la première et unique fois de sa carrière, le cinéaste ne collabore pas au scénario et laisse le grand Francis Veber s’en occuper seul. A sa sortie, Fantôme avec chauffeur a été très mal accueilli par la presse et seulement 400.000 spectateurs avaient fait le déplacement pour découvrir Philippe Noiret et Gérard Jugnot devenir des spectres grâce aux trucages créés par un certain Pitof. Comédie-fantastique qui a recours à quelques gags lourdingues, le film étonne cependant par son émotion, grâce notamment à une histoire de filiation et d’amour père-fils.

Alors oui, rétrospectivement, il s’agit d’un des films les plus faibles de Gérard Oury et probablement du scénario le plus basique et scolaire de Francis Veber. A une époque, cette association aurait probablement pulvérisé le box-office, ce qui n’a malheureusement pas été le cas ici. Pourtant, Fantôme avec chauffeur est loin d’être un film déplaisant. Les deux têtes d’affiche semblent complices et s’amusent visiblement à se donner à la réplique, tout en jouant avec ce que les effets visuels leur permet de faire à l’écran. Les CGI de l’époque ne pouvaient déjà pas rivaliser avec ce qui se faisait aux Etats-Unis et l’ensemble fait très franchouillard, pourtant les séquences truquées s’accompagnent d’une certaine poésie. On pense alors à Garou-Garou, le passe-muraille, réalisé par Jean Boyer sorti en 1951, dans lequel Bourvil se réveillait avec le don de traverser les murs et qui au détour d’une scène mettait une gifle à…Gérard Oury.

Bénéficiant d’un budget très modeste, le réalisateur de La Grande vadrouille insuffle un charme rétro à son récit pourtant contemporain et aux images de synthèse alors à la pointe de la technologie. Fantôme avec chauffeur apparaît également comme une œuvre testamentaire. Le thème de la mort est évidemment omniprésent durant 1h15. Gérard Oury avait 76 ans au moment du tournage de son seizième film. Après une carrière en tant qu’acteur et une autre exceptionnelle en tant que scénariste et metteur en scène, la vue déclinante, Gérard Oury pensait peut-être qu’il s’agirait de son ultime long métrage. Si Le Schpountz (1999) allait démentir cela, Fantôme avec chauffeur évoque le passage de relais dans un monde en pleine mutation.

Le personnage joué par Philippe Noiret a sans doute eu un enfant très tard dans sa vie. Plusieurs fossés de générations les séparent. L’héritier de Bruneau-Teissier est un jeune homme passionné par les jeux vidéo, qui se réfugie dans une réalité virtuelle. La mort de son père et la chance laissée à Bruneau-Teissier de rester quelques jours auprès de son fils, vont finalement les rapprocher, les faire se découvrir, pour enfin se parler et se dire les sentiments qu’ils ont l’un envers l’autre. Malgré l’excellence de Gérard Jugnot, on sent que Gérard Oury accorde plus d’importance au personnage de Philippe Noiret. Le chauffeur, Georges Morel est juste là pour entraîner les quiproquos. Tout ce qui tourne aux histoires de cul du personnage, son trafic de drogue et ses petites combines ne fonctionnent pas et intéressent encore moins.

Toujours est-il que Fantôme avec chauffeur est une petite comédie sympathique, qui se laisse revoir avec plaisir.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Fantôme avec chauffeur, disponible chez Gaumont, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est fixe et muet.

Les suppléments sont peu nombreux et se résument à la bande-annonce et une présentation du film par Yves Alion (21’30). Le journaliste, critique et historien du cinéma défend Fantôme avec chauffeur qu’il affectionne tout particulièrement. Après avoir dressé une liste des films de Gérard Oury, Yves Alion en vient à la collaboration du réalisateur avec les comédiens, puis plus précisément à la mise en route, au tournage, aux effets visuels et aux thèmes de Fantôme avec chauffeur.

L’Image et le son

Le master HD est correct. Ce n’est pas non plus transcendant et l’image fait un peu vieillotte, mais au moins la copie est très propre, stable et les nombreuses séquences truquées sont plutôt homogènes. Seules les scènes de nuit sont moins bien définies, surtout sur les transparences ou quand les images de synthèse sont présentes, à l’instar des deux fantômes qui passent à travers le capot de la DS lors de la course-poursuite. Sinon les couleurs sont jolies, les contrastes soignés.

Le mixage DTS-HD Master Audio 2.0 instaure un réel confort acoustique. Les dialogues sont ici délivrés avec ardeur et clarté, la propreté est de mise, les effets riches et les silences denses, sans aucun souffle. La composition de Wojciech Kilar est bien lotie. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : ©  Gaumont / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Normandie nue, réalisé par Philippe Le Guay

NORMANDIE NUE réalisé par Philippe Le Guay, disponible en DVD et Blu-ray le 16 mai 2018 chez M6 Vidéo

Acteurs :  François Cluzet, Toby Jones, François-Xavier Demaison, Arthur Dupont, Grégory Gadebois, Philippe Rebbot, Patrick d’Assumçao, Julie-Anne Roth…

ScénarioPhilippe Le Guay, Olivier Dazat, Victoria Bedos

Photographie : Jean-Claude Larrieu

Musique : Bruno Coulais

Durée : 1h49

Année de sortie : 2018

LE FILM

Au Mêle sur Sarthe, petit village normand, les éleveurs sont touchés par la crise. Georges Balbuzard, le maire de la ville, n’est pas du genre à se laisser abattre et décide de tout tenter pour sauver son village… Le hasard veut que Blake Newman, grand photographe conceptuel qui déshabille les foules, soit de passage dans la région. Balbuzard y voit l’occasion de sauver son village. Seulement voilà, aucun normand n’est d’accord pour se mettre à nu…

Le réalisateur Philippe Le Guay revient en force après la déconvenue de son précédent film, Floride, dernière apparition au cinéma de Jean Rochefort, qui avait malheureusement déçu à plus d’un titre. Trois ans plus tard, le cinéaste semble ragaillardi et livre un de ses meilleurs films avec Normandie nue, coécrit avec Olivier Dazat et Victoria Bedos (La Famille Bélier). Comédie sur fond social, fantaisie récréative et très attachante, le neuvième long métrage de Philippe Le Guay fait penser à un savoureux mélange de la trilogie Profils Paysans de Raymond Depardon et de The Full Monty de Peter Cattaneo. Une belle réussite.

Dans un petit village normand, la crise agricole touche gravement les éleveurs à bout de forces et ruinés, qui cherchent des idées pour attirer l’attention sur leur profession moribonde. Ils organisent une manifestation et un barrage routier sur une route départementale. Un photographe d’art américain, Blake Newman, spécialisé dans le nu, à la recherche de l’endroit idéal pour créer sa prochaine œuvre photographique, se trouve bloqué par la manifestation. Lors de la rencontre entre Newman et Georges Balbuzard, paysan et maire de la ville, celui-ci décide de créer un buzz médiatique pour aider ses confrères agriculteurs : Balbuzard l’engage pour qu’il photographie les gens du village nus. Mais les normands sont réticents à se déshabiller, notamment le boucher du village qui sait que tous les hommes aimeraient beaucoup voir le corps nu de sa femme Gisèle, ancienne miss Normandie. Sur fond de querelles familiales ancestrales et de pudeur généralisée, la photo d’art moderne composée de nus au milieu du Champ Chollet et le buzz politique auront-ils vraiment lieu ?

Pour Normandie nue, le réalisateur de L’Année Juliette, Le Coût de la vie, Les Femmes du 6e étage (son plus grand succès) et Alceste à bicyclette réunit de formidables comédiens venant d’horizons différents, qui se complètent parfaitement pour une chronique sociale douce-amère drôle, pittoresque et rythmée. François Cluzet semble prendre beaucoup de plaisir à interpréter le rôle de Georges Balbuzard, le maire du village, et cela faisait longtemps que nous ne l’avions pas vu aussi à l’aise et naturel devant la caméra. Excellent directeur d’acteurs, Philippe Le Guay entoure sa vedette principale de Toby Jones, grand comédien britannique, François-Xavier Demaison, dans le rôle du parisien qui tente de se convaincre que l’air de la campagne lui est bénéfique, Grégory Gadebois, dont l’épaisseur convient parfaitement à son rôle de boucher, le poétique Philippe Rebbot, sans oublier la nouvelle génération avec Arthur Dupont et la révélation Daphné Dumons. Philippe Le Guay fait également appel à des comédiens non-professionnels, des gens de la région qui interprètent leur propre rôle de paysans, d’éleveurs et d’exploitants agricoles.

Le réalisateur connaît bien le Perche en Basse Normandie, où il habite une partie de l’année. Il rend donc un très bel hommage à ces hommes et à ces femmes qui luttent pour la préservation de leur métier. Oubliés par les médias, ces habitants désespérés ne savent plus quoi entreprendre pour faire entendre leur combat et leurs souffrances. Un happening inattendu organisé par un artiste américain pourrait être l’occasion de faire parler d’eux. Sur ce postulat, Philippe Le Guay raconte une fable légère sur un fond pourtant grave et d’actualité, sans forcer le trait, même si tout ce qui touche au personnage de François-Xavier Demaison fait plutôt office de sketchs récurrents et d’interludes tout au long du film.

Mais cela fonctionne, très bien même, l’authenticité est non feinte, le cinéaste ayant visiblement un immense respect et une passion contagieuse pour son sujet et les personnages qu’il aborde et dépeint, notamment à travers des dialogues très réussis. Un très bon moment.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Normandie nue, disponible chez M6 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical. Le visuel reprend celui de l’affiche du film.

L’éditeur propose un petit making of (11’), composé de propos de François Cluzet, de Philippe Le Guay et d’agriculteurs-éleveurs qui ont participé au tournage de Normandie nue. Ces derniers évoquent leurs conditions de travail, tandis que le comédien et le réalisateur parlent du tournage et des thèmes du film.

Outre une galerie d’affiches alternatives (certaines étant vraiment très laides), nous trouvons également neuf scènes coupées (9’) réussies, mais probablement coupées au montage en raison de leur redondance.

L’Image et le son

Voici un très beau master HD ! Les contrastes sont riches, la luminosité omniprésente et le relief probant. Si la clarté tend parfois à amoindrir les détails des visages, la colorimétrie est vive, le piqué joliment aiguisé (surtout sur les scènes en extérieur), la profondeur de champ éloquente et la photo élégante du chef opérateur Jean-Claude Larrieu (Les femmes du 6ème étage, Carte des sons de Tokyo) trouve en Blu-ray un écrin idéal.

Le mixage DTS-HD Master Audio 5.1 ne sert essentiellement qu’à spatialiser la musique de Bruno Coulais et à plonger quelque peu les spectateurs dans l’ambiance champêtre. Les effets latéraux ne se résument souvent qu’au vent qui balaie les environs, mais c’est tout. Les dialogues auraient également mérité également d’être plus ardents sur la centrale. La piste DTS-HD Master Audio 2.0 se révèle plus dynamique, percutante même, créant une véritable homogénéité entre les dialogues, la musique et les effets. Nous disposons une piste Audiodescription ainsi que des sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : ©  Sévérine Brigeot – Les Films des Tournelles / SND / M6 Vidéo / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Buffy, tueuse de vampires réalisé par Fran Rubel Kuzui

BUFFY, TUEUSE DE VAMPIRES (Buffy the Vampire Slayer) réalisé par Fran Rubel Kuzui, disponible en DVD et Blu-ray le 27 avril 2018 chez Movinside

Acteurs :  Kristy Swanson, Donald Sutherland, Paul Reubens, Rutger Hauer, Luke Perry, Michele Abrams, Hilary Swank, Paris Vaughan, David Arquette, Thomas Jane, Natasha Gregson Wagner, Ben Affleck, Alexis Arquette, Seth Green, Ricki Lake…

ScénarioJoss Whedon

Photographie : James Hayman

Musique : Carter Burwell

Durée : 1h25

Année de sortie : 1992

LE FILM

Pom-pom girl dans un lycée de Los Angeles, Buffy Summers ignorait qui elle était vraiment jusqu’au jour de la rencontre avec Merrick Jamison-Smythe. Il lui apprend qu’elle est une tueuse de vampires, désignée comme telle par des aptitudes physiques hors du commun. Au terme d’une formation accélérée et de la disparition de son mentor, elle affronte Lothos, le plus féroce des descendants de Dracula…

Seuls les vrais fans de la série Buffy contre les vampires sont au courant, mais à l’origine, cinq ans avant le lancement de la première saison, sortait sur les écrans américains une comédie fantastique intitulée Buffy, tueuse de vampiresBuffy the Vampire Slayer. Réalisé par une certaine Fran Rubel Kuzui, qui avait signé Tokyo Pop en 1988 et future productrice de Capitaine Orgazmo (1997) de et avec Trey Parker, Buffy, tueuse de vampires est aujourd’hui injustement considéré comme un nanar. Pourtant, ce délire assumé aux couleurs bariolées et au casting fort sympathique est un excellent divertissement qui n’a souvent rien à envier aux opus du genre qui pullulent dans les salles de cinéma aujourd’hui. Cependant, même si le scénario est signé Joss Whedon, il ne reste rien des intentions – beaucoup plus sombres et introspectives – de ce dernier, qui l’a d’ailleurs toujours rejeté avant même sa sortie.

Buffy est une pom-pom girl populaire au Lycée Hemery à Los angeles, dont la vie se résume surtout à faire du shopping et la fête avec sa bande de copines. Jusqu’à sa rencontre avec un homme du nom de Merrick Jamison-Smythe. Il lui apprend qu’elle est La Tueuse (ou la Terreur en français) – une jeune femme née avec une force et une habileté supérieures à la moyenne et dont la destinée est de lutter contre les vampires. Elle admet s’être vue en rêve combattre des vampires et accepte finalement son « destin ». Après une brève formation, elle doit affronter un maître Vampire appelé Lothos, qui a éliminé un certain nombre de Tueuses par le passé.

Buffy, tueuse de vampires n’a pour ainsi dire rien à voir avec la série, immense succès public et critique qui s’est étalé sur sept saisons (de 1997 à 2003), au fil de 144 épisodes, sans oublier le spin-off Angel. Ici, point de réflexion ou d’allégories sur l’entrée dans le monde adulte, sur le droit à la différence, sur le mal-être adolescent, même si cela était pourtant bien le souhait original de Joss Whedon. Buffy, tueuse de vampires est ni plus ni moins un teen-movie éclairé aux néons rose bonbon interprété par une nouvelle génération de comédiens qui allaient alors exploser pour la plupart et qui donnent la réplique à quelques stars confirmées qui sont là pour cachetonner. Buffy aka Bichette dans l’improbable version française, responsable du cachet nanar qui accompagne souvent le film, est interprétée par Kristy Swanson. Après une apparition dans La Folle journée de Ferris Bueller (1986), diverses séries (Quoi de neuf, docteur ?, Côte Ouest, Nightingales), sans oublier dans Hot Shots ! dans lequel elle joue la pilote Kowalski, la jeune comédienne de 23 ans obtient ici le premier rôle, proposé en premier lieu à Alyssa Milano. Mignonne, attachante et sexy, très investie dans les scènes physiques, drôle, Kristy Swanson porte le film sur ses épaules sportives et s’en acquitte fort honorablement en ne se prenant pas au sérieux.

A ses côtés, Luke Perry, le célèbre Dylan McKay de la série Beverly Hills, s’amuse à jouer les amoureux fragiles, tandis que des inconnus du nom d’Hilary Swank, David Arquette, Thomas Jane et Ben Affleck passent également devant la caméra. Mais cela n’est rien à côté de Donald Sutherland, qui se demande constamment ce qu’il fait dans ce film en jouant les Van Helsing de pacotille, Paul Reubens, vampire bien allumé, et surtout Rutger Hauer qui entamait alors sa ruée vers les productions obscures, dans le rôle de l’infâme Lothos. Tout ce beau petit monde est réuni pour un divertissement sans prétention, mais qui s’avère beaucoup plus réussi que ne le vaut sa réputation.

La version française qui transforme les prénoms Buffy en Bichette, Pike en Marcel (!), Benny en Benoît, sans oublier quelques répliques bien gratinées montrent le peu d’intérêt des traducteurs pour cette production qui n’a même pas connu d’exploitation dans nos salles suite au succès mitigé du film aux Etats-Unis. Pourtant, la mise en scène n’a rien de déshonorant, Buffy, tueuse de vampires est amusant du début à la fin, bien photographié, une parodie du genre réussie qui mérite d’être redécouvert.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Buffy, tueuse de vampires, disponible chez Movinside, repose dans un boîtier classique et élégant de couleur noire. La jaquette saura immédiatement taper dans l’oeil des cinéphiles passionnés de fantastique, et des autres, puisqu’elle reprend l’un des visuels originaux. Le menu principal est tout aussi classe, animé et musical.

Outre deux spots TV et la bande-annonce originale du film, Marc Toullec intervient pour parler de Buffy, tueuse de vampires (11’). S’il y a eu des améliorations sur les présentations, force est de constater que le journaliste et spécialiste du fantastique bafouille à plusieurs reprises. On a même droit à une « Sarah Michelle Gérard ». Ces hésitations auraient mérité d’être coupées au montage. Si l’ensemble fait très amateur, Marc Toullec ne manque pas d’arguments pour présenter le film qui nous intéresse. Evidemment, le parallèle est fait avec la série Buffy contre les vampires, phénomène de la télévision dans les années 1990. Le casting du film, le scénario de Joss Whedon (qui a très tôt renié le film pour divergences artistiques), les colères de Donald Sutherland sur le plateau (qui se demandait constamment où il avait mis les pieds et qui avait pu écrire des dialogues aussi ineptes) et bien d’autres éléments sont abordés ici.

L’interactivité se clôt sur un mini making-of (4’) promotionnel, constitué de rapides images de tournage et d’interviews d’une partie de l’équipe du film.

L’Image et le son

Voilà une très belle résurrection ! La propreté de ce master est quasi-irréprochable, la stabilité est de mise et ce sont surtout les couleurs bigarrées qui retrouvent un nouvel éclat et qui profitent de cette élévation HD. Le piqué est doux, mais la luminosité est de mise, les détails sont appréciables et les noirs denses.

Point de Haute-Définition ici puisque les mixages anglais et français sont uniquement disponibles en Dolby Digital 5.1. Ces pistes sont plutôt anecdotiques et se focalisent surtout sur les frontales. La musique est spatialisée, mais le remixage manque de cohérence, fait passer certaines ambiances, surtout lors de l’affrontement final. La version française est peut-être plus dynamique dans sa restitution des dialogues. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

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