Test Blu-ray / La Faute de l’abbé Mouret, réalisé par Georges Franju

LA FAUTE DE L’ABBÉ MOURET réalisé par Georges Franju, disponible en DVD et Blu-ray le 24 mars 2021 chez BQHL Editions.

Acteurs : Francis Huster, Gillian Hills, André Lacombe, Margo Lion, Lucien Barjon, Fausto Tozzi, Tino Carraro, Silvie Feit…

Scénario : Georges Franju & Jean Ferry, d’après le roman d’Émile Zola

Photographie : Marcel Fradetal

Musique : Jean Wiener

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1970

LE FILM

L’abbé Mouret, jeune prêtre campagnard est fasciné par la belle Albine qui l’entraîne, comme dans un rêve, dans un immense jardin merveilleux, où ils se perdent. Il y découvre la sensualité.

Francis Huster Begins ! C’est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup (air connu), car celui qui deviendra Le Faucon (1983) pour Paul Boujenah, qui tournera (à ce jour) à sept reprises chez Claude Lelouch (dont le « merveilleux » Chacun sa vie), deux fois pour Andrzej Żuławski, le « sublime » Parking de Jacques Demy, qui tiendra le rôle mythique de Juste Leblanc dans Le Dîner de cons (1999) de Francis Veber et traquera le Zodiaque à la télévision, arrive au cinéma directement par la grande porte, puisque dirigé par Georges Franju pour son avant-dernier long-métrage, La Faute de l’abbé Mouret, adapté du roman éponyme d’Émile Zola paru en 1875. A ce jour, il s’agit de l’unique adaptation du cinquième volume de la série Les Rougon-Macquart, situé entre La Conquête de Plassans et Son Excellence Eugène Rougon, deuxième roman d’Émile Zola à traiter du catholicisme et ici plus spécifiquement du célibat des prêtres. Georges Franju entre de plain-pied dans les années 1970, mais contrairement à ce que l’on pouvait penser, le réalisateur mise sur des partis-pris qui renvoient directement au cinéma français « d’autrefois », à celui des années 40-50. Ces volontés détonnent quelque peu en raison du jeu des comédiens, que certains qualifieront d’ampoulé, opposé au naturalisme représenté par Émile Zola, figure marquante de ce mouvement littéraire. Néanmoins, La Faute de l’abbé Mouret, version cinématographique, est parcouru de fulgurances, notamment dans sa première partie et la dernière, qui démontrent la modernité intacte du cinéaste. Dommage que le film soit quand même plombé par un second acte, celui se déroulant au Paradou, difficilement regardable aujourd’hui avec ses deux têtes d’affiche qui batifolent au milieu des rosiers, en courant presque au ralenti. Il n’en reste pas moins que La Faute de l’abbé Mouret est une œuvre souvent passionnante.

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Test Blu-ray / JF partagerait appartement, réalisé par Barbet Schroeder

JF PARTAGERAIT APPARTEMENT (Single White Female) réalisé par Barbet Schroeder, disponible en DVD et Blu-ray le 24 mars 2021 chez BQHL Editions.

Acteurs : Bridget Fonda, Jennifer Jason Leigh, Steven Weber, Peter Friedman, Stephen Tobolowsky, Frances Bay, Michele Farr…

Scénario : Don Roos, d’après le roman de John Lutz

Photographie : Luciano Tovoli

Musique : Howard Shore

Durée : 1h48

Date de sortie initiale : 1992

LE FILM

Séparée de son fiancé, Allie Jones tient cependant à ne pas quitter le grand appartement qu’elle loue dans l’Upper West Side, l’un des quartiers les plus chics de New York. Et quoi de mieux pour le conserver qu’une colocataire ? Allison croit avoir trouvé la perle rare en la personne d’Hedy Carlson, une jeune femme de son âge. En apparence douce, discrète et bienveillante, Hedra Carlson se révèle bientôt de plus en plus envahissante. Dangereusement envahissante…

Harcèlement, Sliver, Meurtre parfait, Sans chaud pour meurtre de sang-froid, Basic Instinct, Color of Night, Bound, La Main sur le berceau, Body, Copycat, Last Seduction, Jade, Excès de confiance, Sexcrimes…aaaah l’époque bénie pour le thriller sulfureux dans les années 90 ! Avant tous ces films, en 1992, sort sur les écrans JF partagerait appartementSingle White Female, ou Jeune femme cherche colocataire au Québec, réalisé par Barbet Schroeder, alors plongé dans sa période américaine, entre Le Mystère von Bülow et Kiss of Death. JF partagerait appartement a vieilli sur certains points, notamment les costumes et les coiffures aujourd’hui improbables, ainsi que tout ce qui concerne l’informatique, obsolète et pour ne pas dire risible. Néanmoins, le film demeure sacrément efficace, bourré de charme, prenant et surtout aussi excellemment mis en scène qu’interprété par les deux superbes têtes d’affiche, Bridget Fonda et Jennifer Jason Leigh, dont le face-à-face reste anthologique. Une référence.

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Test Blu-ray / Une anglaise romantique, réalisé par Joseph Losey

UNE ANGLAISE ROMANTIQUE (The Romantic Englishwoman) réalisé par Joseph Losey, disponible en DVD et Blu-ray le 24 février 2021 chez BQHL Editions.

Acteurs : Glenda Jackson, Michael Caine, Helmut Berger, Michael Lonsdale, Béatrice Romand, Kate Nelligan, Nathalie Delon, Reinhard Kolldehoff…

Scénario : Tom Stoppard & Thomas Wiseman, d’après la pièce de ce dernier.

Photographie : Gerry Fisher

Musique : Richard Hartley

Durée : 1h52

Date de sortie initiale : 1975

LE FILM

Épouse de Lewis Fielding, un romancier à succès, Elizabeth Fielding s’accorde un séjour thermal à Baden-Baden. Si elle y fait la connaissance de Thomas Hursa, gigolo et convoyeur de drogue qui se prétend poète, elle ne s’attend pas à ce qu’il réapparaisse à son retour en Angleterre. Quelle n’est également pas sa surprise de voir son mari l’accueillir à leur domicile et même l’engager en tant qu’assistant. À la fois soupçonneux et manipulateur, Lewis Fielding observe sa femme se jeter dans les bras de son nouvel « ami », curieux de l’issue de cette relation.

Quand il entreprend Une Anglaise romantique – The Romantic Englishwoman, Joseph Losey (1909-1984) a déjà l’ensemble de sa longue, prolifique et éclectique carrière derrière lui. Le cinéaste américain qui possède assurément l’une des filmographies les plus impressionnantes de toute l’histoire du cinéma comptait parmi ses œuvres les plus célèbres Le Garçon aux cheveux verts (1948) avec Dean Stockwell encore tout gamin dans le rôle-titre, Le Rôdeur The Prowler (1951) ou bien encore M (1951), le formidable remake du chef d’oeuvre de Fritz Lang, Accident (1967), Grand prix du jury au Festival de Cannes en 1967, Le Messager (Palme d’or en 1971), sans oublier bien sûr Eva (1962), Les Damnés en 1963 (un des meilleurs épisodes de la Hammer !), The Servant (1963) et Cérémonie secrète (1968). S’il entame pour ainsi dire sa dernière décennie consacrée au septième art, Joseph Losey ne se reposera jamais sur ses lauriers et enchaînera quelques-uns de ses opus les plus illustres comme l’exceptionnel Deux hommes en fuite – Figures in a Landscape (1970) avec Robert Shaw et Malcolm McDowell, deux films avec Alain Delon (L’Assassinat de Trotsky et Monsieur Klein), le sublime Maison de poupée – A Doll’s House (1973) avec Jane Fonda et Delphine Seyrig, jusqu’à l’adaptation cinématographique de l’opéra Don Giovanni de Mozart et da Ponte, tournée entièrement en décors naturels. Au milieu de tous ces grands classiques, se cache Une Anglaise romantique, qui condense pourtant les thèmes et obsessions (la lutte des classes, le rapport dominant-dominé, la tension sexuelle), les motifs (les miroirs omniprésents comme chez Fassbinder) de Joseph Losey et que l’on pourrait rapprocher entre autres de Maison de poupée. Quand le mensonge, la suspicion, le doute, la frustration s’insinuent au sein d’un couple, il est déjà trop tard. Sur un scénario coécrit par Tom Stoppard (Brazil de Terry Gilliam, Indiana Jones et la Dernière croisade de Steven Spielberg), et Thomas Wiseman, d’après le roman du second, Une Anglaise romantique observe non seulement ses trois protagonistes principaux, interprétés par Michael Caine, Glenda Jackson et Helmut Berger, en train de jouer entre eux aux faux-semblants et à la bienséance feinte, mais pose également le spectateur en tant que témoin de ce jeu de dupes, où l’on sent que les conventions bourgeoises britanniques sont sur le point de voler en éclats à n’importe quel moment. C’est du grand art, un exemple de mise en scène, de narration et de direction d’acteurs. The Romantic Englishwoman est un drame passionnel et psychologique virtuose où les genres semblent s’affronter, se contredire, pour mieux perdre à la fois ses personnages et une audience alors malmenée dans ses attentes, mais toujours impliquée.

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Test Blu-ray / À bout portant, réalisé par Don Siegel

À BOUT PORTANT (The Killers) réalisé par Don Siegel, disponible en DVD et Blu-ray le 24 mars 2021 chez BQHL Editions.

Acteurs : Lee Marvin, Angie Dickinson, John Cassavetes, Clu Gulager, Claude Akins, Norman Fell, Ronald Reagan…

Scénario : Gene L. Coon, d’après la nouvelle d’Ernest Hemingway

Photographie : Richard L. Rawlings

Musique : John Williams

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1964

LE FILM

Tueurs à gages, Charlie Strom et son partenaire exécutent froidement Johnny North dans une institution pour aveugles. Intrigué par le comportement de sa cible qui, plutôt que de tenter de fuir, se laisse abattre, Charlie Strom reconstitue son parcours. Il découvre que sa victime est un ancien pilote automobile qu’une blessure de course et l’influence d’une séduisante jeune femme poussent à servir de chauffeur à un gang à l’occasion de l’attaque d’un fourgon postal. Butin : un million de dollars. De quoi faire tourner bien des têtes, de quoi expliquer certains comportements et la volonté d’un commanditaire de jouer la discrétion…

La nouvelle de dix pages d’Ernest Hemingway, Les Tueurs, avait déjà été portée à l’écran par Richard Siodmak en 1946 avec Ava Gardner et Burt Lancaster. Près de vingt ans plus tard, Don Siegel en réalise une nouvelle adaptation, À bout portant – The Killers, avec Angie Dickinson et John Cassavetes qui reprennent les personnages de leurs aînés. La situation de départ est identique. Lee Marvin, qui sortait de La Taverne de l’Irlandais – Donovan’s Reef de John Ford, est également de la partie et campe l’un des tueurs les plus emblématiques du cinéma américain des années 1960, à la fois monolithique et merveilleusement cynique. Ronald Reagan tourne ici son dernier long métrage et endosse pour la première fois le costume du salaud de service, un rôle qu’il déclarera avoir toujours détesté interpréter. Il se lancera dans la politique peu de temps après, jusqu’à parvenir à la fonction suprême. Il deviendra ainsi le quarantième président des Etats-Unis de 1981 à 1989. Malgré ses critiques, Ronald Reagan est pourtant excellent et n’a pas besoin de se forcer pour s’imposer, notamment face à l’impressionnant Lee Marvin. Citons aussi Clu Gulager (Virages de James Goldstone, Le Retour des morts-vivants de Dan O’Bannon), parfait disciple, jeune chien fou à mi-chemin entre l’enfance et le monde adulte. Don Siegel appuie d’ailleurs la relation trouble entre les deux tueurs, une homosexualité latente, en montrant le personnage de Lee, qui ne cesse de soigner son apparence, dans le but de mieux se faire accepter par son mentor, Charlie, vieillissant, sage et pensant à raccrocher après un dernier coup. À bout portant est donc plus un remake des Tueurs qu’une nouvelle adaptation de la nouvelle d’Hemingway et le cinéaste livre une œuvre totalement originale. À l’origine produit et conçu pour la chaîne de télévision NBC, le film se retrouve sur le circuit cinématographique traditionnel car jugé trop violent par les censeurs. En guise d’exemple, on retiendra notamment l’arrivée des tueurs dans l’institution pour aveugles (première séquence du film) mettant les spectateurs dans l’atmosphère voulue par le réalisateur. Ici, la violence n’est pas suggérée, elle est directe, franche et froide. La scène demeure un modèle du genre et les partis pris inédits. Le film est rapide, 90 minutes, pas une de plus, pas une de moins, sec, épuré et d’une redoutable efficacité. Une économie de moyens certes due à son origine télévisuelle, mais un budget restreint idéalement employé par Siegel. Dans À bout portant, le destin est déjà inscrit dans le marbre, la mort rôde autour des personnages explicitement et implicitement.

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Test Blu-ray / La Nuit déchirée, réalisé par Mick Garris

LA NUIT DÉCHIRÉE (Sleepwalkers) réalisé par Mick Garris, disponible en DVD et Blu-ray le 24 février 2021 chez BQHL Editions.

Acteurs : Brian Krause, Mädchen Amick, Alice Krige, Jim Haynie, Cindy Pickett, Ron Perlman, Mark Hamill…

Scénario : Stephen King

Photographie : Rodney Charters

Musique : Nicholas Pike

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 1992

LE FILM

Charles Brady et sa mère Mary sont les derniers survivants d’une race de chasseurs nocturnes, qui n’appartient pas à notre monde, entretenant aussi des relations incestueuses. Ce sont des félidés ne pouvant rester en vie qu’en se nourrissant de la force vitale d’une jeune vierge. Capables de se métamorphoser et de cacher leur apparence de fauve sous un aspect humain rassurant, ils s’installent à Travis, petite ville tranquille de l’Indiana, et se mettent en chasse. Une seule chose peut les tuer : les chats.

Le réalisateur Mick Garris (né en 1951) est un habitué de l’univers de Stephen King et détient probablement le record d’adaptations à l’écran des œuvres du maître de l’horreur ! C’est en 1992 qu’il démarre sa collaboration avec le romancier, qui lui écrit le film La Nuit déchiréeSleepwalkers, un scénario original et non tiré d’un de ses livres. Suivront l’ambitieuse transposition du FléauThe Stand, minisérie diffusée dès 1994, une nouvelle adaptation de Shining en 1997, Quicksilver Highway, téléfilm à la fois basé sur les nouvelles Le Dentier claqueur (parue en 1993 dans le recueil Rêves et Cauchemars) de Stephen King et Le Corps politique de Clive Barker, Riding the Bullet (2004) d’après la nouvelle Un tour sur le Bolid’, puis DésolationDesperation en 2006, et enfin La Maison sur le lacBag of Bones réalisé pour la télévision en 2011. Mais pour l’heure, La Nuit déchirée est un thriller fantastique lorgnant vers la comédie, ou une comédie-fantastique c’est selon, qui commence de façon sérieuse et qui bifurque petit à petit vers le second degré. Il s’en dégage un côté nawak voire inclassable, qui rappelle l’univers de la série des Contes de la crypte, où brille la beauté insolente de la sublime Mädchen Amick, qui sortait alors de l’univers de Twin Peaks. Auréolé d’un joli succès commercial à sa sortie, La Nuit déchirée est rapidement devenu un petit film culte, sur lequel les années glissent doucement et qui demeure un divertissement quelque peu frappadingue et souvent jubilatoire.

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Test Blu-ray / L’Or noir de l’Oklahoma, réalisé par Stanley Kramer

L’OR NOIR DE L’OKLAHOMA (Oklahoma Crude) réalisé par Stanley Kramer, disponible en DVD et Blu-ray le 24 septembre 2020 chez BQHL Editions.

Acteurs : George C. Scott, Faye Dunaway, John Mills, Jack Palance, William Lucking, Harvey Jason, Ted Gehring, Cliff Osmond, Rafael Campos…

Scénario : Marc Norman

Photographie : Robert Surtees

Musique : Henry Mancini

Durée : 1h48

Date de sortie initiale : 1973

LE FILM

Dans l’Oklahoma, lors de la ruée sur « l’or noir » au début des années 1900, de grandes sociétés d’exploitation veulent acheter le terrain pétrolifère de Lena Doyle. Celle-ci, farouche féministe, avec l’aide de son père Cleon et de Mason, leur homme de main, engage une lutte sans merci contre les géants pétroliers pour sauvegarder sa propriété.

Les cinéphiles connaissent autant le Stanley Kramer (1913-2001) producteur (Le Champion de Mark Robson, C’étaient des hommes de Fred Zinnemann, Cyrano de Bergerac de Michael Gordon, L’Homme à l’affûtThe Sniper d’Edward Dmytryk, L’Équipée sauvage The Wild One de László Benedek, Un enfant attend de John Cassavetes) que metteur en scène. Trois fois nommé pour l’Oscar du meilleur réalisateur, pour La Chaîne The Defiant Ones (1958), Jugement à NurembergJudgment at Nuremberg (1961) et Devine qui vient dîner…Guess Who’s Coming to Dinner (1967), Stanley Kramer aura signé une vingtaine de films en 25 ans. L’Or noir de l’Oklahoma Oklahoma Crude est son avant-dernier long-métrage réalisé pour le cinéma. Il s’agit aussi de son unique western, genre que le réalisateur n’avait pas encore abordé, lui qui aimait varier les récits, du drame contemporain (Pour que vivent les hommes, 1955) en passant par le film historique (Orgueil et passion, 1957), la science-fiction (Le Dernier rivage, 1959), le film de procès (Procès de singe, 1960, Jugement à Nuremberg), 1961), la comédie (Un monde fou, fou, fou, fou, 1963) et le thriller paranoïaque (La Théorie des dominos, 1977). Dans L’Or noir de l’Oklahoma, Stanley Kramer mélange les genres, et incorpore beaucoup d’humour dans son western tardif, mais féministe. Ce qui l’intéresse avant tout c’est de dresser le portrait d’une femme déterminée, à laquelle Faye Dunaway prête ses traits anguleux, son immense talent et sa forte personnalité. L’Or noir de l’Oklahoma est aussi l’occasion de voir s’affronter d’autres monstres du cinéma hollywoodien et non des moindres, George C. Scott et Jack Palance. C’est beau, c’est en format large, c’est passionnant, c’est toujours d’actualité, bref, c’est du grand cinéma devant lequel on jubile, tandis que la sublime partition du grand Henry Mancini trotte encore longtemps après dans la tête.

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Test Blu-ray / Pelle le conquérant, réalisé par Bille August

PELLE LE CONQUÉRANT (Pelle erobreren) réalisé par Bille August, disponible en DVD et Blu-ray le 25 juin 2020 chez BQHL Editions.

Acteurs : Max von Sydow, Pelle Hvenegaard, Astrid Villaume, Erik Paaske, Björn Granath…

Scénario : Bille August d’après le roman de Martin Andersen Nexös

Photographie : Jörgen Persson

Musique : Stefan Nilsson

Durée : 2h23

Date de sortie initiale : 1987

LE FILM

Suède, à la toute fin du 19ème siècle. Pour échapper à la misère, le jeune Pelle et son vieux père, Lasse, embarquent pour le Danemark où ils espèrent connaître une vie meilleure. A peine y sont-ils arrivés qu’ils prennent conscience que l’existence sera difficile là aussi, que les immigrés comme eux n’y ont aucun droit, sinon courber l’échine et travailler dans des conditions épouvantables contre quelques sous. Engagés comme vachers dans une ferme, ils subissent la violence et les humiliations d’un régisseur et de son adjoint. En dépit des épreuves, Pelle et Lasse gardent espoir.

Etrange carrière que celle du danois Bille August. Si son nom reste souvent méconnu des cinéphiles et des spectateurs, il est pourtant l’un des rares réalisateurs à avoir remporté deux fois la Palme d’or au Festival de Cannes pour Pelle le Conquérant en 1988, inspiré du livre et classique de la littérature de son compatriote Martin Andersen Nexo et Les Meilleures intentions en 1992, portrait de jeunesse des parents d’Ingmar Bergman, dont il était un ami proche. Ses plus grands succès restent La Maison aux esprits (1994) grâce à son casting international et sa version Reader’s Digest des Misérables réalisé en 1998 avec Liam Neeson dans le rôle de Jean Valjean. En dehors de cela, Bille August, ancien directeur de la photographie, n’a jamais vraiment arrêté de tourner, même si ses œuvres restent marquées par un académisme souvent ronflant. Mais ce n’est pas du tout le cas de Pelle le conquérantPelle erobreren, chef d’oeuvre absolu et intemporel, également récompensé par le Golden Globe et l’Oscar du meilleur film étranger, qui transcende les années et les décennies, sans prendre de rides et qui demeure entre autres célèbre pour l’immense interprétation de Max von Sydow, qui lui a valu une mention pour sa contribution exceptionnelle au Festival de Cannes, ainsi qu’une nomination à l’Oscar du meilleur acteur. Si finalement la statuette convoitée sera décernée à Dustin Hoffman pour Rain Man, le comédien sera salué par le Bodil Award (récompense cinématographique danoise) du meilleur acteur en 1988. Sensationnel film-fleuve écrit, préparé et tourné sur trois années, Pelle le conquérant est sans nul doute l’un des monuments du cinéma européen et l’un des films les plus acclamés, à juste titre, des années 1980.

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Test Blu-ray / Farinelli : Il Castrato, réalisé par Gérard Corbiau

FARINELLI : IL CASTRATO réalisé par Gérard Corbiau, disponible en DVD et Blu-ray le 5 mars 2020 chez BQHL Editions.

Acteurs : Stefano Dionisi, Enrico Lo Verso, Elsa Zylberstein, Caroline Cellier, Marianne Basler, Jacques Boudet, Jeroen Krabbe…

Scénario : Andrée Corbiau, Gérard Corbiau, Marcel Beaulieu

Photographie : Walther van den Ende

Musique : Riccardo Broschi

Durée : 1h46

Date de sortie initiale : 1994

LE FILM

Naples, début du XVIIIe siècle. Pour que son jeune frère Carlo conserve sa voix cristalline au-delà de l’enfance, Riccardo Broschi parvient, sous prétexte d’un accident, à le priver de sa virilité. Désormais castrat, Carlo Broschi devient Farinelli, un chanteur lyrique dont la célébrité s’étend jusqu’en Angleterre. Si, en donnant de la voix dans un petit théâtre, il le sauve de la faillite, il s’attire aussi la convoitise du grand compositeur Haendel qui, en lui révélant la vérité sur la nature de son don, l’éloigne de son frère…

C’est un film culte. Farinelli : Il Castrato est le long métrage le plus célèbre du réalisateur belge Gérard Corbiau (né en 1941), également metteur en scène du Maître de musique (1988), de L’Année de l’éveil (1991) et du Roi danse (2000). Si les années n’ont pas été très douces avec le film, surtout en raison d’un doublage français calamiteux et d’un playback souvent approximatif, Farinelli : Il Castrato demeure une œuvre très soignée sur la forme avec notamment des costumes flamboyants et des décors sublimes. Récompensé par le Golden Globe 1995 du meilleur film en langue étrangère et nommé à l’Oscar du meilleur film en langue étrangère, Farinelli : Il Castrato vaut essentiellement le coup d’oeil aujourd’hui pour l’originalité de son récit, troublant, et l’interprétation sensuelle et sensible d’Elsa Zylberstein.

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Test Blu-ray / Spasmo, réalisé par Umberto Lenzi

SPASMO réalisé par Umberto Lenzi, disponible en DVD et Blu-ray le 5 mars 2020 chez BQHL Editions.

Acteurs : Robert Hoffmann, Suzy Kendall, Ivan Rassimov, Adolfo Lastretti, Franco Silva, Mario Erpichini, Maria Pia Conte, Luigi Antonio Guerra…

Scénario : Massimo Franciosa, Umberto Lenzi, Pino Boller, Luisa Montagnana

Photographie : Guglielmo Mancori

Musique : Ennio Morricone

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 1974

LE FILM

Playboy et fils d’un riche industriel décédé, Christian tombe sous le charme de Barbara, une jeune et jolie femme qu’il découvre évanouie sur une plage. Lorsque, peu après, il la retrouve sur un yacht, celle-ci l’entraîne dans un maelström d’événements étranges et cruels, de meurtres et de faux-semblants. Avec le sentiment d’être pris au piège d’une gigantesque toile d’araignée, Christian croit trouver la clef de l’énigme en se faisant passer pour mort, y compris auprès de son propre frère, quelqu’un qui paraît beaucoup plus stable que lui sur le plan psychologique…

Umberto Lenzi (1931-2017) est l’exemple typique du réalisateur qui a su suivre la mode, les goûts et les préférences des spectateurs, en passant successivement du film de pirates (Mary la rousse, femme pirate, Les Pirates de la Malaisie) au péplum (Maciste contre Zorro, Hercule contre les mercenaires) dans les années 1960, puis du giallo (Le Tueur à l’orchidée) au poliziottesco (Brigade spéciale, La Rançon de la peur, Le Cynique, l’Infâme et le Violent) dans les années 1970, pour terminer sa carrière dans le genre épouvante (La Secte des cannibales, L’Avion de l’apocalypse). Un cinéaste prolifique, diplômé du Centro Sperimentale di Cinematografia, avec plus de 60 films à son actif réalisés en 35 ans de carrière. Spasmo (1974) apparaît tout juste au milieu de sa carrière. Formidable thriller qui s’éloignait alors du giallo traditionnel, comme le réalisateur l’avait déjà fait avec Le Couteau de glaceIl Coltello di ghiaccio deux ans auparavant, Spasmo est un pur film de mise en scène, reposant sur un scénario machiavélique, intrigant, tortueux et pervers, kafkaïen en diable et incroyablement sombre, qui démontre une fois de plus toute la virtuosité d’Umberto Lenzi que la critique avait coutume de qualifier de simple faiseur.

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Test Blu-ray / Sherlock Holmes attaque l’Orient-Express, réalisé par Herbert Ross

SHERLOCK HOLMES ATTAQUE L’ORIENT-EXPRESS (The Seven-Per-Cent Solution) réalisé par Herbert Ross, disponible en DVD et Blu-ray le 28 janvier 2020 chez BQHL Editions

Acteurs : Nicol Williamson, Robert Duvall, Alan Arkin, Vanessa Redgrave, Laurence Olivier, Joel Grey…

Scénario : Nicholas Meyer, d’après son roman

Photographie : Oswald Morris

Musique : John Addison

Durée : 1h53

Date de sortie initiale : 1976

LE FILM

Inquiet de la dépendance à la cocaïne dont souffre son ami, le docteur Watson emmène Sherlock Holmes à Vienne où il doit rencontrer le docteur Freud qui va tenter de le soigner, et en même temps, essayer de résoudre un mystérieux kidnapping…

Contrairement à ce que l’on pourrait évidemment penser, Sherlock Holmes attaque l’Orient-ExpressThe Seven-Per-Cent Solution n’est pas l’adaptation d’un des écrits de Sir Arthur Conan Doyle, mais celle du roman éponyme de Nicholas Meyer, qui signe également le scénario, qui reprenait les célèbres personnages de Sherlock Holmes, du Dr John H. Watson et même du professeur James Moriarty, dans un pastiche inattendu. Succès foudroyant, best-seller resté plus de quarante semaines dans le top, The Seven-Per-Cent Solution a donc rapidement connu les honneurs d’une transposition au cinéma. Formidable film d’aventures, mais aussi enquête policière, drame psychologique et toujours teinté d’humour, Sherlock Holmes attaque l’Orient-Express apparaît presque comme étant une Ligue des Gentlemen extraordinaires avant l’heure, puisque cette histoire fait se rencontrer le célèbre détective du 221B Baker Street et Sigmund Freud. Ce dernier va non seulement aider Sherlock Holmes à se sortir de la spirale infernale de la cocaïne dans laquelle il se perd depuis de très nombreuses années, mais aussi l’épauler et même participer à mettre la main sur un kidnappeur. Tout cela, avec l’aide précieuse du Dr Watson, qui a d’ailleurs organisé cette confrontation, dans le but d’aider son meilleur ami. Si son titre français est bien trompeur, puisque jamais le célèbre train n’apparaît dans le film, Sherlock Holmes attaque l’Orient-Express est un grand spectacle, riche, dense, parfois ambigu, merveilleusement interprété et mis en scène. Une belle découverte.

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